19/02/2014
Jean-Louis Cerisier s'exporte en Silésie
Jean-Louis Cerisier, sans titre, 2008 ; un très beau Cerisier où l'on voit à l'œuvre l'influence de l'authentique art naïf
Comme vient de me l'écrire Jean-Louis Cerisier, notre fameux peintre primitiviste lavallois souvent évoqué sur ce blog, le Musée de Silésie à Katowice (Pologne) lui fait l'honneur d'une exposition personnelle du 20 février au 4 mai 2014. Il devrait y présenter une quarantaine de créations des années 70 à aujourd'hui.
Jean-Louis Cerisier, Portrait de Bruno Montpied au paradis, date? (Jean-Louis est bien bon de me croire une place plutôt réservée au paradis qu'en enfer...), ou le portrait d'un Singulier par un Naïf...?
Voici un extrait du texte écrit à cette occasion sur Cerisier par Sonia Wilk, la commissaire de l'exposition: "Jean-Louis Cerisier a commencé à peindre au début des années 70. Il rencontre en 1974 le peintre Jacques Reumeau, qui exerce une énorme influence sur son imagination et sur sa façon d’envisager sa propre création. Grâce à l’amitié nourrie de fréquentes discussions partagées avec Reumeau, il comprend que dans l’art l’imitation doit être rejetée absolument, qu’il faut en revanche exprimer avant tout sa personnalité, ses pensées, son rapport au monde. L’art devient alors une réalité parallèle, d’une part créée par l’imagination et, d’autre part, une mise au jour de ce qui est profondément caché. La création s’avère alors pour Cerisier une façon de conduire un discours sur lui-même et avec lui-même. A l’intérieur du principe de réalité et directement à travers les œuvres, le peintre opère une sélection dans le monde surréaliste de ses propres rêves, sentiments et souvenirs. Dans la peinture Les chimères de Saint Lyphard, nous voyons ainsi le souvenir d’un voyage familial en voiture. et, dans Situations : carnaval de banlieue, un ciel bleu s’étendant au-dessus d’un visage dirigé vers lui. Ce sont certainement des souvenirs tangibles, ayant des racines dans des situations de la vie de l’artiste. En surface, les deux images sont claires, résolument sentimentales, mais nous sentons instinctivement que nous ne sommes pas associés à ce « quelque chose d’agréable » vers lequel l’auteur revient volontiers. La composition, les relations mutuelles entre les sujets et les objets permettent en passant au destinataire d’essayer de comprendre ce qui s’est passé, ce que propose l’auteur. Soudain, celui-là repère un élément intriguant : une échelle tournée vers le ciel, une voiture en feu sur le bord de la route. Habilement, le peintre établit une atmosphère, diffuse des émotions."
Jean-Louis Cerisier, Situations: Carnaval de banlieue, 23 x 30, 1995
16:38 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-louis cerisier, art naïf, figuration poétique, primitivisme lavallois, jacques reumeau musée de silésie de katowice, sonia wilk, art singulier | Imprimer
26/12/2010
Jean-Louis Cerisier bientôt au Musée de la Création Franche
J'annonce cette exposition longtemps à l'avance pour le cas où l'on voudrait faire le voyage en réservant un billet à tarif réduit. L'inauguration aura lieu en effet le samedi 5 février, un samedi pour les voyageurs qui viendraient de beaucoup plus loin que Bègles, merci aux organisateurs du musée qui ont eu cette délicate attention.
Jean-Louis Cerisier, Mythologie, 2009
Jean-Louis Cerisier, cela faisait longtemps que je n'avais plus parlé de ses travaux. J'avais même cru à un moment qu'il allait laisser tomber la peinture. Et puis voici que pas du tout il est reparti la fleur au fusil, ou plutôt qu'il n'a jamais cessé de créer sous roche, continuant à produire des tableaux, des travaux graphiques avec une belle opiniâtreté. Peut-être n'était-ce qu'une stratégie pour pouvoir continuer sur d'autres voies plus inédites, tranquillement, en se procurant le calme nécessaire. Je l'ai un peu enfermé au début dans l'art naïf, tant je continue de croire que dans ce domaine, on peut rencontrer d'aussi poétiques trouvailles qu'ailleurs (et Jean-Louis me faisait l'effet d'une de ces trouvailles). Naïf n'est pas forcément synonyme de mièvre et de peinture cu-cul. Lui-même paraissait s'enfermer dans un système, tout en cherchant à casser les limites qu'il s'assignait inconsciemment. Plusieurs de ses peintures, à un moment, attestent de ce besoin de rupture, par des jeux de décadrement. A une époque, comme le rappelle Françoise Limouzy dans le texte qui présentera Jean-Louis sur le carton d'invitation à l'exposition, ce dernier allait même jusqu'à scier ses anciens tableaux, cherchant de nouveaux cadrages, déboîtant, recomposant ses images comme un photographe ou un joueur de casse-tête genre Rubik's cube. Certains portraits masqués représentait un homme se cachant derrière un masque tatoué de cases, de grilles, de labyrinthes vaguement inquiétants. Aujourd'hui, il semble vouloir dépasser cette période. Une de ses dernières peintures, Mythologie (voir notre première illustration), montre ainsi un trio, au sein duquel on peut imaginer un personnage bras en croix comme une projection de l'auteur, enfin sorti avec ses compagnes d'un jardin fermé de grilles, à la végétation envahissante, quelque peu étouffante, s'échappant avec satisfaction semble-t-il de la toile d'araignée de fils blanchâtres qui occupe la composition par-dessus le jardin et le voile noir qui bouche une partie du cadre.
Jean-Louis Cerisier, Les soeurs jumelles, 2010
17:21 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-louis cerisier, art singulier, création franche, primitivisme lavallois, art naïf | Imprimer