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28/03/2022

"Les Solèls de Jacques Trovic", un film en préparation

      Cela fait un bout de temps que la réalisatrice Francine Auger-Rey m'a parlé de son projet de film sur Jacques Trovic, ce brodeur et "tapissier" autodidacte dont j'ai déjà parlé ici (en particulier pour annoncer sa disparition en 2018), que j'avais rencontré une seule fois personnellement, à Anzin, sa ville natale, en compagnie de Juliette et Jean-Louis Cerisier en 2009. Ce film, intitulé les Solèls de Jacques Trovic, long de 70 minutes, devrait bientôt sortir. Les "solèls", mot de patois du Nord, la région à laquelle Trovic était profondément attaché, renvoie aux soleils par lesquels il commençait toujours ses oeuvres en patchworks multicolores, sans doute – comme on le devine – parce que l'astre en question espaçait par trop ses apparitions dans ce pays de mines...

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Jacques Trovic, Combat de coqs, 1994, vue prise à l'exposition "Sur le Fil", à la Folie Wazemmes, à Lille, en 2009, ph. Bruno Montpied.

 

     Francine Auger-Rey a confectioné un site internet où l'internaute intéressé trouvera toutes sortes d'informations, et pourra également particper financièrement à la production du film: https:

//docu-solels-de-trovic.org/

       Pour ceux qui ne voudront pas prendre le temps de suivre ce lien, voici le résumé du projet filmique que m'avait transmis la réalisatrice il y a quelque temps:

Résumé du documentaire de création :  ″Les Solèls“ de Jacques Trovic

Ce documentaire raconte l’histoire d’un homme né en 1948 dans une ville du Nord : Anzin, cité de la fin des mines et de la sidérurgie moribonde. Dès l’adolescence, sur la table de la cuisine obscure de sa maison de coron,  il fait jaillir, malgré ses entraves et son milieu rude et modeste, une œuvre lumineuse et colorée. Ses mosaïques, ses tapisseries composées de patchworks et de broderies montrent un univers joyeux dont Trovic pressent qu’il est en train de s’éteindre. Son handicap, son épilepsie ont-ils été la circonstance fondatrice de son œuvre mais aussi ce qui brisa douloureusement son aspiration à rejoindre la communauté humaine ordinaire ? Cette tension sera, avec son indéfectible attachement à l’histoire, la culture, de son Nord natal, au cœur de la problématique de ce documentaire.

 

25/03/2022

Une représentation de la Vierge par un artiste de la Côte d'Ivoire en 1931

SteVierge, Côte d'Iv,, expo coloniale Lyon 1931.jpg

 

       Lorsque je cherche des cartes postales qui pourraient me révéler un site ou un environnement créatif ancien, il m'arrive de tomber, à la faveur de recherches par mots-clés notamment, sur des cartes aux images insolites, même si n'appartenant pas à mon cœur de cible... 

       Tel fut le cas avec la carte ci-dessus, montrant très lumineusement, avec la clarté de l'évidence, une représentation de la Sainte-Vierge par un "artisan" de la Côte d'Ivoire. Elle fait partie peut-être d'une série de cartes éditées à l'occasion de l'exposition coloniale de 1931 à Lyon, comme il est dit dans l'en-tête de la carte.

          Elle me frappe cette petite (?) effigie, par l'innocence de son expression et la stylisation de sa forme. La cape double qui la couvre totalement l'enserre, au point que l'artiste qui l'a façonnée, ayant besoin de lui mettre des bras, a projetés ces derniers vers l'avant, comme si elle s'apprêtait à une imposition magique des mains. Toute son allure me fait penser à celle d'une enfant, ce qui ne participait pas de l'intention consciente de l'artiste bien sûr. Où cette statuette se retrouve-t-elle à présent? A-t-elle été conservée par le musée des Confluences à Lyon?

          Et peut-on la ranger dans ce que l'on appelle "l'art colon", cet ensemble de représentations sculptées montrant des personnages faisant écho aux costumes de l'époque coloniale, longtemps méprisés par les marchands et les collectionneurs d'art dit primitif ou premier, qui ne les jugeaient pas assez "authentiques"? Alain Weill, dans son récent livre intitulé "L'Art dit Colon" (chez Albin Michel, en 2021, il est sous-titré "Un aspect méconnu de l'art africain"), reprend une définition de Denise et Michel Meymet, de Lyon, qui dans leur livre sur leur collection (Art  colon, Musée des Confluences/Fage Éditions, Lyon, 2013), écrivent ceci: "L'art colon n'est ni un art de rupture, ni un art qui a dégénéré à force de contamination. Il représente la part de l'art africain qui s'est adaptée pour assurer la survie du monde traditionnel." Alain Weill souligne, dans son propre ouvrage, que cet art, pendant longtemps, ne fut pas recherché par les collectionneurs occidentaux, et qu'il faut le distinguer de l'art pour touristes, dit "art d'aéroport". C'est un ensemble d'objets faits par des artistes africains pour d'autres Africains, des oeuvres d'art tout court, reprenant des thèmes et des styles traditionnels présents dans l'art des fétiches des temps plus anciens. Personnellement, cette mutation artistique me paraît assez analogue aux mutations qui sont intervenues de l'art populaire occidental aux formes artistiques plus individualisées du XXe siècle rangées tantôt dans l'art naïf, tantôt dans l'art brut (dans une partie de l'art brut, d'inspiration populaire, celle qui me retient personnellement davantage).

      Ici, cette représentation, liée à la religion chrétienne exportée par les Occidentaux, me paraît rattachable à l'art dit colon, dans une acception plus religieuse, ce qui ne m'a pas paru jusqu'à présent bien évoquée dans les différents ouvrages consacrés à ce corpus (de même dans les livres consacrés, par Nicolas Menut, parfois avec la collaboration d'Alain Weill, aux représentations de l'homme blanc dans les arts non occidentaux, dont l'art africain).

14/03/2022

Une nouvelle technique du sieur Darnish : le « coinçage »

 

     C’est en voulant tuer le temps alors que j’attendais du côté de la place Monge à Paris que j’ai coincé ma première image dans le vieux volet d’une boutique qui avait tout l’air d’être abandonnée.

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Darnish, coinçage, place Monge, Paris, janvier 2022.

 

     Assis sur la fontaine de la place Monge je venais de découper un bonhomme sur un marque-page légèrement cartonné. Tout en le découpant soigneusement, je me disais que j’allais pouvoir en faire quelque chose, l’abandonner quelque part plutôt que le mettre directement à la poubelle...

     Comme il était cartonné, il ne se prêtait pas vraiment au collage. De toute façon je n’avais pas de colle sur moi. Sur le coup, je ne voyais pas à quoi il allait servir, le poser sur un rebord de trottoir ? Le glisser entre un pare-brise et son essuie-glace ? Le garder des mois au fond de mon sac ?

      Ce n’est qu’en rejoignant mon rendez-vous qu’en passant devant cette boutique au volet usé, fendu par endroit, que m’est venu l’idée de l’y coincer. La rigidité du carton me permettait de forcer un peu et de l’enfoncer vigoureusement dans une fente du bois.

       Bien coincé, le bonhomme en noir et blanc donnait l’impression de se pencher pour voir la rue, comme on se penche à la fenêtre pour voir qui arrive. C’était mon premier « coinçage » !

 

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Darnish, coinçage, avec un personnage de Bosch, Paris, février 2022.

Darnish, autre coinçage avec Bosch, Paris, février 2022. Coinçage 3 près_edited (2).jpg

 

      De retour à la maison j’ai trouvé de vieilles images cartonnées (condition sine qua non pour réitérer l’opération) de Jérôme Bosch. Ces trognes inquiétantes m’ont semblé parfaites, comme sortant déjà de quelque part, comme pointant déjà leur nez d’une fissure. Elles ont été rejointes par des anges de Giotto, et par quelques autres visages aussi, au gré des trouvailles (personnages de Dürer, de Van Eyck entre autres).

 

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Darnish, coinçage avec Bosch, Paris, février 2022.

Darnish, coinçage, avec Giotto, Paris, février 2022.

Coinçage 7 (Giotto, Paris) près_edited (2).jpg

Coinçage 8 près_edited (2).jpg

Darnish, coinçage avec Giotto, Paris, février 2022.

Darnish, coinçage avec Van Eyck, Paris, février 2022.

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Darnish, coinçage avec Dürer (peut-être), Paris, février 2022.

 

      Et c’est en me promenant avec ces quelques amis en carton dans mon sac que j’ai coincé, à Paris et au Havre ces quelques images que le Poignard Subtil a la gentillesse de montrer ici.

 

Darnish. Mars 2022

03/03/2022

"Las Pinturitas" exposée à la Galerie du Moineau Ecarlate

      Son nom complet est Maria Angeles Fernandez Cuesta, dite "Las Pinturitas", que l'on a tendance à présent à corriger en "La" Pinturitas" (ce qui est commettre une faute d'accord en nombre, d'après ce que je connais de la langue espagnole). Maria "Les Petites Peintures", connue pour le bâtiment désaffecté qu'elle repeignait sans cesse à Arguedas, non loin du pays Basque, durant les récents confinements, n'a pu se rendre sur son chantier favori, temporairement, et a orienté en conséquence sa peinture vers des supports transportables, des panneaux de bois, qu'elle a recouverts recto-verso, et du papier sur lequel elle s'est prise de passion pour le dessin, à l'aide de crayons de couleur.

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      On retrouve apparemment dans ses peintures sur bois le même côté "Street art" brut qui a fait sa notoriété. En France, c'est le photographe Hervé Couton, basé à Montauban, qui l'a fait connaître en publiant un bel album de photographies sur ses peintures murales: La Pinturitas, Hervé Couton, éditions Alpas (les Amis de La Pinturitas d'Arguedas), en février 2018. J'en ai parlé en son temps, et à diverses reprises.

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Photo Hervé Couton.

 

       La Galerie du Moineau Ecarlate, sise au 82 de la jolie et pittoresque rue des Cascades, à Belleville (Paris XXe ardt), organise du 5 mars au 14 mai une expo, intitulée "Todo borra con blanco, peintures et dessins", avec une sélection de ses travaux récents, en même temps que seront exposées des photos d'Hervé Couton pour permettre au visiteur de comprendre le contexte de cette production insolite. Qu'on se le dise...

 

Bande-annonce contextualisante de l'expo de la Galerie du Moineau Ecarlate...

01/03/2022

Un nom prédestinant qui fleure bon l'engrais naturel

         Chaque fois que l'on se connecte à Yahoo pour la messagerie, on passe devant les actualités de cette société, et souvent, personnellement, je reste un peu interloqué devant les conseils prodigués en vidéo par un médecin bien en cour avec Yahoo (sa tête me fait en effet un peu peur).

     Ces jours-ci, ses diatribes portent sur les fibres et la nécessité d'en manger, pour lutter contre la constipation et faciliter le transit intestinal... Amis de la poésie, bonjour. Mais, chers amis, vous me pardonnerez quand je vous aurais écrit le nom du magnifique médicastre: le docteur Recchia.

Recchia contre la constipation.JPG