29/04/2010
Improvisation au Musée de la Création Franche
J'ai reçu l'information ci-dessous du musée de la Création Franche qui s'associe à la manifestation annuelle de "la Nuit des Musées". Faut répondre aux questions sinon vous êtes au piquet et en retenue. Mais trêve de plaisanterie, pourquoi pas? L'idée n'est pas mauvaise et les questions pas inintéressantes. Chacun peut y répondre dans son for intérieur, pas seulement la ligue d'improvisation invitée à tirer la première (on aimerait connaître les "dessins, peintures, sculptures" qui seront "placées sous ses regards"). Si les improvisateurs sont inspirés cette nuit-là, cela peut souffler fort du côté de Bègles le 15 mai.
"Une œuvre doit-elle faire sens commun ? Renferme-t-elle sa vérité ? Y-a-t-il une pertinence du regard ? Pour advenir, l'émotion est-elle assujettie au savoir ?
Esquisses de réponses avec la Licœur Compagnie, ligue d'improvisation.
La Création Franche vous invite à une soirée déambulatoire, le samedi 15 mai, dès 19h30 : trois intervenants évoqueront tour à tour ce que suggère la sélection de dessins, peintures et sculptures placée sous leur regard.
Verrez-vous ce qu'ils verront ?
(La soirée se poursuivra autour d'un verre)."
Joseph Sagués, (ancienne collection de Claude Massé), coll. FCABI, musée de la Création Franche
Musée de la Création Franche, 58, av. du Maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 BEGLES. Tél. : 05 56 85 81 73
15:33 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : musée de la création franche, licoeur, nuit des musées, art singulier | Imprimer
Commentaires
Ne sachant où placer sur le blog la présente intervention, j'ai tapé le mot "Création franche" pour m'accrocher à la dernière notice y consacrée, et suis tombé pile sur cette note justement titrée "Improvisation au Musée de la Création franche". Improvisation. Exactement, nous y sommes. Comment appeler autrement qu'improvisation, tout en restant gentil, la trouvaille qu'a faite celui qui a donné son titre à la dernière exposition de ce bon vieux musée de Bègles, (du 6 juillet au 8 septembre).? J'ai reçu l'invitation il y a quelques jours, et depuis, je bous intérieurement. Il s'agit d'art brut polonais. Louable intention que faire connaître ce qui se fait de ce côté-là au pays de Mickiewicz, de Chopin, de Kantor, de Curie, de Milosz, de Witkiewicz, de Bruno Schulz, de Wojciech Has, de tant d'autres... Mais alors, qu'est-ce qui vous titille, direz-vous? Le titre! Le titre, oui! Ne pouvait-on pas faire autrement que nommer cette exposition : "Les saints de l'art brut"? Ne pouvait-on pas se passer de tomber dans le panneau grossier et grotesque de ce cliché débile et finalement assez malfaisant? Alors, c'est donc cela? On parle de Pologne, alors immédiatement, on pense goupillons, crucifix, Czestochowa et Wojtyla? C'est assez banal, c'est aussi bête que l'histoire du plombier polonais. Mais, Messieurs-dames, réveillez-vous un peu. La Pologne aujourd'hui se déchristianise à grands pas, et de toute façon, rien que la liste absolument limitée donnée un peu plus haut serait là pour vous rappeler (vous informer, hélas, j'ai l'impression, plutôt), que la Pologne, ce n'est pas seulement cette odeur rance de vieille soutane antisémite et papale, mais qu'il existe et a toujours existé dans ce pays, pour le faire et le défaire, comme partout, des libres penseurs, et même, aussi, pas mal de Juifs. Pourquoi perpétuer cette image idiote, somme toute assez récente et conjoncturelle, comme pour rappeler sans cesse au convalescent son ancienne maladie? Alors je m'interroge. En quoi l'artiste brut est-il un saint? Quelle est, après les relents poujadistes sur le bon sens de l'homme du commun qui rôdèrent longtemps autour du concept d'asphyxiante culture (et dont on pensait être bien débarrassé), l'origine de cette nouvelle hagiologie? On pourrait donc mettre un signe d'égalité entre art brut et sainteté? Diable! Diable! Allons, me dis-je, cherchant à me faire l'avocat du diable, ces artistes bruts font peut-être preuve de mysticisme, ou au moins d'extrême bigoterie! Mais si je regarde les quelques exemples de tableaux qu'on aperçoit sur le carton d'invitation de l'exposition, je dois bien me rendre à l'évidence : non rien de tel, à part, sur un tableau, un monument qui ressemble vaguement à une église. Est-ce suffisant? Non, beaucoup moins de mysticisme apparent que chez certains Italiens, notamment.
La vérité est ailleurs, elle est toute bête, elle est toute triste. C'est la facilité, le cliché, l'attirance vers le poncif, la méconnaissance du sujet. Quelqu'un, là-bas, entre les vignes du Seigneur et celles de la Gironde , s'est dit : "Pour la Pologne, qu'est-ce que je pourrais bien inventer. J'y suis! Y avait bien un pape polak, dans le temps! Va pour les saints! Et zou, ça ira bien, foi d'Aquitain!" Asphyxiante inculture...
Écrit par : Régis Gayraud | 04/07/2013
Répondre à ce commentaireEntièrement d'accord avec vous, M. Régis. On a sorti l'auréole pour ne pas avoir à se casser le cul. Si l'intitulateur avait réfléchi à deux fois, il se serait dit qu'un artiste brut, déjà, ce n'est jamais très sain, vu le nombre de ceux qui ont fini à l'asile... Pour ma part, je lui proposerai bien de se racheter – vous noterez le vocabulaire poisseux de la rédemption – en organisant une exposition thématique sur les «Seins de l'art brut». Voilà qui remplacerait avantageusement l'auréole par l'aréole.
Écrit par : Félicie Corvisart | 05/07/2013
Répondre à ce commentaireC'est pas très fin comme jeu de mots, je trouve moi. Vous vous croyez tellement plus saine miss félicie aussi?
Écrit par : Bouboule | 05/07/2013
Une précision: l'exposition ne s'appelle pas "les Saints de l'art brut", comme écrit par M. Régis, mais "les Saints de l'art polonais", ce qui ne change rien à l'affaire, en fait. Ca va même encore plus dans le sens du fameux signe d'égalité entre arti brut et sainteté que pointait notre ami. Bien sûr qu'il a raison. La Pologne ultracatholique, il faut nuancer, en effet. Elle n'y est pas Comme partout où le catholicisme a été très fort, l'anticléricalisme et surtout l'hérésie l'ont été aussi. Le retour des curés dans les anciens pays de l'Est, avant tout, c'était comme la multiplication des vieux microbes au moment du dégel. Tout ce qui a été mis au congélo pendant toutes les années staliniennes est ressorti plus fort en apparence, mais maintenant, c'est en train de fondre à grande vitesse. Quant à la liste des Polacs de M. Régis, j'y ajouterais bien Copernic. Chanoine il fut, certes, mais quel chanoine... tellement peu dans la ligne qu'il a failli se faire rôtir les pieds, avec sa drôle d'idée de faire tourner la terre autour du soleil.
Écrit par : Isabelle Molitor | 05/07/2013
Répondre à ce commentairePour permettre une autre approche, je vous renvoie à la note que je viens de mettre en ligne aujourd'hui, il y a quelques minutes, vendredi 5 juillet, veille du vernissage où j'aurais dû aller mais auquel un petit pépin m'empêchera finalement d'assister.
Écrit par : Le sciapode | 05/07/2013
Répondre à ce commentaireÉcrire un commentaire