Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/11/2011

Dans une foule d'hidalgos

Invitación-Expo-Figuracione.jpg

     Dans cette armée de figuratifs espagnols du fonds du Musée de Navarre à Pamplona (en français, je crois que ça donne Pampelune?), je me fais tout petit au milieu d'un minuscule bloc de Français venus de la mouvance singulière et de la création franche, Adam Nidzgorski, Claude Massé, Pierre Silvin ("pseudonyme de Gérard Sendrey", est-il dit dans le catalogue? Ah oui? A l'évidence, les auteurs de ce catalogue se sont plantés en beauté, Pierre Silvin n'est pas Gérard Sendrey, mais le fils de Gérard), et c'est tout (pourquoi n'avoir pas sélectionné Gérard Sendrey en particulier, dont les productions sont emblématiques de tout un courant de la création franche? Parce qu'on l'aurait confondu avec son fils?). On ne trouve pas non plus Gilles Manero dont le patronyme  lui aurait pourtant permis de se fondre sans coup férir dans cette foule d'hidalgos.

    Et voici l'unique oeuvre de mézigue que l'on a extraite de ma donation d'une vingtaine de dessins pour cette expo collective, expo qui est l'occasion de montrer le fonds du musée de Pampelune contenant quelques rares "Singuliers" (mais je suis dans l'impossibilité, étant donné ma méconnaissance de la langue espagnole, de dénombrer dans la bande les Espagnols qui relèveraient de cette épithète ; il me semble dans l'état actuel de mes informations qu'il n'y en a aucun). J'y ajoute en dessous, par delà la légende, le texte d'interprétation que le commissaire de cette exposition,  signor Francisco Javier Zubiaur Carreño, m'avait proposé de faire sur cette image vieille de quatorze ans déjà.

Négresse-Canard-poisson-oiseau-97.jpg

Bruno Montpied, Négresse, canard, poisson, oiseau commettant un larcin, etc., env. 15x21 cm, 1997, Musée de Navarre, Espagne ; j'ai fait don à ce musée d'une vingtaine d'oeuvres datant d'avant les années 2000

Interprétation 2011 de "Négresse, canard, poisson...":

      "Certainement ai-je voulu représenter une scène contrastée et absurde, jouée par des personnages n’ayant que peu à voir les uns avec les autres, nés du souci, pour le peintre, de tracer des figures, des formes qui puissent avant tout le surprendre (les caractérisations sont venues ensuite). Qu’ont à faire ensemble ce volatile, mi-homme, mi-oiseau qui tient fébrilement un jouet en forme de cheval, cette silhouette de femme rouge étonnée, cette femme noire levant les bras au ciel (dans son costume de négresse de lieu commun, seins nus de nourrice et jupette de paille), ce canard un peu trop fier au bec recourbé vers le ciel, cette silhouette d’homme rouge lui aussi retourné, montrant son derrière et s’effilochant, ce poisson volant insouciant devant un nuage jaune ? Le tout sur un fond verdâtre (qui aujourd’hui me dégoûte) ? Une forme centrale qui tient de la jambe articulée à une sorte de gigantesque pince-scie pourvue d’un visage et d’une patte donne à la composition un caractère inquiétant. Une menace paraît lisible dans le geste d’empoignement, répété deux fois dans ce dessin. La femme noire aux gros seins lève les bras au ciel comme scandalisée." (BM)

Commentaires

Cet article nous permet de découvrir une de vos plus belles œuvres, cher Sciapode, vous qui vous effacez un peu trop derrière celles des autres dans le cadre, si je puis dire, de ce blog. Encore qu'il s'agisse là d'une de vos œuvres passées, appartenant à votre vie antérieure de « créateur », tant il semble que vous ayez quelque peu délaissé la création pour la critique, que vous menez aussi bien que la première, du reste... Dites donc, ne faudrait-il pas, un de ces prochains jours, que vous renversiez la vapeur, et que vous repreniez toile et couleurs afin de satisfaire plus substantiellement l'avidité de notre regard ?

Écrit par : L'aigre de mots | 23/11/2011

Répondre à ce commentaire

Le fond verdâtre vous dégoûte, dites-vous? Il est pourtant tout à la fois d'une profondeur et d'une liquidité absolument superbes, vaporeuses, quasi-chagalliennes. Etonnant toujours de constater encore cette dissonance entre comme on se juge soi-même et comme les autres vous jugent.

Écrit par : Régis Gayraud | 23/11/2011

Répondre à ce commentaire

A l'aigre (allègre):
Peut-être est-ce pour mieux cacher cette production, qui demande, au rebours du végétal, de l'ombre pour s'épanouir (produisant une chlorophylle ténébreuse), que je me suis consacré ces derniers temps à l'activité d'écriture, peut-être. Et merci en tout cas pour vos compliments.

A RG:
J'ai toujours eu du mal avec le vert, hormis quelques cas exceptionnels.

Écrit par : Le sciapode | 23/11/2011

Répondre à ce commentaire

(Deux "peut-être" sont singulièrement atténuatifs... )
Oui, c'est très ancien, je me souviens, vous aviez même créé, me semble-t-il, quelque chose - je ne sais plus : un de vos premiers tableaux? un texte? - qui s'appelait "Haine de la verdure", il y a plusieurs décennies. Sentiment de méfiance que vous partagez avec Claude Monet, le saviez-vous? Mais dans le même temps, vous convoquez l'image chlorophyllienne, certes d'une chlorophylle inversée, poussée de la nuit, d'une nyctosynthèse qui ne crée pas le vert - mais alors quoi? du rouge complémentaire? - mais s'appuie toutefois sur le vert pour dresser sa métaphore. Mais disons qu'ici, avec ce fond nuageux comme extrait d'un rêve, nous sommes devant un cas exceptionnel. L'Aigre a raison, c'est un superbe exemple qui nous donne envie d'aller fouiller derrière les volets clos du blog dans la chambre mythique où vous créez et dissimulez vos oeuvres.

Écrit par : Régis Gayraud | 24/11/2011

Répondre à ce commentaire

Je ne vois pas de fond verdâtre dans ce tableau (et encore moins ce vert chlorophylle dont vous parlez), je vois plutôt un fond bleu, tendant peut être à certains endroits vers le vert. Il est vrai que certaines nuances entre ces deux couleurs peut quelquefois amener à les associer. Les chinois ont ainsi une couleur spécifique, le "qing", qui n'est ni le bleu ni le vert mais un mélange des deux. Par exemple, la province du Qinghai, à l'ouest de la Chine, veut dire "mer de couleur qing" en raison de la couleur particulière des eaux de l'immense lac qui s'étale sur son territoire.
Le fond de ce tableau est donc assurément qing, mais certainement pas verdâtre. Tenez-vous le pour dit.

Écrit par : RR | 24/11/2011

Répondre à ce commentaire

Oui, effectivement, c'est assez qing.

Écrit par : Régis Gayraud | 24/11/2011

Répondre à ce commentaire

Et même assez quing kong.

Écrit par : Le sciapode | 24/11/2011

Répondre à ce commentaire

Écrire un commentaire