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28/03/2016

"De bric de broc", exposition au musée d'art naïf et singulier de Laval

 

De Bric et de broc expo Laval 26 mars-26septembre 2016.JPG

Affiche de la nouvelle expo du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval (on notera le pluriel désormais attaché par les responsables du musée de Laval à "art singulier"), 26 mars au 27 septembre 2016

      C'est une "exposition-dossier" à laquelle nous convient Antoinette Le Falher, directrice des musées de Laval, et ses collaborateurs, conçue pour mettre en valeur, hors de la collection permanente, des œuvres confectionnées à base de matériaux recyclés ou détournés, comme les galets peints que l'on voit sur l'affiche ci-dessus et dont je ne reconnais pas l'auteur (Alain Pauzié peut-être?).

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Pierre Albasser dessin sans titre de 2007

     On retrouvera ainsi, entre autres, sur les cimaises du musée du Vieux-Château, Pierre Albasser, dessinateur et peintre sur cartons alimentaires exclusivement, Jean-Louis Cerisier, régional de l'étape (dans la section petits papiers consacrée aux œuvres faites de collages), Youen (Yves) Durand, un formidable mosaïste autodidacte populaire dont quelques tableaux ont fait le déplacement depuis le Finistère (voir ci-contre  "Bellorophon monté sur Pégase terrassant la chimère", titre aimablement communiqué par Mme Durand de l'Association des amis de Y.D.),de bric et de broc,musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval,pierre albasser,bruno montpied,antoinette le falher,youen durand,alain pauzié,jean-louis cerisier,art naïf,art singulier,jean-jean,popa,monchâtre,fillaudeau,boix vives,alain lacoste Alain Lacoste et ses "bri-collages" (voir ci-dessous), Bruno Montpied (deux œuvres en collage là aussi, une "orthodoxe", faite seulement de photos découpées – assez ancienne puisqu'elle date de 1983, elle est intitulée Le Fakir – et une en "technique mixte" de 1999, intitulée La voix du mauvais sang, voir ci-dessous), Léopold Jean-Jean (un Naïf cette fois, autrefois défendu par Anatole Jakovsky, connu pour ses tableaux de bateaux en relief fort rugueux et quasi bruts, voir ci-dessous un paysage maritime exposé à De bric de broc),de bric et de broc,musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval,pierre albasser,bruno montpied,antoinette le falher,youen durand,alain pauzié,jean-louis cerisier,art naïf,art singulier,jean-jean,popa,monchâtre,fillaudeau,boix vives,alain lacoste Noël Fillaudeau, avec certains de ses objets constitués d'agglomérats de matières hétéroclites (il est par ailleurs connu pour ses "métamorphoses" (peintures sur photos de magazines ; voir ci-dessous), Anselme Boix-Vives, Sabine Darrigan, Nicolae Popa, créateur populaire avant tout sculpteur et assembleur je crois, fort connu et estimé en Roumanie où un musée lui est consacré (voir ci-dessous le masque à l'expression bien grotesque qui est présent dans l'expo de Laval),de bric et de broc,musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval,pierre albasser,bruno montpied,antoinette le falher,youen durand,alain pauzié,jean-louis cerisier,art naïf,art singulier,jean-jean,popa,monchâtre,fillaudeau,boix vives,alain lacoste François Monchâtre, connu pour sa série des "Crétins" et ses  machines "automaboules", Alain Pauzié connu pour peindre sur des semelles, etc... L'exposition sera l'occasion de faire également des découvertes de créateurs moins connus, comme par exemple les paysages en assemblages de matériaux composites d'un certain Léon Chimisanas.

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Alain Lacoste, le pont d'Art-Colle, 2005, collection permanente du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval, ph. Bruno Montpied, 2011

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Noël Fillaudeau, sans titre (série des "Métamorphoses"), peinture sur page de magazine, 10x17 cm env., vers le milieu des années 1990, coll. et ph. B.M.

    Le carton d'invitation à l'inauguration, qui aura lieu le samedi 2 avril à 15h30, annonce la prise de parole de "personnalités du monde de l'art singulier". Sont ainsi annoncés (sous réserve): Didier Benesteau (pour parler d'Alain Pauzié et Jean-Joseph Sanfourche), des membres de l'association Youen Durand, Pierre Albasser, Douce Mirabaud et moi-même.

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Bruno Montpied, La voix du mauvais sang, collage et technique mixte sur papier, env. 24x32 cm, 1999, coll. Musée d'art naïf et d'art singuliers de Laval ; cette œuvre figure dans l'exposition De bric de broc

15/08/2008

Un petit tour du côté du MASC aux Sables d'Olonne

     De passage aux Sables d'Olonne, passage fugace, durant lequel j'ai été quelque peu effrayé de voir que l'on y construisait décidément trop (dans l'espoir probable d'exploiter au maximum les flux de touristes amateurs de grillade au soleil, et dans le choix de tourner la page sur l'ancienne activité portuaire, autrement plus authentique et poétique pourtant), je suis retourné voir le charmant musée de l'Abbaye Sainte-Croix, connu pour sa collection et sa documentation remarquables sur Gaston Chaissac et autres Brauner et traditions populaires. Tous les Chaissac du musée avaient été prêtés en Allemagne (au musée Richard-Haizmann à Niebüll)  qui elle, de son côté, avait prêté une centaine d'"images non peintes" d'Emil Nolde, le grand peintre expressionniste dont nous aurons bientôt à Paris cet automne une rétrospective au Grand Palais (à partir du 23 septembre ; l'expo Nolde aux Sables, c'est jusqu'au 7 septembre). Pour consoler les chaissaquiens en villégiature cet été aux Sables, on avait rameuté tout de même de l'ami Gaston quelques dessins sur kraft et autres supports, quelques peintures, tous venus de collections privées, oeuvres apparemment inédites, et de très belle qualité.

Emil Nolde, aquarelle (N° inv.Ung.1205) de la fondation Nolde à Seebüll, expo MASC des Sables d'Olonne, été 2008 .jpg
Emil Nolde, Paysage de promenade sous un ciel du soir, aquarelle, env. 17x23 cm, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC aux Sables d'Olonne, été 2008

      Les "images non peintes" de Nolde, ce sont des petites aquarelles qu'il a confectionnées au secret de son atelier durant la Seconde Guerre, après que les Nazis lui eurent intimé l'ordre de cesser de peindre, et lui eurent détruit ou vendu à l'étranger un millier d'oeuvres conservées dans les musées allemands, les utilisant au passage comme exemples d'"art dégénéré", au côté des oeuvres de Freundlich ou des créations de malades mentaux de la collection de la clinique psychiatrique d'Heidelberg, autrefois dirigée par Hans Prinzhorn. Pauvre Nolde, qui en outre avait eu l'aveuglement de s'inscrire au parti national-socialiste (du Nord, dans la région frontalière avec le Danemark) en 1934... Et qui fut donc sévèrement douché en retour! Quelle lettre abominable il reçut de ceux en qui il avait cru pouvoir placer sa confiance... Traduite dans l'exposition, elle ne l'est pas dans le catalogue malheureusement. Pourtant instructive par son côté terrible. Imaginez-vous, on vient vous rayer de la carte des artistes admis, on vous signifie la destruction, ou la vente à l'étranger (moindre mal), d'un millier de vos oeuvres, et on vous signifie l'interdiction de peindre, on viendra vous contrôler à domicile.

Emil Nolde,Deux personnages, aquarelle, N°inv.Ung.493, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC des Sables d'Olonne, été 2008.jpg
Emil Nolde, Deux personnages, aquarelle, env 25x18 cm, fondation Nolde de Seebüll, expo au MASC des Sables d'Olonne, été 2008

       Emil Nolde se cacha alors au coeur de sa maison, et réalisa en miniature des projets de tableaux plus grands. L'aquarelle se prêta à cette insoumission intime. Etonnant de constater à quel point malgré leur petite taille, ces paysages et ces portraits respirent et restituent la poésie de lieux possibles, d'une réalité saturée de chaleur de vivre. L'exposition est rare, restitue la fragilité de cet effort de ne pas mourir artistiquement, l'aquarelle elle-même étant à la lisière de l'évaporation, de l'évanouissement, tel un mirage. Les voyant, j'ai pensé à un autre créateur de ces temps où créer de façon moderne avait pris un tour plus que vacillant, Roger Bissière, qui avec une toute autre technique, l'assemblage de tissus, la broderie, lui aussi créa des oeuvres d'une forte originalité, celle qui porte la marque de l'instinct de survie, et s'approche de l'art le plus authentiquement inspiré.

      J'ai continué ma balade dans le musée, à la rencontre des quelques oeuvres de la collection permanente que l'on pouvait voir cet été, je me souviens de tableaux à l'originalité certaine... Mais j'ai préféré poursuivre vers le département des arts et traditions populaires qui se cache sous les toits, pressé que j'étais de revoir Jean-Jean (peintre naïf rugueux, né à Matha en Charente en 1877 et décédé à La Roche-sur-Yon en 1948, à 71 ans, en prison, selon Jalovsky pour faits de proxénétisme après une vie de matelot de misère), Jean-Jean aux trop rares tableaux conservés dans les musées (j'ai servi un jour de trait d'union pour assurer le don d'un Jean-Jean de Yankel, l'extraordinaire collectionneur de peinture naïve, à la Collection Humbert du musée de Laduz, où on peut le voir). Un tableau était toujours accroché, non loin, surprise, de trois tableaux peu connus d'Hippolyte Massé (le conservateur du musée, M.Benoît Decron, ne désespère pas de réaliser un jour au musée quelque publication autour de Massé). Je voulais revoir la porte de bronze ciselé que Massé avait gardée de sa première petite maison de La Chaume, où il se reposait de son métier de passeur sur le chenal du port. Elle n'était plus visible. Momentanément certainement. La voici, telle que je la photographiai en 1996:

Hippolyte Massé,la porte en bronze de son ancienne maison à La Chaume, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996 .jpg
Hippolyte Massé, porte en bronze ciselé provenant de l'ancienne maison dite à la Sirène de La Chaume aux Sables d'Olonne, ph.B.M. 1996, coll. du MASC des Sables d'Olonne

       J'ai eu l'occasion de publier des informations sur Massé dans le passé (cf.  L'Art Immédiat n°2, 1995, le texte de B.Montpied, "Laissez passer Massé le passeur" et le texte de Frédéric Orbestier, "La maison d'Alice"). Il fut grâce à sa sirène en mosaïque de coquillages l'un des inspirés (pas encore nommés "des bords des routes") célèbré par les magnifiques photographies de Gilles Ehrmann dans Les inspirés et leurs demeures (éd. du Temps, 1962). Il avait sculpté la fameuse sirène sur une première maison de la Chaume,Hippolyte Massé, la maison telle qu'elle était en 1996 à La Chaume, ph.B.Montpied, 1996.jpg et fit par la suite un deuxième décor sur une maison rue du Marais (cf reproduction dans L'Art Immédiat, pour la première fois à ma connaissance), décor qui comme le premier fut ensuite par Massé lui-même semble-t-il effacé (cf le texte d'Orbestier ci-dessus cité), pour ne pas envenimer les relations avec les vandales qui s'amusaient à abîmer l'oeuvre donnant sur la rue.Hippolyte Massé,la maison à la sirène, ph. Gilles Ehrmann in Les Inspirés et leurs demeures, 1962.jpg Massé était donc aussi peintre, j'ai signalé dans L'Art Immédiat qu'un de ses tableaux, intitulé Le Voilier, se trouve à Nice dans la collection Jakovsky du Musée Internatinal d'Art Naïf (cf. reproduction dans le catalogue de 1982 du musée, p.235). Attendons donc encore un peu pour prendre connaissance de tout ce que l'on a pu garder sur Massé au musée de l'Abbaye Sainte-Croix (à noter qu'il y a déjà eu par le passé, en 1991-1992, une exposition sur Hippolyte Massé). Des archives attendent encore pour livrer des secrets  Hippolyte Massé, tête sculptée et peinte et coiffure en coquilles St-Jacques, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996.jpg      Hippolyte Massé,assemblage de coquilles de mollusques et de carapaces de crustacés, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied en 1996.jpg

     Dernière révélation au MASC cet été, l'annonce pour cet automne (octobre 2008-mars 2009) d'une grande exposition sur le peintre naïf de marines Paul-Emile Pajot. On peut se référer là-dessus au site des amis du MASC. On apprend dans un tiré à part (avec une présentation de Benoît Decron) édité par le musée qu'en préambule à cette expo, le MASC avait déjà acquis en 2006 le Journal de Pajot intitulé Mes Aventures,Paul-Emile Pajot, une page de son journal, texte manuscrit et illustrations gouachées, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg relié en cinq volumes ("prés de 2500 pages, plus de mille illustrations dessinées à la plume ou crayon, gouachées pour la plupart"). Le tiré à part vendu actuellement à la librairie du musée, comprenant de très courts extraits du Journal permet cependant de se faire une idée alléchante de la fraîcheur de ce manuscrit et de ses nombreuses illustrations relatives à toutes sortes de sujets se référant aux goûts et aux tribulations de Pajot, dont on connaissait déjà les magnifiques marines à la fois naïves et japonisantes. 

    "Et si nous commencions juste à découvrir Paul-Emile Pajot?", écrit avec raison M.Decron... 

Paul-Emile Pajot,une illustration tirée de son Journal, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg

(Emil Nolde, "Les Images non peintes" (Aquarelles 1938-1945), MASC, Les Sables d'Olonne, 3 mai-7 septembre 2008.)