03/04/2021
Disparition de Charles "Cako" Boussion (1925-2021)
Charles Boussion, Décorations et enluminures, le lys symbole de pureté et fleur royale, 2003-2012.
En feuilletant le site web du Musée de la Création franche, j'ai appris l'événement que je redoutais depuis quelque temps, le décès de l'auteur d'art brut montpelliérain Charles Boussion que j'étais allé visiter chez lui en 2013, ce qui me permit de rédiger un article à son sujet dans la revue Création Franche (n°40, juin 2014), que j'avais intitulé "L'art intarissable de Charles "Cako" Boussion". Car, intarissable était bien l'adjectif qui s'imposait concernant ce raconteur impénitent, aussi profus en paroles qu'en peintures.
Portrait de Charles Boussion, avec la publicité pour le parfum "Cuir de Russie" qu'il vendait comme représentant de commerce, ph. Bruno Montpied, Montpellier, 2013.
Restera une oeuvre variée, riche de couleurs et d'enluminures aux ornementations diverses qu'il fera bon inventorier un jour, pour une rétrospective, qui sait? Il ne faudra rien oublier, car on n'a que trop tendance, concernant Boussion, à ne retenir que ses icônes décalées à l'ornementation touffue. Or, il avait plus d'une corde à son arc. En particulier, il aimait croquer des personnages de fantaisie.
Charles Boussion, Mister Smok, 42x29,7cm, 2009, ph. et coll. B.M.
Plusieurs collections d'art brut publiques et privées possèdent des œuvres de lui (le musée de la Création Franche par exemple en possède 103). Sur ce blog j'ai plusieurs fois parlé de ce créateur atypique qui se plaignait beaucoup de sa solitude, lui qui quand il était plus jeune, avait connu beaucoup de monde (c'était un homme de relations publiques, ayant exercé de nombreuses années le métier de représentant en parfumerie, cf. le portrait que je fis de lui), mais qui dans son grand âge se retrouvait seul à veiller sur l'amour de sa vie, sa femme bien diminuée.
Charles Boussion, 2009 (oeuvre exposée au 57 bis bd de Rochechouart, sur le Mur d'Antoine Gentil en 2018).
Je renvoie le lecteur à cette série de notes. Et ne m'étends pas davantage, les notices nécrologiques me pesant de plus en plus... (Annonçons également la disparition d'une autre figure nonagénaire, le poète, cinéaste et artiste surréaliste Michel Zimbacca qui nous a fait la mauvaise farce de mourir ce 1er avril...).
Charles Boussion, "L'Ingénieur" et ses créations démentielles, 2012, image envoyée à B.M. pour sa documentation.
Charles Boussion, "Asiatisme", Un comédien impérial de tragédie asiatique et décor enluminé..., 2011. Archives B.M.
12:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : charles cako boussion, musée de la création franche, représentant de commerce, art brut, enluminures brutes, ornementation automatique, mur d'antoine gentil | Imprimer
11/06/2018
Infos-Miettes (31)
Briantais et Estaque chez LFLF2015 à St-Malo-de-Guersac
Du 1er au 31 juillet prochain, ces deux artistes, dont j'ai plus d'une fois mentionné l'existence et les œuvres, rapprochent ces dernières pour une espèce de dialogue... Dans le cadre d'un de ces lieux comme il en apparaît régulièrement dans les mailles serrées du patchwork des petites communes françaises. Le vernissage est prévu pour le 7 juillet à partir de 16h. LFLF2015 (oui je sais, c'est plutôt cabalistique, et il faut trouver le coin où aura lieu l'expo : 56 ile d'Errand, Loire-Atlantique St-Malo-de-Guersac, tél: 06 18 97 13 63).
Créations populaires en Mayenne
Et revoici une production de l'association CSN (Création Singulière et Naïve) – qui semble avoir laissé tomber le numéro de département qui flanquait son acronyme précédemment (53, le département de la Mayenne).
Cénéré Hubert, un moulin illustré, photo Michel Leroux.
Elle propose une exposition de quatre autodidactes singuliers , aux lisières de l'art naïf et de l'art brut, Gustave Cahoreau (dessinateur et sculpteur, bof...; voir ci-contre la tête chapeautée), Patrick Chapelière (passablement inégal, et souvent "décoratif" depuis quelque temps semble-t-il ; voir ci-contre œuvre de 2018), Raymond Lemée (ce dernier paraît recycler les crucifix : moi, je dis beurk!) et Céneré Hubert, à mon avis le plus intéressant des quatre (Michel Leroux et Jean-Louis Cerisier, qui interviennent dans cette association, ont souvent défendu ce dernier qui est un peu leur découverte ; ils m'ont du reste aidé à illustrer la notice que j'ai consacrée dans mon livre Le Gazouillis des éléphants à ce créateur, également l'auteur d'un environnement naïvo-brut à St-Ouën-des-Toits). L'expo se tiendra du 13 juillet au 26 août, à la Bergerie du château de Sainte-Suzanne, fort joli village mayennais, paraît-il.
(Ce sera ouvert tous les jours, de 10h00 à 19h00. Entrée libre. Un catalogue accompagne la manifestation. Il sera disponible (offert par le CIAP) à la librairie du château, face au lieu d’exposition).
"L'envol ou le rêve de voler" à la Maison Rouge
Du 16 juin au 28 octobre prochain, aura lieu à Paris une expo conjointement organisée par Antoine de Galbert et la collection ABCD sur le thème du rêve de voler. Ce sera la dernière de la Maison Rouge... Il y sera question sans doute, et entre autres, de Gustav Mesmer, cet aviateur en herbe, renouvelant le rêve des pionniers de l'aviation avec leurs drôles de machines volantes dont ont déjà parlé diverses autres publications et expositions fournies autrefois par la Collection de l'Art Brut. On se rappelle en particulier l'expo et le catalogue de "L'Art Brut dans le monde" qui contenait six petits courts-métrages dont un sur ce Mesmer. Mais ce ne sera pas le seul "Icare" de représenté dans cette expo puisque le dossier de presse annonce 130 artistes et créateurs, dont les œuvres (on en annonce 200) relèvent tantôt de l’art moderne, tantôt de l'art contemporain, tantôt de l'art brut, voire de l'art ethnographique ou populaire. Un peu du méli-mélo en somme, comme l'aime Antoine de Galbert...
Carlés-Tolra, et l'amour, au Musée de la Création Franche cet été
Deux expos en effet, distinctes, quoique dans un même lieu cet été à Bègles. "Le monde selon Carlés-Tolrá" d'une part, véritable rétrospective de cet artiste, grand ancien de l'art singulier (terme que l'on peut présenter comme synonyme de "neuve invention", voire de "création franche" – même si cette dernière expression cherche à intégrer également l'art brut, l'art naïf, même certaines expressions surréalisantes), du 15 juin au 2 septembre 2018, et "All I need is love" pour l'autre part, du 15 juin au 19 mai 2019. Sur l'expo Carlés-Tolrá, voici ce que précise le musée: "Pour la 90e année de cet auteur majeur de la collection Création Franche, le Musée lui consacre 6 salles où seront présentés, outre des œuvres du fonds de collection, des prêts exceptionnels du créateur comme ses premières peintures, des lettres échangées avec Jean Dubuffet dont il était proche et des œuvres de sa collection personnelle." On notera cette mention d'œuvres venues de la collection de l'artiste, chose qui reste peu connue chez Carlés-Tolra.
Ignacio Carles-Tolrá.
Dans le cadre de "All I need is love", qui est une sélection, un ré-accrochage des collections permanentes du musée sur le thème de l'amour (votre serviteur y a des œuvres présentées, je ne sais lesquelles, je rappelle que le musée conserve une donation de 129 (à peu de choses près...) de mes peintures et collages), une playlist a été proposée, en réalisation collaborative, à tous les internautes que cela stimulait. A signaler que l'animateur de ce blog y est allé également de ses propositions. Un petit jeu peut donc s'esquisser (mais il n'y a pas de prix à gagner cette fois...). A vous de deviner au moins un morceau proposé par le Poignard... Cependant il me semble qu'il faut posséder un abonnement à Deezer, ou alors il faut écouter au musée toute la playlist (au moins 177 morceaux...).
Collection de l'Art Brut à Lausanne, nouvelle expo : "Acquisitions 2012-2018"
Du 8 juin au 2 décembre 2018, vient de commencer la présentation d'une sélection d'œuvres acquises par la Collection depuis que Sarah Lombardi en est devenue la directrice. Cela donne plus de 150 œuvres en exposition. En même temps, paraît le fascicule de l'Art Brut n°26, avec des mini monographies sur certains créateurs récemment entrés dans la Collection, Charles Boussion, Gaël Dufrène, Dunya Hirschter, Mehrdad Rashidi, Bernadette Touilleux, Royal Robertson, Michel Nedjar (pour la deuxième fois ; car il avait déjà fait l'objet d'une notice dans le fascicule n°16 en 1990, décidément Lausanne lui voue un véritable culte), etc.
Charles "Cako" Boussion, "Tzar de jadis... Icône revisitée d'après un tableau sur bois, de Charles Cako Boussion, Montpellier, novembre 2011 à l'âge de 86 ans", peinture sur papier, 42x29,7cm ; ph. et coll. Bruno Montpied.
15:28 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : bernard briantais, jean estaque, lflf2015, art singulier, csn, mayenne, création populaire en mayenne, céneré hubert, l'envol, la maison rouge, abcd, art brut, gustav mesmer, musée de la création franche, carles-tolra, collection de l'art brut, charles cako boussion, sarah lombardi | Imprimer
13/01/2013
J'expose avec "l'Or aux 13 îles" à l'Inlassable Galerie
Cette note contient une mise à jour du 14 janvier
C'est pour bientôt, dans une galerie que je ne connaissais pas, l'Inlassable Galerie, divisée en deux parties, une où le public entre, au 13 bis, rue de Nevers (une des rues les plus étroites de Paris, digne d'une nouvelle de Jean Ray), et une autre cachée derrière une vitrine au n°18 de la rue Dauphine, le tout dans le VIe ardt à Paris, à deux pas de la rue Guénégaud, dans le quartier des galeries de la Rive Gauche. C'est une galerie, je le souligne, qui ouvre sur RENDEZ-VOUS (tél: 0620994117 ou 0671882114), en dehors du jour de vernissage s'entend, et l'après-midi de 14h à 20h tous les jours, même le dimanche.
La revue de Jean-Christophe Belotti, L'Or aux 13 îles, dont j'ai déjà plusieurs fois parlé ici (pour y avoir publié dans ses deux premiers numéros un dossier sur l'abbé Fouré et ses bois sculptés et un dossier sur une sélection d'art immédiat), présente quelques créateurs dans une ambiance de cabinet de curiosités de façon à attirer de nouveau quelque peu l'attention sur ce qui se joue en elle et autour d'elle.
Sur le verso de l'invitation ci-dessus, on retrouve une image de Jean-Pierre Paraggio
Bruno Montpied, La chamane entre en danse par le charleston, 43x30 cm, 2010 (un des trois dessins que j'exposerai, les deux autres s'intitulant le Charrieur et l'Idéaliste emplumé)
Cela ira des dessins d'un enfant de 7 ans, Alexandre Cattin, récente découverte de Mauro Placi qui en parlera plus largement dans le futur n°3 de la revue de Jean-Christophe, jusqu'à divers artistes surréalistes comme Jan Svankmajer (présent sous forme d'affiches), Jean Terrossian, Nicole Espagnol, Georges-Henri Morin, Josette Exandier, ou Alan Glass (dont Jean-Christophe présentera des photos des assemblages), en passant par des créateurs plus "singuliers" comme moi (j'exposerai trois dessins d'environ 40x30 cm), ou Charles Cako Boussion (voir ill. ci-contre), des photographies (Pierre Bérenger, Pierre-Louis Martin, Diego Placi, Alexandre Fatta - un commentateur habitué de mon blog, celui-ci - des cartes postales anciennes de l'Ermite de Rothéneuf - en provenance de ma collection - plus deux de mes photos montrant le site de l'abbé de nos jours), des créateurs héritiers de l'inspiration surréaliste comme Jean-Pierre Paraggio, Guylaine Bourbon, ou encore Jean-Christophe Belotti qui exposera à cette occasion certains de ses collages.
Pierre-Louis Martin, sans titre, photographie (exposée à cette occasion), vers 1996
Des artistes dont je connais moins le travail seront également présents, Mélanie Delattre-Vogt (voir le n°2 de l'Or aux 13 îles et image en noir et blanc ci-dessous), François Sarhan (artiste ayant plus d'une corde à son arc apparemment), Claude Variéras, et le poète Mauro Placi venu tout spécialement d'Helvétie. L'idée générale, on l'aura compris, est de rendre hommage à l'ensemble de ce qui a été présenté dans la revue depuis ses débuts en 2010.
Petite expérience appelée peut-être à grandement intriguer les passants de la rue Dauphine qui y circuleront entre 9h et 18h, derrière la vitrine du n°18 on pourra également voir Virgile Novarina se livrer, de façon diurne donc et devant les passants, à un sommeil destiné à provoquer des rêves qu'il notera et publiera peut-être à l'occasion (voir le n°2 de la revue où l'on parle de ses expériences précédentes). La "performance" en question aura lieu du 21 au 26 janvier. Autour de lui seront exposés différents éléments liés à la revue L'Or aux 13 îles.
La vitrine attendant la performance onirique de Virgile Novarina
Le vernissage, en même temps que le début de l'exposition, sont donc prévus pour le jeudi 17 janvier, et tous les lecteurs du Poignard Subtil sont bien entendu cordialement invités. La manifestation se déroulera jusqu'au 5 février 2013 (ouverture sur rendez-vous, téléphonique ou par mail, je le répète).
12:20 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Paris populaire ou insolite, Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'or aux 13 îles, jean-christophe belotti, l'inlassable galerie, abbé fouré, ermite de rothéneuf, bruno montpied, art immédiat, art singulier, josette exandier, jean-pierre paraggio, pierre bérenger, pierre-louis martin, charles cako boussion, jan svankmajer, georges-henri morin, nicole espagnol, diego et mauro placi, françois sarhan, mélanie delattre-vogt, virgile novarina, rêve en public, surréalisme | Imprimer
30/01/2010
Exposition Charles "Cako" Boussion à Bègles
Charles "Cako" Boussion est un créateur, basé à Montpellier, exposé depuis la fin des années 1970, et davantage connu ces dernières années en grande partie grâce au musée de la Création Franche. Il aime travailler avec des myriades d'ornementations pointillistes multicolores, parfois pailletées, car on sent que pour leur manipulateur, faut que ça rutile, que ça en jette. On le "sent" d'autant plus que leur créateur est un ancien représentant en parfumerie (ouaf, ouaf).
Il y a de l'icône orthodoxe dans ce travail-là, Boussion campe souvent des figures centrales, tsars, popes barbus, jeunes filles, qu'il encadre de ces milliers de petites gouttes de couleur appliquées aux feutres semble-t-il et cernées de noir dans des compositions qui ressemblent à des kaléidoscopes ou de l'orfévrerie. On a cité du côté de Bègles du reste, ses goûts qui se portent de préférence vers l'art irlandais (les enluminures des livres), l'art byzantin, l'art russe effectivement...
Cette exposition se déroulera du 5 février au 21 mars 2010 au musée de la Création Franche à Bègles. Son inauguration aura lieu le vendredi 5 février 2010, à partir de 18 heures.
01:20 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charles cako boussion, art singulier, musée de la création franche | Imprimer