17/02/2017
Sirènes, quelques images de plus, pour répondre à Darnish et pour ajouter un codicille au vagabondage d'Emmanuel Boussuge
Il n'y a pas beaucoup d'avantage au fait de vieillir, et je ne sais pas si on ne doit pas y ajouter le phénomène des amis qui sont ravis de vous faire découvrir quelque chose que vous aviez déjà vu il ya longtemps, en l'occurrence, il y a très exactement 28 ans... Il faut faire comme si on ne savait pas, pour leur laisser le plaisir de la révélation qu'ils vous offrent. Mais à de certains moments, on ne peut s'empêcher de se conduire en malotru, et de se moquer grassement du jeune cuistre. Qu'il nous en excuse donc, c'est ici un moment de ce genre... Le pilier de l'église de Varengeville, sculpté d'une sirène affleurant du granit - une des plus touchantes ondines qui se puisse voir dans une église - ... n'a visiblement pas changé depuis 1989, lorsque, avec une étudiante de Dieppe, Laure Lemarchand, qui m'y avait mené pour voir le singulier pilier décoré de sujets profanes placé au beau milieu du sanctuaire, je le photographiai (à l'argentique). Je saisis sous mon objectif la sirène, la coquille St-Jacques (signalant sans doute aux pèlerins que le bâtiment pouvait les héberger), et les profils ultra naïfs qui entouraient l'ondine archaïque (probablement des portraits de donateurs ?). Darnish en 2015 me confirma que le pilier était bien toujours en place. J'étais venu visiter l'église de Varengeville uniquement pour ce pilier sculpté ; Braque... Je ne m'en souviens pas... Il faut avouer qu'à l'époque, je m'en moquais éperdument. Et je crois bien que je n'aie guère changé depuis...
Pilier sculpté de l'église de Varengeville, ph. Bruno Montpied, 1989.
Sirène du pilier, plus près, ph. Darnish, 2015.
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Bon, ceci dit, après avoir fait mon vieux schnock, revenons à l'Auvergne, ses sirènes bicaudales (pas très poétique tout de même ce dernier adjectif, même si il est très précis) et autres ondines en pleine terre. Il n'y a rien de surprenant à en trouver en de tels endroits. Outre le fait que, comme le dit Emmanuel dans son texte, l'imagination a bien le droit de disposer des thèmes mythologiques comme bon lui semble, il faut se rappeler que les croyances se portaient aussi vers les sirènes d'eau douce.
Je voudrais ajouter ici un exemple de sirène non repérée par Emmanuel, cette fois hors d'une église, en plein milieu du plateau de l'Aubrac, dans le village de Saint-Urcize, qui, malgré son apparente austérité et sa solitude au milieu d'un pays resté somme toute encore assez sauvage, m'est inexplicablement cher (je n'y suis passé que deux fois dans ma vie).
Fenêtre d'un maison fort ancienne (Moyen-Age?) à Saint-Urcize (Aubrac), ph. B.M., 2016.
Détail de la fenêtre précédente, la sirène, en train de jouer d'un instrument probablement à cordes (un plectre?) ; à noter que de l'autre côté de la fenêtre est sculpté un personnage jouant lui aussi de la musique ; peut-être que la maison était celle d'un musicien et que ces motifs fonctionnaient comme des enseignes ? ph. B.M., 2016.
01:07 Publié dans Art immédiat, Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sirènes, ondines, darnish, saint-urcize, aubrac, bruno montpied, pilier d'église sculpté, sculptures d'église, art populaire dans les églises | Imprimer
Commentaires
Ah, Saint-Urcize ! On y mange d'excellents tripoux !
Mais comment se fait-il qu'à la fenêtre de cette maison fort ancienne et si joliment décorée on puisse apercevoir votre frimousse dans une attitude de quelqu'un qui n'a pas l'air d'être en train de prendre la photo dont vous êtes pourtant crédité ? Est-ce la magie de Photoshop ?
Écrit par : RR | 17/02/2017
Répondre à ce commentaireC'est que vous ne discernez pas bien la photo, RR. C'est vrai qu'elle n'a pas la suffisante résolution qui vous le permettrait.
Si vous aviez donc la netteté vous verriez que je tiens l'appareil contre mon visage. Je me suis simplement légèrement déporté vers la gauche (dans la photo) afin de réaliser une sorte de signature visuelle... Pas besoin de Photoshop. Suffit d'avoir la main ferme et de ne pas abuser de l'Avèze.
Écrit par : Le sciapode | 17/02/2017
Répondre à ce commentaireJe ne prétendais pas vous révéler un trésor caché, d'ailleurs toutes les trouvailles que je vous présente, vous les connaissez depuis belle lurette, quasi systématiquement...L’église de Pont Aven où a traîné Gauguin, je pensais vous la faire découvrir mais j'étais encore sur ce coup un jeune bleu. Mon commentaire visait plutôt les lecteurs du blog, les gens moins au courant de tout ce qui existe en matière de créations surprenantes et qui, passant dans la région, auraient envie de voir ces sirènes...
Écrit par : Darnish | 18/02/2017
Répondre à ce commentaireTrès belle cette sirène de Saint-Urcize (que je ne connaissais que par d'autres photos) et aussi passablement ancienne à ce qui semble. Peu probable qu'il s'agisse de l'enseigne de la maison d'un musicien professionnel. 1) Il n'y en avait guère à l'époque ; 2) faire sculpter son dessus de porte demandait alors une aisance financière qui ne paraît pas être celle d'un saltimbanque... mais ce pourrait être la maison d'un notable musicien ou amateur de musique tout simplement. Il est aussi assez probable que l'ensemble soit un remploi.
Écrit par : Emmanuel Boussuge | 22/02/2017
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