05/04/2013
Sortie nationale de "Recoins" n°5...
Ah, ça faisait longtemps qu'on l'attendait ce nouveau numéro des amis de l'Auvergne absolue. Art, belles-lettres et rockn'roll doivent être toujours au programme, I presume...? Je "présume" parce que le silence a été bien gardé jusqu'ici sur la statue qui ne paraît pouvoir être dévoilée que le jeudi 11 avril prochain à la Cale Sèche (je ne sais même pas ce que c'est que cette Cale Séche, où je présume, là encore, que cette cale ne reste pas longtemps séche et qu'il faudrait plutôt l'appeler la Rue de la Soif...) à partir de 19h... au 18 de la rue des Panoyaux dans le XXe arrondissement à Paris. Voir l'affiche ci-dessous.
Qu'y aura-t-il au sommaire? Eh bien, je présume, je présume, qu'il y aura au moins ma contribution, un article développé sur le site d'art brut étourdissant de Madame C. en Normandie, auteur décédé en 2009 qui a laissé un jardin étrange entourant une villa aux terrasses barricadées de voiles de ciment et autres silex et nains de jardin incrustés, tapissé en son for intérieur de murs ressemblant aux parois d'une grotte en dentelle de plâtre et papier mâché (on en a parlé dans Bricoleurs de paradis et dans Eloge des Jardins Anarchiques). Et il y aura sans doute aussi la suite du texte fort énigmatique de Régis Gayraud dont il avait entamé la publication dans le numéro 4. Et à part ça? Mystère et boules de gomme... François Puzenat est toujours l'émérite maquettiste de cette revue discrète et prometteuse. Emmanuel Boussuge et Franck Fiat en sont toujours quelques-uns des animateurs assoiffés. Rendez-vous jeudi donc pour en découvrir davantage...
10:49 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Curiosités, modifications et divertissements langa, Environnements populaires spontanés, Fantastique social, Musiques d'outre-normes, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : recoins, emmanuel boussuge, françois puzenat, franck fiat, régis gayraud, madame c. | Imprimer
02/12/2010
Recoins n°4
Les recoins se sont agrandis, la revue, pour les besoins de ce n°4, a repoussé les murs comme on dit pour se donner un peu plus d'air (format 25x20cm). Si je n'arrive pas à me départir de l'impression que la revue par certains aspects de sa mise en pages tient un peu comme à distance les sujets qu'elle présente à ses lecteurs, du fait du corps des caractères qui reste encore trop petit pour mes yeux fragiles, je comprends par ailleurs qu'étant donné la richesse des matières traitées dans ce numéro, les rédacteurs (tous des passionnés et des bénévoles) aient été placés devant des choix cornéliens sur la question de la mise en pages. On retiendra donc avant tout la nette amélioration de cette dernière, ainsi que de la ligne éditoriale.
Pierre Darcel, danseurs bretons en ciment couvert de coquilles de moules, coques, berniques, coquilles Saint-Jacques, ph. (inédite) Bruno Montpied, 2010
Il s'est passé en effet quelque chose de plus, la revue a basculé dans une autre ère il me semble. On est là face à un saut qualitatif indéniable. Un de ses plus grands mérites est son excellent équilibre en dépit de sa variété. Car le sommaire marie les environnements spontanés (c'est moi qui m'y recolle avec un article sur un site nouveau en Bretagne, de Pierre et Yvette Darcel, statufieurs et mosaïstes, du côté de St-Brieuc), à la boxe, le rock n'roll, le blues ou la country, voire la musique antillaise d'avant le zouk (tiens il y a aussi un texte de Cosmo Helectra sur la musique de ski nautique, Cosmo un habitué de nos parages et animateur de l'émission Songs of praise sur Aligre FM tous les lundis soirs). Le mixage continue avec des articles sur un auteur de livres anticléricaux du XVIIIe siècle, plus une très belle étude de Bertrand Schmitt sur un créateur tchèque Vladimir Boudnik (non, ni beatnik, ni spoutnik, quoique nom-valise on dirait, comme fait à partir des deux). Sont également convoqués deux très beaux textes de Régis Gayraud à thématiques contrastées (démontrant une fois de plus le grand talent du bonhomme, et je ne dis pas ça parce que c'est un ami, c'est plutôt le contraire, c'est parce qu'il crée aussi des choses de ce calibre qu'il est mon ami), une (trop) courte intervention d'Olivier Bailly sur Robert Giraud, une notice d'André Vers sur le Vin des Rues de Giraud, de l'art populaire dans les oratoires du Cantal,
des compte-rendus de divers livres, des aphorismes (d'Olivier Hervy, en petite forme, j'ai trouvé), des brèves de comptoir comme celle-ci:
"La fin du monde, c'est mieux à la campagne, tu te fais pas piétiner"
(Tirée d'une anthologie de Jean-Marie Gourio, concoctée par l'auteur à partir de propos tenus dans les bistrots, pratique certes antérieure à Gourio, mais mettant en relief l'indéniable esprit des rues, volatil, anonyme, difficile à fixer en littérature, une création littéraire immédiate en quelque sorte)
Sommaire de Recoins n°4
Au sein de ce sommaire éclectique, et parce qu'il faut bien se limiter sur ce blog à quelques détails seulement, les deux interventions sur lesquelles j’ai tendance à focaliser sont celles de Régis Gayraud pour son texte « Méritoires d’outre-terre, feuilleton (1) », et l’étude de Bertrand Schmitt sur le poète, plasticien et théoricien tchèque Vladimir Boudnik.
Du premier, on peut retenir son étourdissante habileté à plonger le lecteur dans un climat de pur onirisme qui a cette particularité de ne pas se cantonner au réveil - à cet entre deux où la conscience pas encore complètement extirpée du sommeil vacille entre deux mondes - mais bien plutôt à s’étendre progressivement, insidieusement à tout l’ensemble de l’activité diurne. Monde renversé, où la veille devient territoire du rêve, ce qui n’est pas sans laisser le lecteur au bord d’une certaine angoisse assez voisine de celle qui préoccupe un Roger Caillois par exemple dans les expériences qu’il relate dans son petit livre L’Incertitude qui vient des rêves. Régis l’a déjà écrit ailleurs (dans une enquête sur les rêves publiée naguère par le groupe de Paris du mouvement surréaliste –auquel soit dit en passant appartient Bertrand Schmitt), les rêves ont pour lui un autre aspect que celui de révéler des désirs enfouis et refoulés, selon la doctrine freudienne. L’activité onirique brasse les cartes des situations possibles, se prêtant ainsi à une véritable combinatoire des situations qui pourraient se produire. Ce qui explique qu’elle puisse prendre l’aspect d’un terrain propice aux prémonitions. Il semble que le texte de Régis publié dans ce nouveau numéro de Recoins joue quelque peu avec ce désir d’anticipation. Comme si l’auteur cherchait à diriger son destin, comme d’autres cherchaient à diriger leurs rêves.
Vladimir Boudnik, du cycle Variations sur le test de Rorschach, 1967 (extrait des illustrations de la revue Recoins)
L'étude de Bertand Schmitt qui présente le fort peu connu Vladimir Boudnik (1924-1968) m'a fait l'effet d'une véritable illumination. J'ai reconnu en lui - comme certainement cela a été le cas pour la rédaction de Recoins (il faut repérer dans la revue les photos d'Emmanuel Boussuge qui comme moi s'intéresse de fort prés aux images créées par le hasard, figures anthropomorphes des ferrures de portes, piquets de clôture, taches diverses) - un précurseur, ou un continuateur, de la création immédiate. Ce poète, plasticien, et théoricien tchèque, instruit des ravages profonds induits dans l'âme des hommes par les désastres de la Seconde Guerre Mondiale, chercha à créer une nouvelle forme d'expression qu'il appela "l'explosionnalisme", qui consistait entre autres à pousser les individus dans la rue à projeter leurs inconscients à travers les traces existant sur les murs. "Armé de fusains, de craies, de graphites, il lit et interprète les vieux murs, fait surgir de la chaux des fantômes endormis". Ce que Bertrand nous apprend des actions et de la quête de Boudnik le montre assez parallèle avec les idéaux des membres contemporains du groupe Cobra, convaincus de la transfusion de l'art dans la vie quotidienne des classes populaires, ou d'un Dubuffet, également contemporain, qui découvrait à cette époque-là le génie populaire individualiste des oeuvres de ce qu'il appela "l'art brut". Il écrit les phrases suivantes, qui font indéniablement écho à l'illustration et à la défense de la poétique de l'immédiat que je cherche à promouvoir sur ce blog: "Un [...] appel à la création immédiate et concrète avait été exprimé dans le premier manifeste de l'explosionnalisme...". "Cette exhortation à la création collective, directe et populaire contient aussi une remise en cause du statut séparé de l'artiste professionnel". Et voici aussi cette phrase empruntée aux écrits de Boudnik: "Regardez autour de vous! Sur le mur sale, le marbre, le bois... Ce que vous voyez est ce qui est à l'intérieur de vous. Ne sous-estimez pas les taches. Faites-en le tour avec votre doigt, redessinez-les sur le papier... Saisissez votre monde intérieur." C'est la leçon de Léonard de Vinci proposée à l'homme du commun! Travaillant en usine, il va former des groupes de prolétaires à l'étude et à la création de formes inspirées d'images aléatoires comme les taches, les traces que l'on trouve communément autour de soi (les nuages, les signes sur les peaux de bananes, n'est-ce pas Bruly-Bouabré?...). Il organise des expositions dans les couloirs de son usine "au grand ébahissement des cadres et des ouvriers"...
Extrait d'un documentaire sur Boudnik sur You Tube (plusieurs oeuvres de cet étonnant expérimentateur sont ainsi visibles ici)
Il expérimente à tout va (il fera ainsi une suite d'interprétations des tests de Rorschach), cherchant apparemment à ce que suggère Bertrand Schmitt dans son si éclairant article à partir en quête des secrets de la matière, de l'énergie génitrice présente au sein de celle-ci. Bref, on a là à l'évidence une étude tout à fait passionnante, et rien que pour ces textes-ci, la revue Recoins dans ce n°4, a déjà rempli son office d'illuminatrice. J'encourage naturellement tout un chacun à s'enquérir du reste de son contenu.
Recoins est disponible en écrivant et en s'abonnant 13, rue Bergier, 63000 Clermont-Ferrand. Adresse e-mail: revuerecoins@yahoo.fr
A signaler également ce jeudi soir 2 décembre au Kiosque/Images, 105, rue Oberkampf, la présentation de l'ouvrage Les 12 travaux d'Hercule, édité par Recoins et Cie, sur les dessins de Pascal, un des créateurs fréquentant le foyer d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg (voir les notes que j'ai consacrées sur ce sujet).
La revue est disponible également sur Paris à la librairie de la Halle Saint-Pierre (XVIIIe ardt), ainsi que chez Bimbo Tower, passage Saint-Antoine dans le XIe arrondissement. D'autres librairies seront bientôt pourvues à leur tour.
10:18 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne méconnu, Art populaire religieux, Environnements populaires spontanés, Littérature, Musiques d'outre-normes, Paris populaire ou insolite | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : recoins, vladimir boudnik, régis gayraud, emmanuel boussuge, franck fiat, julie girard, environnement spontanés, pierre darcel, robert giraud, andré vers, bertrand schmitt, boxe, rock n'roll, cosmo hélectra, musiques populaires | Imprimer
12/12/2008
La revue qui vous attire dans les recoins
Dimanche 14 décembre à partir de 15 heures, à l'auditorium, la revue Recoins veut faire comme tout le monde, se présenter au public des amateurs d'arts populaires et buissonniers, ainsi qu'aux amateurs de littérature qui fréquentent pour alimenter leurs addictions la Halle Saint-Pierre, à Paris dans le XVIIIe ardt (rue Ronsard). Pour ce faire elle a prévu un petit programme avec un "diaporama" (assisté par ordinateur, espérons que ça ne ramera pas...) présenté par votre serviteur (nous avons collaboré au n°2 de la revue), balade dans des images fort variées qui doit servir à naviguer depuis les rives de l'art populaire du temps jadis jusqu'aux terres de l'art naïf insolite, de l'art brut, des environnements spontanés, avec l'espoir que l'on puisse à la faveur des 150 images prévues pour être montrées dégager la notion d'art immédiat...
Emmanuel Boussuge, l'un des animateurs et des fondateurs de Recoins, revue basée à Clermont-Ferrand, viendra également nous parler des "irréguliers" qu'il déniche en Auvergne (nous lui avons signalé un site, dû à un certain M.Goldeman, toujours en cours d'évolution à St-Flour, que nous avions découvert au cours d'une randonnée il y a quelques années ; à son actif, il a découvert un autre site, peut-être plus intéressant, celui de François Aubert dans le village d'Antignac dans le Cantal ; il a du reste publié une étude à ce sujet dans le n°2 de la revue). Puis un autre collaborateur de Recoins, Franck Fiat, clôturera le programme en projetant un film réalisé par lui en compagnie de David Chambriard, Huile de Chien, tirée de l'excellente nouvelle fantastique de l'auteur américain Ambrose Bierce). Un pot pour les soiffards est prévu ensuite...