01/05/2015
La Mayenne à l'oeuvre
Me parviennent depuis quelques jours diverses annonces émanant des différents acteurs (liés à l'association CSN 53, "Créations Naïves et Singulières en Mayenne") d'une exposition à deux visages, "La Mayenne à l'œuvre", qui va être montée d'un côté au Centre Kondas d'Art Naïf et Outsider à Viljandi en Estonie (du 15 mai au 15 juillet ; l'expo est initiée plus particulièrement par Jean-Louis Cerisier qui entretient depuis des années des liens étroits avec certains de ses pays à l'est et au nord de l'Europe), et de l'autre en Mayenne, dans un joli village répondant au doux nom de Saint-Céneri-Le-Gérei.
Dans ce dernier patelin, l'expo durera trois jours, du 23 au 25 mai (c'est le week-end de la Pentecôte). Elle est constituée d'une petite partie de la collection de Michel Leroux, dite par lui "d'art obscur" (pas si obscur que cela tout de même ; à signaler que Michel Leroux a recyclé ainsi un terme qui avait été envisagé au début de l'aventure de l'art brut, vers 1945 donc, par Dubuffet lui-même qui l'avait finalement rejeté comme insuffisamment adapté à ce qu'il cherchait).
Patrick Chapelière, coll Michel Leroux
Noël Fillaudeau, sans titre, série des "Métamorphoses", vers 1993, coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied
Robert Tatin œuvre actuellement exposée (jusqu'en juin prochain) au musée Robert Tatin de Cossé-Le-Vivien (Mayenne)
Au programme: Gustave Cahoreau (un protégé de Michel Leroux), Patrick Chapelière (mis en avant par Joël Lorand), Alain Lacoste (un grand ancien de l'art singulier), Robert Tatin (qui en dehors de son musée sculpté de Cossé-Le-Vivien était aussi peintre), Joël Lorand (Mayennais d'adoption, et maintenant Sarthois (non... en fait habitant de l'Orne, voir commentaires ci-dessous...) à ce que j'ai cru comprendre, puisqu'il est basé à Alençon), François Monchâtre (un autre ancien de la Singularité, connu pour ses machines imaginaires et ses personnages de "crétins"), Noël Fillaudeau (l'ancien ami de Gaston Chaissac), enfin Jean-Louis Cerisier.
Jean-Louis Cerisier, Collection L'Art Obscur de Michel Leroux
Cette expo, en dehors de la collection de Michel Leroux, comprendra aussi des œuvres venues des ateliers de Serge Paillard et de Jean-Louis Cerisier, amis lavallois dont j'ai souvent eu l'occasion de parler sur ce blog. Des œuvres provenant de la collection Michel Basset, et de la collection Jean-François Maurice (récemment disparu), seront également adjointes à ces ensembles.
Serge Paillard, Pomme de Terre en Patatonie (la cartographie rêvée du Professeur Caldnitz), 2015?, collection de l'artiste
08:08 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : csn 53, centre kondas de viljandi, art naïf, art singulier, patrick chapelière, la mayenne à l'oeuvre, art obscur, michel leroux, jean-louis cerisier, serge paillard, noël fillaudeau, alain lacoste, joël lorand, viljandi, estonie | Imprimer
Commentaires
"...Sarthois à ce que j'ai cru comprendre puisqu'il est basé à Alençon"
La ville d'Alençon ne se trouve pas dans la Sarthe, mon cher Sciapode, mais dans l'Orne, dont elle est même la préfecture.
Écrit par : RR | 01/05/2015
Répondre à ce commentaireZut, je confonds toujours tous ces bocages...
Et ces blogs ressemblant un peu, pour une part, à une occasion de parler à bâtons rompus, invitent à parler trop vite...
Écrit par : lesciapode | 01/05/2015
Pan sur le bec, Monsieur Montpied!
Et c'est vous qui nous préparez, paraît-il, un inventaire classé par départements! Grands dieux!
Écrit par : Atarte | 01/05/2015
Répondre à ce commentaireJean-Louis Cerisier, le Balthus de l'art naïf. Qui en dressera le catalogue raisonné?
Écrit par : Isabelle Molitor | 01/05/2015
Répondre à ce commentaireJ'observe que sur ce blog divers pseudos ont pris pour habitude d'être laudateurs de façon exagérée. Balthus, vraiment? René Rimbert tenait déjà ce rôle avant ce M. Cerisier, et c'était tout de même autre chose.
Alors, Madame Molitor, n'en faites-vous pas un peu trop? Et du coup vous risquez de nuire à ce que vous louez par des comparaisons peu proportionnées...
Écrit par : James Song | 04/05/2015
Euh, M. Song... Connaissez-vous ce mot : "humour"? et puis cet autre mot : "ironie". Vous savez, tout n'est pas dit sérieusement, dans la vie.
Écrit par : Isabelle Molitor | 05/05/2015
Oh, ça va, écrase, Atarte! Si j'avais dit l'Orne, ça aurait peut-être donné l'Ornais. Et Joël Lorand est assez orné comme ça.
Écrit par : Le sciapode | 01/05/2015
Répondre à ce commentaireTout d’abord, merci Bruno de relayer l’information de ces deux expositions sur « La Mayenne à l’œuvre » via ton blog !
J’aimerais ajouter un petit complément en lien au nom que je m’amuse (on s’amuse comme on peut …) à donner à mes collectes : « Art obscur » Il s’agit, en effet, d’un terme emprunté, non pas à Jean Dubuffet, mais à un de ses amis : le peintre Suisse René Auberjonois. En 1945, Jean Dubuffet cherche un nom pour sa collection. Il propose à ses amis de lui apporter des suggestions. Le 28 août 1945, il répond à René Auberjonois, qui lui avait proposé ce terme « Art obscur », qu’il préférait le terme qu’il avait lui-même trouvé : « Art Brut ». On n’est jamais aussi bien servi que par soi même.
C’est donc dans les poubelles de Dubuffet que j’ai trouvé ce terme « Art obscur » J’ai toujours pensé qu’il y avait des trésors dans les poubelles. Et, pour moi, ce terme en est un ! Je n’ai aucunement la prétention d’en faire un nouveau concept !!! Il y en a déjà tellement trop pour désigner ces formes d’Art qui nous animent … J’aimerais, bien au contraire, le garder pour moi. Je trouve qu’il transcrit assez bien l’esprit qui se dégage de mes collectes (Art Brut, Art Singulier, Art Naïf, Art Populaire) : Des créations qui naissent de l’ombre de leurs auteurs …
Pour terminer : Dans une de ses définitions de l’Art Brut, Jean Dubuffet parle de « …dessins, peintures, ouvrages d’Art de toutes sortes émanant de personnalités obscures … » En fait, ce terme « Art obscur » n’était pas tombé dans sa poubelle, mais à côté …
Michel l’égaré
Écrit par : Michel l'égaré | 02/05/2015
Répondre à ce commentaire"Des créations qui naissent de l’ombre de leurs auteurs", dis-tu. En ce cas, il aurait fallu parler d'un "art DE l'obscur". Mais tu as préféré le plus direct "art obscur" qui met du coup l'accent sur les "personnes obscures" et aussi, incidemment, crée une confusion avec l'utilisation du terme, préexistant à ton usage, par les sociétés d'ésotérisme. L'art obscur en effet, ailleurs, c'est l'art ésotérique.
Les "personnes obscures", par ailleurs, cela cache parfois un petit côté péjoratif. On ne sait jamais ce qu'en pensent les utilisateurs du terme. S'ils veulent stigmatiser ou non les personnes qu'ils désignent ainsi. Cela peut vouloir dire, cette personne est complètement insignifiante, elle est effacée, elle n'a pas de caractère. Bien entendu tu vas me répondre que précisément c'est ce côté-là qui t'intéresse, afin de démontrer que les personnes les plus banales peuvent cacher un autre aspect plus créatif par-dessous. Mais si c'est sans doute vrai pour le Gustave Cahoreau dont tu chéris le travail, cela paraît moins s'appliquer dans les cas par exemple, de Robert Tatin, ou Joël Lorand.
Et puis "art obscur", cela donne l'impression que l'art n'est pas très visible, pas facile d'accès, pas informé. Or, si toute la lumière médiatique est loin d'être concentrée sur les arts brut ou singulier (elle n'est que rarement concentrée sur l'art d'une façon générale), c'est en train de grandement changer. Et les œuvres dans les lieux alternatifs sont très souvent visibles, immédiatement appréhendables sans qu'il y ait besoin de médiation compliquée. Alors, cette obscurité, qui était peut-être plus évidente en 1945, aujourd'hui, risque d'apparaître bien pâlie... et peu idoine au champ collectionné.
Écrit par : Le sciapode | 06/05/2015
Il est difficile de regrouper des collectes d’œuvres sous un même vocable ! Dubuffet, lui-même, a été contraint de créer une « Collection annexe » à sa « Collection d’Art Brut ». Vais-je devoir également créer une collection annexe (pour Tatin et autres) à ma collection « Art obscur » (Cahoreau et autres) ? Non… Non… Je ne cherche pas à faire d’obscurs nouveaux labels ! Loin de moi cette prétention !
J’aime ce terme "Art obscur" pour 3 raisons :
-Tout d’abord, parce que ces créations qui nous animent dégagent une forte sincérité. Elle provient du fait que leurs auteurs vont chercher ces images au plus profond d’eux-mêmes, au plus profond de leur être – en vie. Nous sommes face à un Art qui naît de l’ombre…
-Autre raison : On a beau dire que cet Art sort de l’obscurité depuis quelques années, qu’il est de plus en plus sous les projecteurs… Peut-être est-ce le cas pour les « classiques de l’Art Brut », je veux dire pour les morts. Mais les vivants ? les humbles et les sans-grades ? : Leurs travaux sont-ils si souvent sous les projecteurs des musées et autres institutions ? Leur art est encore dans l’ombre…
-Autre point, plus personnel celui-là : Je ne sais pas vous, mais moi, quand je suis devant un dessin de Wolflï, ou bien d’Ernst Kolb, ou bien de Jean-Paul Henry, et de tant d’autres… Je suis touché, voire bousculé. Mais je suis face à des œuvres (et des émotions) indéfinissables, inexplicables. Vous avez dit « obscur » ?
Michel l’égaré
Écrit par : Michel l'égaré | 14/05/2015
Tu fais comme tu le sens, Michel...
L'anonymat dans lequel sont les créateurs dont tu collectionnes les œuvres, n'est-ce pas le lot de tous les nouveaux créateurs? Même les artistes débutants sont dans ce cas. On n'a pas appelé les premiers travaux de Picasso de l'art obscur pour autant, parce qu'ils auraient été produits dans l'anonymat des débuts.
La première raison de ton choix, la sincérité, au fond, et par ailleurs, ressemble fort à celle que recherchait Dubuffet et qui l'a conduit à adopter plutôt "brut" qu'"obscur".
Enfin le troisième point, la difficulté de dire ce qui nous "bouscule" dans le fait de regarder des œuvres d'art brut se rencontre ailleurs aussi bien dans des formes d'art savantes. La Joconde et son sourire indéfinissable n'est pas pour autant appelée de l'art "obscur"...
Autre chose, et cela, c'est une parenthèse où je ne discute plus sur l'art obscur, la notion "d'images cherchées au plus profond" des créateurs me gêne, me paraissant peu adéquate comme formule. Les images ne sont pas déposées, selon moi, dans un quelconque réceptacle secret au fond des gens, attendant que la personne, puisatière d'elle-même, les repêche toutes faites. Elles s'élaborent sur le support choisi, elles se construisent, plus ou moins sur un plan préétabli ou non (moi, je n'en ai aucun la plupart du temps quand je dessine), selon un langage visuel qui est bricolé par l'autodidacte et qui lui apprend, lui fait découvrir des choses sur lui-même et sur ce qu'il va exprimer au fur et à mesure que se crée "l'œuvre". Rien n'est préétabli, au point de vue de l'image finale. Ce qui se dit sur la feuille blanche n'est pas préexistant, à mon sens. Cela pourrait donner des milliers de résultats différents, en fonction de la technique, des matériaux employés, des outils, de la qualité du papier...
L'inconscient, quand c'est lui qui est sollicité comme dans ces formes de dessin automatique qui est le plus souvent à l'œuvre dans les œuvres d'art brut, l'inconscient dialogue avec ce qui apparaît au fur et à mesure que la main trace sur le support des lignes, des couleurs, etc. Mais cet inconscient est tout à la fois un "inconscient" (un hasard) des matières, un inconscient de l'esprit, un inconscient gestuel, un "inconscient" du climat, un inconscient de l'humeur, etc. Il se produit une sorte de hasard objectif au fur et à mesure que la rencontre se fait entre la main, les outils, les matières et le support.
Écrit par : Le sciapode | 14/05/2015
Bon anniversaire à notre Sciapode, le royal baby de l'art immédiat!
Écrit par : Siger du Haryag | 02/05/2015
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