15/07/2022
André Devambez, pour en voir plus, au Petit Palais, cet automne...
Cet André Devambez, qui nous avait intrigués au musée des Beaux-Arts de Rennes, moi et mon camarade Régis Gayraud, en 2017, m'avait poussé à mettre en ligne sur ce blog quelques images insolites incitant à en découvrir davantage. Les vues plongeantes de ce peintre, très en avance sur son temps, les illustrations de livres pour la jeunesse frappaient l'attention. Voici, pour ceux de mes lecteurs qui voudraient comme moi en savoir, et en voir, plus, que le Petit Palais à Paris a eu l'heureuse idée de faire venir une exposition (qui s'est tenue à Rennes du 5 février au 7 mai 2022), pour cet automne, du 9 septembre au 31 décembre 2022 : "André Devambez, vertiges de l'imagination", cela s'appelle. Pour en savoir plus, on va là... C'est l'occasion, en plus de la découverte d'une peinture solide, de partir en balade dans une imagerie narrative, liée à l'illustration, notamment celle qui était destinée à la littérature jeunesse dans les années du début XXe siècle, qui a gardé beaucoup de charme jusqu'à aujourd'hui.
André Devambez, Gulliver en tournée à Lilliput, 1909, coll. partic. galerie Talabardon et Gauthier.
André Devambez, le Dirigeablobus, 1909 ; photo RMN-Grand Palais - Adrien Didierjean.
André Devambez faisant une grimace.
13/04/2020
Un autre tableau de ce peintre et illustrateur méconnu appelé Devambez
André Devambez, Sur le quai, 1910 ( image que j'ai grandement éclaircie ; musée départemental de l'Oise, Beauvais?)
Et un portrait du peintre (qui était aussi un remarquable illustrateur pour la jeunesse) :
Posant devant le tableau que j'ai reproduit dans ma note sur la tour Eiffel à travers l'art populaire...
Et pour continuer, voici un autre tableau étonnant, intitulé La Charge, qui est dans les réserves du musée d'Orsay (j'y suis passé juste avant le confinement, et il n'était en effet pas exposé – à ce qu'il m'a semblé du moins, car je n'ai pas tout radiographié des collections permanentes) ; en l'absence de la liberté de visiter les musées, où tant de trésors nous attendent, je pense agréable de fournir cette vue (prophétique de ce qui pourrait arriver en cas de trop long confinement?)... :
André Devambez, La Charge, 1902-1903, musée d'Orsay.
21:15 Publié dans Art moderne méconnu, Littérature jeunesse, Questionnements, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : andré devambez, métro, heure de pointe | Imprimer
07/04/2020
La tour Eiffel, horizon pour aspirants aux chimères
La célèbre Dame de fer qui symbolise la ville de Paris a été reproduite à l'infini, notamment par (et chez) ceux qui sont eux aussi des sortes de bâtisseurs de rêve au petit pied, à savoir les habitants-paysagistes naïfs ou bruts, ayant laissé derrière eux maints jardins et environnements spontanés et insolites. L'art populaire aussi en est particulièrement hanté, son aspect de tour de Babel pointée vers l'infini plongeant dans une rêverie hantée de chimères tous les amateurs de travaux d'Hercule interminables. C'est un modèle insurpassable dans la direction duquel ils se doivent d'aller... Ils en perçoivent immédiatement l'absolue inventivité, le prodige de sa technique révolutionnaire pour l'époque (une architecture de fer, sa forme "babélienne").
Henri Travert (ancien ouvrier) et sa tour Eiffel (une quinzaine de mètres de haut environ), à L'Aunay des Vignes, Fougeré, Maine-et-Loire, photos (vue générale et détail avec les fers à cheval soudés qui composent la tour..) Bruno Montpied, 2003 et 1991.
Une représentation de la tour par un fils d'Henri Travert, peinture et assemblage de baguettes de bois sur panneau.
J'y repensais ces derniers jours après avoir reçu de M. Philippe Didion (j'en profite pour le remercier) la photo de la tombe d'un certain Claude Maudeux, maire de sa commune, dans le cimetière creusois de Vigeville, couverte par la maquette d'une autre tour Eiffel comme de juste, placée là non seulement par admiration pour les maçons creusois qui bâtirent tant de bâtiments célèbres de Paris, mais aussi pour faire la nique aux symboles religieux des sépultures voisines (l'anticléricalisme étant chose bien partagée dans le Limousin)...
Photo Philippe Didion, 2019.
La tombe à la tour Eiffel, ph. Philippe Didion, 2019.
Elle me fait penser par association d'idée à une autre maquette de tour, placée cette fois plus en hauteur, en tant qu'épi de faîtage, en Ille-et-Vilaine, telle qu'elle a été dévoilée dans le catalogue d'une ancienne exposition de l'Ecomusée du pays de Rennes (2010-2011) "Compagnons célestes, épis de faîtage, girouettes, ornements de toiture" (édité par Lieux dits en 2010).
Epi de faîtage à Plerguer, photo Norbert Lambart.
Chez les habitants-paysagistes naïfs ou bruts aimant animer leurs espaces intermédiaires entre habitat et route – une bonne partie d'entre eux le font pour le public des passants dans une communication immédiate avec leur voisinage, sans penser aux prolongements médiatiques que cela peut induire... –, des tours Eiffel surgissent de temps à autre telles des mascottes.
Tour Eiffel d'André Bindler à l'Ecomusée d'Alsace à Ungersheim près de Mulhouse, ph. B.M., 2013.
André Hardy (à Saint-Quentin-les-Chardonnets, Orne) avait confectionné au moins deux tours Eiffel, une dans chaque partie de son jardin, en voici une, coincée entre autruche et bœufs, ph. B.M., 2010.
Joseph Donadello a lui aussi réalisé à Saiguèdes (Haute-Garonne) une tour, parmi de nombreuses statues et autres monuments recréés naïvement, ph. B.M., 2008.
Emile Taugourdeau (Sarthe), dans son jardin aux 400 statues (environ, et non pas 900, comme dit Mme Taugourdeau dans Bricoleurs de paradis...), à côté de Bernard Hinault, avait installé une tour..., ph. B.M., 1991.
Jean Grard, à Baguer-Pican (Ille-et-Vilaine), avait sculpté une tour qu'il avait appelée la Picanaise (une version régionale de la tour, en somme) et où il avait installé des personnages aux yeux faits de billes, ph. B.M., 2001.
Marcel Dhièvre, sur sa maison à Saint-Dizier (Haute-Marne) qu'il avait nommé "Au petit Paris", avait, entre autres thèmes, lui aussi évoqué la tour Eiffel, ph. B.M., 2013.
Peut-être la plus extraordinaire des tours Eiffel, celle de Petit Pierre (Pierre Avezard) telle que conservée dans le parc de la Fabuloserie, à Dicy, dans l'Yonne, où a été sauvegardé son "Manège" (constitué d'autres réalisations étourdissantes d'ingéniosité naïve), en provenance du site originel qui était à la Faye-aux-Loges dans le Loiret ; cette tour fut bâtie par son auteur ayant grimpé à l'intérieur jusqu'à son sommet ; ph. B.M., 2015.
Tour Eiffel d'un certain Perotto à Darney (Vosges), parmi d'autres maquettes de monuments recréés, ph. B.M., 2016.
Une tour Eiffel très stylisée, en mosaïque, créée par Aldo Gandini à Montrouge (Hauts-de-Seine), ph. B.M., 2012.
En dehors des créateurs d'environnements spontanés, on trouve aussi chez certains auteurs d'art brut, ou d'art naïf et populaire, des effigies de la fameuse tour, réalisées à plat ou en volume.
Arsène Vasseur, meuble original d'hommage à la tour Eiffel, réalisé dans sa maison à Amiens (Somme), et conservé au Musée de Picardie.
Anonyme, vue de la tour Eiffel (peinture et gravure sur panneau de bois en léger relief), avec l'ancien palais du Trocadéro en fond vraisemblablement (à moins que ce ne soit l'Ecole militaire?), ph. et coll. B.M.
Détail d'une enluminure naïve d'Augustin Gonfond, extraite du Livre de communion de sa fille Joséphine, 1890.
M. Manilla, tour Eiffel en os et têtes de mort, calavera en zincographie, Musée national de l'estampe, Mexico ; tradition populaire mexicaine.
Rochelle, scène de mariage semblant se passer au début du XXe siècle à Paris (présence de soldats en pantalons garance (un garde suisse est aussi présent, mais il y en a eu jusque vers 1950 à Paris), dirigeable d'un certain type dans le ciel), mais peinte peut-être après 1920, car il s'agit là d'une huile peinte sur de l'Isorel, matériau apparu après cette date apparemment ; une tour Eiffel en arrière-plan signe la ville où se déroule l'action ; ph. et coll. B.M.
Miguel Hernandez, Les crêtes de Paris, 55 x 46 cm, huile sur isorel, 1951.
Virgili, tour Eiffel, ancienne collection de l'Aracine, aujourd'hui au LaM de Villeneuve-d'Ascq.
Joseph Donadello, autre effigie de la tour (datée de 1899, probablement par erreur, si Donal pensait à sa date de construction, 1889), cette fois à plat, parmi ses collections de peintures personnelles, ph. B.M., 2015.
Anonymes, carte postale ancienne, une tour probablement éphémère, bâtie pour une fête de bienfaisance en 1928 à Oyonnax.
Tour Eiffel en osier, Ecole nationale d'Osiericulture, Fayl-Billot (Haute-Saône), ph B.M., 2007.
Moins connue peut-être, il existe une tour Eiffel souterraine! En mosaïque d'ossements, dans les Catacombes parisiennes, ce qui la rapproche de l'estampe populaire mexicaine ci-dessus.
Enfin, pour ne pas fatiguer outre mesure nos lecteurs, terminons sur deux images véritablement inattendues, d'abord celle ci-dessous...
Cherchez la tour... parmi cette panoplie d'accroche-tableaux qui étaient encore récemment présentés en devanture de la boutique Sennelier sur les quais de la Seine.
Enfin, il fallait y penser, mais "ils" y ont pensé, les marchands de sex-toys du quartier de Pigalle à Paris, il fallait à l'évidence réunir les souvenirs touristiques de Paris aux jeux sexuels qui font l'apanage bien connu de ce quartier, l'aspect phallique de notre monument de fer y inclinant naturellement...
Godemichets en forme de tours Eiffel, pour bien la sentir passer..., ph. B.M., 2016.
Dernière image – car je me suis dit qu'elle manquerait par trop à cette note, qui nous la donne à voir sous différents regards - il me paraît judicieux de montrer ce que regarde la tour, elle... Du moins, comme ci-dessous, lorsqu'elle se tourne vers le nord-ouest, dans un tableau à l'étonnante perspective aérienne, véritablement fourmillant de détails... qui sont autant de petits hommes...
André Devambez (1867-1944), vue de la tour Eiffel, l'exposition de 1937 (le palais de Chaillot au fond de la perspective), Musée des Beaux-Arts de Rennes.
12:45 Publié dans Anonymes et inconnus de l'art, Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Danse macabre, art et coutumes funéraires, Environnements populaires spontanés, Erotisme populaire, Paris populaire ou insolite | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : tour eiffel, art naïf, art brut, environnements populaires spontanés, joseph donadello, arsène vasseur, miguel hernandez, art populaire mexicain, sculpture en osier, catacombes parisiennes, augustin gonfond, virgili, petit pierre, aldo gandini, andré hardy, marcel dhièvre, jean grard, emile taugourdeau, andré bindler, épis de faîtage, art funéraire, anticléricalisme, claude maudeux, andré devambez | Imprimer