06/10/2013
Yves-Jules Fleuri refait l'histoire de l'art
Il faut tout de même que je dise où et pourquoi j'ai choisi cette peinture du Caravage modifiée par Yves-Jules Fleuri de l'Atelier Campagn'Art que j'ai proposée à en énigme voici quelques jours. En commençant par la restituer telle qu'elle est mise en ligne sur le site de la Galerie du Marché à Lausanne (je l'avais en effet un peu maquillée dans ma première note de façon à ne pas laisser traîner trop d'indices, j'espère que le directeur de la galerie, Jean-David Mermod ne m'en tiendra pas rigueur...).
Le Caravage, Judith décapitant Holopherne et sa version Fleuri au-dessus.
C'est en effet dans cette galerie que, suite à une demande de son directeur, Fleuri présente actuellement une série de peintures toutes démarquées de chefs-d'œuvres de l'histoire de l'art. "L’atelier dans lequel il travaille possède des photographies de tableaux de peintres célèbres qu’il copie depuis quelques temps avec son style inimitable. Fort de cette information je lui fis parvenir, fin 2011, un choix d’une centaine de reproductions de tableaux célèbres du XIVème au XXème siècle. Il en a choisi trente cinq pour en réaliser une interprétation" (Jean-David Mermod).
Anonyme (Ecole de Fontainebleau, vers 1594), Gabrielle d'Estrées et sa soeur ; au-dessus le même, recuisiné par Yves-Jules
Plusieurs maîtres sont ainsi passés à la moulinette, un peu, doit-on dire, à la façon dont un autre créateur handicapé, Alexis Lippstreu, travaillant dans le foyer de la Pommeraie, toujours en Belgique, modifie, depuis plus longtemps que Fleuri je pense, tel ou tel chef d'œuvre de Gauguin ou Girodet.
Un tableau "métaphysique" revu par Yves-Jules...
Yves-Jules Fleuri, "Mon musée à moi", Galerie du Marché, 1, escaliers du Marché, Lausanne, du 3 octobre au 9 novembre.
00:19 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : yves-jules fleuri, galerie du marché, jean-david mermod, art des handicapés mentaux, campagn'art, la pommeraie, alexis lippstreu, le caravage, école de fontainebleau, chirico, modifications dans l'art | Imprimer
24/11/2012
Info-Miettes (20)
Boudin et Jakobowicz arrivent à Bègles
Prochaine expo au Musée de la Création Franche, qui continue de permettre aux artistes et créateurs de la collection permanente de montrer leurs derniers travaux, Marie Jakobowicz et Michel Boudin. Ce dernier, on le sait, propose des dessins à l'encre où des petites bêtes ne cessent de tarabuster les êtres humains, histoire peut-être de leur rabattre le caquet.
Michel Boudin, sans titre, encre sur papier vélin, 65 x 51 cm
Sur la seconde, voici le texte qu'elle m'avait dans un premier temps demandé pour la présenter de façon franche (c'était son souhait à elle, des gens qui diraient le pour et le contre, et l'entre deux...) et qu'elle a finalement fait remplacer par une autre présentation:
"Marie Jakobowicz me laisse perplexe. Si j’apprécie ses anciens pastels, discipline qu’elle pratique avec une aisance qu’elle a fini (bizarrement !) par trouver suspecte, je reste réservé en ce qui concerne toutes sortes d’autres travaux qu’elle veut de contenu « engagé » comme on disait dans les années 70. Ce choix à mon avis plombe l’envolée du merveilleux dont elle était aussi dépositaire.
Et je me demande si ses réticences, sa suspicion à l’égard de sa maîtrise du pastel ne viendrait pas de son traumatisme concernant l’extermination des Juifs par les Nazis. Une descendante des familles massacrées ne pouvant plus pratiquer la moindre forme d’expression sans se sentir obligée à la vigilance… Si cela était avéré, on mesurerait là à quel point cette tragédie et cette folie ont poussé loin leurs ruptures et leurs censures. N’y a-t-il donc plus de place, Marie, pour un merveilleux sans hantise du massacre ?"
Marie Jakobowicz et Michel Boudin au Musée de la Création Franche du 7 décembre 2012 au 20 janvier 2013.
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Guy Girard, lui, expose dans un couloir
Guy Girard expose quant à lui à partir de jeudi prochain 29 novembre dans la Galerie du Couloir, espace dédié paraît-il aux petits formats (ce qui semble adéquat avec le nom de la galerie). Les horaires et jours de monstration sont assez particuliers. Le jeudi 29 novembre, c'est de 19h30 à 22h. Puis c'est entrée libre le samedi 1er décembre ainsi que le dimanche 2 de 14h à 18h. Ensuite, du 3 au 20, on visite sur rendez-vous: 06 19 63 64 51. Pour les artistes, l'heure est venue des jeux de pistes. L'art sincère d'aujourd'hui se cache au fond d'un labyrinthe. Il est passé par ici, il repassera par là...
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Jean Estaque voit des saints partout
Il expose cette fois à Montluçon, avec une proposition de nouveaux saints qui n'auraient pas déplu au marquis de Bièvre qui était grand amateur comme on sait de calembours bons. Ci-dessous par exemple voyez le portrait de saint-Ethique.
Trouverons-nous encore dans cette expo Saint-Bol, Sainte-Hure, et peut-être aussi Saint-Dé, Saint-Trait et Saint-Plaie?
Galerie Ecriture, 1 rue Pierre Petit (ça ne s'invente pas, mais ce n'est sans doute pas le même qui est bien connu dans l'art brut), Montluçon, exposition du 28 novembre 2012 au 14 février 2013.
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Alexis Lippstreu exposé chez Berst et au Madmusée
En cette fin d'année, on assiste à une déferlante Alexis Lippstreu à Liège et à Paris. Trois expos simultanées se tiennent pour vanter le travail de ce créateur handicapé qui s'est fait une spécialité (ou à qui on a fait une spécialité?) de transposer des chefs-d'œuvre de l'art dans une sorte de réduction graphique tout à fait fascinante (j'ai déjà eu l'occasion de montrer des images sur ce blog). Il paraît être en même temps un cheval de bataille exemplaire pour ceux qui voudraient mélanger art brut, art moderne et art contemporain dans la même arlequinade artistique ("artification", qu'ils disent, sans lésiner sur les néologismes effroyables).
Alexis Lippstreu au Madmusée du 1er décembre 2012 au 16 février 2013. A la Galerie Christian Berst, du 7 décembre 2012 au 12 janvier 2013. Au BAL (musée des Beaux-Arts de Liège), du 30 novembre 2012 au 16 février 2013.
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L'art brut italien à travers le cinéma documentaire, une programmation de Pierre-Jean Wurtz et Denis Lavaud
C'est à la Halle Saint-Pierre (sans laquelle on ne sait pas ce que l'on deviendrait) que cela va se passer, durant le week-end du 15 et du 16 décembre. Un second programme de films courts a en effet été programmé pour ces dates. A découvrir ci-dessous:
Samedi 15 décembre 13h30 - 17h30
- Pennarelli (Antonio Dalla Valle) di La Manica Lungo officina creativa, 2003, 29’.
En présence d’Alain Bouillet, commissaire d’expositions, écrivain (c'est sur un atelier de créateurs handicapés, si je ne me trompe pas? NDR)
- Nella prospettiva della chiusura lampo de Paolo Pisanelli, 1997, 54’.
En présence d’Alain Bouillet
- Pietro Ghizzardi de Muriel Anssens, 2004, 10’
- Alla ricerca del giardino incantato (Marcello Cammi) di Piero Farina, Marisa Fogliarini con Marco Farotto, 2012, 21’, (c'est tout en italien, sur le jardin détruit de Cammi)
- Luci Sospese. L’opera irriducibile (Mario Andreoli) de Gabriele Mina, 2010, 27’. (Là aussi, c'est pas sous-titré, mais il y aura sans doute un interprète dans la salle, enfin on verra bien...)
En présence de Gustavo Giacosa, commissaire de l’exposition
La "Crèche" de Mario Andreoli telle qu'elle s'illumine aux alentours de Noël sur une colline ligure, ph extraite du site de la Galerie Rizoi à Turin
La colline de M. Andreoli, de jour... ph Gabriele Mina
Dimanche 16 décembre 13h30 - 17h30
- Un « facteur Cheval » en Sardaigne (Fellicu Fadda) de Giuseppe Trudu, 2004, 47’.
En présence du réalisateur
- Un sculpteur de l’île aux ânes blancs (Enrico Mereu) de Giuseppe Trudu, 2009, 38’.
En présence du réalisateur
- Melina Riccio de Gustavo Giacosa, 2009, 10’. En présence du réalisateur
- Eugenio Santoro de Dominique Clément, Chantal Woodtli, 1994, 12’. (A signaler que ce film est édité dans le DVD intitulé "Art Brut" avec deux autres courts, un consacré à Ni-Tanjung par Erika Mannoni et un autre de la même Mannoni consacré à Lobanov; le film sur Santoro est plus précisément intitulé dans ce DVD "Les jardins de l'imaginaire" ; le tout est édité par la Collection de l'Art Brut et la Télévision Suisse)
- Antipasti (surprises à l’italienne) 45 ‘.
Suite de petits plats (films) divers et variés, exubérants, bigarrés, goûteux. (Dont paraît-il des films de Bernard Dattas sur des "choses" vues en Sardaigne)
Pour tout renseignement complémentaire, on peut contacter Denis Lavaud himself : 01 42 45 19 67/06 75 94 16 48.
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A la Halle Saint-Pierre encore, le retour du "Petit Paris" de Marcel Dhièvre
Marcel Dhièvre est connu depuis les années 70 grâce au livre Les Inspirés du Bord des Routes de Jacques Lacarrière et Jacques Verroust où l'on peut voir cinq belles photos et un fragment de témoignage de Dhièvre. C'est peut-être grâce à ce livre que sa maison richement décorée de fresques et d'ornementations diverses peintes et parfois sculptées en relief parvint à être classée monument historique dès 1984 (né en 1898, il décéda en 1977).
Image récupérée sur le site d'une association qui défendait, notamment sur la toile, "le Petit-Paris", l'association Entre-Tenir ; l'affirmation "je ne suis pas un artiste" avait été très justement repérée par ce site web, avis aux "artificateurs"...
Il avait en effet réalisé une magnifique décoration naïve, brute, ou simplement populaire, sur les murs d'angle à l'extérieur de son magasin de vêtements (il était vendeur en confection dans la lingerie et les vêtements de travail) à Saint-Dizier dans la Haute-Marne. Il avait poussé le bouchon plus loin en peignant (ce n'était pas un mosaïste) les murs intérieurs de la petite bâtisse, mais aussi divers petits sujets, des animaux, des tableaux de fleurs, des paysages. C'était comme il le disait lui-même également un tour de force dans la mesure où, paralysé de la main droite, il avait dû tout faire de la main gauche.
Marcel Dhièvre, la façade d'"Au Petit Paris", vers 1976, ph Jacques Verroust
Il avait appelé cette maison "Au Petit Paris", car la ville-lumière, où il allait se fournir chaque semaine, l'avait charmé au point de le pousser à représenter dans des médaillons l'Arc de Triomphe sur sa façade, ainsi que la Tour Eiffel, la Madeleine, les quais de la Seine, et la nef symbole de la capitale. L'ensemble connut quelques vicissitudes pendant de nombreuses années. Diverses bonnes volontés tentaient régulièrement d'alerter l'opinion pour essayer de sauver une maison qui visiblement résistait dans le souvenir de la population de St-Dizier (cet attachement d'une ville populaire à un tel monument naïf est assez touchant je trouve). L'illustratrice Kathy Couprie racheta à un moment le magasin, y faisant quelques réparations, puis ce fut la mairie, sous l'impulsion d'un maire UMP, François Cornut-Gentille (comme l'a signalé entre autres un article paru cet été dans La Croix, dû à Aude Carasco), qui l'acquit dans les années 2000. Là aussi, comme dans le cas de Gabriel Albert en Charente-Maritime, on veut "valoriser", on parle d'installer dansle Petit Paris un "café associatif", et d'installer à côté l'atelier d'art-thérapie de l'hôpital psychiatrique voisin... Surtout, on a fait rénover, terme plus exact que "restaurer", les peintures intérieures et extérieures (on peut juger du résultat sur une galerie d'images mises en ligne sur Flickr par la mairie), les tableaux, les petits sujets divers et variés que la mairie a récupérés. Si l'on compare ces rénovations, dues à M. Renaud Dubrigny, un employé municipal à la peinture qui s'est passionné, nous dit-on pour ce travail de renaissance d'un chef-d'oeuvre populaire, aux photos du livre de Jacques Verroust, on pourrait dire que les couleurs de la rénovation sont un peu flashy, mais baste, on s'en contentera, car y avait-il moyen de faire mieux avec les subsides disponibles? On peut aussi s'en consoler en constatant que le restaurateur a remis les décors à l'identique, quant aux sujets représentés, du moins si l'on en juge à travers les informations de la presse et d'internet.
Deux tableaux de Marcel Dhièvre restaurés par la ville de St-Dizier
Simplement, il faut bien être conscient qu'un Marcel Dhièvre ne peut ressusciter, et que lon a désormais autre chose à la place de sa maison décorée de son vivant, comme le musée d'une inspiration, soit un beau paradoxe...
Enfin signalons qu'un livre vient de paraître qui traite de ce monument, celui de Henri-Pierre Jeudy, Le Naïf, le Brut, le Primitif, au Petit Paris, aux éditions Châtelet-Voltaire (basées dans la Haute-Marne). Il viendra en parler à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre samedi 1er décembre à 16h.
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14/06/2009
Info-Miettes (4)
JOEL LORAND chez ROBERT TATIN
"Des personnages floricoles à la symbolique du bouclier", tel est le titre de la future exposition de Joël Lorand au musée Robert Tatin du 27 juin prochain au 31 décembre (pour donner des idées d'étrennes sans doute aux Mayennais). Ce qu'il y a de bien avec cet artiste, c'est que comme il expose beaucoup, l'amateur de son travail peut suivre les développements les plus récents de l'oeuvre sans problème, quasiment en temps et en heure... Rendez-vous avec les dernières étapes où le thème du bouclier semble devenir plus prégnant donc. Mais que l'on se rassure, on devrait retrouver encore les personnages un peu gores, un peu larvaires, croisés avec des tubercules, écorchés hurleurs qu'affectionne Joël. Et ce raffinement quasi persan dans la sinuosité et le rendu des matières. Salle "La Grange", Musée Robert Tatin, La Frénouse, Mayenne, Cossé-Le-Vivien, T: 02 43 98 80 89. Vernissage le 27 juin à 10h30.
DES NOUVELLES DES PREVOST
Clovis Prévost expose ses photographies de Gaudi depuis le 8 mai au Château de Trévarez dans le Finistère, mais vous aurez le temps d'aller les voir jusqu'au 4 octobre. C'est un travail déjà ancien, mais des photographies parfaitement inspirées. L'expo propose en sus un documentaire sur la Casa Milà et des commentaires de Dali.
Il semble que les Prévost aient pu remettre la main sur les bobines du film qu'ils avaient entamé en compagnie de Chomo et qui ont disparu par la suite. On sait qu'une exposition Chomo est prévue pour septembre à la Halle St-Pierre. Ils préparent donc actuellement leur participation à cette expo par le biais de ce film inachevé ("Le Débarquement spirituel") et des photographies du tournage (qui s'étendit de 1989 à 1992). Chomo, ça n'est pas exactement ma tasse de thé, mais je passe l'info à ceux qui sont plus motivés que moi. J'ai toujours refusé de me "décrotter" de ma culture comme le conseillait Chomo lorsque moi aussi je m'en fus le visiter au début des années 80.
Enfin, les Prévost participent à l'exposition Claude Roffat à l'Abbaye d'Auberive cet été avec des photos consacrées à Ferdinand Cheval, Raymond Isidore, Robert Garcet et l'abbé Fouré.
00:57 Publié dans Art Brut, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chomo, prévost, galerie objet trouvé, outsiders américains, alexis lippstreu | Imprimer
02/12/2008
Jus de Pommeraie chez Objet Trouvé
La galerie Objet trouvé, rue de Charenton dans le 12e arrondissement à Paris expose quelques créations venues du Centre de la Pommeraie en Belgique.
Ce home pour artistes handicapés abrite des créateurs tout à fait originaux comme on commence à le savoir. Alexis Lippstreu est notamment présent dans cette expo (avec aussi Michel Dave, Jean-Michel Wuilbeaux, Daniel Douffet), avec ses oeuvres qui sont comme des réductions d'oeuvres de la peinture savante, au sens de la cuisine, réduction d'une sauce. Vélasquez, par exemple, pourrait mijoter un bout de temps dans la cervelle de Lippstreu et en ressortir plus nu, plus pur, stylisé, dépouillé à l'extrême. L'art savant se voit ainsi repris par lui (comme par secrète nécessité) et passé à la moulinette. Ses figures douces et pensives posées devant d'immenses espaces gris font songer à des enfants qui attendent on ne sait trop quoi interminablement...
23:53 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul duhem, alexis lippstreu, la pommeraie, galerie objet trouvé | Imprimer