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Rechercher : la maison sous les paupières

De quelques durs à cuire

    Joseph Donadello, du côté de Saiguèdes en Haute-Garonne – comme m'en a récemment prévenu une association, créée en 2019 par Alain Moreau à Villefranche-sur-Saône, "Art brut en compagnie" ("en" et non pas "et") – est toujours en forme. Une sirène est sortie récemment de ses mains de nonagénaire (il est né en 1927). Plusieurs de ses précédentes statues, cédées à divers collectionneurs, ont dû lui occasionner des vides insupportables dans son jardin de bord de route, et il a dû bien vite reprendre sa truelle et ses moules pour boucher les trous. 

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Joseph Donadello, Sirène aux poissons, photo Art brut en compagnie, 2020.

 

     La même association poursuit en donnant des nouvelles d'un autre dur à cuire du même genre, que le Covid n'a pas touché : André Robillard (né en 1931, il aura 90 ans l'année prochaine), servi à domicile dans sa maison de l'Hôpital Daumézon du côté de Fleury-les-Aubrais, pour le protéger au mieux. Il dessine, il joue de l'accordéon, et avant midi s'accorde toujours un petit apéro. La vie est belle...

 

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André Robillard dessinant sur son lit, au milieu de ses collections, photo Dominik Fusina, 2016.

 

      D'autres créatifs sont – d'après Alain Moreau toujours – en bonne forme, comme André Pailloux, l'homme aux vire-vents de Vendée dont j'ai parlé à plusieurs reprises (j'ai fait un portrait écrit de lui dans un livre de François Jauvion à paraître bientôt, consacré à des portraits dessinés d'auteurs d'art brut et marginal), ou encore Guy Brunet, et Alain Genty, l'étonnant céramiste que la Fabuloserie a beaucoup aidé à faire connaître.

 

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Alain Genty, une de ses terres vernissées (un dragon), coll. privée, ph. Bruno Montpied, 2013.

 

   Cette association nouvelle, bâtie autour de la collection d'Alain Moreau, a des projets d'animation et d'exposition sur Villefranche, et cherche un lieu pérenne pour abriter son ensemble d'œuvres de 70 créateurs (chiffre actuel). Pour en savoir plus, on peut consulter le dépliant que je donne en lien (PDF), qui expose l'argument de l'association. On se souviendra peut-être que j'ai déjà parlé sur ce blog des entreprises d'Alain Moreau.

     Autre créateur, cette fois en Vendée (au Pas Français, à La Flocellière), à donner lui aussi de ses nouvelles, par le truchement d'une messagerie électronique (aide de sa femme), Vivi Fortin, qui s'est constitué un petit musée de statuettes dans son garage et un peu dans son jardin. J'ai parlé de lui naguère. Il m'annonce avoir fait une nouvelle version d'un personnage qu'il m'avait cédé lors de mon passage l'année dernière. Cela s'intitule "Chacun de nous est un livre ouvert". Un homme est assis sa tête au bout des bras, tandis qu'un livre ouvert a pris la place de cette dernière sur son cou... Vivi (VI+VI, soit six + six en chiffres romains, ça donne VIVI) est, comme on le constatera, donc, toujours en pleine forme.

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Vivi Fortin, Chacun de nous est un livre ouvert (première version), MAB peint, 19 x 11 x 7 cm, vers 2019 ; ph. et coll. B.M.

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Vivi Fortin, deuxième version de Chacun de nous est un livre ouvert, collection de l'artiste, 2020.

 

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Actualités de la Création franche...

     Le musée de la Création Franche à Bègles continue d'être très actif. Je n'ai pas signalé le dernier numéro de leur revue, le 48, de juin 2018, où j'avais passé un article sur Joseph Donadello, vu seulement à travers  son activité picturale (car il est  génralement plus connu pour ses autres interventions, en trois dimensions, dans son jardin en bordure de route). Parmi les autres articles, on trouve notamment un long texte fort charpenté d'Anic Zanzi sur Ernst Kolb dont j'ai déjà parlé sur ce blog il n'y a pas si longtemps. Et l'on découvre également le travail intéressant du peintre naïf Francesco Galeotti présenté par le critique d'art Dino Menozzi.

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Une vue d'ensemble des peintures de Joseph Donadello telles qu'il les exposait en mars de cette année, dans sa véranda, à côté de ses trophées de champion bouliste, ph. Bruno Montpied, 2018.

 

      Le musée béglais monte aussi des animations de temps à autre, je les évoque en leur temps, quand je peux. Cet automne, il soutient un colloque intitulé "L'art brut, un objet inclassable?" qu'il organise conjointement avec l'université de Bordeaux. Cela dure deux jours, le 4  (à la Maison de la Recherche à l'université de Bordeaux, voir ci-dessous) et le 5 octobre, (au Musée de la Création Franche) soit dans deux jours donc.

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      Dans la série des interventions, j'ai repéré celle de Mme Claire Margat, dont le titre en forme de question ("L'art brut : un art sans artiste?") paraît vouloir proposer une réponse (une réfutation?) à ma présentation du Gazouillis des éléphants, où je qualifie l'art des inspirés des bords de routes d'art sans artiste. On aimerait pouvoir lire le texte de cette intervention. Les actes du colloque sont prévus pour être publiés par la suite dans un numéro hors-série de Création Franche...

      La question du titre du colloque est dans l'air du temps. L'année prochaine (au mois de mars), à la Fondation Bost, à La Force (près de Bergerac), le musée de la Création Franche sera également partenaire d'un autre colloque, prévu pour durer, je crois, au moins quatre jours, avec expositions à la clé, au siège de cette Fondation, dans plusieurs musées, dont celui de Bègles, mais aussi à Besançon, à Villeneuve d'Ascq. Cela s'appellera "L'art brut existe-t-il?". Muss es sein? Es muss sein!, aurait répondu l'autre (Léo Ferré, derrière Beethoven).... 


 

     Le musée de la Création Franche propose aussi en exposition de groupe cet automne (du 22 septembre au 2 décembre 2018) une nouvelle édition de ses récurrentes, mais à chaque fois différentes, "Visions et Créations dissidentes".

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    Dans le catalogue de cette manifestation, j'ai personnellement été intrigué par les œuvres de Riet Van Halder (présentées par un texte liminaire d'Ans Van Berkum), et celles d'Heinz Lauener (présentées par Max E. Ammann), où l'on peut déchiffrer sur le "Zeppelin" ci-dessous, l'effigie de Donald Trump, flanquée d'une légende ma foi assez judicieuse : "Der Beserwisser" (qu'il faut lire plutôt comme Der Besserwisser)... "Donald Trump, Le Monsieur Je-sais-tout"... Très drôle, et tellement bien vu, non?

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Heinz Lauener, extrait du catalogue "Visions et Créations dissidentes" 2018, Musée de la Création franched

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Pareidolies, comme s'il en pleuvait

     Les pareidolies, ces projections de la mémoire qui reconnaît des visages, des corps, des objets, des expressions dans le spectacle du monde autour de soi, ne sont pas toujours aussi subjectives qu'on veut bien le dire. Car si d'autres que nous reconnaissent les mêmes identifications dans les accidents des formes naturelles ou manufacturées, c'est qu'elles ont tout de même une part de caractère concret, objectif. Et donc qu'elles ne relèvent pas tant de l'hallucination, mais plutôt d'une mémoire collective propre à une communauté de gens, qui gardent leur œil aux aguets... Sans compter qu'il existe parfois des figurations tout à fait patentes pour l'ensemble de la population mondiale sur les écorces, les surfaces des volcans, dans les nuages, sur les murs lépreux, les concrétions des grottes, le mobilier urbain, les bouches de métro, les pignons des maisons, les taches des bandes piétonnières, etc., dont Internet fait en permanence son miel, comme cette "tête à Toto" qui se dessina un jour à la surface de la lave d'un volcan...

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Grimace volcanique dans un cratère de l'archipel d'Hawaï, juillet 2016.

 

    L'ami Darnish a retrouvé des photos de 2011 prises à Rennes sur des troncs d'arbres. C'est mon prétexte pour enfiler des perles sur un collier, en en proposant quelques autres (comme je l'ai déjà fait, de-ci de-là, sur ce blog) pour leur faire cortège... D'autres photos : de moi, d'autres amis, ou venues du Net...

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Photos Darnish, à Rennes, 2011.

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Ceci dit, cette excroissance invraisemblable, mais authentique, captée dans le Bois de Vincennes en 2013 par Myriam Peignist, est nettement plus extraordinaire... Comme si l'arbre s'était mis à cauchemarder, possédé par un singe s'incarnant dans son écorce.

     

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Apparition d'un colérique (marc de café au fond d'une casserole), photo Bruno Montpied, 2015.

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Un livre pour la jeunesse des éditions Grandir, d'auteurs japonais qui traquent les apparitions de figures dans des bourgeons.

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Photo Tadao Tominari et Toru Mogi.

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Photo Tadao Tominari et Toru Mogi.

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Photo Bruno Montpied, 2010, Paris 18e ardt.

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Là, c'est peut-être trop beau pour être vrai, ce torse féminin "découvert" dans une cuillère de yaourt un matin... photo non référencée trouvée sur le net...

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L'idole de Port-la-Nouvelle, à la jupe vorace... ph. B.M., 2014.

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Transmission de pensée (algues séchées et criblées de sable), plage près de Concarneau, ph. B.M., 2014.

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Visage dans un imperméable accroché à un portemanteau, Lyon, 2016, ph B.M.

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Elevage d'hallucinations, plage de Saint-Malo, 2010, ph. B.M ; voilà bien un lieu idéal pour les amateurs de bord de mer et chasseurs de pareidolies, on élève avec ces brise-lames rognés par le sel et le temps des apparitions fantastiques de tous ordres, voir ci-après... : Les totems de St-Malo...

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L'affligé, St-Malo, 2010, ph. B.M.

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L'ébaubi, St-Malo, 2010, ph. B.M.

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Le soupeseur, St-Malo, 2010, ph. B.M.

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Un nez, que dis-je un nez, un roc, une péninsule..., St-Malo, 2010, ph. B.M.

 

   Et, pour clore provisoirement cette série, cette cuvette de W-C abandonnée, humiliée, dans la rue Francœur, dans le 18e ardt parisien, 2019, ph.B.M....

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24/07/2019 | Lien permanent

AME, sculpteur, peintre, designer, et roi du pneu... dans ”Création Franche” n°49

     "Je reviens d'une tournée avec deux amis dans le Nord de la France et en Belgique, à la recherche comme d'habitude de curiosités, bizarreries, œuvrettes de plein air, sites et environnements insolites, etc. C'est ainsi que je conçois les voyages. Dériver dans les provinces en quête de merveilles populaires ou autres surprises...

    On musardait en direction de Gravelines et de Dunkerque, à la recherche d'un endroit où casser la croûte, lorsque notre attention fut attirée brusquement par des grandes statues noirâtres, indéniablement peu communes, qui étaient installées sur un terre-plein sur fond de magasin peint en un jaune clinquant, faisant office de dépôt-vente et d'entrepôt spécialisé dans la "déco". On aurait pu faire mieux comme écrin pour ces sculptures.

     Ce qui m'avait frappé lorsque notre voiture était passée, assez vite, à la hauteur de ces œuvres, c'était la curieuse matière dans laquelle étaient façonnées les "statues". En revenant à pied vers elles, il fallut se rendre à l'évidence : c'était du pneu, de l'assemblage de pneu, qui a priori, me disais-je, ne devait pas être un matériau facile à maîtriser, et à façonner. L'auteur y était pourtant parvenu, et de main de maître...

     Nous finîmes par apprendre son adresse, il habitait non loin, un peu plus à l'intérieur des terres. Pour aller vers ce point, il fallait nous dérouter, rentrer davantage dans l'intérieur du pays, mais l'appât d'une possible rencontre nouvelle avec un créatif nous en convainquit..."

      (Bruno Montpied)

Pour lire ce texte, dans une version complète, alternative, veuillez vous reporter au dernier numéro de la revue Création Franche, le n°49, qui vient de sortir (écrire au Musée du même nom, 58 ave du maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 Bègles, prix 8€)...! On retrouve au sommaire d'autres contributeurs que votre serviteur bien entendu, comme Dino Menozzi, Ans Van Berkum (dont on apprend qu'elle collabore avec le  nouveau musée d'art outsider d'Amsterdam sur un projet d'exposition consacrée à Willem Van Genk ; on se souviendra en effet qu'elle anima un temps le défunt musée d'art outsider de Zwolle, dont les collections sont aujourd'hui repliées sur le museum du Dr.Guislain, à Gand en Belgique), ou encore Dominique Jeanson (pas au plus haut de son inspiration, j'ai trouvé) ou encore une évocation du "Schizomètre" de Marco Decorpeliada (en roman-photo).

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Quelques photos inédites des œuvres d'Amadou Ba, dit AME, dont parle mon article de Création Franche :

 

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Amadou Ba, une bête devant le magasin de déco, non loin de Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph. Bruno Montpied, juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête devant sa maison à Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph.B.M.,  juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête dans le jardin, assemblage et sculpture de pneus, ph. B.M., juillet 2018.

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Amadou Ba, sans titre (un cortège...), huile sur toile, sd (vers 2018), ph. B.M., juillet 2018 ; car AME ne fait pas que sculpter les pneus, il peint aussi.

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Amadou Ba, sans titre, huile sur toile, vers 2018, ph. B.M. juillet 2018.

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Portrait d'Amadou Ba, par le photographe Jean-Baptiste Joire, 2014.

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Art brut polonais à la Fabuloserie (dans l'Yonne)

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      Pour la belle saison, la Fabuloserie, cettte année, a choisi de présenter 130 œuvres de 25 créateurs et artistes issus de la collection "turbulente" d'Andrzej Kwasiborski, tous polonais (même le nommé Kosek qui n'est pas le créateur tchèque Zdenek Kosek, mais plutôt sans doute le Polonais Ryszard Kosek). C'est la poursuite de l'intérêt porté par les Bourbonnais et leurs complices, Marek Mlodecki et aussi Radek Labarszewski, pour des créateurs qui sont nombreux dans un pays où longtemps ils ne furent pas identifiés comme pouvant se situer dans ce que l'on a appelé depuis 1945, en France, l'art brut. Jusqu'à ces  dernières années, on les classait du côté de l'art populaire, et de l'art naïf. Ce qui n'était pas complètement usurpé, cela dit. Depuis quelques années, on a cependant remarqué, par exemple, les œuvres d'Edmund Monsiel, d'Henrik Zarski (dont des œuvres semblent exposées à Dicy cette année,collectionneurs turbulents, la liste des créateurs.JPG voir la liste des créateurs et artistes exposés ci-dessous), et autres, qui ne relèvent pas d'une révérence marquée à une peinture de genre, manifestant plutôt une fantaisie figurative déconnectée de la perception visuelle du monde, mettant en jeu en somme une figuration autre, dont les règles s'élaborent dans le jeu libre des lignes, des couleurs et des formes dans un cadre et sur un support qui sont des mondes en soi...

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Patchwork proposé par la Fabuloserie à Dicy actuellement jusqu'à la fin de l'été.

 

      Il est à remarquer que les œuvres sont exposées, mêlées, dans le parcours de la Fabuloserie, aux œuvres de la collection permanente, dans une volonté de les faire dialoguer. 

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On note que cette exposition a plusieurs titres ; ici, on nous parle de "collectionneurs turbulents, art hors-les-normes sans frontières 1", comme qui dirait un sous-titre, ou comme le titre d'une nouvelle série d'expos consacrées aux collectionneurs d'art hors-les-normes (donc "turbulents" pour faire référence au fondateur de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais) dont cette expo est le premier exemple.

 

     C'est donc une seconde occasion de découvrir plus amplement la création brute polonaise, "seconde", parce qu'il y avait déjà eu il n'y a pas si longtemps, au Musée de la Création franche, à Bègles, une exposition similaire, intitulée (pieusement) "Les saints de l'art polonais" (voir la chronique que j'en avais faite sur ce blog). On retrouve quelques noms communs dans les deux expositions d'ailleurs, comme Zarski, Dembinski, Glowala et Kosek, tout en découvrant majoritairement des noms de créateurs nouveaux par nos contrées. A noter en particulier une créatrice déjà présentée dans l'antenne parisienne de la Fabuloserie, que j'ai trouvée exceptionnelle, Genowefa Magiera, vieille dame peignant au sein d'une  maison de retraite à ce que j'ai compris. On peut se faire une idée des œuvres présentées en feuilletant le catalogue sur Calameo.

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Genowefa Magiera, sans titre, peinture et collage sur carton, 42x19cm, vers 2016, coll. privée, Paris ; ph. Bruno Montpied

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La créatrice en action...

 

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Un ”Musée pittoresque de sculpture”: un inspiré encore inconnu au bataillon

   Récemment, un correspondant lecteur de ce blog, M. Julien Gonzalez, m'a signalé une image montrant un "musée pittoresque de sculpture", primesautièrement installé dans le jardin d'un pavillon situé, selon la légende de la carte postale où l'on pouvait le découvrir, à Triel-sur-Seine, en Seine-et-Oise (aujourd'hui les Yvelines).

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On notera l'inscription "Le Musée" sur le portail surmonté d'une tête sculptée, et, imprimée en bas à droite, la mention "L'Abeille Asnières" (la référence du cliché à une publication du début du siècle semble-t-il) ; les statuettes rassemblées par l'homme barbu que l'on voit dans le jardin regardant vers l'objectif, vraisemblablement l'auteur de ces sculptures "pittoresques", sont majoritairement massées près de la clôture, derrière le grillage, afin de permettre plus aisément la contemplation aux passants sans doute trop timides pour frapper à la porte de ce "musée" privé...

 

     Cette carte me rappelait quelque chose... Où avais-je déjà vu ce site? Ma mémoire d'obsédé des inspirés du bord des routes privilégie bien entendu ce genre de réminiscences... Et, donc, la lumière s'est brusquement faite! Bon sang, mais c'était bien sûr, comme aurait dit le commissaire Bourrel (le genre de référence qui, je l'avoue, date gravement celui qui la profère, mais baste...) : ce personnage coiffé d'un calot ressemblant vaguement à une chéchia, je l'avais déjà rencontré sur une autre carte, publiée comme tronquée, dans un livre sur les jardins... de l'art brut... Dans le livre de Marc Décimo, portant justement ces mots  en titre, réédité l'année dernière.

     Une autre carte en effet, au cliché pris plus frontalement, est insérée dans l'introduction des Jardins de l'Art Brut (éditions Les Presses du Réel), mais ne comporte aucune légende, comme si elle n'était d'ailleurs qu'un fragment de carte (le format ne paraît pas proche de celui d'une carte postale), à moins que ce ne soit plutôt une photo? Marc Décimo paraissait désolé de n'avoir pu localiser ce "musée". Je tenais bien entendu à dissiper cette désolation, grâce au recoupement avec l'autre carte dénichée par Julien Gonzalez. Ce dernier a mené une enquête auprès d'une association érudite de Triel qui lui a signalé que "la maison existerait toujours et se trouverait rue de l'Hautil, aux environs de l'embranchement du chemin des Gouillards à Triel."

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La carte postale publiée par Marc Décimo dans son livre Les Jardins de l'Art Brut ; davantage mis en scène, le "Musée" : avec l'homme au calot, apparemment assis, au milieu de ses œuvres que l'on discerne plus, étant donné que la saison a laissé les branches sans feuillage, et deux femmes présentes à l'arrière-plan, aux fenêtres du pavillon ; les statues semblent particulièrement modelées, manifestant une dextérité qui ne se limite pas à de la stylisation et cherche des formes se rapprochant du réalisme : ce sculpteur avait-il du métier, ou était-ce un autodidacte?

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L'Atlas des Régions Naturelles, une entreprise cousine de ce blog

      Signalé par ma jeune camarade Tamaya Sapey-Triomphe, que je remercie hautement au passage, l'Atlas en question a entrepris de recenser par le truchement de classifications et surtout de photographies toutes sortes de réalisations volontaires ou involontaires dans l'espace en France,  relevant peu ou prou de ce que l'on appelle l'architecture vernaculaire. Le territoire  est envisagé dans le cadre de ses régions dites naturelles, et non pas dans son découpage administratif de départements et régions artificielles. Un index de ces régions est donné sur la page d'accueil du site web. La mise en ligne de ce dernier est très récente (le 5 novembre 2020), tandis que le recensement lui-même, ayant produit jusqu'à présent plus de 12 000 clichés, a été commencé en 2017.

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Le découpage de la France en régions naturelles selon l'ARN.

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A Nassigny, ph. ARN.

 

      Les auteurs, Eric Tabuchi et Nelly Monnier, paraissent bien sympathiques, si l'on s'en rapporte à leur portrait, lorsqu'ils sont assis à l'arrière de leur voiture d'explorateurs...

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Nelly Monnier et Eric Tabuchi, les auteurs de l'Atlas des Régions Naturelles, ph ARN.

 

      "Au moment d’entreprendre ce travail, cela faisait déjà un moment que nous nous demandions comment documenter l’architecture vernaculaire française et, plus largement, comment représenter un territoire dans toutes ses nuances." (E. Tabuchi et N. Monnier) 

        Cet ARN, cliquez pour la page d'accueil ICI, on s'y balade par plusieurs entrées. Personnellement, j'ai d'abord essayé la section "art brut" (on ne se change pas...), peu fournie (pour le moment... ;  à signaler que l'art brut de cet ARN se limite aux environnements spontanés). Puis je me suis dirigé vers "petit patrimoine", "initiative personnelle". "maisons modestes", "fresque figurative", "tas et reliquats", et encore "enseigne-objet", "cinémas" (désaffectés ou non), ou "graffiti" (hélas, seulement perçus sous la forme des graffiti pulvérisés et non pas incisés, plus anciens, et historiques).

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Portail original à Ruan sur Egvonne (Perche vendômois), photo ARN (à noter que les photos que j'extrais ici par capture d'écran, justifiée par les besoins de la communication autour de ce site web, ne peuvent être que d'une médiocre résolution, le site ne permettant pas l'enregistrement). Ce décor m'est inconnu et n'a donc pas été recensé par moi dans le Gazouillis des éléphants.

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Construction insolite à Vic-le-Comte, Limagne, ph. ARN ; idem, site inconnu de moi jusqu'à présent...

 

     Bien entendu l'écrasante majorité des entrées est dominée par des polarisations architecturales (toujours à la surface des sols, on ne va pas dans les souterrains), mais enfin, l'éventail de la curiosité de ces deux chercheurs qui ne dédaignent pas de présenter leur entreprise comme une "aventure artistique" (j'ai pensé au couple d'Allemands, Bernd et Hilla Becher, qui ont fait une oeuvre de photographe en dressant une typologie d'architectures industrielles, et des châteaux d'eau notamment ; il est probable que ce soit une référence pour nos deux explorateurs de l'Atlas) est très vaste et très hétéroclite.  Si pour le moment ils ne sont pas allés apparemment vers les cimetières, rare manque pour le moment,  – on pourrait pourtant y rencontrer beaucoup d'édicules, tombeaux et autres ornementations diverses parfois fort insolites – à se promener dans leur site, on se convainc rapidement de l'étonnante variété des monuments de tous ordres que l'on peut rencontrer en France.

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Monument aux morts insolite, La Ville en Tardenois, ph. ARN.

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Sculptures en fers à cheval, à Gondrecourt le Château, ph ARN.

 

      Sur ce blog, cela fait un certain temps que je m'efforce de le faire percevoir à ma manière, dans une perspective moins architecturale, et plus dans l'esprit de ce que j'appelle "la poétique de l'immédiat". Sans parler des environnements populaires spontanés, à la Cheval ou à la Picassiette, cela fait longtemps que je reste étonné devant les créations d'artisans rocailleurs, les tours Eiffel en toutes matières (c'est une des catégories que l'on rencontre sur l'ARN, avec plusieurs exemples que je ne connaissais pas, voir la note que je leur ai consacrée récemment), les architectures ou les monuments incongrus dont on a perdu la fonction, les monuments aux morts atypiques, les boîtes aux lettres insolites, les enseignes hors normes, les arbres morts sculptés, les vieux cinémas de province ancienne mode (avant l'époque des multiplex), etc.

      Allez, on se précipite tous sur l'ARN... Bon voyage !

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Eolienne (de Girard ou de Bolée), à Bouge, près de Laval, ph. Bruno Montpied, 2020.

 

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Du nouveau pour la mémoire de Martine Doytier

     M. Alain Amiel m'a écrit – suite aux notes que j'avais consacrées à cette artiste – pour me signaler la constitution d'une Association des Amies et Amis de Martine Doytier, forte à l'heure où je trace ces lignes de cent adhérents (pour en faire partie, cliquer ici). Cela fait beaucoup d'amis... Cela s'accompagne de la création d'un site web  entièrement consacré à elle: http://martinedoytier.com/.

martine doytier,alain amiel,association des amis et amies de martine doytier,e

Martine Doytier "enchaînée" sous les essuie-glaces d'une camionnette, de Ben apparemment (je dis "apparemment" car la photo – extraite du site des Amis de M.D. – n'a pas de légende, me semble-t-il).

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Martine Doytier avec son chien "qui n'aimait qu'elle", photo extraite du site web des Amis de M.D ; elle paraissait bien défendue...

 

      Sur ce site, on trouve un lien vers Instagram avec des photos d'œuvres retrouvées ainsi que des portraits de Martine Doytier, cette artiste qui fut classable un temps dans l'art naïf (elle fréquenta Frédéric Altmann et Anatole Jakovsky) et aussi dans une forme d'art visionnaire (assez tourmenté). Les photos représentent, me semble-t-il, souvent des détails de peintures (pour avoir le titre, les dimensions de la totalité du tableau il faut cliquer sur l'icône montrant un schéma de maison en haut de l'écran, je dis ça pour les Nuls dans mon genre que l'on a oublié d'initier aux arcanes d'Instagram). Est frappante cette grande peinture sur triptyque, que l'artiste laissa inachevée après son suicide en 1984, une sorte de portrait grouillant, visionnaire, des différents protagonistes de la vie artistique niçoise que côtoya Martine Doytier (voir ci-dessous).

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Triptyque de Martine Doytier (inachevé), Autour de Nice, avec son autoportrait en peintre vers la droite.

 

          Dans la première Newsletter de l'Association, je retiens la déclaration suivante au sujet des peintures non encore répertoriées de Martine Doytier : "Nous avons lancé une opération de recherche pour tenter de retrouver certaines des œuvres qui ne sont pas localisées ou qui nous sont encore inconnues ! Peu à peu, nous avançons, mais il y a encore beaucoup à faire ! A ce jour, environ une soixantaine d’œuvres est identifiée dont moins de la moitié est localisée. Cela veut dire que nous en connaissons les propriétaires et que nous sommes donc en mesure de documenter les œuvres, voire d'en demander le prêt lorsque nous organiserons une exposition." Le but de ces recherches et de la fondation de l'association est bien de construire le catalogue raisonné de l'œuvre de cette peintre restée si longtemps dans l'ombre de l'Ecole de Nice. C'est ce à quoi s'est attelé Alain Amiel, en même temps qu'à une biographie actuellement en chantier, quoique bien avancée.

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Martine Doytier, peinture au titre non identifié, 2F, huile sur Isorel, 1952, collection Jean Ferrero (que je remercie de me l'avoir montrée), ph. Bruno Montpied.

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Verso de la peinture précédente, coll. Jean Ferrero, ph. B.M.

 

     "Un appel est donc lancé à tous ceux qui détiendraient des documents ou des informations permettant de retrouver les œuvres de cette artiste." (Site web de l'association). Pour transmettre d'éventuelles infos inédites sur cette artiste, il faut écrire à : <catalogue.martinedoytier@gmail.com>. Un numéro de téléphone est aussi disponible pour ceux qui préfèrent causer de vive voix: +33 6 08 91 56 24.

      Qu'on se le dise.

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Le LaM se donne trois jours pour lancer une nouvelle cartographie numérique des environnements spontanés...

     Les 15, 16 et 17 mars prochains, au LaM de Villeneuve-d'Ascq (à côté de Lille), c'est l'ouverture de... la chasse? Non, de la cartographie numérisée (et multimédia? Et interactive?) des environnements spontanés que le LaM compte commencer de mettre en place durant ce printemps, en débutant par les Hauts de France. J'ai personnellement du mal à cerner les limites que compte mettre le LaM au corpus qu'il projette de cartographier. Y intégrera-t-on les environnements d'artistes marginaux ou plus professionnels, à côté des environnements créés par des "hommes du commun", non professionnels de l'art ?  J'en ai bien l'impression, mais attendons d'en savoir plus... Rien n'a été véritablement précisé jusqu'à présent dans ce domaine. 

Voici le programme :

Journées des 15-16 et 17 mars 2018 (1).JPG

"Nombre de places limité", "réservation conseillée", c'est destiné aux happy few tout de même... ; on reconnaît sur cette première page du programme, en haut, des photos de Francis David, et l'on notera que les dates de ses prises de vue ne sont pas indiquées (première critique!), or cela a son importance quand on sait à quel point ces créations de plein air sont évolutives et éphémères.

Journées des 15-16 et 17 mars 2018 (p.2).JPG

      Ces trois jours se décomposent en ateliers où l'on discutera entre passionnés du sujet de différentes thématiques, des archives, de la notion de ce que le LaM appelle les "habitants-paysagistes" (reprenant l'appellation - trop générale à mon goût - de l'architecte-paysagiste Bernard Lassus), de l'histoire de sa communication, des problèmes de conservation (ou non), de son aspect international, de l'aspect technique, sociologique de ces créateurs dont l'activité est classable entre travail et loisir... Une demi-journée, le 16 mars, proposera une première sélection de films sur la thématique, mise au point par l'association Hors-Champ (de Nice). Il se murmure que l'on pourrait y voir le film que j'ai co-écrit avec son réalisateur Remy Ricordeau en 2011, Bricoleurs de paradis. Le samedi matin sera consacré à des signatures d'ouvrages récemment parus sur la question, comme les rééditions augmentées des Bâtisseurs de l'imaginaire de Claude et Clovis Prévost et des Jardins de l'art brut de Marc Décimo. Je dédicacerai pour ma part mon récent inventaire des environnements populaires spontanés, premier du genre, Le Gazouillis des éléphants, durant cette même matinée du samedi.Le Gazouillis 3 couv à plat (2).jpg Et l'après-midi verra la projection d'autres films, certains canoniques comme les Demeures imaginaires d'Irène Jakab, Kurt Behrens et Gaston Ferdière (documentaire de 1977 où l'on aperçoit en particulier, si je me souviens bien la maison extraordinaire, véritable toile d'araignée en bois, de Karl Junker à Lemgo en Allemagne), d'autres plus classiques, comme Le Palais Idéal d'Ado Kyrou de 1958 (qui lui fut inspiré par la séquence sur le même Facteur Cheval dans Violons d'Ingres de Jacques Brunius, film de 1939).

     

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26/02/2018 | Lien permanent

François Michaud (Creuse) et Antoine Paucard (Corrèze), deuxième film du Vidéoguide de l'Inventaire du Patrimoine de Nou

        Voici que la réalisatrice de la série sur les inspirés du bord de routes produite dans le cadre du Vidéoguide du Patrimoine de Nouvelle Aquitaine, Juliette Chalard-Deschamps, me fait suivre le second volet de cette série (le premier, on s'en souvient, a été mis en lien sur ce blog le 13 mars dernier), cette fois consacré à l'évocation des sculptures de François Michaud à Masgot dans la Creuse, site qui m'est cher, d'autant que je fus des premiers à le défendre et le faire connaître (dans Plein Chant d'abord dans les années 1990, dans un texte intitulé Le Ciment des rêves, puis dans le livre qui lui fut consacré par les éditions Lucien Souny dans ces mêmes années ; le texte que je lui consacrai dans ce dernier ouvrage fut repris ensuite, en 2011, dans mon livre Eloge des Jardins Anarchiques), mais aussi aux sculptures d'Antoine Paucard, présentées dans un abri vitré derrière la mairie de son village de Saint-Salvadour en Corrèze. Les deux hommes étaient tous deux maçons, tailleurs de pierre, ayant vécu chacun dans un siècle différent.

     François Michaud (1810-1890) est présenté dans ce film par le maire de Fransèches, la commune de rattachement de Masgot (qui est un hameau de fort belle allure, aux maisons de pierres probablement taillées par Michaud lui-même, dont les deux qui lui appartinrent et qu'il décora de statues à diverses périodes de sa vie), Daniel Delprato. Antoine Paucard (1886-1980), pour sa part, est également présenté par un maire, celui du village de Saint-Salvadour, Pierre-Marie Capy. Les deux sites bénéficient de vues aériennes prises par le drone piloté par l'excellent caméraman de la série, Arnaud Deplagne. Cette façon de tourner me fait rêver d'un inventaire des environnements de France qui se déroulerait ainsi, vu du ciel, allant d'un point à l'autre de l'Hexagone, comme pendant les retransmissions des étapes des courses cyclistes, telles celles du Tour de France par exemple!

      Dans son commentaire sur les œuvres d'Antoine Paucard, Pierre-Marie Capy donne des éléments d'information nouveaux par rapport à Paucard, en particulier lorsqu'il évoque le gisant que le sculpteur alla tailler dans les bois pour évoquer la tuerie de résistants dans le lieudit de La Servantie par les Allemands pendant la Seconde Guerre. Il nous apprend également que Paucard a laissé des photos derrière lui, montrant l'intérieur du petit musée où il avait disposé de son vivant ses statues aux bustes bardés d'inscriptions (Paucard a laissé 123 carnets remplis de poèmes, et un livre de souvenirs de voyages en URSS en 1933 ; il se voulait donc écrivain aussi bien que sculpteur). Ce musée, nous dit M. Capy, présentait une certaine muséographie, les statues étant orientées les unes par rapport aux autres, et, donc, le maire avance l'idée qu'il faudra en tirer une leçon pour la valorisation future de cet ensemble dans un autre musée.

 

 

       Concernant les sculptures de François Michaud, que je n'avais pas revues depuis quelque temps, il me semble, à voir ce film, qu'elles ont dû être soigneusement nettoyées de leurs mousses et lichens qui souvent après chaque hiver avaient tendance à perturber passablement leur appréhension par les visiteurs du hameau. Mais il m'a semblé qu'elles présentent désormais un aspect quelque peu usé, presque raboté, les détails d'expression ayant tendance à avoir été gommés... J'espère qu'il n'y a pas eu trop de zèle à vouloir les remettre comme à l'état neuf...

         J'ajoute que je n'ai été pour rien dans le commentaire de ce second film.

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