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”André et les Martiens” de Philippe Lespinasse, quelques remarques

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Couverture du DVD du film de Philippe Lespinasse, 2016

 

     Les créateurs réunis par Philippe Lespinasse dans un montage d'environ 66 minutes sous le titre André et les Martiens ont un point commun, celui de vouloir rassembler des éléments épars, disjoints, hétéroclites en un tout homogène qui tient avant tout par l'emploi de fils, de liens, de ligatures ceinturant les dits éléments : André Robillard, choisi lui-même au départ par le réalisateur-monteur pour lier  les diverses séquences consacrées aux autres créateurs, et être un fil rouge durant toute la durée du film, attache ses tubes, ses crosses, ses patins à glace et autres objets de récupération de gros rubans de fort adhésif chargés d'aider à donner forme à ses fusils inoffensifs. Judith Scott embobine des objets de hasard d'un embrouillamini de fils de toutes les couleurs où elle ajoute des nœuds, créant des sortes de chrysalides sans identité reconnaissable. Richard Greaves au Québec parle des cordes qui tiennent ses cabanes en un savant équilibre déséquilibré. André Pailloux (déjà vu dans Bricoleurs de paradis et repéré dans Eloge des jardins anarchiques ; mais je dois dire que la séquence où il apparaît dans le film de Lespinasse n'apporte pas grand-chose de plus par rapport à ces deux références) laisse manipuler son vélo avec grandes précautions, car ça n'est pas seulement un vélo, mais un jardin sur roues, tissé de colifichets en tous genres, comme une toile d'araignée de bibelots en plastique qui aurait été destinée à partir sur les routes, "quand il n'y a pas de vent", dixit Pailloux. Et ce jardin sur roues, double de son jardin hérissé de vire-vent, il y tient, Pailloux, c'est son double aussi bien, on ne lui arrachera pas comme cela. Seul de tous peut-être, Paul Amar n'utilise pas le fil. Car lui recourt à la colle pour assembler en théâtres rutilants de couleurs –c'est le moins qu'on puisse dire– des milliers de coquillages qu'il usine, adapte, associe, agrège, faisant entrer de gré ou de force ces éléments disparates dans son imaginaire unifiant.

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Judith Scott, œuvre exposée à l'exposition Sur le fil à Wazemmes

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Paul Amar, œuvre présente dans la Collection de l'Art brut, Lausanne, ph. Bruno Montpied, 2011

 

      Si tous ces créateurs présents dans le film de Lespinasse –comme ce dernier les présenta au cours d'une récente avant-première organisée par l'ambassade de Suisse à Paris– peuvent être vus comme des "libertaires" réinventant leur monde, ils sont avant tout à mes yeux des individus viscéralement liés à des objets ou des architectures transitionnels qui leur servent à se redresser en dépit du désordre ambiant, en remettant de l'unité dans un monde en miettes.

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Richard Greaves, ses anciennes réalisations au Canada, ph. site bootlace and lightning

 

     Par ailleurs, au cours de la même soirée d'avant-première, notre réalisateur tint à établir sa ligne directrice en matière d'éthique documentaire. Il trouve, ce fut son mot ce soir-là, "autoritaires", les films qui comportent des commentaires de leurs réalisateurs. Il préfère, comme l'écrasante majorité des réalisateurs actuels, laisser parler "librement" ses personnages, des créateurs par ailleurs tous classés par lui (peut-être un peu approximativement) dans "l'art brut". Cela traduirait sa volonté de laisser libre la parole... Je ne suis pas d'accord avec cela. Un réalisateur qui donne un avis par commentaire sur ce qu'il filme nous impose-t-il vraiment son interprétation? Le spectateur n'aurait-il donc plus de sens critique, ficelé qu'il serait aux propos qui lui seraient comme injectés de force? Ce serait se représenter le spectateur comme un consommateur hébété, pieds et poings liés devant l'écran. Ce dernier sait faire la part des choses, et même, lorsqu'il n'y a pas de vision subjective affirmée à l'écran, il sait reconnaître, derrière les montages, un choix, celui des séquences conservées parmi les dizaines d'heures de rushes tournées en amont, ou celui des réparties des auteurs interviewés, toutes choses qui distillent de manière masquée le point de vue du réalisateur du film. Celui-ci peut-il en conséquence nous faire croire plus longtemps à sa retraite devant la personne qu'il souhaite nous présenter comme étant affranchi de son regard? Que nenni.

    Cela dit, ce ne fut qu'un mot lâché par Lespinasse au hasard d'une diatribe improvisée à la fin de la projection de son film. Parmi les réalisateurs de docs sur les créateurs populaires autodidactes, il n'est pas de ceux qui font particulièrement le choix de s'effacer. Dans ce dernier opus, André et les Martiens, qui reste un film empreint de légèreté et fort agréable à suivre, il ne craint pas de se faire filmer avec Judith Scott qui lui pince tendrement le quart de brie, avec envie sans doute de voir si elle pourrait se l'annexer pour l'embobiner lui aussi...

     Le film sortira sur les écrans le 18 mai. Un DVD a été édité. Petit extrait ci-dessous:

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Du côté du cinéma documentaire, un nouveau film de Philippe Lespinasse

       André et les Martiens, ça s'appelle, ce nouvel opus lespinassien. Le réalisateur a réuni cinq créateurs (et non pas "artistes" ; comme dit Pailloux dans la bande-annonce du film, on n'aime pas trop le terme appliqué à ces auteurs inspirés, hors système des Beaux-Arts, n'ayant à la limite besoin d'aucun public), Paul Amar, confectionneur d'univers en boîte hantés par de multicolores coquillages que Philippe Lespinasse a été l'un des tout premiers à défendre, Richard Greaves, faiseur canadien de cabanes voulues et construites extraordinairement bancales aujourd'hui détruites, André Robillard, et ses fusils, et ses Martiens, et ses "renards de la forêt d'Orléans", et ses Spoutniks, Judith Scott qui s'immergeait dans des cocons plus gros qu'elle, tout embrouillés des fils de son âme aux chemins labyrinthiques et enfin André Pailloux et ses vire-vent, son vélo étourdissant que Remy Ricordeau et moi-même avions présenté primitivement (2011) dans le film Bricoleurs de paradis.

André et les Martiens, ph Lespinasse.jpg

      Ces créateurs sont réunis par la magie d'un regard amical passablement ébaubi devant les audaces de ses personnages, à tel point qu'on peut se demander, lorsqu'on n'a pas encore vu le film, si les "Martiens" dont il est question dans le titre du film ce ne serait pas aussi les quatre autres créateurs rencontrés dans le documentaire.

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Inscriptions cocasses, dialogue alimentaire

G. Paderi comm par Lespinasse.jpg

Photo communiquée par Philippe Lespinasse, 2020 (légèrement retouchée avec Photoshop pour masquer les autres noms présents sur l'étiquette de la boîte aux lettres).

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03/03/2020 | Lien permanent

Art brut inconnu ou dessin automatique: qui était Philippe Bat?

     C'est Alain Dettinger, l'excellent galeriste de la Place Gailleton de la Presqu'Île à Lyon qui m'a mis sous les yeux le dessin minutieux suivant:

 

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Philippe Bat, dessin sans titre, 1976, coll. privée, Paris


        Signé "Philippe Bat" et daté du "23-3-76", ce dessin porte une autre inscription au verso de son cadre: "CH Le Vinatier. Exposition du 16-5-76, 95, bd Pinel, Lyon". Avec le cadre, l'ensemble mesure 36,5 x 30 cm. Le dessin seul, 22,5 x 17 cm.

          Apparemment, ce dessin fut donc exposé, et vendu puisqu'il s'est retrouvé récemment sur une brocante. Philippe Bat, est-ce que cela dirait quelque chose à un de mes lecteurs? A moi, et à Alain Dettinger, cela ne dit rien. Il semblerait seulement que des productions de pensionnaires du Centre Hospitalier du Vinatier soient rares dans ces années-là. Ce qui est plutôt curieux, quand on sait que les œuvres d'aliénés ont été souvent conservées soit dans les archives des hôpitaux dans les dossiers médicaux, soit dans les collections de psychiatres divers. Le Centre d'Etude de l'Expression à l'Hôpital Saint-Anne à Paris conserve ainsi une riche collection de productions d'art plastique venues d'un peu partout dans le monde suite à la grande exposition de 1950 dans cet hôpital sur ce qu'on appelait alors "l'art psychopathologique".

        Ce dessin est très finement exécuté, aux limites de la visibilité par endroits, avec beaucoup de soin et de sensibilité. Je ne sais rien du pigment utilisé, peut-être de l'encre de couleur. Il me semble que sa composition s'est réalisée de façon automatique, au hasard, en fonction des impulsions de la main et des orientations évolutives du cerveau. On peut y deviner comme une tête de profil, la partie circulaire en haut, tracée telle une ébauche de tourbillon, figurant peut-être un œil, la partie un peu étranglée du bas ressemblant à un cou. C'est comme un nez en trompette qui s'esquisse à droite, avec de fines lèvres esquissées juste en dessous. De même, il semble que l'on puisse deviner à gauche une oreille. Mais si l'on peut imaginer que l'on voit là une tête de profil, on peut aussi noter à quel point elle paraît se dégager d'une valse de points, de stries et de hachures apparentant la composition à une sorte d'efflorescence végétale ou arboricole.

     A regretter que ce Philippe Bat ne nous ait pas laissé d'autres témoignages de cette inspiration hautement raffinée. Définitivement?

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22/08/2013 | Lien permanent

Une profession d'exterminateur?

    Voici une plaque au titre plutôt cauchemardesque. L'ingénieur en question s'est-il rendu compte de ce qu'il affichait ainsi au vu et au su de tous les passants? L'a-t-il conçu comme une proclamation d'humour noir, très noir, si noir que cela déboucherait tout de même dans le grinçant et l'insoutenable si cela était avéré...

plaque-ph-par-lespinasse-a-.jpg

Photo Philippe Lespinasse (que je remercie hautement pour son œil de lynx), prise à Sommières le 1er janvier 2015

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15e Rencontres du cinéma documentaire et des art singuliers à Nice

     Oyez, oyez, c'est reparti à Nice pour les XVe Rencontres organisées annuellement à Nice autour des arts spontanés ou singuliers (bruts, naïfs et extra dry), pour cette fois en deux jours, le vendredi après-midi à l'Auditorium de la bibliothèque Louis Nucéra et le samedi toute la journée à l'auditorium du MAMAC. Demandez le programme, voir la liste ci-dessous (c'est pour le week-end prochain début juin):

L’ASSOCIATION « HORS-CHAMP »

présente le 15ème Festival du Film d’Art Singulier

VENDREDI 1er JUIN 2012

Auditorium de la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale Louis Nucera de Nice

Après-midi de 14h30 à 17h :

PierreD-,savache-,sonjardin.jpgBricoleurs de paradis (le gazouillis des éléphants) de Rémy Ricordeau (52’), en présence de son co-auteur Bruno Montpied

 

Présentation-HSP-avril11.jpg

Présentation du Gazouillis à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre en avril 2011, photographe non noté (qu'il m'en excuse)

Il pleut jamais dans l’Nord! de Jean-Michel Zazzi (12’), en présence du réalisateur

Roland Roure, constructeur de machines ludiques de Deidi Von Schaewen (26’; 1983... Un travail de jeunesse de cet auteur passée plus tard aux environnements spontanés du monde entier, voir son livre Mondes Imaginaires chez Taschen), en présence de Charles Soubeyran

SAMEDI 2 JUIN 2012

Auditorium du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice

Samedi matin de 10h30 à 12H :

Hubert, l’homme aux bonbons de Marie Paccou (8’)

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DVD de l'Homme aux bonbons

Guo Fengyi et les rouleaux magiques de Philippe Lespinasse, Andress Alvarez (19’), en présence de Philippe Lespinasse

Blackstock et Guo Fengyi DVD.jpg

DVD Gregory Blackstock, l'Encyclopédiste et Guo Fengyi et les rouleaux magiques de Lespinasse et Alvarez

Tante chinoise et les autres de David Perlov (17’), en présence de Nathalie Jungerman

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DVD inséré dans l'album de Marguerite Bonnevay (1882-1903), présenté par Nathalie Jungerman, Tante Chinoise et les autres, édité à la Table Ronde en 2009

Samedi après-midi de 14h30 à 17h30 :

Objectif : réussir ? de Michel Etter (20’), en présence du réalisateur

Petites actualités « Hors-Champ » de Grégoire Dumas (15’), en présence du « journaliste »

Grégory Blackstock, l’encyclopédiste de Philippe Lespinasse, Andress Alvarez (22’)

La valise de Lobanov de Erika Manoni (12’), en présence de Vincent Monod

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Alexandre Lobanov, un de ses dessins, coll privée, Paris

Les grandes Vacances de Pépé Vignes de Victor Simal (20’ ; où l'on voit ce que peut être une "musique brute"...)

Le monde magique des frères Lumière (extraits) de Guy Brunet (20’), en présence du réalisateur

Contact : 04 93 80 06 39 - http://hors-champ.hautetfort.com

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25/05/2012 | Lien permanent

Paul Amar (1919-2017)

     J'ai appris très récemment la disparition, survenue ces jours-ci, du sculpteur et assembleur de coquillages Paul Amar, qui était né à Alger en 1919, et donc qui aura loupé de peu le centenaire. Pour en savoir plus sur sa biographie, on peut aller sur ce  lien.

Portrait Paul Amar par P Lespinasse.JPG

Photo Philippe Lespinasse ; ce dernier l'avait aidé très tôt à se faire connaître, via le film qu'il lui avait consacré et qui vient d'être réédité (voir ci-dessous).

 

    Il s'illustrait depuis des années en exposant ici et là, notamment à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, mais aussi au petit musée des Arts Buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier, des boîtes souvent colossales, emplies de saynètes rutilantes, éclairées à l'électricité, ou encore des compositions en trois dimensions de structuration plus originale encore.

 

Un Paul Amar en beauté_edited (2).jpg

Paul Amar au Musée des Arts buissonniers, ph. B.M., juillet 2016.

 

    C'était bourré de vitalité, empreint d'une adoration de la couleur sans mélange. Sans compter le travail d'orfèvre poussé à un point extrême qui faisait une bonne partie du charme de ces réalisations. Des milliers de coquillages avaient été sciés avec méticulosité et soin de bénédictin, puis collés, ajustés ave finesse et dextérité.

 

Salle Paul Amar (2).jpg

Une salle, entre autres, consacrée aux œuvres de Paul Amar au Musée des arts buissonniers à St-Sever-du-Moustier, ph. B.M., juil. 2016 ; le tableau noir au fond n'est pas une œuvre d'Amar, mais le support de travaux d'atelier menés avec des enfants fréquentant le musée en question.

 

       Gageons qu'on n'oubliera pas de si tôt ce créateur autodidacte, ancien coiffeur et chauffeur de taxi, qui restera bien présent à travers les collections d'art brut où son œuvre contraste fortement.

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Ce DVD de 4 films de Philippe Lespinasse, édité tout récemment par Lokolotiv films 2017 et la Collection de l'Art Brut de Lausanne vient de sortir, commandable entre autres lieux, auprès de la Collection, à Lausanne.

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Caviardages et autres inscriptions comiques, scatologiques, misanthropiques, etc.

     Je n'ai pas envie de rétro-activer pour voir ce que j'ai déjà mis en ligne par le passé à propos des inscriptions caviardées, souvent sur plaques de rues et autres panneaux de signalisation, qui sont un passe-temps bien agréable (je parle de leur chasse et de leur capture), car ce blog a déjà 14 ans et je peux désormais me répéter, étant assuré que très peu de mes lecteurs viendront me signaler mes doublons, et qu'il est toujours utile et agréable de revoir certains d'entre eux à l'occasion.

Rue Vagin, 6e ardt, ph Régis Gayraud, juin 19 (2).jpg

La rue Vavin dans le VIe ardt a changé un jour de nom... ; ph Régis Gayraud, juin 2019.

Crade de vie, ph Régis, oct 13.jpg

Photo R.G., octobre 2013 (lieu?).

rue st-vincent de paul, ph RG..jpg

Rue Saint-Vincent-de-Paul, Paris,, Ph. R.G., date?

rue Pourch(i)er, ph rg.jpg

Rue Pourcher, Clermont-Ferrand, ph. R.G., date? ; tout en finesse et poésie directe, n'est-ce pas?

Anus pro omnibus, ph RG.jpg

Anus pour tous, une proclamation pour caviardeurs sodomites peut-être ; ph. R.G. lieu? Date?

 

    On m'en a adressé ces derniers mois de fort intéressants, un chasseur émérite en ce domaine étant l'ami Régis Gayraud (voir ci-dessus). Et j'en ai moi-même recueilli quelques-uns.

(A bas) Le Travail sur la tombe de Paul Lafargue .jpg

Sur la tombe de Paul Lafargue, au Père-Lachaise, l'auteur du Droit à la Paresse..., ph. Bruno Montpied, mai 2021.

(A bas) Le Travail, détail, tombe de Paul Lafargue, mai 21.jpg

Idem, vue plus en détail qui permet de discerner un petit caviardage plein de sens sur la couverture du livre de la collection "Que sais-je?" des PUF, le Travail, corrigée de manière plus adaptée au défunt ici enterré...

Rue Didiot 2021 04 16 (rapproché).jpg

Une prédiction de 2020 dans le XIVe ardt qui a peut-être eu, hélas, gain de cause ? ; ph. B.M., 2021.

Rue de Graffigny, graffiti, Nancy (2).jpg

Rue de Graffigny, Nancy, rebaptisé par des apôtres du graffito, pour l'heur devenus caviardeurs ; ph. B.M., 2016.

   

     De temps à autre, le caviardage se fait également visuel, je ne me souviens plus si j'ai déjà mis en ligne la retouche (si j'ose dire) ci-dessous, repérée dans le XIIe ardt (vers la rue de Bercy).

Colonnes sèches caviardées 3, Bercy.jpg

Sous des "colonnes sèches" (tuyaux de raccordements pour pompiers, j'imagine?), de spirituels graffiti suggestifs..., ph. B.M., 2018.

 

      Quelquefois, devant une plaque de rue que l'on m'envoie, cocasse certes, mais pas totalement directe du point de vue injurieux, comme cette place de Genève relevée récemment par Philippe Lespinasse, j'ai envie de donner un coup de pouce via un logiciel de retouche, que l'on juge plutôt...:

rue de la Taconnerie, Genève, ph Lespinasse.jpeg

Photo Philippe Lespinasse, 2021.

Place de Taconnerie, Genève, ph Lespinasse caviardée par moi.jpg

Après retouche... la même, à peu près.

 

      Le même Philippe m'avait envoyé aussi la photo ci-dessous, qui m'a bien fait rire, moi qui aime très modérément les films du sieur Tarkovsky :

Tartovsky, vu par Lespinasse.png

Tartovsky, parce qu'un peu tarte? ; ph. Ph. L., lieu? Date?

 

       Mais ici, on entre dans un domaine aux lisières du caviardage involontaire, on est en effet plutôt dans la coquille drolatique... 

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Bruly-Bouabré, Ataa Oko, les films

Ataa Oko et Bruly-Bouabré,jaquette des films à eux consacrés par Philippe Lespinasse et Andress Alvarez-.jpg

     Il y avait l'expo à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, il y aura désormais, pour s'en souvenir plus longtemps, les films de Philippe Lespinasse (accompagné d'Andress Alvarez et de Regula Tschumi) sur nos deux compères respectivement ivoirien (en fait, i voit beaucoup) et ghanéen, Frédéric Bruly-Bouabré et Ataa Oko, deux grands voyants venus du continent africain (voir ma note de mars au sujet surtout d'Ataa Oko).

Bruly-Bouabré,dans le film de Philippe Lespinasse, 2010.jpg
Frédéric Bruly-Bouabré dans le film de Philippe Lespinasse et Andress Alvarez, 2010

     Nous avons donc deux courts-métrages sur ces créateurs, produit par Lokomotiv Films et la Collection de l'Art Brut. Le premier, Frédéric Bruly-Bouabré, l'universaliste, fait 32 minutes, et le second, Ataa Oko et les esprits, 16 minutes.

Dessin de taches sur une banane,Frédéric Bruly-Bouabré,film Philippe Lespinasse.jpg

      "Théodore Monod, le savant blanc, m'avait dit, mon fils dans la vie il faut être observateur", nous confie celui qui, à 88 ans (dans le film), devenu un vieux sage et un patriarche respecté, reste plus que jamais un adepte de la divination. Observer les nuages, les peaux de banane, les signes de scarification, la disposition du marc de café, les taches de ciment dans la rue, pour y déceler un message du hasard, les fixer sur des bristols qu'il encadre de commentaires descriptifs, telle fut la tâche de Bruly-Bouabré durant ses soixantes dernières années. Composer un alphabet de 449 pictogrammes associés à des syllabes, afin d'inventer un langage qui réunirait toutes les langues du monde (projet assez voisin de celui de certains fous littéraires chers à André Blavier), a été une autre des grandes préoccupations de cet homme qui fut profondément influencé, paradoxe pour un créateur que l'on range désormais dans l'art brut (censé être un art produit en dehors de toute influence culturelle), par Victor Hugo. Il dit par exemple dans le film de Philippe Lespinasse, "J'étais littéraire au début... J'ai été envoûté par Victor Hugo, puis finalement c'est le dessin qui a dominé...". Le même Hugo qui lui aussi avait été requis par les taches d'encre, et autres accidents du hasard (sait-on bien que le poète à Guernesey, signait, à la façon des pierres de rêve chinoises, des galets trouvés sur la grève?), fut il est vrai enrôlé par Michel Thévoz (voir son livre L'Art Brut de 1975) comme un précurseur de l'art brut... Bruly-Bouabré a été frappé à n'en pas douter par l'idée très hugolienne que le poète est l'instrument de Dieu, qu'il est la main, l'oeil et l'esprit qui témoignent des miracles créés par la divinité. Etonnante postérité du grand Hugo tout de même...

Dessin vu sur une noix de cola,Frédéric Bruly-Bouabré, film de Philippe Lespinasse.jpg
"Divine peinture relevée sur noix de cola ou l'art de déterrer les "os" pour la résurrection", dessin de Frédéric Bruly-Bouabré
Ataa Oko,photogramme film Philippe Lespinasse et Andress Alvarez.jpg
Ataa Oko, son fils (et Régula Tschumi?), décrivant les esprits qui sont représentés dans les dessins sur la table, 2010 

      On voit les créateurs dessiner devant la caméra, et notamment, dans le cas d'Ataa Oko, ce prodigieux créateur de cercueils imagés au début, qui passa sur ses vieux jours au dessin aux crayons de couleurs, sur la demande de l'ethnologue Regula Tschumi (qu'on aperçoit brièvement à un moment du film), on les voit parfois commenter leurs créations, parler des esprits avec lesquels Oko paraît s'entretenir familièrement. Il y a de l'enfantin résiduel chez ce nonagénaire lorsqu'il explique le sens des attitudes de certains esprits par exemple.

Ataa Oko, dessin d'un Cercueil-espadon,film de Philippe Lespinasse.jpg
Un des premiers dessins d'Ataa Oko, au départ sollicité par Régula Tschumi pour redonner une image des cercueils qu'il avait créés autrefois et qui étaient désormais impossibles d'accès puisqu'enterrés

      C'est un des intérêts majeurs de ces films, nous faire sentir le feeling profond d'un Bruly-Bouabré par exemple, la jeunesse et la malice de ces vieillards, à fond dans le seul réel qui vaille, qu'on appelle aussi ailleurs surréel.

L'exposition Bruly-Bouabré se termine le 22 août, tandis que celle des oeuvres d'Ataa Oko, devant le succès rencontré, comme dit le site web de la Collection de l'Art Brut, est prolongée jusqu'au 30 janvier 2011. Le DVD est disponible à la Collection de l'Art Brut.

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02/08/2010 | Lien permanent

Après ”le Gazouillis des éléphants” (7): Destinée d'un vélo brut

        Formidable nouvelle que vient de m'apprendre l'ami Philippe Lespinasse,  à savoir l'envol du vélo métamorphosé d'André Pailloux – celui-là même dont j'ai parlé en différentes publications, ici même, mais surtout dans mes deux livres sur les environnements populaires spontanés, Eloge des Jardins Anarchiques (2011) et Le Gazouillis des éléphants (2017), ce qui permit de le faire grandement connaître des amateurs d'art populaire insolite, voire d'art brut – pour d'autres cieux que ceux de la Vendée, où il végétait, enkysté dans le garage de son créateur. Il a atterri en effet au Musée de la Création Franche, suite à une intermission de Philippe Lespinasse, et à l'hospitalité de la nouvelle directrice des lieux, Hélène Ferbos, qui, je dois dire, a eu le nez creux en validant cette transaction (car ce fut un achat, et non pas une donation).

andré pailloux

Le vélo d'André Pailloux, tel qu'il figure en double page dans Bruno Montpied, Eloge des jardins anarchiques (livre épuisé édité en 2011 par les éditions de l'Insomniaque) ; ph. B.M., 2010.

andré pailloux

André Pailloux avec son vélo sorti pour les besoins du tournage de Bricoleurs de paradis, ph. B.M., 2010.

 

     Ce vélo extraordinaire, dont j'avais dit à André Pailloux qu'il ferait très bien dans un musée consacré aux créations brutes ou naïves, populaires, où il serait protégé des aléas des successions, prêchera désormais d'exemple auprès des visiteurs grands et petits qui le visiteront (dès que le Musée de la Création Franche rouvrira ses portes, après les travaux d'agrandissement actuels). Génial, donc, que la translation se soit opérée, et du vivant d'André, avec son plein accord. Me voici devenu un prophète, du coup... (je fais allusion au passage sur Pailloux, son vélo et son site hérissé de vire-vent stroboscopiques multicolores, dans le film Bricoleurs de paradis, disponible gratuitement en intégralité sur YouTube, où je parle de "patrimonialisation", certes, un grand mot, un peu trop ronflant, à André qui me répond que je voudrais voir des gens admirer son vélo dans un musée en tournant autour ; il dit cela en arborant un haut de survêtement décoré d'une spirale...!).

     Il n'est pas indifférent – même si André Pailloux, que j'ai appelé au téléphone, s'en défend – de remarquer que ce dernier va fêter cette année 2023 son 80e anniversaire... Pour marquer le coup, il fallait bien celui-ci de coup... véritablement fumant, qui va nimber les collections de la Création Franche d'une aura brute encore plus assumée.

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