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03/06/2008

André Robillard fait du théâtre

 

    Etonnante nouvelle que vient de me couler l'amie Frédérique M. (avertie elle-même par Clovis Prévost qui depuis quelque temps "suit" André Robillard) dans le creux du portable, forme moderne de bouche à oreille, j'apprends qu'André Robillard fait du théâtre à présent... Il va participer au spectacle d'Alexis Forestier, "Tuer la misère" au Théâtre de la Bastille, mercredi 4 juin à 20h30 en compagnie d'Alexis Forestier, Emma Juliard, Charlotte Ranson, et Antonin Rayon. Si vous ne me croyez pas, regardez vite la rubrique Tous les programmes sur le site du théâtre... Je sais pas vous, mais moi, qui n'aime pas trop le théâtre généralement, je vais faire un accroc à mes habitudes. On n'est plus dans l'adaptation de quelque chose de l'art brut au théâtre, là... Il se passe autre chose.

André Robillard, deux assemblages et un dessin, collection l'Aracine, exposition Les chemins de l'Art Brut 6 à St-Alban-sur-Limagnole, ph B.Montpied.jpg
Des travaux d'André Robillard présentés aux Chemins de l'Art Brut 6 au Château de St-Alban-sur-Limagnole en 2007
 
 André robillard dans le film de Claude et Clovis Prévost, Visites à André Robillard, 2007.jpg
 
André Robillard, dans le film de Claude et Clovis Prévost, Visites à André Robillard qui était présenté en 2007 à St-Alban-sur-Limagnole (merci à Frédérique pour le travail de transmission)

   Les organisateurs de cette pièce -c'était en germe dans le spectacle de Sylvie Reteuna et de Bruno Decharme aux Rencontres de la Villette (voir note du 28 mars 2008), puisque les acteurs déambulaient parmi des oeuvres d'art brut de la collection ABCD- les organisateurs du spectacle ici mentionné ont cette fois fait monter un créateur de l'art brut directement sur scène.

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Jeudi 5 juin

   Retour sur la soirée du 4 au Théâtre de la Bastille. "Tuer la misère" a finalement bien tenu la promesse de son titre. Si l'on entend misère par misère morale et intellectuelle. Et cela surtout grâce à l'incroyable énergie inspirée d'André Robillard incarnée sur scène par des sketchs, des danses, des  performances vocales (j'aime particulièrement quand il parle dans un allemand de nazi bouffon, ou bien en langue martienne, talent qu'il partage avec Hélène Smith qui l'écrivait, elle... ), certes incrustés dans une mise en scène, et téléguidés, accompagnés par les autres comédiens de la compagnie. Robillard collabore avec eux -c'était évident pour le public-  dans un esprit de camaraderie sans chichis, qui n'aliénait pas l'énergie propre à ce curieux visionnaire, mixte de prolo et de pythie... Et je me suis dit que d'ailleurs, cette énergie robillardienne a sans doute besoin de ce cadre et de ces contraintes, de ces régles de mise en scène pour avoir le tremplin réactif nécessaire à l'essor de ses récréations.

   Le plateau était semé d'oeuvres de Robillard sur bois (faites exprès pour le spectacle), ainsi que des fusils, un balai, de divers objets (des cages avec ses perruches qui ne peuvent guère rester à la maison sans lui, paraît-il). Spectacle qui a commencé à La Roche-sur-Yon, puis s'est déplacé à La Fonderie au Mans avant de s'arrimer au théâtre de la Bastille à Paris. A la fin, Alexis Forestier invita du reste  le public à monter sur scène afin de mieux s'approcher de ces oeuvres (déambulation peut-être inspirée du concept de spectacle récent d'ABCD aux Rencontres de la Villette?). 

    Les jeunes gens qui entourent Robillard ne le vampirisent pas, ne se servent pas de lui, comme on pourrait être tenté de l'interpréter dans un premier temps (surtout au début du spectacle qui, hier soir, avait du mal à "décoller" dans sa première moitié). Robillard est au coeur d'une représentation qui ne cache pas ses ficelles, ses rouages, ses réglages. Le bricolage est une donnée importante en l'occurrence. Il était juste qu'il soit représenté lui aussi sur scène. Robillard a une énergie créatrice (à 76 ans...) et une inventivité, une fantaisie rugueuse qui contamine ces jeunes gens, et les stimule. Cette émulation amène progressivement la pièce à tourbillonner de façon bouffone et poétique, d'une façon qui finit par nous enchanter et peut-être aussi par nous contaminer à notre tour, nous autres simples spectateurs...

    Une dernière remarque. Robillard, on le sait grâce au texte merveilleux de Roger Gentis, paru dans le fascicule 11 de la Collection de l'Art Brut en 1982, avait un père garde-forestier à côté duquel il allait à la chasse en forêt d'Orléans. C'est un médecin appelé Renard qui  a fait connaître ses oeuvres à la Collection d'Art Brut... Lorsqu'il est allé visiter la fameuse Collection à Lausanne, Gentis rapporte que Robillard s'était en particulier arrêté sur les sculptures d'Auguste Forestier exposées à côté des siennes. La série continue: pourquoi s'étonner qu'il ait participé à une telle expérience théâtrale, dés lors qu'elle était animée par, entre autres maîtres d'oeuvre, un certain Alexis Forestier...?

 

17/05/2008

Théâtre d'après des écrits de Samuel Daiber

    On fait dans l'acide, et on a raison, cher(e?) "info mateur" (voir commentaire à ma note du 15 mai), j'ai laissé de côté, par négligence et manque de temps surtout, l'information concernant les représentations de la pièce "sx.rx.Rx au lieu de garder silence, j'ai voixé", spectacle de Patricia Allio réalisé à partir de textes de Samuel Daiber (voir le fascicule 11 de la Collection de l'Art Brut en 1982 ou les Ecrits Bruts (PUF, 1979), anthologie d'écrits exécutés par des pensionnaires d'hôpitaux psychiatriques, voir notamment pour "Samuel D.", p.61 ), qui avait le goût de transformer les mots entre autres en créant des mots-valises comme "personnagité", ou surtout de se livrer à des orgies de suffixes et préfixes luxueusement proliférants, par exemple "tercandélivrancader". Au point de créer, involontairement sans doute, une poésie sonore, chose qui personnellement m'avait principalement séduit lorsque j'ai vu une des premières représentations du spectacle de Patricia Allio à la Fondation Cartier (vers 2002, je crois).

     Je n'ai pas eu le temps d'aller assister aux représentations de cette nouvelle mise en scène (avec Didier Galas comme acteur, et la collaboration de Guillaume Robert, "plasticien-vidéaste", Béatrice Houplain comme scénographe, Juliette Dieudonné pour "l'animation flash", etc.). Je suppose que le travail a dû s'approfondir depuis les premières représentations. Aujourd'hui il reste quelques dates pour la voir au Théâtre de la Bastille, les 22, 23, 24, 27, 28, 29 et 30 mai à 21h.

      Allez, vous reprendrez bien, cela dit, un peu de gingembre?