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28/09/2010

Il faut sauver la Villa Verveine

 

    Incroyable nouvelle, le maire du bourg d'Ault a envoyé récemment une sommation à Mlle Caroline Dahyot de devoir diligemment recouvrir les fresques qu'il ne saurait voir dessus le mur de la maison dont elle est propriétaire...! Invoquant un code de l'urbanisme auquel personnellement je ne connais pas grand-chose il est vrai, mais qui prescrirait à tout un chacun de ravaler sa façade régulièrement. Ce qui n'est pas le problème avec la façade peinte par Caroline dans sa bonne ville, oeuvre artistique de qualité fonctionnant comme une enseigne pour la profession de la gente dame. Le mur est correctement ravalé, et enrichi par la fresque qui s'y trouve.

Photo façade VERVEINE.jpg

Vue de la façade de la Villa Verveine de Caroline Dahyot à Ault, 2010

 

   Ault, personnellement je n'en avais jamais entendu parler (et je parie que nombre de mes lecteurs étaient dans le même cas!), si je n'étais pas tombé sur l'oeuvre de Caroline Dahyot, plusieurs fois exposée, et notamment récemment au festival Art et Déchirure à Rouen. Contactée, cette gente personne m'a parlé en premier lieu de son port d'attache qu'elle paraît fort aimer, en des termes qui m'ont tout de suite donné envie de visiter le bourg (c'est entre Le Tréport et Amiens grosso modo). Si l'on empêche Caroline Dahyot de s'exprimer, ce sera donc une chance de moins pour le tourisme culturel en direction de cette station picarde. Est-ce donc là le but visé, madame le maire?

   Je parie que cette élue n'est en outre pas au courant qu'ailleurs en France on peut voir de nombreux sites d'art en plein air, créés par des artistes autodidactes ou professionnels, c'est varié, et que ces sites ont fait l'objet de nombreux ouvrages, et aussi de classement au titre des monuments historiques (le Palais Idéal du facteur Cheval dans la Drôme, la maison en mosaïque de Picassiette à Chartres, la ferme aux avions d'Arthur Vanabelle dans le Nord, dont une maquette a été réalisée pour les besoins de l'exposition qui vient d'ouvrir tout récemment dans le nouveau musée d'art moderne et d'art brut de Villeneuve-d'Ascq, etc., etc.). A Montauban, dans les années 1980, les murs d'un immeuble situé dans une ruelle avaient entièrement été peints à la fresque par une dame qui y habitait (Amélia Mondin). Personne n'y avait rien trouvé à redire. Serait-on plus intolérant à Ault qu'à Montauban?

     Si l'on donne du temps à la fresque sur rue de Caroline Dahyot, qui sait si le même phénomène de reconnaissance par les monuments historiques, ou simplement avant cela, par les guides touristiques, ne se produira pas à Ault? Il serait dommage que ce bourg reste uniquement connu pour être le siège d'une atteinte à la liberté d'expression monumentale...

 

Voici une petite vidéo tirée de récentes actualités de F3 Picardie, rubrique "insolite"...

 

 

    Que peuvent apporter à l'estimation juste d'une oeuvre d'art peinte sur une maison les témoignages de gens visiblement incompétents pour en parler? Limites du micro-trottoir! Ne serions-nous pas ici aux frontières de la démagogie, voire du populisme?

     Il est urgent et nécessaire de se mobiliser pour aider à la sauvegarde de cette façade. une pétition a été mise en ligne par Caroline Dahyot et ceux qui la soutiennent. Veuillez cliquer sur ce lien.

Commentaires

Je sors de ma grotte pour accéder à internet (à mon âge, ce n'est pas à faire!) et trouver le site de B. Montpied. Vraiment passionnant surtout sa vision transversale et non autistique d'une pratique vitale. Cela change en Occident! Il suffit de lire "Par-delà nature et culture " de PH. Descola (Gallimard).
A bientôt.

Écrit par : versubtil | 28/09/2010

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Le lien pour accéder à cette pétition semble brisé, nous indique le serveur...
Que l'on aime ou n'aime pas les fresques de Mlle Dahyot, cette injonction du maire pose le problème de la liberté de décorer la façade et le jardin de sa maison à son goût. En dehors des zones dites protégées (secteurs classés par les monuments historiques ou autres institutions), où, je suppose, la réglementation doit être stricte (couleur des façades et volets, matériaux utilisés pour la toiture, etc.), qu'en est-il réellement de cette liberté ? Si les tags et plus généralement le Street Art "sauvage" est officiellement interdit sur les bâtiments publics ou sur la façade de l'immeuble de nos voisins (sauf leur accord, peut être) qu'en est-il de la législation en ce qui concerne notre propriété ? Quelqu'un le saurait-il ici ?

Écrit par : RR | 28/09/2010

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Je ne saurais mieux dire que RR cependant :

Sans doute est-il plus facile pour la mairie de faire acte d'autorité sur une fresque revendiquée (que je ne trouve pas terrible personnellement, mais ce n'est pas le sujet) que sur les dégradations type "tags" qui bien que se voulant des signatures restent anonymes, peut-être aussi plus facile de s'attaquer à une femme qu'a un lascar...

On peut imaginer aussi imaginer sans peine que la ville doit être défigurée par des panneaux publicitaires, des enseignes commerciales de la plus grande laideur qui soit qui cependant sont légales bien qu'illégitimes !

Écrit par : Cosmo | 28/09/2010

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Merci RR et Cosmo d'avoir relevé l'erreur dans le lien vers la pétition. Je l'ai désormais corrigé. Les signataires en puissance peuvent ainsi choisir de cliquer sur le lien de la note ou sur le lien du commentaire de Cosmo au choix.

Écrit par : Le sciapode | 28/09/2010

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Soutien inconditionnel à l'art populaire authentique ! Honte aux faiseurs de l'art contemporain, aux Murakami et autres Koons, que nous impose une camarilla de communicants incultes !

Écrit par : L'aigre de mots | 01/10/2010

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Vous souvenez-vous, dans les années 1980, d'une célèbre affiche d'Amnesty International qui reprenait un dessin du merveilleux dessinateur satirique dissident Syssoïev? On y voyait la rue grise d'un village morne où toutes les maisons étaient absolument semblables dans leur sinistrose, sauf une, colorée et accompagnée d'un petit jardin. Bien sûr, le propriétaire de cette maison était ramassé par une quelconque police politique pour expier son ignoble forfait - être différent, le montrer - et tout le monde de comprendre immédiatement qu'il s'agissait là d'une critique de la manière dont les droits de l'homme étaient bafoués dans les régimes totalitaires. Edifiant de constater comment aujourd'hui, à Ault et partout où sévissent des édiles apeurés devant l'imaginaire individuel, on peut rendre à cette affiche son sens propre, son premier degré. Edifiant de constater qu'un stalinien bon teint peut dormir en chacun de ces notables qui outrepassent leurs fonctions jusqu'à vouloir juger de ce qui est beau. Rasons les centres commerciaux, détruisons ces chancres architecturaux dont ces mêmes édiles adorent ceindre leurs communes, et que mille maisons comme celle de Caroline Dahyot fleurissent dans la morne, boueuse et lyrique campagne picarde où les hideuses croix des cimetières militaires lancent un défi perpétuel aux vols de corneilles.
Siger du Haryag

Écrit par : Siger Du Haryag | 03/10/2010

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Nous avons ici l'occasion de constater à quel point l'homme de la rue peut être aussi autre chose que "l'homme du commun" chéri par l'intellectuel Dubuffet, à savoir un animal prêt à mordre, ne connaissant que l'esprit de la meute et la loi du lynch. Panurge a hélas encore de beaux jours devant lui. Mort à Panurge! Et vive ceux qui déplacent (et bousculent) les lignes...

Écrit par : Le sciapode | 04/10/2010

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