11/03/2018
Coquilles hilarantes, quand elles ne sont pas tragiques...
Les coquilles d'enseignes et d'annonces, commerciales ou autres – le plus souvent il est vrai émanant de personnes ne maîtrisant pas complètement la langue française (je ne leur jette pas la pierre, je me contente de relever les cocasseries possibles qui en résultent, bien sûr...) ou dues à des manipulations de clavier diaboliques (voir ci-dessous la première image) –, je continue de m'en repaître à l'occasion. En voici un bouquet recueilli ces derniers mois, et pas encore mis en ligne (il me semble)... La première est vraiment du genre tragique.
Vu sur le site web du Bon coin... Communiqué par Romuald Reutimann ; un "t" en moins, et l'effet devient terrible, n'est-il pas? La coquille est ici consternante, au début de cette énumération...
Cette enseigne d'électricien propose des "escabots", escabeaux pour escargots sans nul doute... Communiqué par Régis Gayraud, vu dans le IXe ardt, Paris.
Vu sur un menu, ph. Bruno Montpied ; une cuisse bottée, qu'on mange avec son cuir? Ou bien, qu'on mange à cheval sur une moto (ou sur la motarde)? Les interprétations ne manquent pas...
Ce menu de restaurant thaï proposait un festival de coquilles savoureuses ; ici un poulet aux amendes, qui fait songer à un cannibalisme dont les proies seraient les donneurs de prunes..., ph. B.M.
De l'œuvre en horde... de bataille? Ph.B.M.
Cherchez l'erreur... Ph. B.M.
Avant 18 ans, on a droit aux mini maux, adaptés à votre mini âge... Ph. B.M., vu sur une affichette de bibliothèque municipale, Paris XVIIIe.
Ce pauvre Patrick, ça doit pas être la première fois... Vu dans La Montagne par Régis Gayraud.
Vu par Philippe Lespinasse ; Tarkovsky, c'est un peu comme Tartempion, faut croire... Ou un peu tarte...
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Enfin, pour finir ce petit bouquet, une dernière coquille relevé dans un article sur Gala.fr, et repris par Yahoo ! Actualités :
« Neuilly sa mère, sorti en 2009, racontait l'histoire d'un gamin des cités obligé de vivre chez sa tante qui occupe un hôtel particulier situé dans le quartier chic de Neuilly-sur-Seine. Le film avait connu un joli succès au bof office avec 2,5 millions de spectateurs… »
Le « bof office », me suis-je alors dit après cette lecture, bien nettement distinct du box office, est peut-être le répertoire des œuvres cinématographiques médiocres ?
12/12/2017
Zig-zag, naissance des "Cahiers de la Passerelle"
Belle surprise que les éditions FP et CF (= Editions Frédéric Pierre et Camille Françoise) viennent de faire à l'atelier la Passerelle, basé à Cherbourg, en publiant ce premier "cahier de la Passerelle". Il s'agit d'un grand format (34,5x25 cm) au design sobre, joyeusement coloré, présentant en très grand, et magnifiquement imprimées, plusieurs œuvres choisies parmi les très nombreuses produites dans cet atelier proposé à plusieurs adultes déficients mentaux.
Une double page de Zig-zag consacrée à André Jeanne, les Fusées, février 2005.
Une autre page, simple cette fois, mais toujours consacrée à André Jeanne, L'église, mai 2003 ; j'apprécie particulièrement cet auteur.
Hormis un texte court présentant l'atelier animé par Romuald Reutimann, on ne s'embarrasse pas dans ce Zig-zag de textes autres (par exemple des descriptions des peintures, des analyses, le processus qui a mené les auteurs à leurs images finales, etc.). Il faudrait pourtant bien qu'un jour on analyse ce fait qu'il y a une "patte" de la Passerelle, une sorte de signature graphique, qui permet d'identifier les œuvres hors de leur lieu de production, comme il y a, par exemple, une ligne graphique "Gugging" (atelier pour psychotiques en Autriche). Et ce, en dépit de la politique de l'animateur de l'atelier, avec qui j'ai pu souvent en parler, Romuald Reutimann, qui fait tout pour éviter d'influencer et de formater les pratiquants de son atelier. Il cherche en effet à laisser se développer au maximum la liberté de chacun dans les formes et les récits représentés.
Séance d'atelier, ph. La Passerelle ; on note que les participants créent tous ensemble dans la même pièce, certes probablement chacun dans sa bulle, mais donnant sûrement de temps à autre quelques coups d'œil à leurs voisins?
Rappelons que j'ai déjà parlé de cet atelier par le passé. Il existe depuis 25 ans. Les œuvres sont à vendre (généralement des formats de 50x70 cm sur papier, vendus 200€, port compris). N'hésitez pas à aller faire un tour sur leur blog. Le cahier Zig-zag, on peut se le procurer en s'adressant à l'éditeur (apparemment spécialisé dans les ouvrages graphiques): www.editionsfpcf.com.
Une œuvre remarquable de Kevin Raffin, exposée dans le cadre de la sortie du Cahier de la Passerelle, en novembre dernier,à la galerie P38 de Mathieu Morin, située dans la rue Doudeauville (18e arrondissement de Paris) ; ça me rappelle quelque chose, le support utilisé, un emballage déplié et mis à plat, un sacré dépliage du reste... Pierre Albasser?
24/12/2013
Séminaire Processus créatifs à l'INHA à propos de la Passerelle avec Reutimann et Montpied
"Nous avons le plaisir de vous inviter à une séance exceptionnelle du séminaire « Processus Créatifs », que nous organisons à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne pour l’année universitaire 2013-2014.
Nous vous donnons rendez-vous samedi 11 janvier 2014, de 11 heures à 13 heures en salle Jullian de l'INHA (2, rue Vivienne, Paris), où nous avons le plaisir d'accueillir Romuald Reutimann, chargé de l'atelier de la Passerelle à Cherbourg à destination d'adultes en situation de handicap psychique, et Bruno Montpied, auteur du blog « Le poignard subtil », pour une réflexion sur « La création dans le cadre des ateliers médico-pédagogiques »." (Emilie Bouvard et Hugo Daniel).
Hervé Blétel, Dictée, Atelier La Passerelle, Cherbourg, ph. R. Reutimann
Ça fait un peu laconique tel que je le présente là, mais cette rencontre, initiée par deux chercheurs en art contemporain (dont l'une, Emilie Bouvard, a déjà fait parler d'elle sur ce blog avec l'organisation de l'exposition De la lenteur avant toute chose à la galerie ABCD) qui aura lieu l'année prochaine, dans une quinzaine de jours en fait, cherche à provoquer un questionnement sur les conditions de production de l'art des handicapés et à voir entre autres, si par hasard il s'agit bien d'un art qui pourrait être rangé dans l'art brut qui, a priori, au rebours de l'art d'atelier, se passe de tout médiateur/incitateur à créer, car l'art brut est un art fort intériorisé, se déployant hors "communication", ou du moins hors médiatisation (au départ, parce qu'aujourd'hui que le marché commence à vouloir s'en emparer, on en parle tant et plus). J'espère que l'on en profitera pour montrer quelques images des productions du fameux atelier de La Passerelle dont j'ai déjà plusieurs fois parlé ici.
Yann Dorval, sans titre, février 2011, coll et ph. Bruno Montpied
17:35 Publié dans Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séminaire processus créatifs, émilie bouvard, hugo daniel, inha, bruno montpied, romuald reutimann, atelier la passerelle, art des handicapés mentaux, art immédiat, hervé blétel, yann dorval | Imprimer
22/06/2013
Kevin R., jungle, mariage et catch (les distractions à la Passerelle)
A Cherbourg, je l'ai dit et redit, il ya un atelier d'art plastiques animé par Romuald Reutimann chargé de laisser toutes sortes d'individus dits handicapés tracer diverses sortes de rêveries graphiques sur Canson avec des crayons spéciaux, des marqueurs et autres outils laissant comme l'escargot un sillage derrière soi... Voici un exemple de ce que je leur ai récemment acheté auprès d'un de leurs "artistes", Kevin R., que j'ai tendance à priser un brin.
Kevin R., Tarzan et Jane, 50x70 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2013, coll BM
On pourrait croire étant donné le titre que Tarzan est à gauche et Jane à droite. Si c'est correct pour cette dernière (qui fait très dessin d'enfant), ça ne l'est pas pour le personnage de gauche qui n'est autre qu'un gorille. Tarzan est plutôt au centre de la composition, au-dessus de la bande bleue dans laquelle Jane et le gorille se baignent les pieds (ils ne paraissent pas le voir, mais un crocodile nage sournoisement entre deux eaux juste en dessous de l'emplacement de Tarzan qui, les bras écartés, cherche à les ameuter justement, ayant peut-être perçu le danger). Tarzan, qui se fond dans le décor de jungle qu'a voulu planter Kevin R. en arrière-plan, les lignes qui le dessinent se mélangeant avec la toile quasi arachnéenne des lianes tombant ou sinuant depuis les frondaisons qu'on devine plus qu'on ne les perçoit exactement. C'est d'ailleurs cet enchevêtrement de jungle qui fait tout le charme de cette composition colorée, dessinant un assemblage de formes géométriques quasi abstraites et dégringolantes tout en étant chargées simultanément de figurer une réelle sylve tropicale. Le regard hésite et balance entre les deux registres, résolvant son problème finalement dans une sorte de douce hébétude...
Ce Kevin-là est décidément un sacré bon dessinateur, qu'on en juge avec cet autre dessin que je lui avais également acheté au moment de l'expo de La Passerelle dans le "vestibule" de la Maison Rouge.
Kevin R., Les 40 ans de mariage, 70x50 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2011, coll. BM
Et encore celui-ci, un dernier pour la route, lui aussi fort séduisant...
Kevin R., Catch, 45x65 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2013, coll.BM
23:31 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art des handicapés mentaux, atelier la passerelle, kevin r., romuald reutimann, tarzan, jungle, catch | Imprimer
20/12/2011
La Passerelle et les Bricoleurs à la Maison Rouge
Voici donc que s'annonce une exposition des créatifs du foyer d'art plastique de la Passerelle à Cherbourg (Nicolas, Pascal, Christine, Patrice, etc.) dont j'ai maintes fois eu l'occasion de parler dans cette colonne sans fin (ou presque). Et pas n'importe où puisqu'il s'agit cette fois des locaux de la Maison Rouge-Fondation Antoine de Galbert, et plus exactement de son "Vestibule", qui est en fait la dernière salle du parcours d'exposition...
Plusieurs productions de l'atelier seront présentées, et en parallèle, ceux qui ne le connaîtraient pas auront aussi l'occasion de voir le documentaire, désormais "célèbre" sur ce blog, de Remy Ricordeau, coécrit par votre serviteur, Bricoleurs de paradis, consacré à des créateurs populaires d'environnements, et diffusé dans le cinéma de poche du bout de ce "vestibule". Le tout devant se tenir du 21 décembre 2011 jusqu'au 15 janvier 2012 (vernissage le jeudi 22 à partir de 17h). A noter que cette manifestation est à l'initiative d'un membre du personnel, Sophie Gaucher, selon une politique de l'établissement qui souhaite donner aux différents membres de son équipe le droit de proposer telle ou telle exposition de leur choix.
Kévin, Dinosaures, 50x70cm, 2010, ph La Passerelle ; et au-dessus, successivement, Nicolas, Les Romains, 2006, puis Pascal, chaise décorée, ph. Bruno Montpied
Comme on le constatera, ce petit événement ne cloisonne pas les créateurs autodidactes entre eux, et surtout pas ceux qui proviennent des ateliers d'art pour handicapés, n'est-ce pas, Mme Dubarry, de la Mairie de Paris? (Voir note précédente du 11 décembre)
18:39 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la passerelle à cherbourg, romuald reutimann, art des handicapés mentaux, art différencié, handicap, maison rouge-fondation antoine de galbert, bricoleurs de paradis | Imprimer
22/04/2010
Les cochons dans la boue
Je suis allé à Cherbourg où paraît-il il n'y a que deux saisons, l'hiver et le 15 août, et figurez-vous que pour moi le soleil fut de sortie. J'ai ramené plein de photos prises dans l'atelier du centre d'arts plastiques de La Passerelle qu'anime Romuald Reutimann (voir anciennes notes). Il y a là à n'en pas douter une certaine effervescence créatrice qui paraît rare en France. Je médite quelque texte plus long à ce sujet. Dans les limites de ce blog, et pour rester dans le sillage des impressions ressenties à chaud, je vous invite à prendre connaissance d'un petit texte d'interprétation automatique d'une des oeuvres vues à Cherbourg.
Ils processionnent, bien silencieux, bien cois. Moutons de Panurge prêts à se jeter dans les flots, mais de mort lente, comme dit la chanson. La queue dressée, en forme de goupillon ou de matraque, ou d'autre chose. Est-ce l'heure de la transhumance ? Horizontale alors, car il n'y a nulle trace d'alpage, de pente à gravir à l'horizon. Il n'y a pas d'horizon pour ce cortège figé, enfermé dans ses pensées, ou son absence de pensée. Le monde est une orange qui les entoure de toutes parts, ils flottent dans le vide, ronds jolis, colorés... Des choses sans nom traînent à terre, à côté d'eux, parmi eux.
Ils se ressemblent terriblement. Pourquoi « terriblement » ? Parce que certains pourraient les trouver monotones. Identiques, clonés. En réalité, s'ils paraissent bien bâtis sur un même modèle, ils ont leurs différences, de points, couleurs, taille. Il y a ceux qui sont clairs, et puis les plus sombres. Et encore ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre.
Ils font bloc cependant. Groupe soudé, car l'union fait peut-être la force, mur de rondouillards mutiques érigé pour on ne sait quel ennemi invisible sur cette feuille. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'en dépit de leur apparence décorative, ils intriguent. Leur dessin va du côté d'un possible dessein, d'un mystère destiné à rester insoluble sans doute.
Ils sont simples, mais aussi ésotériques. Du grand art, en somme.
J'ai découvert le titre de ce dessin après l'avoir décrit : « Les cochons dans la boue ». Cochons jouets, mais où est la boue ? Dans leur âme sans doute, qu'il faudra alors laver. Il paraît que les cochons ne préfèrent pas la boue. Ce sont les hommes qui les y précipitent.22:13 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art des handicapés mentaux, art immédiat, art singulier, la passerelle, romuald reutimann, cyrille a. | Imprimer
28/03/2010
Les paradis de Cherbourg, la Passerelle expose
Je reçois de l'animateur de l'atelier d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg l'annonce d'une exposition organisée à la Maison des Jeunes et de la Culture de la ville. Bel événement étant donné l'apparente qualité de ce qui se produit dans cet atelier, qui j'espère fera plus amplement connaître ce foyer remarquable de créativité. Elle a débuté le 29 mars et se terminera le 7 mai.
Voici comment Romuald Reutimann, l'encadrant de cet atelier, présente leur travail sur son blog (où comme je l'ai déjà dit on peut découvrir un grand nombre des travaux réalisés par les participants à l'atelier):
« La Passerelle est un atelier d'art plastique inauguré il y a 20 ans, dans le cadre d'un service d'insertion sociale, s'adressant à des adultes vivant avec une déficience intellectuelle.
La plupart travaillent au Centre d'Aide par le Travail (C.A.T.) de LA GLACERIE. Nous accueillons également une personne du C.A.T. des Pieux et un retraité.
Depuis l'origine prés d'une centaine de personne sont passées par l'atelier. Actuellement, il compte 16 participants répartis en deux groupes. Chaque groupe se retrouvant deux heures par semaine.
Il s'agit avant tout d'un lieu de détente et d'expression autour des arts plastiques. Nous accueillons tous ceux qui en manifestent le désir pour peu qu'ils soient régulièrement présents et qu'ils s'investissent dans une production.
Les propositions de travaux sont le plus souvent amenées au cas par cas. Nous cherchons à leur faire plaisir mais aussi à les provoquer au travers de voies graphiques qu'ils ont souvent découvertes, initiées et développées eux-mêmes. »
14:11 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : romuald reutimann, la passerelle, art brut, art immédiat, handicaps mentaux | Imprimer