Rechercher : Joseph Donadello
Joseph Laporte, un jeune tambour qui revenait de guerre...
02/12/2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pour verser au dossier du Père Noël
Un Père Noël en version loufoque bien dans la manière de Joseph Donadello à Saiguèdes (Haute-Garonne), à verser au dossier iconographique du vieux et éternel barbu ; le visage est traité de façon très originale, il n'est plus, presque, qu'une barbe blanche, en somme une barbe qui s'est faite face... :
Joseph Donadello, Noël, ciment polychrome, (2004?), ph. Bruno Montpied, 2015.
Spéciale dédicace pour mes distingués commentateurs qui font du délire d'interprétation piscicole ci-après, voici les deux personnages qui sont à l'arrière-plan du Père Noël (la mère Molitor devrait se racheter de nouvelles bésicles...), avec leurs noms plus clairs sur une autre photo prise trois ans après la précédente et sur eux plus spécifiquement centrée : "Blennius" et "Maculatom" (d'où Donadello sort ses noms, j'avoue que ça m'a toujours laissé perplexe dans plusieurs cas, d'autant que, quelquefois, il oubliait joyeusement les transcriptions normalisées), et non pas "Blennocoq" et "Inculator", qu'affectent de voir nos commentateurs hantés par leurs turpitudes... (Note du 30 décembre 2023)
Blennius (et non pas Brennus, qui serait plus usuel en ces terres de rugby) et Maculatom, sorte de poisson-lune? ; photo B.M., 2018.
26/12/2023 | Lien permanent | Commentaires (6)
Zon'Art tire sa révérence
Zon'Art s'arrête, vive autre chose? Je ne sais pas, faut voir...
Pour son dernier numéro, ce mince bulletin proche du fanzine qui était épris d'une humilité dans les commentaires (que je trouvais de façade) sur des sujets qu'il affectait de trouver eux-mêmes modestes, mais qui apportait à l'occasion des informations nouvelles sur l'art brut et consorts (les environnements surtout), à la différence de soi-disant spécialistes du même champ recyclant leur éternel ronron conformiste, ce bulletin, donc, a obtenu de la Halle St-Pierre la permission de monter une exposition et une projection de films durant le mois d'octobre prochain. On y verra de l'art singulier, des évocations photographiques d'environnements spontanés que j'aime aussi beaucoup (voir notes récentes sur Donadello, et les photos que j'insère ci-dessous) et les cartes postales anciennes de Jean-Michel Chesné (voir ma note du 8 juin 2008). Sur Donadello (Bépi Donal), on pourra voir le film de Noémie Dumas que j'ai cité récemment (probablement grâce à l'Association Hors-Champ de Nice).
Autant vous donner tout de suite le programme général de l'exposition:
Pour la parution de son dernier numéro,
Zon’Art présente (du 3 au 30 octobre 2008) : «SUITE & FIN»
[Galerie de la Halle St-Pierre (Rez-de-chaussée), Paris 18e]
Dessins, sculptures, documents :
Stéphanie Buttay, Gustave Cahoreau, Chomo, Clem,
Jacques Karamanoukian, Sam Mackey, Raâk, Gérard Sendrey.
Environnements d’hier et d’aujourd’hui :
Cartes postales anciennes de la collection Jean-Michel Chesné.
Photos de sites et sculptures
Bar du Mont Salut [André Morvan, dans le Morbihan, souches d'arbres assemblées en plein air]
Joseph Donadello
Jean Grard
Emile Taugourdeau
Samedi 4 octobre 2008 à l’auditorium, à partir de 14 heures
Festival audiovisuel (3e édition)
Programme des projections :
N’oubliez pas l’artiste ! (Cartes postales anciennes), diaporama de Jean-Michel Chesné, 45 mn
Vladan Popov de Jean-Michel Zazzi (1999), 13 mn
Raymond Reynaud de Jean-Michel Zazzi (1999), 18 mn
Le jardin de Bépi (Joseph Donadello) de Noémie Dumas (2007), 17 mn
La porte du mystère (Raâk, l’eau, la terre, le feu) deStéphanie Buttay (2008), 12 mn (En présence de la réalisatrice)
C’est le matin... ((Gérard Sendrey, la fabrique de galaxies) deStéphanie Buttay (2008), 8 mn
Poétique mécanique (Le manège de Petit Pierre), de Jean-Michel Zazzi (2007) 4:30 mn
L’émotion est au bout de la route, diaporama (1984 à 2008 : le bar du Mont Salut, François Lozevis, Joseph Le Bail, Emile Taugourdeau) de Michel Leroux, 45 mn
L'univers de pierres de Nek Chand,diaporama de Laurence Savelli, 40 mn [Voici un bel exemple de ronron et de redite...]
Film surprise : 13 mn
Halle Saint-Pierre
2, rue Ronsard - 75018 Paris
M° : Anvers ou Abbesses - Tél : 01 42 58 72 89
16/09/2008 | Lien permanent
Les Nefs des Fous (4)
Lancer un esquif que l'on a bricolé de ses petites mains potelées sur le bassin d'un parc, suivre ses trajectoires sur l'onde en tremblant de devoir le perdre, qu'il s'abîme... Y inscrire de toute la force de son âme ses rêves, ses espoirs, s'y projeter afin qu'il nous prolonge et nous grandisse... Qui ne comprendrait ces désirs d'enfants? Il était un petit navire...
Le bateau parfois informe que ses mains agrippent avec fragilité et fébrilité, l'enfant le voit peut-être comme une autre modalité de la chose qu'il suçotait il y a peu encore, ce doudou malaxé et déchiqueté à force d'amour.
Ces adultes qui jouent aux miniaturistes, se délectent à confectionner des maquettes, et ont prolongé vaille que vaille ces désirs enfantins. Ils lancent leurs esquifs comme bouteilles à la mer, messages envoyés vers un avenir imaginaire qui les sauverait de leur finitude. N'est-ce pas ce qui nous touche avant tout dans ces bateaux bricolés, sculptés avec amour dans l'art populaire, brut, singulier? Voici une nouvelle moisson de pièces repérées depuis nos précédentes notes (retrouvables en cliquant sur la catégorie "Marine populaire et singulière"):
21/09/2008 | Lien permanent
Les Amoureux d'Angélique publient un catalogue
Ils avaient fait jusque là une flopée d'affichettes, confectionnées à l'occasion des petites expos temporaires qu'ils consacraient à leurs trouvailles en matière "d'art brut, naïf et populaire" dans leur charmante maison du Carla-Bayle en Ariège. A chaque fois, ils mettaient quelques lignes et quelques photos harmonieusement mises en pages. J'ai eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises sur ce blog et aussi dans la revue Création Franche (n°32 de mars 2010), où je signalais entre autres qu'il nous manquait un catalogue pour garder après la visite quelques souvenirs des créateurs protégés dans ces lieux.
Or donc, voici que ce catalogue vient d'être à son tour réalisé par les Amoureux (alias l'Association Geppetto de Martine et Pierre-Louis Boudra). Certes, les atours de cette brochure reliée comme un simple cahier à spirale restent modestes (à l'image des créateurs mentionnés dedans bien entendu), mais l'on dispose là à présent de quelques éléments documentaires non négligeables.
Les auteurs ont choisi de mettre l'accent avant tout sur certains créateurs emblématiques de leur primesautière collection: Gilbert Tournier, l'excellent Thierry Chanaud (dont personnellement je préfère surtout les dessins aux sculptures archaïsantes), Henri Albouy, Angelo Conficoni (dont on apprend qu'il a construit un musée dédié à ses propres réalisations en Aveyron), Henri Virmot, Sylvain Blanc, Joseph Claustres, le prolifique Joseph Donadello, Antonio de Pedro, Severino De Zotti, Honorine Burlin, la collection Yode d'art populaire en bouteille, Joseph Redini, Eric Hordas, Roger Beaudet, Raymonde et Pierre Petit, Louis Buffo, Denise Chalvet, les frères Jammes, Horace Diaz (comme Donadello et Burlin, créateur d'environnement), etc., etc.
Ne sont pas oubliés non plus les anonymes que la collection prise aussi bien. Il ne faut donc pas hésiter à acquérir ce document indispensable aux amateurs de terra incognita, de poésie des sans-grade de l'histoire de l'art.
Musée Les Amoureux d'Angélique, Carla-Bayle, Ariège, 05 61 68 87 45, amoureuxanges@hotmail.com. Catalogue 15€.
Thierry Chanaud, dessin "Des cerises, des arbres...", collection les Amoureux d'Angélique
14/08/2010 | Lien permanent | Commentaires (17)
De quelques durs à cuire
Joseph Donadello, du côté de Saiguèdes en Haute-Garonne – comme m'en a récemment prévenu une association, créée en 2019 par Alain Moreau à Villefranche-sur-Saône, "Art brut en compagnie" ("en" et non pas "et") – est toujours en forme. Une sirène est sortie récemment de ses mains de nonagénaire (il est né en 1927). Plusieurs de ses précédentes statues, cédées à divers collectionneurs, ont dû lui occasionner des vides insupportables dans son jardin de bord de route, et il a dû bien vite reprendre sa truelle et ses moules pour boucher les trous.
Joseph Donadello, Sirène aux poissons, photo Art brut en compagnie, 2020.
La même association poursuit en donnant des nouvelles d'un autre dur à cuire du même genre, que le Covid n'a pas touché : André Robillard (né en 1931, il aura 90 ans l'année prochaine), servi à domicile dans sa maison de l'Hôpital Daumézon du côté de Fleury-les-Aubrais, pour le protéger au mieux. Il dessine, il joue de l'accordéon, et avant midi s'accorde toujours un petit apéro. La vie est belle...
André Robillard dessinant sur son lit, au milieu de ses collections, photo Dominik Fusina, 2016.
D'autres créatifs sont – d'après Alain Moreau toujours – en bonne forme, comme André Pailloux, l'homme aux vire-vents de Vendée dont j'ai parlé à plusieurs reprises (j'ai fait un portrait écrit de lui dans un livre de François Jauvion à paraître bientôt, consacré à des portraits dessinés d'auteurs d'art brut et marginal), ou encore Guy Brunet, et Alain Genty, l'étonnant céramiste que la Fabuloserie a beaucoup aidé à faire connaître.
Alain Genty, une de ses terres vernissées (un dragon), coll. privée, ph. Bruno Montpied, 2013.
Cette association nouvelle, bâtie autour de la collection d'Alain Moreau, a des projets d'animation et d'exposition sur Villefranche, et cherche un lieu pérenne pour abriter son ensemble d'œuvres de 70 créateurs (chiffre actuel). Pour en savoir plus, on peut consulter le dépliant que je donne en lien (PDF), qui expose l'argument de l'association. On se souviendra peut-être que j'ai déjà parlé sur ce blog des entreprises d'Alain Moreau.
Autre créateur, cette fois en Vendée (au Pas Français, à La Flocellière), à donner lui aussi de ses nouvelles, par le truchement d'une messagerie électronique (aide de sa femme), Vivi Fortin, qui s'est constitué un petit musée de statuettes dans son garage et un peu dans son jardin. J'ai parlé de lui naguère. Il m'annonce avoir fait une nouvelle version d'un personnage qu'il m'avait cédé lors de mon passage l'année dernière. Cela s'intitule "Chacun de nous est un livre ouvert". Un homme est assis sa tête au bout des bras, tandis qu'un livre ouvert a pris la place de cette dernière sur son cou... Vivi (VI+VI, soit six + six en chiffres romains, ça donne VIVI) est, comme on le constatera, donc, toujours en pleine forme.
Vivi Fortin, Chacun de nous est un livre ouvert (première version), MAB peint, 19 x 11 x 7 cm, vers 2019 ; ph. et coll. B.M.
Vivi Fortin, deuxième version de Chacun de nous est un livre ouvert, collection de l'artiste, 2020.
14/04/2020 | Lien permanent | Commentaires (1)
Actualités de la Création franche...
Le musée de la Création Franche à Bègles continue d'être très actif. Je n'ai pas signalé le dernier numéro de leur revue, le 48, de juin 2018, où j'avais passé un article sur Joseph Donadello, vu seulement à travers son activité picturale (car il est génralement plus connu pour ses autres interventions, en trois dimensions, dans son jardin en bordure de route). Parmi les autres articles, on trouve notamment un long texte fort charpenté d'Anic Zanzi sur Ernst Kolb dont j'ai déjà parlé sur ce blog il n'y a pas si longtemps. Et l'on découvre également le travail intéressant du peintre naïf Francesco Galeotti présenté par le critique d'art Dino Menozzi.
Une vue d'ensemble des peintures de Joseph Donadello telles qu'il les exposait en mars de cette année, dans sa véranda, à côté de ses trophées de champion bouliste, ph. Bruno Montpied, 2018.
Le musée béglais monte aussi des animations de temps à autre, je les évoque en leur temps, quand je peux. Cet automne, il soutient un colloque intitulé "L'art brut, un objet inclassable?" qu'il organise conjointement avec l'université de Bordeaux. Cela dure deux jours, le 4 (à la Maison de la Recherche à l'université de Bordeaux, voir ci-dessous) et le 5 octobre, (au Musée de la Création Franche) soit dans deux jours donc.
Dans la série des interventions, j'ai repéré celle de Mme Claire Margat, dont le titre en forme de question ("L'art brut : un art sans artiste?") paraît vouloir proposer une réponse (une réfutation?) à ma présentation du Gazouillis des éléphants, où je qualifie l'art des inspirés des bords de routes d'art sans artiste. On aimerait pouvoir lire le texte de cette intervention. Les actes du colloque sont prévus pour être publiés par la suite dans un numéro hors-série de Création Franche...
La question du titre du colloque est dans l'air du temps. L'année prochaine (au mois de mars), à la Fondation Bost, à La Force (près de Bergerac), le musée de la Création Franche sera également partenaire d'un autre colloque, prévu pour durer, je crois, au moins quatre jours, avec expositions à la clé, au siège de cette Fondation, dans plusieurs musées, dont celui de Bègles, mais aussi à Besançon, à Villeneuve d'Ascq. Cela s'appellera "L'art brut existe-t-il?". Muss es sein? Es muss sein!, aurait répondu l'autre (Léo Ferré, derrière Beethoven)....
Le musée de la Création Franche propose aussi en exposition de groupe cet automne (du 22 septembre au 2 décembre 2018) une nouvelle édition de ses récurrentes, mais à chaque fois différentes, "Visions et Créations dissidentes".
Dans le catalogue de cette manifestation, j'ai personnellement été intrigué par les œuvres de Riet Van Halder (présentées par un texte liminaire d'Ans Van Berkum), et celles d'Heinz Lauener (présentées par Max E. Ammann), où l'on peut déchiffrer sur le "Zeppelin" ci-dessous, l'effigie de Donald Trump, flanquée d'une légende ma foi assez judicieuse : "Der Beserwisser" (qu'il faut lire plutôt comme Der Besserwisser)... "Donald Trump, Le Monsieur Je-sais-tout"... Très drôle, et tellement bien vu, non?
Heinz Lauener, extrait du catalogue "Visions et Créations dissidentes" 2018, Musée de la Création franched
02/10/2018 | Lien permanent | Commentaires (7)
Gazouillis à l'Ecume des pages, à St-Germain-des-prés (où il n'y a plus d'après?)
Plus que quelques jours – une semaine exactement – pour pouvoir profiter d'une vitrine historique que nous avons installée dans la librairie L'Ecume des pages, à côté du Flore et des Deux Magots, en plein St-Germain-des-Prés, avec quelques objets et photos tirés de ma collection.
Photos Bruno Montpied, livre Le Gazouillis des éléphants de Bruno Montpied, collection de Bruno Montpied (n'en jetez plus...Charité bien ordonnée commence par...), vitrine de L'Ecume des pages, janvier-février 2018.
Accessoirement, ce fut l'occasion d'exposer en plein centre de l'intelligentsia parisianiste (qui se décompose petit à petit, cela dit, grignoté par les boutiques de fringues...), un peu d'art frais venu de nos campagnes: de gauche à droite sur la dernière photo ci-dessus, un roi, sculpté dans un rondin, de Paul Waguet, une peinture sur bois de Joseph Donadello, une photo d'une saynète de Jean Grard,, une photo, un portrait d'Hubert Bastouil (en arrière-plan), un panneau sculpté et peint sur bois de Bernard Jugie, une grenouille en ciment d'Emile Taugourdeau, une photo de racine sculptée dans un arbre creux par Pierre Sourisseau et une sculpture de tireur de langue (pied de nez à l'intelligentsia?) de François Llopis.
Sinon, pour les retardataires, il reste quelques exemplaires du Gazouillis à vendre dans cette (excellente) librairie. De même, à quelques encablures de la librairie, au 52 de la rue Jacob, on trouve le Gazouillis à la galerie de la Fabuloserie. Et toujours à la librairie de la Halle Saint-Pierre rue Ronsard, à Montmartre. Entre autres...
Un exemplaire du Gazouillis plaisamment installé (de manière éphémère) dans un appartement parisien en train d'être déménagé... Photo Jacques Burtin, janvier 2018.
01/02/2018 | Lien permanent | Commentaires (2)
Au musée des Amoureux d'Angélique, cet été
Cet été, le musée des Amoureux d'Angélique (une petite sorcière, celle-ci) attire nos regards sur deux des créateurs dont la collection permanente possède quelques oeuvres déjà significatives, Joseph Donadello et Denis Jammes. Ce dernier est un "berger tsapuzaïre", proclame l'affichette que m'ont envoyée les animateurs du musée du Carla-Bayle (Ariège). Tsapu-quoi?, vont crier les internautes peu au fait de l'occitan... Comme je l'ai déjà fait moi-même la première fois que je suis tombé sur le mot. C'était en lisant un article de 1924 - oui, je vais chercher mes nouvelles parfois un peu loin dans le passé - d'un certain P.Mamet, qui l'a publié dans L'Almanach de Brioude en Haute-Loire. Cela s'intitulait Les Artistes Instinctifs... Oui, déjà en 1924, on s'intéressait aux autodidactes dans l'art. "Sont artistes instinctifs ceux qui, sans études préalables, sculptent ou gravent des sujets naïfs sur des matériaux vulgaires avec des outils de fortune"... écrivait ce M. Mamet dans ces années-là. Il voyait même dans "les décorateurs de pichets, de boîtes, de cannes" des descendants des graveurs de rennes sur les parois des grottes préhistoriques.
C'est un peu plus loin, continuant sur le sujet de la terminologie, que Mamet emploie le mot qui m'intrigue: "J'aime mieux les appellations dont on les gratifie lorsque, débutants, leurs brimborions encombrent la pièce: Tsapiuzaïre (d'où tsapius et chapuis), faiseurs de copeaux, perdeurs de temps, faseliu, bourdjinaïres, (...). L'intraduisible bourdjinaïre caractérise bien leur travail lent, menu, frivole et non lucratif." P.Mamet donne ensuite quelques exemples de sculpteurs qu'il a rencontrés dans sa région, sans donner malheureusement beaucoup d'illustrations pour qu'on puisse se dire que leurs oeuvres ne devaient être autre chose que ce que l'on appelle aujourd'hui de la sculpture populaire rustique. Hormis ce dessin exécuté d'après des oeuvres d'un certain Ferre-mouches (surnom d'un des compatriotes de l'auteur, nommé en réalité Eyraud, mais son surnom indique bien son niveau d'habileté) et d'un autre nommé Cubizolles, qui de simple berger autodidacte s'éleva rapidement à la promotion d'artiste quasi professionnel (il finit "membre du jury des Beaux-Arts de Lyon", nous dit Mamet), le lecteur en quête de splendides exemples de sculpture populaire insolite et bizarre, revenue du fin fond du passé, reste sur sa faim...
Il me fallait en apprendre davantage sur ces "tzapiuzaïres, faseliu et autres bourdjinaïres"... Et pour cela, il n'y a qu'une adresse! Celle de Michel Valière, émérite connaisseur de la langue occitane, si chère à son coeur. Voici ce qu'il a eu la gentillesse de me préciser (attention, mini cours de langue occitane!):
« Pour les occitaneux, occitanistes contemporains de tous poils, fiers de leur langue, etc., et qui l'enseignent de la maternelle à l'Université, les tailleurs de bois, genre feuillardiers, etc., ce seraient des "chaplusaires", dérivés du verbe "chaplar": tailler, briser, hacher, etc.
Vous l'écrivez comme je vous le dis (avec CH-), mais vous le prononcez comme vous l'écrivez vous (TS-), avec en + le L en principe.
Oui, c'est bien de l'occitan du Massif Central, et du bon !!!
J'ajouterai qu'un grand "chaple", c'est une tuerie, un massacre genre St-Barthélémy, ou même le massacre de la volaille et du cochon dans la basse-cour lors d'un mariage, etc. »
Donc, si j'ai bien compris, il faudrait écrire "chapluzaire" et prononcer "tsapluzaire", en important la phonétique occitane en français, ce qui n'est pas forcément évident...
Pour les autres mots évoqués dans l'article de Mamet, voici ce que m'a également répondu Michel Valière:
« Ecrivez "normatif", "chaplusaire" et prononcez librement. Lorsque vous et moi écrivons en "français" nous avons la même orthographe, mais si vous et moi nous parlons, des nuances liées à nos origines, voire notre culture, sont sensibles et pourraient être phonétiquement réécrites avec quelques différences...
FASELIU : Frédéric Mistral écrivait, lui, FASILHOU, avec pour sens "factotum" (homme à tout faire), mais aussi homme remuant, actif... Et il localise bien ce lexème en Auvergne.
L'occitan moderne préfèrerait la graphie "Faselhon" (ne vous trompez pas: la désinence « -on », se lit « -ou » ! Quant au « -lh » c'est l'équivalent français de « -ill », cf. Millau /Milhau).
BOURDJINAÏRE : un peu plus complexe dans sa graphie fantaisiste locale, il devrait plutôt être écrit : "bordinejaire", c'est -à- dire faiseur de détritus végétaux, voire ramasseur de détritus. Là encore, en oc, "o" se prononce "ou" quand ce "o" n'est pas accentué; et "-jaire" signifie celui qui fait et refait quelque chose (ex. passejaire, se dit de quelqu'un qui ne fait que "passar" - passer - c'est-à-dire simplement un promeneur. »
Ah, eh bien merci M. Valière, on y voit plus clair. Le bordinejaire (prononcez "bourdinejaire", donc...) m'évoque un producteur de petits "bordels", de machins, de trucs que d'aucuns voudraient bien rejeter à la décharge dont ils ont l'air de sortir. Cela me fait repenser à Raymond Reynaud et à ces chères "bordilles" en Provence, ces décharges où il trouvait son miel pour ses oeuvres d'assemblage au point de les avoir reconstituées aux portes de son domaine, histoire d'avoir dans son environnement immédiat un vivier de matériaux et objets de rebut où puiser sans limite...
Il existe donc encore aujourd'hui des tailleurs de copeaux, des qui aime encore perdre leur temps à tailler des trucs en bois, des obsessionnels de la gouge et du canif, en Haute-Loire particulièrement. Denis Jammes continue une tradition que suivait également son père, c'est un dada familial en quelque sorte, comme un secret qui se transmet d'âge en âge.
13/07/2009 | Lien permanent | Commentaires (5)
Un monde modeste, film sur Arte
Le dimanche 27 septembre à 23h25 sur Arte, sera diffusé le documentaire de Stéphane Sinde, écrit avec Bernard Tournois, réalisé cette année, "Un monde modeste" (52 min).
Consacré essentiellement à l'art modeste - ce concept voulu indélimité et forgé par Hervé Di Rosa, traitant d'un champ de l'art particulièrement vivant et souvent poétique, grosso modo l'art populaire manufacturé, le monde des collectionneurs de bibelots, objets et images publicitaires, le kitsch, etc. - ce film permet d'apercevoir (vite, car l'esthétique du film a fort à voir avec le clip) Guy Brunet dans son décor, Joseph Donadello, Bernard Belluc et ses installations compulsives, Alfredo Vilchis, l'habitant-paysagiste populaire Yves Floch, "l'Organugamme" de Danielle Jacqui, ainsi que divers médiateurs, Hervé Di Rosa, Bernard Stiegler, et Pascal Saumade (récent commissaire de l'exposition "Kitsch-Catch", qui après une première installation à Lille, s'est déplacée ensuite début 2009 au Musée International des Arts Modestes à Sète, musée dont on voit quelques images fugitives dans le film).
Ce film, que nous avons vu en projection pour la presse (le P.S. ne recule devant rien pour satisfaire ses lecteurs), disons-le tout de suite, ne sert peut-être pas bien la cause de l'art dit modeste. Et encore moins celle des créateurs populaires qu'il nous laisse par bribes superficielles entrapercevoir. Le montage rapide, amusant au début, cherchant à créer l'illusion de la modernité (qui est aujourd'hui assimilée dans une large frange du cinéma documentaire à la vitesse, à l'épate par l'étourdissement, plutôt qu'au temps laissé à la réflexion), devient vite agaçant. Certains créateurs semblent même présentés pour amuser la galerie (Guy Brunet est montré en train de faire un film à partir de ses silhouettes naïves, faisant parler des effigies de cartons comme des marionnettes, le public rigole de tant de naïveté...). On amalgame les plus inspirés (Brunet, Donadello, Floch, Vilchis, Belluc) avec des histrions a priori légèrement hystériques et incohérents (Michel "El coyote" Giroud).
De temps à autre des fragments surnagent. Le philosophe Bernard Stiegler (qui sort un livre chez Galilée ces temps-ci) insiste sur l'esprit de résistance à la pensée unique qui se manifeste chez les créateurs autodidactes, ainsi que sur la collectionnite qui caractériserait les travaux et autres objets réunis dans l'art modeste. Un artiste péruvien parle de cette nouvelle forme d'art qu'il pratique - et qui pourrait s'appliquer aussi à l'entreprise de Bernard Belluc - "le collage-archivage". Mais son interview, là comme ailleurs, passe à la vitesse du TGV, on a à peine le temps de le remarquer encore moins de s'en souvenir... Di Rosa, pourtant à l'origine le fondateur du concept d'art modeste, est à peine interrogé. Pascal Saumade, excellent dénicheur de talents populaires contemporains (ex-votos mexicains, imagerie du catch, affiches et portraits naïfs de Guy Brunet, posters faits main pour la publicité de films ghanéens de série Z), fait des apparitions fantomatiques.
Le film n'est qu'un tourbillon de couleurs et de fragments de phrases qui laisse l'amateur de ces formes d'art profondément sur sa faim. Pourtant le concept d'art modeste mériterait mieux, une collection de petits films (posés) sur chacun de ses domaines. On pourrait pousser plus loin l'interrogation à propos de ses diverses sous-catégories. L'art brut est-il un sous-ensemble de l'art modeste? Le terme de "modeste" n'est-il pas dépréciatif pour des Donadello, des Floch, des Guy Brunet, des Alfred Vilchis? Danielle Jacqui à un moment du film a le mérite d'avoir repéré le bât qui blesse, elle le clame avec netteté: "Je ne suis pas modeste, je fais l'Organugamme"... Jacqui pas modeste, ça, on peut dire qu'elle parle d'or. Il est du reste passablement paradoxal que le Musée des Arts modestes lui ait précisément proposé à elle d'exposer son projet en cours, le Colossal d'Art Brut, initialement projeté pour décorer la façade de la gare d'Aubagne (voir son blog en cliquant sur le lien à son nom).
On aurait pu, surtout, laisser parler les créateurs populaires, et laisser de côté les spécialistes de la pensée, si intéressants soient-ils. Mais peut-être veut-on voir le populo sous un oripeau décidément trop modeste?
18/09/2009 | Lien permanent | Commentaires (5)