22/11/2020
La poésie aujourd'hui (1)
Cadavres exquis
Darnish, Laurent Mahuas, Bruno Montpied
(séance de la nuit du 1er janvier 2016, vers 3h du matin)
1.
Et il s’est perdu.
Oui, dans la boîte où étaient rangés les os de son père.
Pourtant, il était un modèle
Qui montrait de bien belles jambes.
J’aime les belles fesses, surtout les grosses.
C’est ce que tout le monde demande à Quentin.
2.
La barrière était trop mouillée pour un drapeau.
Elles levaient la main pour demander à ma femme de chanter à tue-tête.
Cela causait du tapage dans le garage de tous les jours,
Ton four rempli de grains de raisin qui fondent sur
Une grande maison pleine de singes qui grimpent aux rideaux en criant :
Je n’en peux plus !
3.
La couleur verte m’a longtemps ennuyé.
Elle est très belle, trop belle même
Mais je me sens un Superman.
A Concarneau, je pêchais le plus beau poisson du monde.
Certes !
Et on s’en ira vers le bord de mer des algues qui ressemblent aux cheveux, bien sûr !
Car je suis un cochon.
4.
(Laurent Mahuas, Bruno Montpied)
L’ourlet déchiqueté de sa jupe,
Je n’en ai rien à foutre.
Là, au fond de la trompe de l’éléphant,
Une petite chapelle inconnue
Baisse les yeux
Avec le temps.
20:57 Publié dans Littérature, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : cadavres exquis, darnish, laurent mahuas, bruno montpied, poésie contemporaine | Imprimer
09/10/2019
Une histoire de modification sur œuvre préexistante : José Guirao/Bruno Montpied
L'histoire de l'art moderne recèle, si l'on veut bien y plonger, loin des chemins battus, des expérimentations d'art en commun qui devraient bien faire l'objet d'une exposition dans quelque musée (si les "curateurs" pouvaient oublier leurs sempiternels tropismes individualistes classiques). On connaît les cadavres exquis des surréalistes dont il existe de nombreux résultats fort séduisants, réalisés en différentes techniques, (dessin, pastel, collage, en tailles variées...). Mais du temps de Cobra, ou des groupes variés post-Cobra, voire les situationnistes artistes (au début du mouvement), on a pu aussi rencontrer de nombreux exemples de travaux exécutés en commun, peintures, bas-reliefs muralistes, maisons peintes intérieurement... L'initiative de créer en commun s'est perpétuée jusqu'à nous, d'après ce que j'en sais, essentiellement à travers des jeux pratiqués par les groupes surréalistes divers et variés qui subsistent encore actuellement. De même ce genre d'expérience a pu se pratiquer dans les cours d'art plastiques alternatifs, que ce soit en milieu scolaire ou en milieu péris-scolaire (j'ai ainsi personnellement beaucoup peint avec des enfants, notamment de maternelle ; mais dès que je le peux, j'aime continuer aussi à peindre en commun avec d'autres artistes).
Bruno Montpied et Petra Simkova, sans titre (cadavre exquis en forme de bandeau ou de frise), 1999, ph. Bruno Montpied.
L'art en commun peut se vivre de plusieurs manières, et par exemple par la modification d'une œuvre préexistante – certains diraient par le détournement, mais je veux rester fidèle à l'emploi du mot "modification" qu'avait choisi le peintre et théoricien danois Asger Jorn, qui modifia picturalement beaucoup de croûtes trouvées aux Puces.
Tout cela dit pour présenter les deux oeuvres ci-dessous exécutées par mézigue et par un camarade, José Guirao, à partir d'une même affiche, représentant un pic, dont je donne l'image originale. Nous l'avons chacun de son côté copieusement caviardée je dois dire, au point qu'il n'en est resté que quelques reliefs – si l'on peut dire pour cette image en deux dimensions. Je me demande si d'autres artistes se livrent à ce genre d'expérimentation en commun, ailleurs, aujourd'hui...?
Un pic, affiche éditée d'après une planche de zoologie de la bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
Première modification, par José Guirao:
Deuxième modification (intitulée Le Démiurge), par Bruno Montpied:
Chaque œuvre, de 2019, faisant 53,5 x 38 cm.
00:52 Publié dans Art collectif, Art singulier, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art en commun, art collectif, cadavres exquis, modification, cobra, surréalistes, asger jorn, situationnistes, muralisme, expérimentation artistique, bruno montpied, petra simkova, josé guirao, peinture caviardée | Imprimer
25/07/2014
Chaîne de métamorphose
Suite à l'expo "La Chasse à l'objet du désir" qui s'est tenue en juin à Montréal, j'ai reçu une proposition de participation à une chaîne de création interminable où il s'agit de transformer, au départ, une gravure ancienne représentant la coupe d'un cerveau, de participant en participant en une métamorphose continue. C'est David Nadeau qui a lancé ce projet et qui s'en fait l'écho sur un blog créé tout exprès, appelé La Vertèbre et le Rossignol, sous-titré "Expérimentations surréalistes". On clique ICI (je mets le lien en capitales pour les Clermontois myopes). On vous y dira tout ce que vous voulez savoir pour participer à votre tour au jeu des re-créations infinies.
La coupe du cerveau, l'image initiale envoyée par David Nadeau
Curieusement, David Nadeau a déjà décomposé les interventions en deux séries. Du coup on obtient plusieurs chaînes. Vous choisissez celle que vous voulez (peut-être même que vous pouvez participer à toutes). Moi de mon côté, après avoir renvoyé mon intervention (visible sur le blog en question), j'ai continué en solo à interpréter le cerveau découpé afin d'en tirer une œuvre finie, une modification. Avis aux amateurs de cadavres exquis donc...
12:10 Publié dans Art collectif, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cadavres exquis, david nadeau, la vertèbre et le rossignol, expérimentations surréalistes, surréalisme au québec, cerveau, métamorphoses, chaîne, la chasse à l'objet du désir | Imprimer
18/01/2011
Voeux singuliers
Je ne cache pas que les voeux de nouvel an me laissent passablement dubitatif. Certes, je n'en veux pas à ceux qui me disent bonjour chaque fois qu'on se croise pour la première fois dans une journée. Après tout, on pourrait voir les voeux de nouvel an comme une salutation spécifique pour la première fois de l'année. Ah bonjour, vous êtes encore là? (Car c'est peut-être ce qui est sous-entendu par "Bonne année, bonne santé"...?). Ceux qui meurent dans l'année qui suit avaient d'abord essuyé en début d'année les voeux de leur semblables leur souhaitant de vivre une bonne année, la vraie poisse en somme. Est-ce à cela qu'a pensé Laurent Jacquy en publiant ces temps-ci, à l'enseigne des Beaux Dimanches, Avec par ordre de disparition, Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres, tomes 1 et 2 ?
Les Beaux Dimanches, Laurent Jacquy, beauxdimanches@orange.fr ; ci-dessus, la chronologie macabre est tirée du tome 2 de cette mini publication
Laurent Jacquy, extrait du Tome 1 du Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres
Extrait du Tome 2
C'est pourquoi ma préférence, plus qu'aux simples voeux formulés plus ou moins machinalement, va aux oeuvrettes qui prennent prétexte de ces voeux pour pouvoir déployer une autre facette du talent de leurs auteurs, cartes postales spécialement éditées pour l'occasion avec quelque chose de singulier dans leurs atours, voire oeuvres graphiques ou autres spécialement conçues pour l'occasion, parfois variantes de l'art postal.
Joseph Donadello, dont je parle sur ce blog et qui sera au sommaire de mon prochain livre sur les Jardins Anarchiques, a édité une carte de voeux luxueuse où on le découvre paraissant attendre avec bienveillance le chaland occasionnel. Derrière et autour de lui sont ses coupes glanées aux champs de bataille des boulistes et ses peintures naïvo-bruto-singulières qui sont une des autres facettes de son talent, à côté des sculptures qu'il dissémine dans son jardin. Je crois savoir que ses peintures sont à vendre.
De leur côté, le musée des Amoureux d'Angélique (alias l'association Geppetto, alias Martine et Pierre-Louis Boudra, dans le village du Carla-Bayle en Ariège) ont sorti une carte où sont réunis une pièce sculptée de Roger Beaudet (représentant le couple Boudra) et un arbre couvert d'oiseaux naïfs qui serait dû à "un vagabond russe" croisé du côté de Villemur-sur-Tarn.
Mais la palme de la création la plus délicieuse revient pour moi sans conteste au binôme Géha + Pierre Albasser qui m'ont envoyé au croisement des deux années le cadavre exquis ci-dessous, intitulé Bi:
Geha et Pierre Albasser, Cadavre exquis, 2010
02/01/2010
Sapin de Noël retardé
23:55 Publié dans Art collectif, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cadavres exquis, sapin de noël, art immédiat | Imprimer