20/01/2013
Fanto-bonhommes de neige
Max T. ne m'envoie plus de photos de ses bonshommes de neige, alors je prends le relais. Sur le bord de ma fenêtre, se sont dressés des petits personnages aux bras écartés qui avaient simultanément tout l'air d'être aussi des fantômes. Ils paraissaient cogner à la vitre pour que je leur ouvre. Mais moi, sans pitié, je les ai laissés à leur glaciale atmosphère. J'ai assez de revenants en moi.
Ce sont de bons exemples d'art immédiat et éphémère en tout cas, qui ne sont pas de mon seul ressort, si l'on s'en réfère à l'espèce de Père Ubu écroulé sur le capot d'une voiture rue de Nevers, hier, et reproduit ci-après.
Fanto-bonhomme de neige, photo et façonnage Bruno Montpied, 19 janvier 2013
Deuxième mini bonhomme de neige, ph. et façonnage BM, 20 janvier 2013
Rue de Nevers, 19 janvier 2013 (les petites canailles à droite ne sont pas les auteurs), ph BM
Le même, passablement écroulé, ph BM
20:08 Publié dans Art de l'enfance, Art immédiat, Art populaire contemporain | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bonhommes de neige, land art spontané, bruno montpied, max t., art éphémère, fantômes, neige | Imprimer
12/04/2008
La répartie, un art de l'immédiat
Max T. m'en a raconté une bien bonne. A propos de son père. Le monsieur est assez âgé, il a déjà passablement vécu, a de la bouteille, comme on dit.
L'autre jour, il marchait dans la rue, vaquant à ses affaires. Il n'était pas sur le trottoir. Une voiture passe, le corne, la vitre du conducteur se baisse. Une voix crie au père de Max T.: "Et le trottoir, pépé...?". Du tac au tac, ce dernier ne se démonte pas, fuse la réponse aussi sec: "Le trottoir...? Je le réserve à ta femme!".
Si c'est pas de l'art immédiat, ça, je veux bien manger mon bob.
12:28 Publié dans Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : titis parisiens, art immédiat, max t. | Imprimer
27/02/2008
Naissance de MAX T.
Évoluant depuis quelques années déjà au sein des vieux loups de brocantes, individus fréquemment partagés entre antiquaires classieux mais calculateurs, maramians presque enguenillés, alcooliques cachant mal leur vice sous les oripeaux d'un métier proche de la bohème sans en être tout à fait, grands enfants maquillés en excentriques boulimiques, rustres et autres montreurs d'ours aux griffes élimées, faux aristocrates créchant en baraque, bourrus sauvés des eaux, moustaches déguisées en conquistadors à la retraite, Max T. est un cas à part.
Il trafique comme les autres, vend de l'art populaire, aime les vieux outils, le fer particulièrement. Il s'est mis à retaper les objets un peu trop abîmés selon son goût, et petit à petit devient restaurateur sans s'en apercevoir. Dès lors, il a mis la main dans l'engrenage. Il crée des oeuvres à ses moments perdus, une "patte" enfantine s'y laissant reconnaître.
Au début, il n'en laisse rien paraître, il sème dans le décor de sa vie quotidienne ses créations au milieu des autres objets chinés en brocante parmi ses congénères brocs, le plus souvent des objets qui n'ont plus d'auteurs avérés. L'anonymat baigne son capharnaüm. Pourquoi pas ses propres réalisations? Je m'y laisse prendre, un jour je photographie un jouet-acrobate jaune le prenant pour un frais et naïf témoignage d'art populaire (voir ma note du 25 juin 2007), alors qu'il semble être sorti tout droit des mains du Max, ce dernier ne le reconnaissant pas tout à fait, à mots couverts seulement (peu amateur d'explicite, le bougre)...
Pourquoi n'avoue-t-il pas qu'il en est l'auteur? Par manque de confiance? Par désir de se mesurer à la poésie des objets populaires naïfs, et donc au rebours de l'hypothèse de la timidité, c'est par fierté qu'il agirait ainsi...? La réponse ne vient pas. Il vous regarde de ses yeux cernés, il roule sa vieille clope dégueulasse, l'allume puis tire dessus, laisse le silence répondre à sa place. Et laisse aussi le photographe tirer quelques portraits des dessins, des assemblages, des sculptures en fil...
Max T., sans titre sans date, assemblage de matériaux divers (la tête est faite des tessons d'un pot qui au départ était intact ; en se brisant, les tessons ont donné un air affaissé original à la tête, la ficelle est venue pour tenir le tout sans doute), photo B.M. 2008
Max T. dessin au stylo sur la couverture d'un cahier, sans titre sans date, photo B.M. 2008
Il préfère le secret, rester en retrait. Il vit en Normandie avec sa femme et ses deux enfants. Il se délasse avec ces petites créations, Dieu sait où ça le ménera.
Max T., dessin sans titre sans date, stylo, photo B.M. 2008
22:55 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : max t., art singulier | Imprimer