Rechercher : Recoins
Un jeu de plus pour donner une chance aux autres
Je m'attends à tout. Il y a des yeux de lynx qui scrutent les moindres recoins de ce blog pourtant vieux de deux ans et demi et qui contient tout de même pas mal de "pages". Va-t-on trouver aussi vite que le jeu précédent? Ma curiosité est piquée au vif, je le confesse.
De qui est le fragment ci-dessus? (Les gens trop proches de l'auteur sont bien sûr conviés à ne pas intervenir, SVP!)
04/01/2010 | Lien permanent | Commentaires (3)
Un meuble énigmatique
Emmanuel Boussuge, notre correspondant émérite du Cantal, et accessoirement éditeur de la revue Recoins à Clermont-Ferrand, grand amateur d'art populaire et de rock'n roll, m'envoie l'image d'un meuble de 1812, sorte de placard, qu'il trouve - et moi itou - énigmatique. Il demande qu'on la mette sous les yeux de tout internaute un peu sagace qui saurait déchiffrer l'énigme qu'elle présente (s'il y a énigme). Pourquoi ces deux cadrans horaires aux heures différentes (trente minutes d'écart entre elles si ce sont les heures du milieu, ou de la fin, du jour)? Est-ce un naïf memento mori pour marquer le temps qui fuit, inexorable, et nous emmène tous vers le trou en bout de piste? Saurez-vous éclairer nos lanternes parisiennes et auvergnates?
22/05/2010 | Lien permanent | Commentaires (13)
Le visage à l'intérieur, un parallèle Gilles Manero/Steinn Steinarr
Gilles Manero, sans titre, mine de plomb, crayons et collage de tarlatane sur papier photographique ancien, env. 39x29 cm, 2010, coll. Bruno Montpied
Dans ta conscience
Il y a un visage qui regarde
Steinn Steinarr
Dans ta conscience il y a un visage qui regarde,
Visage que nul ne voit et qui ne doit trouver place nulle part.
Son regard est le rêve, sombre et brûlant,
Qui se cache dans l'ombre de tes sentiments.
Il ne se trompe pas de direction, il prend bien garde à soi,
Il s'enterre dans l'ombre profonde et intime.
Il va incognito, ce visage,
Par les recoins les plus taciturnes de ton âme.
Rien n'est aussi profondément celé sur terre,
Tu séjournes longtemps à distance, faible et diminué.
Ta requête est faite pour rien,
Ce visage n'existe plus, qui fut toi-même.
(extrait de Le temps et l'eau, trad. Régis Boyer, éd.Actes Sud, 1984)
10/03/2013 | Lien permanent
Darnish débarque à Paris
J'ai eu l'occasion de vous parler de l'ami Darnish, un artiste rennais qui me paraît inventif. Il est attentif qui plus est à la créativité autour de lui, même si elle se trouve dans des recoins peu observés, que ce soit dans les parenthèses oubliées d'Essaouira ou au fond des bois de Bretagne.
Quatre oeuvres diverses du sieur Darnish, ph. Samantha Richard, 2013
Le voici qui s'en vient pour une exposition à Paris à la Galerie 17, tenue et animée par les animateurs du foyer d'édition Venus d'Ailleurs de Yohan-Armand Gil et autres, loin de Nîmes leur port d'attache, à Montmartre cette fois, tout près de la rue Lepic (et située entre l'ancien appartement de Ghérasim Luca d'une part et celui de Jacques Prévert d'autre part). Il présentera dans cette petite galerie des collages et des assemblages. Le vernissage c'est ce vendredi 13, à partir de 17h. Ça va sûrement lui porter bonheur.
Exposition Darnish, du 13 décembre au 10 janvier 2013. Galerie 17, 17 rue Constance, Paris 18e. M°Blanche, ouv. le vendredi du vernissage de 17h à 21h. Puis sam. et dim. de 10h à 12h et 14h à 19h. Dans la semaine et autres jours, sur rendez-vous: 06 11 49 38 21. galerie.17@free.fr et http://galerie17.over-blog.fr
11/12/2013 | Lien permanent | Commentaires (7)
Exposition éphémère de photos du Cantal: MASSIF EXCENTRAL (13)
01/12/2007 | Lien permanent | Commentaires (2)
Travail d'Apache
A. Escudier, Travail d'Apache à Belleville, 1905, 47x38cm, coll. et ph. Bruno Montpied.
Les feuilles mortes s'y ramassent à la pelle et, apparemment, pas seulement les feuilles... comme on peut le voir avec cet homme largement suriné (d'un coup de poignard bien peu subtil), sur ce tableau peint sur carton par un certain Escudier au début du siècle dernier. On a affaire à un triple leitmotiv ensanglanté: le foulard au cou de l'Apache, la pointe du surin et la plaie de la victime au sol qui ressemble à une cravate défaite. L'homme mort (une vengeance?) arbore une expression proche de l'étonnement, ce qui accentue le caractère naïf de la peinture. La scène de meurtre a quelque chose de stéréotypée, comme reproduite d'après la photo d'une de ces publications à sensation qui exploitaient les faits-divers, comme il y en a toujours eu (avant les journaux, il y avait les occasionnels, les canards avec des gravures sur bois bien "sanglantes", cherchant à profiter de l'émoi des bonnes gens, facilement prêtes à s'épouvanter devant de tels crimes). On nous parle de "Belleville", mais la scène se passe dans un bois... A Belleville, en 1905, l'urbanisation avait déjà fait litière des bouts de nature sauvage qui existaient autrefois sur les hauteurs de cette colline parisienne. Peut-on imaginer alors que l'assassinat a eu lieu dans un recoin discret des Buttes-Chaumont qui s'étend aux lisières de Belleville?
26/06/2017 | Lien permanent | Commentaires (23)
Marcel Landreau n'est donc pas mort
Je ne tenterai pas en rédigeant cette note de m'attribuer un mérite qui revient de fait au blog Animula Vagula qui a su ces derniers jours ouvrir ses fenêtres à des nouvelles des statues de silex du "caillouteux" Marcel Landreau que l'on croyait définitivement perdues. Je voudrais seulement rediriger vers cette sympathique information les lecteurs qui n'y seraient pas déjà allés. Veuillez donc suivre le lien ci-dessus s'il vous plaît d'en apprendre davantage.
Deux personnes, nommées sur le blog cité en référence "Freddy et Cathy", ont donc sauvé de l'oubli un certain nombre de statues de Marcel Landreau qui végétaient dans un recoin perdu. Bien sûr on aimerait en apprendre plus, combien de statues, quand est-ce que Landreau avait déménagé de Mantes-La-Jolie (où il a créé son décor de statues de silex collées à l'Araldite de 1961 à 1990 environ...) pour les Deux-Sèvres, quand il est mort, ce que devinrent ses statues avant d'atterrir dans le recoin oublié, ce que comptent faire les deux conservateurs par la suite, pensent-ils à une conservation qui serait plus assurée dans une quelconque institution muséale, (Le futur LaM de Villeneuve-d'Ascq par exemple?), etc...
Animula avance en outre que l'on pouvait déduire le départ de Landreau pour les Deux-Sèvres à partir du chapitre que Clovis et Claude Prévost ont consacré à Landreau dans leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire en 1990. Cela me paraît un peu gratuit comme affirmation. Rien dans ce chapitre ne me paraît de nature à autoriser une telle "déduction". Par contre, j'ai personnellement signalé oralement à divers interlocuteurs dans les années 90 (dont par exemple Laurent Danchin qui l'a répercuté dans certains de ses textes) que je me demandais si Landreau n'était pas retourné dans sa région d'origine, aprés que j'eus filmé en 1992 son jardin aux statues disparues (séquence que j'ai montée dans le petit sujet en Super 8 que j'ai consacré à Landreau et que j'ai joint à l'ensemble Les Jardins de l'art immédiat, voir Le petit dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma). Le petit "musée" que signalent Claude et Clovis Prévost dans leur livre était installé dans le grenier de la maison de Mantes. Je l'ai personnellement visité en présence de Landreau en 1987.
La nouvelle de la pérennité d'un certain nombre de ces merveilles d'inventivité spontanée et populaire est une excellente nouvelle qui paraît prouver ce que me confia un jour Maugri, autre créateur autodidacte, paysan de la région de Brancion, à savoir que les oeuvres fortes se défendent toutes seules, comme douées d'une vie propre, protégées qu'elles sont par le talisman d'une magie liée à la fascination qu'elles exercent sur ceux qui les voient.
25/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (2)
Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche
C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée:
Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à l'art brut au sens strict du mot, à part les premières plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 1947-48, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules édités depuis le début des années 1960 sous l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène, jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se référant également à des artistes singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettoïsant...
Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda
La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...)
Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux axée sur les arts populaires spontanés
Création Franche
Gazogène, le numéro plus récent, n°35
De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la Collection elle-même (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont édités conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui se caractérisent généralement par une certaine pauvreté de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés le plus souvent désargentés, indépendants des cercles professionnels du journalisme et de l'édition.
Il était cependant tentant d'aller porter un peu l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionnés en France –dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie– de faire de l'information sur les phénomènes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de la littérature ouvrière, des fous littéraires, des environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en France, et ce jusqu'à présent, de monter une grande publication périodique qui se consacrerait à l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spécialisées sur les arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement publié des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'Œil, Artension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou études publiés ici et là sur le thème des arts d'autodidactes inventifs.
Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013
Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numérisée sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des années 80 et 90).
Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès du Musée de la Création Franche.
18/11/2013 | Lien permanent | Commentaires (15)
Fouré niouses
Cette note comporte une mise à jour
Petit rendez-vous sur les ondes à ne pas manquer si cela vous attire, vendredi soir à 22h30 dans l'émission Muzar de Radio-Libertaire, présentée par Nathalie Mc Grath, Jean-Christophe Belotti accompagné d'un sciapode sautillant, ainsi que de Roger Renaud et Alexandre Pierrepont, viendra faire une causerie autour du numéro 1 de sa revue L'Or aux 13 îles. Cela sera aussi l'occasion de parler de l'abbé Fouré et du dossier sur les bois sculptés inséré dans ce n°1 en compagnie de quelques rares documents sur l'ermitage et ses sculptures évanouies. Hélas, nous ne diffuserons aucun enregistrement de l'abbé, borborygmant à souhait parmi les embruns (sourd, il avait en outre, semble-t-il, quelques difficultés à s'exprimer oralement). Peut-être simplement sera-ce l'occasion de glisser quelques enregistrements de musique traditionnelle bretonne ou quelque ancienne complainte de marin (comme le guide du musée l'évoque à un détour de la visite, une oeuvre campant "un chanteur de complainte")? Contentons-nous pour le moment de cette grimace de l'abbé, qui semble bien une pitrerie destinée à amuser les bourgeois endimanchés qui l'entourent, à côté du "dernier des Rothéneuf" qui "protégeait sa femme" du monstre marin situé en contrebas, tout cela dans les rochers sculptés de la côte de Rothéneuf. On notera sur ce cliché l'état de fraîcheur des peintures qui recouvraient la statue de cette effigie confortablement barbue.
Pour revenir à la revue belottienne, il faut ajouter quelques nouvelles librairies parisiennes à la liste déjà signalée, toutes situées dans le Ve ardt. Elle est désormais également disponible à l'Arbre à lettres, 2 rue Edouard Quenu. Aux Autodidactes, 53 rue du Cardinal Lemoine, à la Galerie La Sorbonne, 52 rue des Ecoles. Et chez Compagnie, 58 rue des Ecoles. On espère pouvoir incessamment la voir déposée en Bretagne, où, me dit-on, quelques amateurs particulièrement bien documentés auraient autre chose à révéler sur le fameux abbé. Lyon, Marseille et Bordeaux l'auraient également en vente dans quelques bonnes adresses. Enfin on la trouve depuis peu à Clermont-Ferrand et à Murat, grâce à l'homme de Recoins, revue amie concoctée par Emmanuel Boussuge, adresses: Bouqui'Disk, rue des petits gras à Clermont, et Aux Belles Pages à Murat (mon rêve enfin réalisé: être distribué dans le Cantal!).
Il faut signaler qu'un documentaire existe sur l'abbé Fouré, de Frédéric Daudier et Olivier Gouix, intitulé "L'Homme de granit, le sculpteur des rochers de Rothéneuf" (co-production Arcanae-TV Breizh-DRC Films). Il dure 52 min et date de 2002.
Enfin, signalons un article de Mme Virginie David paru dans Le Pays Malouin du 8 avril dernier qui permet aux lecteurs de la région de St-Malo d'apprendre l'existence de notre revue et de son dossier sur Fouré. Grâces lui soient rendues...
14/04/2010 | Lien permanent | Commentaires (8)
Une trouvaille dans un bar alsacien par Darnish
Henri Rogy, L'Oiseau de France, 1912 ; photo Darnish, 2024.
Grâces soient rendues à l'œil aiguisé de l'ami Darnish qui m'a transmis la photo ci-dessus, d'après un tableau déniché dans les toilettes (!) d'un bar de Strasbourg. Où se cache l'art naïf? Dans des recoins dédaignés, dirait-on.
Que dire de cette peinture, à part le fait qu'elle paraît représenter des Alsaciens saluant le passage d'un aéroplane venu de la France non occupée par les Prussiens, regardé avec les yeux de Chimène par des habitants nostalgiques de la France, la scène se déroulant au pied du poteau de frontière – datant de 1871! – entre ce dernier pays et le Reich allemand, ce dernier ayant annexé l'Alsace et une partie de la Lorraine, suite à la guerre perdue par Napoléon III.
1912... Encore deux ans, et la guerre se rallumera, avec pour conséquence la reprise de l'Alsace et de la Lorraine dépecée, en 1918 (jusqu'à la guerre suivante, pour quelques années de plus d'annexion). En 1912, les rapports avec l'Allemagne sont tendus depuis 1905. La Lorraine n'est pas totalement occupée, tandis que Metz, qui apparaît sous forme de pancarte dans ce tableau, l'est (voir la carte ci-contre avec la frontière en jaune qui matérialise le découpage postérieur à la guerre de 1870).
Des peintres prennent à cette époque le sujet de la revanche contre l'Allemagne pour sujet. Comme un certain Alfred Bettannier (Metz, 1851 - Paris, 1932) qui réalise quelques tableaux marquants comme La Conquête de la Lorraine en 1910 ou encore... Oiseau de France en 1912. "Oiseau de France", c'est précisément le titre du tableau retrouvé à Strasbourg. Tiens, tiens...
Il s'avère que le tableau de ce titre, de Bettannier, montre la même saynète. Il a été visiblement édité en carte postale et a dû beaucoup circuler, en particulier en Lorraine au début de la décennie des années 1910. Rogy l'a démarqué sans l'ombre d'un doute, dans une attitude fréquente chez les artistes populaires (j'ai évoqué déjà sur ce blog le cas d'un certain Kobus qui sculptait des panneaux en bas-relief d'après des gravures). Voici la carte (en noir et blanc) du tableau de Bettannier:
Alfred Bettannier, Reproduction photomécanique du tableau (original non localisé) L'Oiseau de France, Salon des Artistes français de 1912. ; cette reproduction sur papier est conservée au musée municipal de Nuits Saint-Georges.
Alfred Bettannier, L'Oiseau de France, 1912 ; reproduction trouvable sur Wikipédia...visiblement du tableau original.
Confronter les deux oeuvres permet de mesurer la différence entre la fraîcheur stylisée de l'art naïf et la banalité de l'art réaliste. On dirait aussi deux interprétations de classe vis-à-vis de mêmes gens réunis dans une même saynète. D'un côté, Rogy voit des gens simples (je dénombre 14 personnages dont deux enfants en avant du groupe, les pieds chaussés, les visages étant sommairement dessinés, les corps étant plutôt raides), là où Bettannier campe plutôt des gens respectables (je dénombre un peu plus de personnages: 18), certes choisis dans plusieurs catégories de la population (on voit un curé, des paysans, des garçons de la campagne en arrière-plan, avec les deux enfants de l'avant-plan qui sont pieds nus, cela dit, tous personnages peints avec souci du détail).
J'ajoute ci-après l'explication figurant dans la notice de la POP (Plateforme Ouverte du Patrimoine), qui commente la reproduction d'après Bettannier :
" "C'est un oiseau qui vient de France" est une chanson revancharde évoquant l'annexion par l'Allemagne de l'Alsace-Lorraine, créée en 1885 par Camille Soubise (paroles) et Frédéric Boissière (musique). Elle conte l'espoir rendu à une fillette et un vieillard par l'arrivée en Alsace d'une hirondelle venue de France. En 1912, le sentiment "anti-allemand" est encore présent et la chanson très populaire, au point que le peintre français Albert Bettannier expose au Salon des Artistes Français le tableau reproduit ici, sous le titre "L'Oiseau de France". Il s'agit d'une mise en images de la chanson, dans laquelle on reconnaît la petite fille et le vieil homme, figurés avec d'autres Alsaciens à la frontière séparant l'Alsace de la France. Ce n'est pas un oiseau qui leur redonne l'espoir, mais un avion français. Car c'est aux alentours de l'année 1910 que l'aviation fait son entrée dans les armées européennes. La nouvelle machine de guerre incarne, ici, la possible reconquête des terres perdues."
17/09/2024 | Lien permanent | Commentaires (3)