09/11/2008
Mosaïque d'Isère avant l'hiver, "l'art partagé" de Rives
L'association Oeil'Art de Jean-Louis Faravel organise une grande exposition d'oeuvres venue d'un peu partout, Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, France et Tunisie, à Rives dans l'Isère du 15 au 30 novembre 2008 (c'est la seconde édition). En plus des créateurs convoqués (la liste est longue, j'ai compté 51 noms, 51 images en vignettes pour carrelage sur l'affichette qui sert d'invitation - "carrelage" qui a tendance à devenir envahissant chez les organisateurs de festivals "singuliers", mais qui ne rend pas service aux artistes je trouve, tous s'annulant dans une mosaïque bariolée qui au départ se voulait pourtant hyper démocratique ; résultat paradoxal de ces cartons d'invitation: on ne voit plus personne...), des animations sont aussi organisées au cours de l'expo: une conférence d'Alain Bouillet sur les rapports entre l'art singulier et l'art brut, une autre de Bruno Gérard, l'artiste-enseignant du Centre de la Pommeraie en Belgique (où travaillait Paul Duhem, et où travaillent encore aujourd'hui des excellents peintres comme Oscar Haus, ou Alexis Lippstreu, présents, comme l'oeuvre de Duhem, dans cette expo de l'Art Partagé). Des ateliers de création sont également prévus avec Adam Nidzgorski (tapisseries, tissus cousus) et Bruno Gérard (matériaux divers, peinture).
Parmi les 51, j'ai relevé plusieurs noms dont l'oeuvre m'a déjà passablement retenu à différents moments, Pierre Albasser, Jean-Christophe Philippi, Ruzena (évoquée récemment pour son expo à Lyon en ce moment), Jacques Trovic, Adam Nidzgorski, Gilles Manero, Lippstreu et Haus donc, l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste le patriarche de l'art singulier, Charles "Cako" Boussion, Michel Dave (autre créateur de la Pommeraie), Serge Delaunay (vient d'Art en Marge celui-ci, me semble-t-il), Marie-Jeanne Faravel, Roger Ferrara, Claudine Goux, Martha Grünenwaldt, Josef Hofer (art brut pur jus), Yvonne Robert (chacune de ses oeuvres est un petit récit, l'oeuvre entière est comme un feuilleton éclaté)...
S'il faut saluer la volonté de Jean-Louis Faravel d'opérer une sélection exigeante dans le torrent des artistes contemporains qui se parent du terme d'art singulier de façon plus que complaisante (au point qu'il n'y a plus aucune différence entre art contemporain d'arrière-province et art véritablement singulier), peut-on avoir l'outrecuidance de lui suggérer de rompre avec cette mode proche du poncif qui consiste à prendre comme nom pour son association un de ces calembours éculés basés sur l'emploi de la syllabe "art"...? Zon'art, Biz'art-Biz'art, D'art-d'art, Oeil'art, Singul'art, Hazart, Artension, Pan'art (celui-ci j'aurais pu, sacrifiant à la mode du calembour facile, me l'octroyer, vu mon patronyme aisément recyclable en jeux de mots lourdingues, n'est-ce pas Animula, qui se présente pourtant en apôtre de la légèreté -voir un récent échange de commentaires aigre-doux sur son blog),etc... Rompre avec cette tendance serait vraiment faire preuve de singularité en l'espèce... Non?
"L'Art Partagé", du 15 au 30 novembre 2008, de 15 à 19h tous les jours (entrée libre) à Rives (Isère), Parc de l'Orgère, salle François Mitterrand, (sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché, pour ceux qui ont une voiture...). Tous renseignements: Oeil'Art, Jean-Louis Faravel, 33 (0)6 67 01 13 58. oeil'art@orange.fr et http://www.artoutsimplement.canalblog.com.
A signaler que la Galerie Hamer, à Amsterdam, propose du 1er novembre au 13 décembre une exposition où l'on retrouve Alexis Lippstreu.
19:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : faravel, albasser, josef hofer, nidzgorski, centre la pommeraie, art singulier, yvonne robert | Imprimer
Commentaires
Bonjour Bruno,
Je croyais situer l'art de province, mais j'apprends qu'il existe également un art d'arrière-province ;
Peux-tu préciser sans arrière-pensées ? Se rapproche t-il du sens arrière boutique ou tout simplement d'un arrière goût d'art arriéré ? N'est-ce-pas redondant cette formulation (l'art de province étant par définition arriéré, c'est-à-dire si j'en crois le dictionnaire : Qui n'a pas été touché ou fort peu par le progrès, voir qui est atteint d'une arriération intellectuelle genre handicapé mental (ce qui rapprocherait de l'art brut ou l'art des dégénérés)
Alors quelle est ta définition de l'art contemporain d'arrière province ? Cela doit être vraiment très loin...
Écrit par : G. | 12/11/2008
Répondre à ce commentaireCe terme fut écrit en, pensant justement à un certain G. que je crois reconnaître sous ton initiale... Spéciale dédicace entre les lignes, donc.
Il ne faut pas s'insurger contre le terme. Ne pas sauter aux extrapolations chatouilleuses. Ne pas tout amalgamer, arriérés, handicapés, bruts, dégénérés... Tout doux l'ami...
L'arrière-province que je vise n'est pas à situer tout à fait géographiquement. Ne sois donc pas si susceptible. On habite tous désormais en régions n'est-ce pas? Sauf peut-être en art, où il est difficile de voir du jamais vu, et où sous l'appellation d'"art singulier" se produit un art très pluriel, jeu de mots lui-même éculé, très pardonnable chez le bourin que je suis, un art très copié, et encore, sans génie, copié sur des créateurs qui vécurent peut-être en régions, autrefois appelé provinces, un Chaissac par exemple, apôtre de l'art rustique moderne, qui ne vivait pas spécialement dans la capitale.
Arrière-province s'entend avant tout comme zone reculée, où les informations arrivent lentement, malgré Internet, et où les suiveurs sont en retard de plusieurs avant-gardes. On n'y entend pas parler de Schwitters, de Dada, etc., dans ces contrées. On y redécouvre l'Amérique en se rengorgeant. On y manque quelque peu de recul. Cette arrière-province se situe partout où l'on n'est pas trop curieux, où l'on s'amuse avec l'art, que l'on confond avec le tricot ou l'ikebana (Aïe! Les amateurs de tricots et d'ikebana vont me tomber sur le poil à présent...).
Il ne faut pas se braquer sur tel ou tel terme. Il prend son sens dans le mouvement d'une phrase il me semble. Se vexer de son emploi reviendrait à ce qu'un vieil ami avait autrefois appelé une "fétichisation du mot" (il me la reprochait, avec juste raison je dois l'avouer rétrospectivement).
Écrit par : Le sciapode | 12/11/2008
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