Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/10/2019

Une histoire de modification sur œuvre préexistante : José Guirao/Bruno Montpied

      L'histoire de l'art moderne recèle, si l'on veut bien y plonger, loin des chemins battus, des expérimentations d'art en commun qui devraient bien faire l'objet d'une exposition dans quelque musée (si les "curateurs" pouvaient oublier leurs sempiternels tropismes individualistes classiques). On connaît les cadavres exquis des surréalistes dont il existe de nombreux résultats fort séduisants, réalisés en différentes techniques, (dessin, pastel, collage, en tailles variées...). Mais du temps de Cobra, ou des groupes variés post-Cobra, voire les situationnistes artistes (au début du mouvement), on a pu aussi rencontrer de nombreux exemples de travaux  exécutés en commun, peintures, bas-reliefs muralistes, maisons peintes intérieurement... L'initiative de créer en commun s'est perpétuée jusqu'à nous, d'après ce que j'en sais, essentiellement à travers des jeux pratiqués par les groupes surréalistes divers et variés qui subsistent encore actuellement. De même ce genre d'expérience a pu se pratiquer dans les cours d'art plastiques alternatifs, que ce soit en milieu scolaire ou en milieu péris-scolaire (j'ai ainsi personnellement beaucoup peint avec des enfants, notamment de maternelle ; mais dès que je le peux, j'aime continuer aussi à peindre en commun avec d'autres artistes).

Sans titre 2, (frise cadavre exquis), BM et P Simkova, 1999 (2).jpg

Bruno Montpied et Petra Simkova, sans titre (cadavre exquis en forme de bandeau ou de frise), 1999, ph. Bruno Montpied.

 

       L'art en commun peut se vivre de plusieurs manières, et par exemple par la modification d'une œuvre préexistante – certains diraient par le détournement, mais je veux rester fidèle à l'emploi du mot "modification" qu'avait choisi le peintre et théoricien danois Asger Jorn, qui modifia picturalement beaucoup de croûtes trouvées aux Puces.

        Tout cela dit pour présenter les deux oeuvres ci-dessous exécutées par mézigue et par un camarade, José Guirao, à partir d'une même affiche, représentant un pic, dont je donne l'image originale. Nous l'avons chacun de son côté copieusement caviardée je dois dire, au point qu'il n'en est resté que quelques reliefs – si l'on peut dire pour cette image en deux dimensions. Je me demande si d'autres artistes se livrent à ce genre d'expérimentation en commun, ailleurs, aujourd'hui...?

art en commun, art collectif, cadavres exquis, modification, cobra, surréalistes, asger jorn, situationnistes, muralisme, expérimentation artistique, bruno montpied, petra simkova, josé guirao, peinture caviardée

Un pic, affiche éditée d'après une planche de zoologie de la bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.

Première modification, par José Guirao:

art en commun, art collectif, cadavres exquis, modification, cobra, surréalistes, asger jorn, situationnistes, muralisme, expérimentation artistique, bruno montpied, petra simkova, josé guirao, peinture caviardée

Deuxième modification (intitulée Le  Démiurge), par Bruno Montpied:

art en commun, art collectif, cadavres exquis, modification, cobra, surréalistes, asger jorn, situationnistes, muralisme, expérimentation artistique, bruno montpied, petra simkova, josé guirao, peinture caviardée

Chaque œuvre, de 2019, faisant 53,5 x 38 cm.

 

05/11/2015

Exposition Cerisier-Montpied à Carquefou, aux Renaudières

 

Carton d'invitation recto verso.jpg

        Nous voici Jean-Louis Cerisier et moi à nouveau réunis¹, cette fois aux Renaudières, cet espace culturel que la municipalité de Carquefou (ville située dans la grande périphérie de Nantes), sous la direction de Chantal Giteau, voue généreusement depuis plusieurs années, entre autres, à la découverte de divers artistes de la mouvance dite "singulière". L'exposition qui commence le 14 novembre prochain est prévue pour se clore le 13 décembre.

bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïf

Bruno Montpied, Nid de nuit, 32 x 25 cm, 2004

       Nous présentons chacun une quarantaine d'œuvres dans l'espace de trois salles dont la dernière tentera de faire cohabiter nos deux systèmes de représentation. bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïfSi Cerisier pour sa part montre des œuvres qui furent choisies par Chantal Giteau dans une de ses récentes périodes où le thème dominant est la "maison" (voir ci-contre La fugue, huile sur toile, 38 x 46 cm, 2015) je présente de mon côté des œuvres de petit format (la plus grande fait 30 x 43 cm ), réalisées pour la plupart d'entre elles selon une technique qui mixe l'encre, la mine de plomb, des solutions acryliques, des crayons de couleur et autres marqueurs. Deux œuvres ont été le fruit d'un travail à deux, tantôt avec Sasha Vlad en Californie (nous avons travaillé par échange postal de la même œuvre, un collage proposé par lui et interprété graphiquement par moi, ; voir ci-dessous), tantôt avec Petra Simkova (Chansons d'ivrognes, œuvre réalisée en simultané). Quatre autres œuvres font partie des "modifications" que j'exécute régulièrement depuis des années en repeignant ou en redessinant par-dessus des reproductions photographiques de cartes postales, magazines, gravures, etc. Plusieurs autres œuvres que j'exposerai à Carquefou ont été précédemment montrées cet été dans la Creuse à la Maison du Tailleu. Il y a bien sûr aussi plusieurs autres nouveaux venus.

bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïf

Bruno Montpied et Sasha Vlad, Le Monument et son gardien effaré, 30 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2010

bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïf

Bruno Montpied, Le message, gravure modifiée à l'encre, au stylo et aux crayons de couleur, 29 x 20 cm, 2010

 

      Un petit catalogue d'une trentaine de pages, avec neuf reproductions pour chaque artiste, a été prévu par les Renaudières pour être diffusé le jour du vernissage (semble-t-il). Ce sera aussi l'occasion pour moi de vendre quelques exemplaires de mon récent livre "Andrée Acézat, oublier le passé", ainsi que des exemplaires de l'autre titre paru dans la collection La Petite Brute, "Visionnaires de Taïwan" de Remy Ricordeau. Bienvenue à tous ceux qui pourront se retrouver par là-bas, près de Nantes.

bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïf

Bruno Montpied, La Grande Dame et l'homme qui a perdu la tête, encre, mine de plomb, lavis et marqueurs sur carton d'emballage alimentaire, diamètre 19 cm, 2015

_____

¹ La première fois, Cerisier et moi fûmes réunis par Pascal Rigeade à Bègles au musée de la Création franche en février-mars 2011.

13/12/2014

Un Jeu des Définitions 2014, par Jacques Burtin et Bruno Montpied

 

      Petit rappel de la règle de ce jeu, surréaliste au départ… La question est posée de manière automatique. Un deuxième joueur répond sans connaître la question, de manière tout aussi automatique. Dans les exemples ci-dessous, les deux auteurs se sont coulés alternativement dans les rôles du questionneur ou du répondeur. La rencontre surprenante de la question avec la réponse fait tout le sel de cet exercice, où l’on creuse un dialogue entre deux pensées inconscientes l’une de l’autre, mais se réunissant sur un plan autre. 

 *

Qu’est-ce qu’un tortionnaire ?

C’est une peau ridée qui se déplie comme un accordéon.

*

Qu’est-ce qu’un râle ?

Une déchirure sans fin.

*

Qu’est-ce que la Der des Der ?

C’est un labrador qui se prend pour un loup.

*

Qu’est-ce que l’harmonie ?

C’est une danse lascive qui n’ose pas dire son nom.

*

Qu’est-ce qu’un labyrinthe au fond du cœur ?

C’est la coupe bue jusqu’à la lie.

*

Qu’est-ce que la Justice ?

C’est un doigt dans l’œil.

*

Qu’est-ce que l’argument ultime ?

C’est un sous-vêtement ridicule.

*

Qu’est-ce que le mensonge ?

C’est un cheval cabré qui pleure à chaudes larmes.

*

Qu’est-ce que l’ombre ?

C’est une mégère apprivoisée.

*

Qu’est-ce que le Diable ?

C’est une armée à la rescousse.

*

Qu’est-ce que la faim ?

C’est une soupe d’yeux.

 

jeu des définitions,jux surréalistes,jacques burtin,bruno montpied,écriture en commun,art collectif

Bruno Montpied, Hémorragie voyeuse, 1982

 

*

Qu’est-ce que le doute ?

C’est un renard qui pond des œufs.

*

Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe ?

C’est une libellule que l’on suit aveuglément.

*

Qu’est-ce qu’une explosion de colère ?

C’est un train dans la nuit, tu ne sais pas d’où il vient, tu ne sais pas où il va, et quelqu’un te frappe sur l’épaule.

*

Qu’est-ce qu’un bras d’honneur ?

Un aller sans retour.

*

Qu’est-ce que cette mèche rebelle sur votre front ?

C’est un précipice dont personne ne s’échappe.

*

Qu’est-ce qu’une cave ?

C’est la preuve de l’existence de Dieu.

*

Qu’est-ce que l’oubli du passé ?

C’est un gaz qui s’échappe inéluctablement.

*

Qu’est-ce qu’un silence ?

C’est le tâtonnement de l’amant sur le corps de l’aimée.

*

Qu’est-ce que l’excision ?

C’est une bougie qui ne s’allumera pas.

*

Qu’est-ce que l’infini ?

C’est une femme nue.

 

jeu des définitions,jux surréalistes,jacques burtin,bruno montpied,écriture en commun,art collectif

 

*

Qu’est-ce que la Création ?

C’est une chemise dont les bras jouent au sémaphore.

*

Qu’est-ce que l’amour aveugle ?

C’est une certaine disposition de l’esprit où le haut et le bas, le beau et le laid, etc., cessent d’être perçus contradictoirement.

*

Qu’est-ce que le mystère ?

C’est une mante religieuse qui dévore son amant.

*

Qu’est-ce que la Beauté ?

C’est un facteur qui ne distribue aucune lettre.

*

Qu’est-ce qu’un livre qui s’ouvre tout seul dans le noir ?

C’est une jupe qui froufroute et se déchire de haut en bas !

*

Qu’est-ce que la censure ?

C’est une défaite devant la lumière.

*

Qu’est-ce que l’Erotisme ?

C’est un soutien qui ne vient pas.

*

Qu’est-ce que la Révolution ?

C’est un train qui hurle dans un tunnel.

*

Qu’est-ce que la sodomie ?

C’est le rêve d’un réverbère.

 

jeu des définitions,jux surréalistes,jacques burtin,bruno montpied,écriture en commun,art collectif

 

*

Qu’est-ce qu’un coche en flammes qui fuit sur la route ?

C’est lorsque l’on se rapproche d’une inconnue par derrière et qu’on n’ose la toucher.

*

Qu’est-ce que la vérité ?

C’est la rosée qui transperce les sandales.

*

Qu’est-ce que le doute ?

C’est une façon de nier l’évidence.

*

Qu’est-ce qu’une menotte ?

C’est un animal fabuleux que l’on caresse et qui vous mord.

  

Jacques Burtin et Bruno Montpied, octobre 2014

15/08/2012

Cadavre exquis intercontinental Yohan-Armand Gil-Bruno Montpied-Dan Stanciu-Sasha Vlad

    Cela fait déjà quelque temps que je voudrais mettre en ligne le dessin ci-dessous réalisé à huit mains par les 4 auteurs susdits, venus d'horizons et de contrées divers, l'un d'entre eux (Sasha Vlad) vivant par delà l'Océan Atlantique, en Californie, ce qui permet de justifier l'adjectif d'intercontinental pour ce cadavre exquis. Le qualificatif de "cadavre exquis" n'étant pas au demeurant le terme exact, puisque ce dessin a été envoyé à compléter ou à prolonger sans que les parties déjà réalisées soient cachées. Il s'agit plutôt d'un dessin collectif réalisé par le biais de mails avec fichiers numériques (dessins scannés pour être communiqués sans passer par la Poste) et par des techniques plus matérielles aussi bien. C'est ainsi que l'état 1 est une photo numérique de Bruno Montpied  imprimée sur papier à Paris, envoyée à Sasha Vlad aux USA. Ce dernier l'a modifiée directement sur le tirage, puis scannée et transmise à Yohan-Armand Gil à Nîmes qui l'a à son tour modifiée après l'avoir imprimée. Il l'a transmise alors à nouveau à BM, et ainsi de suite, ce dernier l'a envoyée à nouveau à Sasha qui l'a enfin envoyée à Dan Stanciu en Roumanie, puis retour au départ. BM a ajouté un troisième grain de sel et continué à faire tourner le projet. Au bout de cette chaîne, il n'y a plus eu cependant qu'un fichier numérique qui peut se décliner potentiellement en d'innombrables tirages, et donc pas d'œuvre unique, en théorie.

 

1-mur-à-trois-visages.jpg

Mur à Villefranche-sur-Saône, Photo Bruno Montpied, 2009, état 1 du Cadavre Intercontinental

4-.Image-Sasha-modifiée-par.jpg

Etat 4 du Cadavre Intercontinental, modifié d'abord par Sasha, puis par Yohan-Armand Gil (qui l'a notamment retourné pour le continuer), 2009

5-Cadavre-Inter-par-BM.jpg

Etat 5 du Cadavre Intercontinental, modifié par BM, 2009

6,-Cadavre-modif2-parSasha.jpg

Etat 6, modification par Sasha Vlad

7,-cadavre-modif2-pa-rYA-Gi.jpg

Etat 7, modification Yohan-Armand Gil, 2009

8,-cadavre-modif-2par-DS.jpg

Etat 8, modification par Dan Stanciu, 2009

10,-cadavre-intercontinenta.jpg

J'annonce la fin des couffins et des boîtes à douleur, (titre collectif), état 10 final du Cadavre Intercontinental, Yohan-Armand Gil, Bruno Montpied, Dan Stanciu, Sasha Vlad, 2009