Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/03/2019

Mme Delavaux, grande prêtresse de l'art brut orthodoxe, prend des pincettes pour évoquer ma découverte sur les Barbus Müller

    Céline Delavaux, qui s'est fait connaître avec le Collectif de réflexion autour de l'Art Brut (CrAB), il y a quelque temps, et par quelques livres, déjà, sur l'art brut – dont un qui était fort bien écrit, L'Art brut, un fantasme de peintre, aux éditions Palette - sort un nouveau livre chez Flammarion, Art Brut, le Guide.

Couv delavaux l'Art brut le guide.jpg

 

      Autant vous dire qu'il aurait pu aussi bien s'appeler l'Art brut pour les nuls. On vous y dit ce qu'il faut penser de l'art brut, en proscrivant certaines assertions, classées comme fausses, d'un coup de tampon appuyé ("Faux", nous proclame-t-on : "l'art brut, c'est comme l'art des fous", "l'art brut, c'est fait avec des matériaux bruts", "l'art brut, c'est comme l'art naïf", etc.). C'est que Mme Delavaux se positionne comme championne de la vision orthodoxe de l'art brut. Elle tient à ce que l'on pense l'art brut correctement.

     Personnellement, ça me gêne un peu. Qu'il y ait du flou, des tâtonnements pour aborder le sujet ne me dérange pas tant que cela. L'orthodoxie a tendance à apporter  une forme d'ossification ou de vitrification.

        Cela dit, cet auteur pense surtout que l'art brut est un cheval de bataille pour repenser l'art (why not?). Et c'est pourquoi elle veut continuer d'employer le terme d'"artiste", pour les auteurs d'art brut, parce que ce serait un moyen selon elle de faire entrer dans le crâne de chacun que l'art est constitutif de l'humanité, et n'a donc pas à se penser comme le privilège d'une caste, privilège que Dubuffet, avec raison, je trouve, avait dénoncé (Céline Delavaux le rappelle aussi, avec honnêteté). Pas sûr cependant, selon moi, que ce terme d'artiste, employé pour les créateurs bruts comme pour les artistes professionnels, suffise à lui seul à constituer le cheval de Troie qui remettra en question de l'intérieur les conceptions dominantes de l'art dans le public et la clique des historiens et médiateurs de l'art. C'est même plutôt le contraire que cela produit, et qui va bien avec la fusion, que tentent d'opérer les marchands, et tous ceux qui sont intéressés à ce genre de confusion, entre art contemporain, art moderne et art brut (comme la constitution du musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art moderne  du LaM à Villeneuve-d'Ascq l'a inaugurée d'ailleurs voici déjà vingt ans, en 1999, avec le dépôt de la collection  d'art brut de l'Aracine). De plus, mettre tous les auteurs d'art dans le même sac – au lieu de remettre en question l'art séparé de la vie quotidienne – constitue une régression propice à la vision d'un art comme le produit d'une élite. Les marginaux de l'art brut, par leur côté maudit insinué dès l'origine dans la notion d'art brut, viennent ainsi augmenter simplement le bataillon des nouvelles marchandises culturelles. Le cheval de Troie est retourné contre lui-même.

    Ce guide m'a, par ailleurs, passablement étonné à cause de l'un de ses paragraphes où mon travail sur ce blog est mentionné. C'est dans un chapitre sur les anonymes, où Mme Delavaux parle surtout des Barbus Müller, auxquels, comme les les vrais lecteurs de ce blog le savent, je suis très attaché, pour avoir mis en ligne sur le Poignard, l'année dernière, du 12 au 7 avril 2018, une enquête où je dévoilais que j'avais trouvé l'identité de l'auteur (et comment je m'y étais pris, avec l'appoint de Régis Gayraud) de ces fameuses statues de lave ou de granit, que Dubuffet avait choisi de présenter dès les origines de sa collection d'art brut.

page delavaux sur les anonymes et les barbus.jpg

Le dernier paragraphe de ce chapitre du livre de Céline Delavaux est reproduit plus bas dans cette note.

 

      Il n'est pas sorcier de se reporter à cette enquête, il me semble. C'est gratuit, qui plus est... Pour ceux qui ne l'auraient pas fait, suivez ce lien et vous tomberez sur la première note (j'ai étagé les notes de la date la plus avancée dans le mois d'avril, le 12, à la plus éloignée six jours plus tard, le 7, avec six "chapitres"). Pour passer d'une note à l'autre, il suffit de cliquer sur les mots "à suivre", placés en toute fin de note (ou de chapitre). Mais, bien sûr, il  y a de la lecture... Ce que Mme Delavaux a peut-être eu la flemme d'entreprendre, se contentant peut-être de Wikipédia où une main amie a fait une mise à jour de l'article qui existait encore naguère sur les Barbus...

    Car, après avoir souligné le mystère dans lequel Dubuffet, en 1947, aurait volontairement plongé ces "pièces de la statuaire provinciale", elle évoque, dans un paragraphe étrange, d'une manière  désinvolte, la découverte "que j'aurais faite" (Ô, ce conditionnel... C'est lui qui m'irrite) sur "un blog spécialisé dans l'art singulier", blog qu'elle n'a, bien entendu, pas jugé nécessaire de  mentionner dans son libellé exact, ce qui aurait permis à ses lecteurs de se faire une opinion, et blog qu'elle qualifie au passage de manière fautive, mais surtout, assez méprisante... Voir ci-dessous.

page delavaux sur les anonymes et les barbus, passage extrait.jpg

Le passage en question...

 

      Je ne vais pas argumenter outre mesure, et encore moins vitupérer, contre ce merveilleux petit paragraphe bien pesé, semblant brandir des pincettes invisibles, sans la moindre justification. Il suffit peut-être de donner la version qui aurait dû être celle d'un paragraphe plus juste, et plus pensé, si son auteur avait fait l'effort de lire mon enquête du blog (ou celle que j'ai publiée, résumée, dans le n°17 du Publicateur du Collège de 'Pataphysique) :

      "En 2018¹, Bruno Montpied, rédacteur d'un blog, Le Poignard subtil, a découvert l'identité de cet anonyme célèbre dans l'histoire de l'art brut : il s'agit d'un cultivateur auvergnat, ancien zouave, nommé Antoine Rabany, mort en 1919. Ce sculpteur autodidacte exposait ses statues dans un jardin, au Chambon-sur Lac (Puy-de-Dôme) et les vendait pour quelques francs..."

      J'attends toujours que les chercheurs spécialisés (ou non!) viennent contester les arguments et les preuves, a priori incontestables, que j'ai apportés dans cette enquête. Seuls certains collectionneurs ont su tout de suite reconnaître le sérieux de ce travail (nommons les premiers : Bruno Decharme, et James Brett).

40-41.jpg

Barbus Müller agrandis, d'après photo stéréoscopique publiée dans mon livre, Le Gazouillis des éléphants. Pour le moment, ces deux-là, parmi plusieurs autres visibles sur la photo, sont portés disparus... Jusqu'à quand?

______

¹ Il y a une erreur dans le texte de Mme Delavaux. C'est en 2018, et non pas en 2017, que j'ai dévoilé l'identité du sculpteur des Barbus. En 2017, j'avais seulement avancé, en publiant deux photos inédites montrant le jardin aux statues au sein de mon ouvrage Le Gazouillis des éléphants (paru en septembre 2017), que les statues présentes sur les photos devaient être très probablement des Barbus Müller, et que ces œuvres avaient été exposées à Chambon sur Lac dans le Puy-de-Dôme. Je ne donnais donc à cette occasion que la localisation exacte du lieu de production. Mme Delavaux a visiblement pris ses informations dans la notice de Wikipédia, sans la lire attentivement. Cette notice est correcte (si ce n'est une petite erreur sur le prénom de l'archéologue Lejay, qui s'appelait Albert et non pas "André"...)

 

27/11/2018

L'auteur des Barbus Müller dévoilé désormais sur papier

     En septembre dernier, je ne l'ai pas encore annoncé, est paru un condensé, dans une revue sur papier, de l'enquête en six chapitres que j'avais numériquement fait paraître sur ce blog en avril dernier (voir ici le chapitre un ; on pourra lire les suivants en regardant les liens en haut de chaque note). C'est dans le n° 17 de la revue de l'actuel Collège de 'Pataphysique, intitulée Viridis Candela, le Publicateur. Je suis très fier d'avoir été accueilli au sein de cette prestigieuse – et historique – revue. Mon article s'intitule "Faux art roman ou art brut populaire, les Barbus Müller retrouvent leur père"... Car, en effet, mon enquête, réalisée avec l'aide ponctuelle de mon camarade chercheur Régis Gayraud, aboutissait à l'identification de l'auteur, auvergnat, des fameuses statues en lave ou granit  surnommées, vers 1947, par Jean Dubuffet, les "Barbus Müller".

Le Publicateur du Collège de P., Viridis Candela n°17, sept 18.jpg

     On peut acquérir la revue pataphysicienne en s'adressant à l'adresse suivante: Collège de ’Pataphysique, 51A rue du Volga, 75020 Paris. On n'omettra pas, si l'on ne veut acquérir que ce numéro, de joindre un chèque de 15€ à sa commande. Si l'on veut s'abonner, lisez plutôt ci-dessous les coordonnées pour y parvenir, décrites sur le 4e de couverture de la revue.

Le Publicateur (4e de cou) Viridis Candela n°17, sept 18.jpg

     Je ne m'en suis pas tenu là. Eva di Stefano, qui anime depuis l'université de Palerme, avec un courage admirable, son Osservatorio Outsider Art (OOA), avec la publication d'une revue du même nom, m'a demandé de leur offrir un article lui aussi destiné à résumer (c'est encore plus condensé!) mon enquête sur les fameux Barbus. C'est chose faite avec le n°16 d'OOA qui est paru cet automne de 2018. Pour le coup, on peut lire le numéro en intégralité gratuitement en cliquant sur ce mot. Mon article s'intitule "L'origine dei "Barbus Müller". Dal mito del falsario al mito dell'art brut". Il commence à la p.30 de la dite revue et se poursuit jusqu'à la p.37. Il commence avec cette citation de Michel Thévoz (que j'utilise de manière quelque peu narquoise, je dois dire...) :

       "On ne saura probablement jamais rien de l’auteur (ou des auteurs) des « Barbus Müller », ainsi nommés parce qu’ils ont appartenu pour la plupart à un collectionneur suisse de ce nom ». Cette affirmation péremptoire de Michel Thévoz dans son livre L’Art brut de 1975 m’a toujours intrigué..." (B.M.)

 

Couv OOA n°16, automne 2018.JPG

P.30 de 00A n°16 automne 2018.JPG

     Il est à noter bien entendu que cette revue est en italien... De ce fait, je n'ai pu prendre tout à fait la mesure des autres articles de la revue. A peine, ai-je compris que plusieurs articles tournent autour de la question du "faux" dans la perception des historiens d'art confrontés à l'art populaire inventif, et aussi, comme l'indique le titre de l'article d'Eva di Stefano, traitent de "l'imagination archéologique" ayant affaire à l'art brut. Ce qui correspond à mes révélations à propos des archéologues français qui découvrirent le sculpteur du Chambon-sur-Lac en le prenant pour un faussaire spécialisé en art roman...

 

06/08/2016

Jeu: saurez-vous identifier l'auteur du dessin ci-dessous?

    Un petit jeu au creux de l'été, pour voir s'il y en a qui suivent, pas complètement débranchés sur les plages les doigts de pied en éventail... : d'après vous, de qui est le dessin que je mets en ligne ci-dessous? Un indice, sinon, ce serait trop dur. Le nom de l'auteur a déjà été cité depuis que ce blog existe. Je sais... Etant donné que le Poignard Subtil a été fondé en juin 2007, il ya eu du monde à défiler sur cette colonne immense. Mais il y a votre sagacité, votre pénétration, un style particulier, tout cela devrait aider. A gagner, le dernier numéro de la revue Création Franche, le n°44, qui vient de sortir.

IMG_4842_edited.jpg

24/09/2014

Deux petits événements à retenir pour les "Happy few"

      Cette semaine, j'ai oublié de les mentionner, il y a deux rendez-vous.

     Le premier, c'est sur Radio-Libertaire demain matin (jeudi 25 septembre) de 10h30 à midi dans l'émission Chroniques Hebdo animée par Gérard Jan. Je suis invité à causer de ma participation à l'exposition actuelle de la Halle Saint-Pierre "Sous le vent de l'art brut 2, la collection De Stadshof", de l'animation du présent blog et aussi de mon article paru sur les bouteilles malicieuses du couple Beynet dans le n°3 de la revue L'Or aux 13 îles.

 

Bouteille-à-4-faces,-filles.jpg

Bouteille de Louis et Céline Beynet, des filles et des monstres, coll. BM

 

     Et le deuxième événement, quel art de la transition, n'est-ce pas?, c'est justement la présentation de la revue L'Or aux 13 îles de Jean-Christophe Belotti à la librairie du Sandre, rue du Marché Ordener dans le 18e ardt de Paris vendredi soir. Tous les amateurs de cette splendide revue sont cordialement invités à venir boire un coup et discuter avec les collaborateurs de cette revue. Voir le fichier PDF en lien ICI.  

05/06/2010

5 juin, la belle bleue mais virtuelle

Feu-15.jpg
     Oui, ça fait trois ans aujourd'hui, jour pour jour, que je tiens ce journal, pardon, ce blog-notes. Alors on entonne, aussi virtuelle que la gerbe ci-dessus tirée simultanément dans la nuit de la toile, la chanson suivante (légèrement pénible il faut l'avouer) :
partition%20joyeux%20anniversaire.jpg

05/06/2008

Poignard subtil et première dent

    Ca fait déjà un an que je creuse mes galeries, que je jette mes passerelles et mes filets. Le poignard qui n'est que subtil n'a j'espère jusque là blessé personne. Alors, continuons de ce pas, de ce parasol monopodique qui nous abrite des rayonnements néfastes et nous cache la vue de ce qui ne nous touche pas.

1478446117.jpg
Merci à Frédérique M. pour le gâteau gonflable