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17/12/2010

Postérité des environnements (5): Franck Barret renaît (un peu) de ses cendres

   Ah oui, c'est un drôle de nom que celui de cet ancien coureur cycliste régional, qui sonne comme prédestiné à une existence excentrique. Franck Barret est un peu connu des amateurs d'environnements depuis que Pierre Bonte l'interviewa dans les années 1970 et publia cet entretien par la suite aux éditions Stock (1977). Avant cela, des magazines s'étaient déjà intéressés à lui de son vivant comme L'Information Artistique n°55 au milieu des années 1950 (comme me l'avait signalé en son temps J-F. Maurice). Après un accident qui l'avait rendu incapable de reprendre le vélo en compétition, il devint agriculteur, et sur le tard quelque peu rebouteux.Franc Barret, photo Musée du Pays Foyen, extraite de leur site web.jpg 

 

  On l'associe généralement, pour les statues fort proches de l'art brut qu'il créa, aux créateurs d'environnements, mais à la différence de ceux-ci, s'il organisa lui aussi une mise en scène pour les camper, et semble-t-il un parcours comme dans un musée de cire (auquel son site fait immanquablement penser), ce ne fut pas sous le ciel qu'il choisit de le faire mais bien à l'intérieur de sa ferme, dans deux pièces vouées à l'exposition (entre1948 à peu prés et 1968, les visites étant autorisées par lui à partir de 1955).

 

       Un reportage paru dans la revue des patrimoines de la région Aquitaine, Le Festin n°15, en 1994, de Jean Vircoulon, avec des photographies en noir et blanc de Christophe Garcia, permettait d'avoir quelques idées sur l'ambiance qui pouvait régner dans ce réduit. L'homme a expliqué ses créatures par les rêves  qui le mettaient dans un état second. Dalinien au petit pied, Franc Barret? Peut-être. Cependant, on constate en se documentant sur les sujets de ses modelages et assemblages (plus que des sculptures) qu'il allait aussi les puiser dans la littérature (Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, la mythologie chrétienne, Joseph, Marie, le Christ enfant puis adulte,  Sainte Blandine, Jeanne d'Arc, la préhistoire avec son homme de Néanderthal, les animaux fabuleux avec son Yéti et son dragon de carnaval, des personnalités historiques comme Pie XII...Pour son homme préhistorique, on a retrouvé une image gravée qui lui servit de modèle, ce qui paraît indiquer que comme de nombreux cas de créateurs populaires il recourait à la copie qui se trouvait ensuite au cours du façonnage transformée, transcendée.

  

 

Franc Barret,deux vues par J-C. Garcia de son musée à Saint-Philippe du Seignal, revue Le Festin n°15, 1994.jpg

 

 Ci-dessus, deux photos de Jean-Christophe Garcia dans Le Festin n°15

 Le gorille de Franc Barret, ph. Musée du Pays Foyen.jpg 

Le gorille du petit musée de Franck Barret

Guynemer, le fantôme del'Opéra, ph. Musée du Pays Foyen.jpg 

De gauche à droite, Guynemer, le Fantôme de l'Opéra avec, derrière, la poitrine nue, Sainte Blandine, et la main sur l'épaule du fantôme, Christine Daaé (autre personnage du roman de Gaston Leroux ayant servi de source aux statues), ph.Musée du Pays Foyen (date?)

 

 

Franc Barret,Christine Daaé, vestige de la statue originale, musée du pays foyen, 2008, ph Bruno Montpied.jpg 

La même Christine Daaé, dans son état 2008, le jour où je passai dans le musée : on mesure ici l'étendue des problèmes de restauration pour M. Lamothe... ph.Bruno Montpied

 

  

       Heureusement d'autres photos existent, en couleur qui plus est, montrant l'intérieur de ce musée, et publiées récemment sur le site du Musée du Pays Foyen (voir ci-dessous le lien), musée qui a conservé quelques pièces que j'avais photographiées en 2008 avant restauration. On doit ces clichés sans doute à Pierre Lamothe, par ailleurs sauveur de ce qui pouvait encore être sauvé, ce qui reste n'étant certes qu'une petite partie de l'ensemble, mais conservée au prix d'efforts incroyables chez un homme seul, acharné à préserver des lambeaux d'un patrimoine auquel on le sent profondément attaché. Il raconte sur le site du Musée du Pays Foyen, petit musée que la municipalité de Sainte-Foy-la-Grande lui laisse organiser, l'histoire des difficultés rencontrées du fait de l'extrême fragilité - et du poids - des matériaux employés par Barret qui édifiait ses statues couche par couche au moyen d'une argile jamais cuite, ce qui leur assura de se dissoudre peu à peu dans le temps, la terre redevenant friable progressivement... C'était de l'art éphémère, comme le dit très bien M. Lamothe sur son site, art pratiqué dans l'urgence, pour satisfaire un besoin d'expression irrépressible se déployant dans la plus stricte immédiateté.

Pierre Lamothe avec les vestiges d'un homme préhistorique, 2008, photo Bruno Montpied.jpg

 

Pierre Lamothe devant des vestiges d'un homme préhistorique de Franc Barret, gageure de restauration, photo BM, 2008

 

    Bonne nouvelle que celle-ci, la restauration a dû aller assez loin pour que Pierre Lamothe ait pu enfin juger venue l'heure d'ouvrir les portes du Musée du Pays Foyen.

Bâtiment-du-musée-du-pays-f.jpg

 Le Musée du Pays Foyen, Sainte-Foy-la-Grande, 2008, photo BM

 

 

Le musée va éditer une plaquette, plus complète,  en couleur, de 26 pages, en vente à l'Office de tourisme de Sainte Foy à partir de janvier 2011. L'exposition est visitable, uniquement sur rendez vous, au 142 rue de la république, Sainte-Foy-La-Grande (Gironde), le mardi soir à partir de 20h30,  le samedi après midi de 14h à 18h et le dimanche. Téléphone : 05 57 46 59 73  - 06 75 70 35 34  - 06 28 37 73 63