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18/12/2013

Charles Daucin, l'art souterrain

   Il y a quelques années, au début des années 2000, plusieurs amis et relations avaient attiré mon attention par leurs témoignages de rencontre avec un clochard qui hantait un certain couloir de correspondance à la station Montparnasse, entre les lignes 6 (Nation-Etoile par Denfert-Rochereau) et 13 (St-Denis-Châtillon-Montrouge). Ces témoignages campaient un clochard dessinateur qui vendait à l'occasion ses petites productions aux (apparemment rares) passants intéressés. Le fanzine Zon'Art de Denis Lavaud avait publié trois pages illustrées de quatre dessins qu'accompagnait un texte d'"Eric G." dans son n°8 (automne-hiver 2002-2003). Un dessinateur mendiant dans le métro parisien, je trouvais ça extrêmement rare -et je dois dire que cela fait des années que je me demande pourquoi on n'en rencontre pas plus étant donné que cela pourrait représenter une possible source de revenus pour ces personnes en difficulté, tout aussi valable que le fait de faire de la musique, forme d'expression ultra majoritaire dans le métro au contraire.

 

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Charles Daucin, alias "Charlemagne", un couple et leur fille, un avion, une barque parachutée, des soleils partout..., 2002, coll. Musée du Veinazés (dans la Châtaigneraie cantalienne) ; à noter que la photo ne montre pas le dessin complètement, à gauche il y a vraisemblablement une bande violette qui entoure les saynètes centrales, constituant le cadre par lequel le dessinateur semblait toujours commencer son dessin

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Charles Daucin, alias "Charlemagne", couple de part et  d'autre d'une voiture, maison, 2001


     Charles Daucin était le nom que donnait Eric G. dans Zon'Art. Ce dernier décrivait les dessins qu'il présentait comme étant "toujours vendus par 4". Cela semblait être des sortes de séries, représentant la plupart du temps sur deux niveaux les mêmes saynètes, des membres d'une famille se tenant la main, faisant la fête ("les verres n'étant jamais vides", fantasme indépassable du clochard), des véhicules, des arbres, des maisons, des intérieurs d'appartements avec postes de télévision (voir ci-dessus et ci-dessous des exemples).


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Charles Daucin dit "Charlemagne", la maison idéale avec poste de télé, les verres jamais vides, le couple faisant la fête... 2002, coll. Musée du Veinazès

 

     Je partis à la recherche de cet homme mais ne le rencontrai jamais, le divin hasard ne voulant pas me favoriser pour ce cas. Mais je ne l'oubliai pas. Le hasard me permit seulement, récemment (2013), les voies de ce dernier étant décidément impénétrables, de tomber sur Bernard Coste et son camarade Jean-Pierre, qui animent dans le Cantal le musée du Veinazès (Emmanuel Boussuge nous en a déjà entretenu si vous vous en souvenez) et passent aussi souvent par Paris. Ils avaient eux aussi dans ces mêmes années 2001-2002 rencontré le fameux Charles Daucin qui signait "malicieusement", écrit Bernard Coste, ses dessins "Charlemagne" (c'est le genre de blague en faveur chez les gueux qui se fabriquent aisément des titres bouffons en rapport avec des royautés imaginaires, inversées..., cela va parfois jusqu'à la sculpture de trônes). D'après les souvenirs de Bernard Coste, ce M.Daucin vendait ses dessins cette fois par  6 et plus par 4 comme à Eric G. Peut-être voulait-il plus rapidement s'en débarrasser. Il lui arrivait apparemment aussi de travailler d'après des commandes et des modèles (des reproductions de tableaux, Munch, une Madone...). Il semble qu'au-delà de 2002, on ne trouve plus de témoignage de la présence de Charles Daucin dans les couloirs du métro à Montparnasse. Sa présence paraît attestée seulement entre 1999 (Eric G.) et juin 2002 (Bernard Coste). Les dessins que je reproduis ci-dessus et ci-dessous (un dessin au sujet plus rare) appartiennent tous à la série de douze dessins acquis par Bernard Coste pour le musée du Veinazès (qu'il en soit donc chaudement remercié ici). Si des lecteurs avaient des informations complémentaires à apporter sur notre héros, qu'ils n'hésitent pas à nous faire part de leurs témoignages.

 

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Charles Daucin, dit "Charlemagne", personnage seul (un fumeur), 2002, coll. Musée du Veinazès

 

Musée du Veinazès, Lacaze, 15120, Lacapelle del Fraisse (entre Aurillac et Montsalvy), tél. : 04 71 62 56 93 - 04 71 49 25 81. Le musée se visite en été tous les après-midis. Ajoutons que ces dessins de Charles Daucin ne sont pas actuellement accrochés dans les collections visibles du public.


18/11/2013

Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche

    C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée:

 

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    Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à l'art brut au sens strict du mot, à part les premières plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 1947-48, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules édités depuis le début des années 1960 sous l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène, jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se référant également à des artistes singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettoïsant...

 

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Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda

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La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...)

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Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux axée sur les arts populaires spontanés

Création-Franche-n°30.jpgCréation Franche

Gazogène, le numéro plus récent, n°35fanzines,art brut,art singulier,surréalisme spontané,la chambre rouge,l'art immédiat,collection de l'art brut,création franche,crab,déborah couette,zon'art,ozenda,recoins,gazogène

         De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la Collection elle-même (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont édités conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui se caractérisent généralement par une certaine pauvreté de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés le plus souvent désargentés, indépendants des cercles professionnels du journalisme et de l'édition. 

     Il était cependant tentant d'aller porter un peu l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionnés en France –dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog,  fait partie– de faire de l'information sur les phénomènes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de la littérature ouvrière, des fous littéraires, des environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en France, et ce jusqu'à présent, de monter une grande publication périodique qui se consacrerait à l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spécialisées sur les arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement publié des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'ŒilArtension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou études publiés ici et là sur le thème des arts d'autodidactes inventifs.

 

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Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013

 

     Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numérisée sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des années 80 et 90).

Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès du Musée de la Création Franche.

16/09/2008

Zon'Art tire sa révérence

    Zon'Art s'arrête, vive autre chose? Je ne sais pas, faut voir...

    Pour son dernier numéro, ce mince bulletin proche du fanzine qui était épris d'une humilité dans les commentaires (que je trouvais de façade) sur des sujets qu'il affectait de trouver eux-mêmes modestes, mais qui apportait à l'occasion des informations nouvelles sur l'art brut et consorts (les environnements surtout), à la différence de soi-disant spécialistes du même champ recyclant leur éternel ronron conformiste, ce bulletin, donc, a obtenu de la Halle St-Pierre la permission de monter une exposition et une projection de films durant le mois d'octobre prochain. On y verra de l'art singulier, des évocations photographiques d'environnements spontanés que j'aime aussi beaucoup (voir notes récentes sur Donadello, et les photos que j'insère ci-dessous) et les cartes postales anciennes de Jean-Michel Chesné (voir ma note du 8 juin 2008). Sur Donadello (Bépi Donal), on pourra voir le film de Noémie Dumas que j'ai cité récemment (probablement grâce à l'Association Hors-Champ de Nice).

Joseph Donadello, ses sculptures sur des rayonnages, Saiguède, Hte-Garonne, ph.Bruno Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, un aspect de son jardin de sculptures à Saiguède (Haute-Garonne), ph.B. Montpied, 2008

   Autant vous donner tout de suite le programme général de l'exposition:

Pour la parution de son dernier numéro,

Zon’Art présente (du 3 au 30 octobre 2008) : «SUITE & FIN»

[Galerie de la Halle St-Pierre (Rez-de-chaussée), Paris 18e]

 

Dessins, sculptures, documents :

Stéphanie Buttay, Gustave Cahoreau, Chomo, Clem,

Jacques Karamanoukian, Sam Mackey, Raâk, Gérard Sendrey.

Environnements d’hier et d’aujourd’hui :

Cartes postales anciennes de la collection Jean-Michel Chesné.

Jamain, La-Croix-de-Vie,(Indre-et-Loire), carte postale ancienne.jpg
"Jamain Peintre", Carte postale montrant un jardin de loisirs contenant diverses oeuvres et ouvert au public, La-Croix-de-Vie, Indre-et-Loire ; exemple de carte collectionnée par J-M.Chesné, mais par d'autres amateurs aussi ...(merci Michel Boudin) ; coll.B.M.

Photos de sites et sculptures

Bar du Mont Salut [André Morvan, dans le Morbihan, souches d'arbres assemblées en plein air]

Joseph Donadello

Jean Grard

Emile Taugourdeau

Jean Grard,André Verchuren, vers 2000, coll.privée, Paris, ph.Bruno Montpied.jpg
Jean Grard, André Verchuren, matériaux divers récupérés, assemblés et peints, coll. privée, Paris ; ph.B.Montpied

 

Samedi 4 octobre 2008 à l’auditorium, à partir de 14 heures

Festival audiovisuel (3e édition)

Programme des projections :

N’oubliez pas l’artiste ! (Cartes postales anciennes), diaporama de Jean-Michel Chesné, 45 mn

Vladan Popov de Jean-Michel Zazzi (1999), 13 mn

Raymond Reynaud de Jean-Michel Zazzi (1999), 18 mn

Le jardin de Bépi (Joseph Donadello)  de Noémie Dumas (2007), 17 mn

La porte du mystère (Raâk, l’eau, la terre, le feu) deStéphanie Buttay (2008), 12 mn (En présence de la réalisatrice)

C’est le matin... ((Gérard Sendrey, la fabrique de galaxies) deStéphanie Buttay (2008), 8 mn

Poétique mécanique (Le manège de Petit Pierre), de Jean-Michel Zazzi (2007) 4:30 mn

L’émotion est au bout de la route, diaporama (1984 à 2008 : le bar du Mont Salut, François Lozevis, Joseph Le Bail, Emile Taugourdeau) de Michel Leroux, 45 mn

L'univers de pierres de Nek Chand,diaporama de Laurence Savelli, 40 mn [Voici un bel exemple de ronron et de redite...]

Film surprise : 13 mn

 

Halle Saint-Pierre

2, rue Ronsard - 75018 Paris

M° : Anvers ou Abbesses - Tél : 01 42 58 72 89