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Rechercher : Joseph Donadello

Info-Miettes (2)

Claude Tarnaud, photo transmise par la galerie Nuitdencre64.jpg       La galerie Nuitdencre64 au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe ardt à Paris expose Claude Tarnaud né en 1922 et disparu en 1991. Il s'agit d'un poète surréaliste peu connu, c'est donc l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui. Sa rencontre avec les surréalistes réunis autour de Breton paraît avoir été éclair (1947-1948). Il fut lié à Brauner, Sarane Alexandrian, Stanislas Rodanski. Il semble avoir exécuté une bonne partie de son oeuvre plastique à partir de 1969 après une installation dans le Vaucluse. Là naîtront plâtres "greffés", divers objets, des collages, des oeuvres à la cire ou au brou de noix, des encres... Plusieurs livres de lui ont été réédités à L'Ecart Absolu. Expo de sculptures, peintures et manuscrits prévue pour durer du 19 décembre 2008 au 10 février 2009. 

Danielle Jacqui, détail de sa maison ph Geneviève Berg communiquée par Jean-Pierre Paraggio.jpg    La "modeste collection" de Danielle Jacqui, "résultat d'une aventure qui dure depuis 40 ans" va être exposée dans la salle Fabre à Roquevaire-en-Provence "face à l'église" du samedi 1O janvier prochain à la fin de semaine suivante. Le vernissage a lieu à partir de 11h30 le samedi, ce qui est une information des plus essentielles. Beaucoup de noms au sommaire de cet accrochage, qui réunit sans doute tous ceux qui firent des échanges avec Danielle Jacqui tout au long de sa vie. Au hasard: Raymond Reynaud, Monique Goutte, Claudine Goux, Chichorro, Karamanoukian, Gérard Sendrey, Yvon Taillandier, John Maizels, Martha Grünenwaldt, Claudette Espallergues, Jaber, Jean-Jacques Predali, Bernadette Nel, Roger Ferrara, Marie Morel, Alain Pauzié, etc., "+ des nuls à HIE, que j'adore!", comme l'écrit Danielle Jacqui sans trop expliquer à qui elle songe en disant ces trois lettres un peu violentes... En dehors de cette exposition, Danielle Jacqui continue d'oeuvrer sur son "Colossal d'art brut", projet de décoration à base de céramique pour la gare d'Aubagne. (A noter que sur le site en question, elle reviendra sur ce qu'elle désigne par "nuls à (ch)IE(r)". Il s'agit des peintres de croûtes qu'on trouve sur les vide-greniers, avec leurs disproportions, leurs maladresses. Je sais que Danielle Jacqui fait des distingos même au sein de cette production. Elle m'a montré un jour une petite toile naïve qui était très poétique -Note du 17 février 2009).

Danielle Jacqui, détail de sa maison peinte, ph.Geneviève Berg.jpg
Danielle Jacqui, détail pris sur sa maison décorée à Roquevaire, ph.Geneviève Berg, communiquée par Jean-Pierre Paraggio

Paul DUCHEIN.jpg     De son côté le musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) ne chôme pas et a décidé d'exposer les boîtes faites d'assemblages oniriques de Paul Duchein. Il est difficile de passer après Joseph Cornell et tant d'autres amateurs de la mise en boîte. Paul Duchein, esthète raffiné, y arrive en se servant de sa culture qui est grande et en tirant parti de ses goûts pour les belles choses. Un petit catalogue paraît à l'occasion de cette expo qui se tient du 12 décembre 2008 au 25 janvier 2009.

Paul Duchein,la chambre de Mozart, 1990, musée de la Création Franche.jpg
Paul Duchein, la chambre de Mozart, 1990, extrait du catalogue publié par le musée de la Création Franche

 

Peinture de Ignacio Carlés-Tolra.jpg    Ignacio Carlés-Tolra, vieux routier des arts singuliers, comme il est un créateur suisse, peut être accepté par le musée d'art brut suisse Im Lagerhaus de Saint-Gall (en Suisse orientale) qui ne s'occupe que des créateurs suisses à 100%... (Ca me rappelle l'Espace Hérault à Paris dans le quartier de la Huchette autrefois qui n'exposait que des artistes nés au sud de la Loire, ça faisait du monde, ils pouvaient exposer jusqu'à la Turquie par exemple mais pas les gens du Nord -qui ont pourtant dans le coeur la chaleur qu'il n'y a pas dehors, comme disait Enrico). Pour l'anniversaire de ses vingt ans d'existence (à  ce que je crois avoir compris, car les informations qu'ils m'envoient sont en allemand, langue que je ne comprends absolument pas), le musée a invité Carlés-Tolra à monter quelque chose comme une rétrospective semble-t-il. Du 1er décembre 2008 au 16 mars 2009.

Fritz Frischknecht, Alpfahrt,1972.jpg    Les 20 ans du musée "Im Lagerhaus" (au fait sur ce musée, au tout début de ce blog, j'avais fait une note, voir ici) permettent aussi à ceux qui pourront faire le voyage jusqu'à St-Gall de découvrir la peinture naïve de l'Appenzell-Toggenburg, cette région qui s'étend au pied de la montagne magique du Säntis. Parmi les tableaux produits par les artistes autodidactes de ces contrées, on retrouve souvent des transpositions des paysages d'alpages aux verts soutenus communs dans ces régions, où sont semés, piquetant le paysage comme des masses et des formes plus ou moins abstraites peuvent piqueter l'espace d'une composition en apparence abstraite, les prés clôturés, les fermes, les vaches, les chemins blancs... Ces pentes douces sont proches du promeneur, j'ai pu le constater au cours du voyage que je fis en Suisse en 2007, comme des tableaux déjà tout faits dressés sous le ciel, immenses ready-made étendus aux dimensions d'un paysage entier. 

Gaston Savoy, collection de l'Art Brut, Lausanne.jpg    Après les Japonais (et peut-être bientôt les Chinois?), la Collection de l'Art Brut de Lausanne va se retourner un petit peu vers son versant plus intime, à savoir l'art brut présent dans le canton de Fribourg. Et ce, du 6 février au 27 septembre 2009, autant dire qu'on aura le temps d'aller y faire un tour. Ce sera aussi l'occasion d'établir (pour la première fois il me semble, Dubuffet va peut-être même se retourner dans sa tombe!) une confrontation "expérimentale" (dixit le site web de la collection) des oeuvres de dix créateurs fribourgeois (de découverte récente) avec des oeuvres d'art religieux, populaire et ethnographique de cette même région de la Suisse (à mon sens, excellente initiative qui aurait pu être tentée depuis belle lurette). A signaler que la Collection a collaboré récemment (de septembre à novembre 2008) avec le musée Im Lagerhaus pour une expo en prêtant des oeuvres entre autres du Prisonnier de Bâle, de Hans Krüsi, etc. Un catalogue sur l'art brut dans le canton de Fribourg devrait paraître à l'occasion de l'expo, de même qu'un film de Philippe Lespinasse, devenu cinéaste officiel de la Collection, on dirait... Les créateurs présentés sont au nombre de dix dont Marc Moret, Lydie Thorimbert, Maurice Dumoulin, Gaston Savoy (on dirait un clone de Hans Krüsi, avec ses défilés de vaches poyesques), Piere Garbani, Eugénie Nogarède.

galerie Dettinger Int2.jpg    La galerie Dettinger-Mayer de son côté a décidé de montrer au tournant des deux années 08 et 09 un patchwork des artistes qu'elle défend depuis plusieurs années, photographie africaine, art tribal, peintures et dessins en confrontation: il y aura jusqu'au 31 janvier des oeuvres de David Braillon, Evaristo, Evelyne Postic, Ruzena, Pascal Zoss, Fred Deux, Bernard Pruvost, Louise-Anne Koeb, Zahra Toughraï, Marilena Pelosi, Ariel, Aurélie Gaillard, Estela Torres et des photographes africains comme Sanlé Sory ou Tidiani Shitou, etc.

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Louise-Anne Koeb, Sans titre, Galerie Dettinger-Mayer

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03/01/2009 | Lien permanent

Les librairies préférées du sciapode

    Cela fait un certain temps que j'ai envie de lister les librairies parisiennes où je tombe presque automatiquement sur des livres faits pour moi. Une bonne librairie, c'est en fait cela avant tout, celle qui a pensé à vous mettre sous le nez le livre qui vous était destiné. C'est ce que tout le monde appelle une "bonne librairie" sans souligner la plupart du temps qu'il ne s'agit que d'un choix très subjectif, à la limite de l'égocentrisme. Mais si cela peut recouper les marottes, les chemins de traverse, les inclinations personnelles d'autres internautes lecteurs de ce blog, je n'aurai pas tenté ce rassemblement subjectif en vain. Et du coup, peut-être ce "subjectif" commencera de se transformer en valeur objective...

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    Première à laquelle je pense, la librairie Tschann sur le boulevard du Montparnasse, dans le XIVe ardt, peu après le carrefour Vavin. Cela ne varie pas en ce qui me concerne, je trouve depuis au moins trente ans toujours mes livres là-bas. Leurs goûts évoluent avec les miens. Notamment les beaux livres sur l'art. Ils ont une politique de libraire personnelle, ils trient les ouvrages qui méritent davantage que d'autres d'être portés à la connaissance de leurs clients. Contrairement à tant de leurs confrères qui se contentent d'être des comptoirs de diffusion des cent mêmes titres imposés par les diffuseurs dans la plupart des boutiques de France et de Navarre. 

Librairie l'Ecume des pages.jpg     L'Ecume des pages arrive sûrement en deuxième dans mes préférées. C'est la librairie qui reste ouverte tard (minuit en semaine), restant accessible aussi le dimanche (Boulevard Saint-Germain, à Saint-Germain-des-Prés, à côté du Flore). Elle avait changé il y a quelque temps la disposition de ses rayons et étalages et l'on y a trouvé moins d'ouvrages hors des sentiers battus durant quelque temps. Cependant, la direction du lieu après une réadaptation semble-t-il a repris sa marche en avant du côté d'une certaine exigence. Elle reste bien instruite des livres à découvrir, pas nécessairement médiatiques. De l'extérieur, il ne faut pas craindre de franchir le seuil malgré les présentoirs à cartes postales qui font croire à une boutique pour touristes...

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Vitrine de la librairie à l'époque où les enfants de ma BCD y avaient exposé des "lettrines iconophores" concoctées avec mézigue (une lettrine est illustrée par des images d'objets dont le nom commence par cette lettre, comme c'était l'usage dans les anciens dictionnaires type Larousse), ph. Bruno Montpied, 2008

    Libralire n'évite pas toujours le piège des livres identiques à ceux qu'on trouve dans les librairies type comptoirs de diffusion, mais en raison de la sympathie que nous inspirent ses libraires - notamment l'ineffable Fabrice - je cite sans coup férir cette adresse. Nous regrettons, disons-le au passage, le départ de Nelly qui était une excellente connaisseuse de la littérature jeunesse. La librairie se trouve presque au croisement de la rue Jean-Pierre Timbaud et de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt.

 Librairie L'humeurvagabonde.jpg    L'humeur vagabonde est une excellente librairie de quartier dans le XVIIIe ardt. En dépit de sa petite surface, on trouve souvent les livres curieux que l'on recherche triés par des professionnels au sein de l'abondante production livresque. On sent un certain penchant des libraires pour les sujets radicaux dans cette librairie. La librairie jeunesse qu'ils ont installée de l'autre côté de la rue (du Poteau) est loin d'égaler sa qualité, cela dit, lorgnant semble-t-il beaucoup trop du côté d'une certaine mièvrerie de la littérature pour enfants. Pour la trouver, descendre depuis la mairie du 18e ardt en direction de la Porte Montmartre la rue du Poteau, c'est après la partie de la rue plus spécifiquement dévolue aux commerces alimentaires.

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La librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard, 18e ardt

 

    La librairie de la Halle St-Pierre reste le lieu incontournable en matière de documentation sur les arts spontanés, unique en son genre à Paris, étant donné la variété et la multiplicité des ouvrages proposés. Ses animations dans le petit auditorium en sous-sol prolongent utilement cette offre d'informations. Leur activité s'inscrivant comme on sait, qui plus est, dans un programme d'expositions très souvent liées à la thématique des arts populaires, imaginistes ou insolites. Le lieu, agrémenté d'une caféteria où il fait bon rêvasser en sirotant quelque boisson, est ouvert sept jours sur sept, et c'est à Montmartre...

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Intérieur de la librairie Un regard moderne, ph.Bruno Montpied, juillet 2007

    Un Regard moderne, située rue Gît-le-Coeur dans le 6e ardt, est une échoppe incroyablement bourrée du sol au plafond d'une littérature excentrique allant de l'art graphique underground à l'art brut et environs (rayon prés de la porte d'entrée, au ras du sol, un des rares accessibles sans avoir à demander auparavant au gérant ce que l'on est venu chercher - personnellement, je n'entre jamais dans une librairie en sachant ce que je cherche, je suis comme Picasso, je trouve...), en passant par l'érotisme, avec de nombreux titres sur le sado-masochisme, le surréalisme (littérature et arts plastiques), les situationnistes, le rock'n roll et la culture qui s'y rattache, etc... Un petit espace d'exposition le flanque sur la droite plutôt ouvert aux graphistes tendance Dernier Cri et consorts. 

Anima.jpg    Anima, ça se trouve avenue Ravignan, vous savez, l'avenue de Montmartre où s'élevait le Bateau-Lavoir de Picasso et autres. C'est une petite librairie tenue par une passionnée que garde un (une?) sympathique bull-dog. On y trouve surtout des ouvrages de poésie exigeante, de sciences humaines, des ouvrages féministes ; mais aussi de la littérature générale, et des revues littéraires rares, comme l'excellent Bathyscaphe édité au Québec par Benoît Chaput et Antoine Peuchmaurd. Je n'y trouve pas toujours mon bonheur, mais c'est plutôt pour goûter aux charmes de discussions aux fils labyrinthiques et légèrement foutraques, improbables, avec la gérante des lieux, que j'aime à y entrer de loin en loin.  

     Val'heur, je ne cite cette librairie-là, située dans le 9e ardt rue Rodier prés du lycée Jacques Decour, que parce qu'on est sûr d'y trouver les publications du Collège de Pataphysique. [Cependant depuis quelque temps, la librairie ne s'occupe plus des ouvrages pataphysiques édités après 2007... Mise à jour, février 2010]

     La librairie du musée du Louvre, c'est bien pratique, et cela rend inutiles les voyages coûteux et mangeurs de temps précieux vers les expositions régionales et européennes... Les catalogues étant si bien faits aujourd'hui, si richement illustrés, parfois davantage iconographiés que dans l'expo elle-même, qu'ils dispensent d'aller voir l'exposition à laquelle ils se rapportent. En plus, on peut les garder chez soi, eux.

     La librairie Henri Veyrier aux Puces de Saint-Ouen, c'est un bouquiniste énorme question surface, et question choix. On y trouve de tout, côté beaux livres d'art ou littérature générale, littérature jeunesse, dictionnaires, bandes dessinées... Pour les fauchés, adresse idéale.

      Vendredi, une bonne librairie dans la rue des Martyrs, prés du croisement avec le boulevard de Clichy. Chez eux, ou elles plutôt, j'ai toujours l'impression que les livres à découvrir sont avant tout dans la vitrine qui concentre ce qu'il y a de plus intéressant dans le choix du moment. Là aussi, un regard complice trie en amont les livres qui sont faits pour les lecteurs qui partagent cette communauté d'esprit. 

      Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel, à ne pas confondre avec Gibert Jeune plus bas, place Saint-André-des-Arts, est toujours la grosse librairie de Paris où l'on peut trouver des ouvrages d'occasion signalés par des bouts d'adhésifs noirs ou rouges en fonction des réductions. Le choix est vaste, il faut chercher, ça dure longtemps, les libraires changeant souvent l'ordonnancement des rayons, les différents étages, ça bouge tout le temps (et c'est assez casse-pieds...). 

Librairie Palabres M.Zinsou,ph.Gérard Lavalette, blog paris faubourg.jpg      Palabres, petite librairie d'occasion rue de Nemours dans le 11e ardt (signalée par Joël Gayraud). Elle est tenue par M. Zinsou, communicatif, sympathique, qui a de la littérature de voyage,  des livres rares sur toutes sortes de sujets, l'Afrique notamment, mais aussi la Commune de Paris, la révolution, Paris, l'art (un peu)...

(A suivre?) 

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L'art hors-les-normes italien, une nouvelle exposition à la Halle Saint-Pierre

    Le printemps sera italien cette année. Du moins en ce qui concerne l'actualité des événements concernant la planète des arts bruts, naïfs ou populaires. C'est fait personnellement pour me plaire, étant donné les informations que j'ai souvent mises en ligne ici même sur le sujet.

banditi-dell-arteaffiche 2.jpg Affiche de l'expo, Les "portes" de Francesco Nardi, coll privée, © Halle St-Pierre

      "Banditi dell'arte" est le titre choisi par Martine Lusardy avec Gustavo Giacosa, commissaire désigné de l'exposition (j'ai déjà mentionné son nom en divers points de ce blog). C'est joli, ça fait bien ce titre, c'est offensif, les "bandits de l'art", mais est-ce bien tout à fait juste?... Les organisateurs de l'expo se fondent sur le fait que des travaux et des objets venus de collections historiques à la fois psychiatriques et carcérales, comme le musée Cesare Lombroso, le musée d'anthropologie de Turin et l'hôpital San Lazzaro de Reggio-Emilia (musée d'histoire de la psychiatrie) ont prouvé depuis longtemps le regard criminalisant qui fut porté sur certaines figures populaires créatives. Lombroso par exemple, au XIXe siècle, cherchait à mettre en évidence, en collectant tous les documents et objets possibles produits par des "criminels", l'origine innée de cette criminalité. Il allait jusqu'à trouver des traits physiques susceptibles d'être des marqueurs de la dangerosité des individus. Il lia folie, génie et criminalité, exerçant ainsi une influence notable sur les théories réactionnaires qui apparurent après lui, critiquant les avant-gardes artistiques (théories qui débouchèrent sur l'exposition nazie "d'art dégénéré" de 1933 en Allemagne, où furent mêlés œuvres expressionnistes, surréalistes, et travaux d'internés de la collection Prinzhorn, internés dont certains, comble de l'horreur, furent mis à mort par la suite dans les hôpitaux allemands).

 

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Francesco Toris, Le Nouveau Monde, © Musée d'Anthropologie de Turin ; A noter qu'il manquerait selon Maria Teresa Dolfin, "découvreuse" de l'œuvre en 2002-2003, une pièce sculptée importante sur cette pièce, une "Chimère", que Toris considérait comme "la pièce maîtresse de son œuvre"

     L'expo est construite ainsi en deux parties. La première donc, avec des travaux venus de ces collections –dont j'attends personnellement de voir avec beaucoup d'impatience l'extraordinaire maquette architecturée, en os de bovins, de Francesco Toris, "Le Nouveau monde" (1899-1905), sorti des réserves du musée d'anthropologie de Turin, véritable Tour de Babel arachnéenne, dressée depuis l'ossement d'une existence saccagée (à l'âge de 33 ans, cet ancien carabinier fut interné en hôpital psychiatrique), qui fut présentée pour la première fois en 2002-2003 par la Collection de l'Art Brut à Lausanne–, sans oublier les travaux venus des ateliers d'art pour divers patients en souffrance, comme Blu Cammello à Livourne, La Maninca Lunga, à Crémone, la Tinaïa à Florence, etc...

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Quelques numéros de la revue Arte Naive dirigée par Dino Menozzi (69 numéros publiés à Reggio-Emilia de1974 à 2002), qui s'ouvrit à partir du n°59 (1997) à l'art "outsider" ; on y parlait déjà de plusieurs créateurs qui sont présentés à l'expo Banditi dell'Arte, voir aussi la note que j'avais consacrée à la donation Menozzi à la Bibliothèque Panizzi

    La seconde partie est constituée, au premier étage (traditionnellement consacré à la Halle, sous un éclairage plus naturel, à l'art "ouvert"), aux "insiders" populaires par opposition aux oeuvres du rez-de-chaussée, espace du marginal, des créateurs enfermés, à tous les sens du terme, exposées du coup dans un espace noir, sans lumière venue de l'extérieur, "des représentants de l'art populaire contemporain" (selon les mots du dossier de presse de l'expo). Ces créateurs nous sont présentés comme des indépendants vis-à-vis du système des beaux-arts traditionnels, créant une "contestation institutionnelle et culturelle" (là aussi, je trouve cela exagéré). On y retrouve des "portes détournées" par Francesco Nardi, des peintures de Pietro Ghizzardi (que l'on a vu récemment exposé chez Christian Berst), des sculptures de Luigi Buffo (sauvées par le Musée des Amoureux d'Angélique dans l'Ariège ; voir photo Bruno Montpied ci-contre),art brut italien,art hors-les-normes,banditi dell'arte,cesare lombroso,francesco toris,le nouveau monde,art dégénéré,francesco nardi,pietro ghizzardi,luigi buffo,boudra,gabriele mina,costruttori di babele,galerie rizomi,marcello cammi des sculptures de Joseph Barbiero (préférées aux dessins du même). Y sont également évoquées les figures, récemment mises en lumière dans le livre sur les environnements spontanés italiens de Gabriele Mina, Costruttori di Babele, (les Bâtisseurs de Babel, éd. Eleuthéra), de Luigi Lineri, Vincent Brunetti, Mario Andreoli, Maurizio Becherini ou encore Marcello Cammi, ce créateur d'un jardin empli de centaines de statues à Bordighera, que j'ai chroniqué dès 1990 dans le Bulletin des Amis d'Ozenda, puis dans Raw Vision, et sur ce blog aussi.

 

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Le livre de Gabriele Mina récemment paru en Italie, avec la collaboration de divers auteurs (dont mézigue)

     A noter que la galerie Rizomi à Turin consacre à partir du 16 mars prochain, et ce jusqu'au 22 avril une sorte de rétrospective consacrée à Cammi, dont les sculptures furent balayées par une inondation de la rivière qui passait au milieu de son terrain. Un catalogue de 80 pages paraît à cette occasion (qui reprend mon texte de 1990 sur Cammi, Hôtel angoisse et jardin bachique, entre autres documents, et cette fois traduit en italien). (Voir ci-dessous dessin de Cammi à partir d'une tache de vin, coll. BM, et un détail de son jardin disparu à Bordighera, ph. BM, 1990)

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     Beaucoup de noms de créateurs sont mentionnés sur le carton d'invitation à l'expo, beaucoup étant à découvrir, d'autres à retrouver comme Filippo Bentivegna (connu depuis très longtemps par la Collection de l'Art Brut et le livre de Michel Random, l'Art Visionnaire, paru en 1979), Giovanni Podesta ou Carlo Zinelli, tous deux fort connus dans l'Art Brut, d'autres encore à confirmer comme Bonaria Manca, souvent chroniquée entre autres par Roberta Trapani, ou encore Giovanni Bosco, Marco Raugei, Oreste Nanetti, etc., etc.

 

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Francesco Borrello, Atelier La Maninca Lunga, expo Banditi dell'Arte

        Il reste qu'on s'étonne que les initiateurs de l'expo aient à ce point focalisé sur la notion de "bandits de l'art" qui évoquent une attitude offensive pas forcément patente chez les réprouvés ou les solitaires dont on met en évidence la créativité. Cette dernière s'exerce la majeure partie du temps, du reste, au sein d'une attitude non-violente. Ce qui colle mal avec cette vision activiste de l'art hors-les-normes ici mise en avant. Une posture hors-la-loi de pirate ou de brigand n'est pas spécifiquement l'attitude de la majorité de ces créateurs. Leurs expressions ne sont pas des brûlots dirigés vers la caste dominante. Mais plutôt le moyen de reprendre pied dans leur vie, dans un écart absolu vis-à-vis de la société de la multitude moutonnière. Un écart qui ne s'accompagne pas d'une prise d'armes pour autant... Tant et si bien que j'arrive à me convaincre que les commissaires de cette exposition, qui s'annonce certes passionnante, se sont faits surtout plaisir en titrant ainsi leur manifestation.

     Enfin, une autre remarque. Il est loisible de déplorer que la Halle Saint-Pierre n'ait apparemment pas demandé de collaboration à Eva Di Stefano qui effectue depuis déjà un certain temps un travail remarquable de défrichage et d'étude sur l'art brut et outsider italien à l'ombre de l'Université de Palerme en Sicile. On se convaincra aisément de la qualité de son travail en allant télécharger les numéros de sa revue virtuelle Osservatorio Outsider Art qui a mis en ligne jusqu'ici trois numéros.

      Et rappelons, au titre des manifestations ayant précédemment attiré l'attention sur l'art brut et hors-les-normes italien, l'exposition internationale d'art irrégulier, Beautés insensées, de 2007, qui, sous la direction de Bianca Tosatti, s'était tenue à la Salle d'Expositions du Quai Antoine Ier à Monaco. On y découvrait déjà, entre autres, les peintures de Tarcisio Merati, créateur que l'on retrouve annoncé dans Banditi dell'Arte.

 

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Tarcisio Merati, Petite machine, sans date, Bergame, Association Merati ; photo extraite du catalogue Beautés insensées

"Banditi dell'arte", exposition ouverte du 23 mars 2012 au 6 janvier 2013, vernissage le jeudi 22 mars. Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, 18e ardt Paris. T: 01 42 58 72 89.

"Marcello Cammi", exposition à la galerie Rizomi, Turin du 16 mars au 22 avril, corso Vittorio Emmanuele II, 28, 10123 Turin. T: 01 15 78 88 08.


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Infos-miettes (26)

Solange à Bruxelles

     Solange Knopf s'en vient à Bruxelles exposer à nouveau, cette fois hébergée par deux passionnés de son travail, Clem et Claude Jadot. L'exposition a une durée météorique, deux jours seulement, les samedi 9 et dimanche 10 mai (de 14 à 19h), le vernissage se passant le vendredi 8 mai de 18 à 22h. Voici l'adresse pour ceusses qui aimeraient y faire un tour: 77,  Drève des Renards, Uccle, Bruxelles.

 

Solange Knopf Dessins 2015, Crayons de couleurs sur papier fibre de bambou 109 x 79 cm Ph Luc Shrobilgten.png

Solange Knopf, sans titre, 109 x 79 cm, crayons de couleur sur papier en fibre de bambou, 2015 ; Ph Luc Shrobilgten

 

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Galerie Isola de Francfort, de l'art brut en Allemagne: Ernst Kolb

     La galerie Isola à Francfort, dirigée par Patrick Lofredi, un Français installé en Allemagne, galerie qui était présente au récent salon outsider art fair de Paris à l'Hôtel le A, présente actuellement une exposition sur un nouveau venu dans le champ de l'art brut, Ernst Kolb, à l'occasion de la sortie d'un livre de Rolf Bergmann consacré à ce créateur. Cela dure du 3 avril au 24 mai. Adresse: Falkstraße 40, 60487 Francfort. Tel 01 57 34 92 23 72. Ils ont un site web bien sûr:  http://www.galerie-isola.de/. L'art brut en Allemagne est un terrain très peu connu en France, n'est-il pas?

 

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Ernst Kolb, portrait et dessins, photo extraite de www.outsider-art-brut.ch

 

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Et toujours le musée d'art brut et naïf de Suisse orientale, le "museum im Lagerhaus" (l'Entrepôt) à Saint-Gall qui présente cette fois une collection privée...

 

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Alfred Leuzinger (1899-1977), Homme avec coléoptères (autoportrait), crayons de couleur sur papier, © Museum im Lagerhaus, Collection Mina und Josef John

 

      Du 21 avril au 18 Octobre 2015 (ouverture le 20 avril), se tiendra une exposition consacrée à la collection de Mina et Joseph John avec environ 650 œuvres d'art brut ou populaire suisse. Il semble que cette collection soit ouverte au public en dehors de cette manifestation. Parallèlement à l'expo, le musée Im Lagerhaus présente dans sa documentation un aperçu  de la collection complète (de même sur son site web, on peut découvrir des reproductions de l'ensemble de cette collection mise en ligne!). J'avoue avoir toujours eu un petit faible pour ce musée caché dans l'Appenzell qui nous montre si souvent du nouveau et du plus délectable en matière d'art brut, naïf ou populaire. Dommage que ce ne soit pas ma banlieue...

 

 

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 Ernst Kummer (1918-2003), maquette d'avion avec personnage,  matériaux variés, sans date © Museum im Lagerhaus, Collection Mina und Josef John

 

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La galerie Les Yeux Fertiles a des obsessions

    Là, l'exposition intitulée "Obsessions", n'en a plus que pour quelques jours, puisqu'il est prévu qu'elle se termine le 16 mai. Parmi plusieurs noms relevant de l'art  moderne (Bellmer, Saby, Fred Deux, Molinier...) ou de l'art singulier (inévitable Ody Saban...) dont les œuvres sont exposées, on signalera trois magnifiques peintures d'Eugen Gabritschevsky, qui devrait être bientôt exposé en plus grand à la Maison Rouge (vers la fin de l'année), d'après ce que nous en a dit Benoît Morand l'un des animateurs de la galerie. Ainsi que la peinture de Lubos Plny, moins chargée qu'à l'habitude et formidablement équilibrée, qui a été choisie pour le carton d'invitation. Et un très beau André Masson également (à quand une rétrospective de cet artiste qui paraît moins chéri des commissaires d'exposition que d'autres du mouvement surréaliste?)... Liste complète des exposants: H. Bellmer, J. Benoît, F. Deux, J. Domsic, J. Ferrer, J. Fischer, E. Gabritschevsky, G. Harloff, E. J. Hodinos, V. Jakic, I. Jarousse, J. Kolar, R. Léonardini, S.Lepri, R. Lonné, M. Macréau, A. Masson, P. Molinier, M. Pelosi, L. Plny, O. Saban, B. Saby, Scottie-Wilson.

 

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Lubos Plny, sans titre, 83 x 59,5 cm, encre de Chine et acrylique sur papier, 2008

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"Ligabue et les visionnaires candides" au Centre Miche Berra de Costigliole Saluzzo (région de Coni, Piémont) 

 

      Ça doit être bien joli ce patelin de Costigliole Saluzzo, situé au sud de Turin, au pied des Alpes (du côté français, il y a le Queyras), où est montée une exposition (du 28 mars au 5 juillet) que j'aurais bien aimé voir... Hélas, elle se terminera juste au moment de la grande transhumance des vacances. Ligabue, ce peintre naïf connu pour ses tigres aux gueules féroces, n'est pourtant pas bien connu hors d'Italie et pas souvent exposé.

 

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Antonio Ligabue, un de ses tigres féroces

 

     Cette année, c'est le cinquantième anniversaire de sa disparition. Avec lui, on a joint des œuvres de Ghizzardi, lui qui fut exposé à Nice et à Paris il n'y a pas si longtemps, et de Bruno Rovesti. A côté sont aussi présentés quelques artistes naïfs yougoslaves Generalic, Rabuzin, Vecenaj, Lackovic et Kovacic qui m'attirent moins (hormis Rabuzin).

Un document tourné par Raffaele Andreassi en 1962, assez étonnant je trouve,  Ligabue, il vero naïve, de 1977 pour la RAI semble-t-il, où l'on voit Ligabue en action, cherchant à imiter des bruits d'animaux (je crois...) et trouver l'amour auprès d'une dame qui paraît charitable à son égard, sans plus...

 

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Louis Soutter confronté à Victor Hugo dans le musée de la Place des Vosges

      "Dessins parallèles" est le sous-titre de l'expo (prévue pour durer du 30 avril au 30 août) des dessins des deux grands artistes amants du noir et du charbonneux. On connaît les encres de Hugo, ses paysages visionnaires, ses personnages grotesques, ses pochoirs, ses taches interprétées, mais un peu moins les peintures tracées aux poings et aux doigts par le Suisse Soutter.

 

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Louis Soutter, Parvis, encre noire, 1937, © galerie Karsten Greve, Cologne, Paris, St-Moritz

 

    Je ne sais pas encore si ce sont ces dernières du reste qui seront au musée Victor Hugo, je me contente de l'espérer car le carton d'invitation que j'ai reçu en montre une, ce qui paraît inférer qu'il y en aura d'autres place des Vosges. C'est ce que je préfère dans l'œuvre de Soutter, ses dessins au trait me lassant davantage. Ses peintures aux poings, parfois d'une sobriété étonnante  et sans perdre pour autant de leur force, ont marqué d'après moi certains artistes singuliers suisses comme par exemple Christine Sefolosha (à ses débuts) ou François Burland.

 

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Un Soutter (le Héros)exposé il y a peu (2012) à la Maison Rouge, provenance galerie Karsten Greve là aussi...

 

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Guy Girard, Jean-François Affre, Christian Martinache 

      Vous ne trouverez pas beaucoup de renseignements sur le Net sur ces trois compères-là qui se sont alliés pour exposer à la galerie Artcomplice (11, rue Petit dans le 19e ardt, Paris ; tél: 01 40 41 97 77 et 06 70 06 31 88) du 15 au 27 avril (plus que quelques jours donc). Personnellement, je me suis souvent intéressé aux peintures du premier qui a exposé autrefois au musée de la Création Franche à Bègles et que j'ai souvent évoqué sur ce blog.

 

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Guy Girard, anagraphomorphose sur le paraphe de Flora Tristan, huile sur toile, musée de la Création Franche, ph Bruno Montpied (2009)

 

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Du côté de la Galerie Dettinger, Danielle Stéphane

 

     Nouvelle exposition à Lyon, place Gailleton, d'une artiste qui paraît sûre de ses moyens quant à la représentation de personnages, dans des compositions apparentant ses scènes de cirque à des constellations de formes blanches sur des fonds sombres, le tout dans un trait poudreux.

 

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Danielle Stephane, Lola au cirque, 110 x 72 cm, encre sur papier, 2014, ph Claire Defosse

 

    Cela s'appelle "Variations Lola, encre sur papier" et c'est du 11 avril au 9 mai, en partenariat avec la galerie Jean-Louis Mandon, (3, rue Vaubecour dans le 2e ardt) où une autre exposition intitulée "Nymphes et vanités, encre sur  volume" est montée en parallèle (du 7 avril au 25 avril, plus que très peu de temps...).

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"Wild Garden" (Jardin sauvage), art naïf et brut venu d'Iran à la Galerie Hamer, Amsterdam

 

      J'ai déjà mentionné quelques créateurs bruts venus d'Iran, tous aussi originaux et talentueux les uns que les autres. On retrouve dans cette expo Davood Koochaki qui fut exposé déjà à la galerie Hamer ainsi que récemment à Paris dans le cadre de "Sous le vent de l'art brut II" (sur la collection néerlandaise

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19/04/2015 | Lien permanent

Info-miettes (25)

     C'est bientôt l'automne, ma saison préférée, et il pleut des événements plus ou moins bruts: demandez le programme...

    Dans le cadre de la "S" Grand Atelier, structure dans les Ardennes belges (Vielsahm)... pour les créateurs déficients mentaux, on aime à mixer ces derniers avec des auteurs de bande dessinée voire d'autres types d'artistes (il sont, je cite: "pour l’éclatement des catégories artistiques et la valorisation des nouveaux langages issus de la mixité entre artistes outsiders et artistes contemporains":...Ouais, ouais, ouais... Le grand méli-mélo à la mode ces temps-ci où l'art contemporain tente de se faire une perfusion de sang frais)

     Diverses expos, conférences, débats sont annoncés en France, plus ou moins en rapport avec cette "S" Grand Atelier, je ne retiens personnellement que les expos ci-dessous :

1. L’ARMY SECRÈTE
Au sein de l’exposition : Bruno DECHARME, Art Brut/ Collection ABCD
La Maison Rouge, 10 Boulevard de la Bastille, 12ème
Du 18 octobre 2014 au 18 janvier 2015

(Une grande exposition de la collection ABCD? Hmm... Cela devrait être le grand événement de la fin de l'année donc).

2. "Chefs-d'oeuvre", carte blanche à Bruno Decharme en parallèle à l'expo de La Maison Rouge (le titre exact étant "Masterpieces", mais j'ai traduit car j'en ai marre du snobisme qui consiste à se  coucher, en France, devant les clients anglo-saxons en se mettant à parler leur langue). Ce sera du 21 octobre au 29 novembre à la Galerie Christian Berst : 5 Passage des Gravilliers, 3ème, Paris. Avec des œuvres d'Aloïse, Jaime Fernandes, Domsic, Guo Fengyi, Joseph Lambert (peu connu, il me semble), Tichy, Stoffers, Schroder-Sonnenstern, Zemankova, Scottie Wilson, etc... On ne sait pas si parmi ces œuvres certaines seront à vendre, car en définitive on est encore dans une galerie. ABCD se séparerait-elle de certains de ses joyaux?

 

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Un dessin d'Eric Derkenne tel qu'on le voit sur le site web d'ABCD, des faces, ou des bouts de faces agrandies, striées...


3. ÉRIC DERKENNE : CHAMPS DE BATAILLE
Exposition rétrospective
Commissariat : Gustavo Giacosa
Espace abcd, 12 rue Voltaire, 93100 Montreuil
Du 26 octobre au 19 décembre 2014
Vernissage 25 octobre 19heures en partenariat avec l’Outsider Art Fair

Ce que j'ai vu de ce Eric Derkenne ne m'enthousiasme guère. C'est austère, très facile à rapprocher de certaines œuvres exsangues que l'on nous exhibe régulièrement chez nos plasticiens contemporains, un créateur venu d'atelier pour handicapés mentaux semble-t-il, posant une fois de plus la question des influences possibles occultes ou déclarées des artistes qui pilotent ces ateliers...

4. MATCH DE CATCH à VIELSALM / VIVRE à FRAN DISCO

Bandes dessinées, peintures, sculptures et installations, rencontre du créateur trisomique Marcel Schmitz et de l'auteur de BD Thierry Van Hasselt autour d'une cité imaginaire, Fran Disco, créée par Schmitz.
Commissariat : Barnabé Mons et Thierry Van Hasselt
Chez Agnès B., 17 rue Dieu, 10ème
Du 29 octobre au 08 novembre 2014
Vernissage 28 octobre 18 heures

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Coco Fronsac toujours sur la Rive Gauche

    Là, on est plutôt du côté de l'art contemporain franchement assumé. Mais un art contemporain primesautier, poétique, imaginatif, humoresque, pas très éloigné des anciennes œuvres de Prévert, du groupe Panique, de la 'Pataphysique, etc. L'exposition est déjà commencée, et se finira début octobre, comme on le verra en déchiffrant l'affiche ci-dessous.

 

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La Maison de verre, André Breton, initiateur et découvreur

    Au Musée Henri-Martin à Cahors commence ce 20 septembre une exposition consacrée principalement au Breton installé à l'Auberge des Mariniers de St-Cirq-Lapopie, qui cueillait des agates dans le lit du Lot, des racines aux formes suggestives, prenait fait et cause pour le mouvement des Citoyens du Monde de Gary Davis, se passionnait pour les hasards objectifs, autant de points qui seront évoqués dans l'exposition, avec un rassemblement, dit le dossier de presse, d'une impressionnante collection d’œuvres et de documents, dont certains parfaitement inédits, paraît-il. Un catalogue sort à l'égide de l'Atelier André Breton et des Editions de l'Amateur.

la s grand ateleir,art des déficients mentaux,trisomiques,marcel schmitz,mixité outsider et art contemporain,abcd,eric derkenne,gustavo giacosa,la maison rouge,cités imaginaires,galerie agnès b.    "Je n’ai pas connu d’homme qui ait une plus grande capacité d’amour. Un plus grand pouvoir d’aimer la grandeur de la vie et l’on ne comprend rien à ses haines, si l’on ne sait pas qu’il s’agissait pour lui de protéger la qualité même de son amour de la vie, du merveilleux de la vie. Breton aimait comme un cœur qui bat. Il était l’amant de l’amour dans un monde qui croit à la prostitution. C’est là son signe. » (Marcel Duchamp, entretien avec André Parinaud, Arts, 5 octobre – 11 octobre 1966).

 Photographe non identifié, André Breton observant un crapaud, date?

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 Dans la lumière du surréalisme, galerie Les Yeux Fertiles

Les Yeux Fertiles, cette sympathique galerie de la rue de Seine dans le 6e à Paris, a la bonne idée en parallèle de l'expo cadurcienne de montrer un ensemble d’œuvres liées au surréalisme dont ce manuscrit de poème sur bois dû à Breton ("Au Regard des divinités")la s grand ateleir,art des déficients mentaux,trisomiques,marcel schmitz,mixité outsider et art contemporain,abcd,eric derkenne,gustavo giacosa,la maison rouge,cités imaginaires,galerie agnès b. rehaussé par Slavko Kopac que l'on avait déjà vu ici et là (à commencer sur le site web de l'Atelier André Breton). Un beau poème-objet en vérité. Pour les dates, faudra attendre, je ne retrouve plus ce sacré carton d'invitation, et c'est pas le site internet de la galerie qui va nous aider, ils sont toujours en retard d'une annonce d'expo... (Cependant, l'Aigre de Mots a eu l'extrême obligeance de compléter l'info manquante, voir ci-dessous dans les commentaires).

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La galerie Polysémie, une actualité fertile

      Cette galerie marseillaise a en effet une activité plutôt débordante ces temps-ci, en rapport avec la rentrée bien sûr. Si je ne partageais pas leurs goûts pour certains des artistes exposés jusqu'ici (par exemple Jean-Pierre Nadau), j'ai été intrigué et séduit par les informations reçues de leur part récemment. J'ai déjà évoqué (le 2 août dernier) l'expo de Solange Knopf qui va bientôt s'ouvrir à Paris dans une galerie louée pour l'occasion (la galerie B&B,  6 bis rue des Récollets, 10e ardt, du 30 septembre au 6 octobre). Elle y sera accompagnée des Staelens, de Gérard Nicollet et de Huston Ripley. Mais la galerie ne s'arrête pas là. Elle annonce des présentations de travaux africains singuliers ou bruts dans ses locaux marseillais (titre de l'expo: "African outsiders", du 16 octobre au 20 novembre) dont Frédéric Bruly Bouabré (récemment disparu) et Franck Lundangi (ancien champion de football). La galerie sera également présente au Salon d'Art Alternatif (Outsider Art Fair, en langage marchand) qui se tiendra une fois de plus à l'Hôtel super chic "Le A" du 23 au 26 octobre. On devrait y voir entre autres des œuvres de Philippe Azéma et d'Evelyne Postic.

 

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Philippe Azéma, œuvre présentée actuellement dans l'exposition de la Halle St-Pierre, "Sous le vent de l'art brut 2, la collection De Stadshof"

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Et c'est reparti pour la Biennale de l'Art Partagé

        On en est à la 5ème et ce sera du 18 octobre au 16 novembre. A Rives en Isère dans le parc de l'Orgère à la Salle François Mitterrand, et toujours organisée par l'association Œil-Art de Jean-Louis Faravel. Il y a beaucoup d'artistes invités, et comme c'est l'usage avec l'art partagé (très partagé en l'espèce, vu le nombre d'invités), le récepteur béotien, qui trouve dans sa boîte aux lettres une invitation pour le vernissage (qui aura lieu le samedi 18 octobre à partir de 18h30), ce béotien aura du mal à savoir comment départager (faut croire qu'existe aussi l'art départagé...) le bon grain de l'ivraie. Sur les 70 (environ) artistes présents, je n'en retiens pour l'instant qu'un seul dont j'aurais été bien curieux de découvrir les œuvres, Gilles Manero, bien trop rare dans notre région parisienne, surtout si il a décidé d'exposer des dessins (ce que je préfère à ses sculptures, je dois dire). Ah si quelques autres aussi, Fatimazara Khoubba, Caroline Dahyot, Jacqueline Vizcaïno, Yves Jules, Alexis Lippstreu, Jean Aihade (un "singulier" africain découvert par le galeriste Alain Dettinger si je ne m'abuse), Virginie Chomette... Comme le signale Jean-Louis Faravel dans le commentaire ci-dessous, on peut se faire une idée de chaque exposant en cliquant sur le site web dont j'ai mis le lien ci-dessus (Œil-art).

 

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Gilles Manero, petit dessin au crayon, 2001, coll. BM

 

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Les mises en boîte de Jean Veyret

       Les assembleurs d'objets en boîte sont pléthoriques depuis des années que l'on connaît les boîtes-poèmes d'André Breton ou celles de l'artiste para-surréaliste Joseph Cornell, ainsi que les objets à fonctionnement symbolique tels que les surréalistes les promurent dans les années 1930. Il y eut, pour consacrer ce nouveau support artistique, une grande exposition, intitulée "Boîtes" tout simplement (tenue de décembre 1976 à mars 1977 au Musée d'art moderne de la ville de Paris puis à la Maison de la Culture de Rennes, juste avant la fameuse exposition les Singuliers de l'art de 1978 dans ce même musée parisien).jean veyret,art d'assemblage,théâtre d'objets,boîtes à mise en scène d'objets

      Depuis, je n'ose imaginer ce qui a pu se produire dans ce domaine. Un de mes anciens amis, un surréaliste anglais, Peter Wood, excellait dans ce domaine, avant de tirer sa révérence bien trop tôt dans cette vallée de larmes. Ses assemblages sous boîte vitrée étaient fidèles à une certaine tradition surréaliste de l'image ésotérique. Il la tempérait avec une touche de naïveté ça et là.

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Peter Wood, sans titre, boîte peinte avec divers éléments assemblés, années 1980-1990, coll. et ph. Bruno Montpied.

      Récemment cependant, agréablement surpris (faut dire que j'étais conduit par Alain Dettinger, grand dénicheur de talents devant l'Eternel), j'ai été confronté à un autre style de boîtes, remplies elles aussi d'assemblages, celles d'un ancien instituteur, Jean Veyret, par ailleurs adepte avec son épouse Joëlle (elle aussi tâte des arts plastiques et du détournement de matières et d'objets) d'une forme d'archéologie amateur qui les pousse chaque été, la plupart du temps, dans les déserts, notamment ceux de la Mauritanie, où ils récoltent nombre de débris et bestioles desséchées qui viennent alimenter leurs rêveries ultérieures, une fois de retour au bercail...

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Jean Veyret, La guerre, boîte peinte avec assemblage d'accessoires divers, fil en laine, bois avec écorce, 40 x 28 x 12 cm, 2011, ph. et coll B.M., 2016 ; certes, le sujet est assez limpide, la colombe de la paix va être dévorée par un monstre à la gueule immense et vorace, mais cela est réalisé avec un sens des couleurs et des matières magnifique ; le contraste entre la pelote de fils, les ailes en plastique de la colombe, matériaux tous aussi fragiles les uns que les autres, et le bloc de bois fruste sur un fond sanglant, est très frappant, je trouve.

 

       Les assemblages de Jean Veyret recèlent une fraîcheur et une immédiateté poétique qui s'éloignent nettement de  l'esprit ésotérique qui préside aux boîtes à connotation onirique, un peu comme on pourrait distinguer la poésie d'un Prévert (du reste, poète apprécié par Jean Veyret) de la poésie d'une Alice Massénat (pour citer quelqu'un de contemporain, particulièrement "ésotérique")...

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Jean Veyret, L'apparition, date non notée,  ph. B.M., 2016.

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Jean Veyret, Le sacre, date non notée, ph. B.M., 2016.

 

     Bien qu'au début, paraît-il, cet artiste autodidacte ait commencé par des boîtes confusément interprétables. C'est sa compagne Joëlle, qui, réclamant (avec raison selon moi) du sens plus explicite, orienta involontairement le travail de son mari vers des assemblages  plus immédiatement lisibles : antimilitarisme, anticléricalisme, moquerie à l'égard du christianisme, dénonciation de l'éducation religieuse lobotomisante, poésie engendrée par des rapprochements humoristiques et des analogies surprenantes, toutes attitudes saines et salubres méritant d'être observées avec constance. D'autant que ça nous change enfin de ces boîtes remplies d'objets, certes jolis, léchés, choisis avec un goût exquis, destinées à nous faire sentir qu'on a affaire à un poème visuel qui sonne surréaliste parce qu'on n'y comprend rien et qu'on a affaire à des objets insolites particulièrement beaux...

 

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Jean Veyret, Coffret de représentant en Clous de Christ, date non notée, env. 25 x 35 cm, ph. B.M., 2016.

 

      Jean Veyret a été instituteur une bonne partie de sa vie, je l'ai déjà dit. On rencontre nombre d'artistes autodidactes parmi les professeurs des écoles en effet. Nul doute qu'un ouvrage paraisse un jour à ce sujet, comme il y en eut déjà un sur les artistes postiers (Josette Rasle, Ecrivains et artistes postiers du monde, éditions Cercle d'Art, Paris, 1997). J'ai abondamment parlé sur ce blog des œuvres de deux autres maîtres d'école, Jean-Louis Cerisier et Armand Goupil. Voici donc à présent les boîtes de Jean Veyret. L'instituteur est souvent féru de cultures diverses, pratique un métier altruiste tourné vers les enfants, désire améliorer la société en propageant toutes sortes d'idéaux via les élèves qu'il enseigne. Il n'est pas étonnant, qu'il puisse à côté de son travail, durant les temps de loisir qu'il possède – que l'on sait plus longs  que dans bien d'autres métiers –, tenter de s'exprimer à son tour. Il le fait souvent en autodidacte, ou, au mieux, avec des moyens et des techniques artistiques moins poussées que celles qu'on enseigne dans les écoles spécialisées des Beaux-Arts.

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Jean Veyret, Lobotomies, date non notée, ph. B.M. , 2016 ; les lobotomisés que l'on aperçoit ici, adéquatement choisis parmi des figurines Duplo (plutôt des Playmobil...), aux crânes creux, connues des enfants, se dressent devant une photo de classe religieuse... 

 

      Parallèlement à cette activité de metteur en boîte, qu'il poursuit depuis une trentaine d'années à peu près (et qu'il a très peu montrée, sa première exposition n'ayant été organisée qu'en 2013, à la galerie Dettinger-Mayer à Lyon, suivie d'une autre, tout récemment, fin 2016, dans le même lieu),  Jean Veyret a coulé aussi ses pas dans ceux des aventuriers qui de tous temps ont été attirés par les espaces sauvages ou inconnus des Occidentaux. Il partit à moto à travers le Sahara, stimulé par les premiers rallyes Paris-Dakar, fréquentés et organisés en amateur au début, puisque leurs premiers vainqueurs, côté voiture, avaient roulé en 4L Renault. On était très loin de l'actuel rallye avec ses caravanes de matériel, de technologie, sa couverture médiatique, son spectacle, donnant l'impression d'un divertissement du capitalisme instrumentalisant des territoires au profit de ses jeux du cirque.

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Chez Jean Veyret, la réserve aux boîtes-poèmes... ph. B.M. 2016.

 

     Jean Veyret cherche depuis quelque temps à exposer davantage. Avis aux professionnels de la diffusion artistique qui n'ont pas les yeux dans leurs poches... 

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Info-Miettes (36)

Actualité de Benjamin Péret

          Un livre sort, édité par l'Association des amis de Benjamin Péret, intitulé Comme un haricot au clair de lune. Les collections Benjamin Péret de la Bibliothèque municipale de Nantes.

      "Les collections Benjamin Péret réunies par la Bibliothèque municipale de Nantes n’ont pas d’équivalent ailleurs en Europe, comme aux États-Unis. Cet ensemble est impressionnant autant par le nombre que par la qualité des documents. L'ouvrage est un complément indispensable à l'exposition La parole est à Péret qui s'ouvre à Nantes en janvier 2021." (Association des Amis de Benjamin Péret). Pour en savoir plus, cliquez sur le lien ci-dessus ("Un  livre", ou "L'ouvrage").

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Sortie de la revue Trakt n°12

benjamin péret,association des amis de benjamin péret    Paru en novembre dernier, j'ai oublié de mentionner la sortie de ce numéro où figure un article de mézigue sur la découverte aux Puces de sept peintures d'une artiste réservée, qui exposa rarement, en dépit du charme hors-modes de son univers visionnaire symboliste, Dominique Dalozo, d'origine argentine comme sa compagne Yvonne Bilis-Régnier, dont, d'ailleurs, je ne suis pas sûr que cette dernière ne soit pas l'autrice de quelques-unes des peintures retrouvées dont seules quatre sont signées de Dalozo (dont celle reproduite ci-contre). benjamin péret,association des amis de benjamin péret

     La revue nous apprend également, par le truchement de Jeanine Rivais, le décès du docteur Jean-Claude Caire (1933-2020), le passionné qui anima longtemps, en compagnie de sa femme Simone le désormais célèbre Bulletin des amis de François Ozenda. Il était impossible d'aller parler quelque part en leur compagnie chez un autodidacte quelconque sans avoir la surprise de retrouver tous les propos retranscrits dans leur bulletin à la suite d'un enregistrement secret dont personne évidemment n'était prévenu à l'avance. Cela faisait partie du folklore attaché aux pas de l'ineffable docteur. 

    Pour acquérir la revue ou savoir où on la trouve (la librairie de la Halle St-Pierre) c'est par là.

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Jean-Claude Caire, à Nice, ph. Bruno Montpied, 2008.

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Brut, Singulier, Hors-normes, Le Guide de l'Art Buissonnier, un nouvel Hors-série du magazine Artension

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      Autre parution, celle-ci début décembre 2020, ce Guide, un hors-série du magazine Artension – auquel j'ai collaboré par plus de 60 notices sur divers lieux et sites à travers les quatre régions dont j'avais la charge (Ile-de-France, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine, Occitanie), plus une liste d'événements, un éditorial que j'ai signé en commun avec la rédactrice en chef du magazine, Françoise Monnin (qui signe parfois quelques  notices éparses dans mes régions), un texte aussi sur ma conception des arts spontanés – ce Guide est consacré à la présence de l'art brut, des environnements spontanés (populaires ou alternatifs), à l'art singulier, l'art naïf tels qu'ils se manifestent à travers divers lieux, associations, galeries, musées en France. Une critique cependant ici, l'art singulier tel qu'il est représenté dans ce Guide (pas par moi!), justement, commence à être noyé de plus en plus dans l'art contemporain alternatif de province, perdant peu à peu de sa spécificité qui reposait sur une originalité esthétique, un anarchisme des contenus, une référence en creux à l'art brut, un comportement de ses auteurs en rupture avec les traditions et les hiérarchies dans la diffusion des arts plastiques. Un peu plus de rigueur n'aurait pas été de trop dans la sélection de certaines adresses.

    Ce Guide aussi a quelques autres défauts (en plus d'être peut-être un peu cher –19,50€). On n'aperçoit pas assez, par exemple, la distinction entre les pages achetées par des annonceurs et les pages et photos qui relèvent strictement des rédacteurs.

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Pages du Guide ouvertes sur la Nouvelle-Aquitaine, avec deux photos et des notices de Bruno Montpied.

 

     Mais en dépit de ces quelques défauts, il représente cependant un outil supplémentaire utile à tous ceux qui cherchent du nouveau et des adresses du côté des arts spontanés et primesautiers en notre joli territoire. Il est trouvable en kiosque et chez les marchands de journaux, maisons de la presse, librairies diffusant habituellement Artension. C'est bien sûr une exhortation à repartir sur les routes buissonnières en espérant retrouver notre liberté et nos cultures alternatives le plus tôt possible (vaccinez-vous dès que vous le pourrez!)...

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Exposition Alain Sanfourche et Jean Dominique à Limoges

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21 rue Elie Berthet 87000 LIMOGES. Tél. : 05 55 34 35 47

 

 

 

 

 

 

 

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Exposition "Hors les murs" du Musée de la Création Franche

     Si on ne sait pas encore exactement, en dépit d'informations ayant filtré sur Sud-Ouest (dont je me suis fait l'écho dans le Guide de l'Art Buissonnier cité ci-dessus) ce que sera l'activité du musée durant la période de travaux assez longue qui s'annonce à partir de la mi janvier, avec fermeture du musée, qui sera le nouveau responsable de la Création Franche (Pascal Rigeade prenant sa retraite, qu'on lui souhaite la  meilleure possible bien entendu), et ce que l'on a prévu comme activités – ou non – à l'extérieur du musée, pendant ces deux années, on peut tout de même signaler une expo hors-les-murs d'ores et déjà en place à l'EHPAD Marion Cormier, situé à Bègles, du 15 décembre 2020 au 15 mars 2021. "Hyménée automnal : un chœur de conteurs", c'est son titre. Une sélection d'œuvres du musée est proposée aux résidents, "en résonance" avec trois récits similaires à des contes créés par des personnes "physiquement isolées mais réunies par ce travail d'écriture". Le terme de conte étant probablement envisagé de manière extensive, non relié rigoureusement à la notion de conte de tradition orale, qui lui n'a pas d'auteur précis.

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Yvonne Robert, La Noce à Julia, 1977, coll. Musée de la Création Franche.

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La Patatonie de Serge Paillard

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     Aux éditions Chatoyantes (joli nom!), est sortie en décembre, ultra discrètement, un nouvel ouvrage consacré au monde imaginaire, la Patatonie, inventé par le peintre et dessinateur Serge Paillard qui se blottit bien loin des sunlights de la médiatisation. Aux dessins exécutés d'après des visions déduites de sa contemplation divinatrice de pommes de terre, se sont ajoutées ces dernières années des broderies sur le même thème. Il s'agit d'un livre d'artiste, si l'on en juge par cette description technique: "Couverture rigide avec titre, texte de présentation et propos recueillis. Format 28 cm x 27,5 cm. Tirage prévu 50 exemplaires. Prix 150 €. Exemplaires numérotés et signés par l’auteur. Chemise intérieure Munken pure 400 gr. Contenant 11 doubles pages au format 27 x 54 cm. Impression sur papier aquarelle 190 gr."

On peut acquérir le livre en s'adressant à... :

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Les Amies et Amis de Martine Doytier font des promesses pour 2021

     Reçu ces jours-ci la newsletter de cette association, née l'année dernière (et pas repérée par les auteurs des notices sur l'art buissonnier en PACA, voir le Guide mentionné ci-dessus...). Elle propose un court film intitulé "Martine Doytier, l'étrange monsieur Martin" au sujet de l'automate (c'est lui, M. Martin, justement) qu'elle créa vers 1975, et qui sera bientôt restauré. Une exposition se prépare, des peintures sont retrouvées, un site internet est en gestation, bref l'année 2021 sera sans doute l'année de l'éclatante réapparition de Martine Doytier, étrange artiste atypique.

 

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L'association l'Art Brut en Compagnie présente ses vœux et ses projets pour l'année nouvelle

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4 L'auteur des ”Barbus Müller” démasqué ! (4e chapitre) ; une enquête de Bruno Montpied, avec l'aide de Régis Gayraud

Le mystère se dissipe enfin, l'auteur se dévoile, et les Barbus retrouvent leur père...

 

       Rien n'est encore fait dans cette enquête à la poursuite de celui que l'on croyait insaisissable, l'auteur des "Barbus Müller"...

      Mais, je vais enchaîner les découvertes, toujours avec la méthode des mots-clés, souvent efficace désormais grâce à la vaste indexation de ces derniers, via les moteurs de recherche sur internet (si efficace que cela en devient magique et, parfois aussi, un peu désespérant, tant cela peut apparaître un peu mécanique...).

L'étrange pratique du martelage, page 2.JPG     Je tombe tout à coup, à travers l'écran de mon ordinateur (voir ci-contre le deuxième article de février), sur deux textes, parus dans deux numéros de l'Auvergnat de Paris du 13 janvier et du 3 février 1934 ¹, et mis en ligne sur le site web de la Bibliothèque Clermont-Université. Il s'agit d'une correspondance et d'un débat entre Camille Gandilhon-Gens d'Armes (dont Régis me signalera qu'il fut un ami d'Alfred Jarry, simple référence entre parenthèses...) et Henri Pourrat – connu comme romancier régionaliste, conteur et connaisseur des traditions populaires en Auvergne –, à propos d'un chapiteau de la chapelle sépulcrale du cimetière de Chambon, où certains croyaient voir une illustration d'une pratique magique rare, "le martelage de ventre" (il s'agissait de menacer d'un coup formidable de marteau le ventre d'un patient souffrant du ventre), mais qui est en fait une représentation de la circoncision d'Abraham...

Chapiteaux 3 (le martelage de ventre ptet).JPG

Chapiteau de la chapelle sépucrale du cimetière de Chambon-sur-Lac, très probablement la scène de la circoncision dont débattirent Henri Pourrat et ses collègues dans l'Auvergnat de Paris ; ph. Bruno Montpied, 11 mars 2018.

 

       Dans sa réponse à Gandilhon, Pourrat lui rappelle ce que d'autres érudits lui ont dit de ce même chapiteau qui représente selon eux une scène de circoncision. Notamment, Pourrat cite Maurice Busset qui effectua de nombreux dessins à Chambon. Dans le témoignage de Maurice Busset, qui relève le peu de souci de réalisme des sculpteurs romans de la chapelle, un passage me saute littéralement aux yeux ! Car c'est le premier témoignage publié que je trouve sur le sculpteur de Chambon :

Maurice Busset cité par H.Pourrat en réponse à Gandilhon Gens d'Armes , l'auv de Paris 1934.JPG

Extrait de la réponse de Maurice Busset à Henri Pourrat au  sujet du chapiteau à "la circoncision" (ou au "martelage de ventre") de la chapelle sépulcrale de Chambon-sur-Lac.

 

      "Il y existait encore avant la guerre un cultivateur que j'ai connu (Rabany, le zouave) et qui fabriquait pour les touristes des bonshommes en lave absolument semblables à ceux du baptistère et de l'église. C'était à s'y méprendre, et les antiquaires en ont vendu beaucoup comme pièces romanes authentiques"... Ce passage est pour moi, à l'évidence, la (première) confirmation que notre Antoine Rabany, dit "le zouave", né en 1844 et mort en 1919, un an après la Grande Guerre donc, est bien l'auteur des sculptures exposées dans le jardin, telles que les clichés-verre nous les montrent, situées en dessous du cimetière. La mention "avant la guerre" dans le témoignage de Maurice Busset correspond en outre aux dates pendant lesquelles Rabany posséda, seul, le dit jardin. Ce souvenir permet aussi d'avancer un créneau de dates encore plus anciennes pour les clichés-verre, soit avant ou pendant la Grande Guerre.

 

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"Barbu Müller", coll. Joseph Müller, tel que reproduit dans le fascicule de 1947, réédité en 1979 ; comment  peut-on y voir une copie "absolument semblable" aux sculptures romanes du Chambon, autrement que d'une manière très peu rigoureuse ?

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Bas-relief représentant, paraît-il, le martyre de Saint-Etienne, sur le portail de l'église de Chambon-sur-Lac ; très peu de rapport avec les "Barbus Müller", si ce n'est une commune stylisation, due aux ciseaux de tailleurs de pierre pareillement peu exercés?

 

      Je trouve  particulièrement discutable l'opinion de Maurice Busset quant à la copie ("absolument semblable"...) qu'aurait faite notre zouave des sculptures du baptistère (c'est-à-dire la chapelle sépulcrale ; voir ci-dessus le chapiteau à la "circoncision"). Lorsque l'on compare ces dernières aux "bonshommes en lave", on peut mesurer aisément, en effet, l'écart de style. Il y a en réalité dans le jugement de ce Busset un nivellement par le bas : il ravale les deux types de sculpture à une forme d'art embryonnaire, "extrêmement primitif", une "tentative maladroite" (ce sont ses mots dans un autre passage de sa réponse à Pourrat). On notera par ailleurs la mention de l'utilisation par les antiquaires de ces sculptures comme "pièces romanes". On va retrouver cette interprétation plus loin.

    Ceci dit, il faut peut-être garder à l'esprit l'idée que Rabany le zouave ait pu tout de même vouloir se mesurer avec les sculpteurs du Xe siècle, d'autant qu'il voyait les touristes venir de loin les admirer. Après tout, l'idée de se faire un peu d'argent de ce côté-là a pu germer dans sa tête (on va en trouver un indice plus probant dans notre cinquième chapitre). Cela a pu être un motif initial, avant que le sculpteur autodidacte ne se prenne au jeu et cherche toutes les combinaisons possibles dans la structure de ses personnages ultra simplifiés. Car, dans la quête de cet art du peu poussé à l'extrême, tout en cherchant la beauté et le hiératisme, la force expressive stylisée, "le zouave" Rabany²  est allé bien plus loin que les sculpteurs romans de la chapelle voisine, ce qui justifie qu'en 1939 Charles Ratton s'y attache, et qu'en 1947 Dubuffet s'en soit entiché, décelant une originalité individuelle derrière ces pierres frustes et pourtant puissantes, ce qui pouvait justifier sa conception naissante d'un art véritablement "brut".

      Sans être totalement coupées d'une culture traditionnelle cependant (ce qui contredit une fois de plus la vue de l'esprit de Dubuffet concernant la possibilité d'un art qui aurait été orphelin et vierge de toute culture artistique...), ces pierres du Zouave Rabany manifestent une personnalité individuelle qui s'exprime originalement par des formes stylisées, s'éloignant d'un langage collectif.

     Nous avons donc répondu à la première question que je posais à la fin de mon troisième chapitre, mais reste la seconde question sur l'identification complète des sculptures aux Barbus Müller, ainsi baptisés vers 1947 par Dubuffet . Il faut reprendre le fil de l'enquête, car d'autres révélations vont venir étayer la première confirmation et, surtout, répondre à cette deuxième question...

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¹ On se souviendra peut-être que c'est cette année 1934 qui est avancée comme la plus ancienne pour la découverte de Barbus Müller chez un antiquaire, comme il est dit dans l'article d'Olivier Bathelier dans Les Cahiers du Musée des Confluences, volume 8 : L'Authenticité, 2011 (voir la note 2 dans le premier chapitre de cette enquête). On voit cependant que, rien qu'en se fondant sur  le témoignage de Maurice Busset, cette date peut être désormais reculée en ce qui concerne les antiquaires...

² C'est ainsi qu'il faudra désormais l'appeler, comme on a appelé Henri Rousseau "le Douanier" Rousseau...

 

(Fin du 4e chapitre : à suivre...)

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Les aventures de Napoléon dans le Tour de France

         Je dois confesser mon amour des retransmissions du Tour de France cycliste, n'en déplaise aux mauvais esprits qui ne voient que le cirque médiatico-commercial qui l'accompagne, il est vrai de manière passablement parasite. La popularité du Tour, qui existe depuis plus de cent ans, est cause de cette exploitation éhontée par les marchands de saucisson et autres journalistes de télévision vendant les temps de cervelle des fans de vélo aux publicitaires en tous genres (cf. les flashs de pub ne cessant d'émailler les retransmissions). Tous les chimistes (on ne parle plus de dopage, mais qu'en est-il au juste? Il es toujours là, plus puissant que les contrôles anti-dopage ; il est instructif de suivre le site web d'Antoine Vayer: cyclisme-dopage.com) et journalistes s'en mêlent, et notamment les cultureux de service de France Télévision, les Franck Ferrand et autres Florent Dabadie qui profitent eux aussi de la fascination pour les forçats de la route (pas trop mal payés, cela dit, lesdits forçats ; c'est pas les salaires mirobolants des footballeurs, mais c'est tout de même conséquent, voir les montants sur le site Top Vélo) pour nous bassiner avec leurs églises et leurs châteaux de grands aristos et autres capitaines d'industrie dont visiblement ils adorent lécher les derrières, quand ce n'est pas l'occasion de nous tartiner les oreilles et les yeux avec leurs clichés relevant d'un insolite de pacotille, et des spécialités régionales incontournables (encore le saucisson).

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Caricature d'Espé, site cyclisme-dopage.com

 

      Il y a les "à côté du Tour", comme ils disent, et quand on parle de culture, il n'y en a que pour les superstitions et les architectures religieuses, l'art ne pouvant sans doute être que d'essence divine. Ferrand, causant avec sa cuillère d'argent dans la bouche, son style "Marie-Chantal" en extase perpétuelle devant les absidioles et autres arcs-boutants, donne une idée de la culture qui est ultra ringarde et scandaleusement unilatérale. Les "à côté du Tour" ne sont jamais pour l'art populaire, les créations véritablement singulières et inventives que le parcours du Tour pourtant relie bien souvent les unes aux autres. A tel point que je me prends à rêver devant mon poste de TV à d'autres chroniqueurs qui nous rafraîchiraient en nous présentant à chaque étape l'auteur d'art brut ou naïf situé dans un des endroits fréquentés par les coureurs durant l'étape.

 

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Le Palais Idéal du Facteur Cheval,à Hauterives (Drôme), carte postale moderne (années 1980).

 

      Cela viendra peut-être un jour, par le retour d'un nouveau Pierre Bonte (qui l'autre jour fut cité du reste parce que le Tour passait par chez lui), qui régala les auditeurs pendant longtemps de ses émissions sur la France dite "profonde", intitulées "Bonjour Monsieur le Maire", qui sait? Il y a deux ou trois ans, on vit ainsi le Palais Idéal du Facteur Cheval surgir vu d'une caméra embarquée sur un drone (Ô, cet œil dronesque qui court au-dessus de la France et de ses magnifiques paysages – là encore, on retrouve une exploitation, à des fins touristiques cette fois –, personnellement, c'est ce qui me retient le plus durant ces retransmissions, surtout lorsque la compétition se révèle morne). Et l'année dernière, je crois, ce fut au tour du LaM de Villeneuve-d'Ascq d'apparaître à l'écran un bref instant, le Ferrand prout-prout s'écorchant la bouche à prononcer le mot d'"art brut" que visiblement il rencontrait pour la première fois. Cette année, à Brantôme, on vit, l'espace d'un bref instant, le splendide bas-relief du Triomphe de la Mort – œuvre insolite et naïve d'un moine semble-t-il – au fond de la grotte qui se situe en marge de l'abbaye, abbaye qui fut bien entendu la seule à bénéficier de l'extase du Ferrand entré quasi en lévitation à ce moment-là. Tout à côté de cette grotte, en outre, se niche également un musée consacré au dessinateur médiumnique Fernand Desmoulin. Le Ferrand rance ignore bien entendu de telles références qui le dépassent.

 

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Napoléon Ier par Jean Molette fils, "sabottier" (1819-1889), au Col des Echarmeaux, photo Bruno Montpied, 1995.

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Pierre Martelanche, un exemple de ses sculptures naïves sauvées de la destruction: "L'exploitation par l'Eglise et les patrons", Musée Déchelette à Roanne.

 

      Chaque fois, que le peloton passe dans telle ou telle ville, j'arrive à citer de mémoire dans mes conversations par sms avec un bon camarade d'exploration des lieux bruts les sites qu'on peut y trouver. Et hier, dans la 13e étape, un autre ami m'avait prévenu: le Tour, parti de Roanne (où l'on aurait pu citer les curieuses sculptures en terre cuite de Pierre Martelanche, récemment entrées dans le Musée Joseph Déchelette de la ville), passait, dans les Monts du Lyonnais, au Col des Echarmeaux, situé sur la commune joliment nommé Poule (-les Echarmeaux), fermant les confins de la vallée de l'Azergues.

 

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Installation "artistique" à base de vélos entassés, dans une composition qui fait penser aux "mâts des élus" ; à gauche dans le fond on voit le Napoléon et sa "jaunisse" ; Col des Echarmeaux, photo Jean Branciard, juillet 2023.

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Le Napoléon sous camisole jaune ; ph. J. Branciard, juillet 2023.

 

     Et voilà-t-y pas que le maire (ça doit être lui, le "coupable") avait eu la brillante idée de vêtir le Napoléon Ier, qui trône sur la place centrale du village, dû au sculpteur-sabotier Jean Molette (cf. mon Gazouillis des éléphants où j'ai parlé tant et plus de lui et de ses sculptures sur pierre ou sur bois, ainsi que sur ce blog du reste), d'un... maillot jaune! Cela lui allait aussi bien qu'une camisole. A laquelle cette vêture ressemblait passablement du reste, puisqu'on n'avait pu la lui faire enfiler par les bras, ceux-ci étant solidaires du tronc. Derrière ce travestissement, se lit aussi la désinvolture qui marque les animateurs de l'endroit. Il y a quelques années, existait encore une maison de Jean Molette, où devaient être conservés diverses œuvres et documents relatifs à cet artiste populaire autodidacte, sabotier bonapartiste naïf. Une dispersion eut lieu à une date non précisée, puisqu'il m'advint de découvrir – et d'acquérir –, à Paris, dans une foire à la brocante, un magnifique panneau sculpté en relief qui provenait probablement de cette maison et de ce village (je l'ai reproduit dans diverses publications, notamment dans mon Gazouillis des éléphants) tout à la gloire de l'empereur Napoléon III, écrasant de sa gloire (de looser de la guerre de 1870 sans doute), tous les rois de France, présents sous forme de médaillons, autour de lui en train de caracoler. Molette sculptait la pierre (il existe d'autres statues de lui sur place, notamment une Madone géante et aussi un Napoléon III, cette fois en pierre, voir ci-dessous) et le bois aussi, sans doute en premier ce dernier, logiquement puisque son métier de sabotier le lui avait rendu familier. 

 

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Jean Molette, Napoléon III, carte postale XXe siècle (merci à Julien Gonzalez (et non pas Rodriguez) qui me l'a signalée), coll. B.M.

 

Le Tour aux Echarmeaux, 13e étape, 13 juillet 23.jpg

Exploit: la capture d'écran du moment où la télévision française a montré – Ô combien subrepticement! – les coureurs échappés passant devant le carrefour au Napoléon naïf et enjaunifié (voir en arrière-plan la statue à côté des panneaux de signalisation)... ; bien entendu, il n'en fut nulle part question dans les commentaires cultureux du jour... : ph. B.M., 2023.

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”303” n°119

      C'est bien énigmatique comme titre, n'est-ce pas?303,eva prouteau,art brut,art immédiat,art singulier,bruno montpied,laurent danchin,armand goupil

    303, arts, recherches et créations est en réalité le titre complet de cette belle revue qui existe depuis au moins trente ans, financée par la région des Pays de la Loire, dans un premier temps consacrée en grande partie au patrimoine de cette région, puis depuis quelques années plus spécialement à la recherche en art. Le n°119, daté de janvier dernier, est un numéro spécial "art brut, outsider, modeste", concocté par Eva Prouteau qui collabore régulièrement à la revue.

    Au sommaire, on n'a pas joué forcément la carte du foisonnement comme ce fut le cas lors du numéro spécial de la revue Area sur le même sujet l'année dernière. Les textes sont plus longs que dans ce dernier magazine qui privilégie les entretiens synthétiques plutôt que les textes de fond. Eva Prouteau a préféré placer l'éclairage sur certains points permettant de souligner l'éclectisme des productions classées avec plus ou moins de rigueur dans l'art soi-disant "brut", toutes relevant cependant d'une forme de poésie singulière. Derrière son entreprise de "décloisonnement" des catégories et des appellations –ce qui ne signifie pas pour elle confusion des genres et des catégories, mais plutôt besoin d'établir des passerelles dans le respect de la valeur des uns et des autres– on sent chez elle un goût marqué pour les petites collections secrètes, notamment d'art populaire insolite, comme celle du musée des traditions de la Guérinière à Noirmoutier, ou celle des cibles de tir du Cercle de Chemazé (sud de la Mayenne ; déjà évoquées par Pascale Mitonneau dans le n°78 de la même revue 303 en 2003 avec des illustrations différentes), passionnantes œuvres d'art forain destinées à être criblées de balles, goût également apparent lorsqu'elle évoque avec sagacité l'existence de la Folk Archive, ce collectage par la photographie de "formes esthétiques non valorisées" (graffiti, sculptures de sable, motos et voitures customisées, épouvantails... Que des sujets que sur ce blog nous prisons particulièrement comme nos lecteurs l'ont sûrement remarqué) établi par deux artistes anglais, Jeremy Deller et Allan Kane. Il est aussi question ici et là dans la revue de l'art des douilles d'obus ciselées par les Poilus (article de Laurent Tixador et Eva Prouteau), et aussi d'un environnement belge, celui de Jean-Pierre Schetz, à Jupille, prés de Liège (dont Brigitte Van Den Bossche, collaboratrice du MADmusée dans cette dernière ville, auteur de l'article dans 303 a contribué à sauver des vestiges à la Fabuloserie, comme je l'avais constaté en juillet dernier –voir également la note que j'avais consacrée à ce site sur ce blog ; les quelques sculptures conservées par Caroline Bourbonnais ont été installées sur une sorte de ponton)

 

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Le cochon, 1963, contreplaqué, collection des cibles de l'Union de Chemazé, photo extraite du n°78 de la revue 303 (article de Pascale Mitonneau) en septembre 2003

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Cible peinte, collection Jean Estaque, ph. Bruno Montpied, 2009 (collection donc distincte de la collection des cibles de Chemazé)

 

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Fragments préservés de Jean-Pierre Schetz à la Fabuloserie dans le parc d'environnements, et au loin les statues de Camille Vidal, ph. BM, 2011 (ceci n'est pas dans le n° spécial de 303)

   A propos d'environnements, j'ai participé à ce numéro avec deux textes, l'un sur les sites d'habitants-paysagistes dans les Pays de la Loire (Aux jardins des délices populaires, texte où sont évoqués Louis Licois, Marcel Baudouin, Camille Jamain, Emile Taugourdeau, André Pailloux, Michel Chauvé, Henri Travert, Bernard Roux, et les maisons de Rossetti et Pennier dans la périphérie du Mans), plus un autre sur Armand Goupil, ce peintre amateur étonnant, ancien instituteur, originaire de la Sarthe, dont j'ai déjà eu l'occasion de donner sur ce blog maints autres aperçus.

 

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Armand Goupil, Barbe blanche, 11-X-61, huile sur carton, rassemblement Jean-Philippe Reverdy (image inédite, non publiée dans le numéro de 303)


    Laurent Danchin publie une contribution à propos de la distinction à faire selon lui dans l'art des médiumniques entre les créateurs savants et les créateurs plus populaires. Oubliant peut-être de préciser que l'art brut n'a pas insisté sur cette distinction parce que ses thuriféraires cherchant à mettre en évidence l'existence d'un art intime, surgi des profondeurs de l'inconscient, n'avaient que faire d'opérer de telles distinctions (de même qu'entre art des fous et art des non-fous). En fait, l'intervention de Danchin participe d'une remise en cause de la validité conceptuelle de l'art brut, ce qui peut paraître surprenant de la part de quelqu'un qui fait désormais partie du comité consultatif de la collection d'Art Brut à Lausanne. Personnellement, dans l'art des médiumniques, à qui je trouve généralement de l'unité, (s'il fallait opérer des distinctions, ce serait plutôt au niveau formel, les architectures, les symétrisations d'Augustin Lesage, Fleury-Joseph Crépin, Victor Simon d'un côté, face aux sinuosités botaniques des spirites tchèques par exemple), dans l'art des médiumniques donc, je trouve un raffinement qui n'est lui pas plus le fait des autodidactes populaires que des savants en rupture de ban (comme Victorien Sardou ou Marguerite Burnat-Provins), provenant en fait plutôt du recours à l'automatisme graphique, ce qui avait fasciné André Breton en 1933 (dans Le Message automatique), mais n'avait pas empêché un peintre comme André Masson de pratiquer le dit automatisme dans son dessin et sa peinture dès les années 20.

 

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Cecilie Markova, sans titre, daté 22-5-1960, coll. BM (illustration non insérée dans le numéro de 303)

    Ce numéro se focalise sur certains autres points, les écrits de Chaissac, l'art d'Hélène Reimann, le point de vue de Savine Faupin sur la réouverture du LaM avec son extension vouée à l'art brut, et surtout avec son opinion sur l'art brut aujourd'hui, cohérente avec la position d'une conservatrice de musée. Ce qu'elle dit de la façon dont André Breton envisageait l'art brut, et de son clivage avec Dubuffet me paraît discutable mais ce serait trop long d'en parler ici.

 

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Hélène Reimann, sans titre, avant 1987, donation L'Aracine, LaM de Villeneuve-d'Ascq ; reproduit dans 303


     La coordonnatrice de ce numéro a également donné l'occasion à Jean-Louis Lanoux alias Animula Vagula (le pseudo a été révélé publiquement sur internet) de se lancer dans un grand numéro impérialiste de "mère des blogs" qu'il espère sans doute, comme à son habitude, masquer sous l'humour (jamais exempt de coups de pied de l'âne). Le chapeau de cette intervention intitulée "les  Dérives d'Animula Vagula" définit comment, avec sa femme Catherine Edelman, il a orienté leur projet de blog fin 2005, en élaborant une autofiction campant une "jeune blogueuse affairée" imaginaire, "qui adore jouer avec les codes identitaires de la blogosphère"... [Ce chapeau, rédigé par l'éditeur du dossier sans que cela soit indiqué par un artifice typographique distinctif – voir commentaire de J2L ci-après – reflète assez bien le concept du blog animulesque selon moi, à tel point qu'y sentant à ce point l'influence des auteurs de ce blog, je suis fondé à considérer ce chapeau comme étant écrit par eux...]. Lanoux cherchant ainsi comme souvent à paraître rester "djeune", non déconnecté de la réalité, toujours "in", comme on disait autrefois. Cette explication permet aussi, bénéfice secondaire, de noyer le fait que ce genre de "cybercarnet" n'est en réalité qu'un support d'expression nouveau pour des intellectuels marginaux qui faisaient
auparavant, par exemple, des fanzines tapés à la machine, et qui, désolé Jean-Louis, pour le coup, l'avaient du reste cette fois précédé, en particulier dans l'intérêt pour les formes d'art populaire les plus hétéroclites ("Animula" ne cesse de le répéter, elle se veut la prem's, belle imposture). "Mère des blogs", tu parles! Sa dérive dérape vite dans le gonflage de chevilles (comme il s'en aperçoit d'ailleurs, car il est lucide le bougre, trop peut-être), et dans un narcissisme échevelé dont le lecteur n'a que faire. Laissons-le se caresser avec ces qualifications de "référence dans le monde de l'art brut" et passons à autre chose. 

   On regrettera dans ce numéro spécial, au chapitre des absents, qu'on n'ait pas plutôt interrogé ou demandé des contributions à la Collection ABCD qui s'interroge sur l'art brut aujourd'hui, ou bien qu'on ne se soit pas intéressé à l'évolution, en direction de l'art singulier, du musée d'art naïf de Laval, musée de la région des pays de la Loire pourtant. Etait-ce par manque de place? Le numéro en l'état actuel suscitera déjà, rien que dans les régions ouest, de bien fécondes questions sur les nouvelles façons d'envisager et de pratiquer l'art aujourd'hui. 

A signaler le samedi 21 avril, au Lieu Unique à Nantes, la présentation de la revue, dans le cadre d'un "week-end singulier" organisé par Patrick Gyger (auteur également dans la revue d'un article sur Daniel Johnston), où sera également projeté le film Bricoleurs de Paradis, Le Gazouillis des éléphants de Remy Ricordeau, avec un débat pour suivre, animé par Eva Prouteau. Durant la période du 7 mars au 20 mai, se tiendra au Lieu unique une expo consacrée à Daniel Johnston, Welcome to my world! D'autres intervenants sont également annoncés durant ce week-end comme Bruno Decharme, Barbara Safarova, Mario Del Curto, etc. Voir le site web du Lieu unique.

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