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12/08/2016

Cecilia Gimenez et l'art naïf de certaines églises françaises (Journal de voyage en Espagne, 2)

    C'est l'été, je ne vous apprends rien. Et me revient tout à coup l'évocation que je fis sur ce blog du Christ restauré (rénové, je préfère dire!) par Mme Cecilia Gimenez dans une chapelle à Borja, non loin de Saragosse. Voir cette note (adornée de pas moins de 66 commentaires en son temps...). Les travaux préparatoires de cette restauration furent suspendus lorsque les paroissiens et les fanatiques du patrimoine religieux espagnol s'effrayèrent devant l'état transitoire de la dite restauration. Mais à mes yeux, et à ceux de quelques autres admirateurs de la geste brute, cet "état transitoire" paraissait une œuvre de plein droit, relevant involontairement de l'art brut. Elle est d'ailleurs restée en place (en tout cas, elle l'était encore à l'été 2015, lorsqu'une équipe du Poignard Subtil passa la voir), puisque, devenue phénomène de foire, attirant les foules en raison d'une notoriété ambiguë, la modification au départ vue comme sacrilège s'était transformée en bizarrerie digne d'être contemplée.

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Les deux états du Christ peint par un certain Martinez à gauche et par Gimenez à droite...

La fresque (2) au christ dans l'église.jpg

Situation en 2015 du Christ de Mme Gimenez dans l'église du Sanctuaire de la Miséricorde, à côté de Borja, ph. Bruno Montpied

Le christ (2) restauré par C G, 2015, phénomène médiatique_edited.jpg

Le Christ refait par Mme Gimenez est sacralisé désormais par une plaque de verre destinée à le protéger, ph. B.M., 2015 

 

    Relevant involontairement de l'art brut... Ou de l'art naïf religieux. C'est une photo de tableau dans une église auvergnate, récemment transmise par le camarade Régis Gayraud, qui m'a fait faire le rapprochement. Je trouve qu'il y a un apparentement possible chez certaines figures de ce tableau avec le christ gimenézien. Comme si cette dernière avait été sur la voie d'une vision bruto-naïve...

Egliseneuve d'Entraygues, tableau religieux naïf, ph Régis.jpg

Tableau naïf dans l'église d'Egliseneuve d'Entraigues (Puy-de-Dôme), ph. Régis Gayraud, 2016

02/03/2014

Gabriel Papel (Frère Théodose Lucien) et sa "Blanche Nef"

     Il y a quelque temps (faut pas que j'écrive "des lustres" parce que la mère Corvisart va encore me tomber sur le râble, d'autant que c'était seulement l'année dernière), j'ai évoqué du bout du clavier les pages d'un manuscrit aux splendides illustrations naïves qui passait en vente à Marseille en provenance de la collection Marc Billioud.

 

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Gabriel Papel, La Blanche Nef, Recueil d'Histoires, de Contes, de Vues, de Voyages imaginaires dans les plaines éthérées, prix 880 000 francs...

 

    Cela m'a valu une correspondance avec le bienheureux acheteur de ce manuscrit (qui préfère rester anonyme), dans laquelle, outre quelques-unes de ses illustrations, il me donne quelques précisions sur le récit empreint d'un joyeuse imagination débridée pour ne pas dire délirante. Il semble que l'auteur soit un moine puisque l'on trouve mentionnée sur une page du manuscrit la signature imprimée "Gabriel Papel, Frère Théodose Lucien" (je ne sais dans quel ordre on doit lire ce deuxième nom). Le manuscrit date de 1912 et évoque des événements liés à cette époque qu'il remixe au sein d'un nouvel ordre personnel. On reliera ce manuscrit, œuvre peut-être unique d'un autodidacte isolé, aux autres manuscrits enluminés par des écrivains-illustrateurs naïfs déjà évoqués sur ce blog, ceux de Marguerite Bonnevay (début XXe siècle) ou de Joseph Laporte, ancien tambour de l'armée de Bonaparte (début XIXe siècle).

 

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    Ci-dessous je mets en regard des aquarelles rehaussées à la gouache et leurs descriptifs tels que rédigés par mon honorable correspondant.

 

Image 8.png"Michel Louis, porte-drapeau revenu de Pékin"

 

 

 

 

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(Ci-dessus sont évoqués...) "Une "Blanche Nef construite en Rubidix" dont les hélices "mues par l'Ethérixité" parcourent le monde : un conflit italo-turc, une sombre forêt du Congo, un "palais dans le Tibet", le Vésuve, le Canada, Marseille, le Japon ... Autant de lieux où ce vaisseau spatial s'en va sauver les corps et les âmes, une mission divine, tout un programme..."

     L'image ci-dessous "raconte l'histoire de Léonie Lacas passagère en 3ème classe du Titanic. "La nuit du terrible choc Léonie ne put trouver place dans aucune barque"... "Elle nagea longtemps dans l'eau glacée". Mais la Blanche Nef la ramènera dans sa maison."

 

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La page suivante "raconte l'histoire d'un prisonnier qui reçoit une orange de l'Eden dont "la deuxième tranche renfermait ce palais merveilleux que vous voyez"."

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"C'est le récit du petit Léon qui fabrique une maquette de bateau que la Blanche Nef va transformer en un navire extraordinaire l'Australian."(Ci-dessous)

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Ensuite "l'auteur nous parle d'une famille qui grâce à la Blanche Nef va faire "une promenade dans l'étoile Altaïr"."

 

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 Puis, "c'est l'histoire de la petite Angelou Duplan qui habitait au pied de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille et qui parce qu'elle était très pieuse verra ses vœux exaucés par la Blanche Nef."

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"Dans ce récit un vieil homme pauvre, monsieur Laramè qui va être récompensé, sa cabane se transforme en château parce qu'il avait partagé son "frugal souper" avec 3 enfants orphelins." (Voir ci-dessous) 

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Enfin, "c'est l'histoire d'un tyran qui s'appelle Barberousse et qu'un certain Achille aidé par la magie de la Blanche Nef va punir pour tous ses méfaits."

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06/07/2011

Cheminement d'un papotier

      Un papotier, est-ce que cela papote? Est-ce que cela n'a rien à voir avec l'argile et le métier qui lui donne forme? Est-ce un voisin du compotier? Un papotier, je gage que vous n'en aviez jamais entendu parler, c'est cela, tel que je le découvris sur une carte postale ancienne:

CP-du-papotier.jpg

     Etrange facétie qui consista vers 1590 à sculpter cette effigie à la mâchoire toujours prête à se décrocher, aux yeux roulant dans des orbites selon des axes distincts, qui papotait quand la fantaisie en prenait à l'organiste qui l'actionnait de derrière son orgue en pleine église. Il s'en passait de bonnes autrefois. En tout cas l'objet est rare, la plupart de ses semblables ont disparu, on se demande bien pourquoi...

 

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Papotier provenant de l'église Notre-Dame d'Avénières, près de Laval, Coll. Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier du Vieux-Château de Laval, ph. Bruno Montpied, 2011

 

      Tout à coup, en passant récemment par la patrie du Douanier Rousseau, au musée d'art naïf et singulier de la ville, quelle ne fut pas ma surprise de retomber sur le papotier, mais cette fois grandeur nature, un peu abandonné, à l'écart dans une tour du Vieux-Château... La notice y explique que la figure grotesque avait été enlevée du buffet d'orgue de l'église en 1878 et qu'elle avait été conservée dans une collection privée jusqu'à sa vente en 2006. On y ajoute que "les sculpteurs et facteurs d'orgue [au XVe-XVIe siècles] surchargeaient les buffets de carillons, automates vociférateurs, têtes grimaçantes "et menus attrafuz destinés à l'amusement des petits et des grands". Nul doute que les "petits et les grands" devaient effectivement grandement s'esclaffer devant cette tête dont les yeux roulaient dans deux sens différents tandis que la mâchoire s'ouvrait si largement qu'on eût pu croire à son complet et imminent décrochage. Les messes ne s'en trouvaient-elles pas troublées du coup? N'y eut-il pas quelques bonnes âmes ulcérées devant ces innocentes farces, perçues peu à peu comme vaguement sacrilèges, d'où leur disparition consécutive durant nos siècles dits modernes...? A voir. Le hasard me mit une fois de plus sur les traces du papotier. Chez un camarade brocanteur, je trouvais une ancienne brochure annonçant une vente chez Drouot, en 2006, sous le patronage de l'expert Martine Houze. En couverture, le papotier était mis à l'honneur. C'était dans cette vente que le musée d'art naïf de Laval avait fait ses emplettes, à n'en pas douter.

 

Vente-au-papotier-2006.jpg

Page-du-catalogue-2006.jpg

A noter que la notice de ce catalogue, due sans doute à Martine Houze, avance le nom d'un "maître menuisier" du nom de Jean Dubois (nom prédestinant encore une fois), comme sculpteur de la tête en 1590. La légende de l'ancienne carte postale placée au début de cette note signale le nom de Florentin Lusson comme auteur plutôt de l'orgue que du buffet. Jean Dubois qui "faisait jouer les estoiles"... C'est joliment dit.

 

     

07/07/2009

Le Menhir de St-Duzec, une autre image

     L'association Gepetto, au Carla-Bayle dans l'Ariège, a réagi à ma récente note sur le menhir de St-Duzec-en-Pleumeur dans les Côtes d'Armor en m'envoyant une autre photo ancienne du même monument, que surveillent deux jeunes femmes charmantes à son pied. On y voit la scène de crucifixion en voie d'effacement, ce qui date la photo d'une année postérieure à celle de la carte postale que j'avais mise en ligne. Années 1930, 1940? Les deux jeunes femmes habillées en blanc semblent toutes eux mordre... dans une pomme? Cela crée un contraste coquin avec la christianisation sommitale du menhir contre lequel elles s'appuient avec une désinvolture quasi sensuelle.

Menhir de St-Duzec-en-Pleumeur, document collection Association Gepetto.jpg
Document transmis par l'association Gepetto
Menhir de St-Duzec, Détail,Collection Association Gepetto.jpg
Péchés originels forever...

 

 

 

10/01/2008

Comment un certain art que nous aimons se diffuse dans la vie quotidienne

   

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     Cette vitrine d'une rue de la Presqu'Ile à Lyon ne ressemble-t-elle pas à un véritable reliquaire, saturée qu'elle est de bijoux et autres verroteries, faisant songer que l'étalagiste a dû être influencé, de façon diffuse ou plus directe, par divers ouvrages ou expositions sur les "objets de dévotion" et autres oeuvres d'art populaire religieux? Transmettant à son tour son regard aux passants dérivant devant sa vitrine...