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Noix de coco liégeoise
Aperçue à Liège, la face de noix de coco ci-dessous, histoire de rebondir une nouvelle de fois sur les noix de coco sculptées, depuis les notes que j'avais posées il y a quelques lustres (2010 et 2012, je fais dans la noix tous les deux ans faut croire), notamment à propos d'un étrange personnage moustachu qui me fait penser à une sorte de Fu Manchu rigolard et qui lui aussi est taillé dans une noix aussi volumineuse qu'une calebasse (dans ma collection perso).
Photo Bruno Montpied, 2014
La noix sculptée ci-dessus gîte à Liège, et est aussi moustachue, quoique plutôt à la manière de Charlot (ou de Hitler?), et a été chinée par M. Jean-Louis Clément qui s'intéresse beaucoup à l'art populaire autodidacte à qui il donne de temps à autre un nom original, le "déchant", terme emprunté au vocabulaire musicologique. Ce déchant (et non pas ce déchet, ne pas confondre) correspond selon Clément à une forme d'improvisation dans les arts visuels analogue à l'improvisation dans le domaine de la musique médiévale et plus près de nous dans le domaine du jazz par exemple (Clément est un féru de cette forme de musique). Cependant, je ne suis pas sûr que Jean-Louis Clément n'utilise pas ce terme avant tout dans le cas de peintures trouvées en brocante, dues à des inconnus ou des anonymes, que je rapprocherai personnellement plutôt de ce que nous avons évoqué sur ce blog sous le terme d'art de dépôt-vente, d'art de croûtes, voire de bad art comme on dit aux USA (c'est-à-dire de "l'art naze".
01/03/2014 | Lien permanent | Commentaires (8)
Mosaïque d'Isère avant l'hiver, ”l'art partagé” de Rives
L'association Oeil'Art de Jean-Louis Faravel organise une grande exposition d'oeuvres venue d'un peu partout, Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, France et Tunisie, à Rives dans l'Isère du 15 au 30 novembre 2008 (c'est la seconde édition). En plus des créateurs convoqués (la liste est longue, j'ai compté 51 noms, 51 images en vignettes pour carrelage sur l'affichette qui sert d'invitation - "carrelage" qui a tendance à devenir envahissant chez les organisateurs de festivals "singuliers", mais qui ne rend pas service aux artistes je trouve, tous s'annulant dans une mosaïque bariolée qui au départ se voulait pourtant hyper démocratique ; résultat paradoxal de ces cartons d'invitation: on ne voit plus personne...), des animations sont aussi organisées au cours de l'expo: une conférence d'Alain Bouillet sur les rapports entre l'art singulier et l'art brut, une autre de Bruno Gérard, l'artiste-enseignant du Centre de la Pommeraie en Belgique (où travaillait Paul Duhem, et où travaillent encore aujourd'hui des excellents peintres comme Oscar Haus, ou Alexis Lippstreu, présents, comme l'oeuvre de Duhem, dans cette expo de l'Art Partagé). Des ateliers de création sont également prévus avec Adam Nidzgorski (tapisseries, tissus cousus) et Bruno Gérard (matériaux divers, peinture).
Parmi les 51, j'ai relevé plusieurs noms dont l'oeuvre m'a déjà passablement retenu à différents moments, Pierre Albasser, Jean-Christophe Philippi, Ruzena (évoquée récemment pour son expo à Lyon en ce moment), Jacques Trovic, Adam Nidzgorski, Gilles Manero, Lippstreu et Haus donc, l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste le patriarche de l'art singulier, Charles "Cako" Boussion, Michel Dave (autre créateur de la Pommeraie), Serge Delaunay (vient d'Art en Marge celui-ci, me semble-t-il), Marie-Jeanne Faravel, Roger Ferrara, Claudine Goux, Martha Grünenwaldt, Josef Hofer (art brut pur jus), Yvonne Robert (chacune de ses oeuvres est un petit récit, l'oeuvre entière est comme un feuilleton éclaté)...
S'il faut saluer la volonté de Jean-Louis Faravel d'opérer une sélection exigeante dans le torrent des artistes contemporains qui se parent du terme d'art singulier de façon plus que complaisante (au point qu'il n'y a plus aucune différence entre art contemporain d'arrière-province et art véritablement singulier), peut-on avoir l'outrecuidance de lui suggérer de rompre avec cette mode proche du poncif qui consiste à prendre comme nom pour son association un de ces calembours éculés basés sur l'emploi de la syllabe "art"...? Zon'art, Biz'art-Biz'art, D'art-d'art, Oeil'art, Singul'art, Hazart, Artension, Pan'art (celui-ci j'aurais pu, sacrifiant à la mode du calembour facile, me l'octroyer, vu mon patronyme aisément recyclable en jeux de mots lourdingues, n'est-ce pas Animula, qui se présente pourtant en apôtre de la légèreté -voir un récent échange de commentaires aigre-doux sur son blog),etc... Rompre avec cette tendance serait vraiment faire preuve de singularité en l'espèce... Non?
"L'Art Partagé", du 15 au 30 novembre 2008, de 15 à 19h tous les jours (entrée libre) à Rives (Isère), Parc de l'Orgère, salle François Mitterrand, (sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché, pour ceux qui ont une voiture...). Tous renseignements: Oeil'Art, Jean-Louis Faravel, 33 (0)6 67 01 13 58. oeil'art@orange.fr et http://www.artoutsimplement.canalblog.com.
A signaler que la Galerie Hamer, à Amsterdam, propose du 1er novembre au 13 décembre une exposition où l'on retrouve Alexis Lippstreu.
09/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (2)
Tourisme du côté de l'art singulier (et un peu de l'art brut) (3)
Embêtons – voulez-vous? – les lecteurs du type R.R. qui se plaignent de ne pas pouvoir être au four et au moulin (et qui, également, et peut-être, n'apprécient que modérément l'absurde et le nonsense)... Et envoyons-les, non, pas sur les roses, mais à la fois (les vernissages étant tous le même 30 juin, ça va être dur pour ceux qui voulaient manger les petits fours partout) dans trois endroits différents, en trois points cardinaux, à savoir à Saint-Trojan-les-Bains (Île d'Oléron) pour l'exposition de l'Art Partagé organisée par l'œil de lynx de Jean-Louis Faravel...
... Puis à Gisors (c'est plus près de Paris, ça), pour le bien nommé Grand Baz'art (jeu de mots sur le mot art à noter dans notre collection), où l'on verra entre autres une sélection d'art obscur de Michel Leroux, art obscur qui, à force d'être en pleine lumière va bientôt s'appeler l'art clair-obscur...
Et enfin, toujours le même jour de vernissage, histoire d'accentuer le grand écart, ne pas oublier d'aller "Ailleurs", c'est-à-dire, en l'occurrence à Fontcouverte (c'est tout en bas, dans le sud profond, l'Aude je crois, du côté de l'art improbable de Jean-Louis Bigou qui enchaîne les expositions depuis quelque temps, présentant simultanément art brut, art des handicapés, art enfantin...
Hein? Joli programme, qu'en dites-vous, R.R., pour vous couper en quatre, je veux dire en trois?
Et, de fait, à cause de cette date très demandée (début des vacances?), ce n'est plus d'art partagé qu'il faut parler, mais bien plutôt d'art simultané... Mais bon, je taquine (faut-il le souligner? Eh bien oui...), hormis le Baz'art de Gisors, qui ne dure que trois jours, pour les deux autres, si vous ne tenez pas aux petits fours, vous pourrez sauter dans des véhicules qui vous emméneront partout pour ne rien rater, puisque les deux autres expos durent un peu plus durant le mois de juillet.
23/06/2017 | Lien permanent | Commentaires (3)
Art populaire et archéologie
A Glozel, ce genre de tablettes avec un alphabet inconnu laisserait supposer que les traces les plus anciennes d'écriture sont en Auvergne... ; reproduction extraite du Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)
Les trouvailles archéologiques du musée de Glozel, en Limagne (voir sur le web les informations nombreuses sur la question avec le débat qui dure depuis 70 ans entre pro-glozéliens et glozélo-sceptiques) - dont je ne suis pas en mesure de juger si elles sont à prendre au sérieux ou non - me sont toujours apparues intuitivement cousines de celles d'un Robert Garcet, ce visionnaire naïf qui en Belgique (voir le film de Clovis Prévost sur lui) était persuadé qu'il y avait sous sa maison des traces d'une civilisation ancienne sculptées dans des silex qu'il amassa muséologiquement sous une tour maçonnée de grosses pierres, que couronnaient des bêtes fantastiques venues tout droit de bestiaires alchimiques. Ou de cet autodidacte savant qui dans le bourg de Croix-de-Vie en Vendée pensait que l'Atlantide se trouvait au large des côtes vendéennes. Pour le prouver il présentait d'innombrables tablettes, fossiles, moulages, empreintes, croquis divers, serrés comme des harengs sur le mur de sa propriété appelée "le Castel Maraîchin".
L'énigmatique Vénus de Quinipily elle-même, près de Baud dans le Morbihan, massive et de style incontestablement naïf, dont on ne connaît pas l'auteur et que l'on interprète comme une représentation d'Isis (voir le Guide de la Bretagne Mystérieuse chez Tchou), pourrait bien être, au lieu d'une trouvaille archéologique, une extrapolation en trois dimensions, inspirée de quelque iconographie ancienne, dont l'auteur serait un autodidacte resté anonyme. Les collections conservées au musée de Glozel, avec ses tablettes d'argile aux signes passablement sommaires, comme enfantins, ses idoles bisexuées rigolotes, d'un niveau artistique assez proche d'un certain art brut louchant du côté d'une stylisation archaïque pourraient sans difficulté entrer dans la catégorie de l'archéologie populaire visionnaire si ne s'y attachaient pas par ailleurs les convictions de divers auteurs qu'il s'agit là d'une découverte scientifique (le débat là-dessus paraît curieusement loin d'être clos).
Idole bisexuée, cf Le Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)
26/05/2010 | Lien permanent | Commentaires (9)
Petit supplément sur Mauquest et ses mosaïques de timbres
Après avoir remercié comme il se doit ce fou de web qu'est Régis Gayraud, toujours prêt à nous délivrer toute fiche signalétique sur le moindre inconnu laissé sur le bord de la route de la grande Histoire de l'Art, en l'occurrence les dates de naissance et de mort de Mauquest (1906-1993 donc ; Régis a même déniché un tweet du Musée de la Poste concernant le même monsieur colleur de timbres, voir ici)), prénommé donc Robert, auteur de fleurs et rosiers en timbres découpés et collés, que j'avais évoqué dans ma note précédente, il me restait à retrouver dans mes albums une carte postale qu'il me semblait avoir acquise auprès dudit Mauquest (et non pas de Guy Môquet) lorsque nous l'avions rencontré, les amis Cerisier et moi, lors de notre balade le long de la Marne vers 1990. La voici, repêchée tout à l'heure:
Robert Mauquest et le fameux rosier du Concours Lépine de 1933, conservé chez lui., avec ses 32 000 timbres et ses 20 000 à la surface de son bac.
Et à son avers, ça donne ça:
Au Concours Lépine de 1933, M. Mauquest avait 27 ans donc (si Régis Gayraud ne s'est pas trompé dans ses explorations d'état-civil, mais c'est exclu...). Cela fait jeune pour un passe-temps qui paraît davantage celui d'un homme âgé, comme les puzzles, les châteaux de cartes, les architectures d'allumettes, les rideaux en capsules de bouteilles, etc. Cette carte postale avait été commandée par lui, qui s'était également fabriqué les tampons que l'on voit dessus. Il se bricolait ainsi une modeste et embryonnaire campagne de communication.
11/01/2021 | Lien permanent | Commentaires (5)
4ème biennale de l'art partagé
On ne trouve plus de qualificatif pour les artistes présents dans cette biennale montée par l'association Œil'Art de Jean-Louis Faravel, alors c'est tout simplement l'art partagé... Et pourtant, n'y a-t-il vraiment aucune caractéristique qui se dégage des productions variées que l'on verra à Rives en Isère? Il me semble qu'en cherchant bien on y arriverait. Ceci dit, même avec un qualificatif ne qualifiant rien on arrive à créer un nouveau label. Car il est peut-être question ici surtout de gens qui pratiquent l'art en amateurs, en semi professionnels, d'une façon proche de tout un chacun, dans la vie quotidienne, comme on pratique le bricolage ou le jardinage, dans un sens de partage des recherches, sans que le commerce vienne par trop bouleverser l'ensemble, sans qu'une quelconque idée de sacralisation vienne se superposer à cela, retranchant nos artistes de l'homme du commun? Communiste, la biennale de l'art partagé? Ou bien ne serait-ce qu'une foire d'artistes de plus, désireux de se faire connaître comme de vulgaires marchandises esthétiques new look? A vous de trancher si vous passez par l'Isère dans les mois qui viennent.
C'est du 27 octobre au 18 novembre 2012.
16/10/2012 | Lien permanent | Commentaires (7)
Martha Grünenwaldt dans l'Oeil...-Art
Jean-Louis Faravel nous fait part d'une nouvelle exposition consacrée entièrement à Martha Grünenwaldt prévue pour commencer le 2 septembre, date du vernissage, à la Galerie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard à Paris, au pied de la Butte Montmartre, parmi les marchands de tissus du célèbre marché Saint-Pierre. Elle doit se terminer le 28 septembre suivant.
Il y aura vernissage mais aussi "conférence-découverte", pour en apprendre davantage sans doute sur cette dame primitivement violoniste amateur, ancienne domestique dans un château (où on lui interdisait de jouer de ce fameux violon justement), qui se prit d'amour pour le dessin à 71 ans (elle est disparue dans sa quatre-vingt-dix-huitième année en 2008) en chipant les crayons de couleur de ses petits-enfants, remplissant toute la journée toutes sortes de papiers sans qualité, tracts, affichettes, lambeaux de papier peint, factures, à Mouscron en Belgique... Parfois des deux côtés par manque de support, pour optimiser les surfaces disponibles. Martha qui, d'après sa fille Josine Marchal (voir ses confidences dans le "Bulletin n°6" de l'association Art en Marge en 1987 à l'occasion de la première exposition à Mouscron), se trouvait dans une sorte de refus vis-à-vis du monde extérieur: "Personne autour d'elle n'a plus d'importance... n'existe plus... Alors, c'est une des facettes... à vivre... à encaisser...", refus des relations avec ceux de sa famille aussi, qui peut expliquer que celle-ci ait pu par rancoeur se laisser aller une fois à jeter une partie de sa production pléthorique.
22/08/2010 | Lien permanent
Ruzena se dévoile...
Enfin, on va pouvoir dessiner soi aussi sur les photos qui montrent Ruzena, parce que figurez-vous, c'est une première, cette grande cachottière s'est laissée photographier, on suppose qu'elle était d'accord...
C'est dans le catalogue à 10€ (je dis ça pour Zébulon) de l'exposition L'Art Partagé, organisé en novembre 2008 par Jean-Louis Faravel à Rives dans l'Isère. Elle a été prise de côté un peu en arrière, du coup, on n'arrive pas bien à la dévisager, et la curiosité s'aiguise davantage finalement... On peut dire qu'elle sait faire monter sa légende, cette Ruzena... Elle a passé un diplôme de publicitaire ou quoi?
Bon, une fois ceci écrit, ma fidèle lectrice Valérie A. (voir commentaire du 22 février), m'a déniché un dévoilement encore plus facial qui se trouve sur le site de la galerie Béatrice Soulié (avec cette mention que "Ruzena travaille dans le domaine de la culture"). J'ai déjà rencontré cette personne, me suis-je dit, mais où?... Mais où?... :
22/02/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
L'art singulier anonyme, ça existe?
(Cette note contient une mise à jour du 21 mars 2016)
Ma question paraîtra devoir recevoir une réponse affirmative évidente, si l'on prend le terme "art singulier" dans le sens général, amalgamant art brut et art de contemporains marginaux, primitivistes, surréalistes ou cobraesques réchauffés. Mais si on le cantonne à la deuxième catégorie, les marginaux de l'art contemporain, aussi qualifiables "d'outsiders" (les concurrents du mainstream qui pourraient un jour décrocher la timbale et tirer toute la couverture à eux), dans lesquels on peut aussi mettre quelques inclassables, quelques enfants perdus de l'automatisme, des peintres du dimanche new look qui au lieu de refaire pour la cent millième fois le coup de l'impressionnisme se seraient enfin convertis à la peinture gestuelle, abstraite ou figurative, détachés des modèles pris dans la réalité, alors le terme de singulier anonyme peut paraître étrange. Car ces singuliers-là font en général tout pour se faire connaître. Ils colonisent les festivals d'arrière-province dédiés à cette étiquette. Alors si on en trouve qui soient tout de même restés anonymes en dépit de tous leurs efforts, ou plus exactement, si on considère le tableau ci-dessous, chiné je crois en Belgique par son propriétaire, Jean-Louis Clément, qui soient simplement restés sur le carreau, le terme les associe soit aux peintures de dépôt-vente (la bad painting, les croûtes), soit les remet paradoxalement en selle du côté des inclassables de l'art, pas très éloignés de l'art brut, sans pouvoir y être rigoureusement associés, en raison de caractères qui indiquent que les peintres avaient eu vent de certaines modes en art, qu'en somme ils étaient davantage des "artistes" que les auteurs d'art brut, œuvrant complètement à l'écart du cirque et des écoles artistiques.
Sans titre, peinture d'un certain Michaël Bertiaux, coll. Jean-Louis Clément, Liège, ph. Bruno Montpied, 2014 ; aux dernières nouvelles, c'est la peinture d'un gourou américain lovecraftien, selon J-L. Clément, voir note ci-dessous¹
Partant de là, on s'aperçoit que ces "singuliers anonymes" pourraient être aussi bien des laissés pour compte de l'art contemporain marginal, des artistes ayant raté la marche qui aurait pu les conduire à la gloire. Il ne leur reste plus que l'anonymat des puces et autres brocantes pour pouvoir espérer sortir de leur purgatoire et gagner une seconde chance de venir faire un tour chez les valideurs et les sacralisateurs. Ces peintures qui ont des airs d'autres peintures plus connues sont comme des brouillons, des simulations faites dans le même goût que celui qui présida aux œuvres plus glorieuses, et l'artiste qui passe à côté d'elles se met à redouter qu'un jour, lui aussi, puisse voir ses propres œuvres rejetées sur le trottoir, jetant désespérément des œillades à la ronde: "M'aimez-vous? M'aimez-vous bien...?", pendant que les quidams pressés et indifférents ne daigneront pas même y jeter un œil...
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¹Michael Paul Bertiaux est un occultiste américain connu pour son ouvrage Voudon Gnostic Workbook (1988), un recueil de 615 pages d'enseignements occultes mêlant vaudou, néo-pythagorisme, thélémisme et gnosticisme. Il est également l’une des figures majeures de la magie lovecraftienne et se trouve actuellement à la tête du Monastery of the Seven Rays, une branche de l’OTOA basée à Chicago. Certains le créditent de rêver de rituels unissant de belles prêtresses en train de copuler avec des monstres écailleux venus de profondeurs aquatiques, sur le modèle de ceux que ressasse l'écrivain fantastique H.P. Lovecraft. (Renseignements tirés d'informations fournies par J-L. Clément)
07/03/2016 | Lien permanent | Commentaires (12)
Postérité des environnements (9): la maison recombinée d'Antoine Puéo en danger de mort résiste encore...
Des architectures d'autodidactes populaires, à part quelques exemples fameux comme le Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives, la maison de Picassiette à Chartres, celle de Joseph Meyer à Berck-Plage, le collage de maquettes de monuments autour de la villa des époux Billy dans le Rhône la tour Travert et ses fers à cheval soudés dans le Maine-et-Loire, les demeures troglodytiques ornées comme celle de M. Roux dans le même département, les galeries souterraines de Jean-Marie Massou dans le Lot, la maison caparaçonnée de Jeanne Devidal à St-Lunaire, il n'y en a pas tellement en France, si on les compare aux nombreuses autres disciplines artistiques rencontrées dans les espaces populaires entre habitat et route. C'est plutôt les réalisations mobilières qui l'emportent sur l'immobilier, statues, mosaïques, fresques, accumulations, jardins topiaires, etc.
Sans doute ce cliché des archives familiales conservées par Mme Ruig, petite-fille d'Antoine Pueo, montre un des états antérieurs de la "maison fleurie" de Lézignan ; merci à Jean-Louis Bigou de nous avoir transmis ce document
Carte postale peut-être des années 70 montrant la même maison en rocaille, après déconstruction-reconstruction, Antoine Pueo apparaissant vraisemblablement au sommet de la construction, ainsi que sa femme (peut-être) à une fenêtre du premier étage, coll. Bruno Montpied
C'est pourquoi la maison, l'immeuble plutôt, d'Antoine "Tounet"¹ Pueo à Lézignan-Corbières, fait partie des exemples architecturaux très rares, réalisés en pleine ville qui plus est par un autodidacte qui se permit de tripatouiller lui-même sans architecte sa propre demeure, en la recombinant, eut-on dit, d'étage en étage, rajoutant une balustrade par ci, éventrant des murailles par là, installant un système d'arrosage de ses nombreuses plantations en jardin suspendu qui recueillait les eaux de pluie, incrustant des statuettes dans des niches (qui ont été mises de côté par sa petite fille, voir le blog de J-L. Bigou), etc. Le tout prenant au fil du temps l'allure d'une gigantesque rocaille éruptive poussée en pleine zone urbaine.
La maison ex-fleurie, photo BM, juillet 2014
Elle a résisté près de cinquante ans. Je la croyais même disparue depuis belle lurette, jusqu'à ce que je découvre par une note du blog de Jean-Michel Chesné, puis par les nouvelles informations glanées par Jean-Louis Bigou sur son sympathique blog De l'art improbable dans l'Aude et ses environs, qu'elle était encore debout. Un répit de dernière minute me permit de photographier ce qui en subsistait en juillet dernier. En effet, la découverte de vestiges archéologiques tout près du bâtiment avait suspendu les travaux de démolition qui affectent de façon idiote tout le quartier de la "maison fleurie", surnom donné par les habitants et les journalistes à la construction rocailleuse de Pueo.
Comment mieux mettre en évidence la guerre totale que mènent les urbanistes à la solde du pouvoir face aux demeures du peuple? Art "contemporain" contre art brut... Ph. BM ,juillet 2014
Parce qu'il faut dire que la municipalité a décidé de passer un grand coup de balai dans ce vieux quartier populaire de Lézignan, aux petites boutiques simplissimes, au charme convivial, habité entre autres par des familles de Gitans, pour construire à la place des clapiers déshumanisés et sans âme comme aiment en produire au kilomètre les édiles et les urbanistes contemporains. Déjà, comme on le voit ci-dessus, on a placardé une espèce de fresque creuse et mochissime juste devant la maison en rocaille, prélude spatialement évident à la censure définitive annoncée pour bientôt de la maison d'Antoine Pueo.
Et pourtant, habitants de Lézignan et gens de passage, cette maison était un des rares exemples français de création architecturale foutraque et naïve encore tolérée sur notre territoire. Vous aviez des amateurs qui se déplaçaient de loin pour venir la photographier. Si vous la détruisez, que viendront-ils faire à Lézignan ? Il n'y aura plus rien à voir...
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¹ Et non pas "Quinet" comme l'appela de manière erronée Yves Rouquette dans un article ancien de la défunte revue Les Cahiers de l'Office.
03/09/2014 | Lien permanent | Commentaires (4)