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09/07/2020

Bacchanale 1978

Jean Lafon, Bacchanale, 19x24cm, 1978 (2).jpg

Jean Lafon, Bacchanale, 19 x 24 cm, huile sur panneau de bois, 1978, photo et collection Bruno Montpied.

 

      Ce petit tableau m'a sauté aux yeux alors que je quittais les trottoirs de ma brocante parisienne favorite. Le mouvement vert de ces quatre danseurs (deux hommes, deux femmes ? Tous adeptes des cheveux longs – en accord avec la mode des années 1970), pris d'une sorte de transe naturiste en ce virage d'un chemin encerclé par des montagnes, m'a littéralement hameçonné. Verdeur de leurs attitudes, verdeur des reflets sur leurs peaux... Comme s'ils étaient nés de la végétation qui les entoure.

        Voici que, le temps passant, des artistes inconnus (qui est ce Jean Lafon qui signe ici avec application et netteté ?) émergent auprès de moi, qui vécus ces mêmes années 70 sans avoir croisé le moindre artiste de ce genre à l'époque (je ne connaissais alors pas ces mots : art naif, art brut, art singulier...). 1978, c'est l'année de l'exposition, à bien des égards séminale, des "Singuliers de l'Art" au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. Ce Jean Lafon en entendit-il parler? De mon côté, étudiant en lettres, je commençais tout juste à dessiner, et tombais amoureux d'une muse dans un sanatorium à la montagne. Montagne derrière laquelle, peut-être, Jean Lafon peignait cette "bacchanale"...

Commentaires

Une trouvaille réjouissante. Bravo !

Écrit par : L'aigre de mots | 09/07/2020

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Superbe découverte!

Écrit par : Kieffer | 10/07/2020

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On trouve sur le net 2 tableaux a priori de ce Jean Lafon. "Une farandole" de 1945. Un violoniste est appuyé contre un arbre sur fond de fleuve et de montagne. Vos danseuses nues sont présentes sous forme d'ombres en premier plan. L'autre figure un homme appuyé sur un bâton gravissant un escalier, pliant sous le poids d'un gros baluchon. Il pourrait s'agir selon le vendeur du premier de Jean Lafon né en 1903, peintre proche des surréalistes qui adhéra dans les années 30 au Manifeste Transhyliste du groupe Gravitations... On trouve cette information sur G... books.

Écrit par : Millet | 10/07/2020

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S'il s'agit bien de ce Jean Lafon... il exposait au début des années 30 avec d'autres peintres du groupe "Gravitations" au sein de la Librairie-Galerie de Madame Cattiaux au 3 rue Casimir Perier dans le 7eme à Paris. 7 peintres dans ce groupe : Jean Lafon, Louis Cattiaux, Jean Marembert, Pierre Ino, René Paresce, Erik Olson et Gounaro et 2 poètes, Jules Supervielle et Louis de Gonzague-Frick. "Gravitations" en référence à 1 recueil de poésies de Jules Supervielle. Un tableau de Lafon ("retour de pêche") salué par GAN, promoteur des avant gardes en Suède. Tableau salué pour sa "réalité surréaliste onirique"... Infos tirées de "un art sans frontières : l'internationalisation des arts en Europe" par Dan Bernfeld et Gérard Monnier. Jean Lafon semble être fréquemment confondu avec Jean Lafon dit Keuleyan (1886-1973) peintre de marines et de paysages. Une page sur le mouvement "Gravitations" utilise par erreur un tableau de ce Lafon en illustration tout en fournissant par contre de "bons visuels" pour les autres peintres du groupe.

Écrit par : Millet | 10/07/2020

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S'il s'agit bien de ce Jean Lafon... il exposait au début des années 30 à Paris à la librairie-galerie de Madame Cattiaux au 3 rue Casimir Perier à Paris. L'1 des 7 membres du groupe "Gravitations" en marge du mouvement surréaliste avec Louis Cattiaux, Jean Marembert, Pierre Ino, René Paresce, Erik Olson et Gounaro. 2 poètes également, Jules Supervielle dont l'un des recueils de poésies a donné le nom du groupe et Louis de Gonzague-Frick.

Écrit par : Millet | 10/07/2020

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GAN est le peintre suédois Gösta Adrian Nilsson (1884-1965).

Écrit par : Millet | 10/07/2020

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Bravo M. Millet pour vos recherches que j'ai aussi effectués de mon côté, l'internet nous procurant à tous le vertige de pouvoir devenir des chercheurs. En l'occurrence, on.ne va pas tres loin sur cet artiste si l'on ne va pas aussi farfouiller dans des sources imprimées, en l'espèce, pour moi, dans "l'histoire du surréalisme sous l'occupation" de Michel Fauré. On.y apprend que Lafon faisait partie, avec Ino, et Marembert, de façon éphémère semble-t-il, du groupe péri-surréaliste, assez littéraire, du groupe Les Réverbères.
On n'apprend cependant que peu de choses sur lui. Il est né en 1903, mais quand est-il mort? Car il est peu probable qu'il ait pu vivre 117 ans...
Et qu'est-ce que ce manifeste transhiliste au nom assez barbare...?
Ses peintures, je vais en mettre en ligne bientôt, sont fort intéressantes je trouve...

Écrit par : Le sciapode | 10/07/2020

Je vous en prie. Ces recherches sont toujours passionnantes. Jean Lafon né en 1903 se trouve dans mon Benézit de 1976 : "peintre qui rejoint les Surréalistes par l'arbitraire de ses compositions nourries toutefois d'éléments naturels." Il est aussi question de Cattiaux, Ino, Marembert avec le Manifeste "Transhiliste" du groupe "Gravitations". Quelques titres d'oeuvres également : "Laboureur du soir, "La cité des Rêves ", "La cathédrale engloutie, "Le vieil arbre et les jeunes pousses", "Le violoncelliste". Une "Tête de jeune femme" a été vendue au bénéfice de la galeriste Berthe Weil en 1946 qui avait sombré dans la misère...

Écrit par : Millet | 10/07/2020

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Cher Monsieur Millet, si votre Benezit vous dit le lieu de naissance de Jean Lafon, et si vous nous le dites, je vous trouve quand et où il est mort. Bien à vous.

Écrit par : Régis Gayraud | 12/07/2020

« Transhyliste » est un mot centaure signifiant « au-delà de la matière ».

Écrit par : L'aigre de mots | 11/07/2020

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Malheureusement le Bénézit ne donne que sa date de naissance qui reste toutefois à vérifier. Date du Bénézit reprise manifestement par toutes les maisons de vente. J'ai cru à un moment identifier "votre" Jean Lafon en la personne d'un Jean Lafon peintre et guitariste officiel de l'Opéra, guitariste classique qui jouait également dans les clubs dans les années 40/50. Piste d'autant plus plausible qu'il était un ami proche de Robert Bouchet, le célèbre peintre et luthier de guitare de Montmartre et qu'il partageait les mêmes cercles de guitaristes et d'artistes. Malheureusement mais cela ferme une piste, il est décédé en 1963, date à laquelle sa veuve a fait don de sa guitare Antonio de Torrès au Musée de la musique de Paris.

Écrit par : Millet | 12/07/2020

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Cher Millet, tant pis pour le Bénézit.
Résumons :
D'après l'INSEE, il y a eu trois Jean Lafon nés en 1903 morts en France depuis 1970.
1) Le 30 octobre 1903, Jean Lafon, né à Champagne-et-Fontaine (Dordogne), mort à 96 ans le 20 avril 2000 dans le même village.
2) Le 29 juin 1903, Jean Lafon, né à la Teste-de-Buch (Gironde), mort à 86 ans le 3 juin 1990 lui aussi dans son village natal.
3) Le 11 mars 1903, Jean Lafon, né à Haux (Gironde), mort à 84 ans le 18 août 1987 à Bordeaux.
Donc, à moins que notre peintre soit mort avant 1970, qu'il ne soit pas mort en France et qu'il ne soit pas né en 1903, il est l'un de ces trois-là. Je gagerais qu'en ce cas, c'est le dernier nommé. Mais bon, c'est une simple intuition.

Écrit par : Régis Gayraud | 14/07/2020

Lafon a exposé à la Galerie Berri-Raspail de la famille Van Der Klip au 99 boul. Raspail en octobre 1941 (célèbres expositions "Etapes du nouvel art contemporain ". C'est en fait Gaston Diehl qui montait pour leur compte de nombreuses expositions sous l'occupation et l'après-guerre. Lafon faisait parti du groupe V avec Carzou, Cattiaux, Clot, Courmes, Ino, Janin, Labisse, Marembert et De Pétigny. Lafon y exposera également en 1945 et 1947.

Écrit par : Millet | 12/07/2020

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Plusieurs peintres de ces groupes ont semble-t-il des œuvres intéressantes. Pierre Ino, par exemple, a au moins un tableau au musée de Rennes (ça va faire réagir l'ami, autrefois rennais, Darnish), que l'ami Régis G. et moi avions découvert avec curiosité lors d'une visite inopinée au cours d'une dérive en Bretagne.
Le transhylisme (ce barbarisme - plutôt qu'un mot-centaure comme dit l'Aigre, ce qui veut dire "mot-valise", ce qui n'est pas vraiment le cas ici, où nous avons surtout un préfixe latin joint à un mot d'origine grecque dans une alliance inusuelle, "barbare" donc...), en revanche, si l'on en croit une coupure de presse de 1935 - ça se trouve aussi sur la Toile - postule une recherche quelque peu mystique où semble s'être noyé l'un des membres de ce groupe Gravitations (mot emprunté à Supervielle), Louis Cattiaux, disparu très tôt d'une attaque foudroyante à la rate...
Ce groupe Gravitations, au fond, me paraît une sorte de sous-Grand Jeu, comme un de ces groupes périphériques au surréalisme qui ont été nombreux, avec, dans leur cas, une position quelque peu réactionnaire, puisqu'ils proclamaient leur désir de s'en tenir à l'art pour l'art, à la littérature pour la littérature, ce qui était un recul par rapport au surréalisme qui cherchait la transfusion de l'art avec la vie pour le bouleversement de celle-ci ("Changer la vie, transformer le monde").
Cela dit, certains des jeunes artistes du groupe ont laissé des œuvres qui méritent d'être explorées, puisqu'elles nous parlent et nous surprennent encore aujourd'hui. Comme celle de ce Jean Lafon, qui ne paraît pas en être resté à des émois mystiques justement. Peut-être métaphysiques, mais mystiques, on ne dirait pas...

Pour le Bénézit, il semble qu'on puisse lire ses notices librement sur la Toile, non?

Écrit par : Le sciapode | 12/07/2020

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Cher Sciapode, contrairement à ce qu'on peut lire sur le houèbe, un terme composé d'un préfixe grec et d'un radical latin, comme « automobile », s'appelle bien un mot-centaure (on en étend la définition à tous les mots composés formé d'un radical et d'un préfixe appartenant à deux langues différentes). Le mot-centaure est à distinguer du mot-valise, formé par amalgame de deux mots, voire plus, différents, mais qui peuvent provenir de la même langue (« franglais », « pianocktail », « foultitude », « pressomoulivapomixeur »). Quant au barbarisme, il s'agit d'une forme fautive non répertoriée dans le dictionnaire (par exemple : « infractus », « aréoport » ou « Aéropage »), le solécisme étant une méchante phôte de grand-mère à l'égard de la sainte Axe.

Écrit par : L'aigre de mots | 13/07/2020

Bien, bien, M. L'Aigre, mais ce terme est fort peu connu, semble-t-il. Il eût mérité une petite explicitation entre parenthèses dans votre premier commentaire. Au cas contraire, cela apparaît fort pédant et jemenfoutiste à l'égard des lecteurs qui ne possèdent pas votre haute culture linguistique, capable à ce que je vois de balayer d'un revers de main toute une cohorte de bons esprits qui donnent équivalents "mots-valises" et mots-centaures", effectivement, sur la Toile.
Le terme paraît récent, très spécialisé tout de même. Grévisse, en matière de télescopage, ne le cite pas. A quel ouvrage renverriez-vous les lecteurs de ce blog pour qu'ils puissent enfin avoir une petite chance d'accéder à votre sublime science ?

Écrit par : Le sciapode | 14/07/2020

Pour la date de la mort de Jean Lafon, je parierais pour les années 1980.

Écrit par : Le sciapode | 12/07/2020

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L'expression « mot centaure » n'est pas récente. Je l'ai entendue pour la première fois dans la bouche de mes profs de lettres en classes prépa au début des années 1970. L'un d'eux avait même précisé qu'en toute cohérence linguistique il ne faudrait pas dire «automobile», mais «ipsomobile».

Écrit par : L'aigre de mots | 14/07/2020

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Comment se fait-il que je ne le trouve pas dans les dictionnaires et autres livres?

Écrit par : Le sciapode | 15/07/2020

Non le Bénézit n'est pas à ma connaissance accessible sur la toile même en éditions anciennes. Très bien l'INSEE, excellente idée, l'étau se resserre. Lafon a exposé au Salon des Surindépendants dans les années 30 (au moins en 1934 et 1935). "Mais c'est aussi Lafon et ses volumes assouplis, formes mannequinées, sortes de fées modernes éclairées d'un halo intérieur, errant sur le calme des routes comme des ombres incandescentes." (Histoire de l'art contemporain : la peinture, René Huygue, 1935). En 1935 il y expose son "homme-arbre" dans un paysage lunaire.

Écrit par : Millet | 15/07/2020

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Très beau texte de René Huyghe. Merci. La notice du Bénézit sur Jean Lafon, je l'ai pourtant trouvée via je ne sais plus quelle plateforme (anglaise, il m'a semblé), en libre accès.
La présence de ce Jean Lafon paraît donc bien attestée des années 30 aux années 40, mais après? N'a-t-il donc plus laissé de traces, jusqu'en 1978?

Écrit par : Le sciapode | 15/07/2020

Que l'expression « mot centaure » ne figure aujourd'hui dans aucun dictionnaire prouve simplement le décalage entre tradition orale et homologation écrite.

Écrit par : L'aigre de mots | 16/07/2020

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En fait, puisque vous parlez de "tradition orale", j'en viens à me demander si vous n'avez pas été, en rencontrant ce prof de lettres, en contact avec , tout simplement, l'inventeur du "mot-centaure", exactement comme moi, j'ai rencontré, en la personne du Dr. Gaston Ferdière, l'inventeur avoué du "mot-valise", terme qu'il reconnaissait avoir inventé pour traduire le "portmanteau word" de Lewis Carroll.

Écrit par : Le sciapode | 16/07/2020

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