16/11/2018
Exposition galerie Rizomi de quelques artistes de la Création Franche, dont votre serviteur...
Dino Menozzi, critique d'art naïf et d'art singulier (outsider) italien, monte une expo à la galerie Rizomi à Parme du 24 novembre jusqu'au 15 décembre prochain (normalement), galerie connue en Italie pour exposer souvent des auteurs d'art brut. Or, en l'occurrence les artistes exposés, sous la bannière d'Adam Nidzgorski, mis en tête de gondole apparemment, par un choix subjectif du "curateur" Menozzi, sont tous des artistes, et des singuliers, ce qui est synonyme de "créateurs francs", ou de Neuve Invention (étiquette usitée à Lausanne en annexe de la Collection d'Art Brut), plutôt que des auteurs d'art brut au sens strict.
J'ai été moi-même associé à cette monstration, et, à ce que j'ai découvert grâce à l'affiche ci-dessus, mis à l'honneur par un détail d'une des huit peintures que j'ai envoyées là-bas. Cela n'est pas indiqué sur l'affiche malheureusement. Je dis "malheureusement", car il serait souhaitable que les concepteurs de l'affiche ne découpent pas une œuvre sans en informer les spectateurs de l'affiche (et l'auteur de la peinture!). Les spectateurs sont en effet logiquement fondés à croire que l'œuvre est bornée à l'image que l'on nous présente ici. Et, par conséquent, que "le songeur en aparté", titre apposé à droite dans le fond blanc en réserve, se rapporte à la femme jaune en jupette juchée sur des chaussures à talons qui se trouve juste à côté, alors que dans la peinture originale, il n'en est rien... Comme on pourra le constater ci-dessous, en zieutant la dite peinture...
Bruno Montpied, Songeur en aparté, 30,5x23cm, 2018 ; Le "songeur" ce n'est donc pas la femme jaune, mais le personnage violet au profil gigantesque triangulaire qui domine la scène en haut à droite... (Son corps se limite à une tête colossale, sa crinière, plus une forme serpentine, et un bras qui tâte une poitrine de femme naissante...) ; on mesure l'étendue du tranchage rizomiesque qui ne le signale nulle part sur l'affiche...
C'est un exemple de la nuisance qu'un affichiste indélicat peut apporter en tronquant la reproduction d'une œuvre. Sans compter qu'avec le titre de l'expo, un lecteur inattentif et non connaisseur peut également croire que la peinture est d'Adam Nidzgorski, l'artiste mis en tête de gondole dans le titre de l'expo.
On va dire que je râle toujours, mais avouez que je n'ai pas tort pourtant de faire cette remarque. Non? Il y va d'une forme de respect aux artistes. Faut-il toujours ne rien dire et s'écraser mollement?
Bruno Montpied, Gestation dans la matrice rouge, 32x24 cm, 2018 ; autre peinture sur papier également proposée à la galerie Rizomi et à Dino Menozzi.
10:24 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : adam nidzgorski, création franche, dino menozzi, galerie rizomi, bruno montpied, reproductions tronquées | Imprimer
17/10/2010
Art sans étiquette à Rives, sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché...
Art singulier? Trop galvaudé ces temps-ci. Art brut? Inadéquat, et déjà pris. Art contemporain? Trop vague. Art Hors-les-Normes? Pas tant que ça... Alors on opte pour un terme descriptif qui ne dérangera personne, "Art partagé", pour cette 3ème biennale organisée par l'association Oeil'Art, à Rives en Isère.
Une bonne partie des créateurs présentés ici viennent des ateliers qui hébergent les expressions des déficients et autres handicapés mentaux, Jean-Louis Faravel, animateur d'Oeil'Art ayant une prédilection marquée de ce côté-là (mais gare aux redites! Il commence à y avoir beaucoup de "bonshommes" peints dépouillés sur des fonds très colorés au sein de cet art des handicapés, et cela finit par nuire à l'écho que ses partisans voudraient voir bien établi).
On reconnaît aussi parmi les propositions d'oeuvres quelques noms connus des lieux voués à la défense et à l'illustration de ce que l'on appella en 1978 "les singuliers de l'art", et depuis les festivals qui se sont montés dans les années suivantes, "l'art singulier". On notera l'inversion des termes qui signala que l'on accordait dans ces festivals le mot "singulier" davantage avec l'art, plutôt qu'avec les personnalités, et leur comportement singulièrement créatif. L'art singulier au fond devenait l'art contemporain du dimanche... Dès lors, on risquait d'y trouver à boire et à manger. Il est difficile aujourd'hui, dans les festivals d'art plutôt pluriel de ne pas se retrouver au milieu d'un bric à brac confus envahi de suiveurs et d'arrivistes aux dents longues quoiqu'un peu voyantes.
Evelyne Postic, Les larmes de la pluie, encre sur toile, 80x40cm, 2009
Marie-Jeanne Faravel, extrait de la série "Mes petites histoires", 43x39cm, encre, matériaux divers et points de couture, 2010
Ce ne paraît pas être le cas avec la biennale de "L'art partagé" où un effort sincère est fait en faveur de la découverte de nouvelles formes d'expression autodidactes. C'est pourquoi je suis allé proposer mes propres productions auprès d'Oeil'art qui m'a accueilli avec hospitalité. Une douzaine de mes petits formats sont présents dans les cartons de l'association. Voici quelques unités:
Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui..., 24x18, 2008
B.M., La bouliste bizarre, 24x17cm, 2010
On sent qu'une des lignes de force des expositions montées par Oeil'art est un certain goût des figures épurées, voire dépouillées (c'est pourquoi l'association est aimantée par les figures de l'art des handicapés). Et c'est aussi vrai qu'il est très émouvant, et parfois même vertigineux, de constater la force que peut recéler une figure très nue, très simplement rendue. Chaissac y arrive avec une virtuosité quasiment sans égale (comme on pourra s'en rendre compte en ce moment en allant visiter l'exposition très réussie qui se tient à Paris sur la rive gauche dans la galerie Nicolas Deman). Jean Dehombreux (nom prédestinant?), ph. site web Art Tout Simplement
00:08 Publié dans Art immédiat, Art inclassable, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Confrontations, Noms ou lieux prédestinants | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : oei'art, marie-jeanne faravel, bruno montpied, chaissac, adam nidzgorski, art singulier, art partagé, jean dehombreux, evelyne postic | Imprimer