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13/09/2015

"Création Franche" n°42, et codicille pour l'expo "Outsiders d'Indonésie"

     Bon an mal an, la revue Création Franche continue son petit bonhomme de chemin. Voici le 42e numéro d'une publication dont on n'aurait pas cru possible une telle longévité. C'est tout à son honneur, d'autant qu'étant donné le retrait du fondateur de la revue, Gérard Sendrey (en même temps que du Musée, qui fut au début un "Site"), et sa continuation sous la férule d'un nouveau directeur, Pascal Rigeade, on aurait pu croire à une cessation d'activité, faute de moyens. Que nenni, avec celui-ci au contraire, il semble que la revue ait atteint un rythme de croisière tout à fait confortable.

 

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Création Franche n°42, juin 2015

 

    La revue est avant tout centrée sur les créateurs et les artistes de la collection permanente du musée certes, mais ne s'interdit pas des incursions du côté de personnages non encore inscrits sur ses cimaises ou dans sa réserve. C'est ainsi que parmi d'autres sujets traités dans ce dernier numéro (Claudine Goux, Juda, Rina Nasi, Catherine Rivière), j'ai pu évoquer le cas de ce dessinateur nouveau venu (en ce qui concerne le dessin, car auparavant, il s'était fait connaître comme photographe, tout aussi autodidacte que dans le domaine de l'art graphique), sous ce titre: "José Guirao, dessinateur par réaction vitale".Article BM José Guirao CF n°42.jpg

Première page de l'article de Bruno Montpied dans Création franche n°42

 

    Je renvoie les lecteurs qui souhaiteraient en apprendre plus sur ce créateur vers la revue et me contenterai de reproduire ici quelques dessins différents de ceux parus dans mon article.

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     Sur ce blog, j'avais déjà parlé de ce monsieur Guirao, voir ici.

    Sinon, j'y avais également causé de l'expo estivale montée par le musée de la Création Franche à propos d'Outsiders indonésiens, en disant au passage qu'on ne savait pas très bien qui se cachait derrière les textes proposés par le dossier de presse qui présentait l'expo, ni qui était l'instigateur de la manifestation. Couv Outsiders d'Indonésie.jpg Depuis mes propos, le musée a eu l'amabilité de m'expédier le catalogue de l'expo (voir ci-contre) qui nous en apprend plus finalement sur ce chapitre. Il est préfacé par Pascal Rigeade qui souligne ce que les huit créateurs rassemblés autour de la figure centrale de Noviadi Angkasapura (à la manière peut-être du mouvement singulier réuni et dirigé par Raymond Reynaud autrefois à Salon-de-Provence, dans une autre modalité?) doivent à l'animation d'Angkasapura, tout en préservant cependant leurs originalités. Et on nous y dit également que l'exposition a pu être rendue possible grâce au "relais avisé autant qu'actif" de Damian Michaels, autre artiste de la mouvance singulière internationale (Américain d'origine, il réside en Australie à Melbourne où il dirige une revue sur l'Art Visionnaire). Il fallait donc ce codicille à mon précédent billet.

 

06/08/2015

"Outsiders" indonésiens à Bègles

caton d'invitation à l'expo verso.jpg

 

Endru Sil, encre sur papier, 19,5 x 28,4 cm, 2014

Noviadi Angkasapura, encre sur papier, 15,7 x 20,9 cm, 2014

  Tri Oktafiyani, encre sur papier, 32,8 x 21,5 cm, 2014

Muhammad Nasir, encre et crayon sur papier, 17,9 x 25 cm, 2014

 

Shony Wijaya, stylo à bille et crayons de couleur sur papier, 14,8 x 21 cm, 2014

Erna KD, encre et stylo bille sur papier, 21 x 29,7 cm, 2014

      Il reste un mois pour aller voir l'expo originale montée au Musée de la Création Franche à Bègles (26 juin - 6 septembre 2015) sur des "Outsiders d'Indonésie". caton d'invitation à l'expo Recto.jpg

     Ce n'est en effet pas banal comme manifestation. Les amateurs d'art brut ou singulier indonésien n'avaient eu que peu de créateurs à se mettre sous la dent, si j'ose dire. L'un d'entre eux étant cette créatrice génialement inspirée du nom de Ni Tanjung, révélée par les expositions et les publications de la Collection de l'Art Brut à Lausanne (notamment récemment au moment de l'exposition "L'Art Brut dans le Monde"). Si ses peintures sur pierres (des représentations d'esprits je crois) ont disparu petit à petit dans le site en plein air où elles étaient installées (à Bali),  elle a continué à s'exprimer sur papier de fort poétique façon.

 

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Ce qu'il restait des pierres peintes de Ni Tanjung en août 2008 à Bali, ph. Petra Simkova

 

     Un autre créateur indonésien fut également montré à Vitré au sein du Centre Français du Patrimoine Culturel Immatériel. Cet auteur javanais a pour nom Dani Iswardana. Sans avoir vu son exposition à Vitré, j'avais trouvé les reproductions de certaines de ses œuvres tout à fait intrigantes. Est-ce l'effet des croisements entre différentes cultures sur ces territoires variés d'Indonésie entre échos de l'art ancien des Papous, influences culturelles musulmanes et bouddhisme, toujours est-il qu'il semble bien que dans ces contrées si éloignées de l'Europe on ait affaire à un riche creuset d'expressions artistiques. Rappelons (source Wikipédia) que cette république d'Indonésie est composée de plus de 17 000 îles, que sa population est la 4e du monde (à majorité musulmane) et qu'elle se situe géographiquement au carrefour d'influences venues à la fois du Moyen-Orient, de l'Inde, des pays asiatiques et de l'Océanie. Parmi ses îles les plus connues, on peut citer Sumatra, Java (où se trouve la capitale Djakarta), les îles Célèbes, les îles Moluques, la Papouasie, une partie de Bornéo, Bali... On a dénombré 1100 ethnies différentes, plus de 700 langues...

 

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Une œuvre de Dani Iswardana montrée à Vitré en 2010 ; Ce plasticien accompagnait ses toiles de récits (art du wayang beber) de façon analogue aux rouleaux narratifs peints des patuas indiens ou au kamishibai japonais (images supports de contes rangées dans des petites armoires ambulantes)

 

     A Bègles, les œuvres présentées paraissent avant tout d'ordre graphique comme on peut en avoir un échantillon en tête de cette note. Elles émanent de créateurs tous autodidactes qui ont pour point commun d'être tous plus ou moins liés au plus productif d'entre eux, le nommé Noviadi Angkasapura, qui ambitionne d'atteindre bientôt le million de dessins afin de fonder un musée à lui seul consacré, musée qui serait un moyen de rendre grâces à ses ancêtres, comme il est dit dans le dossier de presse de l'exposition béglaise (malheureusement non signé : qui est l'instigateur de cette exposition, on ne le sait pas ; cela donne l'impression que l'expo tombe du ciel...). Il paraît stimuler sans cesse autour de lui les potentialités créatives des différents individus qu'ils repèrent autour de lui comme porteurs de pratiques expressives en herbe.

 

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Noviadi Angkasapura, sans titre, 30 x 20 cm, sans date repérée, coll. privée Paris, ph. Bruno Montpied