01/01/2015
Voeu!
Bon Athée en 2015!
00:05 Publié dans Art immédiat, Curiosités, modifications et divertissements langa, Questionnements, Voeux de bonne année | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : athéisme, anticléricalisme, irréligieux, blasphème, profanation, apostasie, voeux de nouvel an | Imprimer
25/08/2012
Hommage à Cecilia Gimenez, rénovatrice et profanatrice, massacrée par les journalistes
Cecilia Gimenez, dame d'un âge avancé, à Borja en Espagne, repeignait depuis quelque temps, "restaurait", disent les média, un portrait du Christ datant du XIXe siècle, au reste assez banal, un Ecce Homo signé d'un certain Elias Garcia Martinez. Et voila-t-y pas que des bonnes âmes érudites de la région, probablement plutôt du genre bigot, s'émeuvent de ses exploits de peintre amateur devant ce que les media appellent un "massacre" de l'œuvre originale, pourtant vulgaire saint-sulpicerie ne pouvant causer le moindre début d'émotion chez un sincère amateur d'art. Mme Gimenez a en effet, tel Mr.Bean dans le premier long-métrage qui fut consacré à ses tribulations au cinéma (il modifiait en éternuant dessus puis en tentant de réparer son dégât, une toile célèbre de Whistler, je crois...), passablement modifié un portrait du Christ, réalisant involontairement un portrait assez singulier auquel l'œil s'attache en dépit des commentaires goguenards et crétins des journalistes (il ne faut pas se fier à la qualité médiocre – voulue? – de la reproduction ci-dessous, à la télévision on voit mieux l'image de Cécilia Gimenez).
A droite la nouvelle oeuvre brute, plus frappante que l'original je trouve, due à Cecilia Gimenez
"Grossier dessin d'enfant", dit le commentaire journalistique dans la vidéo ci-dessus (plutôt moins agressive que d'autres de ses confrères)... Et pan sur les dessins d'enfant!
Méconnaissable est le crapaud de Nazareth désormais... Mais pour combien de temps encore? Tous les journaux, le web, la télévision ont fait des choux gras de l'information, tombant à matraques raccourcies sur la pauvre octogénaire dont on apprend depuis quelques heures qu'elle est alitée, "victime de crises d'angoisse". Un beau résultat pour ces "grands professionnels de l'information"! Et bien sûr, on cherche à ricaner, à se gausser, à faire rire de cette dame, comme si on voulait, ce faisant, se décharger de la colère devant le constat de ce qui ressemble en fait ici à une profanation de l'icône christique, qui doit rester tabou, inviolable, immuable surtout. On veut que soit effacé le plus vite possible cet odieux saccage (avec l'octogénaire en prime?).
Cependant une pétition circule déjà pour tenter de sauver l'oeuvre – car c'en est une – que je trouve pour ma part plus brute ou populaire qu'expressionniste, comme elle est qualifiée dans cette pétition. Courage Cecilia, relevez-vous, vous n'êtes pas seule, il n'y a pas que des détracteurs, ailleurs on vous admire!
Cecila Gimenez
00:38 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (58) | Tags : cecilia gimenez, borja, restauration réussie d'un christ d'elias garcia martinez, modifications, profanation, mr.bean, ecce homo | Imprimer
29/06/2012
Les latrines de Chaissac monuments historiques
Il me semble que ce sont les premiers urinoirs classés monuments historiques. Il y avait bien eu le précédent de la "fontaine" de Richard Mutt, alias Marcel Duchamp en 1917 à New York, urinoir décrété objet d'art parce que signé, et refusé à la Société des Artistes Indépendants. Mais depuis... Sans doute quelques excentricités de l'art contemporain singeant ce geste dadaïste duchampien?
Fontaine, R.Mutt (Marcel Duchamp), 1917 ; ici c'est la troisème réplique datant de 1964, figure au MNAM du Centre Georges Pompidou
En tout cas, y avait-il eu classement par les Monuments Historiques de latrines champêtres comme celles que Gaston Chaissac graffita à l'époque où, habitant avec sa femme dans l'école publique de Ste-Florence de l'Oie en Vendée dans les années 50, il s'exerçait à toutes sortes d'expérimentations, avec des enfants du patelin, avec des jets de serpillière mouillée dont il observait et reportait ensuite les empreintes, des interprétations de planches aux contours irréguliers qui devinrent des totems, des collages de morceaux de papier peint, etc.? Je ne crois pas. Mais c'est chose faite désormais. Le losange des Monuments Historiques trône imparablement sur le ciment grisâtre des chiottes sacrées. Je ne sais trop pourquoi j'ai trouvé que les bonshommes dessinés par Chaissac (j'aime surtout le personnage ventripotent ci-dessous) avaient l'air, à mon passage, de vouloir s'excuser devant une telle labélisation.
Les fameux gogues divinisés... Ph. Bruno Montpied, mai 2012
Ce personnage ventripotent m'a tout l'air d'une représentation caricaturale de prêtre (voyez le chapeau), si bien qu'on peut facilement en déduire que placé ainsi sur le mur des latrines, il était destiné par Chaissac à ce que les enfants le souillent sans cesse en effigie... Manière de se venger des avanies infligées par les grenouilles de bénitier du patelin? Ph.BM
Sans compter que l'école de l'autre côté de la petite cour a été métamorphosée dans le même souffle, on y a créé un espace Gaston Chaissac où l'on a scénographié la vie et l'œuvre du grand homme que la mairie, sous l'influence d'une nouvelle génération d'hommes et de femmes plus respectueuse de Chaissac que celle des années 50-60, a reconnu in fine opportunément, oubliant les persécutions et les moqueries des bigots et des péquenauds de Ste-Florence du vivant de Chaissac et de sa femme Camille, institutrice de l'école laïque dans une région où l'on envoyait les gosses en majorité dans les écoles dites "libres". On ne pourra s'empêcher de se dire qu'il est toujours, hélas, plus facile de reconnaître les artistes quand ils sont morts que lorsqu'ils vivent parmi nous.
"L'Espace Gaston Chaissac"... Ph. BM
Si l'on veut retrouver les autres créations de Chaissac, sortant de là, on aura tout intérêt à pousser jusqu'aux Sables d'Olonne où le Musée de l'Abbaye Sainte-Croix a eu la bonne idée de nous sortir pour l'été des pastels de Gaston, technique peu repérée il me semble dans l'œuvre du "Morvandiau en blouse bocquine". Ce musée conserve par ailleurs une documentation (des correspondances) et des oeuvres de l'artiste qui sont de première importance.
Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, exposition Gaston Chaissac - Pastels, du 29 avril au 10 novembre 2012.
23:36 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gaston chaissac, art singulier, art immédiat, espace gaston chaissac, sainte-florence-de-l'oie, latrines, gogues, chiottes, pissoirs, goguenots, r.mutt, marcel duchamp, écoles libres, profanation | Imprimer