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Tourisme du côté de l'art singulier (et un peu de l'art brut) (3)

       Embêtons – voulez-vous? – les lecteurs du type R.R. qui se plaignent de ne pas pouvoir être au four et au moulin (et qui, également, et peut-être, n'apprécient que modérément l'absurde et le nonsense)... Et envoyons-les, non, pas sur les roses, mais à la fois (les vernissages étant tous le même 30 juin, ça va être dur pour ceux qui voulaient manger les petits fours partout) dans trois endroits différents, en trois points cardinaux,  à savoir à Saint-Trojan-les-Bains (Île d'Oléron) pour l'exposition de l'Art Partagé organisée par l'œil de lynx de Jean-Louis Faravel...St Trojan_1.jpg

St Trojan_2.jpg... Puis à Gisors (c'est plus près de Paris, ça), pour le bien nommé Grand Baz'art (jeu de mots sur le mot art à noter dans notre collection), où l'on verra entre autres une sélection d'art obscur de Michel Leroux,  Gd Bazar.jpgart obscur qui, à force d'être en pleine lumière va bientôt s'appeler l'art clair-obscur...

Et enfin, toujours le même jour de vernissage, histoire d'accentuer le grand écart, ne pas oublier d'aller "Ailleurs", c'est-à-dire, en l'occurrence à Fontcouverte (c'est tout en bas, dans le sud profond, l'Aude je crois, du côté de l'art improbable de Jean-Louis Bigou qui enchaîne les expositions depuis quelque temps, présentant simultanément art brut, art des handicapés, art enfantin...

Hein? Joli programme, qu'en dites-vous, R.R., pour vous couper en quatre, je veux dire en trois?

Et, de fait, à cause de cette date très demandée (début des vacances?), ce n'est plus d'art partagé qu'il faut parler, mais bien plutôt d'art simultané... Mais bon, je taquine (faut-il le souligner? Eh bien oui...), hormis le Baz'art de Gisors, qui ne dure que trois jours, pour les deux autres, si vous ne tenez pas aux petits fours, vous pourrez sauter dans des véhicules qui vous emméneront partout pour ne rien rater, puisque les deux autres expos durent un peu plus durant le mois de juillet.

Ailleurs Bigou.jpg

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Une collection d'art immédiat dans ”L'Or aux 13 îles” n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain

     L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard       Voici que paraît son n°2 (cliquez sur ce lien et vous obtiendrez le formulaire de commande du numéro, voire des deux numéros), cette fois dominé par un thème "L'homme hanté par l'animal". Jean-Christophe Belotti est toujours aux commandes du navire, Vincent Lefèvre est toujours le maquettiste, élément important qui assure à la revue sa belle et élégante livrée. Le sommaire est varié, après une introduction de Belotti sur le pourquoi du comment du thème choisi, qu'il a illustrée de fort charmantes cibles foraines tchécoslovaques, on découvre les magnifiques photographies d'oiseaux naturalisés de Pierre Bérenger qu'il fit à la fin des années 1960 dans les locaux alors désaffectés du Museum d'Histoire Naturelle, avant que ce dernier lieu ne soit restauré et transformé en Grande Galerie de l'Evolution (comme le rappelle François-René Simon dans son texte de présentation). Suivent divers textes de Vincent Bounoure, Anne Fourreau et Jean-Yves Bériou. Je m'arrête plus particulièrement sur les dessins d'une certaine Mélanie Delattre-Vogt.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard

     Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal. 

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard      Des poèmes inédits de Guy Cabanel sont flanqués d'aquarelles d'Aloys Zötl, extraites du livre de Victor Francés récemment paru aux éditions Langlaude (Contrées d'Aloys Zötl, à un prix défiant toute concurrence grâce à des Chinois sous-payés), cet obscur teinturier autrichien qui se passionna de 1831 à 1887 pour des animaux qu'il dessinait plus réels qu'en vérité, les plaçant dans des décors naturels peu réalistes mais somptueusement veloutés et d'une puissance de suggestion sur l'imagination à nulle autre pareille.

      Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés  que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir  comme rôdeurs dans ces parages...

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girardA noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.

Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.

        

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L'éternel retour de Jacques Brunius

    Jacques Brunius fut un homme lié au surréalisme jusqu'à sa mort (1967), survenue au moment du vernissage d'une exposition collective surréaliste en Angleterre, pays où il s'était installé durant la Seconde Guerre Mondiale, et où il avait exercé au nom de la résistance aux Nazis la fonction de speaker à la radio (peut-être que certains des célèbres messages codés envoyés aux résistants de l'autre côté de la Manche ont été prononcés par lui). Il fut poète, collagiste, comédien, cinéaste, homme de radio, critique de cinéma. Il a exercé une influence considérable sur diverses personnalités du surréalisme, a aidé à découvrir toutes sortes de créateurs cinématographiques ou littéraires (il fut en effet aussi traducteur). Ce fut un "génial touche-à-tout", comme l'écrivit André Breton, avec qui Brunius resta ami jusqu'au bout. Un créatif qui fut aussi plus passionné de l'action créative que de la publicité à donner à cette action. Les rares exégètes (Lucien Logette, Jean-Pierre Pagliano) qui se sont penchés sur son cas ont eu bien du mal à retrouver des archives qui pourraient aider à reconstituer son parcours complet dans les diverses formes d'action artistico-littéraire où il s'exerça.

Jacques Brunius,André Delons,Colette Brunius, par Denise Bellon, 1936.jpg

Jacques Brunius (en haut de l'escalier), André Delons, Colette Brunius, photo Denise Bellon, 1936 ; extraite du catalogue "Avec le facteur Cheval", Musée de la Poste  

 

       Il m'intéresse moi aussi depuis plusieurs années. J'ai eu l'occasion de revenir sur son rôle précurseur dans la découverte des créateurs autodidactes populaires dans les années 20-30 bien avant que Dubuffet n'arrive avec son "art brut". On commence à savoir en particulier qu'il fut l'auteur du merveilleux Violons d'Ingres (1939), où l'on voit entre autres des images du Palais Idéal, des rochers de l'abbé Fouré, ou de l'atelier du douanier Rousseau, et qui a été réédité en bonus dans le DVD "Mon frère Jacques", excellent documentaire de Pierre Prévert sur Jacques. 

Mon frère Jacques avec dans les bonus le film de Brunius, Violons d'Ingres.jpg 

      C'est peut-être à Brunius que l'on doit la reconnaissance par les milieux intellectuels (surréalistes en tête) du Palais Idéal du modeste facteur Ferdinand Cheval (j'écris "peut-être" car je suis plus prudent que Jean-Pierre Pagliano qui affirme sans ambages - notamment dans le livret du DVD "Mon frère Jacques" - que c'est Brunius qui a fait découvrir le Palais aux surréalistes ; nous n'avons pas de preuves écrites de ce fait à ma connaissance, et cela reste une supposition, plausible, mais une supposition quand même).

 

Jacques-Bernard Brunius et le facteur Cheval, programme des journées du 15 et du 16 octobre 2010 à Valence.jpg

 

       Voici qu'après l'exposition intitulée "Avec le facteur Cheval", qui s'était tenue en 2007 au Musée de la Poste (voir ici la note assez longue que je lui avais consacrée en son temps), on annonce (merci à Roberta Trapani de me les avoir signalées) deux journées de "films, rencontres et visite" intitulées "Jacques-Bernard Brunius et le facteur Cheval". Elles sont prévues pour le vendredi 15 et le samedi 16 cotobre dans la ville de Valence dans la salle du Lux (scène nationale). Demandez, en cliquant sur ces mots qui suivent: le programme... La manifestation est organisée conjointement par le Palais Idéal de Hauterives et Eric Le Roy, chef du service valorisation et enrichissement des Archives Françaises du Film/CNC, ce dernier monsieur étant aussi l'agent du fonds Denise Bellon, cette photographe connue qui photographia le Palais Idéal dans les années 30 pour Jacques Brunius (elle était sa belle-soeur), ce dernier ayant aussi réalisé des photos du Palais dans le but entre autres de faire un livre chez José Corti, projet qui n'alla pas jusqu'au bout.

 Portrait caricatural de Brunius par Maurice Henry.jpg

Jacques Brunius, croqué par Maurice Henry, dessin reproduit dans le livre de Jean-Pierre Pagliano, Brunius (toujours disponible aux éditions L'âge d'Homme)

     Ces journées vont être l'occasion pour ceux qui pourront s'y déplacer de voir en particulier quelques films rares de Brunius, comme, en plus de Violons d'Ingres, Autour d'une évasion (ce court-métrage de 1931, où apparaît le bagnard anarchiste Dieudonné, a été restauré récemment par les Archives Françaises du Film ; Jean-Pierre Pagliano a signalé que le film avait été fait à partir d'éléments ramenés de Guyane par un certain "marquis de Silvagni" et Isabelle Marinone de son côté, dans la revue Réfractions n°11 (2003), a précisé que Brunius avait en fait repris un scénario de Jean Vigo qui s'intéressait beaucoup à ce Dieudonné que l'on avait accusé de faire partie de la Bande à Bonnot). On pourra également voir Sources noires (un "documentaire artistique" de 1937 au commentaire signé Robert Desnos) ou encore Records 37. Une rencontre est prévue avec Eric Le Roy, Christophe Bonin, Lucien Logette et Jean-Pierre Pagliano.          

                 Brunius-par-Pagliano.jpg              En marge du cinéma français, annoté Pagliano.jpg

A gauche le Brunius par J-P. Pagliano ; à droite le livre de Brunius "En marge du cinéma français" (1954) réédité à l'Age d'Homme en 1987, dans une présentation annotée et commentée par le même Pagliano

 

Sur Jacques Brunius, voir aussi Bruno Montpied, « Violons d’Ingres, un film de Jacques Bernard Brunius », Création franche n°25, Bègles, automne 2005. 

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10/10/2010 | Lien permanent

XIes Rencontres autour de l'Art Singulier à Nice

 Affichette des XIes rencontres autour de l'Art singulier à Nice le 7 juin 2008.jpg

 

    J'ai reçu enfin le carton annonçant la nouvelle programmation des excellentes Rencontres autour de l'Art Singulier qui se tiennent sous l'égide de l'association Hors-Champ, animée entre autres par Pierre-Jean Wurtz, une fois par an, généralement à la fin du mois de mai, à Nice, dans l'auditorium du Musée d'Art Moderne et d'Art contemporain. La prochaine rencontre se tiendra donc le samedi 7 juin de 10h à 17h30. Cela fait plusieurs années que cette association s'ingénie à réunir autour de l'art singulier -le terme englobe à leurs yeux tout ce qui relève de l'art brut, des environnements spontanés, voire de l'art naïf, et à l'étranger de l'art outsider- cinéastes, créateurs et amateurs de ces formes d'art marginal dans un climat qui se veut cordial. Ces rencontres furent souvent l'occasion de fructueux échanges de vues entre amateurs divers, de transmissions d'information qui se passent aussi bien dans le cadre de la journée de programmation qu'en dehors, dans les restaurants ou cafés du vieux Nice.

Carton d'invitation aux Xes Rencontres autour de l'Art Singulier à Nice en 2007.JPG
Carton d'invitation aux 10es Rencontres de 2007

    Cette année, on pourra découvrir des films sur Ni Tanjung (cette Balinaise dont on parle dans le dernier fascicule de la Collection de l'Art Brut à Lausanne), sur Joseph Donadello (dont le petit fanzine Zon'Art de Denis Lavaud et Bernard Dattas avait déjà parlé), sur Pya Hug (intrigante créatrice suisse dans un film de Mario Del Curto). Ainsi qu'un film de Guy Brunet (un extrait où ce grand candide raconte à sa façon dans un cinéma documentaire bricolé à la maison l'histoire du festival de Cannes... En présence d'acteurs ou de metteurs en scène célèbres réalisés en silhouettes peintes, voir ma note du 1er mai 08). A voir également, chaudement recommandé par Pierre-Jean Wurtz, un film d'Enrico Ranzanici sur un collecteur de galets de rivière, Luigi Lineri, qui les choisirait pour leurs formes parlantes -ça me rappelle Mme Bassieux à Dieulefit dans la Drôme... Pour le programme complet, voir les photos que j'insère à la suite.

Programme (contenant quelques trucages) des XIes Rencontres autour de l'Art Singulier, association Hors-Champ, Nice 2008.jpg
Programme des XIes Rencontres du 7 juin 2008 (contenant quelques trucages)

    L'association a chaque année la lourde tâche de trouver des subventions pour la réalisation de cette journée et il faut les féliciter d'y arriver depuis onze ans. Une parenthèse ici cependant: est-ce parce qu'ils sont trop obsédés par ces sponsors à dénicher qu'ils finissent par oublier de remercier les amis et les simples particuliers, qui, comme votre serviteur, leur ont proposé des idées de films à passer? Ainsi en va-t-il cette année du film de Jean Painlevé sur le créateur populaire danois Axel Henrichsen que j'avais proposé il y a quelque temps à Pierre-Jean Wurtz (voir la note du 17 février 2008 que j'ai consacrée sur ce blog à l'édition récente en DVD de ce film rare). Comme personne ne songera à opérer cette précision (dont j'ai la faiblesse de penser qu'au lieu de servir ma gloire, elle sert surtout à informer le public sur qui fait quoi), j'ai cru bon de l'ajouter (merci Photoshop) sur le libellé du programme de cette onzième journée niçoise...

détail du programme Hors-Champ 2008 comportant un rajout par nos soins.jpg
Détail du programme (comportant un ajout)

   Je n'en suis d'ailleurs pas resté là, puisque je me suis également amusé à "rectifier" sur ce programme le nom d'un des participants à cette journée, que je ne saurais appeler autrement que "La concierge de l'art brut" depuis qu'il fait circuler sur le net des "mémoires" (au reste assez ridicules) où il me prête des propos mensongers (courts certes mais mensongers et rapportés) dans le plus pur style délateur ou ragots de chiottes (voir le site de la galerie La sardine collée au mur), propos que j'aurais tenus sur des amis à lui. Belle attitude de concierge (de plus chez quelqu'un qui se prétend libertaire...). En conséquence, si je me dois de citer les travaux plus intéressants auxquels ce triste sire participe, lorsqu'il est infiniment mieux inspiré, comme la parution à l'égide de la revue Gazogène qu'il édite du côté de Cahors de numéros consacrés à l'extraordinaire collection de cartes postales consacrées aux environnements spontanés et autres de Jean-Michel Chesné, ou sa participation aux côtés de Chesné à ce XIe festival où ils présenteront un certain nombre d'images fascinantes, je ne saurais le citer autrement que sous ce grotesque vocable (je n'ai rien contre les concierges, sauf quand elles s'avisent de faire les pipelettes ce qui a été souvent leur vocation comme on sait).

en présence de Jean-Michel Chesné et de la concierge de l'art brut (directeur de la revue Gazogène).jpg
Détail du programme (comportant un ajout)

    J'en reviens à ces Rencontres 2008... Les programmations sont conçues aux dires mêmes de leur principal animateur, Pierre-Jean Wurtz, dans la perspective du documentaire avant tout. Point de fictions dans ce festival (et pourtant, il y aurait de quoi faire, car le cinéma s'est emparé plusieurs fois des biographies de créateurs de l'art brut ou de l'art naïf, comme Aloïse, Ligabue, Pirosmanachvili, récemment Hélène Smith...). Les responsables de Hors-Champ  se sont donnés comme règle de choisir des documentaires, et parmi ceux-ci, en priorité les films montrant les créateurs vivants au milieu de leurs oeuvres, les commentant le cas échéant (ce qui explique donc, qu'ils aient dés lors écarté les fictions). La durée des films aussi compte dans la composition de la programmation (et les fictions sont des longs-métrages la plupart du temps). Ceci étant établi, on ne peut que constater, au vu des programmations des onze années précédentes, l'étendue et la richesse du (hors-) champ "art brut et cinéma documentaire". Conscients du fait que l'information a été jusqu'ici par trop confidentielle sur l'ensemble des films montrés à Nice, les animateurs de cette sympathique association ont mis en chantier la publication d'un livre qui devrait réunir toute l'information souhaitable sur les créateurs présentés depuis onze ans dans le cadre de leurs festivals. On devrait y retrouver par la même occasion nombre d'acteurs de la médiation de ces créateurs. L'ouvrage serait prévu pour cet automne, à ce que je crois savoir...

 

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Hasards poétiques, par Régis Gayraud

Vu en vitrine de l’antiquaire "L’œil du pélican", 13, rue Jean-Jacques Rousseau, une maquette de cathédrale, belle réalisation d’art bout-de-ficelle élaboré à partir d’objets détournés de leur fonction initiale. Dans la décoration, on distingue des trombones, des clous de tapissier, et peut-être bien des balles de fusil. Paraît en contreplaqué recouvert de plâtre poli et peint, mais il y a également d’autres éléments que je n’arrive pas à définir.

Qu’allais-je faire rue Jean-Jacques Rousseau ? J’allais seulement, voyageur solitaire dans ma mélancolie, sur les traces des années perdues, du côté du "Pompadour", et j’ai composé cette petite chanson :

 

 

Te souviens-tu du Pompadour ?

Nous en rêvions tous les jours

C’était le temps du Pompadour.

Le miroir veuf au mur du fond

Ne mire plus le noir profond

De nos sourcils et se morfond

Dans les soucis neufs d’aujourd’hui

Que ceux qui tournent dans la nuit

En brûlant dans le feu ont fuis.

L’escalier qui grimpe à la tour

A perdu le nord des toujours,

Le steak au bleu et tes atours.

Trop loin m’ont emporté mes pas

J’y reviens et tu n’es plus là

Il n’y a plus de Big Buddha.

 

 

A l’issue de la rue Jean-Jacques Rousseau, dont la géographie me fera longtemps penser à celle des divers appartements que j’ai habités, invariablement encombrés d’objets empêchant la marche en ligne droite, je me suis assis à l’intérieur du café de la Bourse pour écrire tout ce qui précède et ce que j’écris en ce moment-même, tout en déplorant la fin de "la Cigale" et de "la Fourmi" et après avoir méprisé le café portant le nom prétentieux et provocateur de "Café des initiés". Crétins qui vous croyez libres, esclaves de vos déterminismes qui vous croyez des initiés parce que vous précédez la mode à venir dans deux ans.

le tabac la Fourmi sans son alter ego la Cigale, photo Bruno Montpied, 2008 .jpg

Là, au "Café de la Bourse", j’ai assisté à l’arrestation d’une jeune femme très digne – mais manifestement bouleversée – dans une petite voiture noire à l’élégance bourgeoise tout comme elle, arrestation effectuée par deux policiers dont l’un ressemblait plutôt à un de ces étudiants à barbe de chèvre d’aujourd’hui et l’autre, asiatique, tonfa au côté, souriant de toutes ses dents malgré sa détermination, sortait d’un film de karaté. Ils l’arrêtèrent tranquillement – pour quel motif ? – en lui barrant la route sans brusquerie, l’aidèrent même à se garer. Elle sortit de l’auto, tendit ses mains lorsqu’ils sortirent les menottes, et ils l’emmenèrent doucement vers le fourgon qui attendait au coin de la rue et que j’avais remarqué quelques minutes plus tôt sans comprendre qu’il était l’outil du drame à venir. Tout cela dans le plus grand silence, à deux mètres de ma table, de l’autre côté du carreau. Je fus le seul à le remarquer et j’eus l’impression de regarder une pièce de théâtre ou mieux un ballet bien réglé. Rien ne paraissait conforme, tout semblait arrangé d’avance. Je crois que je me souviendrai toujours de cette femme, qui avait l’air d’une jeune cadre dynamique, de ce désarroi fulgurant dans ses yeux, mais aussi de cette résignation et de cette façon de dire quelque chose du genre de « Vous m’avez eue », que je n’ai pas entendu mais que j’ai deviné.

Décidément, la rue Jean-Jacques Rousseau n’a cessé de me rappeler à elle. Quelques heures plus tard, chez le bouquiniste et antiquaire russe Lampert, dans un tout autre quartier, rue de Miromesnil, chez qui j’ai acheté quatre recueils de Boris Bojnev en édition originale, j’ai aperçu sur le bureau qui lui sert de comptoir une carte d’une librairie ésotérique sise au 15, rue Jean-Jacques Rousseau, c’est-à-dire exactement à côté de l’antiquaire "L’œil du pélican"102013324.jpg déjà noté plus haut, libraire que je n’ai pas remarqué le matin même, alors que mon regard avait été attiré par l’étrange maquette de cathédrale. En écrivant cela le soir dans le train qui me ramène à Clermont, je remarque que la boucle est bouclée. Moi qui n’achète jamais rien chez les antiquaires, qui m’intéresse peu à leurs devantures, qui n’entre qu’exceptionnellement dans leurs boutiques – d’ailleurs ce matin, après avoir hésité à entrer à "L’oeil du pélican", je suis peureusement resté sur le trottoir – deux fois aujourd’hui je me suis trouvé intéressé par une boutique d’antiquités, la deuxième fois j’y suis entré et y ai même fait des achats. Reste à savoir quel rôle joue dans cela la jeune femme blonde et triste à cette heure-ci prisonnière, et si la librairie ésotérique qui m’a fait signe depuis la rue Jean-Jacques Rousseau chez Lampert a quelque chose à voir avec elle.

 

Régis Gayraud, 6 septembre 2007

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Les Mayennais toujours à l'œuvre et à la manœuvre en Estonie

     "Chers amis et contacts,

      J'ai le plaisir de vous annoncer une nouvelle exposition de La Mayenne à l'oeuvre,  organisée au musée Paul Kondas d'art naïf et outsider de Viljandi en Estonie, du 15 mai au 15 juillet 2015. 

     La précédente exposition, Croisements et Filiations, organisée en 2013 au musée National des beaux-arts de Biélorussie à Minsk, présentait les ramifications à l'origine de l'émergence de la création naïve et singulière dans la région. 
 
     Celle-ci, qui a pour titre Destins croisés aborde l'aspect plus actuel de la mouvance singulière en Mayenne." (Jean-Louis Cerisier)
 

presse mayennais à l'oeuvre Estonie.jpg

Article de Pauline Launay dans Le Courrier de la Mayenne du 6-5-2015

    
    Donc, il faut comprendre qu'il s'agit du deuxième volet d'un ensemble appelé globalement "La Mayenne à l'œuvre" et  qui se transporte cette fois en Estonie dans ce petit musée de Viljandi, avec l'appui de M. Michel Raineri, ambassadeur de France en Estonie, en partenariat avec le ministère de la culture d'Estonie, le musée du Vieux-Château à Laval, etc., pour montrer des artistes et créateurs mayennais contemporains.
 

Tatin 6 (1).jpg

Un dessin de Robert Tatin, La Vierge aux Oiseaux, 1982, coll. Art Obscur

 
 
   On veut y présenter quelques créateurs  et artistes emblématiques de ce creuset curieux lavallois et mayennais qui, dans la filiation avec le Douanier Rousseau, le grand ancêtre d'où tout est parti à l'évidence, ou avec Jules Lefranc,  Henri Trouillard, Robert Tatin, ou Jacques Reumeau (voir ci-contre, coll. Art Obscur), tous natifs de Laval, a su se renouveler en s'enracinant dans cette région.Reumeau 2 (2).jpg Jean-Louis Cerisier, le commissaire d'exposition, en collaboration avec Michel Leroux et son "art obscur", ainsi qu'avec plusieurs membres d'une association lavalloise, CNS 53 (Création Naïve et Singulière: Serge Paillard, Nathalie Mary, Michel Basset, Chantal Mady-Houdayer, Jean-Luc Mady, Salomé Mady), Jean-Louis Cerisier lui-même se veut à la fois artiste (que je qualifierai de "naïf moderne" tant ses expérimentations le mènent quelquefois  à dépasser allégrement les frontières de son art d'autodidacte naïf) et organisateur, médiateur de ses compagnons de créativité en Mayenne, nébuleuse que j'ai appelée autrefois dans un court article que j'avais inséré dans un ancien numéro de la revue des Pays de la Loire, 303, Arts, Recherches et Créations, "L'Ecole de Figuration poétique lavalloise".
 

Jean-Louis Cerisier.jpg

Jean-Louis Cerisier, un billet de 1000 zlotys déchiré, allégorie d'un refus de la vénalité proposé par l'artiste?


      On sait par exemple que Jules Lefranc, fut aussi à la fois peintre et collectionneur, et qu'il légua une bonne partie de sa collection au musée du Vieux-Château à Laval ce qui permit de lancer le musée en 1967. Et que ce dernier s'est ouvert très récemment à l'art singulier en lui consacrant quelques salles, en attendant mieux (une extension du musée à l'ancien palais de justice voisin par exemple). Art singulier qui est vu par les conservateurs du lieu comme une continuation de l'art naïf en moins strictement référent à la réalité visuelle, puisque l'art singulier se détache de la représentation du monde extérieur pour peindre plutôt des images aux formes et aux couleurs libres.
 

Gustave Cahoreau.jpgGustave Cahoreau tenant une de ses sculptures, un "protégé" de Michel Leroux... Archives Art Obscur

Hubert photo 2.jpg

Céneré Hubert, créateur multi-formes et notamment créateur d'environnement à St-Ouen-des-Toits (toujours en Mayenne), Archives Art Obscur

 

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Un très beau dessin (pastel?) de Patrick Chapelière ; à noter que les trois créateurs ci-dessus s'apparentent davantage à l'art brut qu'à l'art dit singulier, tant leur travail s'accomplit dans l'écart vis-à-vis des démarches traditionnelles artistiques ; coll. Art Obscur

 
     Jean-Louis Cerisier nous a adressé quelques images des œuvres qui seront exposées (du 15 mai au 15 juillet au musée Paul Kondas d'art "outsider et naïf" de Viljandi; ce Paul Kondas qui paraît être lui-même un "singulier" estonien que le musée de Viljandi verrait bien exposé en retour à Laval). Le moins que je puisse dire, c'est qu'il y a de quoi être ravi et enchanté par plusieurs artistes à découvrir si l'on doit se fier uniquement au panel proposé par Cerisier (voir les différentes illustrations émaillant cette note).
 

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Alain Lacoste, autre Singulier mayennais bien connu et prolifique ; coll. Art Obscur

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Marc Girard ; j'aime assez cette œuvre qui me fait penser à ... moi, mais aussi à Chaissac, à Lacoste...; coll. Art Obscur

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Et un Joël Lorand, un... Peut-être relativement ancien, non? ; coll. Art Obscur

 
 
    Dommage qu'il faille aller si loin pour les voir réunis (même si aura lieu en Mayenne durant seulement trois jours un autre petit rassemblement d'œuvres, comme je l'ai précédemment signalé, à St-Cénéri-le-Gérei).  

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Naïfs et Singuliers de Mayenne à Minsk, nul ne serait prophète en son pays?

   Jean-Louis Cerisier, auto-bombardé ces temps-ci président d'une nouvelle association des Créateurs Naïfs et Singuliers de la Mayenne (CNS 53), me transmet l'information d'une exposition fort intéressante qui va se monter en Biélorussie à Minsk. Génial, les populations de là-bas pourront découvrir ce qu'ici en France on ne paraît pas capable de découvrir, à savoir qu'a existé, qu'existent encore, à Laval et dans sa région, une pléiade de créateurs et d'artistes talentueux et originaux, à la figuration tantôt poétique tantôt singulière (j'en ai déjà plusieurs fois parlé sur ce blog, voir plus loin). Nul ne serait décidément prophète en son pays, l'adage ne cesse de se vérifier dans notre beau pays qui paraît condamné à s'exporter pour se faire reconnaître. Comme me le disait récemment Jean-Louis, il y a de la frilosité dans ce pays. En témoignent, entre autres, toutes ces expositions d'art brut japonais, britannique, américain, italien, serbe, etc., qui se succèdent à Paris, tandis que pas une ne se consacre à nous montrer l'art brut français. Quoi? Qu'ai-je dit? On dirait presque un gros mot. Vous avez bien écrit: l'art brut français? Mais il ne faut pas y songer, nom d'une pipe. Cela ne peut être envisagé, ou bien alors il faut le faire à l'étranger, mis à distance, on acceptera peut-être de considérer la question. Je me demande aussi quelquefois si ces expos d'art brut de plus en plus exotiques ne se font pas surtout pour permettre aux commissaires et "curateurs" (ouh, le vilain mot à la mode) des collections d'art brut de se payer des voyages aux frais de la princesse... Parler de ce qui se produit en France serait-il forcément une attitude nationaliste? Ne serait-ce pas plutôt lié à notre volonté de parler de nos voisins créatifs, de ceux qui vivent sur un territoire quotidien que nous connaissons bien, dans un pays qui est le nôtre, autour de nous où nous pouvons facilement voyager, les distances étant courtes...? Ne serait-ce pas parler d'une création démocratique se manifestant dans l'immédiat et de façon directement poétique?

 

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    Voici la lettre qui annonce l'événement. Avec le bon de souscription pour commander le catalogue qui aura 56 pages et 31 illustrations (si l'on veut imprimer le bon de commande plus nettement on clique ici). L'exposition qui va être montée à Minsk prendra place au Musée National des Beaux-Arts de Biélorussie du 2 décembre 2013 (demain) au 6 janvier 2014. Elle devrait présenter en tentant d'en expliciter les rapports et les filiations les œuvres du Douanier Rousseau (le grand ancêtre d'où tout découle... Et ceux qui exposeront à ses côtés en sont grandement honorés), Henri Trouillard (un Naïf visionnaire trop méconnu dont on peut admirer au musée de Laval les chefs-d’œuvre), Jules Lefranc (fondateur en 1967 du musée d'art naïf de Laval grâce au don de ses propres œuvres et d'une partie de ses collections d'art naïf d'autres créateurs), Jacques Reumeau, Robert Tatin, Alain Lacoste, Brigitte Maurice, Serge Paillard, Jean-Louis Cerisier, Céneré Hubert (un habitant-paysagiste populaire, une fois n'est pas coutume), Patrick Chapelière (pour le coup pas originaire de Laval je crois).

 

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Jean-Louis Cerisier, sans titre, février 1976, coll privée, version avant retouche restauratrice (avec traces de maculation), Laval, ph. Bruno Montpied

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La même peinture sans titre, stylo bille et gouache, 29,7x21 cm, 1976, retouchée et rénovée, coll. privée, Laval, ph. J-L.Cerisier

      Il faut espérer, et faire une petite prière pour que le musée de Laval, entre autres, par la suite accepte d'héberger cette exposition pour laquelle il prête  des Reumeau, des Trouillard, et des Lefranc. Après tout ce musée qui s'ouvre depuis quelque temps déjà à l'art singulier, sautant depuis l'art naïf dans la chronologie des arts d'autodidactes à pieds joints par-dessus l'art brut, poursuivrait sa mise en valeur des artistes régionaux qui ont peut-être été à l'origine de sa mue actuelle. Car plusieurs d'entre eux sont déjà accrochés aux cimaises du musée (en plus des trois déjà cités et prêtés, on notera que Cerisier, Lacoste et Tatin sont présentés en parmanence au musée).

 

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Henri Trouillard, Le Yéti, 1962, Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier du Vieux-château, Laval, ph. BM


      Il serait urgent de mettre en lumière ce que j'ai appelé dans le n°49 de la revue 303, Arts, recherches et Créations, en 1996, il y a déjà quatorze ans, "l'Ecole de figuration poétique lavalloise" qui, du fait de ses artistes consacrés de l'Art Naïf, Rousseau, Trouillard et Lefranc, naquit petit à petit, se développant en direction de formes d'art figuratif poétique ou singulier avec les Tatin, Reumeau, Lacoste, puis les Cerisier, Paillard et tutti quanti, et s'ancrant dans la région mayennaise sans se couper pour autant d'autres régions (Lefranc entretenait des rapports avec la Vendée par exemple, où il prit contact avec Elie-Séraphin Mangaud et Gaston Chaissac, encore deux créateurs dont les liens avec Lefranc n'ont pas fait l'objet de beaucoup de recherches parmi ceux qui s'intéressent aux arts singuliers).

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Serge Paillard, Pomme de terre dite de la petite lampe, 2007

     Enfin, voici en prime un petit documentaire de la télévision biélorusse diffusé ces jours-ci je pense, que je ne peux vous traduire (M. Gayraud nous éclairera peut-être en commentaire) mais qui présente en arrière-plan quelques-unes des œuvres de l'expo, des Trouillard, des Paillard, des Reumeau, des Cerisier, etc., ainsi que des vues du Vieux Château à Laval. Merci à Jean-Louis Cerisier qui nous a communiqué le lien et l'info. Le tapis rouge est décidément déroulé à Minsk pour nos chers Lavallois!


 

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Emancipations à Ste-Anne

    On ne trouve pas de l'art brut inédit tous les jours. Le Centre d'Etude de l'Expression, situé dans le Centre Hospitalier Ste-Anne et dirigé par Anne-Marie Dubois, avec la collaboration de Jean-Christophe Philippi et Antoine Gentil (c'est la deuxième fois que ces deux-là travaillent avec le Musée Singer-Polignac, le lieu où sont traditionnellement montées les expos du Centre d'Etude)¹, propose pour les semaines qui viennent la manifestation intitulée "Emancipations". Aux dires de Jean-Christophe Philippi, on devrait y trouver du nouveau, notamment des oeuvres de la Collection Ste-Anne peu vues voire jamais exhibées.

 

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     Voici ce qu'en dit Anne-Marie Dubois dans le communiqué de presse: 

     « S’émanciper, c’est sortir des sentiers battus, des carcans et avoir accès à de nouvelles libertés de regards et d’expressions. Cette nouvelle exposition constituée de rencontres entre des artistes provenant d’horizons différents, permet à la Collection Ste-Anne d’affirmer sa particularité hors des catégories et des références pré-établies.

      Il s’agit de se laisser guider par son plaisir et son émotion en s’émancipant de ses références artistiques et culturelles. »

     Selon elle, les travaux des créateurs de la Collection, anciens pensionnaires d'hôpitaux où ils s'approprièrent l'art dans une démarche ultra-personnelle par besoin d'expression, histoire probablement de distendre un peu les barreaux de leurs cellules, ces travaux ne se nourriraient que d'eux-mêmes, à la différence des oeuvres d'artistes contemporains singuliers avec lesquelles l'expo organise une confrontation. C'est là revenir à une vision orthodoxe de l'art brut qui date des débuts de l'histoire de cette notion (époque de Dubuffet et Thévoz). Un art brut qui ne se nourrirait que de lui-même peut apparaître aujourd'hui comme une vue de l'esprit, lorsque l'on sait à quel point les créations dites brutes ou spontanées des milieux asilaires sont imprégnées et voisines des expressions populaires traditionnelles, participant d'une culture commune. Et lorsqu'il s'agit de créateurs enfermés d'origine culturelle plus savante, on ne peut faire abstraction si aisément de leurs connaissances artistiques préexistantes. Ce qui caractérise davantage l'art brut, plutôt que d'être hors-culture, c'est la rupture, l'urgence d'expression, la transgression. Ce sont ces notions que mettent en avant aujourd'hui ceux qui continuent de chercher sur l'art brut.

 

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Alfred Passaqui, Collection Centre d'Etude de l'Expression


      Et c'est ce point qui nous mobilise plutôt – et c'est une préocupation qui intéresse sans doute tous les artistes d'aujourd'hui – cette question de l'émancipation, ou de la rupture, comme disait Thévoz, opérée par les créateurs vis-à-vis des modèles d'expression disponibles. Quel est le levier qui déclenche ces déploiements graphiques surprenants, jamais vus, qui finissent par hanter nos mémoires par leur langage inédit et captivant? L'expo Emancipations paraît poser la question.

 

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Hassan

("C'est un artiste d'origine sénégalaise qui travaille dans la rue à Barcelone, il dessine et grave des plans de maisons sur des planchettes de bois", J-C. Philippi)


        Je n'ai pas la liste globale des créateurs et artistes proposés, mais on promet Gustave Cahoreau, Raymundo Camilo, Marie-Noëlle Fontan, Giordano Gelli, Régis Guyaux, Hassan, Paul Hugues, André Labelle, Michel Nedjar, Marilena Pelosi,  Yvonne Robert (voir ci-contre La Chatte à Hortense s'appelle Vanille, de 2007, coll. BM, non exposé à Emancipations),musée singer-polignac,centre d'étude de l'expression,jean-christophe philippi,anne-marie dubois,émancipations,art brut,art singulier  et des créateurs de la collection Sainte- Anne dont Alfred Passaqui, Maurice Blin, Jean Janès (que personnellement je ne trouve pas terrible). Ces deux derniers sont actuellement exposés au Musée d'Allard à Montbrison dans l'expo "De l'art brut et d'autres choses...", dont le commissaire d'exposition est Alin Avila, par ailleurs directeur de la revue Area². Voici à la suite quelques images de certains créateurs parmi les moins connus, présentés au musée Singer Polignac, que je dois à l'obligeance de Jean-Christophe Philippi pour plusieurs d'entre elles. On remarquera qu'un autre des fils rouges de l'expo renvoie aux réitérations de formes qui paraissent le mode privilégié de structuration des œuvres. Attention cependant que ce choix de montrer des images basées sur des répétitions de formes ne contribue pas ancrer dans l'esprit des amateurs que l'art brut peut être, lui aussi, le siège d'un certain nombre de poncifs (une expo à venir de Marco Raugei à la Galerie Rizomi de Turin allant aussi dans ce sens), tant il existe d'œuvres ressemblant parfois à des planches iconographiques de catalogues (véhicules divers en rang d'oignons à la David Braillon, parapluies de Gugging, vaches à la Krüsi, volatiles ou armes à la Blackstock, etc...).

 

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Maurice Blin, tel qu'il est exposé au musée d'Allard à Montbrison ; "Loulou ayant chaud/Mit son nez au Paul Nord/Attrappa une engelure/Et repartit au Paule Sud,/Avec une couverture"...


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Paul Hugues

("Paul Hugues est un artiste qui figure dans le premier catalogue de l'Aracine, il a dessiné à l'atelier de l'hôpital de Brévanne (gérontologie). C'est une oeuvre du grand âge", J-C. Philippi)

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Giordano Gelli (provient de l'atelier de La Tinaia à Florence)

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Régis Guyaux (centre d'art "'La Hesse" à Vielsam en Belgique)


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¹ Jean-Christophe Philippi a par ailleurs fait l'objet d'une exposition personnelle au Musée Singer-Polignac, comme je l'avais également signalé en son temps.

² Cette exposition, à Montbrison (Loire), qui court jusqu'au 4 novembre prochain, a fait l'objet d'un catalogue où l'on retrouve les images des oeuvres montrées dans l'expo et quelques textes intéressants comme l'excellente contribution de Mme Michèle Gendrat, "ancienne élève de l'Ecole du Louvre", qui présente très honnêtement et très précisément ce qu'est l'Art Brut. A noter aussi que cette exposition présentait des panneaux gravés d'Alain R., détachés donc des murs de Rouen dont ils font partie usuellement. Exposés de façon ainsi déplacée, dans un contexte muséal, ils accédaient au rang d'œuvre de type lettriste. Un lettrisme brut... Le film Playboy communiste de David Thouroude et Pascal Héranval était diffusé parallèlement pour restituer heureusement le contexte d'origine de ces graffiti.

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07/09/2012 | Lien permanent

Luigi Buffo, le retour (Les Amoureux d'Angélique, 2)

     J'avais demandé sur un autre blog, où l'on se contentait de ressortir de vieilles photos du temps passé consacrées à lui (je n'ai rien contre les archives, cela dit), des nouvelles de Luigi Buffo (signant parfois "Lui" Buffo), cet ancien maçon qui avait réalisé un décor de statues en ciment très archaïsantes sur les murs de clôture de sa propriété à Lagardelle-sur-Lèze, non loin de Toulouse, à la fin des années 70 (Jean Teulé avait été le premier à en parler dans son émission de télé L'Assiette Anglaise, puis dans son livre tiré de l'émission, Les Excentriques de l'Assiette Anglaise, en 1989, aux éditions Antenne 2-Du May ; à l'époque dans son texte il dénombrait 400 statues de "bois, cailloux, ciment"...).

Luigi Buffo dans Les Excentriques de l'Assiette Anglaise de Jean teulé, 1989.jpg
Luigi Buffo, l'homme et ses oeuvres, photogrammes du documentaire sur lui extraites de l'ouvrage Les Excentriques de l'Assiette Anglaise de Jean Teulé, 1989 (dans le coin inférieur gauche de ce patchwork photographique, on peut discerner des statues en bois, serrées comme des sardines et accrochées sur un mur)

     Eh bien, les nouvelles sont venues toutes seules, à croire qu'il y a un ange quelque part qui veille sur les hantises, ou un démon (celui de ma curiosité)... En découvrant le petit musée de sculptures et de peintures naïves et brutes des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle en Ariège (voir ma note du 9 août), j'ai eu la surprise, et quasiment la commotion de tomber pour la première fois de ma vie sur des sculptures du fameux Luigi Buffo, conservées dans une salle entièrement consacrée à lui, salle qui est sans conteste la plus impressionante du musée fondé par le couple Boudra (bon, j'arrange l'histoire, en réalité, c'est Pascal Hecker à la Halle St-Pierre qui m'avait indiqué l'air de rien que les Amoureux d'Angélique avaient récupéré l'oeuvre en bois d'un "certain Buffo").

Salle Luigi Buffo au musée des Amoureux d'Angélique, Le Carla-Bayle, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Salle Luigi Buffo au musée des Amoureux d'Angélique, Le Carla-Bayle, avec la statue de la Liberté en bas à gauche (couronnée), photo B.Montpied, 2008

     Il s'agit là de sculptures en bois essentiellement, que les Boudra ont récupérées et sauvées il y a un an ou deux, aprés accord avec le nouveau propriétaire du site. Les statues en ciment, suite au décès de la femme de Luigi Buffo qui les avait conservées en l'état jusqu'à ces dernières années, se sont trouvées en effet détruites il y a  peu de temps (vers 2005-2006?). Ne resteraient en fait à Lagardelle-sur-Lèze que trois ou quatre statues, dont un taureau et un personnage assis les mains tendues laissant s'échapper un oiseau... peut-être l'âme de ce site étonnant...? La destruction est intervenue suite au désir des enfants de vendre les lieux et d'y faire place nette. En ce sens, l'oeuvre en ciment de Buffo aura eu moins de chance que celle d'un Charles Billy à Civrieux-d'Azergues dont la maison et le jardin de maquettes en pierre furent rachetées par un particulier qui s'est montré très respectueux du site.

Lui Buffo, quelques statuettes en bois et en ciment, musée les Amoureux d'Angélique, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Luigi Buffo, statues en bois et quelques-unes en ciment, dont la plaque d'origine du musée, musée Les Amoureux d'Angélique, photo B.M., juil 2008

     Les statues en bois de Luigi Buffo, selon certains commentateurs (par exemple Jean-François Maurice, la fameuse concierge de l'Art Brut, dans le n°38 du Bulletin de l'Association des Amis de François Ozenda, en 1989 aussi, avec un temps de retard sur Jean Teulé et L'Assiette Anglaise), les statues en bois étaient, paraît-il, au coeur de la démarche créative de Buffo. Il s'en inspirait pour faire ensuite ses statues en ciment, nous dit la fameuse concierge. Elles étaient présentées sous les statues en ciment parfois, à l'ombre... Comme semble le montrer la photo d'Animula Vagula que j'insère ici (prise au début des années 90 ; des statues en bois s'abritent sous un auvent de ciment derrière un des personnages à sombrero).Lui Buffo 2 personnages ph C Edelman.jpg Ou bien dans un local à part, comme semble le montrer la petite photo publiée dans un petit coin du livre de Jean Teulé (voir ci-dessus au début de ma note)... On croit retrouver parmi ces fantômatiques pièces sculptées présentes sur ce photogramme flou, les mêmes pièces que l'on peut voir aujourd'hui au musée des Amoureux d'Angélique, où elles sont présentées de façon légèrement moins serrées qu'à l'origine, semble-t-il, ce qui leur va plutôt bien, j'ai trouvé...

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Luigi Buffo, Madone à l'enfant et autres pièces en bois, dont certaines datées 1984 (à droite, un personnage avec sabots placés en dessous de sa tête et autres faces fait songer à la disposition des minuscules sabots décorant les affiquets des brodeuses), musée Les Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008

     Bien sûr, les statues en bois ne sont plus dans leur local d'origine, et je n'ai pas eu le temps de demander aux Boudra s'ils avaient connu le site du temps de sa splendeur, et s'ils avaient vu comment Buffo avait situé les oeuvres les unes par rapport aux autres (il semble l'avoir découvert juste au moment où cela était sur le point de disparaître complètement, ils sont intervenus in extremis, exhumant les statues d'un tas de débris prêts à finir au feu... ; un petit film fort émouvant a été tourné sur ce sauvetage). Je ne sais pas non plus si les figures sculptées sont chargées de représenter des personnages précis (j'ai juste reconnu Pinocchio dans un coin avec son grand nez de menteur, une madone  à l'enfant, ainsi que la statue de la Liberté avec une couronne). Telles quelles, elles sont déjà remarquables, archaïsantes, comme réminiscences de la statuaire romane des églises pyrénéennes toutes proches, tout en évoquant des ex-voto gaulois, mas aussi des fétiches africains... Et bien qu'elles aient été déplacées, transplantées, elles gardent intacte leur très grande force.

Luigi Buffo,sculptures musée les Amoureux d'Angélique, ph B.Montpied, 2008.jpg
Luigi Buffo, l'homme et son bétail, souvenir vague de statuettes propitiatoires? Musée des Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008
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Luigi Buffo, quatre têtes, musée Les Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008

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28/08/2008 | Lien permanent

La Revue Trakt, ”brute et singulière”, le n°11

     Une revue qui tend à se consacrer au champ de l'autodidacte singulier (plus que véritablement brut, à moins qu'on ne considère ce dernier qualificatif comme synonyme de "brute"...), intitulée Trakt, est apparue ces derniers temps, apparemment originaire de Tours et des bords de Loire (Saint-Cyr-sur-Loire). Ils en sont déjà à leur n°11. Un collectif d'artistes se cache derrière, la réalisation et la rédaction en chef étant quant à elles plutôt le fait de Sébastien Russo.

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La couverture de la Revue Trakt n°11 (avec des coquetteries typographiques pas toujours évidentes, notamment sur le nombre 11...; à signaler également l'absence d'ours ou de colophon).

 

      Lorsque je l'ai découverte (à la librairie de la Halle Saint-Pierre où Pascal Hecker me l'avait chaudement recommandée), je m'étais dit que se revendiquer du brut et du singulier, c'était enfin une chose qui aurait dû se faire depuis longtemps : depuis 1989 exactement, où j'avais tenté de rassembler quelques individus autour de la question (las! Chacun n'avait eu de cesse de se tirer dans les pattes, le projet de départ qui aurait dû embrasser tous les champs de la création artistique non professionnelle, spontanée, naïve, brute, singulière, populaire, n'accoucha en définitive que de la seule revue Création Franche qui se recentrait sur les collections et les acquisitions du musée du même nom à Bègles : cette dernière publication existe toujours, comme chacun le sait sur ce blog, où j'en parle régulièrement – un n°52 venant même de sortir en juillet).

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Sommaire du n°11 de la Revue Trakt n°11.

 

     Or, la revue Trakt ne paraît traiter que fort peu de l'art brut au sens strict du terme. C'est avant tout l'art singulier, dans toutes ses acceptions contemporaines – avec sa forte propension à se laisser contaminer par l'influence des divers néo-expressionnismes contemporains, ou du soi-disant "surréalisme pop" en faveur dans la revue Hey! –, qui envahit ses colonnes. 

revue trakt n°11,art singulier,art modeste,publications autour des arts singuliers,sébastien russo,jean-françois veillard,néo-expressionnisme,louis et céline beynet,le musée des bouteilles décorées,ozendaPortrait du Dr. Jean-Claude Caire, Nice, 2008, ph. Bruno Montpied.

 

     Dans ce dernier numéro 11, on a beau recourir à une interview de Jean-Claude Caire par Jeanine Rivais (datée de 1995 ; on y retiendra une belle évocation d'Ozenda par Caire), ou à un rappel de l'activité de l'Atelier Jacob d'Alain Bourbonnais par Jean-François Veillard (au passage: pourquoi n'est-il rien dit de l'activité actuelle des héritiers de la Fabuloserie, en particulier dans leur galerie parisienne située toujours au même endroit, en face de l'ancien local de l'Atelier Jacob, dans la rue du même nom?), on sent bien que le balancier des goûts et inclinations du collectif d'artistes et animateurs de la revue continue de pencher du côté d'un néo-expressionnisme brouillon et d'un certain art (très peu) singulier.

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Une page de l'article de B.M., "Le Musée des bouteilles décorées des époux Beynet".

 

     Invité par Jean-François Veillard et Sébastien Russo à participer à la revue, je me suis donc dit qu'il serait peut-être de mise de proposer quelque chose qui fasse osciller le fameux balancier un peu plus du côté naïf et populaire insolite. J'ai donc proposé dans ce n°11 un article sur Le Musée des bouteilles décorées des époux Beynet, dont j'avais déjà eu l'occasion de parler ailleurs

    Dans ce même numéro, également, on peut retrouver un autre article causant aussi d'art populaire contemporain, ou de sculpture naïve, à savoir une courte (trop courte) évocation par Jean-François Veillard du sculpteur cultivateur d'asperges et éleveur de lapins Bernard Javoy, né en 1925 et disparu, je pense, en 2010 – en tout cas pas en 2000 comme il est indiqué dans l'article de Veillard.

    2000, c'est plutôt l'article que j'avais commis dans le n°19 de la revue Création Franche, comme de juste (datant précisément de décembre 2000). Un article que, peut-être, M. Veillard aura vu? En tout cas, un article qu'aura bien lu le rédacteur d'un autre blog, L'Internationale Intersticielle, pas toujours au point avec ses sources (notamment à propos du "Carillon de Vendôme").

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Bernard Javoy, couple sous un proche d'église, vers 2000, ph. et coll. B.M.

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Bernard Javoy, une servante et le garde-chasse (appariés par moi...), vers 2000, ph. et coll. B.M.

 

La revue Trakt est disponible à Paris à la librairie de la Halle Saint-Pierre ; sinon, on peut aussi les contacter via leur site web https://www.revue-trakt.com/

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09/08/2020 | Lien permanent

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