26/09/2018
Info-Miettes (32)
La Maison sous les Paupières
Revoilà l'antre sous les paupières qui se remet à pondre de l'expo(-pière). Son animatrice, Anne Billon, est passée dans le village perché du Carla-Bayle en Ariège où il y a, outre le très joli petit musée enchanté des Amoureux d'Angélique (art populaire et naïf et brut), tout plein d'artistes.
Le Carla-Bayle, c'est un peu St-Paul-de-Vence avant les touristes et l'artifice. Sera donc exposée du 6 au 28 octobre, à Rauzan (7 rue du Pont-Long), bourg de l'Entre-deux-Mers, la très inspirée Mélissa Tresse au nom comme un programme (autre que pileux).
Mélissa Tresse, la Joute, eau-forte et aquatinte, 44x30 cm, 2017.
Curzio Di Giovanni, une exposition proposée par Lucienne Peiry à Lausanne
Lucienne Peiry, l'ancienne responsable de la collection de l'Art Brut, même si elle fut "débarquée" par le syndic de Lausanne en 2012, d'une façon bien peu fondée, n'en continue pas moins de s'intéresser à l'art brut, bien entendu. Et je dois dire que, prisant passablement ses goûts en cette matière, j'accorde toujours beaucoup d'intérêt à ses choix de créateurs. Elle est un bon guide... Elle propose à partir du 26 septembre jusqu'au 22 novembre 2018, à Lausanne, à la HEP Vaud, une expo consacrée à Curzio Di Giovanni et à ses têtes aux étranges conformations. Elle comportera une soixantaine de dessins issus de collections privées, dont celui ci-dessous.
L'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier expose Helmut Nimcewski
Ph. Bruno Montpied, 2016.
Ce musée aux collections d'art brut et d'art singulier bien sympathiques (surtout en ce qui concerne l'art brut) monte des expositions temporaires en sus de ses collections permanentes (au cœur desquelles on trouve un important fonds consacré à l'artiste singulier Fernand Michel qui constitue le socle du musée).
En voici une qui ouvrira bientôt ses portes du 3 octobre prochain au 10 janvier 2019, consacrée au créateur Helmut Nimcewski, féru de représentations de foules aux petits personnages serrés en rangs d'oignon, le tout dans des couleurs de bonbons acidulés. C'est un type de représentations que l'on retrouve souvent dans l'art brut et l'art naïf. Certaines sont même nettement plus poussées dans ce domaine, Berthe Coulon par exemple...
Berthe Coulon
L'Atelier-musée se situe 1 rue Beauséjour, à Montpellier, tél: 04 67 79 62 22, mail: <CONTACT@ATELIER-MUSEE.COM> . Le site internet du musée est annoncé en (perpétuelle?) construction...
Monsieur Jacques Burtin en balade à travers l'Espagne...
Goya, gravure, communiquée par Jacques Burtin.
"Hier, à Saragosse, la rencontre (...) avec l’une des gravures de Goya que je mets au-dessus des autres : « Légèreté et audace de Juanito Apiñani dans la Corrida de Madrid» (1814 -1816). Elle définit le mieux à mes yeux la situation de l’artiste. Non point le moment de la mise à mort : je laisse à ses partisans et à ses adversaires l’inutile, le vain plaisir de se combattre. Mais ce moment d’élévation où l’on risque sa vie pour la beauté d’une figure impossible."
"Histoires de femmes" aux Yeux Fertiles, de l'art brut et surtout de l'art singulier...
"Histoires de femmes", la nouvelle exposition de la galerie Les Yeux Fertiles rue de Seine (Paris VIe ardt ; du 2 octobre au 3 novembre) est sous-titrée "Art brut, art singulier".
Mais, à part deux ou trois créatrices effectivement cataloguées dans l'art brut (Thérèse Bonnelalbay, Madge Gill, et... Sol (Solange Lantier)), toutes les autres relèvent plutôt de de l'art moderne, voire d'un art contemporain de plus en plus éloigné de ce que l'on appelle art singulier. Certaines sont devenues au fil du temps de vraies "vedettes", comme Yolande Fièvre ou Ursula, géniale artiste, qui a déjà été présentée à la galerie les Yeux fertiles. On peut même avancer que ces deux-là sont désormais entrées dans le Panthéon de l'art moderne, non loin des surréalistes, dans la grande cohorte des assembleurs, des collagistes, des artistes fidèles à l'imaginaire (Unica Zürn peut en être rapprochée). Les autres artistes ici présentées, comme Isabelle Jarousse ou Josette Rispal, voire Ody Saban et Christine Sefolosha, se hissent même aisément dans les rangs des artistes contemporaines. Le mot "singulier", qui comme l'art brut, combine une notion esthétique (pas de volume, des aplats, une grande stylisation dans le rendu des figures, invention des techniques d'expression) à une notion sociologique (autodidacte, situation de l'artiste en dehors du milieu professionnel de l'art, influence de l'exemple moral et esthétique de l'art brut), selon moi, ne s'applique pas vraiment ici, devenant, en l'occurrence, passablement galvaudé.
Madge Gill, image du carton d'invitation à "Histoires de femmes".
De l'art brut (et "outsider", c'est-à-dire "singulier") iranien à la Galerie Polysémie à Marseille
La Galerie Polysémie file de temps à autre vers des contrées lointaines où l'on ne pense pas d'habitude que l'on puisse rencontrer de l'art dit brut.
La galerie propose ainsi de l'art brut de Chine continentale en ce moment je crois, mais ce choix me paraît personnellement de qualité fort moyenne, étant donné qu'il s'agit, j'en ai bien l'impression, à voir ce qui est proposé, pour la plupart de peintures du même genre que celles qu'on a pu voir à la dernière Biennale Hors-les-Normes de Lyon, en provenance d'ateliers pour handicapés (à Marseille, il me semble que François Vertadier, responsable de Polysémie, a fait appel au Nanjing Outsider Art Studio), et donc de créateurs stimulés par des animateurs dans ces ateliers, ce qui est souvent en contradiction avec le principe même de l'art brut – une expression irrépressible, surgie de façon autonome, comme le chiendent parmi une végétation disciplinée. Mais, surtout, c'était, à Lyon, des œuvres peu originales, peu surprenantes, en dépit d'un certain savoir-faire.
La galerie présentera cependant bientôt (du 6 octobre au 3 novembre prochain) des créateurs plus étonnants, en provenance d'Iran donc, plus en rapport avec ce qui correspondrait à de l'art brut, tel que défini plus haut.
J'ai déjà eu l'occasion par le passé, sur ce blog, de citer des créateurs originaires de l'ancienne Perse, comme Mokarammeh, Akram Sartakhti, ou plus connu depuis quelque temps dans les milieux de l'art brut, Davood Koochaki (que l'on retrouve ici à Polysémie). A la dernière exposition de groupe montée à l'Île d'Oléron en 2017 par Jean-Louis Faravel, j'avais aussi remarqué un autre créateur, Mehrdad Rashidi (également présent à l'expo à venir chez Polysémie). J'accueille donc cette expo marseillaise avec grand intérêt et je la conseille à tous ceux qui cherchent de l'art à la fois bruto-naïf et original.
Mahmoodkhan, trois dessins de 50x70cm, extraits du dossier de presse de la galerie Polysémie
Trois œuvres de Reza Safahi.
Le dossier de presse fourni par la galerie énumère les artistes et créateurs exposés. Personnellement, dans l'échantillon proposé je retiendrai essentiellement les dessins de Mahmoodkhan, commencés à plus de 70 ans, Reza Safahi, visiblement instruit et cultivé mais ayant conservé dans son graphisme une grande fraîcheur de tracé "brute" ou "naïve", et aussi Zabihollah Mohammadi, à l'inspiration plus empreinte de références à de grands récits épiques iraniens. On retrouvera dans l'expo cela dit aussi Davood Koochaki et ses esprits noirâtres, ainsi que Mehrdad Rashidi. Chacun pourra se faire sa propre opinion en consultant le dossier de presse.
Le livre d'Hervé Couton sur "Las Pinturitas" bientôt présenté par son auteur à la Halle Saint-Pierre
"La Pinturitas", "la Petites peintures", c'est cette femme, de son nom d'état-civil Maria Angeles Fernández Cuesta qui depuis des années (depuis 2000) réalise en Espagne, en Navarre, non loin du Pays Basque, une œuvre picturale sur le support des murs d'un bâtiment désaffecté à la sortie de la ville d'Arguedas. Ses fresques sont immenses, mixtes de street art sauvage et d'environnement brut, en constant renouvellement. C'est pourquoi le photographe Hervé Couton a trouvé nécessaire de fixer depuis huit ans ce work in progress, dont l'éphémère est la marque de fabrique. Il viendra en parler à l'auditorium de la Halle St-Pierre le 27 octobre prochain, à 15 h. Toutes précisions sont à retrouver sur le site web de la Halle St-Pierre.
Charles "Cako" Boussion sur le mur de la boutique d'Antoine Gentil jusqu'à début octobre
Une vingtaine d'œuvres de l'ami Boussion, en provenance de la Pop Galerie de Pascal Saumade, sont actuellement exposées chez Antoine Gentil au 75 bis bd de Rochechouart, dans le IXe à Paris (Sur R-V.: tél: 06 58 34 72 09). Restent quelques jours seulement...
Le mur et son miroir, boutique d'Antoine Gentil, Paris, ph. Bruno Montpied.
Evelyne Postic-Joseph Caprio, dessins-photographies
14:49 Publié dans Art Brut, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art singulier, Correspondance, Environnements populaires spontanés, Littérature, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain merveilleux, le carla-bayle, anne billon, la maison sous les paupières, mélissa tresse, art animalier, curzio di giovanni, art brut italien, lucienne peiry, helmut nimcewski, l'atelier-musée fernand michel, corrida, jacques burtin, goya, berthe coulon, galerie les yeux fertiles, yolande fièvre, ursula, histoires de femmes, art brut iranien, galerie polysémie, mahmoodkhan, reza safahi, street art sauvage, la pinturitas, enironnements spontanés espagnols, hervé couton, charles boussion, galerie dettinger-mayer, joseph caprio, evelyne postic | Imprimer
24/11/2012
Info-Miettes (20)
Boudin et Jakobowicz arrivent à Bègles
Prochaine expo au Musée de la Création Franche, qui continue de permettre aux artistes et créateurs de la collection permanente de montrer leurs derniers travaux, Marie Jakobowicz et Michel Boudin. Ce dernier, on le sait, propose des dessins à l'encre où des petites bêtes ne cessent de tarabuster les êtres humains, histoire peut-être de leur rabattre le caquet.
Michel Boudin, sans titre, encre sur papier vélin, 65 x 51 cm
Sur la seconde, voici le texte qu'elle m'avait dans un premier temps demandé pour la présenter de façon franche (c'était son souhait à elle, des gens qui diraient le pour et le contre, et l'entre deux...) et qu'elle a finalement fait remplacer par une autre présentation:
"Marie Jakobowicz me laisse perplexe. Si j’apprécie ses anciens pastels, discipline qu’elle pratique avec une aisance qu’elle a fini (bizarrement !) par trouver suspecte, je reste réservé en ce qui concerne toutes sortes d’autres travaux qu’elle veut de contenu « engagé » comme on disait dans les années 70. Ce choix à mon avis plombe l’envolée du merveilleux dont elle était aussi dépositaire.
Et je me demande si ses réticences, sa suspicion à l’égard de sa maîtrise du pastel ne viendrait pas de son traumatisme concernant l’extermination des Juifs par les Nazis. Une descendante des familles massacrées ne pouvant plus pratiquer la moindre forme d’expression sans se sentir obligée à la vigilance… Si cela était avéré, on mesurerait là à quel point cette tragédie et cette folie ont poussé loin leurs ruptures et leurs censures. N’y a-t-il donc plus de place, Marie, pour un merveilleux sans hantise du massacre ?"
Marie Jakobowicz et Michel Boudin au Musée de la Création Franche du 7 décembre 2012 au 20 janvier 2013.
*
Guy Girard, lui, expose dans un couloir
Guy Girard expose quant à lui à partir de jeudi prochain 29 novembre dans la Galerie du Couloir, espace dédié paraît-il aux petits formats (ce qui semble adéquat avec le nom de la galerie). Les horaires et jours de monstration sont assez particuliers. Le jeudi 29 novembre, c'est de 19h30 à 22h. Puis c'est entrée libre le samedi 1er décembre ainsi que le dimanche 2 de 14h à 18h. Ensuite, du 3 au 20, on visite sur rendez-vous: 06 19 63 64 51. Pour les artistes, l'heure est venue des jeux de pistes. L'art sincère d'aujourd'hui se cache au fond d'un labyrinthe. Il est passé par ici, il repassera par là...
*
Jean Estaque voit des saints partout
Il expose cette fois à Montluçon, avec une proposition de nouveaux saints qui n'auraient pas déplu au marquis de Bièvre qui était grand amateur comme on sait de calembours bons. Ci-dessous par exemple voyez le portrait de saint-Ethique.
Trouverons-nous encore dans cette expo Saint-Bol, Sainte-Hure, et peut-être aussi Saint-Dé, Saint-Trait et Saint-Plaie?
Galerie Ecriture, 1 rue Pierre Petit (ça ne s'invente pas, mais ce n'est sans doute pas le même qui est bien connu dans l'art brut), Montluçon, exposition du 28 novembre 2012 au 14 février 2013.
*
Alexis Lippstreu exposé chez Berst et au Madmusée
En cette fin d'année, on assiste à une déferlante Alexis Lippstreu à Liège et à Paris. Trois expos simultanées se tiennent pour vanter le travail de ce créateur handicapé qui s'est fait une spécialité (ou à qui on a fait une spécialité?) de transposer des chefs-d'œuvre de l'art dans une sorte de réduction graphique tout à fait fascinante (j'ai déjà eu l'occasion de montrer des images sur ce blog). Il paraît être en même temps un cheval de bataille exemplaire pour ceux qui voudraient mélanger art brut, art moderne et art contemporain dans la même arlequinade artistique ("artification", qu'ils disent, sans lésiner sur les néologismes effroyables).
Alexis Lippstreu au Madmusée du 1er décembre 2012 au 16 février 2013. A la Galerie Christian Berst, du 7 décembre 2012 au 12 janvier 2013. Au BAL (musée des Beaux-Arts de Liège), du 30 novembre 2012 au 16 février 2013.
*
L'art brut italien à travers le cinéma documentaire, une programmation de Pierre-Jean Wurtz et Denis Lavaud
C'est à la Halle Saint-Pierre (sans laquelle on ne sait pas ce que l'on deviendrait) que cela va se passer, durant le week-end du 15 et du 16 décembre. Un second programme de films courts a en effet été programmé pour ces dates. A découvrir ci-dessous:
Samedi 15 décembre 13h30 - 17h30
- Pennarelli (Antonio Dalla Valle) di La Manica Lungo officina creativa, 2003, 29’.
En présence d’Alain Bouillet, commissaire d’expositions, écrivain (c'est sur un atelier de créateurs handicapés, si je ne me trompe pas? NDR)
- Nella prospettiva della chiusura lampo de Paolo Pisanelli, 1997, 54’.
En présence d’Alain Bouillet
- Pietro Ghizzardi de Muriel Anssens, 2004, 10’
- Alla ricerca del giardino incantato (Marcello Cammi) di Piero Farina, Marisa Fogliarini con Marco Farotto, 2012, 21’, (c'est tout en italien, sur le jardin détruit de Cammi)
- Luci Sospese. L’opera irriducibile (Mario Andreoli) de Gabriele Mina, 2010, 27’. (Là aussi, c'est pas sous-titré, mais il y aura sans doute un interprète dans la salle, enfin on verra bien...)
En présence de Gustavo Giacosa, commissaire de l’exposition
La "Crèche" de Mario Andreoli telle qu'elle s'illumine aux alentours de Noël sur une colline ligure, ph extraite du site de la Galerie Rizoi à Turin
La colline de M. Andreoli, de jour... ph Gabriele Mina
Dimanche 16 décembre 13h30 - 17h30
- Un « facteur Cheval » en Sardaigne (Fellicu Fadda) de Giuseppe Trudu, 2004, 47’.
En présence du réalisateur
- Un sculpteur de l’île aux ânes blancs (Enrico Mereu) de Giuseppe Trudu, 2009, 38’.
En présence du réalisateur
- Melina Riccio de Gustavo Giacosa, 2009, 10’. En présence du réalisateur
- Eugenio Santoro de Dominique Clément, Chantal Woodtli, 1994, 12’. (A signaler que ce film est édité dans le DVD intitulé "Art Brut" avec deux autres courts, un consacré à Ni-Tanjung par Erika Mannoni et un autre de la même Mannoni consacré à Lobanov; le film sur Santoro est plus précisément intitulé dans ce DVD "Les jardins de l'imaginaire" ; le tout est édité par la Collection de l'Art Brut et la Télévision Suisse)
- Antipasti (surprises à l’italienne) 45 ‘.
Suite de petits plats (films) divers et variés, exubérants, bigarrés, goûteux. (Dont paraît-il des films de Bernard Dattas sur des "choses" vues en Sardaigne)
Pour tout renseignement complémentaire, on peut contacter Denis Lavaud himself : 01 42 45 19 67/06 75 94 16 48.
*
A la Halle Saint-Pierre encore, le retour du "Petit Paris" de Marcel Dhièvre
Marcel Dhièvre est connu depuis les années 70 grâce au livre Les Inspirés du Bord des Routes de Jacques Lacarrière et Jacques Verroust où l'on peut voir cinq belles photos et un fragment de témoignage de Dhièvre. C'est peut-être grâce à ce livre que sa maison richement décorée de fresques et d'ornementations diverses peintes et parfois sculptées en relief parvint à être classée monument historique dès 1984 (né en 1898, il décéda en 1977).
Image récupérée sur le site d'une association qui défendait, notamment sur la toile, "le Petit-Paris", l'association Entre-Tenir ; l'affirmation "je ne suis pas un artiste" avait été très justement repérée par ce site web, avis aux "artificateurs"...
Il avait en effet réalisé une magnifique décoration naïve, brute, ou simplement populaire, sur les murs d'angle à l'extérieur de son magasin de vêtements (il était vendeur en confection dans la lingerie et les vêtements de travail) à Saint-Dizier dans la Haute-Marne. Il avait poussé le bouchon plus loin en peignant (ce n'était pas un mosaïste) les murs intérieurs de la petite bâtisse, mais aussi divers petits sujets, des animaux, des tableaux de fleurs, des paysages. C'était comme il le disait lui-même également un tour de force dans la mesure où, paralysé de la main droite, il avait dû tout faire de la main gauche.
Marcel Dhièvre, la façade d'"Au Petit Paris", vers 1976, ph Jacques Verroust
Il avait appelé cette maison "Au Petit Paris", car la ville-lumière, où il allait se fournir chaque semaine, l'avait charmé au point de le pousser à représenter dans des médaillons l'Arc de Triomphe sur sa façade, ainsi que la Tour Eiffel, la Madeleine, les quais de la Seine, et la nef symbole de la capitale. L'ensemble connut quelques vicissitudes pendant de nombreuses années. Diverses bonnes volontés tentaient régulièrement d'alerter l'opinion pour essayer de sauver une maison qui visiblement résistait dans le souvenir de la population de St-Dizier (cet attachement d'une ville populaire à un tel monument naïf est assez touchant je trouve). L'illustratrice Kathy Couprie racheta à un moment le magasin, y faisant quelques réparations, puis ce fut la mairie, sous l'impulsion d'un maire UMP, François Cornut-Gentille (comme l'a signalé entre autres un article paru cet été dans La Croix, dû à Aude Carasco), qui l'acquit dans les années 2000. Là aussi, comme dans le cas de Gabriel Albert en Charente-Maritime, on veut "valoriser", on parle d'installer dansle Petit Paris un "café associatif", et d'installer à côté l'atelier d'art-thérapie de l'hôpital psychiatrique voisin... Surtout, on a fait rénover, terme plus exact que "restaurer", les peintures intérieures et extérieures (on peut juger du résultat sur une galerie d'images mises en ligne sur Flickr par la mairie), les tableaux, les petits sujets divers et variés que la mairie a récupérés. Si l'on compare ces rénovations, dues à M. Renaud Dubrigny, un employé municipal à la peinture qui s'est passionné, nous dit-on pour ce travail de renaissance d'un chef-d'oeuvre populaire, aux photos du livre de Jacques Verroust, on pourrait dire que les couleurs de la rénovation sont un peu flashy, mais baste, on s'en contentera, car y avait-il moyen de faire mieux avec les subsides disponibles? On peut aussi s'en consoler en constatant que le restaurateur a remis les décors à l'identique, quant aux sujets représentés, du moins si l'on en juge à travers les informations de la presse et d'internet.
Deux tableaux de Marcel Dhièvre restaurés par la ville de St-Dizier
Simplement, il faut bien être conscient qu'un Marcel Dhièvre ne peut ressusciter, et que lon a désormais autre chose à la place de sa maison décorée de son vivant, comme le musée d'une inspiration, soit un beau paradoxe...
Enfin signalons qu'un livre vient de paraître qui traite de ce monument, celui de Henri-Pierre Jeudy, Le Naïf, le Brut, le Primitif, au Petit Paris, aux éditions Châtelet-Voltaire (basées dans la Haute-Marne). Il viendra en parler à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre samedi 1er décembre à 16h.
20:41 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel boudin, marie jakobowicz, jean estaque, guy girard, musée de la création franche, alexis lippstreu, madmusée, galerie christian berst, banditi dell'art, cinéma et arts populaires, mario andreoli, art brut italien, pierre-jean wurtz, denis lavaud, marcello cammi, environnements spontanés, au petit paris, marcel dhièvre | Imprimer
01/05/2012
Les bâtisseurs de Babel de Gabriele Mina
Gabriele n'est pas une dame mais un anthropologue italien, donc là-bas ils ont des "e" à la fin des Gabriel, ou des Michel.
J'avais signalé il y a quelque temps l'apparition d'un site web appelé Costruttori di Babele qui était le signe avant-coureur d'une recherche en cours sur les sites et les environnements d'art populaire en Italie, où, comme on l'a découvert avec l'actuelle exposition Banditi Dell'Arte à la Halle Saint-Pierre, commencent à apparaître de plus en plus d'initiatives pour intéresser le public aux riches créations atypiques présentes dans ce pays déjà lourd d'un patrimoine artistique conséquent (vestiges gallo-romains, littérature latine, peinture de la Renaissance, mythologie chrétienne...), qui de ce fait a peut-être retardé plus qu'ailleurs la connaissance de la créativité populaire.
Gabriele Mina a une position originale qu'il a tenté de résumer dans un texte en français qu'il m'a envoyé parallèlement à l'ouvrage ci-dessus paru à la fin de l'année 2011, et qui aide les non italophones à comprendre ce qu'il a voulu dire dans son livre principal, Costruttori di Babele, sulle tracce di architetture fantastiche e universi irregolari in Italia (je fais figurer ce texte en français en lien ici même, son titre étant Insiders, les constructeurs babéliques et nous ; il reprend en grande partie l'introduction italienne de son ouvrage). Il veut avant tout attirer l'attention sur ce qu'il appelle les Insiders, par opposition avec Outsiders. Ce terme d'Insiders paraît recouvrir des créateurs populaires non coupés du reste de la société, non marginalisés, œuvrant dans l’espace public. L’art populaire contemporain, ou art modeste, pourrait relever de cette dénomination. Régis Gayraud m’a signalé récemment que chez les historiens de l’ex-Union Soviétique, on parle de « non-conformistes intégrés » au sujet d’artistes non officiels en Russie. Ce qui paraît assez voisin de ce que l'on cherche à distinguer avec les Insiders. Ce serait une appellation disponible pour des anticonformistes non marginalisés ne relevant pas des courants de l’art officiel. Cela représenterait du coup beaucoup de créateurs, populaires ou non, professionnels ou amateurs, qui pourraient rentrer dans cette catégorie, pourvu qu’ils aient en commun une certaine indépendance d’esprit… Les environnements spontanés de créateurs, populaires ou non, reléveraient ainsi des Insiders... Et c'est bien ce qui paraît se constituer sous la plume de Gabriele Mina qui évoque dans l'ouvrage collectif qu'il a dirigé aux éditions Elèuthera à Milan une soixantaine de cas d'environnements créés par des hommes du peuple ou par des artistes (cette distinction paraissant nettement moins tranchée dans les résultats esthétiques qu'en France, où l'œuvre d'un Chomo ou d'un Tatin me paraît nettement différer de celle d'un Picassiette ou d'un Pailloux, être moins émouvante en tout cas). Dans les soixante, on retrouve certains créateurs évoqués à la Halle St-Pierre en ce moment même: Luigi Lineri, Marcello Cammi, Melina Riccio, Giovanni Bosco, Florenzo Pilia, Angelo Stagnaro, Giulio Rancilio, Bonaria Manca (chapitre écrit par Roberta Trapani), Vincent Maria Brunetti, Filippo Bentivegna, Maurizio Beccherini, Orpheo Bartolucci, Mario Andreoli...
Mario Andreoli, détail de sa crèche de la Colline des Lumières (4000 m²...) qu'il illumine de début décembre à fin janvier à Manarola en Ligurie, photo extraite du site de la Galerie Rizomi à Turin (expo Ligurie brute)
L'accent est davantage mis sur la notion d'anticonformisme et d'utopie (ce qui explique "Babel" à l'arrière-plan des recherches de Gabriele Mina), sur la revitalisation de la culture populaire contemporaine longtemps refoulée à la suite de l'histoire italienne –le fascisme ayant apparemment dès les années 20 choisi d'imposer à la population une resucée de la culture classique gréco-latine– que sur une critique de l'art d'élite, cause à laquelle je me suis attaché plus particulièrement avec mon propre livre Eloge des Jardins anarchiques dont Mina pourtant se proclame proche. On distingue en effet mal en parcourant Costruttori di Babele si on a affaire à des créateurs cultivés ou à des autodidactes créant à partir d'une culture populaire. Au point que je me suis demandé en le lisant avec difficulté (le problème de la langue) si les créateurs populaires italiens au fond n'avaient pas davantage de culture que les créateurs prolétaires français... C'est une hypothèse qui serait à creuser, pas complètement hasardée si l'on pense justement à la richesse du patrimoine et de l'histoire artistique italienne que j'évoquais ci-dessus.
Bonaria Manca, Au travail, 1-11-1969, ph.Roberta Trapani
Un point qui découle de cette quête utopique babélienne, "réaffirmer une appartenance de ces expressions excentriques au paysage culturel qui les entoure" (écrit Mina dans son texte en français mis en lien ci-dessus) est la critique qu'opère l'auteur vis-à-vis de l'art brut de Jean Dubuffet, accusé au fond de stérilisation par l'enfermement "dans la vitrine d'une vague diversité qui satisfait les attentes et le voyeurisme", au lieu d'être détruit par "l'asphyxiante culture". On retrouve là une critique de la ghettoïsation dans laquelle les défenseurs orthodoxes de l'art brut version Dubuffet enfermaient les créateurs de l'art brut, en en faisant, comme me le confiait récemment Bruno Decharme, s'il me permet d'ébruiter cette confidence personnelle, de nouveaux "dieux" (ou des "saints", comme disait pour sa part Dubuffet)... Or, comme disent nos amis anarchistes, ni dieu, ni maître! On ne va pas recréer une hiérarchie à l'envers, comme le demande au fond le marché de l'art qui se précipite chaque jour un peu plus vite sur la viande fraîche de l'art brut.
Ce n'était pas ainsi qu'André Breton concevait les créateurs rangés dans l'art brut, il laissait dialoguer (un mot que Mina aime bien) les créateurs de toutes obédiences au sein de ses expositions internationales du surréalisme, il ne les mettait pas dans une réserve. Sans pour autant refuser de les documenter et d'indiquer leurs singularités. Les créateurs de l'art brut, les créateurs d'environnements n'étaient pas sans culture, la leur tenant davantage d'une culture populaire en miettes, en décadence, une culture dite de masse, un art modeste dirait Di Rosa aujourd'hui, dans laquelle ils repêchent les matériaux utiles à leur renaissance. C'est ma position dans mon Eloge. Et c'est ici effectivement que nous nous rejoignons Gabriele Mina et moi. De même que je lui suis reconnaissant d'avoir bien compris à quel point je refuse de me retrancher dans la rencontre avec les créateurs dans le film que j'ai écrit avec Remy Ricordeau, Bricoleurs de Paradis, parce que je trouve plus honnête de figurer à l'image avec les questions que l'on n'aura pas cachées.
A noter en outre que j'ai inséré à la demande de Gabriele Mina dans son ouvrage une réflexion sur la question de la conservation, ou non, des environnements d'autodidactes, intitulée La cura dell'ispirazione, Conservazione e prolugamento dei siti spontanei in Francia (en français: Entretenir l’inspiration, La conservation ou le prolongement des environnements spontanés en France), illustrée de trois photos montrant les sculptures abîmées de Gabriel Albert et de l'abbé Fouré.
Costruttori di Babele, vidéo
19:38 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Environnements populaires spontanés, Lexique et définitions des arts populaires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gabriele mina, costruttori di babele, bâtisseurs de babel, culture populaire italienne, banditi dell'arte, eleuthera, environnements spontanés, art brut italien, mario andreoli, bonaria manca | Imprimer
25/03/2012
Info-Miettes (16)
Jean Branciard le 5 avril
Jean Branciard expose à Lyon à partir du 5 (jour du vernissage) jusqu'au 28 avril à la galerie L'Oeil écoute, 3 quai Romain Rolland dans le 5e ardt. Il ne sera pas tout seul. Avec lui, seront aussi Nicolas Artheau et Chantal Roux. C'est ouvert du mardi au samedi de 14h30 à 19h, et le dimanche de 11h à 15h.
(Illustration ci-contre: Jean Branciard, lampe et autres, ph. Bruno Montpied, 2008)
La revue de l'OOA n°4
...est sortie. Cette revue sicilienne qui traite de sujets en rapport avec l'art brut et l'art qu'elle appelle "outsider" (les cas-limite, les annexes, les inclassables, les innommables...) n'est pas imprimée, et c'est dommage. Elle se télécharge seulement. Sa maquette est fort agréable, comme on aimerait en voir pour une revue de ce côté-ci des Alpes. Seule remarque de ma part, si certains graphismes dans cette revue paraissent fort séduisants, il commence à devenir un peu gênant de constater que certaines images – servant en particulier pour les couvertures – paraissent être des transpositions systématiques des oeuvres originales des créateurs "outsiders" auprès de qui on est sûr que l'on n'est pas allé quêter l'autorisation de pareils "transferts" (et pour cause, certains sont morts avant). Voir par exemple ci-dessous cette couverture du n° 4 de la revue, qui est une "réduction", me semble-t-il, à la ligne graphique unitaire de la revue, d'une peinture de Giovanni Bosco. En dépit de l'élégance de cette ligne graphique, je ne peux m'empêcher de songer que le design l'emporte un peu trop sur la reproduction des œuvres originales. Comme dans le cas de certaines expositions où les dispositifs muséographiques finissent par trop empièter sur la présentation objective des œuvres.
En tout cas, c'est l'occasion pour les amateurs qui voudraient en découvrir un peu plus par rapport à la créativité brute en Italie, de découvrir d'autres sons de cloches, orchestrées en l'espèce par Eva Di Stefano, et d'autres contributeurs (dont Roberta Trapani qui intervient ici pour signaler l'expo actuelle de la Halle St-Pierre à Paris, Banditi dell'arte). A noter aussi que l'on redécouvre à un certain endroit des oeuvres de Jean Branciard mises en parallèle avec des créations de Franco Bellucci (il me semble). Je ne peux qu'être ravi de cette confrontation par delà les Alpes, moi qui ai déjà évoqué la figure de Branciard ici même (voir ci-dessus, plus cette série de notes), ainsi que dans la revue Création Franche.
Evelyne Postic le 9 avril
Une dessinatrice que je trouve de première force vient faire un tour à Paris, à la Galerie de la Halle Saint-Pierre, du 9 au 26 avril (vernissage le 12 avril à 18h), parallèlement à l'expo "Banditi dell'arte". Evelyne Postic présente des dessins sur calque. "Vibrations originelles" cela s'appelle.
Evelyne Postic, Chrysalide de velours, encre sur calque parchemin, 15x50 cm, 2012
Des "paños" depuis le 16 mars
La librairie-galerie Le Monte-en-l'air, située 71, rue de Ménilmontant dans le 20e ardt à Paris (tél: 01 40 33 04 54), expose, avec l'aide de la Pop Galerie, de la revue Collection et du Dernier Cri, du 16 mars au 31 mars des paños, ces mouchoirs dessinés par les Chicanos enfermés dans les prisons du Sud-Ouest des Etats-Unis. La revue Hey! sous la plume de Pascal Saumade (qui se cache également derrière l'enseigne de la Pop Galerie) s'en était déjà enquise dans un de ses numéros passés. Ce fut la révélation d'une forme d'art populaire très contemporain à verser au dossier de l'art produit en milieu carcéral (au même titre que les tatouages, les graffiti, les dessins naïfs, les sculptures de taulards).
Cet art s'est développé, nous dit le texte de présentation que j'ai trouvé sur une carte postale annonçant l'expo, "dans les années 40 à la faveur du Pachuco movement. Griffées façon tattoo avec l'encre des stylos bille, ces étoffes enluminées véhiculent leurs propres codes, transmis d'une génération de détenus à l'autre. Ces dessinateurs autodidactes, souvent condamnés à de lourdes peines, puisent leur inspiration dans la sous-culture des gangs latinos de Los Angelés."
Et Zdenek Kosek au Palais de Tokyo le 12 avril...
Là, c'est la collection de l'association ABCD qui présente un de ses chouchous, Zdenek Kosek, du 12 avril au 5 juin (expo "Je suis le cerveau de l'univers"). Le vernissage est assez particulier, on nous l'annonce comme une fête qui durera pas moins de 28 heures (oui, vous avez bien lu, probablement jusqu'à ce que l'on soit ivre-mort), du jeudi 12 avril à 20h jusqu'au vendredi 13 à minuit (c'est aussi pour marquer la réouverture du Palais de Tokyo – j'ajoute que j'ignorais à ma grande honte qu'il fût fermé, vu que je n'y mettais jamais plus les pieds depuis que c'était devenu un espace voué à l'art contemporain dans ce qu'il a de plus barbant). Peut-être est-ce à mettre en rapport avec les supputations chiffrées, la passion des diagrammes superposés parfois à des corps de femmes dénudées que Kosek prise passablement? Il doit y avoir de la numérologie là-dessous (ou là-dessus), avec cette date fatidique du vendredi 13 en outre... Voici le carton de l'expo ci-dessous pour vous en dire plus. Cela faisait en tout cas un certain temps qu'ABCD, hormis les séminaires de Barbara Safarova au Collège International de Philosophie, n'avait pas présenté d'expo à Paris.
Christiane Alanore, une ancienne de l'art singulier
Du 4 avril au 20 mai 2012 (vrnissage le 7 avril), Christiane Alanore expose à la Galerie Pigments à Lurs, entre Lubéron et Montagne de Lure, en Provence. Je ne sais que peu sur cette artiste, probablement aujourd'hui octogénaire (elle a illustré un livre de Boris Vian, Cantilènes en gelée, en 1948 –ce qui fait quand même un bail– et puis aussi du Raymond Queneau, ce qui l'associe fortement à la 'Pataphysique).
Expo Galerie Pigments, Lurs
Le site de la galerie de Jacques Jaubert la présente fort succinctement, et dit d'elle qu'elle est une "figure de l'art brut", puisqu'elle a eu une correspondance avec Jean Dubuffet et que ce dernier aurait acheté dix de ses dessins pour la Collection de l'Art Brut aujourd'hui à Lausanne... C'est un peu exagéré de dire ça, j'ai l'impression, je préfère personnellement la voir comme une figure tutélaire de l'art singulier (qui regroupe des artistes contemporains influencés depuis l'après-guerre jusqu'à aujourd'hui par l'exemple moral et esthétique de l'art brut). Mon petit doigt me sussure qu'elle a dû faire partie de la collection dite d'abord "annexe", puis ensuite "Neuve Invention" (et aujourd'hui, que devient-elle, on n'en entend plus parler à Lausanne ?). Elle est à distinguer, me semble-t-il, des créateurs de l'art brut, non professionels, non en recherche de consécration ou d'exposition. Et je ne dis pas cela en visant son esthétique, assez proche de Dubuffet (quoique moins sombre) ou de Slavko Kopac, je ne songe qu'à sa classification sociologique au sein de la collection d'art brut. Car on l'oublie par trop, cette distinction, alors qu'elle a pourtant un sens important, puisqu'elle entérine un autre usage social de l'art comme je l'ai déjà plusieurs fois dit, notamment dans mon livre Eloge des Jardins Anarchiques.
00:23 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean branciard, evelyne postic, christiane alanore, art singulier, osservatorio outsider art n°4, giovanni bosco, art brut italien, panos chicanos, pop galerie, art modeste, art populaire contemporain, zdenek kosek, abcd, palais de tokyo, galerie pigments | Imprimer
15/03/2012
Les bandits font du cinéma
"I banditi dell'arte font leur cinéma", tel est le titre retenu par Pierre-Jean Wurtz, de l'Association Hors-Champ à Nice, et Denis Lavaud pour une programmation de courts et moyen métrages (en fait, un seul moyen métrage de 52 min) sur l'art brut, et hors-les-normes, et populaire contemporain, et environnemental spontané italien dans le cadre de l'expo Banditi dell'Arte qui s'ouvre le 23 mars à la Halle St-Pierre, programmation qu'ils ont prévue pour un week-end entier, les 24 et 25 mars (programmation conçue "à 90%" par Wurst et "à 10%" par Lavaud, selon les propres termes de ce dernier, voir cette interview glissée sur la Toile).
"Elefanti effervescenti, In the Cave" par un cinéaste vidéo anonyme proposant une balade du côté de Sciacca en Sicile dans le "Château enchanté" de Bentivegna, vidéo trouvée sur le blog en italien Lapsus (est-ce que par hasard, cela pourrait se traduire par "éléphants effervescents"? Ce qui constituerait un titre fort cousin de notre Gazouillis des éléphants à remy Ricordeau et à moi, qui est comme on sait le véritable titre de Bricoleurs de paradis ; mais peut-être fais-je une erreur, les "éléphants effervescents" en question n'étant peut-être que le nom du (des) cinéaste(s)?)
Cette programmation s'annonce d'ue richesse exceptionnelle. enfin des choses rares et précieuses comme nos deux compères savent en dénicher. On n'est plus dans le ressassement. Cela commence samedi 24 à 11h, avec Filippo dalle mille teste de Laura Schimmenti (2002), projeté entre 11h et 12h, sur Filippo Bentivegna, ce créateur sicilien qui avait semé des centaines de têtes sur un espace rocheux (réorganisées par la suite longtemps après sa disparition, me semble-t-il, peut-être pourra-ton en apprendre plus s'il y a débat?). Le film fait 30 min. et sera montré en présence de Lucienne Peiry. Pause. La programmation reprend à 14h avec I Graffiti della mente de Pier Nello et Erika Manoni (2002 ; 20 min.), sur les graffiti de Fernando Oreste Nanetti sur les murs de l'hôpital psychiatrique de Volterra. S'ensuivra un film de Stephan Burckhardt, de 1974 (5 min.) sur Podesta, en présence de Caroline Bourbonnais (qui conserve des oeuvres de Podesta à la Fabuloserie) et de Lucienne Peiry. On ne s'arrêtera pas en si bon chemin puisqu'on continuera avec Pittore Contadino (sur Pietro Ghizzardi), de Michèle Gandin (1963, 10 min.), en présence de la famille Ghizzardi, et Joseph Barbiero, de Christian Lamorelle (produit par France 3 Auvergne, 1985, 4 min.) en présence d'Alain Bouillet. L'après-midi de ce samedi pourra alors s'achever en beauté avec Le Sanctuaire de Buffo, de Glaüdio da Silva (2006, 20 min.), en présence de Martine et Pierre-Louis Boudra du musée des Amoureux d'Angélique venus tout exprés de leur Ariège chéri (et accompagnés d'une célèbre concierge de l'art brut, monsieur Maurice).
Illustration ci-dessus: un fragment de mur graffité par Nanetti dans son hôpital, moulé, et exposé l'année dernière à la Collection de l'Art Brut à Lausanne (photo Bruno Montpied)
Bonaria Manca, I Fidanzatini (Les fiancés), circa années 2000, coll BM
Dimanche 25, ça continue, à partir du début d'après-midi, le matin on fait la grasse matinée (à moins que Pierre-Jean et Denis se mettent en règle avec Dieu à la messe de onze heures?). A 14h, on commencera avec Giovanni Bosco, dottore di tutto, de Tore Bongiorno, Claudio Colomba et Carlo di Pasquale, Giovanni Navarra et Vito Ingoglia (2009, 25 min.). On enchaînera avec La Tinaïa, RGBForce/Associazione Nueva Tinaïa (2008, 14 min), en présence de Gustavo Giacosa, le commissaire de l'expo. Sans temps mort, on passera à Toy (sur Franco Bellucci ; 2006, 5 min.), de Ricardo Bargellini, Tiziano Camacci et Elena Govi (les Italiens ont apparemment la passion du collectif dans les noms des réalisateurs, même quand les films ne font que 5 minutes), en présence du premier des trois.
Marcello Cammi, un buste de personnage peu sympathique (peut-être un fasciste? Voir le calot représenté sur la tête), Bordighera, 1990, ph Bruno Montpied
Le programme se poursuivra avec I misteri dei sassi, Luigi Lineri e l'Adige, de Enrico Ranzanici (2007, 10 min.), en présence du créateur et de Paolo Mucciarelli (Luigi Lineri, collecteur de pierres qu'il ordonne dans un espace couvert d'une manière qui fait penser à une cité en maquette, est évoqué dans le livre de Gabriele Mina, Costruttori di Babele, que j'ai cité dans ma précédente note sur l'expo Banditi dell'arte). Deux films, faits par des Françaises cette fois, viendront enfin clore ce week-end d'art brut italien: Marcello Cammi, le jardin secret, de Muriel Anssens (1999, 12 min.), en présence de l'Association Hors-Champ (qui nous parlera peut-être de leurs essais de sauvegarde des oeuvres de Cammi?), et La Sérénité sans carburant (sur Bonaria Manca ; film de 52 min.; 2004), de Marie Famulicki, en sa présence et celle de Claire Margat.
ATTENTION! Si l'entrée est libre (auditorium de la Halle St-Pierre au sous-sol), il est conseillé de réserver sa place. Tél: 01 42 58 72 89.
10:56 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Cinéma et arts (notamment populaires) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : association hors-champ, pierre-jean wurtz, cinéma et arts populaires, art brut italien, filippo bentivegna, podesta, lucienne peiry, nanetti, ghizzardi, joseph barbiero, amoureux d'angélique, fabuloserie, luigi buffo, marcello cammi, gabriele mina, bonaria manca, luigi lineri | Imprimer
11/03/2012
L'art hors-les-normes italien, une nouvelle exposition à la Halle Saint-Pierre
Le printemps sera italien cette année. Du moins en ce qui concerne l'actualité des événements concernant la planète des arts bruts, naïfs ou populaires. C'est fait personnellement pour me plaire, étant donné les informations que j'ai souvent mises en ligne ici même sur le sujet.
Affiche de l'expo, Les "portes" de Francesco Nardi, coll privée, © Halle St-Pierre
"Banditi dell'arte" est le titre choisi par Martine Lusardy avec Gustavo Giacosa, commissaire désigné de l'exposition (j'ai déjà mentionné son nom en divers points de ce blog). C'est joli, ça fait bien ce titre, c'est offensif, les "bandits de l'art", mais est-ce bien tout à fait juste?... Les organisateurs de l'expo se fondent sur le fait que des travaux et des objets venus de collections historiques à la fois psychiatriques et carcérales, comme le musée Cesare Lombroso, le musée d'anthropologie de Turin et l'hôpital San Lazzaro de Reggio-Emilia (musée d'histoire de la psychiatrie) ont prouvé depuis longtemps le regard criminalisant qui fut porté sur certaines figures populaires créatives. Lombroso par exemple, au XIXe siècle, cherchait à mettre en évidence, en collectant tous les documents et objets possibles produits par des "criminels", l'origine innée de cette criminalité. Il allait jusqu'à trouver des traits physiques susceptibles d'être des marqueurs de la dangerosité des individus. Il lia folie, génie et criminalité, exerçant ainsi une influence notable sur les théories réactionnaires qui apparurent après lui, critiquant les avant-gardes artistiques (théories qui débouchèrent sur l'exposition nazie "d'art dégénéré" de 1933 en Allemagne, où furent mêlés œuvres expressionnistes, surréalistes, et travaux d'internés de la collection Prinzhorn, internés dont certains, comble de l'horreur, furent mis à mort par la suite dans les hôpitaux allemands).
Francesco Toris, Le Nouveau Monde, © Musée d'Anthropologie de Turin ; A noter qu'il manquerait selon Maria Teresa Dolfin, "découvreuse" de l'œuvre en 2002-2003, une pièce sculptée importante sur cette pièce, une "Chimère", que Toris considérait comme "la pièce maîtresse de son œuvre"
L'expo est construite ainsi en deux parties. La première donc, avec des travaux venus de ces collections –dont j'attends personnellement de voir avec beaucoup d'impatience l'extraordinaire maquette architecturée, en os de bovins, de Francesco Toris, "Le Nouveau monde" (1899-1905), sorti des réserves du musée d'anthropologie de Turin, véritable Tour de Babel arachnéenne, dressée depuis l'ossement d'une existence saccagée (à l'âge de 33 ans, cet ancien carabinier fut interné en hôpital psychiatrique), qui fut présentée pour la première fois en 2002-2003 par la Collection de l'Art Brut à Lausanne–, sans oublier les travaux venus des ateliers d'art pour divers patients en souffrance, comme Blu Cammello à Livourne, La Maninca Lunga, à Crémone, la Tinaïa à Florence, etc...
Quelques numéros de la revue Arte Naive dirigée par Dino Menozzi (69 numéros publiés à Reggio-Emilia de1974 à 2002), qui s'ouvrit à partir du n°59 (1997) à l'art "outsider" ; on y parlait déjà de plusieurs créateurs qui sont présentés à l'expo Banditi dell'Arte, voir aussi la note que j'avais consacrée à la donation Menozzi à la Bibliothèque Panizzi
La seconde partie est constituée, au premier étage (traditionnellement consacré à la Halle, sous un éclairage plus naturel, à l'art "ouvert"), aux "insiders" populaires par opposition aux oeuvres du rez-de-chaussée, espace du marginal, des créateurs enfermés, à tous les sens du terme, exposées du coup dans un espace noir, sans lumière venue de l'extérieur, "des représentants de l'art populaire contemporain" (selon les mots du dossier de presse de l'expo). Ces créateurs nous sont présentés comme des indépendants vis-à-vis du système des beaux-arts traditionnels, créant une "contestation institutionnelle et culturelle" (là aussi, je trouve cela exagéré). On y retrouve des "portes détournées" par Francesco Nardi, des peintures de Pietro Ghizzardi (que l'on a vu récemment exposé chez Christian Berst), des sculptures de Luigi Buffo (sauvées par le Musée des Amoureux d'Angélique dans l'Ariège ; voir photo Bruno Montpied ci-contre), des sculptures de Joseph Barbiero (préférées aux dessins du même). Y sont également évoquées les figures, récemment mises en lumière dans le livre sur les environnements spontanés italiens de Gabriele Mina, Costruttori di Babele, (les Bâtisseurs de Babel, éd. Eleuthéra), de Luigi Lineri, Vincent Brunetti, Mario Andreoli, Maurizio Becherini ou encore Marcello Cammi, ce créateur d'un jardin empli de centaines de statues à Bordighera, que j'ai chroniqué dès 1990 dans le Bulletin des Amis d'Ozenda, puis dans Raw Vision, et sur ce blog aussi.
Le livre de Gabriele Mina récemment paru en Italie, avec la collaboration de divers auteurs (dont mézigue)
A noter que la galerie Rizomi à Turin consacre à partir du 16 mars prochain, et ce jusqu'au 22 avril une sorte de rétrospective consacrée à Cammi, dont les sculptures furent balayées par une inondation de la rivière qui passait au milieu de son terrain. Un catalogue de 80 pages paraît à cette occasion (qui reprend mon texte de 1990 sur Cammi, Hôtel angoisse et jardin bachique, entre autres documents, et cette fois traduit en italien). (Voir ci-dessous dessin de Cammi à partir d'une tache de vin, coll. BM, et un détail de son jardin disparu à Bordighera, ph. BM, 1990)
Beaucoup de noms de créateurs sont mentionnés sur le carton d'invitation à l'expo, beaucoup étant à découvrir, d'autres à retrouver comme Filippo Bentivegna (connu depuis très longtemps par la Collection de l'Art Brut et le livre de Michel Random, l'Art Visionnaire, paru en 1979), Giovanni Podesta ou Carlo Zinelli, tous deux fort connus dans l'Art Brut, d'autres encore à confirmer comme Bonaria Manca, souvent chroniquée entre autres par Roberta Trapani, ou encore Giovanni Bosco, Marco Raugei, Oreste Nanetti, etc., etc.
Francesco Borrello, Atelier La Maninca Lunga, expo Banditi dell'Arte
Il reste qu'on s'étonne que les initiateurs de l'expo aient à ce point focalisé sur la notion de "bandits de l'art" qui évoquent une attitude offensive pas forcément patente chez les réprouvés ou les solitaires dont on met en évidence la créativité. Cette dernière s'exerce la majeure partie du temps, du reste, au sein d'une attitude non-violente. Ce qui colle mal avec cette vision activiste de l'art hors-les-normes ici mise en avant. Une posture hors-la-loi de pirate ou de brigand n'est pas spécifiquement l'attitude de la majorité de ces créateurs. Leurs expressions ne sont pas des brûlots dirigés vers la caste dominante. Mais plutôt le moyen de reprendre pied dans leur vie, dans un écart absolu vis-à-vis de la société de la multitude moutonnière. Un écart qui ne s'accompagne pas d'une prise d'armes pour autant... Tant et si bien que j'arrive à me convaincre que les commissaires de cette exposition, qui s'annonce certes passionnante, se sont faits surtout plaisir en titrant ainsi leur manifestation.
Enfin, une autre remarque. Il est loisible de déplorer que la Halle Saint-Pierre n'ait apparemment pas demandé de collaboration à Eva Di Stefano qui effectue depuis déjà un certain temps un travail remarquable de défrichage et d'étude sur l'art brut et outsider italien à l'ombre de l'Université de Palerme en Sicile. On se convaincra aisément de la qualité de son travail en allant télécharger les numéros de sa revue virtuelle Osservatorio Outsider Art qui a mis en ligne jusqu'ici trois numéros.
Et rappelons, au titre des manifestations ayant précédemment attiré l'attention sur l'art brut et hors-les-normes italien, l'exposition internationale d'art irrégulier, Beautés insensées, de 2007, qui, sous la direction de Bianca Tosatti, s'était tenue à la Salle d'Expositions du Quai Antoine Ier à Monaco. On y découvrait déjà, entre autres, les peintures de Tarcisio Merati, créateur que l'on retrouve annoncé dans Banditi dell'Arte.
Tarcisio Merati, Petite machine, sans date, Bergame, Association Merati ; photo extraite du catalogue Beautés insensées
"Banditi dell'arte", exposition ouverte du 23 mars 2012 au 6 janvier 2013, vernissage le jeudi 22 mars. Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, 18e ardt Paris. T: 01 42 58 72 89.
"Marcello Cammi", exposition à la galerie Rizomi, Turin du 16 mars au 22 avril, corso Vittorio Emmanuele II, 28, 10123 Turin. T: 01 15 78 88 08.
18:21 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : art brut italien, art hors-les-normes, banditi dell'arte, cesare lombroso, francesco toris, le nouveau monde, art dégénéré, francesco nardi, pietro ghizzardi, luigi buffo, boudra, gabriele mina, costruttori di babele, galerie rizomi, marcello cammi, eva di stefano, tarcisio merati, bonaria manca | Imprimer
04/09/2010
Nous, les sans voix, les sans visage...
"Nous, ceux de la parole toujours en marche...", tel est le titre (en italien) d'une exposition qui a commencé le 3 septembre et qui se terminera le 30 du même mois à Gênes, au Musée-Théâtre de la Commenda di Pré. Elle est organisée par Gustavo Giacosa et l'Association culturelle ContemporArt. Elle emprunte son titre à des vers du sous-commandant Marcos sur lesquels Gustavo Giacosa danse depuis des années, lui qui recherche les écritures laissées sur les murs des villes, choisies apparemment pour leur très grande invention et imagination, voisines des graffiti qui nous intéressent et dont ce blog s'est fait plusieurs fois l'écho.
Oreste Fernando Nanetti, reste de son mur gravé à Volterra, photo publiée dans Raw Vision n°63, été 2008 (article de Bettina Rudhof et Falk Horn)
L'exposition regroupe six créateurs très peu connus qui ont en commun d'avoir (eu) l'habitude de tracer divers textes ou proclamations sur des supports de fortune, papiers de rebut ou murs d'hôpitaux psychiatriques, comme par exemple Oreste Fernando Nannetti (1927-1994), qui grava avec la boucle de son gilet prés de deux cents mètres de mur de son établissement à Volterra, en Toscane, avec des symboles, des diagrammes, toute une science personnelle des correspondances. La collection d'Art Brut doit prochainement (en février 2011) réaliser elle aussi une exposition sur ces graffiti phénoménaux (il existe du reste un film à leur propos que je me souviens avoir vu commenté par Lucienne Peiry à Nice dans une des programmations du festival Hors-Champ). Les autres créateurs représentés dans l'exposition sont Giovanni Bosco le Sicilien, plus le vagabond surnommé Babylone (qui me fait penser au "griffonneur de Rouen" plusieurs fois évoqué dans ces colonnes) - errant à Mamoudzou, capitale de Mayotte, dans l'archipel des Comores, découvert par le psychiatre Régis Airault (un quasi homonyme de notre Régis à nous, auteur entre autres d'un livre qui doit être intéressant "Fous de l'Inde" chez Payot), et traçant des graffiti sur les murs avec un morceau de charbon, charbon qui est aussi le nom de la famille de son père... - Helga Goetze (1922-2008 ; ses messages à elle s'articulent autour de la jouissance sexuelle proclamée source de paix, message le plus souvent proféré devant une certaine église de Berlin), Carlo Torrighelli (1909-1983 ; ancien membre du parti communiste italien, il émet l'hypothèse, qui devint rapidement une rumeur ubaine particulièrement active dans sa ville, que l'église catholique avait créé une "vague tueuse" pour décimer les hommes et les animaux),et Melina Riccio, celle-ci illuminée, graffitant des messages de paix et d'amour sur toutes sortes de parties de l'espace public, y compris sur des statues de Vierge, et y compris parfois aussi sous forme de collage de mots comme dans la technique des lettres anonymes. Ces hommes et ces femmes paraissent pas très éloignés du Jeannot dont le plancher gravé de phrases dirigées pour certaines d'entre elles contre l'Eglise catholique se dresse devant lesmurs de l'hôpital Sainte-Anne à Paris.
C'est donc là une manifestation fort originale, et audacieuse, que monte Gustavo Giacosa, et que bien peu, de notre côté des Alpes, sont capables d'oser, tant le monde de l'art reste obsédé par ici par l'unique perspective du marché.
A noter que dans le cadre de cette exposition, le samedi 18 septembre à 17h, Gabriele Mina, autre grand passionné des formes d'expression brutes en particulier en Italie, présentera un documentaire intitulée "Lumières suspendues. L'oeuvre irréductible de Mario Andreoli".
19:18 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Fous littéraires ou écrits bruts, Graffiti | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nanetti, art brut italien, graffiti, fous littéraires, gustavo giacosa, gabriele mina, babylone, régis airault, helga goetze | Imprimer
29/08/2010
Info-Miettes (9)
Galerie Susi Brunner, Zürich
Je viens de recevoir des dépliants, une carte postale, pour m'inciter à aller faire mon marché - mon expéditeur me supposant collectionneur avisé - du côté de l'art brut à Zürich, à la galerie de Susi Brunner, apparemment une bonne adresse pour ce genre d'emplettes. "C'est depuis 1973 que je m'implique de façon professionnelle dans l'art "outsider" et l'Art Brut", écrit-elle dans une courte présentation traduite en français dans sa présentation de la galerie. Le programme des derniers mois de 2010 s'annonce comme d'habitude stimulant: nous aurons ainsi Umberto Gervasi, Giuseppe Zivieri, Alberto Guindani et Nicola Gianini, quatre créateurs apparemment italiens - l'Italie se fait beaucoup remarquer ces temps-ci du côté de l'art brut ; voir Bonaria Manca, ou ce Giovanni Bosco sur lequel un blog parallèle, celui de la Madame Figaro de l'Art Brut, en fait des caisses depuis déjà quelque temps - quatre créateurs qui exposeront entre le 18 septembre et le 18 octobre ; un certain Alain Signori, venu de France (une sorte de figuratif naïf on dirait? Il y a pas mal de renseignements sur lui et ses travaux sur internet, notamment un site web à lui seul consacré), exposera ensuite de ce 18 octobre jusqu'au 18 novembre, date à laquelle sera fait place aux "acquisitions" de la galerie et ce jusqu'au 18 décembre, date à laquelle les relaieront Paul Amar et ses boîtes de saynètes incrustées de coquillages et autres loupiotes parfaites pour aller avec les arbres de Noël qui refleuriront, façon de parler, un peu partout en Europe en cette fin d'année... Un film de Philippe Lespinasse sur Amar (déjà ancien) sera également projeté à cette occasion.
Galerie Susi Brunner, Spitalgasse 10, Suisse, 8001 Zürich. Tél 41(0)44 251 23 42. www.susibrunner.ch
*
Jarousse chez Chave
La galerie Alphonse Chave de son côté poursuit son défrichement des créateurs un zeste obsessionnels en exposant du 21 août au 30 novembre Isabelle Jarousse et ses oeuvres en papier épais, couverts de faunes et flores divers dessinés méticuleusement à l'encre par-dessus des vagues et des plis tortueux. Nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer sur ce blog ainsi que dans la revue Création Franche (n°23, cotobre 2003, article Sans paroles, Isabelle Jarousse).
A signaler la parution d'un catalogue à l'occasion de cette exposition, reproduisant 25 oeuvres d'Isabelle Jarousse, faisant partie d'une série intitulée "Fleurs et couronnes", avec un texte de Damien Chantrenne. Deux expositions supplémentaires consacrées respectivement à Pascal Verbena et à "l'Art Brut et ses alentours" se poursuivent dans la même galerie, à ses premier et second étages.
*
Insectes en tous genres à Verderonne
Photos et dessins d'insectes sont au menu de l'expo d'été qui se poursuit actuellement au Centre Artistique de Verderonne, animé par Caroline Corre dans l'Oise jusqu'au 27 novembre prochain. Pour les photos (d'Alain Muriot), je suppose que c'est de la photographie entomologico-poétique, style Roger Caillois (à seconde vue, ce serait plutôt proche des évocations de Nabokov). Pour les dessins, nous avons l'occasion ici de retrouver les bestioles voraces de Michel Boudin, que j'ai déjà aussi eu l'occasion d'évoquer ici et là (dans le catalogue de l'exposition Créations et Visions Dissidentes au Musée de la Création Franche à l'automne 2001).
18:05 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galerie susi brunner, art brut, art immédiat, michel boudin, isabelle jarousse, galerie chave, paul amar, art brut italien | Imprimer