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Cabanes et Nuage Vert

Cabanes et anarchitectures

Des bidonvilles à Thoreau, cabanes célèbres ou non

par Laurent Gervereau

(en noir, remarques marginales de l'animateur du blog)

 

      Nuage Vert [centre culturel à Argentat, Corrèze] a décidé de faire de la résistance culturelle, considérant que le lien social, l'animation territoriale, la défense des créations et des savoirs devenaient plus que jamais des actions prioritaires dans le monde fracturé et traumatisé aujourd'hui. Faire des opérations de qualité dans la ruralité en défendant la biodiversité et la culturodiversité constituent l'axe des toutes les manifestations. A l'heure où des appels internationaux pressants se font pour la défense de l'environnement, une nouvelle opération s'ouvre en janvier [apparemment du 9 janvier à fin février 2021] sur un sujet banal mais qui n'avait jamais vraiment été étudié : les cabanes.

     Le livre relié de 192 pages couleur (achetable par carte bancaire sur lulu.com et l'exposition (pour laquelle est envisagée la possibilité de visites privées sur rendez-vous en attendant des ouvertures plus larges) donnent un panorama de l'histoire générale des cabanes de la Préhistoire à aujourd'hui. Il s'agit aussi bien des abris antiques sur tous les continents, des cabanes de bergers, du scoutisme ou du naturisme des années 1930, des hippies, des bidonvilles, que de celles de Rousseau, Virginia Woolf, Thoreau, Le Corbusier et d'architectes célèbres aujourd'hui.

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Maquette grand format de la cabane de Thoreau en cours de construction par Jean-François Beaud.

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Le 4e et la première de couverture du livre annoncé par Laurent Gervereau dans l'annonce ici présente que je ne fais que répercuter.

 

      (...)

     De belles contributions se sont rassemblées. Véronique Willemin, architecte et créatrice de la collection "anarchitectures" aux éditions Alternatives (maisons mobiles, maisons sur l'eau...), a apporté tout son savoir et des documents précieux. Jean-François Beaud a réalisé une maquette exceptionnelle grand format (au quart) de la cabane d'Henry David Thoreau – cabane aujourd'hui disparue de ce grand précurseur de l'écologie. Anna Pravdova et Bertrand Schmitt du musée national de Prague ont écrit sur les cabanes des Krizek à Goulles. Peter Blok a installé un morceau de ses maisons-cabanes, autonomes énergétiquement, et déplaçables. Les cabanes de la ferme des histoires mélangées, créées par la famille Layotte à Sexcles, sont montrées, comme celles des ermites du Moyen-Age, les yourtes, Robinson Crusoé et La cabane de l'Oncle Tom (première traduction avant de l'appeler "case"), des dessins d'enfants sur leurs cabanes, la maquette des hortillonnages par Jacques Hennequin, des photos inédites de Notre-Dame-des-Landes, les hippies, les cabanes-maisons de Guy Rottier (ami de Reiser et précurseur de l'énergie solaire)... Bref, les cabanes, cela concerne tout le monde, les riches et les pauvres, hier et aujourd'hui, ici et ailleurs.

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Type de maquette de Jacques Hennequin, conservé chez Nuage Vert ; ph. Bruno Montpied, 2018.

 

    Alors, ne ratez pas ce premier bilan de la base des habitats, celui qui nous rappelle à nos fonctions essentielles et à notre rapport primordial à une nature dont nous faisons partie.

      Le livre : Cabanes et anarchitectures achetable par carte bancaire sur lulu.com

    Renseignements pour la possibilité de visites privées sur rendez-vous : contact@nuage-vert.com et 06 12 29 60 97.

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Appel du 18 juin: ”Alcheringa” n°4 est paru et ses animateurs viennent en causer à la Halle Saint-Pierre

      Alcheringa, j'en ai déjà parlé lors de la parution de son n°3. Il continue de se manifester, puisque son n°4 sort à présent, toujours édité (et maquetté) par Venus d'Ailleurs du côté de Nîmes. Il sera présenté dimanche prochain à l'auditorium de la Halle, à 15h, en présence de Joël Gayraud, Guy Girard, Régis Gayraud et mézigue. Je dois y présenter en effet les articles que j'ai donnés à la revue, l'un sur l'art en commun (il y aura quelques images projetées) et l'autre, plus réduit, consacré à une remarque concernant le catalogue de la récente exposition "Chercher l'or du temps", consacrée au surréalisme, l'art magique et l'art brut, au LaM de Villeneuve-d'Ascq. Ce catalogue contient en effet une prodigieuse découverte due à l'une des conservatrices de ce musée, Jeanne Bathilde-Lacourt, découverte qui regarde les prémisses de la collection d'art brut de Jean Dubuffet. Il me paraissait important de la souligner un peu plus, notamment auprès de lecteurs intéressés par le surréalisme.

 

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         Voici le sommaire de la revue:

Numéro 4 - Été 2023
(128 pages ; 22 €)
 

Dans ce numéro:

Guy Girard, Devant le feu

Joël Gayraud, Métamorphoses de l’alkahest

Sylwia Chrostowska, Tout et son contraire

Jacques Brunius, Le jardin n’a pas de porte

Bruno Montpied, L’art en commun, si peu commun…

Laurens Vancrevel, Will Alexander et l’usage surréaliste du langage

Natan Schäfer, Vers le Phalanstère du Saï

Régis Gayraud, Souvenons-nous de Serge Romoff.

Autour d’une lettre inédite d’André Breton

 

      ainsi que d’autres articles, poèmes, récits de rêves, notes critiques et images par :

René Alleau, Aurélie Aura, Jean-Marc Baholet, Anny Bonnin, Massimo Borghese, Anithe de Carvalho, Eugenio Castro, Claude-Lucien Cauët, Juliette Cerisier, Sylwia Chrostowska, Darnish, W. A. Davison, Gabriel Derkevorkian, Kathy Fox, Antonella Gandini, Joël Gayraud, Régis Gayraud, Yoan Armand Gil, Guy Girard, Beatriz Hausner, Jindřich Heisler, Alexis Jallez, S. L. Higgins, Marianne van Hirtum, Richard Humphry, Andrew Lass, Michael Löwy, Albert Marenčin, Alice Massénat, Bruno Montpied, Peculiar Mormyrid, Leeza Pye, Pavel Rezniček, Alain Roussel, Bertrand Schmitt, Carlos Schwabe, Petra Simkova, Dan Stanciu, Wedgwood Steventon, Ludovic Tac, Virginia Tentindo, Marina Vicehelm, Sasha Vlad, Susana Wald, Gabriela Žiaková, Michel Zimbacca.

 

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Bruno Montpied et Petra Simkova, "Des êtres se rencontrent et une douce musique s'élève dans leurs cœurs", hommage à Jens-August Schade,  3 x 4 m, peinture industrielle sur toile PVC, 1999.

 

     Des exemplaires de la revue seront bien sûr ensuite disponibles à la vente dans la librairie de la Halle Saint-Pierre.

     Signalons aussi par la même occasion la parution d'un autre n°4, de la revue L'Or aux 13 îles (qui devient également un foyer éditorial), qui lui de même qu'Alcheringa est disponible à la vente à la librairie de la HSP (accompagnant, c'est à noter, les trois premiers numéros de la revue, qui contiennent trois articles copieux de moi-même: dans le n°1 (2010), un grand dossier sur les bois sculptés de l'abbé Fouré, où j'avais réédité le Guide du Musée de l'ermite, dans le n°2, une prose poétique sur ma collection illustrée de plusieurs reproductions, Le royaume parallèle, et dans le n°3, un article sur les bouteilles peintes de Louis et Céline Beynet, des autodidactes inconnus et inventifs qui vivaient en Limagne, près d'Issoire).

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Václav Levý, un sculpteur instinctif en Bohême

           
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             Cela fait déjà de nombreuses années que je traîne des bribes d'informations sur ce Václav Levý aperçu au détour de lectures souvent en rapport avec le surréalisme et ses abords (par exemple dans un livre de Véra Linhartova sur Joseph Sima, ou dans un numéro ancien de la revue Change qui évoquait les contacts des surréalistes français avec leurs homologues tchéques aux alentours des années 70 -Vincent Bounoure citant sans plus de précisions "les rochers sculptés de la forêt en 1974" comme lieu de visite avec les surréalistes tchéques ).
            « Il n'y a pas d'ensemble comparable [à l'ensemble baroque des sculptures monumentales de Mathias Bernard Braun à Kuks en Tchécoslovaquie] mis à part, peut-être, les sculptures d'un romantisme naïf exécutées vers le milieu du XIXe siècle par le sculpteur Václav Levý à Klácelka, près de Mĕlník. Il se peut que le grand-père de Sima, tailleur de pierre à Prague, ait alors participé à l'ouvrage : les reflets des têtes géantes, creusées en haut-relief à l'entrée des grottes, apparaîtront dans les tableaux de Sima vers la fin des années trente » (Vĕra Linhartová, Joseph Sima, ses amis, ses contemporains, Ed. La Connaissance, 1974, pp 9-10).
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Joseph Sima, La mer, 1933, Galerie Nationale de Prague
 
            Anatole Jakovsky, qui n'avait pas les yeux dans ses poches, avait lui aussi repéré les rochers sculptés dans les bois de Libechov, près de Mĕlník en Bohême, au nord  de Prague (dans ses Mystérieux Rochers de Rothéneuf, aux éditions Encre, 1979).
            C'est qu'il n'y a pas beaucoup d'exemples de sculptures rupestres en plein air, populaires qui plus est, en Europe, du genre de l'abbé Fouré, l'ermite de Rothéneuf qui sculpta entre 1893 et 1910, pour se désennuyer et affirmer ses convictions, des rochers qui surplombaient le rivage. Jakovsky, cependant, avait été précédé -dès 1907 !- par l'obscur journaliste auteur de l'article Excentriques, confrères de nos artistes, dans la revue Lectures pour tous, article mêlant la fascination à la moquerie goguenarde à l'égard des créations marginales, un peu dans la même veine des articles que Courteline à la même époque consacrait à la peinture naïve qu'il collectionnait avec un intérêt ambivalent. Le journaliste anonyme cite le sculpteur de Bohême, histoire de trouver des alliés à l'abbé Fouré, qu'il soit un peu moins "excentrique" justement (on aimerait bien savoir les sources de sa documentation ; j'ajoute qu'il ne joint aucune illustration à son article) :
            « Si original que soit son art, cet ermite a eu un devancier, un sculpteur de Bohême. Il y a un siècle environ [là, l'auteur exagère un peu, Levý a vécu de 1820 à 1870 ; il exerça donc son activité de sculpteur plutôt aux environs du milieu du XIXe siècle, soit une cinquantaine d'années avant l'article de Lectures pour tous], un propriétaire de Libechov, près de Melnik, le comte Veith, engageait comme marmiton un jeune garçon du village, Vaclav Löwy [orthographe de l'article maintenue]. Les fonctions de Löwy consistaient à entasser le beurre dans des jarres. Tandis qu'il pétrissait son beurre, l'idée vint au gamin de se servir de cette substance plastique pour modeler des animaux. Un jour que le comte Veith visitait l'office, il découvrit Vaclav en train de sculpter un cerf et des chiens. Devinant chez l'enfant un certain talent, il s'intéressa à lui et l'envoya étudier à Prague, puis plus tard, à Munich, et enfin à Rome, si bien que, quelques années plus tard, l'ex-marmiton était devenu un des meilleurs sculpteurs de son temps.
            Chaque année, Vaclav Löwy venait passer ses vacances à Libechov, et c'est alors qu'il conçut le projet de sculpter les rochers dispersés dans les bois d'alentour. Aujourd'hui, ces rochers sont une des curiosités de la région : rien n'est plus étrange que leur aspect, dans la verte pénombre de la forêt, sous les plaques de mousse qui les recouvrent.
            Ici, deux chevaliers des Croisades veillent, revêtus de leur armure, appuyés sur leur haute épée ; là, sous ce bouquet de hêtres, un groupe de gnomes est en train de forger ; à l'orée de ce taillis de chênes, une énorme tête de géant semble regarder le promeneur de ses orbites vides et inquiétantes. »
             Ce texte est bien sûr à prendre avec des réserves, mais on notera que l'époque de la sculpture des rochers, vers le milieu du XIXe siècle, fait de cet environnement un des sites spontanés les plus anciens qui se soient conservés jusqu'à nous (voir ma note du 10 juin sur François Michaud).

 

 En cherchant sans réelle conviction sur Internet, je suis alors tombé sur un article d'Ivana Vonderková, uniquement disponible en espagnol en dehors du tchèque, sur le site de Radio-Praha (Radio-Prague).
 En le traduisant de façon très subjective, j'ai retrouvé le nom de Veith qui paraît bien avoir joué un rôle de mécène auprès de Levý. Il semble également que l'histoire du sculpteur d'abord seulement instinctif, puis ensuite acquérant du métier au point de devenir un sculpteur savant (et du coup assez banal !) qui influença des générations de sculpteurs tchèques, cette histoire paraît fondée. Ce destin paraît tout à fait exceptionnel, dans l'ensemble du corpus des arts populaires spontanés. Généralement, c'est plutôt le contraire, on a des artistes bien établis (Carl-Fréderik Hill, Ernst Josephson, Charles Meryon, Louis Soutter, Théophile Bra (un exact contemporain de Levý, celui-ci)...) qui basculent à la suite d'une rupture psychique quelconque dans une autre ère de production d'oeuvres. Là, on part d'un talent inné et l'on se dirige par apprentissages successifs vers le talent et le savoir-faire fixés comme universellement admirables (et l'on se dit que ces apprentissages ne furent pas forcément, si l'on se limite à un point de vue strictement artistique, ce qu'on a fait de mieux avec Václav Levý).
            Pour la première fois en tout cas, c'est sur ce site de Radio-Praha que j'ai enfin vu des images (minuscules, hélas) des sculptures de Levý dans la forêt, ou du moins c'est ce que l'on doit déduire car il n'y a pas de légendes pour le confirmer à côté des photos, hormis des titres inventés semble-t-il par l'auteur de l'article.
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           Ce sont ces photos qui m'ont décidé à écrire enfin -après 20 ans d'attente au moins !- la note présente. Les sculptures de Václav Levý y apparaissent d'une rugosité, d'une sobriété et d'une expressivité rudimentaire assez étonnantes, bien éloignées des statues qu'il aurait taillées par la suite (à croire qu'il ne s'agit pas du même sculpteur), voir l'exemple que je reproduis ci-dessous, tiré lui aussi du même site.
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Vaclav Levy, Adam et Eve, sculpture en cire (semble-t-il)

 

 
             Je ne comprends pas que personne, jusqu'à présent, n'ait davantage cherché à nous présenter des photos et des informations plus détaillées sur la vie et l'oeuvre de ce créateur intriguant.
              A suivre en tout cas...
      
         

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Noix de coco liégeoise

    Aperçue à Liège, la face de noix de coco ci-dessous, histoire de rebondir une nouvelle de fois sur les noix de coco sculptées, depuis les notes que j'avais posées il y a quelques lustres (2010 et 2012, je fais dans la noix tous les deux ans faut croire), notamment à propos d'un étrange personnage moustachu qui me fait penser à une sorte de Fu Manchu rigolard et qui lui aussi est taillé dans une noix aussi volumineuse qu'une calebasse (dans ma collection perso).

 

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Photo Bruno Montpied, 2014

 

    La noix sculptée ci-dessus gîte à Liège, et est aussi moustachue, quoique plutôt à la manière de Charlot (ou de Hitler?), et a été chinée par M. Jean-Louis Clément qui s'intéresse beaucoup à l'art populaire autodidacte à qui il donne de temps à autre un nom original, le "déchant", terme emprunté au vocabulaire musicologique. Ce déchant (et non pas ce déchet, ne pas confondre) correspond selon Clément à une forme d'improvisation dans les arts visuels analogue à l'improvisation dans le domaine de la musique médiévale et plus près de nous dans le domaine du jazz par exemple (Clément est un féru de cette forme de musique). Cependant, je ne suis pas sûr que Jean-Louis Clément n'utilise pas ce terme avant tout dans le cas de peintures trouvées en brocante, dues à des inconnus ou des anonymes, que je rapprocherai personnellement plutôt de ce que nous avons évoqué sur ce blog sous le terme d'art de dépôt-vente, d'art de croûtes, voire de bad art comme on dit aux USA (c'est-à-dire de "l'art naze".

 

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Dessins de José Guirao

     Il y a quelque temps j'avais publié une photo au "couteau subtil" de José Guirao, datant d'une époque déjà ancienne. Et le voici qui dessine à présent. J'en profite pour inaugurer une catégorie nouvelle (voir colonne de droite), sans commentaires, que j'intitule "Tel quel" (je sais, ça existe déjà, mais là je l'emploie dans le sens ordinaire).

 

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    Le dernier a un petit côté Albert Louden, je trouve (ah, zut, j'avais dit, pas de commentaire...)

 

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Pas envie de rire...

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Ph. B.Montpied, Isère, 2013

     Z'auriez envie d'aller rigoler "exceptionnellement" avec ces deux-là? Moi, j'ai résisté, et finalement, j'ai préféré aller noyer mon chagrin dans l'alcool. C'est que ces deux faces de looser avaient de quoi plomber le plus tonique d'entre nous.

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De la lenteur avant toute chose

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     L'association ABCD invite l'association Portraits pour une exposition où seront confrontées des œuvres d'art contemporain et des créations faisant partie des collections d'art brut d'ABCD. Il y a pas moins de cinq commissaires d'exposition pour cette association Portraits, tandis que Barbara Saforova reste bravement seule commissaire pour ABCD. "De la lenteur avant toute chose", titre et thème de l'expo qui commence à Montreuil-sous-Bois dans les locaux de la galerie ABCD le 29 septembre et se terminera le 16 novembre, invite à réfléchir si la lenteur des processus créatifs (terme qu'affectionne et creuse une des commissaires de l'expo, doctorante à Paris I et conservatrice au musée Picasso, Emilie Bouvard) ne pourrait être interprétée comme un comportement subversif dans un monde dominé par une consommation effrénée et étourdissante des images:

     "La vitesse est révolutionnaire. Mais la vitesse peut devenir celle, mécanique et aliénante, de la machine, celle de la ville Babylone, industrieuse, faisant et défaisant les modes à un rythme rapide, effréné et superficiel. Dans un monde où l’artiste se voit imposer une productivité toujours plus soutenue, serait-il possible de penser, comme le sociologue Hartmut Rosa dans Accélération : Une critique sociale du temps (2010), que la modernité, à force d’accélérer, pourrait bien faire du surplace ? Il convient ici de s’intéresser à des processus créatifs qui, dans leur lenteur, impliquent une durée subversive par rapport aux injonctions contemporaines de consommation de l’art et des images, sans toutefois s’inscrire dans un anti-modernisme moralisateur" (extrait du dossier de presse de l'exposition).

     Intéressante question qui paraît faire écho à des préoccupations plus anciennes d'un Paul Virilio, si je peux me permettre de citer ici un philosophe que je n'ai jamais lu mais seulement très effleuré, qui plus est en diagonale, aux étalages des librairies... La lenteur du processus créatif, le temps pris à confectionner minutieusement divers travaux sans se préoccuper des contingences extérieures, n'est-ce pas la même chose qui est pointée ici en creux que l'inactualité radicale d'une certaine création, le temps vécu en décalage absolu vis-à-vis du temps du travail, de la consommation, de l'obéissance aux clichés et aux modes? Un éloge de la désobéissance et du grand écart vis-à-vis de la société du spectacle?

Sophie Gaucher ,Sang noir, 2012.jpg     Les commissaires de l'expo en question croient voir un éloge de la lenteur chez des artistes et créateurs qui travaillent avec minutie sans compter leur temps, mais apparemment assez hétéroclites si j'en juge par rapport aux quelques images semées dans le dossier de presse. On  y retrouve la dessinatrice Sophie Gaucher dont j'avais proposé à la sagacité de mes lecteurs les dessins en leur demandant si cela pouvait être de l'art brut. Il paraît que c'est ma note qui aurait donné l'idée à Emilie Bouvard et ses amies de la confronter à des œuvres dites d'art brut, c'est décidément trop d'honneur. Mais je rappellerai ici que mes lecteurs dans leurs commentaires l'identifièrent sans hésiter comme une dessinatrice contemporaine...

     Voici la liste des exposants: ACM, Arnaud Aimé, Anaïs Albar, Clément Bagot, Koumei Bekki, Jérémie Bennequin, Arnaud Bergeret, Gaëlle Chotard, Mamadou Cissé, Florian Cochet, Samuel Coisne, Isabelle Ferreira, Sophie Gaucher, Hodinos, Rieko Koga, Kunizo Matsumoto, Dan Miller, Mari Minato, Edmund Monsiel, Hélène Moreau, Benoît Pype, Daniel Rodriguez Caballero, Chiyuki Sakagami, Ikuyo Sakamoto, Judith Scott, Claire Tabouret, Jeanne Tripier, Najah Zarbout.ACM De la lenteur.jpg

       Je n'en connais pas beaucoup là-dedans, si ce n'est les créateurs d'art brut bien connus, ACM et ses maquettes de ruines rongées faites en agrégat de composants électroniques, Emile Josome Hodinos (qui personnellement me barbe avec ses litanies d'inscriptions et de médailles), Dan Miller (un as du gribouillage, une sorte de Cy Twombly spontané et plus brouillon), Judith Scott (qui avec ses cocons de fils, c'est sûr, était complètement barrée loin de nos préoccupations de grands aliénés de la survie), Edmund Monsiel (prolifération vaporeuse de visages) ou Jeanne Tripier (et ses broderies de bénédictine). Les autres noms ne me disent rien. Tout juste puis-je dire, à regarder les images du dossier de presse que je serais curieux de voir les œuvres de Benoît Pype, avec ses fonds de poche dont il fait des petites sculptures ce qui me rappelle une démarche plutôt dalinienne (de sa grande époque surréaliste, pas celle d'Avida Dollars). Ah si, Mamadou Cissé, je vois ce que c'est, on en a déjà vu à la Fondation Cartier, des villes ultra décoratives vues de haut comme des circuits imprimés filtrés par des lunettes psychédéliques, j'avais assez peu apprécié, je trouvais que cela démarquait en moins bien les maquettes de villes futuristes du congolais Bodys Isek Kingelez précédemment exposées dans la même Fondation Cartier...

 

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Le Rêve de Makar

     Tenez, voici la couverture d'une nouvelle de l'écrivain russe Vladimir Korolenko que j'ai illustrée. C'est une première pour moi, et j'en reste fort surpris. Je dois cette initiative à l'éditeur-écrivain de la Librairie la Brèche (maison d'éditions basée à Vichy dans l'Allier), Joël Cornuault, qui a trouvé un rapport entre l'univers de cette nouvelle, par moments fort visionnaire, et l'univers de mes dessins. Pourquoi pas? Et donc j'ai fourni des dessins en me basant sur de pures intuitions, une dizaine peut-être et au final c'est le petit échevelé de cette couverture, magnifiquement imprimé je dois dire, qui a été adoubé. Il provient d'un petit carnet où en de tous petits formats (8,5 x 9 cm) j'avais enserré diverses expériences graphiques en 2001. Généralement, le regard se desserre dans ce genre de production, l'inconscient n'est plus autant surveillé, car peu destiné a priori à partir s'exposer dans le monde extérieur (je n'avais pas songé en dessinant dans ce carnet à une utilisation comme illustration dans un livre). Ils n'en deviennent que plus libres, "échevelés" en somme, mais d'une autre manière... C'est tout à l'honneur de Joël Cornuault d'avoir osé demander ce genre d'image à un gars comme moi qui ne suis pas du tout illustrateur de métier à la base, mais plutôt un imagier qui œuvre avant tout pour lui-même.

 

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    "Comment cela s'était fait, il ne l'avait pas remarqué. Il savait que quelque chose devait sortir de lui, et il attendait que cela sortît de lui d'un instant à l'autre... Mais rien ne sortait...

     Pourtant il se rendait bien compte de son état: il était mort. Aussi, restait-il sans mouvement, calme. Il demeura longtemps couché de la sorte, si longtemps qu'il finit par s'ennuyer.

      Il faisait complètement noir quand Makar sentit tout à coup quelqu'un le heurter du pied. Il tourna la tête, souleva ses paupières..."

     (Extrait de Vladimir Korolenko, Le Rêve de Makar)


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Collectionneurs de merveilleux nuages

    En anglais, ils intitulent l'exposition "Collectors of skies". C'est la Galerie Andrew Edlin à New-York qui monte cela avec la complicité de Barbara Safarova et de Valérie Rousseau qui ont été pour l'occasion intronisées commissaires. C'est commencé depuis le 13 septembre et ça se termine le 3 novembre. Je sais, c'est pas la porte à côté, New-York, et j'imagine que mes lecteurs ne faisant pas partie de la Jet Set de l'art brut qui quadrille le blog, euh, non, le globe... en quête d'art brut dans tous les pays, resteront légèrement dubitatifs devant une telle adresse. Mais s'ils s'intéressent un tant soit peu à la poésie, aux nuages, à l'histoire et à la préhistoire de l'art brut, ils devront tout de même tendre une oreille attentive.

 

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Le dessin de ce carton est d'Achilles G. Rizzoli (1936)

 

     L'affiche du carton d'invitation électronique égrène des noms connus et beaucoup d'autres moins connus. Ne sommes-nous qu'en pays de bruts? Ce n'est pas sûr. Il semble que la galerie Andrew Edlin ait pris pour habitude d'engendrer des confrontations entre artistes contemporains inspirés (par exemple ici une "harpe de nuages" de Nicolas Reeves qui nous dit le carton d'invitation convertit "en temps réel la structure des nuages en séquences musicales", wow!) et créateurs de l'art brut.GUO Fengyi encre sur papier de riz(C BERST).JPG Guo Fengyi (voir ci-contre une reproduction venue d'une œuvre exposée à la galerie Christian Berst en son temps), Charles Dellschau, Henry Darger, Janko Domsic, Zdenek Kosek et Victor Hugo ne sont pas complètement inconnus des amateurs d'art brut. C'est qu'ils ont eu affaire avec les esprits et le hasard objectif des nuages et autres intersignes climatologiques (je pense à Kosek notamment, dont les théories liées aux réseaux de coïncidences si elles sont captivantes ne me font pas oublier que les documents et les diagrammes qu'ils nous livrent à l'appui ne sont pas bien folichons). Palmerino Sorgente est une trouvaille de la Société des Arts Indisciplinés (inactive désormais?) de la Québécoise Valérie Rousseau, devenue une familière de la grosse pomme entre-temps. Les autres noms ne me disent personnellement rien. A part, à part... Clémentine Ripoche bien sûr.

    Sur cette dernière, on ne dispose vraiment que de très peu d'informations. Et pourtant... Dans l'histoire de l'art brut, elle représente le premier cas de création plastique venue d'ailleurs que rencontra Dubuffet bien avant l'art brut (des nuages en l'occurrence que l'intéressée interprétait, apparemment de façon visionnaire, dans un cahier de dessins, d'après ce que l'on en sait par les historiens de Dubuffet, et par l'autobiographie de ce dernier, rédigée "au pas de course", peu de temps avant qu'il décide d'abréger ses jours). La grande information nouvelle est qu'une correspondance entre Clémentine Ripoche et Dubuffet restée inédite à la Collection de l'Art Brut à Lausanne a été confiée pour l'occasion aux commissaires de l'exposition new-yorkaise. C'est un élément à verser au dossier Ripoche, en attendant que réapparaisse un jour (fort hypothétique hélas!) le fameux cahier dont Michel Thévoz a signalé (dans le catalogue de l'exposition à Lausanne du Nouveau Monde) qu'il n'avait pas été conservé par Dubuffet (sans doute parce qu'il le rendit à son auteur comme les lettres en témoignent – j'ai en effet pu par une faveur spéciale d'une des deux commissaires les consulter ; Clémentine tenait à ses dessins avec un acharnement compréhensible, mais cela fut peut-être cause simultanément de leur disparition ultérieure). Cela se passait en 1923, et montre bien que l'intérêt de Dubuffet pour ce qu'il allait appeler l'art brut à partir de 1945 avait commencé de germer dans ces années d'apprentissage de l'entre deux guerres.

      Voici le passage où Dubuffet évoque la découverte de la visionnaire: "Je dus faire à vingt-deux ans (de fort mauvais gré) mon service militaire. Dans une forme privilégiée car après quelques mois d'exercice dans un fort je me vis affecté à Paris même, à l'Office météorologique (...). Ma prestation de soldat – fort peu militaire – comporta un moment de faire des relevés d'appareils enregistreurs fixés à tous les niveaux de la tour Eiffel et pour cela monter quotidiennement et par mauvais temps l'hiver des escaliers à claire-voie extrêmement hauts. J'eus aussi à répertorier des photographies de nuages parmi lesquelles je trouvai une pièce qui excita très vivement mon intérêt. C'était un cahier émanant d'une personne habitant un faubourg de Paris et relatant, illustrée de dessins, des observations du ciel. Celles-ci ne présentaient pas des nuages mais des défilés de chars et toutes sortes de cortèges et scènes dramatiques. Je fis plusieurs visites à cette visionnaire dont l'égarement tourna vite en totale démence." (Biographie au pas de course, pp 468-469, 1985 dans Prospectus et tous écrits suivants, T.IV).

 

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Charles Méryon, Le Ministère de la Marine, eau-forte, 1865, 168 x 148 mm

 

    Ces dessins de "défilés de chars et de toutes sortes de cortèges" m'évoquent irrésistiblement les cieux chargés eux aussi de chars fantastiques qu'on peut voir dans les gravures de Charles Méryon, qui fut l'illustrateur de Baudelaire.

     On regrette vraiment intensément que ces visions de Mme Ripoche n'aient pas réapparu, et l'on se prend à rêver à ce que disait un jour Maugri, à savoir que les dessins s'ils sont forts peuvent se défendre seuls au delà de la mort de leur auteur, et se conserver par charme et ensorcèlement. Reviendront-ils donc un jour ces chars et ces cortèges pris dans les nuées de 1920, c'est la grâce que nous attendons...?

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08/10/2012 | Lien permanent

De Colmar à Clamart

Poème à clamer

Les clamants de Clamart calment les calmars.

Clameurs de calmars: des calmants pour Clamart!

(Proverbe:) A Colmar calmant, Clamart clamant.

Calmement à Clamart, les calmars crament les canards.

A Colmar collant, Clamart connement.

Colmar crânant, Clamart clément.

Calmement à Colmar, les connes clament leur coaltar.

Calmars à Colmar, cafards à Clamart.

Calter à Colmar, caler à Clamart.

Etc.

BM, jan. 2012

 

Colmar-Clamart 9-18.jpg

Colmar-Clamart, 9 à 18, (première image obtenue en tapant "Colmar Clamart" sur Google)


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