05/07/2021
Du plagiat funéraire?
En me baladant récemment au cimetière du Père Lachaise, je suis tombé sur une épitaphe que j'avais déjà vue ailleurs, sur une tombe bien plus célèbre.
Tombe Rocherolle, avec marqués en dessous du nom: "Je cherche l'or du temps"....
Les connaisseurs de la vie d'André Breton savent pertinemment que ces mots, "Je cherche l'or du temps", empruntés à un poème du fondateur du surréalisme, ont été inscrits en 1966 sur sa tombe au cimetière des Batignolles.
La tombe d'Elisa et André Breton au cimetière des Batignolles.
Alors? Qu'est-ce qui explique ce doublon de la tombe Rocherolle, qui paraît de fraîche date (j'avoue avoir oublié de regarder si l'on trouvait des dates de l'autre côté du tombeau...)? Aurait-on affaire à un plagiat funéraire? Excusable si l'on considère la parfaite adaptation de ce vers au genre de l'épitaphe, mais tout de même, n'aurait-on pas dû accomplir quelque renvoi à l'épitaphe originale...? (A moins que ce ne soit le contraire, la tombe Rocherolle bâtie avant celle d'André Breton, avec l'idée de l'épitaphe empruntée à Breton tout de même... (Je doute cependant fort de cette dernière hypothèse).)
11:57 Publié dans Danse macabre, art et coutumes funéraires, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tombes, art funéraire, cimetières, andré breton, épitaphes | Imprimer
01/12/2020
L'Atlas des Régions Naturelles, une entreprise cousine de ce blog
Signalé par ma jeune camarade Tamaya Sapey-Triomphe, que je remercie hautement au passage, l'Atlas en question a entrepris de recenser par le truchement de classifications et surtout de photographies toutes sortes de réalisations volontaires ou involontaires dans l'espace en France, relevant peu ou prou de ce que l'on appelle l'architecture vernaculaire. Le territoire est envisagé dans le cadre de ses régions dites naturelles, et non pas dans son découpage administratif de départements et régions artificielles. Un index de ces régions est donné sur la page d'accueil du site web. La mise en ligne de ce dernier est très récente (le 5 novembre 2020), tandis que le recensement lui-même, ayant produit jusqu'à présent plus de 12 000 clichés, a été commencé en 2017.
Le découpage de la France en régions naturelles selon l'ARN.
A Nassigny, ph. ARN.
Les auteurs, Eric Tabuchi et Nelly Monnier, paraissent bien sympathiques, si l'on s'en rapporte à leur portrait, lorsqu'ils sont assis à l'arrière de leur voiture d'explorateurs...
Nelly Monnier et Eric Tabuchi, les auteurs de l'Atlas des Régions Naturelles, ph ARN.
"Au moment d’entreprendre ce travail, cela faisait déjà un moment que nous nous demandions comment documenter l’architecture vernaculaire française et, plus largement, comment représenter un territoire dans toutes ses nuances." (E. Tabuchi et N. Monnier)
Cet ARN, cliquez pour la page d'accueil ICI, on s'y balade par plusieurs entrées. Personnellement, j'ai d'abord essayé la section "art brut" (on ne se change pas...), peu fournie (pour le moment... ; à signaler que l'art brut de cet ARN se limite aux environnements spontanés). Puis je me suis dirigé vers "petit patrimoine", "initiative personnelle". "maisons modestes", "fresque figurative", "tas et reliquats", et encore "enseigne-objet", "cinémas" (désaffectés ou non), ou "graffiti" (hélas, seulement perçus sous la forme des graffiti pulvérisés et non pas incisés, plus anciens, et historiques).
Portail original à Ruan sur Egvonne (Perche vendômois), photo ARN (à noter que les photos que j'extrais ici par capture d'écran, justifiée par les besoins de la communication autour de ce site web, ne peuvent être que d'une médiocre résolution, le site ne permettant pas l'enregistrement). Ce décor m'est inconnu et n'a donc pas été recensé par moi dans le Gazouillis des éléphants.
Construction insolite à Vic-le-Comte, Limagne, ph. ARN ; idem, site inconnu de moi jusqu'à présent...
Bien entendu l'écrasante majorité des entrées est dominée par des polarisations architecturales (toujours à la surface des sols, on ne va pas dans les souterrains), mais enfin, l'éventail de la curiosité de ces deux chercheurs qui ne dédaignent pas de présenter leur entreprise comme une "aventure artistique" (j'ai pensé au couple d'Allemands, Bernd et Hilla Becher, qui ont fait une oeuvre de photographe en dressant une typologie d'architectures industrielles, et des châteaux d'eau notamment ; il est probable que ce soit une référence pour nos deux explorateurs de l'Atlas) est très vaste et très hétéroclite. Si pour le moment ils ne sont pas allés apparemment vers les cimetières, rare manque pour le moment, – on pourrait pourtant y rencontrer beaucoup d'édicules, tombeaux et autres ornementations diverses parfois fort insolites – à se promener dans leur site, on se convainc rapidement de l'étonnante variété des monuments de tous ordres que l'on peut rencontrer en France.
Monument aux morts insolite, La Ville en Tardenois, ph. ARN.
Sculptures en fers à cheval, à Gondrecourt le Château, ph ARN.
Sur ce blog, cela fait un certain temps que je m'efforce de le faire percevoir à ma manière, dans une perspective moins architecturale, et plus dans l'esprit de ce que j'appelle "la poétique de l'immédiat". Sans parler des environnements populaires spontanés, à la Cheval ou à la Picassiette, cela fait longtemps que je reste étonné devant les créations d'artisans rocailleurs, les tours Eiffel en toutes matières (c'est une des catégories que l'on rencontre sur l'ARN, avec plusieurs exemples que je ne connaissais pas, voir la note que je leur ai consacrée récemment), les architectures ou les monuments incongrus dont on a perdu la fonction, les monuments aux morts atypiques, les boîtes aux lettres insolites, les enseignes hors normes, les arbres morts sculptés, les vieux cinémas de province ancienne mode (avant l'époque des multiplex), etc.
Allez, on se précipite tous sur l'ARN... Bon voyage !
Eolienne (de Girard ou de Bolée), à Bouge, près de Laval, ph. Bruno Montpied, 2020.
17:31 Publié dans Anonymes et inconnus de l'art, Architecture insolite, Art Brut, Art immédiat, Art insolite, Art populaire contemporain, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés, Environnements singuliers, Graffiti, Sur la Toile | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : atlas des régions naturelles, tamaya sapey-triomphe, art brut, environnements populaires spontanés, architecture insolite, petit patrimoine, architecture modeste, initiatives personnelles, constructions bizarres, eric tabuchi et nelly monnier, architecture vernaculaire, enseignes, monuments incongrus, graffiti, boîtes aux lettres, cimetières | Imprimer
15/09/2017
Ça s'est mal terminé...
A propos des noms prédestinants toujours, voir ce caveau au Père-Lachaise...
Photo X, 2016.
00:16 Publié dans Noms ou lieux prédestinants | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : noms prédestinants, aptonymes, tombes insolites, cimetières, supplice | Imprimer
07/11/2014
Qualité de mort
Cliché pris au Québec, transmis par Michel Valière
10:03 Publié dans Inscriptions mémorables ou drôlatiques, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : télescopages, inscription drôlatique, humour noir involontaire, michel valière, humour macabre, mort, cimetières | Imprimer
16/11/2010
En plein rêve
L'ai-je déjà publiée cette photo? Je la regarde à nouveau cette nuit avant de me confier à Morphée et je me dis que c'est une bonne planche à rêve...
Cimetière de La Souterraine, Creuse, 2005, ph. Bruno Montpied
La Lanterne des Morts qui attend au fond de la perspective est comme l'aiguille, immobile pour toujours, d'un cadran absent car inutile. Les morts déambulent mais on ne les voit pas, ils n'ont pas voulu impressionner la photo (ils n'aiment pas le numérique peut-être). Ils aiment à se lover, se contorsionner dans ces gros blocs d'ifs taillés en art topiaire. Ceux-ci ressemblent à des pièces de jeux d'échec géants, rendus difformes par l'anarchie naturelle d'une germination nourrie de chairs grasses et purulentes. Nous sommes dans le labyrinthe de la planète des morts, cette même planète dont parlait une petite fille dans une enquête que j'ai mise en ligne jadis (il y a un an presque jour pour jour) sur ce blog. Je ne sais pourquoi, mais j'ai tout à coup l'impression que ces blocs peuvent devenir caoutchouteux, et qu'ils vont se mettre à sauter comme des bouchons de champagne en rebondissant dans tous les sens dans la campagne environnante.
Version couleur du même cliché précédent (pour répondre à la demande de Gilles ci-dessous ; est-ce le noir et blanc qui est au départ ou la couleur? Avec le numérique, on ne sait plus ; cette version couleur, résultat d'un photoshopage triturant les couleurs, est-elle première, pas plus que le noir et blanc sans doute...; mais le brouillard du petit matin était bien au rendez-vous ; la revoyant aujourd'hui, je me dis qu'elle est comme la photo d'un mort qui se serait promené au petit matin sorti des arbres, photographiant le vide, l'absence de vie, ce qui est bien un sujet de morts ; ce qui n'est pas loin d'une anticipation, puisqu'inéluctablement elle le sera bien un jour, photo d'un mort)