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Albasser et Santé Mentale
Pour la seconde fois, Pierre Albasser, le célèbre dessinateur sur cartons d'emballage alimentaire bien connu, vient d'illustrer de ces merveilleux dessins à base de feutres et autres marqueurs usagés les pages de la revue Santé Mentale (ici le n°164 de janvier 2012). Voici trois portraits comme autant de variantes sur les commentaires que cette publication pourrait susciter.
1.Pierre Albasser par Geha, 2012. Professionnel de l'illustration. Mais est-ce un manifeste en sous-entendu?
2. Un doute s'installe?, ph.Geha
3. Une possible interprétation ; ph. Geha retouchée par Bruno Montpied
02/03/2012 | Lien permanent
”Pierre Albasser prend son envol”
C'est à Falicon sur la Côte d'Azur que Pierre effectue cet envol promis par son épouse et impresario Geha (dans un courrier privé). A l'occasion de la XVIIe exposition d'art singulier organisée dans cette bonne ville par Gérard Elléna et les édiles municipaux. J'ai à plusieurs reprises mentionné et reproduit sur ce blog les travaux de Pierre Albasser que je suis avec intérêt depuis qu'il a été exposé primitivement au musée de la Création Franche à Bègles (suite à une correspondance d'art postal entre Gérard Sendrey et Geha). Je renvoie à un de mes articles anciens pour Création Franche (n°17, 1999).
Pierre Albasser, sans titre, 2007, ph. Bruno Montpied
Pierre Albasser, Nuit calme, 2003, ph.BM
Certains peuvent trouver à ses productions une parenté avec les oeuvres de Gaston Chaissac. Il y a du vrai là-dedans, mais il faudrait ajouter tout de suite après que Pierre a su en dépit de ce cousinage construire petit à petit une oeuvre originale avec une écriture qui n'appartient qu'à lui. Peut-être est-ce dû à sa malice secrète, cachée derrière une apparente réserve, comme il se cache pour dessiner derrière des contraintes qu'il se donne librement à lui-même. Ne dessiner que sur des supports venus des cartons d'emballage alimentaire, et en deux, n'employer comme outils de traçage que des vieux feutres usagés, des stylos à l'encre évaporée, des marqueurs caducs. C'est son cahier des charges, ne travailler qu'avec des instruments ou des supports n'ayant rien coûté. La création se doit de se déployer dans la plus grande des gratuités. Peut-être que cela débordera sur le contenu de son inspiration (c'est sûr, même).
Pierre Albasser, dessins accrochés à un moment donné dans sa cuisine, ph BM, 2008
Des masques pullulent dans son oeuvre, mais aussi ils s'ordonnent dans des géométries contraignantes dont le dépassement par le dessinateur est tout ce qui l'excite apparemment. C'est à la faveur de ce combat avec la contrainte librement consentie (démarche oulipienne, ou pour être plus précis, oupeinpienne, sans qu'Albasser le sache probablement) que notre héros finit par susciter ses formes aux limites du pictogramme, du symbole, du signe abstrait.
Pierre Albasser avec deux de ses admirateurs, photo BM, mai 2008
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L'exposition se tient à la Galerie Blanche de Falicon (entrée libre, tous les jours de 15h à 19h) du 12 au 21 mars prochains. Les autres exposants sont C.Besser, G.Cambon, P.Chapelière, J.Lorand. A propos de ce dernier, toujours aussi pugnace sur le front des expositions, ajoutons qu'il fera également une exposition personnelle, intitulée "Oiseaux improbables", en parallèle (du 11 mars au 9 avril) à la Galerie Béatrice Soulié (21, rue Guénégaud, dans le 6e à Paris).
06/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (2)
”Un Albasser pour tous!”, crie la foule nantaise en délire...
Mardi 9 juillet: "Bonjour, amis et voyageurs,
L’exposition de Pierre Albasser à la Galerie Antireflets, 2, place Aristide Briand, à Nantes, est prolongée jusqu’au 7 septembre 2013. Mais la galerie sera fermée pour vacances du 27 juillet au 19 août (et les lundis). Passez un bel été ! Cordialement, G.+ P. Albasser".
Vendredi 12 juillet : "Félicitations... Un succès sans doute au delà de vos rêves les plus fous...Des files d'attente interminables avec des fans en délire: "Albasser, c'est chic, on en veut, laissez nous passer"... Devant ce raz-de-marée la direction ne reculant devant rien a décidé la prolongation de la fête...Amitiés, Bruno"
Pierre Albasser, sans titre, dessin de 2008 monté sur pieds métalliques
Samedi 13 juillet : "Cher Bruno, ta perspicacité nous réjouit ! La place Aristide Briand est grande, mais la foule devant Antireflets gêne quand-même la circulation. On nous rapporte qu’il y a des fanas tellement emballés qu’ils essaient de passer une deuxième fois pour voir les œuvres. Et le voisinage semble excédé par les cris « un Albasser pour tous ! ». Finalement, le galeriste hésite de partir en vacances pour ne pas frustrer le public. Qui l’aurait cru chez Lustucru – que nous ne consommons que des pâtes Barilla (pour leurs cartons) ? Amitiés, Gudrun, Pierre.
PS: Si tu te rends à Nantes, demande-nous à temps un laisser-passer pour éviter la file d’attente."
13/07/2013 | Lien permanent
Albasser à La Rochelle depuis la Saint-Bruno
Pierre Albasser continue de produire à la régularité d'un métronome, là-bas du côté des tours de La Rochelle, une œuvre assez proche de celle d'un Gaston Chaissac, assez proche quoique pas identique pour autant.
Pierre Albasser, Je garde, 2005
J'évoque souvent son cas (sur papier, dès ses premières expositions au musée de la Création Franche, en 1999, comme sur ce blog), et son travail qui demande, comme une contrainte librement assumée (il pourrait incarner à lui tout seul un membre autodidacte et anarchique de l'OUPEINPO), d'être exécuté sur des papiers ou cartonnages d'emballage alimentaire, avec des instruments de traçage qui soient gratuits, feutres usagés, stylos hors d'âge, marqueurs exsangues...
PA, Sans titre, 2007 (cette œuvre, et celle au-dessus, ainsi que la troisième ci-dessous ne sont pas forcément exposées à La Rochelle actuellement)
Les résultats sont assez erratiques et vagabonds. Des grosses têtes aux yeux dilatés, des écritures abstraites, des entrelacs possédés d'une sorte d'ivresse de la recherche de forme, des esquisses de totems parfois... En tout cas, un goût extrême de la dérive graphique qui se joue des cadres imposés (de la part de quelqu'un qui fut lui-même un cadre) et plus généralement peut-être du support même de nos vies contraintes. Le choix que fait Albasser de s'imposer une contrainte n'est là semble-t-il que pour montrer sa liberté à l'œuvre, sa capacité de dépassement.
Expo Pierre Albasser à la Galerie Brigitte Ruffin - Art Espace 83 du 6 octobre (St-Bruno) au 5 novembre 2011, 83, ave du 11 novembre, 17000 La Rochelle. Tél: 06 14 81 48 81. E-mail: brigitteruffin@art-espace83.com. Pendant cette manifestation, est annoncé un "colloque autour de l'art singulier", le 22 octobre avec, seule faute de casting, Jean-François Maurice à 17h.
Pierre (le créateur) et Gudrun Albasser (créatrice et impresario), 2008, sur la Côte Sauvage, ph. Bruno Montpied
14/10/2011 | Lien permanent | Commentaires (1)
Un livre magnifique sur Pierre Albasser, le ”retraité qui dessine”
Cette note a fait l'objet d'une mise à jour et d'un remaniement le 2 décembre 2021.
Les Emballements de Pierre Albasser, ça s'intitule. Que voilà une très belle réussite des éditions Le Temps Qu'il Fait, qui nous a habitués à sortir de très beaux ouvrages, rien qu'au niveau formel déjà. Et aussi du point de vue du contenu, par exemple ce Sentiment des rues de cet écrivain secret et délectable qui a pour nom Joël Cornuault, paru en 2017.
Il s'agit ici d'une monographie consacrée à un de nos Singuliers, lointain surgeon de Gaston Chaissac dont il se distingue bien entendu, ne serait-ce déjà que par le choix exclusif et particulier de ses supports et de ses outils (supports: cartons d'emballage de toutes sortes, loin d'être seulement d'origine alimentaire, puisque "TOUT emballage en carton compact du ménage est exploité, avec des cartons de mouchoirs, de pâte dentifrice, de collyres, de chaussettes, de ruban adhésif" (GEHA), cartons qui sont déployés soigneusement à plat ; outils: feutres, marqueurs usagés, encre d'imprimante, fournitures d'occasion diverses...), mais aussi dont il participe par un graphisme ultra stylisé, par son goût des traits cerneurs et des formes emboîtées, et aussi par son goût d'expérimenter et de son refus de se répéter.
C'est pourquoi j'ai choisi de donner un texte à ce beau projet de monographie, Pierre Albasser, un enfant caché de Chaissac, un texte qui en recombine deux autres, parus respectivement, en 1999 dans la revue Création Franche (un des tout premiers textes, si ce n'est le premier, qui parut sur Albasser, suite à sa participation à l'expo automnale du Musée de la Création franche), et en 2021, dans le magazine Artension, textes que j'ai remaniés pour l'occasion.
Pierre Albasser emballé par ses Emballements, photo GEHA, octobre 2021.
Alors, bien sûr, on va me dire "vous en dites du bien du livre sur Albasser, parce que vous avez écrit dedans..." Mais n'est-ce pas naturel? Si j 'y ai participé c'est que j'y croyais... De plus, je ne me sens pas toujours obligé de parler de tout ce à quoi je participe (quelquefois même, je serais tenté de critiquer certains "contenants" si la courtoisie de ne me retenait pas). Si j'écris sur tel ou tel sujet c'est par passion et engouement. Il est normal d'en répercuter partout la manifestation, surtout lorsque la publication ne bénéficiera à l'évidence pas de "publicité". A force d'y penser, du reste, je crois que je mettrai bientôt en ligne ma bibliographie de textes récents, pour embêter tous ceux qui pourront me traiter de narcissique.
Je ne suis pas seul dans cet ouvrage à donner des textes, il en est d'autres : en premier, GEHA, l'épouse impresario-archiviste-artiste postal, mais aussi Denis Montebello, Pascal Rigeade, Anna Rozen (très bien son texte, très-très bien), Isabelle Lollivier (responsable de la revue Santé mentale, où Albasser a donné plusieurs illustrations, une vingtaine par numéro ; comme il a participé à huit de leurs numéros, calculez combien ça fait d'illustrations...), Bernard Ruhaud, Dino Menozzi, Peter Bolliger... Et Georges Monti, l'éditeur, qui nous livre un bel entretien avec Pierre et Gudrun Albasser, à la fin, qui m'a bien amusé, en constatant l'assurance de Pierre pour répondre à Monti (et à Gudrun qui cherche "traîtreusement" à l'entraîner sur cette pente de l'AAAArt) que décidément, non, ce n'est pas une coquetterie s'il ne se présente pas comme "artiste", mais simplement comme un "retraité qui dessine".
Pierre Albasser est souvent en vente sur e-bay ou dans les ventes aux enchères d'art contemporain (que je trouve personnellement calamiteuses) organisées régulièrement à Drouot, et je trouve depuis longtemps que cela nuit à la correcte appréciation de ses expérimentations et autres travaux, car les œuvrettes qu'il y dépose sont loin d'être ses meilleures. J'ai même parfois l'impression qu'il y distille un peu ses "fonds de tiroir". Et cela donne à la longue une image un peu pâle, réductrice, et finalement mensongère de sa production (j'en connais même qui, ne connaissant que ces images visibles sur tous les écrans du Net, mésestiment grandement Albasser). Or, la magnifique monographie des éditions Le temps qu'il fait constitue un éclatant démenti face à ce genre de fausse impression. On y trouvera des reproductions (de très belle qualité d'impression : décidément, bravo à l'éditeur) de ses travaux les plus aboutis, d'une grande variété, et, en même temps, d'une grande unité de signature. Je donne deux exemples ci-dessous de double-page.
Pp 72-73 et pp108-109 des Emballements de Pierre Albasser au Temps Qu'il Fait.
A parcourir ce bel album d'images, j'en retire la conviction que l'impresario (impresaria?) de Pierre, la nommée Gudrun, avait mis de côté depuis longtemps les meilleurs crus de son cher et tendre "elfe" (moi, je disais lutin, mais d'autres le qualifient d'elfe ; va falloir qu'il se fasse tailler les oreilles en pointe pour être à la hauteur du qualificatif), comme lorsqu'on garde des millésimes pour les grandes occasions.
Le livre (144 p., 100 illustrations couleur) sera disponible dans toutes les bonnes librairies à partir du 22 novembre prochain. Voir le site de l'éditeur.
16/11/2021 | Lien permanent | Commentaires (13)
Touche française à la Galerie Impaire
La Galerie Impaire est sympa. Elle ouvre ses portes, jusqu'ici consacrées aux créateurs américains contemporains et (surtout) souffrants d'incapacités mentales (autrement dit des handicapés mentaux), à quelques créateurs et artistes alternatifs, "singuliers", français.
Une exposition, proposée au départ par Gaëla Fernandez, l'animatrice de la galerie, qui a fait entièrement confiance à Jean-Christophe Philippi, l'un des exposants (et pas des moindres), s'y tiendra du 25 février au 4 avril 2010 (vernissage le 25 février). Ce sera l'occasion pour les amateurs parisiens de découvrir des oeuvres sincères rarement montrées dans la capitale, toutes sélectionnées par le co-curator ci-dessus nommé (Cocurator, nos amis américains n'ont pas l'air de se douter que cela peut prêter chez certains esprits mal tournés à la galéjade). D'ailleurs, étant donné la nationalité french des artistes sélectionnés, on aurait dû parler, comme me l'a écrit Jean-Christophe Philippi, de "cocorico-curator".
Elle réunira (entre autres, pour savoir tous les noms des artistes exposés on se reportera au site de la galerie) Pierre Albasser, pour une fois présentée avec son épouse Geha (connue pour ses travaux d'art postal mais non limitable à cela), Gérard Sendrey, Jean-Paul Henry (un handicapé pas assez connu), les dessins et peintures semi naïfs du Mayennais Patrick Chapelière, des oeuvres d'Alain Pauzié (qui se faisait rare, à Paris tout au moins), des peintures d'Yvonne Robert (que le texte anonyme qui présente l'expo sur le carton d'invitation virtuel que l'on m'a envoyé associe aux ex-voto, mais qui sont plutôt de simples saynètes de la vie quotidienne qui ont retenu l'attention de Mme Robert, dont on n'est pas sûr même qu'elle les envisage sous un angle caricatural).
Yvonne Robert figure dans la collection de l'art brut à Lausanne.
13/02/2010 | Lien permanent | Commentaires (3)
”De bric de broc”, exposition au musée d'art naïf et singulier de Laval
Affiche de la nouvelle expo du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval (on notera le pluriel désormais attaché par les responsables du musée de Laval à "art singulier"), 26 mars au 27 septembre 2016
C'est une "exposition-dossier" à laquelle nous convient Antoinette Le Falher, directrice des musées de Laval, et ses collaborateurs, conçue pour mettre en valeur, hors de la collection permanente, des œuvres confectionnées à base de matériaux recyclés ou détournés, comme les galets peints que l'on voit sur l'affiche ci-dessus et dont je ne reconnais pas l'auteur (Alain Pauzié peut-être?).
Pierre Albasser dessin sans titre de 2007
On retrouvera ainsi, entre autres, sur les cimaises du musée du Vieux-Château, Pierre Albasser, dessinateur et peintre sur cartons alimentaires exclusivement, Jean-Louis Cerisier, régional de l'étape (dans la section petits papiers consacrée aux œuvres faites de collages), Youen (Yves) Durand, un formidable mosaïste autodidacte populaire dont quelques tableaux ont fait le déplacement depuis le Finistère (voir ci-contre "Bellorophon monté sur Pégase terrassant la chimère", titre aimablement communiqué par Mme Durand de l'Association des amis de Y.D.), Alain Lacoste et ses "bri-collages" (voir ci-dessous), Bruno Montpied (deux œuvres en collage là aussi, une "orthodoxe", faite seulement de photos découpées – assez ancienne puisqu'elle date de 1983, elle est intitulée Le Fakir – et une en "technique mixte" de 1999, intitulée La voix du mauvais sang, voir ci-dessous), Léopold Jean-Jean (un Naïf cette fois, autrefois défendu par Anatole Jakovsky, connu pour ses tableaux de bateaux en relief fort rugueux et quasi bruts, voir ci-dessous un paysage maritime exposé à De bric de broc),
Noël Fillaudeau, avec certains de ses objets constitués d'agglomérats de matières hétéroclites (il est par ailleurs connu pour ses "métamorphoses" (peintures sur photos de magazines ; voir ci-dessous), Anselme Boix-Vives, Sabine Darrigan, Nicolae Popa, créateur populaire avant tout sculpteur et assembleur je crois, fort connu et estimé en Roumanie où un musée lui est consacré (voir ci-dessous le masque à l'expression bien grotesque qui est présent dans l'expo de Laval),
François Monchâtre, connu pour sa série des "Crétins" et ses machines "automaboules", Alain Pauzié connu pour peindre sur des semelles, etc... L'exposition sera l'occasion de faire également des découvertes de créateurs moins connus, comme par exemple les paysages en assemblages de matériaux composites d'un certain Léon Chimisanas.
Alain Lacoste, le pont d'Art-Colle, 2005, collection permanente du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval, ph. Bruno Montpied, 2011
Noël Fillaudeau, sans titre (série des "Métamorphoses"), peinture sur page de magazine, 10x17 cm env., vers le milieu des années 1990, coll. et ph. B.M.
Le carton d'invitation à l'inauguration, qui aura lieu le samedi 2 avril à 15h30, annonce la prise de parole de "personnalités du monde de l'art singulier". Sont ainsi annoncés (sous réserve): Didier Benesteau (pour parler d'Alain Pauzié et Jean-Joseph Sanfourche), des membres de l'association Youen Durand, Pierre Albasser, Douce Mirabaud et moi-même.
Bruno Montpied, La voix du mauvais sang, collage et technique mixte sur papier, env. 24x32 cm, 1999, coll. Musée d'art naïf et d'art singuliers de Laval ; cette œuvre figure dans l'exposition De bric de broc
28/03/2016 | Lien permanent | Commentaires (3)
Festival du film d'art singulier à Nice: ”C'est quoi”?
"C'EST QUOI?", sous cette question brutalement formulée en grosses capitales, se présente le programme du 20e festival organisé par l'association Hors-Champ chaque année au début du mois de juin à Nice, dans l'auditorium du MAMAC, à la librairie Masséna,, voire depuis peu de temps dans les locaux de l'Hôtel Impérial où, à chaque fois, est projeté un nouveau film de Guy Brunet, cette fois-ci sur Marcel Pagnol... Demandez le programme... Avant que je ne me fende de quelque laïus ou réclamation...
Bon, il y a des choses classiques, les Prévost qui viennent signer la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, comme ils l'ont fait naguère à Paris. Guy Brunet, la mascotte du festival, le raton-laveur incontournable... Les nouveaux courts-métrages de Philippe Lespinasse (Zemankova, connue au bataillon, Mikaël Glotz, beaucoup moins, et que se cache-t-il sous le titre "A bâtons rompus"? C'est là qu'un petit dossier de presse avec explicitations et visuels à la clé ne serait pas de trop, mister Wurtz! Voilà, c'était ma réclamation, c'est parti plus vite que je ne l'aurais voulu...)... Les incontournables de l'art singulier, Ody Saban et Adam Nidzgorski (manque juste Joël Lorand)... Le tapis rouge déroulé en matinée au MAMAC pour Pierre Albasser, le Chaissac du carton alimentaire (pour un film de 52 minutes, mazette, qu'est-ce qui s'est passé? Albasser a vampé Wurtz, on dirait, lui qui n'en voulait pas des moyens-métrages au début...)
Dessin de Pierre Albasser, ph. Bruno Montpied, 2007.
Et côté art brut stricto sensu (non, pas "sangsue"...), on a deux petits opus (opi?) sur Smilowki, et Sylvain Fusco (celui-ci m'intrigue, et le film sur lui, d'Eric Duvivier, me paraît du genre rare).
Sulfateuse retapée à l'aide d'une pompe à vélo, collection du "raccommodage rustique" à l'écomusée de Cuzals (Lot), ph. B.M., 1991.
Enfin, on annonce dans ce même programme un film sur les "ingénieux du Lot" produit et réalisé par l'Ecomusée quercynois de Cuzals. Et cela m'interpelle, me rappelant que j'ai mentionné un jour (conversation? texte ancien?) les objets rapetassés ingénieusement pendant l'Occupation dans le Quercy (ç'aurait pu être ailleurs tout aussi bien), que cet Ecomusée – que j'avais visité avec Gaston Mouly à la fin des années 1980, puis avec Jean-François Maurice au début des années 1990 – conservait judicieusement. Ils appelaient cela je crois me souvenir "le raccommodage rustique". Il me semblait alors que ce corpus était peu retenu et étudié, encore moins préservé (est-ce que cela a beaucoup changé depuis, j'en doute...). L'Ecomusée de Cuzals était en 1991 le seul que je connaisse à avoir entrepris une telle sauvegarde. J'avais fait deux photos lors de ma visite, je suis allé en repêcher une pour ce blog (la sulfateuse ci-dessus)... Par contre je ne sais pas du tout si le film annoncé à Nice a un quelconque rapport avec cette section des objets rapetassés ingénieusement par des anonymes qui était remisée un peu à l'écart à Cuzals. A vérifier pour ceux qui pourront aller sur place... Mais "ingénieux du Lot", si on ne doit se fier qu'aux titres, ça fait penser avant tout à ces "raccommodages", dont un de mes amis brocs (la Patience) a le chic de collecter des exemples au hasard de ses chines.
Objets collectés par Philippe Lalane (La Patience), chaussures faites en morceaux de pneus récupérés ; hypothèse aventurée par moi: cela servait pour aller marcher dans l'eau des rivières sans se blesser les pieds sur les cailloux... ; ph. B.M., 2016.
21/05/2017 | Lien permanent | Commentaires (14)
Voeux singuliers
Je ne cache pas que les voeux de nouvel an me laissent passablement dubitatif. Certes, je n'en veux pas à ceux qui me disent bonjour chaque fois qu'on se croise pour la première fois dans une journée. Après tout, on pourrait voir les voeux de nouvel an comme une salutation spécifique pour la première fois de l'année. Ah bonjour, vous êtes encore là? (Car c'est peut-être ce qui est sous-entendu par "Bonne année, bonne santé"...?). Ceux qui meurent dans l'année qui suit avaient d'abord essuyé en début d'année les voeux de leur semblables leur souhaitant de vivre une bonne année, la vraie poisse en somme. Est-ce à cela qu'a pensé Laurent Jacquy en publiant ces temps-ci, à l'enseigne des Beaux Dimanches, Avec par ordre de disparition, Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres, tomes 1 et 2 ?
Les Beaux Dimanches, Laurent Jacquy, beauxdimanches@orange.fr ; ci-dessus, la chronologie macabre est tirée du tome 2 de cette mini publication
Laurent Jacquy, extrait du Tome 1 du Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres
Extrait du Tome 2
C'est pourquoi ma préférence, plus qu'aux simples voeux formulés plus ou moins machinalement, va aux oeuvrettes qui prennent prétexte de ces voeux pour pouvoir déployer une autre facette du talent de leurs auteurs, cartes postales spécialement éditées pour l'occasion avec quelque chose de singulier dans leurs atours, voire oeuvres graphiques ou autres spécialement conçues pour l'occasion, parfois variantes de l'art postal.
Joseph Donadello, dont je parle sur ce blog et qui sera au sommaire de mon prochain livre sur les Jardins Anarchiques, a édité une carte de voeux luxueuse où on le découvre paraissant attendre avec bienveillance le chaland occasionnel. Derrière et autour de lui sont ses coupes glanées aux champs de bataille des boulistes et ses peintures naïvo-bruto-singulières qui sont une des autres facettes de son talent, à côté des sculptures qu'il dissémine dans son jardin. Je crois savoir que ses peintures sont à vendre.
De leur côté, le musée des Amoureux d'Angélique (alias l'association Geppetto, alias Martine et Pierre-Louis Boudra, dans le village du Carla-Bayle en Ariège) ont sorti une carte où sont réunis une pièce sculptée de Roger Beaudet (représentant le couple Boudra) et un arbre couvert d'oiseaux naïfs qui serait dû à "un vagabond russe" croisé du côté de Villemur-sur-Tarn.
Mais la palme de la création la plus délicieuse revient pour moi sans conteste au binôme Géha + Pierre Albasser qui m'ont envoyé au croisement des deux années le cadavre exquis ci-dessous, intitulé Bi:
Geha et Pierre Albasser, Cadavre exquis, 2010
18/01/2011 | Lien permanent | Commentaires (3)
Quatre singuliers à Carquefou
J'ai commencé cette journée par des Singuliers, et tout s'enchaîne, il y a justement une nouvelle exposition avec au moins trois créateurs que j'ai déjà eu l'occasion de vanter ici et là, à Carquefou, cette commune prés de Nantes qui s'intéresse visiblement avec persévérance aux créateurs proches de l'art brut, sans être pour autant des artistes contemporains à part entière. Il existe ainsi une catégorie de créateurs qui œuvrent avant tout pour leur propre délectation, hors souci vénal ou d'arrivisme.
Au programme donc, à partir du 3 mars, Pierre Albasser, Céline Ranger (je connais pas), Patrick Chapelière et Noël Fillaudeau (un grand ancien de l'art singulier celui-ci, disparu en 2003). A propos de ce dernier, on peut aller faire un tour sur le site web qui lui est consacré et qui propose, entre autres, à la vente une petite monographie élégante que l'on peut commander directement auprès de sa femme Alice qui veille fidèlement à la mémoire de Noël.
Première de couverture du catalogue "Indomptés de l'art", 1986
Noël Fillaudeau, que j'avais rencontré chez lui à Boussay (Loire-Atlantique) il y a plusieurs années, suite à ma découverte de son œuvre à l'exposition Les Indomptés de l'Art à Besançon en 1986 (j'ai écrit à son sujet deux articles: « Noël Fillaudeau, très brève biographie », et « L’atelier du Père Noël (Fillaudeau) », dans la revue Création Franche n°9, en avril 1994), est un grand créateur que j'admire absolument et dont je me sens particulièrement frère.
Noël Fillaudeau, sans titre, photo surpeinte de la série des "Métamorphoses", 29x13 cm, coll BM
29/02/2012 | Lien permanent