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16/10/2012

Week-end immersif chez les bandits

    La Halle Saint-Pierre propose comme on le sait de temps à autre des animations qui peuvent durer le temps d'un week-end. Celui qui arrive bientôt, les 27-28 octobre, à l'ouverture des vacances de Toussaint, va fournir pêle-mêle des "conférences, débats, lectures, musique, films, en compagnie de philosophes, historiens de l’art, anthropologues et artistes..." Il paraît que ce sera, je cite encore le laïus de la communicante de la Halle, "une occasion de prolonger les questionnements pluriels mis en œuvre par l’exposition" (Banditi dell'Arte). Comme je ne suis pas là pour donner systématiquement une information complète sur les manifestations (les sites web, c'est pas fait pour les chiens, si vous voulez avoir le programme complet, cliquez, mes bons amis), je ne vous indiquerai que ce qui a retenu mon attention et suscité mes velléités de déplacement pour assister aux interventions ci-dessous, à savoir les conférences du samedi matin autour de Lombroso et du musée d'anthropologie criminelle de Turin (dont plusieurs pièces présentées dans l'expo au rez-de-chaussée demandaient d'en apprendre plus sur cette collection) avec notamment à la fin de la matinée (semble-t-il), l'intervention intitulée "Collection Lombroso : du document à l’œuvre", par Barbara Safarova, "présidente de l’association abcd, docteur en philosophie, maître de conférence en esthétique" (n'en jetez plus). L'après-midi du samedi, je crois bien que j'irai me promener ailleurs (d'autres expos à voir). Je ne reviendrai, je le crains et je l'imagine, que le dimanche après-midi de 14h à 18h pour Marc Décimo (conférence "les pierres parlent et nous on les écoute"), Marina Giordano (art et textile chez les outsiders italiens), Laurent Danchin (qui nous causera des "Banditi della critica", vaste programme) et Lucienne Peiry (pour le "désencadrement de l'art chez Podesta, Bosco et Nanetti"). Je ne pense pas pouvoir rester pour le concert de clôture (Gustavo Giacosa et le Fausto Ferraiuolo Trio Jazz) se rapportant "aux chants de  bandits et à un hommage à Pier Paolo Pasolini". Ce dernier ne m'intéresse que très faiblement en effet. Mais chacun est libre d'en juger autrement, n'est-ce pas.

 


14/04/2012

Quatre jours singuliers à Nantes avec entre autres le Gazouillis des Eléphants

Cette note contient une mise à jour

 

     C'est marqué "Un week-end singulier", mais c'est prévu pour durer quatre jours. Ils ont de la chance ces Nantais d'avoir des week-ends de quatre jours. Cela se passe au Lieu Unique, scène nationale, aménagée dans l'ancienne usine Lefèvre-Utile (ceux qui faisaient les petits LU), quai Ferdinand Favre, pas loin de la gare. Voir pour plus de précisions, le programme présenté sur leur site web, avec quelques bandes-annonce, que l'on peut aussi imprimer à partir du fichier en PDF que je vous propose en lien.

 

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L'affiche de l'événement, avec, je ne sais trop pourquoi, cette desperate housewife en compagnie d'une peluche kitsch, est-ce à dire que les créateurs populaires seraient dans l'esprit des concepteurs de ce week-end singulier assimilables au kitsch? En réalité, comme j'ai pu le constater en visionnant le film de Mario Del Curto et Bastien Genoux samedi 21 avril, l'image représente la médiumnique Henriette Zéphir dont on a extrait hors contexte ce portrait, cette extraction pouvant du coup légitimer ma première interprétation... J'en profite pour dire ici mon admiration pour ce film qui donne une certaine idée de la transparence et de la fluidité ; on aimerait vivre à la table à dessin pleine de lumière de ce zéphir... (ajout du 26 avril)

       C'est une programmation qui louvoie, dois-je dire, entre offres de contre-culture (concerts de musique avec entre autres celui d'un disciple de Moondog, Stephen Lakatos, exposition des dessins de Daniel Johnston – que j'eusse préféré voir sur scène personnellement, le trouvant nettement meilleur musicien que dessinateur –, présentation par Laurent Danchin de la revue L'Œuf Sauvage), et programmation de documentaires consacrés à l'art brut et aux inspirés des bords de route. Et c'est là que nous intervenons, samedi 21 avril, de 15h à 17h, avec une projection du Gazouillis des Eléphants (véritable titre des Bricoleurs de Paradis, titre que nous avons proposé parce que le premier avait déplu à un certain ponte de France 3...), le film de Remy Ricordeau, coécrit en ma compagnie, et une présentation concomitante de mon livre Eloge des Jardins Anarchiques, qui, à la lumière d'une discussion avec Eva Prouteau débouchera sur une autre présentation, le n° spécial récent de la splendide revue 303 consacré à "l'art outsider, brut, modeste". A signaler qu'à propos du film, Remy a également donné une petite interview à Aude Lavigne sur France-Culture tout récemment, dans l'émission "La Vignette" que l'on peut réécouter dans les podcasts de cette chaîne, voir ici le lien pour l'écouter.

Avec notre film, on retrouvera également des films de Mario Del Curto (sur Pya Hug, Macoto Toya, et Henriette Zéphyr), de Dominique Clément (Les Jardins de l'Imaginaire, sur Eugène Santoro), toujours le samedi (de 18h à 20h). Le dimanche, on retrouvera aussi le film de Bruno Decharme, Rouge Ciel (de 15h à 16h45), suivi d'une table ronde Decharme + Barbara Safarova + Sarah Lombardi, puis des films de Philippe Lespinasse (Judith Scott, Diamants bruts du Japon, et Ataa Oko) suivies d'une discussion avec Sarah Lombardi de nouveau, la nouvelle directrice intérimaire de la Collection de l'Art Brut (le tout entre 17 et 18h30). Qu'on se le dise, amis nantais et d'ailleurs...

07/03/2011

Séminaire d'art brut au Collège philosophal

    Non, non, non, ça ne s'écrit pas comme ça mais bien Collège International de Philosophie, ce qui donne en sigle CIPH, mais pas ammoniacal. La mode des séminaires sur l'art brut bat son plein, il y avait le CrAB (est-ce que c'est bien comme ça les différentes tailles de lettres dans leur sigle à eux?) qui s'est déjà mis sur les rangs dans le cadre de l'INHA (Institut national d'Histoire de l'art, 2, rue Vivienne, Paris 2e, en accès libre), avec des conférence pointues en matinée (9h30-12h) sur l'art brut et la folie (le 31 mars), les écrits bruts le 14 mai, les architectures spontanées, le 17 septembre, art brut et primitivismes le 19 novembre... Que de sigles, que de sigles, fais-moi un sigle, pourrait-on reprendre en choeur.

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     Au CIPH, c'est Barbara Safarova de la collection et association ABCD qui est maîtresse d'oeuvre. En préambule de la première année de son séminaire (parti pour se tenir six ans), qui s'intitule "Quêtes identitaires et inventions du corps à travers les oeuvres d'art brut", Mme Safarova écrit: " Face au bombardement d’images normopathiques, souvent obscènes, qui nous entourent et qui prétendent définir toute forme identitaire, les œuvres d’art brut offriraient-elles un échappatoire ? Un point d’ancrage, une direction possible pour nos quêtes de vérité et de sens ? Face à certaines d’entre elles l’émotion nous saisit, proche du vertige ; on ressent l’inquiétude, parfois l’angoisse de se confronter à une «horrible découverte», celle de la chair chaotique et informe. Dans le même temps, on se sent happé, fasciné par leur pouvoir salvateur, qui semble nous donner accès à une forme de savoir universel, proche de «l’illumination»." La barre est d'emblée mise très haut, l'art brut se voit investi d'une mission menant au savoir universel, et en l'espèce capable de remettre en cause les "images normopathiques" notamment du corps (en regard, le programme du CIPH montre une des oeuvres de Lubos Plny,Lubos Plny.jpg sorte d'anatomie écorchée abstraite et visionnaire, que je trouve personnellement plus savante que "brute", ce qui ne réduit en rien sa force je m'empresse de l'ajouter). L'art brut serait-il du côté de l'écorché, sans jeu de mots? Et du coup serait fort proche de cette peinture si à la mode aujourd'hui dans l'art contemporain qui consiste à exhiber les dessous du corps humain, coupé en tranches et coulé dans la résine, ou dénudé comme un poulet déplumé (Rustin), ou coulant comme une lente dégobillade humaine dans un raffinement coloré (Bacon)? Peut-être, cela vaut réflexion (après tout Bellmer et ses anatomies démantibulées marchaient sur ces traces-là lui aussi). Mais n'y aurait-il pas en ce moment aussi une certaine tendance inconsciente à faire évoluer le concept d'art brut vers un concept d'art-le-plus-créatif qui se rapproche de plus en plus du concept de l'art tout court? Ce genre de question se retrouvera-t-elle posée au gré des différentes interventions inscrites dans le programme du CIPH au premier trimestre de cette année? A voir donc. Suivez le programme. A noter que la première rencontre aura lieu le 10 mars prochain.