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24/04/2011

Séminaire d'art brut au Collège international de philosophie, intervention du 28 avril

     Barbara Safarova est partie pour six années de séminaire autour de l'art brut. Jeudi 28 avril, elle m'invite en compagnie de Baptiste Brun (du CrAB aux pinces pas encore en or) à m'exprimer sur les rapports qu'entretiennent l'art populaire et l'art brut. Chacune de nos interventions devrait durer dans les 30 à 40 minutes, le tout devant être suivi d'un petit débat, la séance étant prévue pour durer de 18h30 à 20h30.

 

 Katarina Detzel,1872-c 1939,extrait catalogue la Beauté insensée.jpg

Katarina Detzel et sa poupée masculine grandeur nature, photo extraite du catalogue de l'expo La Beauté Insensée, DR

 

    Après de courts préliminaires consacrés aux définitions, je devrais partir dans un sinueux zapping proposant diverses rubriques, spiritisme et univers populaire, dénégation de paternité, différences, point commun, érotisme, masques et carnaval, poupées, formes naturelles et créativité bruto-populaire, épouvantails, poyas et peintres d'alpage, ombres et silhouettes, Wölfli, les tatouages, la broderie, la question de la copie et du détournement, le cas Maugri... M'est avis qu'on me coupera la chique avant que j'arrive au bout!

 

 Sylvester klaüse, les laids, des femmes avec clochettes.jpg

Syvester klaüse d'Urnasch dans le Massif du Santis, en Suisse, femmes sauvages (en l'occurrence) sortant en procession à l'occasion des fêtes autour de la Saint-Sylvestre, photo extraite du livre d'Yvonne de Sike, Fêtes et croyances populaires en Europe, au fil des saisons, éd. Bordas, DR  

 

Rendez-vous donc jeudi 28 avril au Centre Parisien d'Etudes Critiques, 37 bis, rue du Sentier, Paris 2e ardt, Salle 2, 18h30-20h30. ENTREE LIBRE. 

23/04/2011

Mère et fille

Ma-man...jpg

Caroline Dahyot, Maman..., sans date?, ph Bruno Montpied

     Voici maman, mais laquelle? Celle de l'auteur, ou celle de la fille de l'auteur, si bien que cette mère aux cheveux rouges et à la bouche également purpurine, que l'écarlate borde avec sa fille, d'un ourlet de sang serpentin comme une algue, pourrait être aussi bien l'auteur du dessin, Caroline D., les yeux remplis d'une lueur comme légèrement égarée? La petite fille apparemment sage sur les genoux de sa mère qui la protège, regarde le spectateur du fond du nid-bunker de son quant à soi fortifié par un mur de cheveux. Elle semble bien précoce pour une petite fille (décidément, où est donc la mère dans cette peinture? Ne serait-ce pas aussi la fille qui est chargée d'être la mère de la mère? Dans cette oeuvre, les rôles semblent pouvoir permuter à volonté). Ce sont des dames de cœur toutes deux à ce qu'il paraît. Mais que dit cette lueur dans les yeux découpés de la mère, empruntés à une autre image on dirait, et que murmure l'ardente observation dans le regard de la fille? 

Projection à Montmartre

Figure aperçue à Montmartre,sept10.jpg

Bruno Montpied, Figure interprétée sur photo numérique floue un soir à Montmartre, septembre 2010 

La Casa Leitao, quelques mètres cube de création pour soi, et de temps en temps pour les autres

    Grâces soient rendues à Laurent Jacquy qui a eu la gentillesse de m'emmener dans sa petite auto dériver sur les routes de la Somme. Il m'avait parlé l'air de rien d'un monsieur qui faisait "des choses" dans une sorte d'appentis ou de garage qu'il avait vu ouvert en filant sur une route non loin d'Abbeville sans pouvoir s'arrêter. Or, chaque fois qu'il repassait, comme de juste, le lieu était fermé. Le dieu des sites d'art brut me secondant généralement avec constance depuis pas mal de temps, il fallait me charger dans la petite auto!

 

José Leitao devant la casa Leitao, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, citoyen d'origine portugaise, sur le seuil de son atelier avec un Toutankhamon sur le feu, la "Casa Leitao", ph. Bruno Montpied

 

     Cela n'a pas loupé, le monsieur avait ouvert sa boutique (mot pas du tout idoine comme on le verra), comme exprès pour nous ce jour-là. On aurait dit qu'il nous attendait, sculptant un Toutankhamon sans trop d'application.

 

José Leitao,angle de l'atelier, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, les premières statues, ph Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, première photo ci-dessus, un angle de l'atelier-garage avec ses dizaines d'effigies sculptées entassées et couvertes de poussière ; deuxième photo ci-dessus, prés du cadre doré, les premières sculptures des femmes imaginaires, dont une joueuse de boules nue, sorte de Fanny?, ph BM

 

     Sacrée caverne d'Ali Baba que nous découvrîmes là! Dans un cube sombre, où une chatte ne retrouverait pas ses petits, José Leitao entasse au garde à vous ou en rangs d'oignon des dizaines et des dizaines de statues venues d'on ne sait trop quelle inspiration, mixant probablement plusieurs références - madones chrétiennes polonaises (un souvenir du sanctuaire de Jasna Gora à Czestochowa)?Madone du sanctuaire de Jasna Gora.jpg José Leitao, statuettes de madones chrétiennes dans un angle de l'atelier comme dans une grotte, ph. Bruno Montpied, 2011.jpgRéminiscences d'idoles hindoues? Statues africaines? Pièces de jeu d'échec géantes? Hermaphrodytes? Symboles islamiques (et pré-islamiques)? Têtes pharaoniques? - au sein d'un syncrétisme abandonné à la poussière et aux toiles d'araignée, il était difficile de se faire une religion.José Leitao, deux pièces comme des pions géants de jeu d'échec, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg Ayant découvert le talent de ciseler à peu près tout ce qui lui passe par la tête (souvent des femmes, et des mains de Fatima, parfois saignantes, et des symboles) au moment de sa retraite, après une vie passée comme travailleur dans une usine textile de la région - à présent abandonnée - José Leitao a eu l'air de nous dire que cette révélation lui avait paru trop tardive pour pouvoir l'autoriser à s'en faire un nouveau métier.José Leitao,plusieurs exemplaires variés de mains de Fatima, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg Si bien qu'il sculpte sans cesse pour lui-même avant tout, refusant opiniâtrement de vendre ces effigies qui lui donnent tant de plaisir à l'entourer ainsi, enserrant et cernant chaque jour un peu plus son modeste établi.

 

José Leitao au milieu de ses nombreuses khomsa (mains de Fatima), ph. Bruno Montpied.jpg

José Leitao vous salue bien, ph. BM

 

     On n'est pas dans une boutique donc. L'atelier bâille sur la route, l'ancien ouvrier sculpte au vu et au su de tous, populaire dans la région, où de nombreux articles de la presse régionale lui ont déjà été consacrés, parfois plus centrés sur les trois oies qui le suivent comme des toutous (alors que pour tout autre que lui elles n'ont que pincements cruels à distribuer) que sur ses étonnantes œuvres hésitant entre art naïf et art brut. Ce dernier pourrait en effet s'appliquer ici en raison du syncrétisme et des croisements de réminiscences culturelles mixées de façon originale. Certaines compositions, où Leitao a assemblé des objets sans rapports évidents (un cheval cabré et une main de Fatima par exemple ; une main de Fatima soudée à un front ; des empilements de têtes, des figures sans signification précise), relèvent d'une inventivité que l'on peut associer à l'art brut. Et puis il y a cette création très égocentrée, ce paradoxal désir de se montrer et de refuser dans le même mouvement de se séparer de ses œuvres (quoique ce refus ne soit pas si hermétique, son épouse nous confiera que le créateur fait parfois des dons). La poussière saupoudre d'ailleurs nombre des statues de son talc blanc, patine propre aux œuvres que l'on garde pour soi...

 

José Leitao,nombreuses  statues abandonnées à la poussière, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

Surpopulation au pays des effigies... Et puis, tiens?, que fait ce dinosaure ici...? Ph. BM

 

    Et puis, comme un clin d'oeil à mes propres inclinations, j'ai retrouvé ici des sirènes multiples.

 

José Leitao,sirène au buste voilé rose, ph.Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao,sirène, ph.Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, sirènes, ph.BM

 

      

14/04/2011

Dictionnaire du poignard subtil

Poignard subtil.jpg

PRESBYTE:

    Etre presbyte à Serqueux (Seine-Maritime), ça doit faire mal.

10/04/2011

Les beaux dimanches, un nouveau blog, par Laurent Jacquy

     Ah, que je suis content ce matin d'avoir enfin trouvé le temps d'aller me promener sur le blog récemment créé (en février 2011) de Laurent Jacquy dont j'ai déjà parlé ici et . "Les beaux dimanches", que cela s'appelle. "Une chose en amenant une autre" est le sous-titre et le programme du blog fonctionnant par association d'idées, très bon concept adapté à la forme des blogs qui incite à être primesautier, à sauter du coq à l'âne perpétuellement, entraînant leurs lecteurs dans un vagabondage infusant progressivement dans une atmosphère d'onirisme éveillé.

 

laurent jacquy,les beaux dimanches,travailler tue

Carte postale réalisée par Laurent Jacquy d'après photos de Gilles Ehrmann (pour Picassiette à sa fenêtre) et ancienne carte postale du facteur Cheval, titre de la carte: "En gîte à Chartres", 2011

 

      Laurent Jacquy paraît être un chineur invétéré (d'où peut-être les beaux dimanches de découverte?), et le créateur de cartes postales par photomontage concentrées sur les aventures imaginaires du facteur Cheval, voir la dernière ci-dessus. Il est collectionneur aussi de divers objets, sculptures et peintures naïves, ou naïvistes décalées (je pense notamment aux sculptures représentant des personnages célèbres de son copain Yann Paris, dont un portrait pris au musée de la Création Franche figure sur le blog), photographe de sites d'art brut (j'ai découvert ainsi un nouvel environnement situé dans le village poétiquement nommé "l'Etoile" dans la Somme, sommet de poésie naïve) dont celui de Bohdan Litnianski qu'il contribua à faire connaître avec le livre Le jardin des merveilles de Bodan Litnianski aux éditions Vivement dimanche en 2004.

 

laurent jacquy,les beaux dimanches,travailler tue

Photo Laurent Jacquy

 

     Sur son blog, riche de trouvailles en tous genres (musicales, publicitaires, petites publications curieuses retrouvées comme une collection du Cahier de Marottes et Violons d'Ingres dont j'avais entendu autrefois parler par le docteur Ferdière qui y avait collaboré par un article sur des objets de la poésie naturelle, bois flottés, etc.), je me suis longuement arrêté en particulier sur son album de photos consacrées à de vieilles affiches publicitaires naïvement dessinées cherchant à prévenir les travailleurs de l'industrie des divers types d'accidents du travail possibles. L'ensemble, mis bout à bout, compose un panorama qui ne donne pas très envie d'aller travailler. Laurent Jacquy a du reste intitulé avec sagacité la note qui introduit ce dossier: "Travailler tue"...

 

laurent jacquy,les beaux dimanches,travailler tue

Affiche publiée sur le blog Les beaux dimanches

 

    Dès maintenant, j'ai la joie d'ajouter ce blog cousin du Poignard à la liste déjà longue des blogs dont je ne saurai trop encourager mes fidèles (ou moins fidèles) lecteurs à faire la visite.  

09/04/2011

Les Jardins anarchiques (rappel et actualités)

     Petit rappel: nouveau rendez-vous sur Radio-Libertaire, ce samedi 9 avril à partir de 21h jusqu'à 23h dans l'émission "Les Jardins d'Orphée" animée par Anita Fernandez. Remy Ricordeau et Bruno Montpied, chacun dans un espace délimité, y sont à nouveau invités, dans la première heure (21h-22h). C'est l'occasion de parler des jardins anarchiques et du gazouillis des éléphants sous de nouveaux angles et avec d'autres accents.

Eloge des jardins anarchiques au lit

    De son côté la diffusion du livre continue de s'étendre. Nouvelles librairies parisiennes où l'on peut le rencontrer: l'Arbre à lettres à RépubliqueEloge des jardins anarchiques à la librairie L'arbre à lettres, République entre un livre sur la tulipe et un autre sur la poétique des jardins (on sent que les libraires hésitent sur les emplacements), L'Ecume des pages (où il est quelque peu marginalisé dans le rayon arts au-dessus d'un rayonnage spécial art brut) à St-Germain-des-Prés, L'Eloge  dans la librairie L'Ecume des pages, avril 2011 aux Oiseaux Rares, rue Vulpian, dans le XIIIe ardt. On l'a également vu dans un des trois espaces de la librairie L'Atelier, rue du Jourdain dans le XXe, celui qui s'appelle l'Atelier d'à côté, consacré plus spécifiquement aux livres d'art, ainsi qu'à la librairie du centre culturel appelé le 104 dans le XIXe ardt.  

07/04/2011

Gilles Ehrmann une expo rue Monsieur-le-prince pour flâneurs des deux rives

      Vous êtes conviés jeudi 7 avril à partir de 18 heures au vernissage de l'exposition Gilles Ehrmann, Champs de force à la librairie Le Flâneur des deux rives. (Il s'agit apparemment de photographies de reportage, oeuvres moins connues de Gilles Ehrmann, comme ces splendides rochers zoomorphes de Ploumanach qu'il me semble reconnaître sur la photo de l'affiche ci-dessous).

GillesEhrmann Affiche le flâneur des 2 rives.jpg

     Exposition du 5 avril au 14 mai, Librairie-Galerie Le Flâneur des deux rives. 60, rue Monsieur-le-Prince, (6e). RER Luxembourg. M° Odéon. 01.46.33.45.52. Du mardi au samedi de 11h à 19h30. Le dimanche de 15h à 19h. Entrée libre.

03/04/2011

De qui, d'où, cette "madone"?

     Monsieur Laurent Le Meur m'a adressé récemment la photo d'une statue de 35 cm de hauteur retrouvée par lui dans un dépôt d'Emmaüs du côté du Mans, elle était alors recouverte de noir de fumée, personne ne sachant d'où elle provenait. Partageons-là, au moins en image, et interrogeons-nous sur son origine et son identité, si vous le voulez. Qu'en penser?

 

Statuette anonyme sans indication d'origine, une Madone? Photo Laurent Le Meur.jpg

Photo Laurent Le Meur

 

     J'y vois personnellement une madone, qui me fait vaguement songer à des statuettes éthiopiennes chrétiennes. Et puis dans un second temps, j'en viens parfois à douter, une imitation, un faux? Une statuette d'art singulier, le visage étant par trop simple...? Mmonsieur Le Meur y voit pour sa part une statue qui "dégage de la sérénité et du bonheur, ressemblant à une idole de croisement de civilisations". Bonheur, je ne sais pas, mais croisement de civilisations, pourquoi pas en effet...

 

Statuette anonyme, ph. Laurent Le Meur.jpg

Photo Laurent Le Meur