22/11/2020
La poésie aujourd'hui (1)
Cadavres exquis
Darnish, Laurent Mahuas, Bruno Montpied
(séance de la nuit du 1er janvier 2016, vers 3h du matin)
1.
Et il s’est perdu.
Oui, dans la boîte où étaient rangés les os de son père.
Pourtant, il était un modèle
Qui montrait de bien belles jambes.
J’aime les belles fesses, surtout les grosses.
C’est ce que tout le monde demande à Quentin.
2.
La barrière était trop mouillée pour un drapeau.
Elles levaient la main pour demander à ma femme de chanter à tue-tête.
Cela causait du tapage dans le garage de tous les jours,
Ton four rempli de grains de raisin qui fondent sur
Une grande maison pleine de singes qui grimpent aux rideaux en criant :
Je n’en peux plus !
3.
La couleur verte m’a longtemps ennuyé.
Elle est très belle, trop belle même
Mais je me sens un Superman.
A Concarneau, je pêchais le plus beau poisson du monde.
Certes !
Et on s’en ira vers le bord de mer des algues qui ressemblent aux cheveux, bien sûr !
Car je suis un cochon.
4.
(Laurent Mahuas, Bruno Montpied)
L’ourlet déchiqueté de sa jupe,
Je n’en ai rien à foutre.
Là, au fond de la trompe de l’éléphant,
Une petite chapelle inconnue
Baisse les yeux
Avec le temps.
20:57 Publié dans Littérature, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : cadavres exquis, darnish, laurent mahuas, bruno montpied, poésie contemporaine | Imprimer
15/11/2014
Dialogue de 1974 Joël Gayraud/Bruno Montpied
Dialogue
Apercevant quelques centimètres de cendre sur la chaussée, que me direz-vous ?
C’était un tic-tac d’insolite, un autre rêve à trouver
De quel côté, le rêve ?
Passage du Désir, en ville
De quel métal, son portail ?
In memoriam
Cette situation n’a rien de réjouissant
Il y a des tristesses bien situées
Le flou n’est-il pas condamnable ?
Où ?
Dans leur mémoire
On rôde toujours autour de son absence
Ou de son manque ?
Ou de sa perte ?
Suffit ! Je ne rôde qu’en ma présence.
Avec le passé pour complice
Dans celui-ci, la lumière est rassurante.
La belle lumière noire
Bruno Montpied/ Joël Gayraud ,26-IX-1974
13:00 Publié dans Art collectif, Poèmes choisis du sciapode, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : dialogue poétique, joël gayraud, bruno montpied, poésie contemporaine, 1974 | Imprimer
14/12/2013
Rafiot dans le raffut, Albarracin pensait sans le savoir à Jean Branciard
Jean Branciard, la Grande Limule (crabe des Moluques), 2009, ph. Bruno Montpied
"Regardez comme le papillon roule et tangue sur les très réels et enivrants flots du néant, il a l'air d'un rafiot dans le silencieux raffut."
(Laurent Albarracin, Le Ruisseau, l’éclair, Rougerie, 2013).
04:13 Publié dans Art singulier, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean branciard, laurent albarracin, rafiot, raffut, rougerie, poésie contemporaine | Imprimer
20/07/2013
Régis Gayraud, ce poète inconnu
Voici un poème qui mérite d'être porté à votre attention, avec en prime à la fin, une lecture par son auteur (mais j'espère que vous parviendrez à l'entendre correctement, car il me semble que la qualité sonore est moyenne):
Les sinuosités des lacets de ses bottes
Me font signe de les suivre
Dans l’arsenal de stupidités sensuelles
Où j’aspire à une place d’essayeur.
Je sue ma semence d’assoiffé
Au son des sirènes,
J’expulse mille pulsions de supplices,
Je délaie la laideur des plaids
Dans des chambres d’hôtels où les gerflex flapis
Exigent leur offrande de javel.
Chaque matin face au miroir
Je décolle du bord de mes yeux
Les plumes poisseuses de l’ange de la mort
Qui s’est cogné la nuit aux murs de ma chambre.
Chacun sa coquille
Son bloc de glace son ruisseau de lave.
Et sous le crépitement de l’eau
Qui invite le feu
Dans leurs grandes noces aux habits de vapeur
Nul ne perçoit rien de nos balbutiements.
Régis Gayraud
20-29 juin 2011
04:02 Publié dans Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poèmes choisis du sciapode, régis gayraud, sinuosités, lacets, stupidités sensuelles, gerflex, supplices, balbutiements, poésie contemporaine | Imprimer
10/02/2011
Les idioties d'Anne Marbrun, un nouveau blog
Pour nous changer des blogs d'art brut et consorts, avec leurs petites jalousies et autres vieilles haines recuites, claironnons l'apparition d'un blog de plus, qui apporte fraîcheur, et "idiotie" ambiguë (qui vaut mieux que l'idiotie de l'art en friche), celui d'Anne Marbrun. Je le joins dès aujourd'hui à mes doux liens.
Créé en début d'année, ce blog (dont l'apparente idiotie renvoie bien sûr au départ aux mots de Rimbaud, dans Une Saison en enfer, voir ci-dessous la citation exacte) s'efforcera, dixit l'auteur, "de ne dire que des idioties, de ne peindre que des idioties, de n'écrire que des idioties". Vaste programme.
Anne Marbrun, L'insomnie des moutons
Ajoutons que l'auteur s'est illustré en publiant un certain nombre de plaquettes et livres (Casus belli et La nuit, ça va, aux éditions Myrddin ; La traversée et la tache aux éditions L'Escampette ; La petite, à L'Oie de Cravan -réédition de la plaquette parue chez La Fée verte ; et Le sang des cerises, aux éditions Lucien Souny).
La citation de Rimbaud: "J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs". Extrait d'Alchimie du verbe, dans Une Saison en enfer, (1873).
10:42 Publié dans Art inclassable, Littérature, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne marbrun, peintures idiotes, blogs, poésie contemporaine, surréalisme contemporain, arthur rimbaud | Imprimer