Rechercher : la maison sous les paupières
Guy Girard s'expose à Pont-Aven
1996 : Librairie-Galerie La Belle Lurette, Paris.
1990 : Galerie L'Usine, Paris.
Expositions collectives récentes :
« A bleu nommé », Médiathèque Jean Prévost, Bron.
2003 : « Visions et Créations dissi- dentes », Musée de la Création Franche, Bègles.
2000 : « Eveil paradoxal » (exposition du groupe de Paris du mouvement surréaliste), Maison des Arts, Conches (Normandie).
Collections publiques :
Ostfriesenslandschaft, Allemagne.
Banco del Estado, Santiago, Chili.
Regard Surréaliste, exposition de Guy Girard du 15 juin au 30 septembre 2007 à la galerie Pigments et matières, 34, rue du Général de Gaulle, Pont-Aven (Finistère). Tél : 02 98 09 15 52.
[Photos B.Montpied, peintures collections privées Paris et Clermont-Ferrand, du haut vers le bas: Rencontre du paraphe de Freud et du nom de Merlin en lettres-images au-dessus de Paris au XVIe siècle, Chemin de St-Jacques, Sciapode de course (1986) ]
20/08/2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Info-Miettes (17)
Encore et toujours Marie Espalieu
Cette fois les petits bonshommes en bois brut de Mme Espalieu quittent le Lot et vont voyager en Aveyron. Le Musée des Arts Buissonniers à St-Sever-du-Moustier a décidé d'en héberger quelques échantillons. Voir ci-dessous l'affiche de l'expo.
Des vinyls peints au pochoir
Certes... Mais je ne sais pas ce que ça vaut... Il paraît que c'est Cosmo qui les a fournis. Bon, mais qu'est ce que les artistes Gorellaume et FMR en ont fait? Je vous invite à aller vérifier avant moi, car je ne sais si j'aurai le temps d'aller voir rue Keller (ça se termine bientôt). Dans la série, microsillons peints... Tu vois, Gilles Manero, tu n'étais pas seul.
Caroline Dahyot au centre G.Désiré, tout un programme...
Oui, je n'invente rien, Caroline Dahyot a exposé au centre G. Déziré à Saint-Etienne-du-Rouvray près de Rouen (c'était ultra-court, du 10 au 14 avril dernier, j'ai pas eu le temps d'armer le tir). C'est amusant comme jeu de mots, le nom de ce centre. Je suppose que cette conjugaison au passé ne concerne, chère Caroline, que les œuvres montrées à cette occasion.
Un grand photographe présenté à la Galerie Dina Vierny à Paris
Il n'y a plus beaucoup de grands photographes qui m'attirent. Une exception notable, Franck Horvat, dont chaque image me surprend et m'enchante. Voici une expo qui s'annonce à la galerie Dina Vierny à St-Germain-des-Prés. A ne pas manquer donc. Du 25 avril au 20 juillet. "Promenade à Carrare", cela s'appelle (le personnage dans la photo ci-dessous est peut-être taillé dans le marbre du même nom?).
Galerie Dina Vierny, 36, rue Jacob, Paris VIe. Vernissage le 24 avril de 18h à 21h.
Jardins n°3 sort en librairie...
Je crois avoir signalé ma participation au n° précédent de cette séduisante revue littéraire qui était consacré au "Réenchantement". Le thème du n°3 est le "Temps" cette fois. Un vernissage pour la sortie de cette troisième livraison est prévu pour le 25 janvier de 18 h à 22 h dans la nouvelle librairie du Sandre, celle de la maison d'édition qui édite la revue comme de juste (5, rue du Marché-Ordener, Paris XVIIIe).
Michel Zimbacca et Choses Vues présentent leur dernière production...
ET Marian Koopen au Musée de la Création Franche, ne pas oublier...
J'aime beaucoup le graphisme de cette dame batave, j'ai même acquis un de ses dessins. La voici qui s'expose à Bègles (à côté de Phil Denise Smith, un Américain proche de Cobra), et c'est l'occasion de découvrir cette écriture très personnelle, en dépit de son aspect enfantin proche des graffiti. Cela tient de l'inscription comme angoissée où l'on n'aurait pas pour autant oublié toute enfance du regard. Cette rencontre d'une certaine noirceur, d'une hantise des nouages peut-être aussi, avec le tracé pur et simple de l'enfant assure un charme certain à ce que dessine Marian Koopen, que le Musée de la Création Franche défend avec beaucoup de raison, je trouve. Voir ici la plaquette que le musée lui a consacrée à l'occasion de cette exposition, avec un texte de Gérard Sendrey.
(L'expo se tient du 6 avril au 20 mai)
Et tiens, ci-dessous, voici le dessin de Koopen dans ma collec'...
Marian Koopen, 20,5x16,5 cm, coll.BM
Et puis, en voici encore un autre, que j'avais photographié au musée de la Création Franche, très enfantin seulement celui-ci pour le coup...
Marian Koopen, Musée de la Création Franche, Bègles
21/04/2012 | Lien permanent | Commentaires (5)
Disparition de Lino Sartori
C'est l'ami Alain Garret qui m'apprend cette triste nouvelle. Lino Sartori nous a quittés le 21 décembre 2011. C'était un peintre sur souches de toute première force que je n'ai pu rencontrer qu'une seule fois en juin de l'année dernière, si éphémèrement, une après-midi fugace, tout en me laissant un grand souvenir cependant.
Lino Sartori face à sa créature, photo Bruno Montpied, juin 2011
Epoux d'une autre grande créatrice singulière, au parcours différent de Sartori, Andrée Acézat (ce fut au départ une peintre académique de la région bordelaise qui avait rompu à 180° avec ses anciennes habitudes de représentation, creusant la geste enfantine en la revisitant à travers un regard adulte), il avait d'abord été une grande partie de sa vie chef de chantier dans le bâtiment. C'est le compagnonnage avec cette femme artiste atypique, et peut-être aussi la mue opéré par cette dernière dans sa propre production, débouchant sur une expression infiniment plus directe, qui provoquèrent le désir chez Lino Sartori de créer à son tour.
Bois peint de Lino Sartori, coll. BM
Durant notre rencontre, avant tout centrée sur l'évocation de sa femme qu'il faut aussi faire reconnaître, je ne pouvais m'empêcher d'être gagné du coin de l'œil, séduit par les œuvres de Sartori qui se trouvaient semées dans sa maison, mêlées à celles d'Acézat. L'enchantement continua quand j'allai dans la suite de l'après-midi chez un collectionneur qui a conservé de nombreuses pièces des deux créateurs.
Le problème de cette œuvre, qui comprend aussi des peintures en deux dimensions à côté des souches peintes, c'est sa proximité ave le travail d'un Gaston Chaissac. La façon qu'a Sartori de cerner ses couleurs de manière compartimentée, sa liberté de traçage sur des surfaces aussi bosselées et imprévisibles que peuvent l'être des morceaux de bois brut, cela l'apparente fortement à Chaissac et peut nuire à une approche immédiate de son travail. Il faut en particulier ne pas s'arrêter à l'image en deux dimensions de ses souches peintes qui bien entendu aplatissent ces dernières, et le rapprochent encore plus de Chaissac. Quand on fréquente assez longtemps les oeuvres de Sartori, cette référence peu à peu s'estompe et surnage l'opinion que l'on a affaire ici à un amoureux des formes naturelles qu'il sublima par la caresse de ses couleurs, et le dessin de ses figures tendres et naïves, parfois humoristiques.
Lino Sartori, sans titre (un dialogue entre marionnettes?), 2007, coll. privée, Bordeaux
Il faut absolument se pencher sur cette oeuvre, en dresser le catalogue avant que l'oubli et ses mâchoires de néant ne se referment sur le personnage qui fut discret, réservé, s'effaçant derrière une épouse déjà elle-même fort secrète, véritable ombre derrière une autre ombre...
Acézat et Sartori, Hymne à l'unanimité, il faut de tout pour faire un monde, 1994 ; peinture commune aux deux époux (l'église étant plutôt du fait de Lino apparemment), émaillée d'inscriptions variées et datée de la période charnière dans la production d'Acézat
29/02/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Le Musée des Arts Buissonniers
Joli nom que celui de ce musée situé dans le village sympathique de Saint-Sever-du-Moustier dans l'Aveyron, près des monts de Lacaune, au nord du Languedoc, dans une zone qui a fait parler d'elle pour la découverte depuis plusieurs années de statues-menhirs aux dessins en relief passionnants (voir ci-contre photo Anna Galore).
Le musée qui organise des expositions temporaires chaque été possède une collection permanente, apparemment réduite certes, mais de très grande promesse (ci-dessus une moto "Spéciale Sophia Loren" de Jean Tourlonias par exemple, ph. B.M.).
Annie Tolliver, Musée des Arts buissonniers, ph. B.Montpied, 2011
Ses responsables, qui ne cherchent pas particulièrement à se mettre en avant, sont soucieux de qualité et d'originalité, sans non plus tomber dans des débats sans fin sur la terminologie qu'il conviendrait d'adopter quant à leurs choix et leurs goûts, leurs rencontres avec telle ou telle création. "Art buissonnier" est le seul terme qu'ils mettent au premier plan, et c'est fort bien choisi, très poétique, je leur envie ce mot... Le public saura ainsi s'y retrouver de loin, il aura affaire ici à des créateurs qui fréquentent les chemins de traverse, et les collections inspirées.
Patrick Chapelière, 2007, Musée des Arts Buissonniers, ph.BM, 2011
Le musée est animé par une association, Les Nouveaux Troubadours, qui ne se contente pas de bâtir une collection d'œuvres mais organise aussi des stages accueillant divers groupes qui sont conviés à participer au chantier érigeant petit à petit une "construction insolite" (terme utilisé provisoirement?). C'est un work in progress collectif en somme, dont j'ai déjà parlé il y a peu, qui tient à la fois du musée de Robert Tatin, de la maison de Jacques Lucas (lui-même émule de Tatin, je crois), du jardin des Tarots de Nikki de Saint-Phalle (c'est le toboggan dans un coin qui m'y fait penser), du Palais Idéal aussi, par moments on peut même lui trouver un vague côté Nek Chand, ou simplement hindou (toujours le toboggan avec son visage au-dessus), etc...
Un mur sur la terrasse supérieure avec des galets peints et assemblés, réalisation récente semble-t-il..., ph. BM, 2011
Ça part en feux d'artifice, dans tous les sens, en fonction des multiples et variés intervenants, plasticiens qui s'y collent de façon intermittente ou continue.
L'église en contrebas de la Construction Insolite à St-Sever-du-Moustier, ph.BM, 2011
La construction en question est située sur une colline qui domine le village, de là-haut on voit fort bien l'église et le bourg qui se nichent en contrebas, une comparaison s'esquisse de l'architecture de l'église à celle de la Construction Insolite.
Et très probablement deux nouveaux troubadours..., ph. BM, 2011
05/08/2011 | Lien permanent | Commentaires (2)
Lexique des arts populaires (1): l'art populaire rural
Cela fait un certain temps que je me dis qu'il faudrait essayer de donner mes définitions des différentes catégories d'arts populaires, le rural, le brut, le naïf, le modeste, les graffiti, les environnements spontanés, le singulier, l'outsider, et peut-être pour finir, l'immédiat. Que je regrouperai dans ma colonne de droite à la rubrique "Catégories" sous le nom de "Définitions des arts populaires". Tant pis si cela paraîtra immodeste à certains. Cela éclairera peut-être un peu mes lecteurs, en même temps que moi-même, comme si je mettais la maison en ordre par la même occasion.
Je vais commencer par...
C'est un vaste corpus d’œuvres, la plupart du temps utilitaires, créées par des artisans habiles, dont le tour de main est empreint d’un goût de la stylisation et de la naïveté plus ou moins codifié, plus ou moins reconnu par la communauté rurale à laquelle ils appartenaient. Elles se caractérisent souvent par une bonhomie, une simplicité d'allure, un humour parfois rabelaisien, un sens de l'immédiateté, et une foi naïve aussi.
On rangera dans l’art populaire des campagnes de jadis, les meubles, les outils, les vanneries, les vêtements, les coiffes, les dentelles, les plaques muletières, la vaisselle, les épis de faîtage (voir l'exemple ci-contre, extrait de la collection de l'antiquaire Michel Boudin) les jouets, les marionnettes, les objets forains, les chevaux de manège, les lettres de mariage, les bannières de procession religieuse, les bannières commémoratives de campagnes militaires, les douilles sculptées, les quilles de conscrits, les ouvrages en cheveux commémoratifs, les enseignes, les girouettes découpées et peintes, les objets de patience, les bateaux en bouteille, les marques à beurre, etc., etc. Les ex-voto sont plutôt rangés dans l'art populaire.
Beaucoup d’objets rattachés à ce dernier corpus, comme les fourneaux de pipe sculptés, ou les dessins de bagnards, les tatouages, pourraient cependant très facilement être associés à l’art brut ou à l’art naïf. De même, quelques œuvres orphelines, comme certains tableaux de chêne, des marquèteries, des paysages brodés dont la technique génère un climat onirique particulier, parce qu’elles sont restées anonymes, sont classées en art populaire alors qu’elles pourraient tout aussi bien être jointes à l’art brut. On distingue cependant l'art populaire de l'art brut par le fait qu'il est d'essence avant tout collective. C'est un langage reconnu par une communauté particulière celle des gens du commun, ouvriers, paysans, artisans. Au sein de ce corpus se détachent cependant des oeuvres parfois insolites, surtout du côté des objets curieux, de patience, que les brocanteurs spécialisés ont tendance ces temps-ci sous l'influence de la recherche d'art brut peut-être à mettre de plus en plus en vitrine. Les objets les plus singuliers de l'art populaire, la plupart du temps anonymes, du fait de cet anonymat, de leur statut d'orphelins de l'art, et aussi parce qu'ils n'ont pas été forcément en rupture vis-à-vis de la communauté populaire au sein de laquelle ils ont été produits, irradient d'une très grande force aujourd'hui. Ce sont comme des oeuvres d'art brut avant la lettre, qui auraient le pouvoir d'être communicantes, elles.
Collection Michel Boudin, détail d'un cadre de miroir ciselé, art populaire, Adam et Eve, Dieu le père sont représentés ; ph.Bruno Montpied, 2008
Collection Michel Boudin, porte-montre sculpté, photo BM, 2009
14/02/2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
Passage de la Sorcière: laissez passer!
Je suis le premier à regretter qu'un des passages qui fait le charme des vagabondages transversaux à travers Paris soit tout à coup privatisé, et ferme complètement ou à moitié (c'est assez énervant quand vous prenez un de ces passages et que vous butez à l'autre bout sur une porte fermée qui donne vers la rue où vous désiriez aller). Ces dernières années, le phénomène a eu tendance à se généraliser. Surtout dans les passages peu connus du public, où ne sont pas installées des boutiques bien sûr. Bien sûr que les habitants souhaitent se protéger des cambriolages ou des usagers des stupéfiants, d'un autre côté, on aboutit à la confiscation d'un espace public et à une régression de la démocratie dans l'usage social de l'espace.
C'est pourquoi je m'étonnais (avec plaisir...) qu'un certain passage du haut de Montmartre, joignant l'avenue Junot, à côté de l'ancienne maison de Tristan Tzara et Greta Knutson (architecte Adolf Loos), à la rue Lepic située en contrebas, que ce passage ait pu résister si longtemps. Un terrain de boules, appartenant à la ville de Paris, était sans doute la raison pour laquelle le passage était maintenu ouvert au public. Passage sans nom affiché, très buissonnier, orné en son col d'un rocher aux formes sauvages, que les riverains appellent paraît-il le "rocher de la sorcière" (voir ci-dessus ; trés étonnant rocher en plein Paris, sans doute une simulation en rocaille?). Je n'en connais pas l'histoire, à peine sais-je que l'endroit, où subsiste un lambeau fantomatique de l'ancienne campagne montmartroise, était appelé autrefois "le Maquis" (des cabanes, des jardins, de la friche) . C'est vrai que le plan de Paris n'indique pas son nom. Je ne suis pas allé vérifier dans le dictionnaire des rues de Paris de Jacques Hillairet. Cependant, il semble que les riverains devant cet anonymat aient remédié à la situation en lui en collant un. On l'appelle le "passage de la sorcière", du nom de ce rocher justement. Ce passage est en danger d'être privatisé, et c'est révoltant. Les copropriétaires qui partagent le passage avec la Ville (semble-t-il) laissent pourrir le chemin, l'escalier donnant sur la rue Lepic notamment voit sa main courante se déliter chaque jour davantage, créant du danger. Le but sournois étant de faire entériner la fermeture du passage que les copro du lieu souhaitent en secret se réserver (depuis le 22 juin dernier, c'est d'ailleurs chose commencée, le passage est fermé par décision unilatérale du syndic de la copropriété). Si cet état de fait se maintenait, ce serait la fin d'un des ces chemins transversaux qui font le sel des dérives parisiennes, pour les promeneurs de toutes obédiences. Il faut donc comme on dit, se mo-bi-li-ser! Une affichette a été collée en maints lieux de Montmartre avec une adresse e-mail pour signer une pétition contre la fermeture. N'hésitons pas en effet à faire savoir notre opposition à ce projet, amoureux des balades insolites (car il faudrait faire remarquer aux auteurs de la pétition mise en lien ci-dessus qu'il n'était pas forcément de très bonne suggestion de demander des rondes de police supplémentaires dans ce passage, comme me l'a fait remarquer RR dans son commentaire ci-dessous ; la pétition sur ce point devrait être corrigée)! D'autant que depuis quelque temps, je trouve que cela commence à faire beaucoup d'endroits qui ont fermé à Paris, en dépit de leur poésie (fermeture récente de la librairie sur le thème de Paris, rue Malher, à côté de St-Paul, alors qu'elle appartenait à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, bibliothèque qui par ailleurs se met à bazarder à la benne des collections entières de périodiques sous prétexte de manque de place (voir ce lien vers un article de la Tribune de l'Art signalé par Rodolphe Trouilleux sur son blog Paris Secret et Insolite)...! Fermeture depuis quelque temps déjà du Pavillon des Arts pour en faire un lieu de soupe populaire, sans remplacement par un autre lieu culturel équivalent - alors que les expositions qui y avaient été montées étaient remarquables, d'une grande novation...- Difficultés accrues pour la Halle Saint-Pierre, à Montmartre là aussi, qui a moins de subventions et bénéficie de moins en moins d'aide de la part de la municipalité...).
28/06/2009 | Lien permanent | Commentaires (8)
Robert Giraud, le copain qui sort de l'ombre de Doisneau
Olivier Bailly annonce la parution de son ouvrage sur Robert Giraud pour le mercredi 22 avril chez Stock, collection Ecrivins (oui, je sais, le calembour vaut ce qu'il vaut...). Monsieur Bob, tel est son titre. Une biographie, une évocation que tous les lecteurs du blog que tient Olivier Bailly, Le Copain de Doisneau, devineront fort bien documentée. Son blog distille en effet, depuis au moins deux ans je crois, toutes sortes de témoignages, photos, documents divers sur Robert Giraud.
Ce dernier est un écrivain, dont on réédite du reste par la même occasion Le Vin des rues chez le même Stock (l'année dernière avait déjà vu la parution au Dilettante d'un excellent recueil de ses reportages, Paris, mon pote), mais plus encore un amoureux du Paris populaire et de son "fantastique social" comme le nommait paraît-il Mac Orlan. Fantastique social, monde des figures de la rue que Paris, en dépit du vandalisme institutionnel des bourgeois, n'a jamais cessé de produire (il aurait peut-être même en ces temps de misère et de folie sociale tendance à s'épanouir...).
Giraud connaît bien le monde de la nuit parisienne, les petits malfrats, les clochards, et se situe comme écrivain en successeur d'une tradition littéraire et artistique qui remonte à Fargue, Francis Carco ou Brassaï, et peut-être au delà à Lorédan Larchey, et aux chroniqueurs du Paris excentrique du XIXe siècle (Yriarte, Champfleury, etc.). Il connaît les rades où l'on boît du bon vin, il les chronique dans L'Auvergnat de Paris. Sa route (mauve) croise celle de l'art brut à un moment (il devient un temps le "secrétaire" de Dubuffet pour la collection de l'art brut en train de se monter). Son frère Pierre Giraud est un moment exposé dans le cadre des premières manifestations de l'art brut au moment où Dubuffet cherche la définition de sa notion (juste après la seconde guerre). Giraud et lui se quitteront en mauvais termes, semble-t-il, puisque dans la suite des années Giraud parlera de Dubuffet comme d'un "cave"... Il écrit diverses chroniques sur des autodidactes inspirés (comme Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, sur qui il sera le premier à écrire, et qu'il interviewera). Surtout, il fait paraître, avec son complice de toujours, Robert Doisneau, ainsi qu'avec Jacques Delarue, un fort bon livre sur les tatouages populaires, Les Tatouages du "Milieu" (réédité en 1999 aux éditions L'Oiseau de Minerve). Mais d'autres livres, sur l'argot d'Eros ou celui des bistrots, des romans aussi, sont à mettre à son crédit.
Je ne m'étends pas davantage. Rendez-vous avec ce flâneur des deux rives (d'un fleuve qui ne charriait pas que de l'eau) en lisant le bouquin d'Olivier Bailly qui nous promet d'entrer dans l'intimité de ce monsieur Bob comme si on y était.
Ci-dessous, un échantillon du style de M.Bailly, ça donne envie d'en lire davantage, non?
"Tracer le portrait de Bob Giraud, c'est facile. Bien que sécot, il est choucard. Il plaît aux frangines à cause qu'il a un petit air voyou. Ses crins drus et droits tombent en gouttes de pluie. Ca lui donne l'air d'un hérisson. Son nez: un bec d'oiseau. Au marigot fédérateur que l'on appelait jadis le comptoir, on nomme cet animal le pic-verre. Maigre comme un chat. Tel est le faune. Au mental, un brin solitaire. Il a ses têtes. Celles qui lui reviennent, il leur paye un canon. Les autres, c'est des cons." (Olivier Bailly, Giraud, mon pote, présentation de Paris, mon pote, éd. le Dilettante, 2008)
23/04/2009 | Lien permanent | Commentaires (7)
Marcel Noël, un trio de bruyère, et des questions
Voici un drôle de trio (ci-dessous) qui a germé sur une racine de bruyère à ce que m'avait confié leur père, le bien nommé Marcel Noël, vieux monsieur hospitalier et affable de 94 ans (mazette...) qui vivait autrefois à L'Isle-sur-la-Sorgue, en 1993 date où j'allai chez lui... Ancien conducteur de travaux et entrepreneur en maçonnerie, à sa retraite, il s'était mis à sculpter le bois en tenant compte de l'aspect tourmenté et expressif des matières. entre autres sensibilités au bois et aux langages de ses noeuds, écorces, fibres, teintes, il connaissait aussi certains lieux spéciaux où l'on rencontre des arbres aux aspects phénoménaux, comme par exemple les faux de Verzy, ces hêtres tortillards sur la Montagne de Reims qui victimes d'un retard de croissance dû à un mystérieux virus se tortillent depuis au moins mille ans dans des sinuosités remarquables ("faux" vient du latin "fagus" qui veut dire "hêtre", mais l'homonymie avec l'adjectif contraire de "vrai" joue certainement inconsciemment dans le retentissement de ces arbres sur la mémoire collective).
Il avait dressé sur le bord de la route un panneau où l'on pouvait lire "Le fantastique dans la nature". Des "messieurs d'Avignon" étaient ensuite venus lui demander de l'enlever, on se demande pourquoi...
C'était Raymond et Arlette Reynaud qui m'avaient mis sur son chemin par une petite notice parue dans le Bulletin des Amis d'Ozenda, que publiaient les Caire à Salernes, en Provence. Mes parents âgés, au cours d'une de nos dernières pérégrinations en commun, m'avaient conduit jusqu'à la maison trapue de monsieur Noël, où dans la cour se montraient quelques statues taillées dans des branches, des racines (de tous ceux qui me menèrent vers ce créateur, tout le monde est mort aujourd'hui, il ne reste plus que moi...). Une cave sombre et fraîche abritait le gros des oeuvres.
Originaire de Ste-Ménehould, dans la Marne, Marcel Noël parlait à l'époque où nous le visitâmes de faire peut-être rapatrier ses oeuvres dans son pays natal, son fils Robert ayant formulé ce souhait, notamment d'installer les oeuvres dans un petit musée à Beaulieu-en-Argonne. M.Noël nous raconta avoir sculpté autrefois un calvaire en béton armé en ce bourg (qu'il prétendait - forfanterie? - avoir en quelque sorte fondé...).
Que sont devenues les sculptures que je photographiai (chichement et plutôt mal ce jour-là, en noir et blanc qui plus est, je me demande pourquoi, pour faire photographe à l'ancienne...)? C'est ce que je me demande en revoyant aujourd'hui ces figures légères et visionnaires, et ce que je propose aux internautes qui d'aventure pourraient peut-être me renseigner sur la question...?
07/05/2009 | Lien permanent | Commentaires (11)
Marcel Landreau n'est donc pas mort
Je ne tenterai pas en rédigeant cette note de m'attribuer un mérite qui revient de fait au blog Animula Vagula qui a su ces derniers jours ouvrir ses fenêtres à des nouvelles des statues de silex du "caillouteux" Marcel Landreau que l'on croyait définitivement perdues. Je voudrais seulement rediriger vers cette sympathique information les lecteurs qui n'y seraient pas déjà allés. Veuillez donc suivre le lien ci-dessus s'il vous plaît d'en apprendre davantage.
Deux personnes, nommées sur le blog cité en référence "Freddy et Cathy", ont donc sauvé de l'oubli un certain nombre de statues de Marcel Landreau qui végétaient dans un recoin perdu. Bien sûr on aimerait en apprendre plus, combien de statues, quand est-ce que Landreau avait déménagé de Mantes-La-Jolie (où il a créé son décor de statues de silex collées à l'Araldite de 1961 à 1990 environ...) pour les Deux-Sèvres, quand il est mort, ce que devinrent ses statues avant d'atterrir dans le recoin oublié, ce que comptent faire les deux conservateurs par la suite, pensent-ils à une conservation qui serait plus assurée dans une quelconque institution muséale, (Le futur LaM de Villeneuve-d'Ascq par exemple?), etc...
Animula avance en outre que l'on pouvait déduire le départ de Landreau pour les Deux-Sèvres à partir du chapitre que Clovis et Claude Prévost ont consacré à Landreau dans leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire en 1990. Cela me paraît un peu gratuit comme affirmation. Rien dans ce chapitre ne me paraît de nature à autoriser une telle "déduction". Par contre, j'ai personnellement signalé oralement à divers interlocuteurs dans les années 90 (dont par exemple Laurent Danchin qui l'a répercuté dans certains de ses textes) que je me demandais si Landreau n'était pas retourné dans sa région d'origine, aprés que j'eus filmé en 1992 son jardin aux statues disparues (séquence que j'ai montée dans le petit sujet en Super 8 que j'ai consacré à Landreau et que j'ai joint à l'ensemble Les Jardins de l'art immédiat, voir Le petit dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma). Le petit "musée" que signalent Claude et Clovis Prévost dans leur livre était installé dans le grenier de la maison de Mantes. Je l'ai personnellement visité en présence de Landreau en 1987.
La nouvelle de la pérennité d'un certain nombre de ces merveilles d'inventivité spontanée et populaire est une excellente nouvelle qui paraît prouver ce que me confia un jour Maugri, autre créateur autodidacte, paysan de la région de Brancion, à savoir que les oeuvres fortes se défendent toutes seules, comme douées d'une vie propre, protégées qu'elles sont par le talisman d'une magie liée à la fascination qu'elles exercent sur ceux qui les voient.
25/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (2)
Surrealistic pillow, ou Confidences sur un oreiller
A signaler la parution d'un recueil de poèmes de Guy Girard illustrés de "dessins et monotypes" (imprimés en noir et blanc) par feu Sabine Levallois, L'Oreiller du Souffleur, aux Editions surréalistes. J'aime ces poèmes. En voici un:
LE BATELEUR
N'aurait-elle qu'un mur
La mort
Est cette maison d'outrages
Où nul n'entre qui ne soit perdu
Dans l'odeur des comètes
Voici la clé
Que s'ouvre une porte
Comme un ouragan murmurant
Du fond des bottes du zodiaque
Ordres ou charmes
D'une voix de linge
Revienne le moulin minuit
Entre le soleil et son double de porcelaine
Passe
Le bateleur à grandes enjambées
Vent roux aux trousses
Les lèvres charpentées de voix et chandelles
Le nom qui le porte
S'approche
D'un autre lié
Entre le gorille et la girolle
Guy Girard
Cette publication me permet d'attirer un peu, si peu, l'attention sur les oeuvres de Mlle Levallois, disparue prématurément en 2004 alors qu'elle venait d'entamer un cycle créatif tout à fait inattendu de sa part. Des dessins aux crayons de couleur qu'elle me montra un jour avec ce que je pris pour de la timidité et de la circonspection. Lorsque je venais les voir, elle et Guy, nous parlions beaucoup d'art brut (il m'est difficile d'éviter le sujet). Est-ce ce qui la poussa à essayer de dessiner alors que rien ne l'y prédisposait, du moins était-ce ce que je me disais alors, la connaissant à peine...? Certains amis m'ont insinué que oui. Toujours est-il qu'elle produisit, dans les quelques mois qui la séparaient d'une fin brutale, toute une série de dessins que dans un premier temps je regardais -j'en vis un échantillon réduit cela dit à l'époque, le gros de la production est resté passablement intime- en faisant la fine bouche. Le temps passant, je changeai peu à peu d'avis. Ces dessins, celui qu'elle m'avait offert notamment, avec ses teintes réalisées à coups de fins traits de crayons de couleur, me regardaient avec une simplicité déconcertante non dépourvue d'étrangeté. Je les trouvais désormais beaux, à nul autre pareils.
L’OREILLER DU SOUFFLEUR
de Guy Girard
104 pages, dessins et monotypes de Sabine Levallois, 15 €, parution septembre 2008.
Bulletin de commande à adresser aux
122, rue des Couronnes
75020 Paris
(Frais de port en sus (France : 3 Euros, ailleurs 5 Euros)
Sans frais de port pour toute souscription faite avant le 31 octobre 2008
Chèque à l'ordre des éditions surréalistes)
(Une rencontre avec l'auteur est prévue le 30 septembre au Café de la Tour St-Jacques, rue de Rivoli à Paris - voir l'adresse exacte en cliquant sur le site des éditions surréalistes)
12/09/2008 | Lien permanent | Commentaires (2)