Rechercher : la maison sous les paupières
Le musée d'Antoine Paucard, limousinant, ancien communiste, poète et sculpteur autodidacte, patriotard et spiritualiste
Cette note est dédiée à la personne signant "les freluquets farfelus" qui m'a mis sur la piste d'Antoine Paucard, qu'elle en soit donc remerciée ici.
Que d'étiquettes à coller sur le dos de cet étonnant personnage qui vécut une grande partie de sa vie à Saint-Salvadour, en Corrèze... Antoine Paucard, né en 1886, disparu en 1980, à l'âge respectable de 94 ans, fut en effet, nous dit-on sur internet (sources blogs Algerazur, Jean Maury et Wikipédia, dont les informations sont à réactualiser, je m'y emploie ici même), "tour à tour cultivateur, maçon, révolutionnaire, voyageur, auteur de chansons limousinantes, poète", et surtout pour ce qui me concerne un sculpteur naïf de première qualité...
Antoine Paucard, autoportrait avec un ami, Roger Cronnier, avec commentaires inscrits sur les côtés, et au revers un bas-relief montrant "Minerve, déesse de la sagesse et des arts", (cette statue, difficile à déplacer, était à cet emplacement, devant l'ancienne maison de l'auteur, d'une manière toute transitoire), ph. Bruno Montpied, juillet 2011
En effet, venu sur le tard semble-t-il à cette dernière forme d'expression, il créa un ensemble de statues taillées pour leur majorité dans le granit qu'il décida d'exposer dans un petit musée bricolé par ses soins dans une petite dépendance de sa maison principale (voir image ci-contre, ph.BM). L'entrée était libre, une pierre indiquait un "musée Paucard", ouvert tous les jours, et un panneau proclamait, paraît-il: "Entrez comme chez vous, mais refermez le clidou" (à mon passage, en juillet dernier, je ne l'ai plus vu, et pour cause, le musée avait été vidé de son contenu, par suite de la vente de la propriété par le fils d'Antoine Paucard et le transfert des collections dans un local également derrière la mairie du bourg où elles sont actuellement en cours de réinstallation).
Cherchez le nouvel emplacement du musée Paucard... Ph. BM
Le voici de nouveau à l'abri (chantier en cours... a priori non visitable pour l'heure), ph. BM
Les statues transférées, une trentaine à peu près, pas toutes encore installées au moment de ma visite... Ph. BM, juillet 2011
Depuis 2008, la commune, consciente de l'importance de ce patrimoine, a racheté le musée, ainsi que les archives d'Antoine Paucard, qui comptent notamment 120 carnets, contenant des notes et des réflexions personnelles, des aphorismes, des souvenirs, des poèmes, des chansons, le tout écrit entre 1930 et 1975... Peut-être la commune possède-t-elle un exemplaire, voire le manuscrit même, du livre qu'écrivit Paucard de retour d'URSS en 1933 (il n'y a pas que des Gide à en être "revenu"), intitulé "Un mois en Russie, par un paysan de la Corrèze". Je donnerais cher pour pouvoir lire ça...
Coffre d'Antoine Paucard couvert de poèmes ayant trait à ses carnets de notes, que ce coffre était vraisemblablement chargé de conserver, ph.BM
Cependant, on peut se faire un début d'idée sur la personnalité et les opinions d'Antoine Paucard tant ce dernier a laissé ailleurs que dans ces carnets des traces de ses pensées. Il a inventé en particulier une très originale façon de les exprimer: des statues-poèmes (c'est moi qui les appelle ainsi). De nombreuses effigies sont striées d'inscriptions gravées et soulignées en noir, qui sont autant d'étapes dans l'histoire paucardienne de ses admirations, de son panthéon personnel, de sa philosophie, de ses convictions.
Musée Antoine Paucard, de Napoléon à Sédulix... Ph.BM
Les généraux Margueritte et Nivelle, Sédulix et autres... Ph BM
Parmi ces effigies, on retrouve Napoléon, Charlemagne, Richelieu, deux généraux de la guerre de 14, Margueritte et Nivelle, un chef gaulois particulièrement vénéré par Paucard, nommé Sédulix (sorte de Vercingétorix du Limousin), Saint Salvadour, le père et la grand-mère de l'auteur, des chasseurs d'Afrique (vraisemblablement, étant donné que c'est le corps dans lequel servit Paucard de 1906 à 1909, et où il perdit un œil au Maroc), Confucius, etc.
Antoine Paucard, "Positivisme...et spiritualité", ph.BM
Mais aussi, il n'est pas rare de rencontrer des pierres entièrement vouées aux inscriptions, l'auteur gravant ses écrits dans la matière, affichant ainsi sa volonté de représenter plus solidement l'éternité de l'esprit qu'il n'a de cesse de proclamer dans sa littérature (dont la postérité lui paraissait sans doute peu assurée), et particulièrement aussi au cimetière du village où il a pu sculpter son tombeau et celui de sa famille, et de surcroît la stèle commémorant la mort d'un de ses compagnons résistants du "combat de La Servantie" (où cela se passait-il? Dans quelle région ou maquis? On aimerait davantage de renseignements là-dessus...), un Géorgien au calot étoilé, Datiko Verouachvili, à qui il a consacré dans son musée un buste également.
Bibliographie:
Françoise Etay, Les chansons du temps de mon grand-père, in L'ethnomusicologie de la France, Editions L'Harmattan, 2008, pp. 225–226.
Robert Joudoux, Évocation d'Antoine Paucard, écrivain, sculpteur et chansonnier limousin de Saint Salvadour, Lemouzi, n°147, juillet 1998, p. 21.
Jean-Loup Lemaître, Michelle et Stéphane Vallière, Corrèze, 100 lieux pour les curieux, Guide Bonneton insolite, juin 2010, chapitre "Souvenirs d'un anticonformiste", pp. 167-169.
Illustrations du bas de cette note: Datiko Verouachvili en photo sur sa tombe au cimetière dont l'épitaphe a été rédigée et gravée par Paucard, et aussi en buste, taillé dans le granit par Paucard dans son musée.
21/08/2011 | Lien permanent | Commentaires (7)
Postérité des environnements (6): Un rêve part en fumée, dispersion du jardin extraordinaire d'André Hardy
Vue générale du jardin de sculptures créé par André Hardy des années 70 à ces dernières années, ph. Bruno Montpied, juillet 2010
Le personnage à la cravate rouge est peut-être un autoportrait de l'auteur du jardin? ph BM, 2010
Le "Jardin Extraordinaire", comme l'avait appelé lui-même André Hardy, peut-être par référence à la chanson de Charles Trénet, n'est plus du tout extraordinaire, hélas. Un nouveau propriétaire bien moins inspiré que le créateur originel du site a décidé de faire table rase des sculptures qui étaient semées un peu partout en dessous de la maison située au faîte d'une colline, comme juchée à l'horizon, curieusement mise en valeur par la présence des dizaines de sculptures naïves en plein air qui la cernaient, ainsi que par son découpage sur le fond du ciel. Ces sculptures descendaient, soigneusement distribuées sur les pelouses, jusqu'à la route, en contrebas, qui longeait ce territoire onirique en une courbe grâcieuse propice aux lents travellings.
Le personnage à l'ombrelle avait été repeint en bleu entre 2008 et 2009 ; la baleine bleue, "une bête comme on en fait peu", était-elle une allusion, ou une réminiscence?, du poème de Jacques Prévert, La chasse à la baleine? Ph. BM, 2010
Le caméraman du film de Remy Ricordeau, Bricoleurs de Paradis, ne s'en était pas privé du reste, de ces travellings, c'est le jardin sur lequel se clôt le documentaire, couvert depuis la fenêtre de notre voiture. Dans les bonus du DVD que nous avons tiré du film (à paraître incessamment, la date "officielle" de la sortie des Bricoleurs et du livre Eloge des jardins anarchiques est pour la fin du mois), on entend également les élus de St-Quentin-les-Chardonnets (c'est la commune où se trouvait le jardin, dans l'Orne), qui dialoguent l'été dernier sur l'hypothèse de la sauvegarde ou non de ce site, qui avait déjà été abandonné par le couple à ce moment (Les Hardy, trop fatigués pour rester sur place, venaient de partir dans une institution médicalisée, après avoir vendu la propriété avec toutes les statues). Ces deux élus se révèlaient assez désarmés devant la question de la propriété privée, disant ne rien pouvoir faire face au nouvel occupant, et ce malgré l'aspect officieusement "patrimonial" du site, qui avait été un temps fléché sur les guides de randonnée édités par la commune.
André Hardy, son Andalouse et le cerf toutes ramures déployées (première oeuvre d'André Hardy dans les années 70), ph BM, 2010
Le nouveau propriétaire avait paraît-il l'intention de louer la maison, et déjà s'esquissaient de menus aménagements que j'avais photographiés, signes que j'avais alors interprétés comme de mauvais augure. Pourtant la location du lieu, avec ses statues et son paysage créés par Hardy, destiné à une sorte de tourisme "brut" (qui s'esquisse ça et là), aurait pu tenter nombre de loueurs, potentiels amateurs de sites d'art populaire insolite. Ce tourisme "brut" d'un nouveau genre (analogue à celui qui se pratique avec les cabanes louées dans les arbres ou les sites troglodytiques) pourrait se présenter comme une solution alternative pour la sauvegarde provisoire des environnements insolites, assurée par des passionnés non institutionnels, ce qui serait plus cohérent avec l'esprit de ces lieux..
Les démolisseurs avaient commencé de passer à l'attaque dès juillet 2010, ph.BM
Les élus interrogés, qui avaient l'air bien embarrassés, se doutaient-ils en juillet 2010 des intentions complètes du nouveau propriétaire? Ce qui est sûr, c'est que la médiatisation du lieu était loin d'être réalisée, et ceci en dépit de la longévité du site (une quarantaine d'années à peu prés : on voit une photo du site dans Les Inspirés du bord des routes, le fameux livre de Jacques Verroust et Jacques Lacarrière en 1978 -il n'y a à cette époque qu'une vingtaine de sculptures, chiffre qui fut bien vite dépassé par la suite ; c'est Olivier Thiébaut, presque vingt ans plus tard, qui lui consacrera une notice importante dans son ouvrage sur les environnements de l'ouest, Bonjour aux promeneurs, édité chez Alternatives en 1996). Le site aurait été ainsi plus connu, il aurait été reconnu comme un site patrimonial, les dégâts actuels auraient peut-être pu être évités. Le début de reconnaissance du phénomène "Art brut" a contribué, au minimum, à faire que les statues n'ont pas été semble-t-il toutes détruites mais vendues pièce par pièce, notamment à une boutique de décoration située dans la bourgade voisine de Tinchebray, "Le grenier de Marco", qui actuellement encore propose dans son catalogue (rubrique "Art brut au jardin"!) diverses statues à vendre, dont par exemple la fameuse Baleine bleue: avis aux amateurs et aux conservateurs!
Ph. BM, 2010
A signaler que l'on peut trouver l'information de cette mise en vente sur plusieurs blogs ou sites qui s'intéressent aux inspirés du bord des routes, notamment celui d'Henk Van Es (rédigé en anglais), Outsider environments Europe. On retrouvera également André Hardy dans mon Eloge des jardins anarchiques, où je lui ai consacré une notice (parution: incessamment sous peu...).
15/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (7)
Où trouver ”Eloge des Jardins anarchiques”? Liste des points de vente
Voici la liste des points de vente telle qu'elle pouvait être établie en mai (plutôt vers le début de ce mois). J'ai essayé de situer les librairies quand j'avais le temps... La liste n'est probablement pas exhaustive, le diffuseur (Court-Circuit diffusion) ayant probablement trouvé d'autres librairies entre temps, mais en l'état, elle peut tout de même être utile, je pense. Il se peut également que certains points de vente mentionnés ci-après n'aient déjà plus de livres. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à passer commande à votre libraire (ceci étant valable aussi dans n'importe quel lieu ne figurant pas dans cette liste ; le diffuseur s'engage à honorer toutes les commandes que lui feront les librairies où que ce soit).
Paris:
Librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard (18e ardt), L’Arbre à lettres dans les 3e, 5e, 12e, 13e ardts, L’Alinéa, L’Appel du livre, L’Attrape-Cœurs (18e), L’Atelier 9, L’Atelier (20e), Atout-Livre (12e), Librairie des Batignolles (17e), Les Buveurs d’encre, Le Cabanon, Le Merle Moqueur (20e), Chapitre.com, Le Comptoir des Mots, Compagnie (5e), Dédale (5e), Le Divan (15e), L’Ecume des pages (6e), La Friche (11e), Librairie des Gâtines, Le Genre Urbain, Gibert Joseph (Bd St-Michel, 6e), Les Guetteurs de vent (11e), L’Harmattan (5e), La Hune (6e), L’Humeur vagabonde (18e), L’Iris noir (11e), Les Jardins d’Olivier (rue Gay-Lussac, 5e), Libralire (11e), Le Livre Ecarlate, Libre Ere, Matière à lire, La Maison Rustique (6e), Le Merle Moqueur (20e), MK DVD Loire (19e), Le 104 (19e), Le Monte-en-l’Air (20e), Libraire du Musée du Louvre/RMN (1er), Les Oiseaux Rares (13e), Page 189, Parallèles (1er), Librairie du Parc/Actes Sud (La Villette, 19e), Flammarion Centre Pompidou (1er), Publico (11e), Quilombo (11e), Un Regard Moderne (5e), SFL Danton (6e), Librairie Jean Touzot, Tropiques, Tschann (6e), Vendredi (9e), La 25e Heure (5e), Equipages (20e), Le Flâneur des deux rives (6e), La lucarne des écrivains (19e), Comme un roman, Le 104 (19e), La FNAC
Couronne de Paris
78 (Yvelines) : Le Livre Bleu, Versailles, 92 (Hauts-de-Seine): Au Grillon, Nanterre, 93 (Seine St-Denis): Folies d’Encre, Montreuil ; Folies d’Encre-Liberté sur parole, St-Ouen ; La Malle aux histoires, Pantin ; Les Mots Passants, Aubervilliers ; SFL Alizé, St-Denis ; La Traverse, La Courneuve (centre-ville), 94 (Val de Marne): L’envie de lire, rue Gabriel Péri, Ivry ; Générale Libr’Est, Charenton-Le Pont ; Gibert Joseph, Vitry ; Millepages, Vincennes.
Régions
06 (Alpes-Maritimes): Librairie Jean Jaurés, Nice ; Librairie Masséna, Nice.
10 (Aube): Les Passeurs de textes, Troyes.
11 (Aude): Mots et Cie, Carcassonne.
12 (Aveyron): Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier.
13 (Bouches-du-Rhône): Bouquinerie des 5 avenues, bd de la Libération, Marseille ; Gibert Joseph, Marseille ; Le Greffier de St-Yves, rue Venture, Marseille (1er ardt) ; Le Lièvre de Mars, rue des 3 Mages, Marseille ; Maupetit (éd. Actes Sud), Bd de la Canebière, Marseille ; L’Odeur du Temps, Marseille ; Librairie Vents du sud, Aix-en-Provence ; Libraire de l’Université, Aix-en-Provence ; Librairie La Provence, Aix-en-Provence ; Goulard, Aix-en-Provence.
14 (Calvados): Brouillon de culture/L’Université, Caen ; Euréka street, place de la république, Caen.
16 (Charente): Librairie MCL, Angoulême.
17 (Charente-Maritime): Les Saisons, La Rochelle.
22 (Côtes d’Armor): Gwalarn, Lannion ; Mots et Images, Guingamp ; Centre Leclerc, Plérin.
23 (Creuse): Maison de la Pierre, à Masgot (commune de Fransèches), hameau du sculpteur François Michaud.
24 (Dordogne): Marbot, Périgueux.
25 (Doubs): Camponovo, Besançon ; Les Sandales d’Empédocle, Besançon.
26 (Drôme): Le Bazar des Mots, Hauterives.
29 (Finistère): Caplan and Co, près de Morlaix, à Poul Rodou par Guimaëc ; La Petite Librairie, rue Danton, Brest ; Daniel Roignant, bouquiniste, Brest.
30 (Gard): Sauramps en Cévennes, place St-Jean, Alès.
31 (Haute-Garonne): Castela, Toulouse ; Gibert Joseph, Toulouse ; Ombres blanches, Toulouse ; Privat, Toulouse ; Terra Nova, Toulouse.
33 (Gironde): La Machine à lire, Bordeaux ; La Mauvaise Réputation, Bordeaux ; Mollat, Bordeaux) ; Librairie du Muguet, Bordeaux.
34 (Hérault): Gibert Joseph, Montpellier ; Le Grain des Mots, bd du Jeu de Paume, Montpellier ; Sauramps, Montpellier.
35 (Ille-et-Vilaine): Le chercheur d’art, 1, rue Hoche, Rennes ; La Cour des Miracles, rue Penhoët, Rennes ; Forum du Livre, Rennes ; Librairie Le Failler, Rennes.
38 (Isère): Lucioles, Vienne ; Le Square Librairie de l’Université, Grenoble ; Association Antigone, Grenoble.
39 (Jura): Jacques, Dôle.
42 (Loire): Lune et l’Autre librairie, St-Etienne ; Librairie de Paris, St-Etienne).
44 (Loire-Atlantique): Coiffard, Nantes ; Durance, Nantes ; Vent d’Ouest Lieu unique, Nantes ; Boutique Bientôt, Nantes ; La voix au chapitre, St-Nazaire.
45 (Loiret): Les Temps Modernes, Orléans.
46 (Lot): Régis Benatré, Biars-sur-Céré.
49 (Maine-et-Loire): Contact, Angers ; Les Nuits bleues, rue Maillé, Angers.
53 (Mayenne): Livres compagnie/chapitre, Laval ; Libraire du musée d'art naïf du Vieux-Château, Laval.
54 (Meurthe-et-Moselle): L’Autre rive,Nancy ; Hall du Livre/Privat, Nancy.
57 (Moselle): Hisler even, Metz.
59 (Nord): Le Bateau-Livre, rue Gambetta, Lille ; Le Furet du Nord, Lille ; La Boutique du Lieu (musée du LaM, musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve-d’Ascq) ; L’Harmattan/Les Alizés, Lille ; Librairie Meura, Lille.
64 (Pyrénées-Atlantique): L’Alinéa, Bayonne ; Mattin Megadenda/Librairie Elkar, Bayonne.
66 (Pyrénées-Orientales): Torcatis, Perpignan.