13/11/2022
"Les Aboyeurs" de retour à Bordeaux
Trente-et-un ans que ces Aboyeurs, datés de 1990 – œuvre peinte et faite d'un collage de papier journal en soubassement aussi, contrecollée sur panneau de bois peint, de format 56 x 65 cm –, n'étaient pas revenus sur une cimaise. C'est chose faite à l'occasion d'une exposition actuelle, intitulée "Féroces", faisant partie d'une série d'expos hors-les-murs du Musée de la Création Franche, établissement que l'on sait fermé pour travaux pour une durée approximative de deux années. Féroces, l'adjectif désigne une thématique liée aux monstres qui sont présents dans diverses oeuvres du fonds permanent du musée. Ces "monstres" sont invités par la Biblothèque Flora Tristan à Bordeaux (1 Place d’Armagnac, Bordeaux Belcier) du 8 au 26 novembre.
Bruno Montpied, Les Aboyeurs, technique mixte (acrylique, stylo et collage) sur panneau de bois, 56 x 65 cm, 1990, collection Musée de la Création Franche.
Cette manifestation voit mon ancienne peinture "Les Aboyeurs" (le terme désignant l'aboi canin appliqué à deux figures blanchâtres effectivement assez monstrueuses, mais aussi possèdant un rapport sous-jacent aux aboyeurs des places publiques, crieurs et annonceurs de nouvelles, et encore, plus précisément dans le cas de ce tableau, qualifiant deux personnages criant sur un autre, criant, ou s'apprêtant peut-être à le déchirer!) sortir des réserves du Musée, où il n'avait plus été exposé à ma connaissance depuis 1991, à une époque où l'on parlait du "Site", et non pas du "Musée" de la Création Franche. A l'époque, l'exposition, qui comprenait aussi une partie consacrée à Martha Grünenwaldt, était montée sous l'égide de la galerie Imago, avatar issu de la structure première fondée par Gérard Sendrey, à l'origine dans une ancienne échoppe prêtée par la mairie de Bègles, si je me souviens bien, située quasiment en face de cette mairie, du reste, et aujourd'hui disparue, remplacée par d'autres bâtiments (le local avec une galerie effective ne dura qu'un ou deux ans). Les mots de "galerie Imago" perduraient en 1991 pour présenter des artistes, en galop d'essai en quelque sorte, dans les locaux du Site, qui venait de s'installer dans les locaux du Conservatoire de la Morue (je ne me souviens plus si c'était le nom exact...) dont les collections avaient été remisées en entrepôt.
Bruno Montpied, Lucide mais livide, acrylique et stylo sur panneau de bois, 120 x 36,7 cm, daté du 1-7-1990 ; photo B.M ; une œuvre de la même année...
11:14 Publié dans Art singulier, Art visionnaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruno montpied, bibliothèque flora tristan, monstres, expositions hors les murs, aboyeurs, création franche, exposition féroces, galerie imago, gérard sendrey | Imprimer
22/01/2022
Gérard Sendrey nous a quittés...
Gérard Sendrey (1928-2022).
Photo Bruno Montpied, sur le seuil de son Site de la Création Franche, 1997.
L'ami Gérard s'en est allé, ce matin, paraît-il (22 janvier 2022), des suites de la Covid.
Il nous laissera de grands souvenirs, à nous, les artistes qu'il hébergea au long de nombreuses années dans son Site de la Création Franche, devenu ensuite Musée de la Création Franche (appelé à un enracinement de longue haleine dans le paysage bordelais, grâce aux travaux d'extension qui sont en préparation, travaux dont il était au courant, ayant eu le temps de consacrer un texte aux changements qui attendent le musée dans le numéro 55, paru en décembre dernier, de la revue Création Franche, fondée et longtemps dirigée par lui). Le terme de création franche lui revient de plein droit, puisqu'il en est l'inventeur.
Gérard Sendrey, la dernière fois que je vins le voir à Bègles, à on domicile, situé juste à côté du musée, le 11 janvier 2017, ph. B.M ; ses yeux gardaient toute leur malice amicale ce soir-là.
Si je ne partageai pas tous ses goûts (il professait aimer les gens avant les œuvres qu'elles pouvaient produire ; moi, c'était un peu le contraire...), je reconnus très vite qu'il était un de ces rares passeurs assez ouvert d'esprit pour ouvrir grandes les portes des lieux d'exposition qu'il avait su monter (comme la Galerie Imago, en 1988, juste avant le Site de la CF). Grâce à lui, le Site fut une galerie d'essai quasiment unique en son genre en France. Un bel exemple à suivre, quoique bien trop rare...
Rien que pour cela, je lui garderai gratitude et sympathie tout le restant de ma vie.
L'homme, qui jouait au dadaïste expérimentateur à tout va, était d'une grande cordialité. Il laisse une oeuvre – puisqu'il était aussi artiste et un des plus prolifiques qui soient – abondante et variée.
Gérard Sendrey, sans titre, une de ses innombrables encres tracées au calame, 2001, ph. et coll. B.M.
19:11 Publié dans Art singulier, Hommages | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : gérard sendrey, création franche, musée de la création franche, bègles, galerie imago, nécrologie | Imprimer