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04/05/2020

Le cahier d'une enfant, Blanche Nicard, pendant la Grande Guerre

     Une ancienne voisine, sculptrice dans le binôme d'artistes Ange et Dam', Blandine Gautier, a mis récemment en ligne sur Youtube un petit film consacré à un cahier de dessins fort naïfs, retrouvé dans les archives de sa grand-mère, Blanche Nicard, mariée Rocchiccioli par la suite (elle vécut de 1905 à 1994). Il date de 1918, à la fin de la Grande Guerre donc. Blanche avait 13 ans.

Film de Blandine Gautier sur le carnet illustré de sa grand-mère Blanche Nicard (13 ans au moment du cahier).

 

        Voici quelques scans extraits du cahier de Blanche, et prêtés par Blandine (que je remercie hautement ici) :

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Pas si "confinée", la Blanche, puisque, apparemment, elle se réfugiait dans les abris souterrains qui protégeaient des tirs allemands du puissant canon appelé "la Grosse Bertha" qui bombardait de loin Paris.

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          Je trouve fort précieux ce type de manuscrit illustré. Non seulement, il touche émotionnellement par la fraîcheur de ses graphismes, mais aussi, il offre un exemple de ce que peut être une écriture graphique naïve dans sa transition de l'enfance à l'âge adulte. Chez la plupart, la naïveté disparaît au cours de cette transition. Chez quelques peintres, dits "Naïfs" (avec pertinence, et sans arrière-plan dénigrant), ou Bruts (pour les plus innovants d'entre eux), le don perdure inexplicablement, "l'écriture" s'approfondissant et se métamorphosant quelque peu. Pour Blanche, il semble qu'il n'y eut pas de prolongement à l'âge adulte de ces velléités graphiques. A peine se souvient-on dans sa famille (témoignage de Blandine Gautier) qu'elle pratiqua la musique par la suite au point de la faire apprendre aux sept enfants qu'elle mit au monde, dont l'un d'entre eux, Claude, tante de Blandine, joue du piano dans le film...

      Ce carnet – intitulé par Blandine, par adaptation à la situation de pandémie actuelle, "Journal de confinement", alors qu'il ne s'agissait que d'un carnet au fond fait pour se distraire, par une adolescente qui dessinait des scènes de son époque, et sans rapport étroit non plus avec la grippe dite espagnole qui sévissait à la même époque (ma propre grand-mère a été fauchée par elle) –, ce carnet est à rapprocher, par la qualité de ses graphismes ingénus, d'autres cahiers ou journaux illustrés dont j'ai parlé sur ce blog dans des notes plus anciennes, par exemple le livre de Marguerite Bonnevay, celui de Joseph Laporte, ancien soldat de la campagne d'Egypte, ou encore le manuscrit de Gabriel Papel.

Gaston Croizé, très prés.jpg

Le cahier de taches pliées de Gaston Croizé

 

      J'avais été, dans cette même série de livres à un exemplaire, fort séduit par un autre cahier, rempli de taches symétrisées type des tests de Rorschach, qui était passé en ventes à Drouot voici plusieurs années. L'auteur s'appelait Gaston Croizé et son recueil datait des environs de 1910 (voir illustration ci-dessus). On peut aussi penser au journal illustré de l'ancien marin aux aquarelles japonisantes semi-naïves, Paul-Emile Pajot, dont la revue 303, consacrée au patrimoine des Pays de la Loire, publia un choix des plus belles pages dans son n°108 en 2008. J'aurais dû également parler des enluminures à la fois naïves et raffinées d'un disciple du Félibrige, réalisées autour de 1900 à St-Remy-de-Provence par Augustin Gonfond, sur qui je possède de la documentation depuis des années, mais dont j'ai négligé de m'occuper lorsque je vis un autre blog parallèle l'évoquer...

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Augustin Gonfond, portrait de sa fille Joséphine, 1895, musée des Alpilles, St-Rémy-de-Provence.

Augustin Gonfond, monstre d'aspect satanique, extrait de l'Ouro de Santo Ano, 1904 (2).jpg

Augustin Gonfond, monstre d'aspect satanique, extrait de l'Ouro de Santo Ano, 1904, musée des Alpilles, St-Rémy-de-Provence.

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Journal du musée des Alpilles de St-Rémy-de-Provence qui servit en 2005 de catalogue à leur exposition sur Gonfond.

 

 

15/10/2016

Gérald Stehr ne voit que du bleu, expo chez KO21, rue Haxo

      "KO, rue Haxo", on dirait un titre pour roman noir, n'est-il pas? Et pourtant, rien à voir... Ou plutôt si, il y a quelque chose à voir : les toiles rorschachiennes de Gérald Stehr, notre ami peintre visionnaire périodiquement épris de gigantisme pictural. KO 21, c'est le nom de la galerie qui l'expose en ce moment jusqu'au 22 octobre (tiens, c'est justement la date du jour où débute l'exposition collective que j'organise à St-Ouen, voir note à paraître le 18 octobre)... Quelle organisation sans faille...). Rue Haxo, c'est dans le 20e ardt, pas loin de la Porte des Lilas. Oui, rencontrer la création contemporaine inventive nécessite un certain goût du labyrinthe urbain...

Trois peintures rorschachiennes chez KO21 (2).jpg

Gérald Stehr, galerie KO 21, octobre 2016, ph. Bruno Montpied

 

     Gérald Stehr aime nager dans le bleu d'où il fait surgir ses figures de rêve ou de cauchemar, ses "homo rorschachiens", à roulettes ou non, hybrides parfois, greffés d'éléments zoomorphes, ou parfois comme repêchés d'on ne sait quels fonds marins d'exploration subconsciente, quelquefois aussi juxtaposés à des textes manuscrits qui leur composent un fond (ce que je goûte moins, en ce qui me concerne, préférant les figures seules sur fond uni, bien plus frappantes).

Le lièvre qui a faim (ptet) (2).jpg

Gérald Stehr, "Homo rorschachien" qui sera exposé à la galerie Amarrage bientôt, à partir du 22 octobre, ph. B.M., 2016

 

     On l'aura reconnu, Stehr utilise le fameux pliage symétrisant les taches d'huile (ou d'acrylique?) bleue, que l'on connaît plus communément sous le nom de "test de Rorschach". Il a réussi à l'étendre à de grandes surfaces et à des supports toilés, où viennent s'ébattre ses poulpes humanoïdes, ses escargots dubitatifs, ses insectes hypnotiseurs, ses monstres aux origines mythologiques imaginaires (ou non), découverts dans le pays de Rorschachie (qui a peut-être des frontières limitrophes avec la Patatonie du Lavallois Serge Paillard ? ).

Homos rorschachiens de KO 21 (2).jpg

Gérald Stehr, "Homos rorschachiens" se multipliant à la galerie KO 21, ph.B.M., oct. 2016

 

Gérald Stehr, exposition "Et par trois fois vainqueur...", galerie KO21, 78 rue Haxo, Paris 20e ardt. Du 6 octobre au 22 octobre 2016.