07/09/2017
Une exposition consacrée à Marcel Vinsard dans le cadre de la 7e Biennale Hors les Normes de Lyon
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Exposition de Marcel VINSARD 14 septembre au 20 octobre 2017
Taxis Lyonnais
(où, paraît-il, quelques statues seront présentées dans les bureaux, mais aussi, initiative plus étrange, dans un vieux taxi - qui devrait peut-être circuler dans Lyon??)
Lundi au vendredi : 10h-12h / 14h-18h, 83, Rue Jean Jaurès – 69500 Bron T2- arrêt Bron Hôtel de Ville
Dans le cadre de la 7e Biennale Hors-les-Normes de Lyon (aux dates variées selon les événements dont elle est partenaire), va se tenir une exposition consacrée aux pièces sculptées par Marcel Vinsard, le créateur d'un environnement de mille statues, naguère installé à Pontcharra en Isère, et qui a été démantelé à l'été 2016, après sa mort survenue en juillet de la même année.
Démantélement du site de Marcel Vinsard, ph. Fatimazara Khoubba en août 2016 ; on aperçoit, très abîmé, au centre du cliché un portrait de Gérard Depardieu tout ruiné...
Le même portrait de Depardieu du temps de sa "splendeur"; Marcel Vinsard collait souvent dans un coin de ses compositions des photos de ceux qui lui avaient servi de "modèles", ph.B.M., 2013.
Les animateurs de l'association La Sauce Singulière, Loren, Jean-François Rieux et autres, prévenus par le sculpteur Jean Rosset, qui est de la région, connaissaient comme moi cet environnement, et ont eu le temps de récupérer environ deux cents pièces. De mon côté, j'en ai récupéré quelques-unes aussi, dont certaines sont allées au musée des Arts Buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier dans l'Aveyron. D'autres sont chez quelques collectionneurs (qui les ont acquises durant une précédente expo à Lyon, déjà organisée par la BHN en 2015). Personnellement j'en conserve six, dont un de Gaulle que j'avais acquis directement auprès de Marcel Vinsard. J'ai gardé aussi, abîmé, le panneau où Vinsard avait inscrit des jeux de mots près de son chalet.
Marcel Vinsard, de Gaulle, coll. et photo Bruno Montpied, 2013.
Marcel Vinsard, masque vert, polystyrène peint, créé vers 2013, ph. et coll. B.M. (devant la galerie Dettinger), 2016.
Marcel Vinsard, "Coiffeur à la retraite...", panneau en polystyréne peint, années 2000, coll. et ph. B.M., 2016
Marcel Vinsard, j'en ai causé sur ce blog le 3 février 2015, après l'avoir rencontré en juillet 2013 en compagnie d'un camarade, suite à un signalement par Alain Dettinger et Fatimazara Khoubba. C'est le type même de créateur d'œuvres éphémères qui installent leurs artefacts en plein air en négligeant absolument la question de la pérennité de leurs œuvres. Il est probable, en outre, que Vinsard ne se faisait aucune illusion sur la suite que donnerait sa famille à ses excentricités... Mais il reste tout de même emblématique de l'attitude toute empreinte d'immédiateté d'une majorité de ces créateurs autodidactes, étrangers aux milieux artistiques. Leurs environnements vivent aussi longtemps qu'eux. Lorsque ces derniers pensent avoir atteint la fin (de leur art et de leur vie, c'est tout un), tout part en quenouille... Les matériaux qu'employait Vinsard, le polystyrène, les mousses polyuréthanes dans une grande majorité des œuvres (il recourut cependant aussi au bois, au Siporex et au ciment-colle par exemple), n'arrangeaient pas les choses, non plus! Il est donc vain de traiter les familles ou les héritiers de ces sites avec des noms d'oiseaux – comme le font certains sur des sites web que je ne nommerai pas...
Marcel Vinsard, vue des abords de son chalet d'habitation en 2013... Ph. B.M.
...et après le démantèlement, le vide, l'ennui... ph. B.M., 2016.
A signaler que dans l'expo on pourra trouver mon livre paru l'année dernière dans la collection La Petite Brute aux éditions de l'Insomniaque, Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles. Ne pas hésiter à le demander à l'accueil...! Très beau, pas cher... Il contient de nombreuses photos du site prises en 2013, à son apogée quasiment.
12:51 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel vinsard l'homme aux mille modèles, la petite brute, bhn7, taxis lyonnais, la sauce singulière, environnements spontanés, art brut, de gaulle, polystyrène, art éphémère | Imprimer
01/09/2017
Art brut en Chine populaire ?
La question se pose depuis quelque temps, depuis peut-être la découverte de Guo Fengyi et de ses femmes visionnaires émergeant au sein d'arabesques fleuries. Des centres d'art pour "malades mentaux" et sans doute aussi pour handicapés mentaux, existent ; le blog CN KICK (article de Lauriane Roger-Li), féru de culture contemporaine chinoise, cite par exemple le Nanjing Outsider Art Center (voir ci-contre une œuvre de Ba Zi publiée sur le site CN KICK) et le Today Art museum, mais on peut se demander si l'art qu'on y défend ne proviendrait pas avant tout d'ateliers, comme c'est le cas en Europe, à Gugging en Autriche par exemple (où, certes, il y a des créateurs talentueux mais qui reflètent un style "Gugging", dû peut-être avant tout au matériel mis à la disposition des auteurs) ou ailleurs en Asie, comme au Japon, où une bonne partie des productions proviennent d'ateliers pour handicapés. L'art produit dans des hôpitaux, ou des locaux mis à disposition par des ONG comme en Chine, à notre époque, est médiatisé par l'entourage du créateur qui le stimule. Ce qui, on se le rappelle, est contradictoire avec les critères de l'art brut envisagé dans son sens strict, puisqu'il s'agit d'une expression autarcique, coupée de toute influence artistique, émanant d'un individu secret ne cherchant pas a priori à communiquer ses œuvres.
En ce qui concerne ce que l'on appelait "l'art des fous", jusqu'à la moitié du XXe siècle, dans les hôpitaux français, on ne s'intéressait pas de très près aux productions sauvages des malades, productions qui ont constitué une partie de la collection d'art brut montée après la seconde guerre par Jean Dubuffet, grâce aux dons que lui consentirent plusieurs psychiatres collectionneurs. On ne s'y intéressait guère et on ne cherchait pas à l'encourager particulièrement, on s'en servait plutôt comme matériel de diagnostic. Cela changea par la suite avec l'art-thérapie. On encouragea, on stimula, on créa des galeries, des circuits de vente, ce qui perturba l'appréhension de cet aérolithe créatif qu'était l'art brut tel qu'envisagé au départ par Dubuffet. C'est cette attitude en vogue dans les milieux asilaires que l'on retrouve aujourd'hui en Asie, semble-t-il. En outre, la confusion est entretenue, en Europe, par certains marchands d'art brut désireux de mêler l'art brut à l'art contemporain, et bien entendu cela n'aide guère à s'y retrouver....
Œuvre de Li Zhongdong sur le "Facebook" de la BHN 7.
La Biennale Hors-les-Normes propose du 29 septembre au 7 octobre prochains une sélection de créateurs chinois, dans les locaux de la MAPRAA (9 rue Paul Chenavard, 69001 Lyon). "Art brut raffiné de Chine", cela va s'appeler. On notera le jeu de mots sans trop saisir l'intention, s'il y en a une, qui se cache derrière... Des noms sont jetés en pâture pour les amateurs : Zhang Qifeng, Zhou Huiming, Li Zhongdong, Fen Cangyu, Li Jie, Jian Jian, Pin Fang, Qi Wen, Qiao Yulong, Shi Zhiwei, Yang Chuanming, Yang Min, Yue Yue, Zheng Donghui, Feng Ying et Li Changsheng... Mais – n'est-ce pas ? – je ne pense pas que cela dise grand-chose à personne par ici, à moins d'être un proche des trois personnes citées par la BHN comme étant ceux avec qui elle a étroitement collaboré "depuis six ans" pour l'organisation de cette exposition : "Zhang Tianzhi, Guo Haiping, fondateur de l’atelier Outsider, et Liu Sammi, fondateur (sic? Car il semble que ce soit plutôt une "fondatrice") du festival «Almost Art Project»". Sur ces gens-là, on n'apprend pas non plus grand-chose dans le programme de la BHN, 7e du nom, à part peut-être à partir des mots "Almost art project" qui renvoient à un site internet chinois (muni de quelques traductions en anglais). Les animateurs qui sont derrière, semble-t-il des professionnels de la communication culturelle, paraissent s'intéresser à la fois à "l'outsider art" (sans donner beaucoup d'exemples), aux comic's, et au street art, joyeux mélange qui signe une tendance plutôt "contre-culturelle" donc...
Sur le site internet d'Almost Art project, on trouve une photo en faible résolution montrant Liu Sammi (ou Sammi Liu...), une femme donc apparemment, interviewée devant un éclectique rassemblement d'œuvres de styles bruto-naïvo-singularo-autodidactes... pas vilaines a priori...
Il faudra donc aller à Lyon. Le Poignard Subtil fera le voyage et tentera de vous en dire plus.
18:45 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bhn7, biennale hors-les-normes, lyon, art brut chinois, almost art project, mapraa, liu sammi, li zhongdong, art brut raffiné de chine, ba zi, gugging, guo fengyi | Imprimer