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Rechercher : Ermite de rothéneuf

Fondation de la collection de monographies ”la Petite Brute”

     La Petite Brute, collection que je dirige, répond à une demande de l'éditeur de l'Insomniaque qui souhaitait qu'on lance une série de titres sur des créateurs d'art brut, ou d'art naïf inventif, ou d'environnements populaires du type de ceux dont je parle dans Eloge des Jardins Anarchiques (éditions l'Insomniaque, 2011), voire sur des thèmes en liaison avec les arts de l'immédiat (poésie naturelle, figures du fantastique social dans la rue, anonymes de l'art populaire, etc.). Chaque titre devant comporter un texte rédigé de façon primesautière, non universitaire, plutôt poétique et littéraire, suivi d'un album de reproductions.logo avec titre en arc-de-cercle.jpg

     Le choix des auteurs se portera avant tout sur des sujets choisis en dehors des circuits commerciaux de l'art, puisqu'il s'agit de mettre en lumière une créativité éparse dans la population, qui ne se destine pas nécessairement à faire l'objet d'un marché, mais qui se déploie plutôt dans le désir d'embellir la vie quotidienne, en la magnifiant, en l'enchantant, voire au passage en la critiquant, miroir installé sur le bord du chemin de la vie comme disait (à peu près) Stendhal...

 

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     Les deux premiers titres sortent cet automne. Mardi 13 octobre (l'ouvrage est du reste d'ores et déjà disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre), on trouvera en librairie Visionnaires de Taïwan de Remy Ricordeau, consacré à une demi douzaine d'environnements découverts par l'auteur dans l'île de Formose, en différents points de cette terre. On y rencontrera dans la neuve perspective proposée par Ricordeau notamment les œuvres de Lin Yuan qui avait été exposé il y a quelques années dans l'expo "17 Naïfs de Taïwan" à la Halle St-Pierre. Mais à côté de lui, se déploient également différentes autres créations parfaitement inconnues et inédites, prouvant s'il en était besoin que la création spontanée est une pratique des plus répandues dans le monde, les territoires de l'Asie n'en étant pas épargnés, et commençant à largement intéresser les amateurs et les chercheurs d'art brut (dont bien entendu les marchands toujours à l'affût et attentifs à être les premiers à poser le pied - et la griffe - sur les nouvelles œuvres découvertes).

 

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Bestiaire de Wu Tanlai, ph. Remy Ricordeau, 2014

 

    Le deuxième titre est de Bruno Montpied, votre serviteur, Andrée Acézat, oublier le passé. Il sera disponible en librairie à la mi novembre (le diffuseur de l'Insomniaque est désormais Les Belles Lettres). Acézat, j'en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, était une peintre secrète qui produisit durant une cinquantaine d'années dans la région bordelaise (elle vivait à Talence avec son mari Lino Sartori, devenu sur le tard et par contagion un sculpteur et peintre singulier autodidacte ; le livre montre également quelques-unes de ses œuvres) des tableaux d'une facture banale relevant de ce que l'on appelle la peinture de genre, nus, natures mortes, paysages du bassin d'Arcachon, etc. Elle se décida, peut-être par contrecoup d'un cancer, sur le tard à 70 ans, à tout rejeter pour se mettre à créer un cortège de figures grotesques, caricaturales inspirées des personnages qu'elle croisait dans sa vie quotidienne. Ses peintures prirent alors un aspect expressionniste naïf très singulier. 

 

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Andrée Acézat, sans titre renseigné, 65 x 50 cm, peinture sur toile, 1996, coll. privée, région bordelaise, ph. Bruno Montpied

 

 A signaler: les deux auteurs, Remy Ricordeau et Bruno Montpied signeront leurs livres respectifs, tout en dialoguant avec les amateurs, dans le cadre de l'Outsider Art Fair, sur le stand tenu par la librairie de la  Halle Saint-Pierre le samedi 24 octobre à 15h à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière, dans le IXe arrondissement de Paris.

(Si vous ne trouvez pas les livres chez votre libraire habituel, n'hésitez pas à le commander, le diffuseur étant les Belles Lettres)

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Les poupées de Nagoro pour repeupler ou pour témoigner de ce qui fut et ne reviendra plus?

       Voici un lien vers un petit film de Fritz Schumann diffusé sur le site du National Geographic relatif à une dame qui vit dans un village déserté (37 habitants aujourd'hui, et comme elle le dit dans le film, il y a plus de poupées désormais, 350 environ - simulacres des anciens habitants - que de personnes vivantes).

 

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Capture d'écran d'après le film de Fritz Schumann

 

    Cela se passe au fond d'une vallée perdue du Japon. Je dois cette information à une spectatrice qui nous en a parlé lors de mon intervention récente à la Bibliothèque Robert Desnos de Montreuil. C'est l'évocation que je fis à un moment des créateurs d'épouvantails, Denise Chalvet et Pierre-Maurice Gladine dans l'Aubrac, qui eux aussi peuplent leur coin perdu de mannequins que l'on peut interpréter comme autant de simulacres de mortels disparus, qui fit penser à cette dame de rapprocher leur démarche de celle de la créatrice japonaise. Pour voir la vidéo, cliquez sur le lien...

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Dans l'ancien garage de Denise Chalvet et Maurice Gladine, ph . B. Montpied, 2012

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Capture d'écran d'après le film de Fritz Schumann, "J'ai commencé de faire des poupées il y a dix ans" (Ayano Tsukimi)

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Capture d'écran d'après le film de Fritz Schumann, "Je pensais que nous avions besoin d'épouvantails..."

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Capture d'écran d'après le film de F. Schumann, "Donc je fis une poupée semblable à mon père..." (aveu qui peut prêter à sourire: le père épouvantail, qui fait peur, mais qui peut aussi vouloir dire autre chose: le père qui protège et fait fuir les mauvais esprits...)

 

      La dame faiseuse de poupées se nomme Ayano Tsukimi. On trouvera peut-être ses créatures assez peu naïves au demeurant ; il semble que cela tienne au fait que  la créatrice soit une femme cultivée : elle tient avec aise un discours qui montre une conscience nette de son travail et une réflexion poussée à propos de l'existence.

 

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Capture d'écran d'après le film de F.S. ; "Je suis très bonne pour confectionner des grand-mères..."

 

    Elle vit dans un petit village (Nagoro) de Shikoku, une des quatre grandes  îles du Japon. Elle crée une poupée chaque fois qu'un habitant décède ou quitte le village, ce qui constitue de fait un témoignage mémoriel (éphémère ; comme elle le dit, les poupées durent encore moins que les humains, puisqu'elles se désagrègent en moins de trois ans généralement). Elle dresse ainsi sous le ciel, à la merci des aléas climatiques, le simulacre du patrimoine humain de son village (chacune des poupées campant un habitant dans une activité caractéristique, que cela soit pendant un travail ou un loisir ; elle a ainsi reconstitué l'école avec son personnel et ses élèves disparus, des paysans dans les champs, des pêcheurs et des chasseurs, etc.).

 

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Capture d'écran d'après le film de F.S. ; la classe d'école (alors que la vraie école d'origine a disparu à présent)

 

      Cela apparente son travail aux sculptures de Stan Ion Patras et ses émules qui dans le village de Sapinta dans le Maramures en Roumanie ont conservé au fil des années, dans un style infiniment plus naïf pour le coup, la mémoire des habitants du village dont les proches souhaitaient voir les faits marquants de leurs vies représentés en sculpture et peints sur leurs stèles funéraires. Le cimetière "joyeux" de Sapinta a constitué ainsi au fil des ans la saga colorée des habitants transitoires du village (voir ci-dessous une photo empruntée au site Archi Libre).

 

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   Les mannequins-épouvantails de Denise et Maurice dans l'Aubrac proviennent probablement d'une semblable quoiqu'inconsciente volonté de ressusciter les fantômes du passé, d'où l'allure de zombies qu'ils peuvent prendre parfois à mes yeux... De même un habitant de l'Hérault, Henry de la Costète (pseudonyme choisi par lui), que nous a révélé Dom sur son blog Hérault insolite, a reconstitué un village occitan typique (appelé Camarière) sur une colline en terrasses en plantant dessus des mannequins et des cabanes censées figurer les différentes activités de ce village conçu comme un archétype de son village d'enfance.

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Henry de la Costète, village occitan simulacre de Camariere avec mannequins et boutiques d'artisans, commerces, à Lunas (Hérault); ph. BM, 2012

     On constate donc que de Nagoro à l'Hérault et l'Aubrac de semblables nostalgies sont au travail, trouvant de semblables solutions dans des styles divers.

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Capture d'écran film F.S., "Peu de gens aiment mes poupées, je présume...": Mais si, Mme Tsukimi, détrompez-vous...  Par ici, en France, elles nous parlent!

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Du vandalisme des trouffions indonésiens, et de la responsabilité de certains internautes dans ce vandalisme...

      Récemment, en faisant des recherches sur la toile, je ne me souviens pas comment j'ai pu tomber sur cet entrefilet paru sur le site du Huffington Post (article de Maxime Bourdeau), qui relate l'anéantissement d'une sculpture, d'apparence naïve, un tigre, chargée au départ d'être la mascotte d'un régiment indonésien basé à Garut dans l'ouest de l'île de Java. Ce sont les militaires eux-mêmes qui se sont cru obligés de devoir détruire cette statue, tellement l'armée avait honte des réactions de certains internautes qui se moquaient régulièrement de cette œuvre dont l'art populaire, avec ses déformations et son expressivité proche de l'art des enfants, n'était visiblement pas repéré en tant que tel. On aurait pu, au lieu de la détruire, la déposer et l'offrir à un quelconque musée en Indonésie ou en Occident sensible à l'art naïf. L'article du Huffington post, renvoyant à une interview effectuée par un journaliste de BBC news, où l'information paraît être apparue en premier, du moins en Europe, rapporte ces propos démagogiques du commandant du régiment après sa destruction du tigre : "Chaque régiment décide de la confection de sa statue mais, parfois, l'artiste n'est pas très bon." "Pas très bon", c'est toujours la même rengaine et le même jugement de valeur à propos de l'art naïf, accusé de maladresse, de gaucherie, etc. On ne veut jamais voir ce qui se dit d'autre derrière cette apparente déformation de la réalité visuelle, une tendre jeunesse du regard, et, en l'occurrence, un émerveillement devant les prestiges de la nature sauvage.

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      Mais s'il ne faut pas attendre de la part d'un militaire beaucoup de sens de l'humour et un goût artistique ne s'écartant pas des normes du réalisme le plus éculé (pourtant, au départ, le commandant de ce régiment avait eu assez de sensibilité, et peut-être d'humour pour choisir cette œuvre entre toutes, apparemment déjà ancienne), on aurait pu attendre des internautes un peu moins de bêtise. A part quelques-uns qui avouèrent se sentir un peu coupables après coup d'avoir contribué à la destruction du pauvre tigre grâce à leurs photomontages plus ou moins hilarants (voir un d'entre eux ci-dessous), il semble que la majorité portent une grande responsabilité dans ce cas de vandalisme caractérisé. On ne pouvait attendre de la Grande Muette, qui redoute plus que jamais le ridicule, que devant cette bronca elle déclare: "les chiens aboient, la caravane passe" et qu'elle laisse en conséquence subsister le très charmant félin.

siliwangi military command,garut,ouest java,sculpture naïve,art naïf en indonésie

Un exemple de montage photographique dû à un internaute sur le web pour se moquer du tigre de Garut...

 

      Cette affaire n'est pas sans rappeler le cas du Christ repeint de façon "brute" par Cecilia Gimenez près du Sanctuaire de la Miséricorde près de Borja et de Saragosse en Espagne, dont j'ai déjà parlé sur ce blog. Sauf que dans cet exemple, l'objet du "scandale" n'a pas eu le temps de voir affluer des foules vers lui, ce qui aurait pu apporter des subsides, qui sait?, aux bidasses de Garut. Il a été effacé en trois temps, trois mouvements. Et on n'a pas non plus eu le temps, ou  pris la peine, de recueillir le nom du créateur de cette sculpture sympathique. On réfléchira aussi à l'action délétère que peut avoir le web quand il se transforme en meute de chiens prêts à déchirer l'un ou l'autre pour le plaisir d'un soi-disant bon mot. Il va falloir se blinder de manière redoutable pour résister aux aboiements des hordes ne se sentant plus dans l'anonymat d'internet. 

 

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La Vallée de Yelang en Chine Populaire, un château de rêve

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La "Vallée du Yelang", un château de fantaisie pour concrétiser le mystère, créé par Song Peilun ; photo Shen Jiaxin

 

Vidéo trouvable sur internet montrant le château de la vallée du Yelang (ouest de Shanghai) et faisant parler son auteur, Song Peilun.

 

       Grand renfort de trompettes dans le cadre de la Biennale Hors-les-Normes à Lyon (du 28 septembre au 8 octobre prochains), on y a décidé de monter une expo de photographies consacrées à un environnement chinois, un "château" de fantaisie, bâti par un certain Song Peilun, qui me fait personnellement beaucoup penser, comme ça, de loin, au parc de Chandigarh conçu par l'artiste autodidacte indien Nek Chand. Il y a en effet là une tentative de créer un ensemble architectural se référant à des traditions mythologiques dans un style quelque peu onirico-hallucinatoire, avec de nombreuses tours en forme de têtes, l'ensemble prenant à la longue l'aspect d'un parc de loisirs. Ce n'est apparemment pas le travail du seul Song Peilun. Sans qu'on nous explique, dans la vidéo ci-desssus, comment le maître d'œuvre s'y est pris pour diriger son petit monde, il est évident qu'il a réussi à enrôler dans sa construction les villageois de son patelin, situé à l'ouest de Shanghaï, et cerné depuis peu par une université dont l'architecture jure avec son château.Situation de la vallée de Yelang.JPG

       D'après ses confidences dans le même film, il semble que Song Peilun s'inspire de fêtes et de masques de la région d'où il est originaire, le Guizhou (région nettement plus à l'ouest, au centre de la Chine). Autre détail que l'on entend à un moment je crois, le créateur, qui marque par ailleurs son attachement aux équilibres naturels, confie avoir été fasciné par les châteaux de cette région dans son enfance... Ah bon ?, me suis-je dit, et à quoi donc devaient ressembler ces châteaux de Chine? Nul doute que quelque spécialiste de l'ancien Empire du Milieu rôdant dans les parages de ce blog ne va tarder à nous mettre au parfum... 

L'annonce de l'exposition dans le programme général de la 7e Biennale Hors-les-Normes de Lyon (29 septembre-8 octobre 2017, "et un peu avant, et un peu après"... Comme i' disent...) donnait au départ le Palais Idéal du Facteur Cheval comme lieu d'exposition. Mais un contretemps oblige les organisateurs à changer d'endroit pour montrer les photos du site : ce sera à l'Université catholique de Lyon, 10 place des Archives 69002 Lyon (vernissage le 4 octobre à 20h ; expo tous les jours de 9h30 à 17h30).

 

 

***

 

     Des commentateurs (voir ci-après) sont venus comme de juste nous apporter d'autres informations, notamment RR, sinophile averti apparemment, qui nous a donné un lien vers le site de Guizhou China International Travel Service qui présente différents types d'architectures traditionnelles, pas vraiment des "châteaux", ni des "forteresses", mais qui peuvent en effet être les types d'architectures que Song Peilun veut rappeler à ses concitoyens, et qui prouvent par ailleurs, qu'en Chine, il serait fort désolant que les autorités n'interviennent pas pour protéger ce genre de monuments. Exemple ci-dessous:

song peilun,art singulier chinois,environnements singuliers,vallée yelang,vallée du yelang,châteaux chinois,château de fantaisie,biennale hors-les-normes,palais idéal du facteur cheval

Architectures traditionnelles du Guizhou, photo Guizhou CITS.

 

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La source de la vie de St-Pardoux (Allier)

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La source, photo Bruno Montpied, Saint-Pardoux, février 2020.

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Ph. B.M., février 2020.


podcast

INTERPRÉTATION par Bruno Montpied et Régis Gayraud devant cette source de St-Pardoux, reconnue par eux comme un étrange monument dédié à la source de vie..., 23 février 2020.

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Ph. B.M., février 2020

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Les restes de Maître Jacques Burtin, euh... de Jacques Burin...

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* Jacques Burtin, du nom d'un ex-ami que j'avais convié à faire un film sur un autodidacte ayant peint l'intérieur de sa maison en Vendée (cf "Eric Le Blanche, l'homme qui s'enferma dans sa peinture"), et qui, dans la foulée, décida de faire son propre film sur le même sujet, film qui reflète une vision esthétisante, académique-risible, idéalisante-boursouflée, ne tenant aucun compte d'un certain nombre d'éléments de témoignage et de faits relatifs à cet autodidacte (Eric Le Blanche).

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L'homme en voie de désagrégation, des photos récentes de José Guirao

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José Guirao, 1. Autoportrait, 28 mai 2020.

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J.G., 2. Autoportrait, 27 mai 2020.

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J.G., 3. Autoportrait, 27 mai 2020.

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J.G., 4. Autoportrait, 27 mai 2020.

 

     Déconfinement pourrait être synonyme de décongélation. Mais, comme il pourrait arriver avec des aliments qui se sont ramollis, voire décomposés pendant leur stage dans les congélateurs, avec le retour à température ambiante, on pourrait parfois avoir la mauvaise surprise, en les prenant dans nos mains, de les y voir couler, se déliter, s'évaporer...

     C'est un peu la question que je me suis posé en regardant les photos numériques que m'a récemment transmises l'ami José. Est-on sûr que l'Homme n'est pas ressorti fort fragilisé de cette phase de repli individuel, perclus d'angoisse devant la révélation de son statut d'être mortel?

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Le musée de proximité de Tamaya Sapey-Triomphe

     Tamaya, je l'ai rencontrée à la suite de mon film sur Eric Le Blanche. Petite-fille de la cousine d'Eric, ayant connu enfant ledit Eric en accompagnant son père Frédéric, artiste numérique apparaissant dans le film que j'ai écrit (Eric Le Blanche, l'homme qui s'est enfermé dans sa peinture, mars 2019), elle avait envie de découvrir le film et plus généralement des informations sur l'art brut et consorts (notamment pour documenter une émission qu'elle s'apprêtait à faire sur Radio-Nova le lundi en début de soirée).

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Attroupement le 10 juillet 2020 devant le Musée de Proximité d'Angerville ; ph. Bruno Montpied.

 

     Récemment, pour son diplôme de fin d'études en architecture, elle a monté durant trois grosses semaines, à Angerville, "en dessous" d'Etampes, un projet un peu 'pataphysique, un "Musée de Proximité".

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Plan dessiné par Tamaya Sapey-Triomphe, légendé par Bruno Montpied.

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Le périscope vu de l'intérieur ; ph. B.M.

 

     Ayant "squatté" – très légalement, en respectant tout un cahier des charges côté agence immobilière et instances administratives du lieu – un cabinet de coiffure abandonné depuis 25 ans, elle y a installé un dispositif bricolé à base de planches et de cartons. L'idée étant de présenter à 5 mètres du trottoir, visible par un petit trou tracé dans un badigeon de blanc d'Espagne (ou de Meudon, ou de Bougival, etc.), et au bout d'un "périscope" géant, une œuvre ou un objet ayant de la valeur pour son auteur ou son prêteur (seul donc à faire le choix de ce qui serait présenté, dans une politique "muséale" ultra démocratique donc).

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Une spectatrice colle son œil à l'œilleton de la vitrine de gauche ; ph. B.M.

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Ce que voyait la spectatrice ci-dessus, un dessin en couleur de Bruno Montpied, Le dresseur d'auréole (2020), placé cinq mètres plus loin au fond de la boutique ; ph. B.M.

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Dans la vitrine de droite du "musée", la collection "permanente" ; ph. B.M.

 

      Cet objet n'était destiné qu'à rester un seul jour au bout du périscope (voir vitrine de gauche de la boutique). Après quoi, il passait dans la vitrine de droite, appelée la "collection permanente". Une permanence tout éphémère en réalité, puisque le musée de proximité devait s'arrêter le 14 juillet...

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Bruno Montpied, Le Dresseur d'auréole, Série des "Auréolés", 32 x 24 cm, 2020.

 

     J'ai été heureux de m'associer à ce projet, pour le principe, en prêtant un de mes dessins récents, Le Dresseur d'auréole, pour la seule journée du 10 juillet. En dépit du fait que, malgré le concept généreux que mettait en application le projet de Tamaya Sapey-Triomphe – accoucher d'un musée qui serait le fait de tout un chacun, un musée sans conservateur, reflet de la multiplicité des goûts culturels des prêteurs, en évolution permanente, un musée de l'immédiat, comme il y a un art de l'immédiat –, l'idée restait assez chimérique, intellectuelle (ce qui n'est pas un gros mot sur mon clavier), partageable par peu de gens, car mettant en jeu une sorte d'avant-plan culturel finalement assez complexe. Comme pour l'art de l'immédiat, si la production pouvait relever de l'immédiat, la réception, elle, ne l'était pas à tout coup...

     Mais au fond, peu importait, l'idée était belle, et la réalisation hors du commun par ces temps moroses de peu d'inventivité, et de peu de poésie. Grâces en soient rendues à la prometteuse et tonique Tamaya.

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Tamaya S-T. à la réception de son musée de proximité, un peu semblable à une voyante tireuse de cartes ; ph.B.M.

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Les Bricoleurs de paradis de nouveau à Bègles le 18 mai 2024

     http://www.musee-creationfranche.com/?page_id=179805

     Le lien ci-dessus mène au Musée de la Création Franche qui, en dépit de sa fermeture pour travaux d'agrandissement, continue de s'activer, engendrant exposition et animations diverses. Le 18 mai, pour la Nuit des Musées, je m'en vais venir débattre avec le public présent à l'Espace Vautrin consécutivement à la projection des Bricoleurs de paradis, le film de Ricordeau que j'avais co-écrit avec lui en 2011. Le film permet de voir ou revoir divers créateurs autodidactes dont certains nous ont quittés depuis (André Gourlet, ou Bernard Roux par exemple). On y voit aussi André Pailloux baguenaudant avec son vélo surchargé de bibelots et autres colifichets multicolores et tintinnabulants, ce même vélo qui a été désormais acquis par le Musée de la Création Franche.

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André Pailloux en action sur le fameux vélo qu'il a ensuite transféré au Musée de la Création Franche ; ph. Bruno Montpied, 2010.

 

       Parmi d'autres créatifs du bord des routes, on voit aussi dans les bonus du DVD des "Bricoleurs de paradis" (film trouvable gratuitement sur YouTube, je le signale, mais sans les bonus...), un film super 8 de mézigue tourné à Mantes-la-Ville, en 1987, devant le jardin de sculptures en assemblages de silex et autres cailloux de Marcel Landreau. Ce dernier fut démantelé par son auteur vers 1990, pour être transféré en partie dans son pays natal, à Thouars (Deux-Sèvres). Hélas son auteur décéda peu de temps après, en 1992.

        Mais là aussi, très récemment, des sculptures – une trentaine – ont pu être conservées en parvenant, par mon intermédiaire et celui de l'antiquaire Freddy Tavard qui en avait acquis après une dispersion en brocante, dans les collections du musée de Bègles (grâce à la clairvoyance de sa directrice, Hélène Ferbos), musée qui devient à présent la collection publique la plus fournie en sculptures de Marcel Landreau. Aucune collection privée, non plus, sur le chapitre Landreau, ne peut désormais rivaliser avec Bègles...

 

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Marcel Landreau, deux amateurs de bon vin rouge, silex assemblés, années 1980; anc. coll. F. Tavard, désormais coll. Musée de la Création Franche, Bègles : ph. B. Montpied, mai 2023.

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Marcel Landreau, quelques pièces éparses, coll. F. Tavard ; ph. B.M., 2023.

 

        A l'Espace Vautrin, sera montée une petite exposition, intitulée "Sortez du cadre!" avec des reproductions photographiques de divers sites, ainsi que, peut-être, des fragments de certains environnements qui ont pu être conservés, extraits de leurs contextes, faute d'avoir pu sauver l'intégralité des sites sans doute. 0n pourrait ainsi envisager un jour, comme c'est seulement esquissé au LaM de Villeneuve-d'Ascq par exemple, de consacrer un espace à part pour l'évocation – audiovisuelle en même temps qu'en présence d'objets – des sites originaux des inspirés du bord des routes. Le futur musée de la Création Franche aura-t-il l'audace de nous proposer un tel espace à l'avenir?

Affichette nuit des musées à l'Espace Vautrin le 18 mai 24.jpg

"Au programme :

18h – 23h // Visite libre de l’exposition « Sortez du cadre ! »

(…) Le musée de la Création Franche vous propose de découvrir une sélection de fragments de ces univers, issus de ses collections, qui sortiront exceptionnellement des réserves.

19h30 – 20h30 // Projection du film documentaire « Bricoleurs de paradis »

Réalisé par Rémy Ricordeau • Écrit par Bruno Montpied et Rémy Ricordeau, 53′.

Bricoleurs de paradis nous emmène à la rencontre d’Arthur, André, Michel, Concetta, et beaucoup d’autres, qui consacrent leur temps à s’occuper de leur jardin et à décorer leur maison. Mais à la différence de la plupart, eux les transforment… [de manière plus personnelle, souvent excentrique]. En s’attardant devant ces maisons, Rémy Ricordeau et Bruno Montpied nous emmènent à la rencontre de ces « inspirés du bord des routes ».

20h30 – 21h15 // Rencontre avec Bruno Montpied

Bruno Montpied est un créateur, auteur et spécialiste des environnements d’art brut. Il a notamment écrit Éloge des jardins anarchiques (L’Insomniaque, 2011) et Le Gazouillis des éléphants (Le Sandre, 2017)*, première tentative d’inventaire général des lieux de ce type en France.

 *Réédition du livre Le Gazouillis des éléphants à la fin de l’année 2024 en co-édition Hoëbeke et Le Sandre.

 Renseignements : 05 56 85 81 73 / contact@musee-creationfranche.com"

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Marcel Landreau, une tête en silex et cailloux divers, coll. et ph. B.M., 2023.

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10/05/2024 | Lien permanent

Pour les amateurs, un peu de romantisme dégénérant...

    Je ne résiste pas au désir de partager ce petit moment (3'05) de bonheur en mettant en ligne ci-dessous ce chef d'œuvre du regretté Henri Salvador qui m'a mis de bonne humeur ce dimanche matin.

    C'est dédié en premier lieu à un camarade cantalou qui prise fortement les airs et les chansons se rapportant à la dive bouteille. Connaissait-il cet opus du roi Henri?


podcast

Henri Salvador, "Je bois à ton souvenir" (paroles et musique de R. Conrad et Mitch Murray, paroles françaises de Bernard Michel), 1966 ; sur la compil Henri Salvador, "Loufoque" (1999, label EMI)

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