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Rechercher : Gilles Manero

Claude, Clovis Prévost et les Bâtisseurs de l'imaginaire

     Claude (l'épouse et  l'écrivain) et Clovis (l'époux photographe et cinéaste) Prévost font reparaître les Bâtisseurs de l'Imaginaire qu'ils avaient publié aux éditions de l'Est en 1990. On sait – et si on ne le sait pas, on devrait le savoir! – que le couple travaille depuis une cinquantaine d'années sur le sujet des habitants autodidactes, créateurs bruts, naïfs ou singuliers d'environnements fantaisistes, mettant en jeu sculpture, bas-reliefs, mosaïque, peinture, sonorisation parfois, poésie naturelle détournée, architecture (plus rarement), accumulation, land art sauvage... Ils sont les auteurs de nombreux films sur le sujet, d'expositions multimédia, de livres, et font figure de ce fait de grands initiateurs historiques à l'art de l'immédiat, et à l'art total, terme qu'ils chérissent plus particulièrement, après les photographes Robert Doisneau ou Gilles Ehrmann qui les avaient précédés de quelques années et sont disparus aujourd'hui. Clovis Prévost est à mon avis un grand photographe qui plus est, doublé d'un cinéaste de documentaire de très grande qualité, au style particulier. Pour sa bio-biblio-filmographie, voir ici.

Claude et Clovis Prévost interviewés à la Halle St-Pierre par Olga Caldas

 

 Couv. (2) Bâtisseus C&C Prévost 150 .jpg    Outre le fait que les chapitres initiaux paraissent avoir été remodelés dans certains cas (je n'ai pas encore le livre, mais je m'en rends compte en voyant les pages filmées dans l'interview filmé ci-dessus), la réédition de leur ouvrage de 1990 (cette fois aux Editions Klincksieck  Les Belles Lettres) comporte des chapitres supplémentaires par rapport à la première édition. Quatre exactement. Chaque chapitre étant consacré à un seul "bâtisseur" à chaque fois (en l'occurrence dans la première édition: le Facteur Cheval, Chomo, Fernand Chatelain, l'abbé Fouré, Monsieur G. - Gaston Gastineau, de son vrai nom -, Marcel Landreau, Picassiette, Camille Vidal, Irial Vets, et Robert Garcet), les quatre créateurs qui ont été ajoutés dans cette nouvelle mouture sont : Robert Vasseur, Robert Tatin, Roger Rousseau et Guy Brunet. Personnellement, si je ne connais pas "l'œuvre" de Roger Rousseau (qui paraît dépouiller des sols du Lot pour restituer les amas rocheux désormais dénudés qu'ils contiennent, réalisant ainsi volontairement ou involontairement une sorte de "land art" sauvage), et si je ne sais donc pas si l'on a affaire  avec lui plutôt à un artiste qu'à un homme sans qualité particulière, je n'hésite pas à ranger en art singulier (art contemporain de marginaux) Robert Tatin et Chomo, qui, en dépit de leur originalité, restaient très "artistes" (faisant référence à des cultures artistiques modernes diverses). Claude et Clovis Prévost se refusent à faire le distingo entre art brut stricto sensu et artistes marginaux, ce n'est pas leur affaire. Leur message essentiel consiste à attirer notre attention sur le fait que, pour ces créateurs en plein air, l'espace fonctionne comme un discours.

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Gaston Gastineau (appelé "Monsieur G." par les Prévost) devant une de ses fresques qui donnait sur la rue à Nesles-la-Giberde, Seine-et-Marne, photo Clovis Prévost, 1974.

 

     Samedi 3 décembre, samedi prochain donc, à 15h (entrée libre), à l'auditorium de la Halle St-Pierre, Claude et Clovis viendront présenter leur livre et, par la même occasion, projetteront trois de leurs anciens films : Robert Tatin, les signes de l'homme (28min.), Le Facteur Cheval, "Où le songe devient la réalité" (13 ou 26 min. ? Car il existe deux versions), et Chomo, "le fou est au bout de la flèche" (28 min.). C'est un événement à ne pas manquer.

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Mme Isidore, devant la maison qu'avait couverte de mosaïque son mari, Raymond, surnommé Picassiette, ph. Clovis Prévost

     Et citons pour clore cette note ce passage final de la préface de Michel Thévoz (reprise d'un texte de 1978), dont la conclusion vient confirmer le titre que j'avais choisi pour mon propre ouvrage paru en 2011 (Eloge des jardins anarchiques) :

     " (...) les bâtisseurs dont il est question, Camille Vidal, Fernand Chatelain, Irial Vets, Marcel Landreau, Raymond Isidore (dit Picassiette), Monsieur G., le Facteur Cheval, Chomo, Robert Tatin et quelques autres, ont entrepris de transgresser les règlements et usages et d'affronter les ricanements de leur entourage, pour échafauder cette manière de philosophie personnelle et concrète où l'habiter, le sentir, le penser et le vivre trouvent une expression encyclopédique et monumentale. Bien que, en cette période de programmation urbanistique, le terme résonne péjorativement dans la bouche des architectes les plus éclairés — ou qui se croient tels — nous dirons que cette exposition constitue un éloge de l'anarchie architecturale."

Michel Thévoz, à propos de l'exposition "Les Bâtisseurs de l'Imaginaire" de Claude L. et Clovis Prévost, présentée fin 1978 début 1979 à la Collection de l'art brut de Lausanne.

 

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Monsieur Arthur Borgnis cherche de l'aide pour financer son film sur une Histoire de l'Art Brut

     C'est la mode, on adore prendre des termes anglo-saxons pour intituler ses œuvres, la langue française étant désormais perçue par tant de gens – à mon avis de façon désolante –  comme moins sexy...  M. Arthur Borgnis n'y a pas coupé en reprenant une citation (quelque peu sybilline, je dois dire, surtout si on la rapporte au sujet du film) d'une créatrice rangée dans l'art brut, Madge Gill, Eternity has no door of escape (= "On ne peut  pas s'échapper de l'éternité"), pour en faire le titre d'un documentaire qu'il souhaite réaliser et éditer en DVD l'année prochaine (pas de diffusion possible sur les chaînes de télé, que la dictature de l'audimat continue d'écraser), et qu'il rêve de voir comme une "histoire de l'art brut", projet qui n'aurait pas été tenté selon lui (et pourtant, ne pourrait-on pas citer le film de Bruno Decharme, Rouge Ciel, qui a déjà été sur le même "créneau"?).

Trailer du film d'Arthur Borgnis projeté

 

     Ce titre a déjà été utilisé pour l'exposition de la collection Eternod-Mermod il ya quelques années (2001) à Lugano, et je me demande s'il est bien adéquat pour un tel projet (évidemment, surtout auprès d'un public francophone)... On lira cependant attentivement le projet du film avec la demande de collaboration participative (Kiss Kiss Bank Bank...) demandée auprès de tous ceux qui veulent  le soutenir.

    Cependant, personnellement, une phrase dans ce projet, qui évoque "quatre figures emblématiques incontournables" de l'art brut, me chiffonne assez considérablement : "Jean Dubuffet, qui théorisa l’art brut, sera la figure tutélaire du film. Hans Prinzhorn, qui fut le premier à considérer les œuvres d’aliénés comme des œuvres à part entière, puis  Harald Szeemann qui l’introduisit dans l’art contemporain, et Alain Bourbonnais qui l’ouvrit à l’art autodidacte sous différentes formes seront nos guides, nos passeurs." Si je peux m'accorder avec l'auteur du projet avec la première partie de cette déclaration (Dubuffet, Prinzhorn...), la seconde me paraît ultra délicate. Szeemann aurait introduit l'art brut dans l'art contemporain? Si c'est vrai, cela n'a aucun sens et ne peut être réalisé qu'à la faveur d'une entourloupe, d'une manipulation et d'une usurpation du sens des mots "art brut". C'est en effet, cependant, ce qu'essayent de faire aujourd'hui, certains marchands (la galerie Christian Berst par exemple), créer une confusion entre art brut et art contemporain, mais cela n'a pas à être défendu par les vrais amis de l'art brut. Dire ensuite qu'"Alain Bourbonnais" aurait ouvert l'art brut "à l'art autodidacte" est incohérent et confus, puisque l'art brut, par définition, est précisément le fait d'autodidactes. Il semble que le texte veut dire autre chose, si on me permet de l'interpréter en dépit de sa confusion: ne veut-on pas insinuer en effet qu'Alain Bourbonnais aurait "élargi" l'art brut  à l'art des marginaux contemporains en tous genres, classés dans la neuve invention ou dans l'art singulier, ou selon le terme utilisé par Bourbonnais justement, "l'art hors-les-normes"? Qu'il aurait en quelque sorte adhéré par là à l'amalgame très anglo-saxon de l'art "outsider"? Cela serait défendre une contre-vérité là aussi, puisque Bourbonnais a bifurqué au contraire par rapport à l'art brut, en s'intéressant avant tout à des formes de création inclassables, singulières : de l'art contemporain de marginaux, pas assimilables à l'art autarcique propre à l'art brut. Il ouvrait ainsi une voie qui s'est poursuivie avec l'art dit singulier (après 1978) qui reste une catégorie d'art à distinguer de l'art brut. Quelques créateurs de l'art brut se retrouvent certes dans la collection de la Fabuloserie de la famille Bourbonnais (Ratier, Aloïse, Podesta par exemple), mais ils sont minoritaires au sein de la collection, n'étant là que parce qu'Alain et Caroline Bourbonnais étaient avant tout éblouis par leur créativité. Il est aussi à noter que la Fabuloserie recèle peu d'œuvres venues du monde asilaire.

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13/12/2016 | Lien permanent

Benjamin Péret, la riche actualité d'un révolutionnaire surréaliste qui s'intéressait à l'art populaire

Bande-annonce du film de Remy Ricordeau Je ne mange pas de ce pain-là, Benjamin Péret, poète, c'est-à-dire révolutionnaire
 
      Un vent salubre souffle en ce moment du côté de certaines aiguilles qu'il faut ré-aimanter, eu égard à l'actualité encombrée par l'évocation des fanatiques d'obédience musulmane. La figure de Benjamin Péret revient du passé pour nous rappeler aux ordres du merveilleux et de la liberté qui ne souffrent aucun compromis avec les curés et imams de tous ordres. Remy Ricordeau, dont les lecteurs de ce blog ont souvent entendu parler, notamment pour son film Bricoleurs de Paradis, sur des environnements populaires spontanés, que j'avais co-écrit avec lui, a récemment sorti un film documentaire sur Benjamin Péret dans la collection Phares produit par Seven Doc qu'animent Aube Elléouët-Breton et Oona Elléouët.

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Le coffret avec le film de Ricordeau sur Benjamin Péret, coll.Phares, prod. Seven Doc

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Robert Benayoun, inversage sur un portrait de Benjamin Péret, paru dans l'Anthologie du Nonsense du même Benayoun

 
    Il va faire l'objet de plusieurs projections en public, d'abord à Rochefort-en-Terre puis à Nantes:
    Le film sera projeté au Café de la Pente, lieu associatif de Rochefort-en-Terre (dans le Morbihan) le jeudi 28 janvier à 20h, une rencontre avec le réalisateur étant prévue à la suite. 
    On pourra aussi se rendre à Nantes le samedi 30 janvier à 15h, à la Médiathèque Jacques Demy, salle Jules Vallés, où sera présenté le manuscrit des Couilles enragées par Dominique Rabourdin (le livre fait en ce moment l'objet d'une réédition aux éditions Prairialbenjamin péret,seven doc,collection phares,poète révolutionnaire,art populaire et surréalisme,remy ricordeau ; ajoutons au passage que personnellement je regrette l'ancien titre faisant contrepèterie qui avait été choisi paraît-il pour déjouer la vigilance de la censure: les Rouilles Encagées). Cela sera suivi de la présentation des cahiers Benjamin Péret par des membres de l'association des amis de ce dernier. A 21h, ce même jour, au Cinématographe, rue des Carmes, on projettera de nouveau le film de Rémy Ricordeau, Je ne mange pas de  ce pain-là, Benjamin Péret, poète, c'est à dire révolutionnaire. La projection sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur. Avis donc à nos lecteurs nantais.benjamin péret,seven doc,collection phares,poète révolutionnaire,art populaire et surréalisme,remy ricordeau
    
    A Paris,  notez une autre projection qui sera organisée par la librairie Quilombo le mercredi 9 mars à 19h45 au CICP, 21 rue Voltaire 75011 Paris (M° Rue des Boulets): http://www.librairie-quilombo.org/Benjamin-Peret,6317
 
   Pour être encore plus complet signalons que le coffret du film est disponible à Paris entre autres à la librairie Publico, à la librairie Quilombo (ces deux librairies vendant également par correspondance sur leur site internet) ainsi qu'à la librairie du Centre Beaubourg (Georges Pompidou), et à la librairie de la Halle Saint-Pierre (où l'on peut trouver d'autres DVD de la même collection Phares, tous consacrés à des figures du surréalisme, en majorité des plasticiens). A Lyon,  on trouvera le DVD sur Péret à la librairie Descours, qui dans sa partie galerie, on s'en souvient, a récemment organisé une expo intitulée "Surréalistes, certes".
 
 
 
Extrait du film Je ne mange pas de ce pain-là, et diffusé entre autres sur le site Arcane 17 de Fabrice Pascaud ; à regarder et à écouter dedans surtout le fragment d'émission de télévision où Max-Pol Fouchet rend un extraordinaire hommage à Péret
 
       L'édition de livres n'est pas en reste pour Péret. Dominique Rabourdin a récemment réuni aux éditions URDLA la Légende des minutes, une étonnante gerbe d'envois et dédicaces diverses et  variées que Benjamin Péret apposait sur ses livres destinés à plusieurs amis et connaissances. Cela pourrait paraître pour de l'écume mais c'est mal connaître Péret qui dans cet exercice atteint parfois à l'haïku surréaliste. A Kurt Seligmann,/La rivière, dans la brume, jouit/des prochaines collisionsà Toyen/ A quoi bon baisser la tête si le ciel est haut?A André Pieyre de Mandiargues/ la grande statue de sel brillant/ au soleil.

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La Légende des minutes

 

        Deux autres ouvrages sortent également bientôt, une réédition du Déshonneur des poètes – ce brûlot contre les ex-poètes surréalistes, devenus communistes staliniens et épris de nationalisme qu'étaient Aragon et Eluard pendant l'Occupation – accompagné d'une réédition de Les syndicats contre la révolution (écrit avec Grandizo Munis) aux éditions Acratie, et une édition d'un récit de Péret peu connu Dans la zone torride du Brésil, visite aux Indiens, sorte de journal de son voyage en forêt amazonienne en 1955. Là, c'est publié aux éditions du Chemin de Fer.

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       Devrait également sortir sous peu une nouvelle édition de L'art populaire au Brésil, autre étude peu connue, qui sera accompagnée de photos inédites de Benjamin Péret, à qui on ne connaissait pas ce talent.

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Une des photos de Benjamin Péret à paraître aux éditions du Sandre

Ce sera publié par les éditions du Sandre, sur lesquelles je reviendrai bientôt à propos d'autres prochaines parutions nous concernant encore plus directement sur ce blog.

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Benjamin Péret face à Gaston Chaissac en 1959, photo de Gilles Ehrmann ; il l'appela le "dandy rustique", appelation qui plut à Chaissac

    On apprendra ainsi peut-être davantage l'intérêt que portait le poète à différents types d'art populaire, aux contes et légendes d'Amérique du Sud, et peu avant sa mort à Gaston Chaissac. S'il avait vécu plus longtemps (il est mort en 1959), qui sait s'il ne se serait pas tourné davantage vers l'art brut? 
 

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Une des citations qui émaillent Je ne mange pas de ce pain là, Benjamin Péret, poète, c'est à dire révolutionnaire
de Rémy Ricordeau, éditions Sevendoc

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Rue de Seine ou rue Elzévir, à Paris, deux façons de découvrir l'art imaginatif, singulier ou brut

     La rue de Seine, depuis quelque temps, voit régulièrement de l'art brut, ou singulier, voire "outsider" pour parler franglais comme à la galerie Hervé Courtaigne¹, se présenter sur ses cimaises, est-ce le début d'une tache d'huile?

      En face de chez Courtaigne, on peut voir ainsi en permanence des bruts et de l'art populaire de curiosité dans la petite galerie qui fait l'angle avec la rue de l'Echaudé de Laurent de Puybaudet (42 rue de Seine, www.laurentdepuybaudet.com). Plus loin, dans la galerie Les Yeux Fertiles, animée par Jean-Jacques Plaisance et Benoît Morand (27 rue de Seine), on aime aussi de temps à autre glisser un "brut" (Charles Boussion, Thérèse Bonnelabay, Madge Gill ou Gabritschevsky) parmi des surréalistes historiques (Jacques Hérold par exemple), ou quelques visionnaires (Fred Deux), voire quelques grands Singuliers (comme Yolande Fièvre, Ursula, Philippe Dereux... Marilena Pelosi à l'occasion). Dans l'ensemble, ces galeristes restent cependant prudents, préférant miser sur des valeurs déjà consacrées dans le milieu des amateurs d'art d'autodidactes inspirés. C'est le cas avec l'exposition Bruts et Raffinés, apparemment, qui commence bientôt, dans deux jours, le 16 mai et qui s'achèvera le 16 juin à la galerie Hervé Courtaigne.

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      Les artistes ou créateurs présentés sont Anselme Boix-Vives, Jacqueline B. (Jacqueline Barthes), Gaston Chaissac, Ignacio Carles-Tolrà (dont il y a eu récemment une rétrospective au Musée de la Création franche, et dont il y aura une exposition très prochainement, à ce que m'a dit mon petit doigt, à la galerie de la Fabuloserie-Paris, dans la rue Jacob qui est perpendiculaire à la rue de Seine...), Philippe Dereux, Fred Deux, Gaël Dufrêne, François Jauvion, Yolande Fièvre, Antonio Saint-Silvestre, André Robillard (incontournable...), Robert Tatin, Augustin Lesage, Germain Vandersteen, Pépé Vignes, et Scottie Wilson. Cherchez les véritables bruts dans le tas... Et amusez-vous à rendre à César ce qui appartient à César (rien à voir avec le Nouveau Réaliste spécialiste des compressions) sur la mosaïque de l'affiche courtaignesque ci-dessus... A part Dufrêne, récemment mis en avant par la galerie, et peut-être cet Antonio Saint-Silvestre que personnellement je ne connais pas, les autres sont comme on le voit un peu connus déjà...

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Affiche de l'exposition prochaine de l'Escale Nomad rue Elzévir ; oui, je sais, c'est pas très alléchant, mais soyez curieux, ne vous arrêtez pas à ce pauvre habit, et vous ne serez certainement pas déçus...

 

      Sur la rive droite, se tiendra, plus confidentielle, une seconde exposition intitulée assez immodestement, je dois dire – quoique probablement avec humour mégalo...– "Petit tour du monde de l'art brut" par Philippe Saada, dans le cadre de sa galerie ambulante, Escale Nomad. Il loue la galerie Six Elzévir (au 6 de la rue Elzévir comme de juste... L'adresse est dans le nom de la galerie ; on est dans le Marais, 3ͤ arrondissement parisien) du 4 au 9 juin prochains. Cette fois, Philippe Saada est parti un peu plus loin que l'Inde et le Maroc, ses terrains de "chasse" de prédilection (même si le Maroc est encore présent dans cette expo avec Babahoum et deux créateurs apparemment nouveaux pour moi). Il annonce des trouvailles réalisées en Belgique, aux USA et au Japon (il est parti loin, ce coup-ci, Escale Nomad devient globe-searcher d'art brut). Je ne peux pas dire grand-chose des créateurs annoncés à part Babahoum que j'apprécie particulièrement et dont j'ai souvent parlé sur ce blog, voir en suivant ce lien... C'est une galerie et un dénicheur à suivre, prenant des risques avec tous ces noms inconnus (et de plus, les déguisant sous des affiches vraiment trop moches!). Mais suivez mon conseil, allez-y jeter un œil... C'est souvent derrière cette discrétion très particulière que se cache le pot-aux-roses...

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Babahoum, dessin aux crayons et à l'aquarelle (?) sur papier, 26 x 37 cm, vers 2018, ph. et coll. Bruno Montpied.

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¹ Dans le laïus de la galerie Courtaigne, il nous est dit ceci à propos des "outsiders": "Dubuffet a affirmé que les artistes "outsider" (même si le nom n'existait pas à son époque, évidemment), en échappant à la "culture" des mouvements établis, étaient les dépositaires de la véritable innovation qui est l'essence du travail artistique." Rappelons tout de même que le terme d'art outsider a été inventé par l'ancien surréaliste Roger Cardinal en 1972 à l'occasion d'une expo montée en Grande-Bretagne. Il servait à englober à cette époque aussi bien l'art brut que l'art d'artistes contemporains autodidactes et marginaux. Dubuffet était encore vivant à l'époque (il meurt en 1985)... Donc le nom d'outsiders existait bien "à son époque"... Les Singuliers de l'art, titre de l'expo de 1978 au musée d'art moderne de la ville de Paris, au titre trouvé paraît-il par Alain Bourbonnais, au fond, était un terme synonyme des outsiders de Roger Cardinal. Ce dernier terme pourrait se traduire par art alternatif.

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14/05/2019 | Lien permanent

L'ange des inspirés (quelques-uns de ses faits et gestes)

         Mon ange ne se substitue jamais à mon esprit, jamais il ne lui viendrait à l'idée de s'insinuer en moi pour téléguider mon regard (comme me le suggérait récemment un ami dans un échange épistolaire). Tout ceci n'appartient vraiment qu'à moi...

           Non, ce qu'accomplit mon ange, de mon point de vue, c'est du côté de l'organisation, et des agencements de situation, ce qu’il est convenu d’appeler vulgairement le hasard, les coïncidences.

          A Amiens, par exemple, où je m’étais rendu pour sa grande Réderie du printemps 2018, il avait réussi à rendre complets tous les hôtels de la ville, si bien qu'avec le camarade broc avec qui j'étais venu pour chiner, en arrivant en fin de soirée la veille (sans avoir réservé, bien entendu, fidèles à notre goût de l’improvisation), on n'avait trouvé qu'une seule chambre, chère, qui était accessible si on divisait son prix en deux, et donc, nous avait incliné à partager l’unique plumard, ce qui m'avait empêché de bien dormir.

           Le lendemain, de bon matin, devinant que je serais vite épuisé, à force de traîner mes 115 kgs à travers l'immense Réderie, sans avoir bien dormi auparavant, je m’étais décidé à opérer un tri dans ma quête et à ne regarder que les peintures et autres œuvres en deux dimensions, ce qui gagnerait du temps.... Me dépêchant avant que la baisse d’énergie ne me rende la chine insupportable, je me mis à cavaler dans les rues, sans tout détailler, comme font les autres amateurs. Cette stratégie, bien sûr, mon ange l'avait prévue. Et il a le pouvoir d'aimanter mes pas dans certaines directions…

           C’est ainsi que je finis par tomber sur une peinture, étalée parmi d’autres, dont je reconnus immédiatement le style : un Bois-Vives ! Que j’achetai une misère au biffin qui ignorait ce qu’il avait ramassé dans ce qu’il est convenu d’appeler, je crois, une adresse, un débarras de logement à vider. Je rêvais depuis longtemps de pouvoir acquérir une œuvre de ce créateur mi-naïf, mi-brut, et mon ange le savait pertinemment, mais je n’avais jamais les moyens quand se présentait d’aventure une pièce à vendre…

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Anselme Bois-Vives, peinture sans titre, sans date, 49x66 cm (peut-être des loups?), ph. et coll. Bruno Montpied.

 

          Il a encore frappé ces derniers jours. Je reviens de Vendée où j'ai pu visiter, et photographier,  une maison peinte des murs aux plafonds sur deux niveaux par un reclus, que l'on me décrit comme schizophrène (formidable travail d’un créateur improvisé ayant décidé de plonger dans la peinture en transformant sa maison en un aquarium où l’eau serait remplacée par l’image, et le gros poisson, par le peintre). J’étais tombé par hasard, quelques semaines plus tôt (tu parles, l'ange avait bien entendu organisé la conjonction des personnes…), sur un couple de gens, apparentés à ce créateur, qui cherchait à la Halle St-Pierre à intéresser quelqu'un à cette maison. J'étais là, pile au moment où ils sont arrivés, et où ils ont montré des photos des décors sur leur mobile à Pascal Hecker, le libraire de la Halle, qui m’introduisit auprès de ses clients, lui aussi étant conseillé par mon ange bien entendu…

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Eric Le Blanche, un détail de l'intérieur de sa maison quasiment entièrement peinte ; le "Adamo" ici représenté est Adam en fait, Eve (écrit "Eva") étant peinte sur la gauche, dans l'escalier dont on voit le commencement ; © ph. Bruno Montpied, 12 juillet 2018.

 

         Mais, le plus étonnant, c'est que le village vendéen où se trouve la maison photographiée, comme je m’en suis avisé avec surprise il y a deux jours, en y allant enfin, est l'ancien siège du château du seigneur de Lusignan, héros de la légende de Mélusine, la femme-serpent ailée, associée au mythe de la sirène, qui s’enfuit lorsque son mari découvre son secret (elle était femme la plupart du temps et lorsqu’elle prenait son bain redevenait femme-serpent, mais personne, y compris son époux ne devait la voir à ce moment, sous peine de la voir disparaître)...

sirènes,fresque en mosaïques de coquillages,coquillages,mainson brutes peintes en intérieur,art brut,ange des inspirés,anselme bois-vives,réderie d'amiens,chineurs,coïncidences         Une sirène est représentée sur la girouette qui couronne le sommet de la tour Mélusine, seul vestige du château des Lusignan dans ce village. Je la découvris dès que j’arrivai dans le village. Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois sur mon blog, je suis particulièrement fasciné par les sirènes, surtout celles qui se montrent dans leur version aquatique et piscicole, plus nordique. En Méditerranée, elles étaient davantage envisagées sous une apparence ailée,  comme on sait (comme ces sirènes qui tentent de charmer Ulysse, dans l’Odyssée).

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Une sirène peinte par F. Bouron, rue Guynemer, Les Sables d'Olonne, ph. B.M., juillet 2018.

 

       Plus étonnant encore, le matin même, aux Sables d'Olonne, alors que je remontais de mon hôtel situé en bord de mer, en direction du musée de l'Abbaye Ste-Croix où j’avais rendez-vous avec ceux qui m’accompagneraient au village de la maison peinte, j'étais déjà tombé sur une sirène, plus moderne mais charmante (elle portait une robe-fourreau se terminant en queue de poisson), peinte sur la façade d’une petite maison, dans un encadrement en relief figurant un gobelet ou une tasse. Par ailleurs, le musée de l'Abbaye Ste-Croix est connu pour abriter des vestiges des créations d'Hippolyte Massé, l'auteur de la Maison de la Sirène à La Chaume dans les années 1950-60 (voir mon Gazouillis des Eléphants). Et, la veille, j’avais également photographié parmi d’autres fresques en coquillages de Dan Arnaud, dans le quartier sablais de l’Ile Penotte, une autre sirène, écho lointain, à notre époque contemporaine, des décors en coquillages du précurseur Hippolyte Massé.

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La sirène de la maison d'Hippolyte Massé dans le quartier de La Chaume, détail d'une photographie de Gilles Ehrmann (extraite des Inspirés et leurs demeures, de 1962).

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Dan Arnaud, sirène en mosaïque de coquillages, rue d'Assas, quartier de l'Ile Penotte, Les Sables d'Olonne ; on mesure, par comparaison avec la sirène de Massé, ce qui différencie un art véritablement plus brut d'un art, certes maîtrisé, mais plus... esthétique ; ph. B.M., juillet 2018.

 

       Comme on voit, mon ange est fort bien documenté sur mes goûts et il m'aime, et continue de m'aimanter, lâchant même à l’occasion, le long de ma route, une de ses plumes...

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Sur les premiers degrés de la rue du Chevalier de La Barre, Paris, ph. B.M., juillet 2018.

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Les éléphants qui gazouillent, actualités à la Halle St-Pierre et à Nice (Festival du Film d'Art Singulier)

      Cela fait quelque temps que je n'ai pas parlé de ce qui advient autour de mon livre, Le Gazouillis des éléphants, mon inventaire d'environ 300 environnements populaires spontanés français, aux éditions du Sandre. Il est utile peut-être de signaler aux retardataires, qui ne se le seraient pas encore procuré, qu'il est désormais officiellement épuisé, à la fois chez le diffuseur (Harmonia mundi) et chez l'éditeur...

      On peut cependant encore le dénicher chez les quelques libraires qui ont décidé d'en garder des exemplaires en cas de demande de dernière minute. Au premier rang desquels, on peut citer la librairie parisienne de la Halle St-Pierre qui en possède encore une petite vingtaine. Du reste, dans le cadre de la manifestation culturelle "Le Pari des librairies", je serai amené à dédicacer l'ouvrage à la Halle St-Pierre le vendredi 8 juin à 16 heures (ça se passe dans le hall) pour ceux qui voudraient l'acquérir.

      Le livre traîne dans d'autres librairies sans que je sache bien les identifier. On me l'a signalé récemment acheté à Sète, par exemple. J'ai vu un exemplaire qui "résistait" également au bout du rayon "art brut" de la librairie L'Ecume des pages à St-Germain-des-prés. Il est probable que le comptoir de livres de la collection de l'Art Brut à Lausanne en a encore quelques exemplaires...(?) Etc. Si vous en voyez ici ou là, n'hésitez pas à le signaler à mes lecteurs via les commentaires suivant cette note. Cela peut être un agréable jeu de pistes.

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     Une autre occasion se présentera plus tôt, dans une semaine exactement, le 1er juin prochain, à Nice, à la librairie Masséna (55 rue Gioffredo), de 19h à 20h30, pour parler de mon livre et pour le dédicacer également auprès des amateurs. La librairie aura une dizaine d'exemplaires à vendre. Je causerai du livre avec le libraire et l'animateur du festival de cinéma autour des arts singuliers, Pierre-Jean Wurst, qui m'invite à la fois pour cette soirée du 1er, et le lendemain matin aussi, le samedi 2 juin donc, dans l'auditorium du musée d'art moderne et d'art contemporain (MAMAC) de Nice, dans le cadre de l'association Hors-Champ. Entre 10h30 et 12h, je présenterai succinctement en effet quelques films sur des créateurs d'environnements que l'on peut retrouver dans mon Gazouillis, comme François Michaud, Jean-Marie Massou (rencontre de 1987), Raymond Guitet, Marcel Landreau, et Roméo Gérolami. Jugez plutôt du programme de ces festivités (je vous le mets aussi en lien vers un fichier pdf plus lisible):

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Programme du 21e Festival du Film d'Art singulier, juin 2018.

 

     Les trois créateurs, Massou, Guitet et Landreau, figurant à cette projection, furent filmés par moi en format Super 8 (du cinéma amateur, donc – ce qui suffit à me faire qualifier parfois du titre ronflant de "cinéaste", surtout après avoir lu la fiche qui a été consacrée au groupe, plus informel et éphémère qu'autre chose, Zoom back Caméra!, sur Wikipédia, auquel son auteur me fait appartenir d'une manière un peu "romancée"¹ ; voir aussi la fiche qui m'a été plus spécifiquement consacrée). Les deux films sur les deux derniers sont trouvables en DVD dans les bonus du film Bricoleurs de paradis qui fut joint à mon livre Eloge des jardins anarchiques, paru aux éditions L'Insomniaque en 2011. Le petit film sur Massou est désormais une rareté. Il fut tourné en effet en 1987, bien longtemps avant le film d'Antoine Boutet (certes infiniment plus professionnel...), à une époque où Massou, encore vigoureux, grimpait à mains nues aux arbres, ou descendait pareillement dans les excavations qu'il creusait comme une taupe humaine un peu partout sur son terrain lotois. Je l'ai assez peu projeté en public. Les dernières fois, ce fut sans doute d'ailleurs déjà dans ce même festival à Nice (voir le petit dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma aux éditions de l'Antre, livre disponible à l'occasion du festival).

      Sinon, autre petite nouvelle concernant le Gazouillis, le livre a été offert par un de mes lecteurs, Laurent Jacquy (voir le blog Les Beaux dimanches), à un créateur présent dedans, José Leitao (voir sa notice du Gazouillis, trouvable à la région Picardie, département de la Somme). Ce dernier, qui s'était un peu arrêté de sculpter est, paraît-il, reparti de plus belle, encouragé, paraît-il par sa présence dans le livre. En tout cas, j'aime à le croire...

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José Leitao avec le Gazouillis des éléphants, mai 2018, ph. Laurent Jacquy.

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José Leitao, ph. Laurent Jacquy, mai 2018.

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¹ Le groupe "Zoom back, caméra!", que l'auteur de la fiche Wikipédia présente comme ayant eu des activités "entre 1974 et 1984", n'a pas réellement existé, en toute rigueur historique. Nous étions trois amis, qui faisions effectivement diverses expérimentations à cette époque, telles que décrites avec justesse dans la notice, mais sans s'être organisés réellement, formellement, en groupe avec un nom. Le nom de "Zoom back, caméra!" (emprunté je crois à une réplique du film de Jodorowsky, La montagne sacrée, qui nous faisait beaucoup rire, Jacques Burtin et moi)  ne fut proposé, en manière de plaisanterie surtout, comme si nous étions vraiment un groupe, qu'à l'occasion de la projection dans le cadre du salon lettriste Ecritures en 1977 au musée du Luxembourg.le gazouillis des éléphants,environnements populaires spontanés,éditions du sandre,halle saint-pierre,habitants-paysagistes naïfs,art immédiat Et jamais à une autre occasion! Nos expérimentations se passaient le plus souvent à deux, tantôt Jacques Burtin et moi, tantôt Jacques avec Vincent Gille. Les expérimentations à trois (une conversation automatique qui échoua lamentablement, des photographies de situations créées, une peinture collective de tableau, le Triangle) furent rares.

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Au banquet du bel art naïf, Alphonse Benquet

   On s'impatiente du côté d'une des deux branches de la famille Rassat (les descendants d'Alphonse Benquet), j'ai l'impression. On s'étonne qu'on n'ait pas entendu parler d'André Breton dans la famille. Il y a  des raisons à cela.

    Et pourtant... Il y eut un lien, par delà la mort de Benquet, un lien si fort que c'est un peu grâce à lui qu'on a envie aujourd'hui d'en apprendre davantage sur Alphonse, le "peintre-sculpteur" comme il aimait signer ses peintures (et ce d'autant que ces peintures sont fort attachantes). Un lien comme il en existe entre collectionneurs et artistes qui ne se connaissent pas mais se tendent cependant la main par-dessus l'espace et le temps.

   En effet, la vente de l'Atelier André Breton en 2005 à Drouot a fait resurgir trois peintures de notre homme, intitulées respectivement "Groupe d'enfants, place Gambetta à Tartas (Landes)", "Dans les Landes, concert dans la forêt" et "Facteur dans la grande lande". Tartas, c'est le bourg où vivait Alphonse Benquet.

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P.45 du catalogue de la vente chez Calmels-Cohen de la collection d'André Breton (2005), les trois tableaux de Benquet en vente

   J'avais déjà été intrigué dans le passé par ces peintures, mais où?... Et j'ai retrouvé des notes que j'avais prises, histoire de me souvenir, car le catalogue n'avait pas daigné nous en apprendre davantage sur lui, lors d'une exposition sur l'art naïf à la Halle Saint-Pierre, où étaient montrés des Benquet (deux peintures: une sans titre, ayant un rapport avec le thème de l'Angélus de Millet, tandis que l'autre était "Dans les Landes, concert dans la forêt", même titre que le tableau provenant de la collection Breton). L'exposition s'appelait "Peintres naïfs français, 1886-1960, de Rousseau à Demonchy" et était organisée à la Halle en 1994-1995 dans le cadre du musée Max Fourny qui, pour une fois, avait décidé de montrer de l'art naïf de qualité... Ces deux oeuvres, comme on peut l'apprendre en farfouillant sur internet sur la base Joconde ou à l'agence photo de la réunion des Musées Nationaux (voir tout en bas de cette note), sont conservées au musée de Grenoble (apparemment en plus d'une troisième intitulée "Naufrage"; cependant la notice de la base Joconde indique que "Dans les Landes, concert dans la forêt" aurait été acquise en 1981... Ce qui précise que cela ne peut pas être le même tableau que celui de la collection Breton vendu à Drouot en 2005, mais probablement une version alternative sur un même thème...).

   L'expo de la Halle Saint-Pierre indiquait comme date de naissance pour Alphonse Benquet 1857 et comme date de décés 1933, info puisée dans les bases de documentation du ministère de la culture (on la retrouve dans la base Joconde).

   1933... Une date fatidique.b126f25c5c4ebc9460b7dadbdc7590f3.jpg Breton descend chez  l'écrivain Lise Deharme (dont Breton était amoureux sans être payé de retour), à Montfort-en-Chalosse, dans les Landes, en même temps que Paul  et Nusch Eluard, Man Ray, en août 1935... Donc, Benquet est déjà mort, à 75 ans. Comment sais-je si c'est durant ce séjour que Breton acquit des peintures de Benquet -de même qu'Eluard, qui apparemment comme Breton s'en procura trois, mais les revendit dès 1938...- ? On ne le sait pas avec certitude. Mais on le devine (JE le devine...): en faisant un saut dans le temps, dans les années qui suivent la deuxième guerre mondiale (fruit de cette fatidique année 1933), au moment des débuts de l'Art Brut qu'invente alors Dubuffet, sans l'avoir encore trop cerné (période de l'Art Brut peut-être la plus riche et la plus libre), vers 1948... Dubuffet demande à Breton de l'aide, des relations, des créateurs qu'il pourrait intégrer à la collection qui commence à naître. Il a le projet avec Breton d'un Almanach de l'art brut, il bâtit un sommaire, des collaborations diverses et prestigieuses (Paulhan... Benjamin Péret sur Robert Tatin déjà...) paraissent acquises, Breton a promis des textes. Dubuffet lui demande au détour d'une lettre (consultable sur le site internet passionnant de l'Atelier André Breton), comme subrepticement: "Voyez-vous quelqu'un qui pourrait faire un article sur Benquet?"... Qui lui a parlé de ce dernier, si ce n'est Breton lui-même, se dit-on, comme il le fit avec Maisonneuve ou Scottie Wilson, Baya ou Hector Hippolyte? Breton propose probablement en réponse à la lettre de Dubuffet Lise Deharme qui se fend effectivement d'un texte. Malheureusement, le projet d'Almanach capote, en dépit du fait que le manuscrit était bouclé (pour des "raisons financières", selon Lucienne Peiry dans son livre sur L'Art Brut). Il dort aujourd'hui dans les archives de la collection de l'Art Brut à Lausanne. Une oeuvre de Benquet, appartenant à Breton, (Groupe d'enfants, place Gambetta à Tartas), est cependant exposée en 1949 à la Galerie René Drouin dans l'expo légendaire L'art brut préféré aux arts culturels (expo citée dans le catalogue de la vente de l'atelier d'André Breton chez Calmels-Cohen).

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Tartas est à l'ouest de Mont-de-Marsan, Montfort-en-Chalosse est juste en dessous...

    Voyant le nom de Lise Deharme au sommaire (publié ici et là) de cet Almanach, avec le nom du créateur sur qui elle écrivait, le fameux Benquet, mon sang ne fit qu'un tour, je comprenais à présent où et quand Breton, et Eluard, étaient sans doute tombés sur Benquet. J'écrivis à Lucienne Peiry pour demander la communication du texte (en 2003). Ce qu'elle accepta avec la meilleure des grâces (je la remercie ici une fois de plus). A la lecture de ce texte, consacré bizarrement à "J.D." Benquet (sans doute une erreur de mémoire), on se rapproche sans conteste au plus près du Benquet vivant... Voici le texte de Lise Deharme (que je suis autorisé à publier dans son intégralité par Lucienne Peiry) :

"  J.-D. BENQUET

   Il me souvient d'être entrée un jour, il y a de cela très longtemps, chez Séraphine Louis, à Senlis, sur l'appel d'un écriteau qui vous interdisait l'accès de sa demeure. Une veilleuse brûlait devant la photographie-icône de sa maîtresse défunte -car elle avait été servante.

   Rien de tel chez Benquet.

   C'était un orgueilleux petit septuagénaire à barbiche blanche, propriétaire d'une grande quincaillerie dans un village des Landes -exactement à Tartas.

   Absolument incompris à l'époque où nous nous rendîmes chez lui pour la première fois, il nous vendit avec tristesse un pot à lait. Comme nous l'interrogions, Paul DEHARME et moi, sur l'adresse d'un peintre présumé innocent et qui, en fait, s'était rendu coupable d'affreuses toiles, sa barbiche blanche se dressa de colère et il nous dit:

-Moi, je suis un peintre; comme Rembrandt.

   Il nous mena dans un immense grenier où il avait coutume de travailler. Il y avait là de belles armoires de chêne qu'il sculptait au couteau et d'où l'on voyait sortir en relief les têtes de ses parents -j'en possède une. Il y avait des toiles, pour la plupart inspirées de cartes postales, qui allaient de l'"Angélus" de Millet à un Panamorama [sic] de l'Exposition Universelle de 1900, en passant par des scènes régionales landaises: échassiers, boeufs à l'étable, la maison de St Vincent de Paul. Il y avait aussi des panneaux de bois sculptés, fort beaux, représentant, l'un Victor Hugo, l'autre un empereur romain, ou son grand-père, dont la longue barbe était traitée d'une manière extraordinaire. Dans l'ensemble, une quantité de toiles, presque toutes dans des cadres sculptés par lui. Nous remarquâmes également une certaine roue ovale, chef d'oeuvre de compagnon, qui fut achetée un peu plus tard par André BRETON.

   J.-D.BENQUET, né à Tartas le 23 septembre 1857, mort dans cette même ville en 1933, se mit à peindre vers l'âge de soixante ans. Charron de son métier, il avait quitté le pays natal à seize ans pour faire son Tour de France, en portant sur son dos ses outils dans un sac, ne mangeant pas tous les jours à sa faim. Puis, un an de service militaire à Bordeaux, et quatre ans d'Afrique. C'est là qu'il sculpta une grosse canne, que nous avons vue encore récemment, ornée d'une fort belle main aux doigts repliés, et de signes mystérieux probablement inspirés des Arabes.

   Revenu à Tartas, il achète une mule et s'en va de marché en marché, vendant des produits de toutes sortes. A force de travail il put enfin acheter sa quincaillerie.

   Il vécut là des années, pêchant, chassant, guettant l'arrivée des palombes dans de petites huttes construites près de la cime des arbres, tout en jouant de la guitare.

   En 1928-1929, quelques touristes anglais s'étant intéressés à sa peinture, il reprit la grande route, avec une poussette sur laquelle ses toiles étaient accrochées ; il se rendit ainsi à HOSSEGOR, s'installa sur la place, et réussit à vendre quelques tableaux. Puis il partit pour Paris, plaça son éventaire sur le pont de l'Alma, et ne vendit rien.

   Ainsi vécut BENQUET, vieil homme en béret basque et veston de satinette noire, qui croyait à son étoile et eût été heureux, mais certes pas surpris de se voir aujourd'hui à l'honneur.

    Lise DEHARME "

("J.-D.Benquet", par Lise Deharme, texte inédit prévu pour le numéro de juin 1948 de l'"Almanach de l'Art Brut", archives de la Collection de l'Art Brut de Lausanne).

    Donc, on comprend à présent qui "découvrit" véritablement en premier Alphonse Benquet. André Breton a dû trouver logique d'adresser Dubuffet à la personne qui avait le plus approché Benquet de son vivant, Lise Deharme. Bien sûr, il faudrait chercher des nouvelles des descendants de cette dernière, ce qui s'annonce plus difficile d'après mes premiers sondages. Mais peut-être vont-ils aussi sur internet comme Mme Jocelyne Rassat et M.Dominique Rassat qui sont entrés en contact avec moi suite à ma note sur la roue ovale dans "Un doux penchant"... Et qui sont distincts de l'autre monsieur Rassat (Jacques) qui a laissé un commentaire récent sur ce blog (ça fait donc deux arrière-petits-fils si je compte bien)...

     La roue ovale -et c'est une preuve de plus- Lise Deharme, comme Jacques Brunius dans son film Violons d'Ingres (1939 ; dans ce film précieux à plus d'un titre figurent aussi des images de peintures de Benquet, ainsi qu'un portrait photographique de Benquet coiffé d'un bérèt basque), Lise Deharme donc signale elle aussi qu'elle fut achetée par Breton et qu'elle est bien d'Alphonse Benquet (j'ai récemment écrit à L'Atelier d'André Breton, le site, pour leur demander de modifier en plus précis la légende apposée sur l'image du Mur de l'atelier Breton du Musée National d'Art Moderne à Beaubourg). Cette petite roue est  un chef d'oeuvre -cocasse!- de compagnon, là-dessus Gilles Ehrmann ne s'était pas trompé.

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Légende parue dans le livre de photographies faites vers 1966 par Gilles Ehrmann dans l'atelier d'André Breton, extraite (et agrandie) du livre 42, rue Fontaine, Adam Biro éditeur

    Peut-être fut-elle créée durant la jeunesse de son auteur, à la suite de son Tour de France. La date de 1878 donnée par Ehrmann est basée sur la date qui était inscrite sur la roue elle-même (on la voit dans le film lorsqu'elle tourne, projetée dans un champ). Benquet était donc un ancien charron, devenu ensuite quincailler (Brunius dans son film le signale quincailler dès "1875"). Il s'était peut-être mis à peindre et à sculpter à l'âge de la retraite (comme tant d'autres du continent des bruts et des populaires), si l'on suit l'âge de soixante ans fourni par Lise Deharme. On peut déduire que c'est plutôt vers  les années 1910 qu'il a dû commencer à créer des oeuvres d'art (et non pas vers 1875 comme c'est signalé dans certaines notices) et ce durant une quinzaine d'années jusqu'en 1933. Cela est confirmé par la date apposée sous un buste sculpté par lui, autoportrait qui est toujours conservé dans sa famille: 1919 (voir ci-dessous). Lise Deharme signale aussi qu'à la fin des années 20, il chercha à vendre ses peintures sur les marchés.

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Cet autoportrait d'Alphonse Benquet est inédit. Il appartient à la collection de Mme et M.Rassat
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"A.Benquet. Né en 1857. Sculpté par lui-même en 1919" (inscription sur le socle de l'autoportrait)

     Mme et M.Rassat m'ont appris qu'avait été montée une exposition Benquet à la Galerie Jeanne Bucher en  juin 1937. Animula Vagula a eu l'extrême amabilité de nous envoyer le fac-simile virtuel du carton d'invitation de l'exposition, imprimé en caractères manuscrits, document fort rare dont nous la remercions bien évidemment. Cependant, sur le site de la célèbre galerie, toujours en activité comme on sait, pouvait déjà se lire le texte de ce carton, mis en ligne depuis je ne sais quand...

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Carton d'invitation à l'exposition Benquet à la Galerie Jeanne Bucher, 1937 (j'ajouterai pour me moquer quelque peu de l'auteur ancien de ces lignes: Benquet se crut un grand peintre... et, "quelque part", il avait raison!)

    J'avais retrouvé de mon côté des traces de la préparation de cette exposition dans la correspondance qu'échangea Paul Eluard avec Gala Eluard (Paul Eluard, Lettres à Gala, 1924-1948, édition établie par Pierre Dreyfus, éd.Gallimard, 1984). Le poète écrit à son ex-dulcinée (elle est alors avec Dali) en avril 1937: "J'attends Mme Bucher qui veut me voir pour exposer Benquet. Peut-être pourrais-je en vendre, ce qui serait excellent" (p.277). Cette lettre avait été précédée d'une autre, écrite dans les premiers jours de septembre 1935 de retour de chez Lise Deharme à Montfort-en-Chalosse, après le séjour commun avec Breton et Man Ray, lettre où Eluard annonçait: "Dans le Midi, j'ai acheté des tableaux d'un peintre naïf de grande valeur, mort. Je vous ferai cadeau de l'un d'eux: L'angelus de Millet" (p.258). Comme dit Pierre Dreyfus qui a établi l'édition de

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L'indiscipline n'a-t-elle laissé que des vestiges?

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    "Vestiges de l'indiscipline", tel est le titre d'un bel ouvrage qui va bientôt être disponible au Canada (lancement prévu pour le 21 septembre à la Cinémathèque québécoise), et ailleurs pourvu qu'on songe à le commander (voir renseignements au bas de cette note). L'indiscipline, me suis-je dit au vu du titre, n'aurait-elle donc laissé aujourd'hui que des vestiges? Le titre est musicalement beau, mais il peut aussi vouloir dire cela. Cependant, le sens est ailleurs. La photo de couverture le proclame sans ambages, ainsi que le sous-titre. On veut nous parler des environnements de "patenteux" québécois, d'"anarchitectures" parmi les plus singulières qui soient apparues ces dernières décennies au Canada. L'"indiscipline" dont il est question est celle de l'"art indiscipliné" défendu par la Société du même nom. L'auteur du livre est comme de juste Valérie Rousseau, directrice de cette même Société, "doctorante en histoire de l'art et chercheuse associée au Laboratoire d'anthropologie et d'histoire sur l'institution de la culture et du Musée canadien des civilisations"... (ça en jette, n'est-il pas?).

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Extrait du dépliant annonçant le lancement du livre

     Les patenteux, au Québec, depuis le livre et la recherche formidables des trois jeunes femmes Louise de Grosbois, Raymonde Lamothe et Lise Nantel ("Nous avons pris position pour une classe sociale dont les manifestations culturelles sont ignorées ou méprisées", écrivaient-elles) en 1972-1974, ce sont les bricoleurs-inventeurs naïfs ou populaires des bords de route (une patenteuse (mais tentante?), répondant au doux nom de Mathilde Laliberté définissait ainsi le mot: "Un patenteux, c'est quelqu'un qui fait des affaires que d'autres ont pas faites jamais et puis qui a de l'imagination dedans").

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4ème de couverture des Patenteux du Québec (1978)

    Valérie Rousseau a voulu restreindre son étude, divisée en trois parties, à un petit groupe de créateurs, choisis sans doute pour leur grande inventivité, proche de celle de l'art brut, et situables à la croisée des chemins et pour l'un d'entre eux, de l'art moderne: Léonce Durette, Richard Greaves, Roger Ouelette, Charles Lacombe, Emilie Samson et Adrienne Samson-Fortier (ces deux dernières étaient déjà recensées, ainsi que Roger Ouellette dans "Les Patenteux du Québec"), Palmerino Sorgente et l'autodidacte naïf/brut plus connu Arthur Villeneuve, sur lequel en France nous ne disposons d'aucune documentation (malgré une exposition montée il y a déjà longtemps à la Halle Saint-Pierre).

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Un détail de la maison décorée par Arthur Villeneuve, et actuellement conservée dans la Pulperie de Chicoutimi (Photo copyright Pulperie de Chicoutimi)

    Ces trois parties sont rédigées dans un style limpide et vivant, la première d'entre elles se chargeant d'évoquer les créateurs (tous bien choisis du point de vue de l'originalité de leurs oeuvres et sans doute aussi pour les parallèles que peut tracer Valérie Rousseau entre eux). Ces évocations  s'appuient sur des descriptions et des entretiens avec les auteurs, des extraits de leurs écrits (car c'est une des caractéristiques de ces patenteux étudiés par Mlle Rousseau d'être aussi des écrivains spontanés, leur philosophie les poussant d'ailleurs vers une sorte d'art total -bien différent de celui que prônait Richard Wagner...).

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Léonce Durette dans l'arrière-cour de son environnement, ph Richard-Max Tremblay

     La deuxième partie, la plus épaisse quantitativement (80 pages) dans un ouvrage qui en contient 193, est un dossier photographique (le photographe étant pour la majorité des clichés, datés de 2001, Richard-Max Tremblay ), la troisième partie (Espaces mitoyens et analogies) étant réservée à une approche plus analytique de l'ensemble du phénomène des environnements indisciplinés (synonyme: anticonformistes ? Voir cependant le chapitre "Indiscipline et tradition", p.149, où l'auteur précise la définition). L'auteur met à cette occasion en relief un certain nombre de caractéristiques communes repérées par elle chez les créateurs, la tendance au repli autarcique sur soi (le rapport des créateurs d'environnements avec les mollusques secrétant leur coquille a déjà été remarqué, dès André Breton notamment, voir son texte de préface aux Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann que Roger Cardinal -voir p.163 des "Vestiges..."- connaît très bien, Mlle Rousseau...), ou un désir d'échapper aux contingences temporelles par exemple (voir la phrase de Charles Lacombe ci-dessous...),6773bfd51cb181d1312553b526191697.jpg désir en même temps contradictoire avec l'aspect éphémère des installations érigées (exemple de Charles Lacombe qui sème des dessins dehors à la merci des intempéries, ou les constructions défiant l'équilibre de Richard Greaves (à l'esprit proche de celui du dadaïste Kurt Schwitters comme le remarque ave justesse Valérie Rousseau), édifiant entre autres une Maison des 3 Petits Cochons en bois, ce qui correspond à la deuxième maison dans la chronologie du conte célèbre, située à équidistance de la plus éphémère, la première, celle en paille et de la troisième, la plus durable, celle en brique).

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Détail de l'environnement de Charles Lacombe, ph Richard-Max Tremblay

    La place nous manque évidemment pour en parler plus en détail. Renvoyons le lecteur avec confiance à l'acquisition de l'ouvrage fort enrichissant.

    Et signalons pour finir une erreur un peu ennuyeuse, pas spécialement imputable à Valérie Rousseau (note 98, p.182) mais plutôt à Jean-Yves Jouannais (si la référence à ce dernier est exacte) dont l'auteur cite un des ouvrages, Artistes sans oeuvre, I would prefer not to (1997). Ce dernier impute, selon Mlle Rousseau donc, la phrase suivante: "J'aimerais assez que ceux d'entre nous dont le nom commence à marquer un peu l'effacent" à Jean Dubuffet. Je ne sais si ce dernier a recopié lui-même cette phrase dans un de ses écrits (ce dont je doute), ce que je sais en revanche c'est qu'elle figure mot pour mot dans le second Manifeste du surréalisme (1930) sous la plume d'André Breton qui cite ainsi son camarade surréaliste belge Paul Nougé. Il se sert de cette phrase pour introduire sa demande d'"occultation profonde, véritable du surréalisme" afin que le public moutonnier des gogos ne puisse plus imposer de confusion au message réel du surréalisme. Déshabiller André pour habiller Jean est symptomatique de l'attitude récupératrice de certains historiens ou critiques d'art qui pratiquent ainsi une étrange manière d'"occulter" le surréalisme, nettement plus répressive, au bénéfice de l'anti-culture dubuffétienne...

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Une oeuvre de Roger Ouelette, ph Richard-Max Tremblay 

Vestiges de l'Indiscipline, Environnements d'art et anarchitectures, (208 pages, 106 photos couleur), 34,95$, édité par la Société du Musée Canadien des Civilisations. Diffusion Prologue Inc., 1650,bvd Lionel-Bertrand, Boisbriand, (Québec), J7E 4H4. Service de commandes postales: Musée canadien des civilisations, 100, rue Laurier, C.P. 3100, succursale B, Gatineau (Québec) J8X 4H2. Site web: cyberboutique.civilsation.ca

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16/09/2007 | Lien permanent

L'inspiration au fond de la terre

   Décidément, la mine il n'y a rien de mieux pour susciter des vocations de peintre... On connaissait les peintres plus ou moins spirites comme Augustin Lesage, Joseph Crépin ou Victor Simon dans la région du Nord de la France (zone de Burbure, Arras, Béthune), dont certains comme Lesage travaillèrent dans les mines de charbon. L'exposition montée il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre (en 2002-2003), par la surréaliste tchèque Alena Nadvornikova, sur l'art brut tel qu'on pouvait en découvrir des exemples en Bohème, en Moravie ou en Slovaquie avait révélé les peintres et dessinateurs médiumniques originaires de Silésie et du nord de la Moravie, contrées connues pour leur industrie lourde ou minière. Leurs oeuvres riches et délicatement tracées n'avaient rien à envier aux dessins médiumniques conservés à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, où par la suite du reste elles furent exposées.

Erwin Sowka sur le site muzeum miejskie zabrze.jpg
Erwin Sowka, tableau reproduit sur le site Muzeum Miejskie Zabrze  

    Cela a donné visiblement des idées aux Polonais qui ont aussi une région de Silésie sur leur territoire de l'autre côté de la frontière avec la République Tchèque. Pourquoi ne pas baptiser du terme "art brut" les peintres mineurs de la région de Katowice?Erwin Sowka, Sainte-Barbara,extrait du site muzeum miejskie zabrze.jpg C'est ce qui se passe avec l'exposition "Des profondeurs à la lumière, art brut de Silésie" ouverte  depuis le 10 septembre et prévue pour durer jusqu'au 10 novembre 2008) au Musée de l'Hospice Comtesse à Lille (qui s'est déjà fait remarquer en montant naguère l'exposition "L’Homme-Paysage" en 2006-2007). Comme me l'a indiqué Gilles Manéro, à qui je dois l'information de cette exposition, malgré son sous-titre, on reste assez loin de l'art brut dans ce cas, et plus près de l'art naïf en réalité. Il s'agit pour les organisateurs d'un tour de passe-passe, les naïfs polonais de la région de Katowice, encouragés à l'époque du régime communiste, sont aujourd'hui quelque peu "plombés" par ce parrainage désormais honni dans des pays ralliés aux valeurs de l'ouest, où l'art brut est bien davantage à la mode.  L'art naïf, d'origine populaire, a représenté en effet à une époque, pour son malheur, un corpus d'oeuvres aisément embrigadables sous la bannière du réalisme socialiste. Comment laver cette tache "déshonorante"? Eh bien, par un coup de baguette magique, on maquille la plaque minéralogique, et ni vu ni connu, ce qui était hier art naïf devient art brut aujourd'hui!

     On me dira peut-être, mais vous l'avez vu cette expo au fait? Non, je ne l'ai pas vue (pas encore), mais je me suis un peu renseigné. La liste des artistes, tous travailleurs à la mine et appartenant à des groupes d'artistes mineurs (au sens d'ouvriers, et non pas d'artistes secondaires...), impressionnante (je cite en désordre Stefan Brom, Emil Brzezina, Ewald Gawlik, Ludwik Holesz -celui-ci pas loin de l'"art brut"-Ludwik Holesz extrait du site spscholka republika.jpg Jan Janiga, Marian Jedrzejewski, Teofil Ociepka -peintre très connu lui en Pologne et dans l'art naïf international- Léopold Wrobel -qui a sculpté le charbon, paraît-il - Pawel Wrobel, le cousin du précédent, assez connu lui aussi en Pologne, Marcin Pogrzzeba, Jozef Torka, Krzysztof Webs, etc.), cette liste laisse reconnaître certains créateurs comme Ociepka ou Wrobel, légèrement connus par ici, et classés depuis longtemps dans  l'art naïf. Jakovsky, dans son Dictionnaire des peintres naïfs du monde entier paru en 1976 chez Basilius-Presse à Bâle, a été d'ailleurs excessivement sévère avec Ociepka (1892-1978): "Ses sujets de prédilection sont la préhistoire et la science-fiction. Il se complaît à peindre des animaux disparus, ainsi que ceux qui n'ont jamais existé. C'est un aimable cauchemar, peint avec des couleurs d'un goût parfois douteux". Pour ce jugement sur les couleurs, selon un de nos amis peintres, lui-même proche de l'art naïf et par ailleurs connaisseur de l'art naïf polonais, Jean-Louis Cerisier, il y aurait beaucoup à redire. Si on doit se contenter d'en juger par les reproductions d'une qualité elle-même douteuse de certains ouvrages (j'emprunte les reproductions que je mets en ligne ici à un ouvrage polonais sur Ociepka d'Andrzej Banach, spécialiste de l'art populaire, édité par Wydawnictwo Arcady en 1988), les qualificatifs assassins de Jakosky paraissent fondés... Mais il paraît qu'il ne faut bien entendu pas se contenter de cela. Il faut nous montrer les tableaux d'Ociepka en France. Ses sources d'inspiration, la cryptozoologie et la science-fiction, me le rendent particulièrement sympathique personnellement. Le fait qu'il soit exposé à Lille est donc une excellente chose et une occasion d'en découvrir davantage sur lui au moins.

Ociepka, Gra morskich fal, 1951, extrait d'un livre d'Andrzej Banach de 1988.jpg
Teofil Ociepka, Gra morskich fal [un traducteur est demandé...], 70x100 cm, 1951 (intéressante, non, cette mer qui a des angles droits...?) ; extrait d'un livre sur Ociepka d'Andrzej Banach, 1988

      J'aime l'art naïf de qualité personnellement, et je ne pense pas être le seul. Je ne l'associe pas nécessairement à la propagande communiste, pas davantage que je n'associe l'art populaire aux tentatives de récupération nationaliste qui ont pu exister à différents moments de l'histoire (sous le régime de Vichy par exemple). On peut transmettre cet avis aux organisateurs de l'expo de l'Hospice Comtesse et à tous ceux qui se font des idées fausses sur l'art naïf. D'accord, il y a, il y a eu du mauvais art naïf, de l'art naïf "cucul", comme l'appelle justement le collectionneur d'art naïf Yankel (qui a fait une donation importante au musée de Noyers-sur-Serein dans l'Yonne comme on sait). Mais il y a aussi un art naïf de qualité, effectivement aux limites parfois de l'art brut. L'exposition qui va s'ouvrir au Musée Maillol sur Séraphine de Senlis (Séraphine Louis), pour accompagner la sortie du film "Séraphine" est là pour nous convaincre de ce fait, même si certains, comme Michel Thévoz, sont tentés d'annexer à l'art brut les bons créateurs de l'art naïf, histoire de vider cette catégorie de ses meilleurs éléments, et histoire de n'y laisser que les mièvres et les cuculs, pour confirmer les oukases de Dubuffet à l'égard des Naïfs.

affiche du film sur Seraphine Louis 2007.jpg

      Ce que j'aime dans l'art naïf, c'est quelque chose qui me paraît aujourd'hui très moderne, la capacité à mettre sur un même plan des objets venus de l'imaginaire et des objets venus du monde perçu. Comme un terrain où réel rétinien et réel intérieur se rencontreraient. Cela explique en particulier que le surréalisme ait accordé beaucoup d'importance aussi bien à l'art naïf qu'à l'art brut.  

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Un petit tour du côté du MASC aux Sables d'Olonne

     De passage aux Sables d'Olonne, passage fugace, durant lequel j'ai été quelque peu effrayé de voir que l'on y construisait décidément trop (dans l'espoir probable d'exploiter au maximum les flux de touristes amateurs de grillade au soleil, et dans le choix de tourner la page sur l'ancienne activité portuaire, autrement plus authentique et poétique pourtant), je suis retourné voir le charmant musée de l'Abbaye Sainte-Croix, connu pour sa collection et sa documentation remarquables sur Gaston Chaissac et autres Brauner et traditions populaires. Tous les Chaissac du musée avaient été prêtés en Allemagne (au musée Richard-Haizmann à Niebüll)  qui elle, de son côté, avait prêté une centaine d'"images non peintes" d'Emil Nolde, le grand peintre expressionniste dont nous aurons bientôt à Paris cet automne une rétrospective au Grand Palais (à partir du 23 septembre ; l'expo Nolde aux Sables, c'est jusqu'au 7 septembre). Pour consoler les chaissaquiens en villégiature cet été aux Sables, on avait rameuté tout de même de l'ami Gaston quelques dessins sur kraft et autres supports, quelques peintures, tous venus de collections privées, oeuvres apparemment inédites, et de très belle qualité.

Emil Nolde, aquarelle (N° inv.Ung.1205) de la fondation Nolde à Seebüll, expo MASC des Sables d'Olonne, été 2008 .jpg
Emil Nolde, Paysage de promenade sous un ciel du soir, aquarelle, env. 17x23 cm, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC aux Sables d'Olonne, été 2008

      Les "images non peintes" de Nolde, ce sont des petites aquarelles qu'il a confectionnées au secret de son atelier durant la Seconde Guerre, après que les Nazis lui eurent intimé l'ordre de cesser de peindre, et lui eurent détruit ou vendu à l'étranger un millier d'oeuvres conservées dans les musées allemands, les utilisant au passage comme exemples d'"art dégénéré", au côté des oeuvres de Freundlich ou des créations de malades mentaux de la collection de la clinique psychiatrique d'Heidelberg, autrefois dirigée par Hans Prinzhorn. Pauvre Nolde, qui en outre avait eu l'aveuglement de s'inscrire au parti national-socialiste (du Nord, dans la région frontalière avec le Danemark) en 1934... Et qui fut donc sévèrement douché en retour! Quelle lettre abominable il reçut de ceux en qui il avait cru pouvoir placer sa confiance... Traduite dans l'exposition, elle ne l'est pas dans le catalogue malheureusement. Pourtant instructive par son côté terrible. Imaginez-vous, on vient vous rayer de la carte des artistes admis, on vous signifie la destruction, ou la vente à l'étranger (moindre mal), d'un millier de vos oeuvres, et on vous signifie l'interdiction de peindre, on viendra vous contrôler à domicile.

Emil Nolde,Deux personnages, aquarelle, N°inv.Ung.493, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC des Sables d'Olonne, été 2008.jpg
Emil Nolde, Deux personnages, aquarelle, env 25x18 cm, fondation Nolde de Seebüll, expo au MASC des Sables d'Olonne, été 2008

       Emil Nolde se cacha alors au coeur de sa maison, et réalisa en miniature des projets de tableaux plus grands. L'aquarelle se prêta à cette insoumission intime. Etonnant de constater à quel point malgré leur petite taille, ces paysages et ces portraits respirent et restituent la poésie de lieux possibles, d'une réalité saturée de chaleur de vivre. L'exposition est rare, restitue la fragilité de cet effort de ne pas mourir artistiquement, l'aquarelle elle-même étant à la lisière de l'évaporation, de l'évanouissement, tel un mirage. Les voyant, j'ai pensé à un autre créateur de ces temps où créer de façon moderne avait pris un tour plus que vacillant, Roger Bissière, qui avec une toute autre technique, l'assemblage de tissus, la broderie, lui aussi créa des oeuvres d'une forte originalité, celle qui porte la marque de l'instinct de survie, et s'approche de l'art le plus authentiquement inspiré.

      J'ai continué ma balade dans le musée, à la rencontre des quelques oeuvres de la collection permanente que l'on pouvait voir cet été, je me souviens de tableaux à l'originalité certaine... Mais j'ai préféré poursuivre vers le département des arts et traditions populaires qui se cache sous les toits, pressé que j'étais de revoir Jean-Jean (peintre naïf rugueux, né à Matha en Charente en 1877 et décédé à La Roche-sur-Yon en 1948, à 71 ans, en prison, selon Jalovsky pour faits de proxénétisme après une vie de matelot de misère), Jean-Jean aux trop rares tableaux conservés dans les musées (j'ai servi un jour de trait d'union pour assurer le don d'un Jean-Jean de Yankel, l'extraordinaire collectionneur de peinture naïve, à la Collection Humbert du musée de Laduz, où on peut le voir). Un tableau était toujours accroché, non loin, surprise, de trois tableaux peu connus d'Hippolyte Massé (le conservateur du musée, M.Benoît Decron, ne désespère pas de réaliser un jour au musée quelque publication autour de Massé). Je voulais revoir la porte de bronze ciselé que Massé avait gardée de sa première petite maison de La Chaume, où il se reposait de son métier de passeur sur le chenal du port. Elle n'était plus visible. Momentanément certainement. La voici, telle que je la photographiai en 1996:

Hippolyte Massé,la porte en bronze de son ancienne maison à La Chaume, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996 .jpg
Hippolyte Massé, porte en bronze ciselé provenant de l'ancienne maison dite à la Sirène de La Chaume aux Sables d'Olonne, ph.B.M. 1996, coll. du MASC des Sables d'Olonne

       J'ai eu l'occasion de publier des informations sur Massé dans le passé (cf.  L'Art Immédiat n°2, 1995, le texte de B.Montpied, "Laissez passer Massé le passeur" et le texte de Frédéric Orbestier, "La maison d'Alice"). Il fut grâce à sa sirène en mosaïque de coquillages l'un des inspirés (pas encore nommés "des bords des routes") célèbré par les magnifiques photographies de Gilles Ehrmann dans Les inspirés et leurs demeures (éd. du Temps, 1962). Il avait sculpté la fameuse sirène sur une première maison de la Chaume,Hippolyte Massé, la maison telle qu'elle était en 1996 à La Chaume, ph.B.Montpied, 1996.jpg et fit par la suite un deuxième décor sur une maison rue du Marais (cf reproduction dans L'Art Immédiat, pour la première fois à ma connaissance), décor qui comme le premier fut ensuite par Massé lui-même semble-t-il effacé (cf le texte d'Orbestier ci-dessus cité), pour ne pas envenimer les relations avec les vandales qui s'amusaient à abîmer l'oeuvre donnant sur la rue.Hippolyte Massé,la maison à la sirène, ph. Gilles Ehrmann in Les Inspirés et leurs demeures, 1962.jpg Massé était donc aussi peintre, j'ai signalé dans L'Art Immédiat qu'un de ses tableaux, intitulé Le Voilier, se trouve à Nice dans la collection Jakovsky du Musée Internatinal d'Art Naïf (cf. reproduction dans le catalogue de 1982 du musée, p.235). Attendons donc encore un peu pour prendre connaissance de tout ce que l'on a pu garder sur Massé au musée de l'Abbaye Sainte-Croix (à noter qu'il y a déjà eu par le passé, en 1991-1992, une exposition sur Hippolyte Massé). Des archives attendent encore pour livrer des secrets  Hippolyte Massé, tête sculptée et peinte et coiffure en coquilles St-Jacques, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996.jpg      Hippolyte Massé,assemblage de coquilles de mollusques et de carapaces de crustacés, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied en 1996.jpg

     Dernière révélation au MASC cet été, l'annonce pour cet automne (octobre 2008-mars 2009) d'une grande exposition sur le peintre naïf de marines Paul-Emile Pajot. On peut se référer là-dessus au site des amis du MASC. On apprend dans un tiré à part (avec une présentation de Benoît Decron) édité par le musée qu'en préambule à cette expo, le MASC avait déjà acquis en 2006 le Journal de Pajot intitulé Mes Aventures,Paul-Emile Pajot, une page de son journal, texte manuscrit et illustrations gouachées, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg relié en cinq volumes ("prés de 2500 pages, plus de mille illustrations dessinées à la plume ou crayon, gouachées pour la plupart"). Le tiré à part vendu actuellement à la librairie du musée, comprenant de très courts extraits du Journal permet cependant de se faire une idée alléchante de la fraîcheur de ce manuscrit et de ses nombreuses illustrations relatives à toutes sortes de sujets se référant aux goûts et aux tribulations de Pajot, dont on connaissait déjà les magnifiques marines à la fois naïves et japonisantes. 

    "Et si nous commencions juste à découvrir Paul-Emile Pajot?", écrit avec raison M.Decron... 

Paul-Emile Pajot,une illustration tirée de son Journal, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg

(Emil Nolde, "Les Images non peintes" (Aquarelles 1938-1945), MASC, Les Sables d'Olonne, 3 mai-7 septembre 2008.) 

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