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11/05/2014

Une rétrospective Michel Nedjar à la galerie Berst

Cette note contient une mise à jour du 14 mai, 23h35...

     Voici ce que l'on pouvait lire à un moment donné sur le site web de la galerie Berst (avant que ce soit modifié par le galeriste peu de temps après, peut-être suite à la note présente?) à propos de la prochaine exposition (du 23 mai au 12 juillet) de Michel Nedjar dans ses murs:

      "Nedjar naît en 1947 à Soisy-sous-Montmorency (Val d’Oise) de parents juifs. Troisième d’une famille de 7 enfants, il se passionne très tôt pour le tissu, confectionnant des robes pour les poupées de ses sœurs -poupées avec lesquelles il joue en cachette- et accompagnant sa grand-mère vendre des tissus usés au Marché aux Puces. Adolescent, il prend douloureusement conscience de l’horreur de la Shoah, de l’histoire de sa famille, en grande partie victime du nazisme : ses poupées en sont la réminiscence. Par la suite, il entreprend plusieurs voyages et est fasciné, au Mexique, par les momies : « Ce n’était pas mort. Elles avaient leurs costumes, leurs robes collées sur la peau.» C'est à son retour qu'il fabrique ses premières poupées de cordes, de haillons et de plumes qu'il trempe dans un bain de terre. Bientôt, sa créativité s'étend au dessin. En même temps qu'il découvre son propre besoin de produire, Nedjar rencontre l'art brut : enthousiaste, il se lance à rechercher lui-même de nouveaux créateurs, à réunir leurs œuvres et co-fonde L’Aracine. Ainsi, Nedjar entre doublement dans l'histoire de l'art, en tant que découvreur d’art brut et, surtout, en tant qu'artiste : rapidement repéré par Jean Dubuffet, Roger Cardinal –l’auteur du terme « outsider art »- lui consacre un article de fond dans les Fascicules de l’Art Brut. Il est aujourd’hui l’artiste brut le plus exposé au monde ; ses créations, incontournables, figurent parmi les plus grandes collections d'art dont celle, grâce à la donation Daniel Cordier, du Musée National d’Art Moderne (Paris)."

     Ce texte, je n'avais rien à y redire jusqu'à la lecture de la dernière phrase. Comment un homme "entré doublement dans l'histoire de l'art, en tant que découvreur d'art brut" et en tant "qu'artiste" peut ensuite être qualifié "d'artiste brut"? Il y a là une contradiction énorme, au service d'un tour de passe-passe qui consiste à nous faire croire que ce qu'on appelle l'art brut peut être pratiqué par des artistes conscients de l'être, cultivés, et eux-mêmes médiateurs (puisque découvreurs d'art brut comme l'a été Nedjar en fondant et en animant l'Aracine aux côtés de Madeleine Lommel de nombreuses années). Eh bien, non! L'art brut n'a rien à voir avec Nedjar.NED064.jpg C'est un artiste estimable, souvent inventif (mais aussi souvent malin, sachant s'inspirer de toutes sortes de formes d'expression vues à travers ses voyages, momies, art brut, artistes autres), mais il ne correspond en aucune manière au profil du créateur brut.NED070.jpg J'écris créateur comme d'habitude car cela représente plus exactement ce qui se trame sous l'art brut, un art pratiqué en urgence par des individus la plupart du temps en souffrance, hors système des Beaux-Arts,  des gens totalement étrangers à l'art réfléchi, incultes en termes d'art, marginalisés, asociaux, etc. On n'a pas affaire aux artistes dans l'art brut, que cela vous plaise ou non, messieurs les marchands, on a affaire à des individus  dominés par des pulsions d'expression bien incapables d'assurer leur propre promotion, ne cherchant en rien à faire leur propre publicité, tellement ils sont avant tout en plein dans leur acte créatif.

 

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De qui est ce dessin ? De Michel Nedjar vraiment? Ou bien de n'importe quel griffonneur habitué des expos d'art brut où l'on présente ce genre d’œuvre assez faible comme un marqueur d'art brut, comme un poncif permettant de reconnaître à coup sûr l'art brut par les clients qui autrement bien entendu ne pourraient que difficilement s'y retrouver, étant donné qu'il n'y a pas d'esthétique brute donnée, facilement estampillable comme telle

 

    Non, Nedjar n'a rien à voir avec les créateurs de l'art brut. Je n'ai personnellement jamais compris pourquoi il avait été adoubé par Dubuffet dans sa collection principale, et pas rangé plutôt dans la collection annexe, dite ensuite "Neuve Invention", bref dans "l'art singulier" où pourtant il serait infiniment mieux à sa place. Le père Dubuffet avait dû avoir une vacance de sa rigueur ce jour-là...

NB: Toutes les illustrations de cette note proviennent du site web de la galerie Berst

11/03/2014

Infos-miettes (22)

    Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas délivré de ces infos-miettes dont vous vous régalez. En voici un nouveau bouquet, le vingt-deuxième, des infos nouvelles et des plus anciennes que j'avais oubliées.

Paul Amar dans l'Aveyron

    Le Musée des Arts Buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier près des Monts de Lacaune (région pas trés éloignée de Rodez pour que vous situiez) est très actif depuis quelque temps. En plus des fréquentes animations du village, il propose des expositions d'art singulier ou brut ici et là. Elles sont annoncées dans le bulletin de 8 pages qu'il publie régulièrement (Le Buisson), comme récemment dans leur n°56 (déjà). Leur saison commencera cette année le 4 avril.

 

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Paul Amar au Musée des Arts Buissonniers

 

 

    A retenir, depuis septembre 2013, une galerie entièrement vouée aux assemblages rutilants de coquillages bien connus de Paul Amar (sur trente années de création) a été ouverte au sein du musée. Ils ont aussi en projet d'exposer Gérard Lattier durant l'été prochain. Pour tous renseignements, contacter http://www.arts-buissonniers.com/

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 Christian d'Orgeix aux Yeux Fertiles

     Cela fait de nombreuses années que j'admire quand je peux en voir, c'est-à-dire rarement en vrai, et plutôt en reproduction (j'ai un petit livre autrefois paru il me semble chez Georges Fall), la peinture de Christian d'Orgeix, cet artiste proche des surréalistes qui habitait à un moment dans le même village qu'André Breton, à Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot. Il s'agit d'une puissante peinture visionnaire, avec des échos d'un Max Ernst qui aurait fait des enfants avec des peintres du groupe Cobra. Un riche coloriste campant à la fois des paysages "abstraits", des natures mortes, des personnages grotesques, des figures fantomatiques, des animalités fantastiques, le tout en une seule image.

 

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Christian d'Orgeix, Mascarade, 1964, huile et collage sur toile, 81x100cm

 

      Quelque œuvres de lui seront présentées du 6 mars au 5 avril à la Galerie Les Yeux Fertiles, 27 rue de Seine, dans le VIe ardt à Paris, dans le cadre d'une expo collective intitulée "Volet I" avec des oeuvres de B.Schultze, Raoul Ubac, B.Saby, Edgar Pillet, B.Réquichot et autres (on aurait pu se passer de Georges Mathieu cela dit). Une seconde expo intitulée pour le coup "Volet II" suivra du 10 avril au 10 mai avec des œuvres de Camacho, Alfred Courmes (celui-ci se faisant rare), Friedrich Schröder-Sonnenstern, Georges Malkine, André Masson, Dado, etc.  Info et contact (attention il est souvent en retard côté mises à jour): le site web de la galerie.

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Mario Del Curto et Jean-Michel Chesné à l'intérieur d'une Chapelle

   Brigitte Van Den Bossche, qui travaille dans le Centre de Documentation du MADmusée à Liège, signe un texte qui je dois dire m'a fait bondir. Elle y parle des créations de bord des routes dont la collection de cartes postales de J-M. Chesné représentant des environnements anciens et les photographies de Mario del Curto, deux ensembles iconographiques exposés tous deux dans la Chapelle Saint-Roch, "contexte des plus appropriés" dit Mme Van Den Bossche, lui permettent une envolée digne des écrivains les plus bondieusards :

  "Derrière toutes ces manifestations marginales [il s'agit là des environnements spontanés d'autodidactes bruts ou naïfs], se profilent un idéal, une foi, un système de valeurs et de croyances, un outillage mental. Cette foi peut se traduire par la matérialisation de la croyance religieuse courante, mais aussi par la mise en œuvre d’une croyance très personnelle, un mysticisme inventé, une religion singulière, avec ses préceptes, ses prières, sa morale, sa méthodologie. L’œuvre est à la fois le reflet de cette croyance et l’intermédiaire entre le créateur et l’au-delà, elle traduit le dépassement de soi. L’acte de créer est vécu comme une aventure spirituelle, l’objet créé est conçu comme un territoire sacré et le créateur puise son énergie dans la foi.

     Dans le contexte des plus appropriés de la Chapelle Saint-Roch, à Liège, le MADmusée présente un florilège d’images attestant de cette foi. Images pieuses et teintées de prosélytisme, images de dévotions personnelles, images d’intimes exploits, images d’une authentique "subculture" populaire aussi,… Sont dévoilés d’une part un ensemble de cartes postales anciennes, glanées et rassemblées par le peintre et sculpteur français Jean-Michel Chesné (collection entamée en 1993 après sa visite du Palais Idéal du Facteur Cheval et riche aujourd’hui de plusieurs milliers de clichés rares) ; d’autre part une série de reproductions du photographe suisse Mario del Curto (dont l’intérêt prononcé pour les Clandestins de l’art brut, avec lesquels il entretient une relation personnelle, se traduit depuis 1983 par une approche subtile et délicate). Toutes ces images célèbrent des univers déployés avec une force et une sensibilité exacerbées. Elles exaltent aussi la beauté du geste, la mystique de la tâche."

      Et hop! Emballés, pesés, les inspirés, ils sont désormais embringués dans une nouvelle armée du salut. Mystiques, cherchant à causer avec l'au-delà, porteurs de "foi", mot sur lequel l'auteur joue de façon ambivalente, nos inspirés produisent maintenant des "images pieuses". Merde! Comment peut-on encore nous ramener la curetaille dans ces jardins où, c'est vrai, parfois on tente de créer des petits paradis, mais des paradis bien terrestres? Ne serait-ce pas une idée venue d'un des ces anciens numéros de Gazogène où son animateur, paix à ses cendres, publiant des cartes postales de la collection Chesné, avait cru démasquer une influence occultée de la religion dans l'inspiration de nos chers créateurs d'environnements ? Chaque fois que j'ai eu affaire à de ces inspirés du bord des routes, on n'a jamais beaucoup eu l'occasion de parler de Dieu, parfois davantage du Diable...

Expo "Oh My God" (titre explicite, non?), Liège, à la Chapelle Saint-Roch du 15.03.2014 au 25.05.2014. Dossier de presse.

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Chez André Gourlet à Riec-sur-Belon, un Belzébuth le braquemart servant de support à jardinière, 2010, ph. Bruno Montpied

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Joël Lorand, œil singulier à la Galerie Grand-Rue à Poitiers (15 mars au 26 avril)  joel lorand, Fier d'être un artiste dégénéré, 2002, site F.Lux.JPG

    Il semble qu'avec cette exposition les Poitevins aient l'occasion de découvrir un éventail conséquent et varié des créations de Joël Lorand, authentique chercheur de formes nouvelles, créateur certes tourmenté mais en même temps raffiné, esthète au sens roboratif du terme, et aussi, ce qui ne gâte rien dans le milieu parfois bien trop sérieux de l'art dit singulier, pourvu d'un sens de l'humour réjouissant. Si l'on se fie au site web de la galerie, qui propose une sélection de visuels relevant de différentes périodes de Lorand (j'aime bien les premiers dessins, empreints d'une esthétique rageuse proche du graffito, voir par exemple ci-contre "Fier d'être un artiste dégénéré", 2002, coll. Frédéric Lux), on a peut-être affaire là à un lieu qui fait le pari de ne pas montrer uniquement qu'une série de peintures actuelles, mais propose plutôt différentes métamorphoses d'un même geste inspiré sous différents aspects, productions des époques antécédentes.

 

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Vodou, du visible à l'invisible au Musée Africain de Lyon

      Je suis intrigué depuis quelques années, grâce à diverses expositions et catalogues, par l'art vodou, africain, brésilien, ou haïtien (la collection d'art vodou haïtien de Marianne Lehmann surtout a été un choc, perçue seulement  à travers le livre magnifique qui lui a été consacré). Une expo débute le 20 mars prochain à Lyon. Ces objets, souvent sièges de carambolages visuels, et de triturations incroyables, sont terriblement chargés de poésie et de force d'ordre tellurique qui bouleversent en profondeur et hantent tous ceux qui s'y confrontent.

 

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Des mouchoirs pour s'évader à la Galerie Berst

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    Paños, prison break, tel est le titre de l'expo commencée le 11 mars dans la galerie de Christian Berst, interrogeant paraît-il, lui aussi, les marges de l'art brut pour mieux redéfinir les contours de ce dernier. Les mouchoirs tatoués des prisonniers américains d'origine mexicaine sont en effet la preuve qu'il existe de nombreuses preuves d'art populaire produit en milieu carcéral, contrairement à ce que pouvait affirmer Michel Thévoz dans un de ses anciens textes. L'expo est montée avec le concours de la pop galerie de Pascal Saumade, collaborateur connu du musée international des arts modestes à Sète, qui signe du reste le catalogue de l'exposition.

 

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Expo du 11 mars au 19 avril 2014, Galerie Berst, 3-5, passage des Gravilliers, paris 3e ardt.