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31/10/2024

"Le Gazouillis des éléphants", avec ses 305 inspirés des bords de route, reparaît ce jour!

      On a envie de prendre un grand portevoix pour clamer: Oyez! Oyez! Le Gazouillis des éléphants, vous l'aviez demandé, eh bien, le voici enfin qui reparaît, sous une livrée d'une autre couleur, histoire de marquer le passage du temps. C'est une réédition, il fallait l'indiquer par cette nouvelle couverture de teinte aubergine, et aussi en accomplissant une mise à jour de quelques informations, ce qui justifie qu'il soit marqué justement "édition revue et mise à jour". Il n'y a pas – je m'empresse de le préciser, car la question va m'être posée – de sites supplémentaires par rapport à la 1ère édition qui datait de 2017. Cela sera peut-être pour plus tard, "Le Gazouillis des éléphants, le supplément". Non, ici, on a des dates, des états actualisés de certains sites (dans la mesure où j'en fus informé, notamment par divers correspondants), un nom rétabli (Antoine Rabany, le sculpteur de certains Barbus Müller), des coquilles (rares) corrigées, la bibliographie légèrement augmentée, des choses comme ça...

 

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Le communiqué de presse...

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     Le livre est relié plus solidement, la couverture n'est plus feutrée, mais plus lisse (et peut-être un chouïa plus rigide), je dirais, mais les caractères dorés des titres et sous-titres ressortent avec plus de contraste sur ce fond violet. L'éditeur est Hoëbeke, qui appartient au groupe Gallimard, et les éditions du Sandre co-éditent. La maquette, la mise en pages n'ont pas changé. Je pense, je le souhaite, que cette nouvelle mouture sera encore plus diffusée que la première édition. De ce fait, tous ceux qui le recherchaient ne devraient pas avoir de mal, désormais, à en trouver un exemplaire...

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Roger Mercier (1926-2018), Poséidon et les sirènes, "Le Château de Bresse et Castille", à Damerey (Bourgogne) ; ce site serait visitable après demande en mairie... information de 2020 (exemple de mise à jour informative dans cette nouvelle édition, dans un domaine qui évolue perpétuellement) ; photo Bruno Montpied, 2013.

25/02/2023

Après le Gazouillis des éléphants (8): Histoire d'un militaire que l'on prenait pour un gendarme

        Dans mon livre (épuisé, en attente de réédition), Le Gazouillis des éléphants (2017), entre autres sites en plein air évoqués, dus à divers autodidactes populaires, à la région Bourgogne, j'ai indiqué deux sites, tous deux relevant de la commune de Rogny-les-Sept-Écluses, dans l'Yonne. Dans l'un, en particulier, j'ai signalé une grosse statue, à l'effigie de ce qui m'apparut sur le moment comme un officier, du fait de son grand couvre-chef, semblable à un shako, qui se tenait – et se tient encore, car elle a été restaurée depuis mon passage en 2014 – sur un mur de clôture en bordure d'un jardin et d'une maison, paraissant surveiller le monde alentour, de manière débonnaire, pourrait-on dire, à l'entrée du village de Rogny, en direction de Chatillon-Coligny. 

 

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Deux photos de "l'officier de Rogny"; ph. Bruno Montpied, 2014.

officier de Rogny 2014 (2).jpg

 

 

       J'en ai appris tout récemment un peu plus sur cette curieuse effigie d'allure truculente (elle ressemble bizarrement à un portrait de Groucho Marx, mais bien sûr de façon toute fortuite). Dans la région, M. Jean-Marie Vernhes, qui prépare une publication érudite sur Rogny, m'a alerté sur une association TMOP (Tradition, Métiers, et Outils en Puisaye), sensible au patrimoine de la localité. Cette dernière a fait des recherches en effet, qu'elle a synthétisées dans un document interne que sa responsable de communication, Mme Claire Targa, m'a aimablement fait suivre. En particulier, on a retrouvé le nom de l'auteur de cette insolite statue (d'à peu près 1,50 m, rien que pour son buste et sa tête coiffée du haut képi qui me fait penser à un shako). En la restaurant récemment, Mme Lise Paquis et un collègue à elle ont mis au jour, en enlevant la saleté et les mousses, une signature : "L. Chauvat", et une date apposée à côté sur l'épaule de l'effigie: "1938". Cette restauration a été commanditée par l'actuelle propriétaire de la propriété où se trouve la statue, l'arrière-petite-nièce d'un certain Paul Guyot, anciennement marchand de peaux de lapins, puis brocanteur, puis menuisier, quand il restaurait des meubles qu'il allait vendre à Paris. C'est lui qui, après avoir acheté la maison en 1946, rapporta un jour la statue qu'il aurait trouvée en salle des ventes à Paris. Légende? Peut-être... La pièce est assez conséquente, et probablement pesante. La trimballa-t-il de la capitale à l'Yonne si facilement que cela? Dans les souvenirs de certains anciens, on pense que la statue fut installée à son emplacement actuel au début des années 1960. 

      Une hypothèse a couru sur place : la statue représenterait le général Faidherbe (1818-1889), connu dans les conquêtes coloniales en Algérie et surtout au Sénégal (de ce fait, il est aujourd'hui une figure controversée). officier ou gendarme, officier de Rogny-les-sept-écluses, association TMOP, L. Chauvat, grocho marx, le gazouillis des éléphants, général faidherbe, shako, képiOn se référera pour en savoir plus sur ce personnage à la fiche Wikipédia qui me paraît assez objectivement rédigée. Si les portraits de Faidherbe nous montrent un visage chaussé de lunettes et pourvu d'une belle moustache, comme sur la statue de l'officier de Rogny, son képi en revanche n'a pas la même taille imposante. Mais ce dernier a pu être une exagération de la part d'un sculpteur prenant visiblement beaucoup de libertés avec la figuration, certains diraient même, exerçant son art de dilettante avec une franche maladresse ? D'autre part, la date de mort de Faidherbe, 1889, reste très éloignée de celle de la confection de cette statue, 1938. Pourquoi ce monsieur L. Chauvat se serait senti dans l'obligation de commémorer ce général (à moins qu'il n'ait été un fieffé colonialiste fasciné par les militaires responsables de la conquête des pays d'Afrique de l'ouest)?

      L'enquête se poursuit donc.

Petit supplément photographique (du 28 février) à destination de Régis Gayraud, (cliché de BM, de 2014): 

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11/01/2023

Après "le Gazouillis des éléphants" (7): Destinée d'un vélo brut

        Formidable nouvelle que vient de m'apprendre l'ami Philippe Lespinasse,  à savoir l'envol du vélo métamorphosé d'André Pailloux – celui-là même dont j'ai parlé en différentes publications, ici même, mais surtout dans mes deux livres sur les environnements populaires spontanés, Eloge des Jardins Anarchiques (2011) et Le Gazouillis des éléphants (2017), ce qui permit de le faire grandement connaître des amateurs d'art populaire insolite, voire d'art brut – pour d'autres cieux que ceux de la Vendée, où il végétait, enkysté dans le garage de son créateur. Il a atterri en effet au Musée de la Création Franche, suite à une intermission de Philippe Lespinasse, et à l'hospitalité de la nouvelle directrice des lieux, Hélène Ferbos, qui, je dois dire, a eu le nez creux en validant cette transaction (car ce fut un achat, et non pas une donation).

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Le vélo d'André Pailloux, tel qu'il figure en double page dans Bruno Montpied, Eloge des jardins anarchiques (livre épuisé édité en 2011 par les éditions de l'Insomniaque) ; ph. B.M., 2010.

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André Pailloux avec son vélo sorti pour les besoins du tournage de Bricoleurs de paradis, ph. B.M., 2010.

 

     Ce vélo extraordinaire, dont j'avais dit à André Pailloux qu'il ferait très bien dans un musée consacré aux créations brutes ou naïves, populaires, où il serait protégé des aléas des successions, prêchera désormais d'exemple auprès des visiteurs grands et petits qui le visiteront (dès que le Musée de la Création Franche rouvrira ses portes, après les travaux d'agrandissement actuels). Génial, donc, que la translation se soit opérée, et du vivant d'André, avec son plein accord. Me voici devenu un prophète, du coup... (je fais allusion au passage sur Pailloux, son vélo et son site hérissé de vire-vent stroboscopiques multicolores, dans le film Bricoleurs de paradis, disponible gratuitement en intégralité sur YouTube, où je parle de "patrimonialisation", certes, un grand mot, un peu trop ronflant, à André qui me répond que je voudrais voir des gens admirer son vélo dans un musée en tournant autour ; il dit cela en arborant un haut de survêtement décoré d'une spirale...!).

     Il n'est pas indifférent – même si André Pailloux, que j'ai appelé au téléphone, s'en défend – de remarquer que ce dernier va fêter cette année 2023 son 80e anniversaire... Pour marquer le coup, il fallait bien celui-ci de coup... véritablement fumant, qui va nimber les collections de la Création Franche d'une aura brute encore plus assumée.

09/11/2021

Pierre Darcel nous a quittés

     Sa grande Statue de la Liberté est désormais orpheline, ainsi que toutes ses statues sœurs, noires, blanches et roses. Pierre Darcel (1934-2021), qui a créé, avec l'aide de sa femme Yvette, un jardin rempli de magnifiques statues naïves ou brutes dans la région de Saint-Brieuc (il m'avait demandé de garder la localisation imprécise), est parti en septembre dernier (merci à Lydie Bonnec pour l'information). Mon inventaire, le Gazouillis des éléphants (2017), où je parlais de lui, à la région Bretagne (après lui avoir consacré un chapitre dans Eloge des jardins anarchiques en 2011), commence décidément à ressembler de plus en plus à un cimetière (des éléphants). A peine découvre-t-on un environnement populaire spontané nouveau que son auteur s'en va sur la pointe des pieds avant qu'on ait eu le temps d'applaudir (façon de parler). Ces créateurs modestes sont en effet tellement discrets...

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Pierre Darcel, près de sa trayeuse de vache en train d'être façonnée par lui, avec Patou au premier plan qui tentait de lui voler la vedette, ph. Bruno Montpied, 2009.

 

        Ses statues à l'ordonnancement harmonieux, si singulières au milieu de ce pays de bocage, vont devoir affronter seules (?) les morsures du temps, jamais en retard d'appétit...

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En 2017, lors de ma seconde visite, en compagnie du camarade Régis, un œil avait perdu de son superbe bleu... , ph. B.M.

25/02/2020

Exposition des "Barbus Müller" avec leur auteur démasqué, à Genève...

     Les lecteurs attentifs de ce blog se souviendront sûrement que j'ai raconté sur ce blog même, en avril 2018, par le menu, la chronologie de mes découvertes concernant l'identité de l'auteur d'une partie du corpus de sculptures sur pierre volcanique, dites des "Barbus Müller" (sobriquet inventé par Jean Dubuffet, en 1945, au début de sa collection d'Art Brut). Je l'avais, il est vrai, déjà esquissée dans mon livre Le Gazouillis des éléphants, paru à l'automne 2017, où j'ai publié deux paires de clichés sur verre inédits qui montraient un jardin semé de statues qui ressemblaient furieusement à ces fameux "Barbus Müller".

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Vue de détail d'un des clichés-verre, pris à la belle saison par un photographe inconnu, et ayant appartenu aux archives du photographe Goldner.

 

    On peut toujours se reporter à mes notes en allant sur ce lien (on y tombe sur le premier "chapitre" qui, à la fin, envoie par un autre lien vers le second chapitre qui lui-même, à la fin, envoie vers le troisième chapitre, qui etc., et ainsi de suite jusqu'au sixième). Je ne sais trop pourquoi, Google paraît avoir refusé de les indexer, en dépit de leur nombre conséquent pourtant. Me doutant que ma découverte ne serait pas suffisamment validée, si je me contentais de la publier sur internet, je fis en sorte de trouver des publications sur papier pour en donner au moins une version condensée. Viridis Candela, la revue des Pataphysiciens, et la revue sicilienne Osservatorio Outsider Art, successivement, me permirent de réaliser ce projet.

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Première page de la revue OOA n°16, automne 2018, "L'origine des Barbus Müller: du mythe du faussaire au mythe de l'art brut".

 

    Il fallait aller plus loin. Notamment pour donner des informations nouvelles glanées depuis dans une recherche qui promet de toute manière des prolongements (notamment, on peut espérer voir resurgir des "Barbus" du fond des collections ou des brocantes où ils végètent, sans être clairement identifiés comme faisant partie du même corpus). C'est donc au Musée Barbier-Mueller, à Genève, lieu historique qui possède, au milieu des ses collections d'"arts lointains" onze "Barbus Müller", qu'est revenue l'idée de monter une exposition qui rassemble une vingtaine de sculptures, grâce à des prêts de collections extérieures en plus de leurs propres pièces. A côté de ces Barbus, seront proposées des œuvres d'arts lointains qui permettront au public d'établir  des comparaisons.

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Couverture du catalogue de l'exposition prochaine sur les Barbus Müller, à paraître le 3 mars 2020.

 

     C'est que ces sculptures – la plupart du temps des têtes – du fait qu'elles furent longtemps privées d'auteur, et parce que leur aspect puissamment stylisé les apparentait dans quelques cas à des fétiches, étaient souvent raccordées à des sources hétéroclites, parfois complètement aventurées, surtout si l'on n'était pas trop regardant sur leur caractéristiques stylistiques pourtant marquées. Le corpus – que j'ai évalué à 43 pièces toutes associables les unes aux autres de façon à peu près cohérente et unifiée –, s'est bâti à partir de plusieurs collections les ayant fait reproduire,  après la labellisation "Barbus Müller" par Dubuffet (d'après les collections de Charles Ratton, de Henri-Pierre Roché, du sculpteur Saint-Paul, de Joseph Müller, ou de Félix Stassart, datant toutes des années 1930 à 1950), grâce à des attributions auto-décrétées par les collectionneurs et les experts de ventes publiques sur la foi de témoignages et surtout de ressemblances formelles, de caractéristiques stylistiques, et de matériaux communs (la pierre volcanique).

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Illustration tirée de "Adieu ma petite collection", souvenirs de Henri-Pierre Roché parus dans l'Œil n°51 en 1959 ; la statue de gauche a été ensuite acquise par le Musée Barbier-Mueller et donc incorporée à la série des Barbus Müller de façon intuitive...

 

      Il n'y avait eu, jusqu'à mes découvertes d'un auteur unique d'origine auvergnate, installé à Chambon-sur-Lac (Puy-de-Dôme), nommé Antoine Rabany, dit "le Zouave", aucune tentative de traçabilité rigoureuse de ces sculptures. Les deux paires de clichés sur verre publiées dans le Gazouillis des éléphants me permirent de remonter, depuis les Barbus inventés par Dubuffet en 1945, plus tôt, à savoir jusqu'en 1908, date du plus ancien témoignage sur le lieu de production et sur son auteur. Et de là, de démontrer que ces sculptures partirent très tôt se disperser au gré des antiquaires qui en achetaient.

    Lorsqu'il est dit que l'écrivain et critique d'art Henri-Pierre Roché (dans un numéro du magazine L'Œil de 1959, année de la mort de Roché, né en 1879)  put acquérir,"alors qu'il était tout jeune", une de ses trois  sculptures – qu'il qualifie de "bourguignonne", et qui fut ensuite jointe par Dubuffet aux Barbus Müller –, on nous donne une clé pour reconnaître que l'histoire de ces sculptures étonnantes ne commence pas avec Charles Ratton et Joseph Müller, qui, de leur côté, les avaient acquises en 1939 auprès d'une antiquaire parisienne, Mme Vignier.

 

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Henri-Pierre Roché, portrait multiple ; © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
© droits réservés.

 

     "Tout  jeune", est-ce une exagération...? En 59, Roché avait 80 ans. Faut-il imaginer qu'il acquit – à Semur-en-Auxois, nous dit la légende de la photo – cette sculpture dans les années 1920, voire avant, et donc peut-être alors que leur sculpteur était encore vivant ? Antoine Rabany dit le Zouave, l'auteur identifié par moi, avec l'aide de Régis Gayraud, est en effet mort, je l'ai déjà dit, en 1919. Ses pierres taillées en forme de têtes variées partirent très tôt de son jardin, puisque le témoignage que je donne en entier dans  le catalogue de la nouvelle exposition du musée Barbier Mueller, signale que, dès cette année 1908, des sculptures se retrouvaient déjà à Evreux chez un antiquaire... Henri-Pierre Roché aurait donc pu, peut-être, au cours d'un voyage en Auvergne, rencontrer Rabany sur son lieu de production, au lieu de tomber sur sa statue à deux personnages (une mère et son enfant selon moi, plutôt qu'un "diable lui parlant à l'oreille") dans la localité de Semur-en- Auxois. Mais le destin en décida autrement...

 

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     A l'occasion de cette exposition, qui est prévue pour durer du 4 mars au 27 septembre 2020, un catalogue est publié donc, comprenant la réédition du fascicule 1 de l'Art Brut, consacré entièrement aux Barbus Müller, édité et non diffusé en 1947 par Gallimard, puis réédité une seconde fois en 1979, déjà par le même Musée Barbier-Mueller, avec un texte inédit de Jean-Paul Barbier-Mueller. Dans le catalogue proprement dit, on trouvera également trois contributions, de Baptiste Brun, de Sarah Lombardi et donc de votre serviteur, Bruno Montpied. Divers documents nouveaux et inédits paraissent à cette occasion, dont un scoop que je produis pour la première fois, ne l'ayant pas dévoilé jusqu'ici, le réservant au musée Barbier-Mueller... L'ensemble fera figure, à n'en pas douter, de document historique incontournable concernant la préhistoire de l'Art Brut.

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Le fascicule I de l'Art Brut qui, n'ayant pas été diffusé, resta un "premier" fascicule avorté ; Dubuffet fit paraître en effet, plus tard, au début des années 1960, un plus officiel numéro I de la série des fameux fascicules de l'Art Brut.

25/10/2019

Après le Gazouillis (5): des nouvelles du Restaurant de la Gaieté des Villéger, des sites de Gabriel Albert et Franck Vriet, d'André Hardy et de la maison de Didier Rossetti...

Ismaël et Guy Villéger     

   Aux dernières nouvelles, en provenance de divers correspondants qui ont la gentillesse de me tenir au courant du devenir de certains des sites dont j'ai parlé dans mon inventaire des environnements spontanés paru sous le titre du Gazouillis des éléphants (2017), on m'a appris récemment que le Restaurant de la Gaieté (que l'on appelle aujourd'hui, populairement, "la Maison de la Gaieté"), cet ancien cabaret rural situé à Chérac, en Charente, qui conservait des décors naïfs en mosaïque, en façade (voir ci-contre le "roi des cocus", photo Denise Delprato de 2015) mais aussi en intérieur,ismaël et guy villéger,la maison de la gaieté,chérac,cabarets de campagne,environnements populaires spontanés,yann ourry,service patrimoine,loto du patrimoine créés entre 1937 et 1952 (comme c'est inscrit sur la façade) par un père et son fils – Ismaël et Guy Villéger –,  a été choisi dans le cadre du Loto du Patrimoine pour bénéficier d'une subvention de plusieurs milliers d'euros, qui va aider les deux propriétaires, réunis en SCI. Il s'agit d'un peintre, Julien Graizely, et du gérant d'une entreprise (Ici Média), Laurent Hervé,  qui se sont portés acquéreurs du bâtiment, dans l'idée de le restaurer, et de lui redonner une nouvelle jeunesse dans le respect de son lustre ancien (et notamment d'y reconstituer un cabaret, prolongement logique de ce qu'était le Restaurant de la Gaieté à l'origine...). Voici un article que m'a transmis récemment mon correspondant charentais Patrick Métais:

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Ouest-France ; à noter quelques éléments biographiques peu connus qui sont donnés en marge dans cet article sur les Villéger: on sait que ces mosaïques furent assemblées entre 1937 et 1952 par Ismaël Villéger, puis complétées par son fils Guy (selon une inscription sur la façade), on savait moins qu'Ismaël s'était engagé dans la Marine à 20 ans et qu'il avait participé à plusieurs expéditions en Chine.

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A noter que l'un des deux nouveaux propriétaires du lieu signale ici de la main la lettre É, qui était en mosaïque comme le reste de l'inscription verticale en capitales "LA GAIETÉ", et qui manque à présent sur la façade.

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Carte postale moderne (années 1950-1960) montrant l'estaminet du temps de sa splendeur, coll. Bruno Montpied ; on notera qu'au pied du palmier (qui fut scié par la mairie il n'y a pas très longtemps, le jugeant trop dangereux) avait été assemblé tout un jeu d'assiettes ou de médaillons peut-être eux-mêmes en mosaïque ; l'établissement se nommait, à l'époque de cette photo, "Restaurant de la Gaieté", sous titré "Buvette"... A noter que la façade de la maison basse à droite ne recelait pas beaucoup de mosaïques, seulement autour des ouvertures.

 

    Sur ces mosaïstes, Patrick Métais m'a appris qu'existait dans le centre du village de Chérac une autre façade en mosaïque, que l'on imagine facilement comme ayant été réalisée par le même Ismaël Villéger, à moins que ce ne soit dû à son fils Guy. C'est tout à fait du même style... Peut-être était-ce un second logis de cette famille?

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L'autre façade en mosaïque à l'intérieur du village de Chérac : encore un coup des Villéger? Ph. Patrick Métais, 2016.

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Gabriel Albert et Franck Vriet

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Le Jardin de Gabriel Albert en 2018, reprenant peu à peu tout son lustre... ph. Jean-Loup Montpied.

 

     J'ai également des nouvelles du site de Gabriel Albert à Nantillé (Charente), transmises par Yann Ourry (Service Patrimoine et Inventaire - Direction Culture et Patrimoine - Site de Poitiers) :

      "Nous avons effectué l’année dernière les premières mesures d’urgence : mise à l’abri des 59 statues et bustes les plus fragiles et traitement des statues restées sur place : https://inventaire.poitou-charentes.fr/le-jardin-sculpte-...

     En attendant les prochaines étapes. Le site est ouvert quelques jours dans l’été, avec un certain succès (moyenne de 50 visiteurs par jour). Pour cette année, il reste le mardi 13 août et le dimanche 22 septembre (journées du patrimoine).

    Par contre, je crois savoir qu’il ne reste plus grand-chose de l’œuvre de Franck Vriet dans la commune voisine de Brizambourg."

     Ce dernier, qui avait travaillé avec Gabriel Albert, peut-être sur certaines petites statues animalières du site de Nantillé, était en quelque sorte un émule d'Albert. Il avait créé lui aussi, en effet, à quelques encablures de son ami, un ensemble de statues hétéroclites, toutes naïves, en lisière de sa maison, dans des bouts de terrain enclos et visibles de la route, mais aussi dans la cour de sa maison. J'ai récemment, dans ma note nécrologique sur Michel Valière, mis en ligne une photo de cette cour où on voit Franck Vriet avec sa femme parler avec Valière et sa propre épouse, Michèle Gardré-Valière.  Et l'on peut également se reporter à la brillante note (parfois un peu ésotérique) que Denis Montebello a consacrée sur son blog à la destruction du site de Vriet, qu'il attribue apparemment à un édile (ça rime avec débile). Denis Montebello est par ailleurs l'auteur d'un livre de digressions littéraires qui prennent le site des Villéger comme point de départ: Denis Montebello, La Maison de la Gaieté, éditions Le Temps qu'il fait, Bazas, 2017.

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Une statuette de Franck Vriet, une guenon et son petit, ph. et coll. Bruno Montpied (extrait de mon musée de fragments d'environnements...).

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André Hardy (1921-2013)

       De ce dernier, peu de nouvelles de ses statues qui ont été dispersées après la vente de sa maison et de son jardin empli de statues. Simplement, j'ai parlé il y a peu de quelques statues d'Alfonso Calleja, autre  inspiré des bords de routes, que j'ai croisées au marché Paul Bert aux Puces de St-Ouen. Au passage, je mentionnais avoir vu plus loin d'autres statues animalières, un éléphant, une girafe, un zèbre et un ours dont les couleur s'étaient fait la malle depuis quelque temps...

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André Hardy au marché Paul Bert, le zèbre et l'ours (blanc?), août 2019, ph. B.M.

      L'éléphant me trottait dans la tête... Je pensai d'abord à Horace Diaz, dont les statues ont été également mise à l'encan après sa mort à Lodève. Mais non, ça ne collait pas, en comparant les photos... Et  puis, la lumière s'est faite en moi. Ces autres statues animalières du marché Paul Bert, placées dans un stand différent de celui des Calleja, sont d'André Hardy! Elles aussi, donc, continuent de voyager...

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André Hardy, l'éléphant, ph. B.M., août 2019.

 

     Je peux ajouter à ce signalement une autre information de transfert d'une installation du même Hardy, cette fois en Mayenne, dans le jardin de Michel Leroux où Jean-Michel Chesné, qui s'est formé au métier de rocailleur – et, ma foi, qui s'en tire pas trop mal ! –, a rehaussé et restauré un portique de Hardy qui se trouvait originellement dans un potager jouxtant la maison de ce dernier. Voir ci-dessous les deux photos que Chesné m'a confiées. Qu'il en soit ici vivement remercié.

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Jean-Michel Chesné au travail, 2016.

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Et voilà le travail, un portique d'André Hardy (et de Jean-Michel Chesné) tout neuf ou presque.

 

Quant à la maison de Didier Rossetti au Mans...

...elle est à vendre. Ou du moins, elle l'était, il n'y a pas si longtemps, comme me l'a aimablement signalé M. Laurent Le Meur, qui m'avait aidé à la trouver en lisière de la ville pour que je puisse la photographier pour mon Gazouillis des éléphants. C'est une maison aux décors en façade à la fois naïfs et un peu art déco, à thèmes animaliers. Un beau bas-relief naïf, à la thématique bachique, pouvait se voir à l'arrière de la maison. Cette demeure ne peut être dissociable de deux autres maisons, dont l'une a disparu à une date indéterminée (le photographe Francis David avait eu le temps de la photographier et de la publier dans son catalogue des Bricoleurs de l'imaginaire), de style rocaille qui avaient été construites, avant la maison en question, par deux amis communistes, M. Pennier et M. Rossetti père. La deuxième, "Les Etoiles", due à ce M. Pennier apparemment, était toujours debout aux dernières nouvelles. Il faut souhaiter que le nouvel acheteur de la maison Rossetti saura (a su?) l'apprécier dans son jus actuel.

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Ancienne maison de Didier Rossetti, telle qu'on peut la voir sur Google Street, rue du Soleil, au Mans 

16/03/2019

Mme Delavaux, grande prêtresse de l'art brut orthodoxe, prend des pincettes pour évoquer ma découverte sur les Barbus Müller

    Céline Delavaux, qui s'est fait connaître avec le Collectif de réflexion autour de l'Art Brut (CrAB), il y a quelque temps, et par quelques livres, déjà, sur l'art brut – dont un qui était fort bien écrit, L'Art brut, un fantasme de peintre, aux éditions Palette - sort un nouveau livre chez Flammarion, Art Brut, le Guide.

Couv delavaux l'Art brut le guide.jpg

 

      Autant vous dire qu'il aurait pu aussi bien s'appeler l'Art brut pour les nuls. On vous y dit ce qu'il faut penser de l'art brut, en proscrivant certaines assertions, classées comme fausses, d'un coup de tampon appuyé ("Faux", nous proclame-t-on : "l'art brut, c'est comme l'art des fous", "l'art brut, c'est fait avec des matériaux bruts", "l'art brut, c'est comme l'art naïf", etc.). C'est que Mme Delavaux se positionne comme championne de la vision orthodoxe de l'art brut. Elle tient à ce que l'on pense l'art brut correctement.

     Personnellement, ça me gêne un peu. Qu'il y ait du flou, des tâtonnements pour aborder le sujet ne me dérange pas tant que cela. L'orthodoxie a tendance à apporter  une forme d'ossification ou de vitrification.

        Cela dit, cet auteur pense surtout que l'art brut est un cheval de bataille pour repenser l'art (why not?). Et c'est pourquoi elle veut continuer d'employer le terme d'"artiste", pour les auteurs d'art brut, parce que ce serait un moyen selon elle de faire entrer dans le crâne de chacun que l'art est constitutif de l'humanité, et n'a donc pas à se penser comme le privilège d'une caste, privilège que Dubuffet, avec raison, je trouve, avait dénoncé (Céline Delavaux le rappelle aussi, avec honnêteté). Pas sûr cependant, selon moi, que ce terme d'artiste, employé pour les créateurs bruts comme pour les artistes professionnels, suffise à lui seul à constituer le cheval de Troie qui remettra en question de l'intérieur les conceptions dominantes de l'art dans le public et la clique des historiens et médiateurs de l'art. C'est même plutôt le contraire que cela produit, et qui va bien avec la fusion, que tentent d'opérer les marchands, et tous ceux qui sont intéressés à ce genre de confusion, entre art contemporain, art moderne et art brut (comme la constitution du musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art moderne  du LaM à Villeneuve-d'Ascq l'a inaugurée d'ailleurs voici déjà vingt ans, en 1999, avec le dépôt de la collection  d'art brut de l'Aracine). De plus, mettre tous les auteurs d'art dans le même sac – au lieu de remettre en question l'art séparé de la vie quotidienne – constitue une régression propice à la vision d'un art comme le produit d'une élite. Les marginaux de l'art brut, par leur côté maudit insinué dès l'origine dans la notion d'art brut, viennent ainsi augmenter simplement le bataillon des nouvelles marchandises culturelles. Le cheval de Troie est retourné contre lui-même.

    Ce guide m'a, par ailleurs, passablement étonné à cause de l'un de ses paragraphes où mon travail sur ce blog est mentionné. C'est dans un chapitre sur les anonymes, où Mme Delavaux parle surtout des Barbus Müller, auxquels, comme les les vrais lecteurs de ce blog le savent, je suis très attaché, pour avoir mis en ligne sur le Poignard, l'année dernière, du 12 au 7 avril 2018, une enquête où je dévoilais que j'avais trouvé l'identité de l'auteur (et comment je m'y étais pris, avec l'appoint de Régis Gayraud) de ces fameuses statues de lave ou de granit, que Dubuffet avait choisi de présenter dès les origines de sa collection d'art brut.

page delavaux sur les anonymes et les barbus.jpg

Le dernier paragraphe de ce chapitre du livre de Céline Delavaux est reproduit plus bas dans cette note.

 

      Il n'est pas sorcier de se reporter à cette enquête, il me semble. C'est gratuit, qui plus est... Pour ceux qui ne l'auraient pas fait, suivez ce lien et vous tomberez sur la première note (j'ai étagé les notes de la date la plus avancée dans le mois d'avril, le 12, à la plus éloignée six jours plus tard, le 7, avec six "chapitres"). Pour passer d'une note à l'autre, il suffit de cliquer sur les mots "à suivre", placés en toute fin de note (ou de chapitre). Mais, bien sûr, il  y a de la lecture... Ce que Mme Delavaux a peut-être eu la flemme d'entreprendre, se contentant peut-être de Wikipédia où une main amie a fait une mise à jour de l'article qui existait encore naguère sur les Barbus...

    Car, après avoir souligné le mystère dans lequel Dubuffet, en 1947, aurait volontairement plongé ces "pièces de la statuaire provinciale", elle évoque, dans un paragraphe étrange, d'une manière  désinvolte, la découverte "que j'aurais faite" (Ô, ce conditionnel... C'est lui qui m'irrite) sur "un blog spécialisé dans l'art singulier", blog qu'elle n'a, bien entendu, pas jugé nécessaire de  mentionner dans son libellé exact, ce qui aurait permis à ses lecteurs de se faire une opinion, et blog qu'elle qualifie au passage de manière fautive, mais surtout, assez méprisante... Voir ci-dessous.

page delavaux sur les anonymes et les barbus, passage extrait.jpg

Le passage en question...

 

      Je ne vais pas argumenter outre mesure, et encore moins vitupérer, contre ce merveilleux petit paragraphe bien pesé, semblant brandir des pincettes invisibles, sans la moindre justification. Il suffit peut-être de donner la version qui aurait dû être celle d'un paragraphe plus juste, et plus pensé, si son auteur avait fait l'effort de lire mon enquête du blog (ou celle que j'ai publiée, résumée, dans le n°17 du Publicateur du Collège de 'Pataphysique) :

      "En 2018¹, Bruno Montpied, rédacteur d'un blog, Le Poignard subtil, a découvert l'identité de cet anonyme célèbre dans l'histoire de l'art brut : il s'agit d'un cultivateur auvergnat, ancien zouave, nommé Antoine Rabany, mort en 1919. Ce sculpteur autodidacte exposait ses statues dans un jardin, au Chambon-sur Lac (Puy-de-Dôme) et les vendait pour quelques francs..."

      J'attends toujours que les chercheurs spécialisés (ou non!) viennent contester les arguments et les preuves, a priori incontestables, que j'ai apportés dans cette enquête. Seuls certains collectionneurs ont su tout de suite reconnaître le sérieux de ce travail (nommons les premiers : Bruno Decharme, et James Brett).

40-41.jpg

Barbus Müller agrandis, d'après photo stéréoscopique publiée dans mon livre, Le Gazouillis des éléphants. Pour le moment, ces deux-là, parmi plusieurs autres visibles sur la photo, sont portés disparus... Jusqu'à quand?

______

¹ Il y a une erreur dans le texte de Mme Delavaux. C'est en 2018, et non pas en 2017, que j'ai dévoilé l'identité du sculpteur des Barbus. En 2017, j'avais seulement avancé, en publiant deux photos inédites montrant le jardin aux statues au sein de mon ouvrage Le Gazouillis des éléphants (paru en septembre 2017), que les statues présentes sur les photos devaient être très probablement des Barbus Müller, et que ces œuvres avaient été exposées à Chambon sur Lac dans le Puy-de-Dôme. Je ne donnais donc à cette occasion que la localisation exacte du lieu de production. Mme Delavaux a visiblement pris ses informations dans la notice de Wikipédia, sans la lire attentivement. Cette notice est correcte (si ce n'est une petite erreur sur le prénom de l'archéologue Lejay, qui s'appelait Albert et non pas "André"...)

 

08/03/2019

"L'art brut existe-t-il?", Colloque à la Fondation John et Eugénie Bost

Affiche annonçant le colloque 1.JPG

     Un colloque, un de plus, avec son lot de spécialistes, de conservateurs, d'universitaires, de personnalités historiques (Michel Thévoz qui s'en vient nous dire de manière provocatrice: "l'art brut n'existe pas"...), et quelques francs-tireurs (André Stas, et le signataire de ces lignes), assez peu membres de la grande cohorte des "officiels". Organisé par quatre personnes, Laurence Bertrand-Dorléac, Laurent Gervereau, Pascal Rigeade et Nicolas Surlapierre. Si on veut lire le programme en PDF, il faut cliquer ICI.

Journées du 25 et du 26 mars (programme corrigé).PNG

Le 26 mars, projection de Bricoleurs de paradis, le film réalisé par Remy Ricordeau, mais que j'ai co-écrit avec lui, comme je l'ai corrigé sur ce flyer (dans le programme du colloque, en effet, on a recommencé l'erreur fréquente qui consiste à nous attribuer la réalisation conjointe du film).

 

      Personnellement, j'y viens porter la parole de l'art brut envisagé du point de vue des arts populaires spontanés anciens ou contemporains, dont,  à mes yeux, font partie les environnements populaires spontanés que j'ai recensés en 2017 dans mon inventaire Le Gazouillis des éléphants. J'interviens donc le mardi 26 à 17h pour une projection et un débat autour des Bricoleurs de paradis, et le lendemain, le mercredi 27, pour une petite intervention lue-parlée sur la question de cet "autre" art brut, plus extraverti, plus communicatif, et plus connecté à une poétique de l'immédiat. A noter que les textes des différentes interventions des participants à ce colloque devraient être publiés dans un livre édité chez Lienart, disponible dès le premier jour de cette manifestation.

Affichette journée du 27 mars 3.JPG

Laïus sur le colloque.JPG

11/12/2018

De quelques correspondances autour d'un "Gazouillis"

    "Jeudi 18 janvier 2018
     Monsieur,
 
     Nous avons bien aimé votre livre traitant des artistes de bords de route et des petits musées. Néanmoins, nous avons été très étonnés de ne pas y trouver, dans le département du Lot,  "Le musée de l'insolite" à Cabrerets créé par Bertrand Chenu qui nous semble quand même un exemple du genre. Nous avons été par contre très contents d'y trouver Guy Brunet de Decazeville que nous avions personnellement rencontré voici quelques années et qui nous avait permis de faire un très beau reportage photographique sur son œuvre.
   Bravo pour votre travail de longue haleine et merci pour tous ces artistes doux rêveurs qui embellissent nos "bords de routes".
    Florence et Manuel (46)..."
 
Réponse de l'auteur du livre le 19 janvier :
 
    "Bonjour à tous deux,
 
     Et merci de votre message.
     J'ai visité il y a près de trente ans le dit petit musée de ce M. Bertrand Chenu que je n'avais à l'époque pas trouvé terrible, et pas une création vraiment naïve ou brute. Des images qu'on m'a fait suivre plus tard (et des cartes postales même, vues récemment), ne m'ont pas fait changé d'avis.
     J'ai tendance à le rejeter du côté des environnements singuliers, et pas naïfs, dus à des artistes marginaux, voire plus professionnels. Je m'explique de ces choix dans l'introduction de mon livre, il me semble. De même que j'y explique que je m'occupe, avec cet inventaire, d'attirer l'attention avant tout sur l'art sans artistes, de ceux qui le pratiquent sans savoir comment ça s'appelle. Des "monsieur Jourdain" de l'art spontané....
    C'est pourquoi je préfère parler d'auteurs ou de créateurs d'environnements, et pas d'"artistes".
 
    Cordialement,
    Bruno Montpied."
 
*
 
     "20 janvier
 
     Bonjour,
 
     En tant que lectrice assidue de votre blog que j'apprécie tout particulièrement je vous signale un article sur une œuvre : le Palais de l'artiste Bruno Weber. L'article est dans AD de ce mois ci.
     Je ne connaissais pas mais vous, vous devez certainement connaître.
 
     J'adore aussi votre livre. Merci
 
     Hélène."
 
Réponse:
 
    "21 janvier.
 
     Merci, Hélène, de ce retour à propos de mon livre, et bien sûr aussi à propos de ce Bruno Weber à Dietikon. Le site existe donc toujours...
     La première fois que j'en ai entendu parler, c'est dans un bouquin américano-hollandais d'Elffert (je cite ce nom de mémoire) et Collins¹, paru au Chêne à la fin des années 70. Cela traitait de toutes sortes de créations, futuristes, alternatives ou brutes, un méli-mélo. Cela s'intitulait Les Bâtisseurs du Rêve. Un livre très contre-culture à l'époque, très raccord avec le temps d'alors. Je le cite dans ma bibliographie finale, pour signaler les sites naïfs français qu'il contenait.
    Il y a dû y avoir des articles sur Weber dans divers magazines et autres journaux par la suite (Raw Vision sûrement).
     AD, c'est un magazine d'architecture, non, ou de déco? Design? J'avoue que je ne le lis pas...
      Et, oui, ce site, je le laisse de côté, ne relevant pas selon moi de mon corpus centré sur les bruts, les naïfs, les créateurs populaires au premier degré... Weber paraît plutôt se ranger du côté des artistes marginaux visionnaires, genre Tatin, Chomo, Warminsky, Robert Mathey, Le Lagadec, René Raoult, etc. Trop artiste pour moi! Quoique je reconnaisse en lui un artiste talentueux et impressionnant.
Mais encore merci de votre signalement...
      (...)
      Cordialement,
      Bruno Montpied"
 

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Vue (partielle) du Parc Bruno Weber (disparu en 2011), géré par la Fondation Bruno Weber.

 
*
 
     Le 27 mars, un témoignage sur Guy S. (ainsi appelé dans mon Gazouillis parce que je ne savais, à l'heure où je rédigeai ma notice, si l'habitant serait d'accord pour qu'on donne son nom)²:
 
    "Bonjour,
     Venue en Mayenne (...) je suis partie à la découverte du jardin de Guy S. à Saint Berthevin. Et la magie a opéré. Quelle rencontre ! (Elle me rappelle celle de cet été avec André Pailloux).

    Nous sonnons et le créateur (c'est ainsi qu'on peut le nommer, il réfute le terme d'artiste) vient à notre rencontre pour nous commenter ses créations après avoir souligné : « vous n'êtes pas d'ici, je vois cela » !

    Guy Souhard accepte volontiers les photographies et souligne à notre demande qu'il fait l'objet d'articles dans la presse et sur internet.

    (...) nous découvrons les haies de tuyas taillées en bas relief , les formes cernées de couleurs vives depuis 2016, les animaux, objets ,bustes peints directement sur la haie puis parcourons  la serre d'hiver, les ateliers et le garage-atelier. (...)

    Bien cordialement,

    Josiane Burzholz."

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Chez Guy Souhard (Mayenne), © Josiane Burzholz (2018).

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Détail de la haie peinte par Guy Souhard, © Josiane Burzholz (2018).

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Capture sur Google Street, vue de juin 2015.

 

Réponse le 5 avril, par l'auteur :

     "Merci, Josiane, de ce reportage au pays de Guy Souhard (que je n'ai toujours pas eu l'occasion d'aller voir). L'évolution récente des œuvres de ce monsieur me laisse particulièrement perplexe. En particulier, son idée de peindre sur le végétal de la haie me laisse quelque peu interloqué. Je ne suis pas sûr que cela améliore son bas-relief original de type topiaire, qui était très beau sans ces couleurs. Les autres interventions, qui se trouvent apparemment derrière, me paraissaient déjà manifester une tendance fort marquée ver le kitsch (...). Seule la haie taillée paraissait véritablement surprenante et réalisée avec une certaine finesse poétique. En peignant par-dessus, il souligne beaucoup trop et, par là, gomme la poésie délicate du végétal taillé de départ.

    André Pailloux (...) est beaucoup plus surprenant quant à lui, surtout par l'accumulation de ses moulinets et son extraordinaire vélo.
 
     Bruno Montpied."
 
*
 

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La maison de Mme et M. C., Le Grand Quevilly (Normandie), ph. Bruno Montpied, 2010.

 
     Reçu en privé dans le courrier du blog, le 25 juin (à propos de deux sites présents dans le Gazouillis des éléphants, ceux de Madame C. et de Maurice Lellouche), ce témoignage:
 
    "Monsieur C. avait déjà disparu il y a trois et demi, quand je suis allée visiter la maison [donc vers 2014? Note le P.S.]. J'ai eu beaucoup de difficulté à retrouver la maison car il n'y avait plus aucun signe extérieur.  j'ai parlé aux habitants qui m'ont finalement indiqué la bonne adresse : "Ah la maison au nains de jardin", me dirent-ils. De l'extérieur, il ne restait plus rien. J'avais pensé à l'époque vous envoyer les photos pour vous annoncer la triste nouvelle mais je ne l'ai pas fait finalement. Je n'ai pas osé.  J'ai sonné chez eux mais personne ne répondait. Du coup, j'ai parlé au voisin qui m'a indiqué qu'à la mort du père la fille avait entrepris de tout enlever et comptait vendre la maison. Elle a détruit même l'intérieur ( selon les dires du voisin) pour arriver à vendre la maison. Le mari de madame C. s'était opposé de son vivant à la destruction de ces décors, par amour pour elle, mais les enfants ont fait fi de ces souvenirs ( car je crois qu'il y a aussi un garçon, mais je n'en suis pas sûre)… Je trouvais cela bien triste également. Elle aurait tout détruit. De l'extérieur, il n'y a plus rien de visible en tout cas. J'ai visité cette maison en compagnie de ma maman qui me disait qu'elle trouvait bien dommage que ses enfants aient souhaité tout détruire sans même en garder une petite trace. Triste histoire.
 

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Ancien état du terrain de Maurice Lellouche à Champigny, avec ses décors de mosaïque de cailloux peints, et, à gauche, la maquette du paquebot France, en mosaïque de pierres lui aussi, enfoui dans le sol... ph. B.M., 1989.

 
 
      Quant à Champigny [Maurice Lellouche], il ne reste plus de "beaux restes" à mon avis ( j'y étais, il y a 4 ans). J'ai escaladé pour voir la première partie du jardin et il ne restait aucune sculpture, juste les bas-reliefs au mur, mais très abîmés, et la peinture ne tenait plus. Il ne restait rien du paquebot France, de l'arche avec l'inscription Marie-Geneviève. Cette portion avait été murée pour empêcher les intrus (dans mon genre) d'entrer dans la maison. Du coup, je n'ai pas pu aller plus loin. Je compte y retourner pour faire une visite plus détaillée et pourrai prendre des photos à l'occasion que je vous enverrai si cela vous intéresse. On y lisait encore l'inscription "petit musée" à l'entrée du lotissement et une plaque de tôle avait été fixée pour bloquer l'accès.
 
     Sonia."
 
*
 
       2 août :
 
     "M. Montpied, bonjour, Je suis Jean-Baptiste (...), journaliste à La Dépêche du Bassin. Je m'adresse à vous au sujet d'un des sujets de l'excellent Gazouillis des éléphants. Il s'agit de l’œuvre d'Alfonso Calleja, à Gujan-Mestras en Gironde. Il se trouve que cette collection n'a pas été perdue, elle a même été rachetée par un habitant du bassin d'Arcachon. Nous allons faire un papier dessus, je me permettrai de prendre quelques infos dans votre ouvrage. M'autorisez vous à reproduire, avec crédits, la photo d'Alfonso Calleja ? Bien cordialement. Jean-Baptiste (...)."
 
      Réponse : Autorisation de reproduire la dite photo donnée par B.M..
 
      L'article est bien paru, et son auteur a eu l'amabilité de me le transmettre (n°1160 du 16 au 22 août 2018). Voir ci-dessous, l'image de la page où il figure (en faible résolution). Et voir ce lien pour trouver l'article en édition PDF, plus lisible...
 

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____
¹ Jost Elfers et ...
² Le lecteur attentif se souviendra que j'ai déjà parlé de cette haie de Guy Souhard, malheureusement aujourd'hui arrachée à cause de la sotte jalousie de certains passants, voir ici.

20/11/2018

Emile Jouve et René Rigal, deux artistes rustiques modernes de plus

   "La peinture rustique moderne", c'est un terme inventé par Gaston Chaissac dès 1946¹, pour qualifier sa propre peinture, avant de connaître Dubuffet et son Art brut². C'était pas mal trouvé, du point de vue de ce que ça signifiait. Un peu moins du point de vue publicitaire. L'"art brut", certes, cela a une autre allure sur le plan de la "communication" (pour quelque chose, le brut, qui ne se préoccupait pas spécialement de communiquer, comme le soulignait autrefois avec délectation Michel Thévoz). Exactement comme le "réalisme intellectuel" pour l'art naïf, terme inventé par Georges-Henri Luquet et repris par Georges Schmits, très précis dans ce qu'il voulait désigner mais peu aisé à mémoriser. Cette nécessité d'être repérée facilement, immédiatement, du public est souvent cause que telle ou telle invention conceptuelle, désignée de façon trop précise, est négligée et, peu à peu, tombe dans l'oubli.

1989 (21 ter) (2).jpg

Gaston Mouly (1922-1997), peinture sur bois (acrylique ou huile), ph. B.M. 1989 (chez Gaston Mouly), non localisée actuellement (peinture exécutée, donc, avant que l'auteur ne se mette à systématiquement dessiner aux crayons de couleur après une demande de Gérard Sendrey pour sa galerie Imago qui préfigura le Site, puis le Musée, de la Création Franche à Bègles) ; Mouly, ancien entrepreneur en maçonnerie d'origine rurale, marqué par la fréquentation d'artistes modernes qui avaient été ses clients (Bissière, Zadkine), à la retraite, se mit à peindre sur bois et sculpter le ciment, puis par la suite à dessiner ; il était conscient d'être un autodidacte, de culture rurale occitane, mais se piquait de faire "moderne" dans ses œuvres, adoptant une posture indubitablement artistique, se confrontant à d'autres formes d'art( lorsqu'il "montait" de sa région lotoise jusqu'à Paris par exemple ; je peux en témoigner, l'ayant souvent accompagné dans des galeries ou musées de la capitale).

 

     Pour Chaissac – et cela peut s'appliquer à d'autres (Gaston Mouly par exemple, actif entre 1982 et 1997, alors que Chaissac était disparu depuis 1962) – il s'agissait de créer dans le respect d'une certaine tradition populaire, avec des naïvetés, des raccourcis expressifs, des couleurs franches, etc., tout en cherchant à faire nouveau (un sens de la composition encore plus affranchi du réalisme que dans l'art naïf, par exemple). Ce désir de novation s'enracine dans une imitation de l'attitude observée chez les artistes modernes, cherchant à s'affranchir des valeurs établies de leur temps.

     Dans mon Gazouillis des éléphants, consacré à des créateurs œuvrant essentiellement en plein air, entre leur habitat et la route le bordant, on pouvait ainsi découvrir deux cas de créateurs populaires influencés par l'art moderne, Maurice Guillet à Olonne-sur-Mer (Vendée) – un ferronnier mêlant du démarquage de Calder à de l'imitation de nouveaux réalistes sans oublier une pratique de la sculpture allégorique ou symbolique – et François Llopis, de Céret (en pays catalan français), qui a produit des sculptures et autres bas-reliefs ou mosaïques, influencé par l'exemple des artistes qui fréquentaient autrefois sa ville comme Braque ou Picasso, mais surtout par des exemples artistiques plus lointains (les mosaïques de Ravenne, voire des croix de chemins de sculpteurs régionaux).

MG, derrière la maison, dvt le potager (2).jpg

Chez Maurice Guillet, à l'arrière de sa maison, à Olonne sur-Mer, ph. Bruno Montpied, 2008.

Vierge comme une croix de chemin (2).jpg

François Llopis, une Vierge inspirée semble-t-il des Madones de croix de chemin du Massif Central, Céret ; ph. B.M., 2014.

 

      Mais on peut également songer à rallier à ce corpus de l'art rustique moderne ("art", parce que cela ne se limite pas à la peinture, mais englobe aussi la sculpture) deux autres cas, d'origines ouvrière ou rurale.

      René Rigal tout d'abord, ancien cheminot originaire de Capdenac, qui arrivé à la retraite se prit d'amour pour les branches choisies parmi les plus filiformes d'entre elles, qu'il écorçait scrupuleusement et interprétait ensuite en leur trouvant à chaque fois une incarnation. C'était une sorte de Giacometti populaire, qui pouvait en sculptant enfin se permettre, loin des trains où il avait bossé toute sa vie, de "dérailler" en toute liberté. C'est du reste ce qu'évoque le titre de l'article que j'ai publié à son sujet dans le n°36 de la revue Création Franche en juin 2012 : « René Rigal, hors des rails ». Certes, on peut lui trouver des ressemblances avec d'autres sculpteurs populaires travaillant comme lui à partir de la forme des arbres et arbustes ( par exemple Michel Maurice à Cornimont, dans les Vosges, voir le "Musée des Mille et une racines" dont j'ai aussi parlé dans le Gazouillis des éléphants et dans Création Franche n°45, en décembre 2016), mais il a un style qui lui est propre, avec ses figures systématiquement longilignes (voir ci-dessous). Cette signature plastique proche d'une certaine forme d'"abstraction" est peut-être la cause de son adoption par les galeries aveyronnaises, comme celle de la Menuiserie, de Jeanne Ferrieu, à Rodez, qui l'ont régulièrement exposé au milieu d'artistes contemporains. Peu d'amateurs d'art populaire ou d'art brut ont su le repérer jusqu'à présent. Personnellement, je le découvris grâce à un film de messieurs Pennet et Macary, "René ne tape pas la belote" (2000),  vu au Festival de cinéma autour des arts singuliers organisé par l'association Hors-Champ à Nice. En projetant ce film dans un contexte de documents autour des arts spontanés, les animateurs de ce festival réintroduisaient malicieusement (et peut-être sans y penser plus que ça?) René Rigal parmi les créateurs spontanés, où est sa véritable place, à mon sens.

La salle de stockage face atelier, avec clown (2).jpg

Salle d'exposition dans la maison de feu René Rigal, ph.B.M., 2012.

René rigal, histoires et anecdotes, éd La Menuiserie, juil 2016.jpg

Livret de "petites histoires et anecdotes" (des témoignages des uns et des autres qui ont connu René Rigal) paru aux éditions La Menuiserie en juillet 2016, archives B.M.

 

     Cela faisait plusieurs années que, par ailleurs, j'avais entendu parler d'Emile Jouve, sculpteur et peintre autodidacte qui habitait St-Côme d'Olt dans l'Aveyron et qui était né plus haut, en Aubrac, à Laguiole, ville célèbre pour un excellent fromage souvent associé au Cantal même s'il est fabriqué dans l'Aubrac voisin. Jean Estaque, le sculpteur de la Creuse, m'avait évoqué ce Jouve, connaissant mon goût pour ces créateurs de l'ombre venu des milieux populaires, mais sans pouvoir me montrer des images de ses œuvres. Il avait été éleveur de bovins la plus grande partie de sa vie, les bovins qui sont une autre spécialité de Laguiole où un fier taureau trône sur la place du village, spécialité qui ne doit pas faire oublier cependant l'autre produit qui a fait la renommée du lieu, le couteau avec son célèbre design...peinture rustique moderne,art rustique moderne,chaissac,gaston mouly,maurice guillet,françois llopis,rené rigal,emile jouve,galerie la menuiserie,art naïf,art singulier,le gazouillis des éléphants,croix de chemin,poésie naturelle interprétée,association hors-champ

Emile Jouve, coll Alain Christofle_edited(2).jpg

Emile Jouve, sans titre (il me semble), 50x0cm, technique mixte, coll. privée (Aveyron), ph. B.M..

Emile Jouve, ss titre, 40x60cm, technique mixte,, coll Alain Christofle_edited (2).jpg

Autre tableau d'Emile Jouve, sans titre (il me semble), pastel ou craie sur bois, 40x60cm, coll. privée (Aveyron), ph. B.M.

 

    Je finis par tomber sur deux de ses tableaux par hasard, chez un sympathique amateur de bonne chère et de vie au grand air, habitant tout près de Marcillac (Aveyron encore), au secret d'une gorge oubliée...

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    Là encore, cet artiste autodidacte avait été exposé (plusieurs fois, semble-t-il) à la galerie La Menuiserie  de Jeanne Ferrieu. Mais, loin de Rodez, comment le savoir? Il aurait fallu scruter tous les jours la presse régionale du coin, où de rares magazines relayant l'information artistique en province (comme Artension, dont c'est un des principaux mérites). La femme de René Rigal, Micheline Rigal, intervint opportunément en me prêtant le catalogue que là encore la Menuiserie avait édité sur ce créateur d'origine populaire (édition de 2001).

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Catalogue consacré à Emile Jouve par la galerie La Menuiserie, Rodez, 2001.

 

    L'ouvrage contenait, un peu comme dans le cas du livret récemment édité sur Rigal (voir ci-dessus), de nombreux témoignages et surtout plusieurs illustrations en couleur, de peintures mais aussi, ce qui achève de permettre de se faire une opinion favorable sur les talents de ce monsieur Jouve, de sculptures peintes réalisées à partir de bois trouvés et de bois flottés qui sont, à mon goût, ce que Jouve a fait de mieux, dans l'état actuel de mon information. On sent chez cet homme de pleine nature un appétit évident pour les recherches formelles qui l'apparente aux élaborations sophistiquées d'artistes des villes.

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Emile Jouve, Le Dragon du Golfe, 30cm de hauteur ; reproduit (en image compressée) d'après le catalogue de la Menuiserie.

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Emile Jouve, Brigitte Bardot et les animaux, 20 cm de hauteur. Extrait du catalogue de la Menuiserie (image compressée).

 _____

¹ Cf. Gaston Chaissac, "Peinture rustique moderne", paru initialement dans le n°3 de la revue Centres, 1946, et réédité dans Je cherche mon éditeur, Rougerie, 1998.

² Dubuffet enrôlera, au début de sa collection, Chaissac dans l'Art Brut avant de l'en retirer, à juste titre si l'on se rapporte à ses critères (art brut = inventivité hors des milieux artistiques), pour le verser dans la collection annexe rebaptisée "Neuve Invention" par la suite. Chaissac lui était apparu au fil du temps trop en contact avec les milieux littéraires et artistiques (avec lesquels cependant Chaissac pratiquait des rapports relativement réservés). Cela n'empêchait pas ce dernier de développer, selon moi, une expérimentation à tout va, et de déployer une grande inventivité plastique et littéraire.

27/10/2018

"La Pinturitas" à Paris et "le Gazouillis des éléphants" aux Tours de Merle

      Ce sera le même week-end mais dans deux lieux bien différents... Hervé Couton présentera à la Halle Saint-Pierre ce samedi à 15h son livre consacré à la peintresse espagnole Maria Angeles Fernandez, alias "La Pinturitas",La Pinturitas, d'Hervé Couton.jpg tandis que j'irai de mon côté en Dordogne, demain, dimanche 28, à 17h, aux Tours de Merle, causer autour du film Bricoleurs de paradis des environnements populaires spontanés que j'ai recueillis au sein de mon inventaire, Le Gazouillis des éléphants, paru l'année dernière aux éditions du Sandre (deux derniers exemplaires à vendre, soit dit au passage, à la librairie de la Halle St-Pierre...). Une exposition d'une douzaine de mes photos est également prévue en ces tours, en même temps que des statues d'Antoine Paucard (voir le couple d'amis ci-contre, Paucard et son pote Cronnier, que j'ai photographié en 2011), et ce, du 20 octobre au 4 novembre.002 Autop-en-sculpteur-avec-son.jpg A signaler qu'interviendra le maire de St-Salvadour, Pierre Rivière, qui viendra parler justement du musée Antoine Paucard, du nom de ce sculpteur naïvo-brut dont les statues ont été sauvegardées par la mairie de St-Salvadour (Corrèze). Antoine Paucard fait l'objet d'une notice dans mon Gazouillis des éléphants. Ces deux interventions sont une initiative du Nuage vert, le musée mobile de la vallée de la Dordogne, animé, entre autres, par Laurent Gervereau.

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René Escaffre, la statue d'un maçon au travail (plus une sirène au loin), Roumens (Lauragais), ph. Bruno Montpied, 2014.

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Les tours de Merle

24/09/2018

Les suites du Gazouillis, un article flatteur dans "Charlie Hebdo", et des nouvelles d'Alfonso Calleja...

     Heureusement qu'il n'y a pas que Critique d'art pour causer du Gazouillis, le plus souvent, le livre rencontre des avis nettement plus favorables, et de la part de personnes qui ont pris la peine de le lire... Exemple l'article ci-dessous paru sous la plume de Yann Diener dans Charlie Hebdo n°1360 du 14 août 2018.

Charlie-Hebdo, photo de l'article.JPG

Et si vous n'arrivez pas à le lire correctement ci-dessus, vous pouvez aussi vous référer à cette version en PDF...

     Par ailleurs, m'est parvenu l'article d'un journal édité sur le bassin d'Arcachon en Gironde, la Dépêche du Bassin n°1160 (16 au 22 août 2018), écrit par Jean-Baptiste Lenne où l'on apprend que les sculptures d'Alfonso Calleja, autrefois installées dans le jardin de Gujan-Mestras, près d'une papèterie aux odeurs nauséabondes, n'ont pas disparu après la mort de leur créateur, mais qu'elles sont conservées (et exposées dans un local ouvert: ce n'est pas très clair dans l'article?) par un antiquaire du Cap-Ferret voisin, M. Georges Schellinger.

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Là aussi, si vous voulez mieux lire, reportez-vous à ce document en PDF...

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Alfonso Calleja en 1991, photo Bruno Montpied ; à noter, en bas à droite du cliché, la forme de la table sur laquelle repose l'étrange composition pieuvre + sorte de ptérodactyle, une carte de France...

11/08/2018

Un compte-rendu paresseux dans la revue "Critique d'Art"...

      Une remarque de Marc Décimo, parue dans la revue Critique d'Art (n°49 de 2017, qui sera disponible en version intégrale sur le site web de la revue en mai 2019), et insérée dans ce qui se voudrait un compte-rendu de mon récent livre Le Gazouillis des éléphants (expédié en deux paragraphes, un record de la recension exécutée par-dessus la jambe, alors que le livre dont il paraît vouloir traiter fait 934 pages), m'a quelque peu titillé. Je cite ici le passage où elle se trouve (soulignée par mes soins en rouge) :

     "... c’est autour de ce qu’il est aujourd’hui convenu de nommer « les environnements » que certains chercheurs, très peu nombreux, documentèrent au fil des années les sites qu’ils découvraient, multipliant articles dans quelques revues, photographies et films. Bruno Montpied fut un de ces passionnés. Il présente aujourd’hui la somme de ces recherches (934 pages), région par région de France. Il énumère les sites qu’il a visités. Il documente. Il iconographie. Bruno Montpied a aussi pensé à reproduire des cartes postales anciennes, des années 1900, souvent les seuls témoignages de ces curiosités passées que la revue Gazogène recensait naguère."

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     Je passe sur le "fut" qui paraît m'enterrer quelque peu. Un présent aurait pu mieux convenir, s'il vous plaît, M. Décimo, je ne suis pas encore mort. La phrase sur les cartes postales anciennes "que la revue Gazogène recensait naguère" est quelque peu ambiguë. On peut se dire en la lisant que c'est cette revue qui eut la première l'idée de recourir à cette source iconographique et documentaire. Or rien n'est plus faux. Des cartes postales anciennes avaient déjà aidé Anatole Jakovsky à illustrer son livre (approximatif), de 1979 aux éditions Encre, sur les rochers sculptés par l'abbé Fouré à Rothéneuf. Surtout, en 1985, son grand rival, Frédéric Altmann – voulant prendre sa revanche du fait que Jakovsky ne l'avait pas fait directeur du musée d'art naïf qui venait de s'installer à Nice dans un splendide hôtel particulier dominant la mer – fit paraître une autre étude sur le même abbé de Rothéneuf, entièrement fondée sur les cartes postales (il en existe près de 400, rien que pour les œuvres sculptées de l'abbé, sur pierre ou sur bois). Le livre fut intitulé La vérité sur l'abbé Fouéré, "l'ermite de Rothéneuf", le sculpteur des rochers de Rothéneuf, 1839-1910 ; une recherche par les cartes postales et documents d'époque (éditions A.M., Nice).

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      Francis David, dans son Guide de l'art insolite Nord-Pas-de-Calais-Picardie, aux éditions Herscher en 1984, en a également utilisé dans la préface de son livre qu'il confia à l'écrivain régional Jacques Duquesne (c'est même là que j'ai découvert la carte reproduisant les graffiti sculptés de la "Nymphe d'Aveluy" que j'ai reproduite dans mon Gazouillis). En 1993, dans le chapitre que je consacrai à François Michaud dans l'ouvrage collectif Masgot, L'œuvre énigmatique de François Michaud (éditions Lucien Souny, Limoges), chapitre que j'ai réédité en 2011 dans Eloge des jardins anarchiques (voir "Formes pures de l'émerveillement"), je publiai une carte postale ancienne, moi aussi, consacrée à la "Villa des Fleurs" de Montbard (voir ci-contre).Cp-la-villa-avec-deux-perso.jpg A cette époque (à partir de 1989), j'étais en contact avec Jean-François Maurice qui, au début des années 1990, n'avait pas encore pris l'habitude de faire imprimer sa revue Gazogène chez un professionnel, lui laissant l'allure d'un fanzine foutraque, auquel il m'arriva de collaborer (le  premier numéro imprimé professionnellement, relié, paraît être le n°17, et malgré son absence de date peut être daté de 1997) . Nous échangions souvent, notamment par téléphone (lui à Cahors, moi à Paris). Et l'idée d'accentuer les recherches de sites, notamment du passé, en allant du côté des cartes postales anciennes, je la lui formulai un soir, à propos notamment des "Ruines de la Vacherie", ce site étonnant qui existait autrefois dans les parages de Troyes.  Bien plus tard seulement, il rencontra le collectionneur de cartes postales d'environnements spontanés Jean-Michel Chesné, avec qui il réalisa plusieurs numéros  reproduisant des dizaines de cartes postales de sites. C'est ces numéros qu'évoque Décimo dans son articulet expéditif, d'une manière que je trouve insupportablement désinvolte, et finalement très mal informée, car Gazogène ne s'est consacré aux cartes postales anciennes que très tard par rapport aux ouvrages que j'ai cités précédemment. L'utilisation des cartes postales vis-à-vis des sites d'art brut ou d'art naïf en plein air par la revue Gazogène ne fut en définitive  que la systématisation d'une idée. Ce qui n'occulte pas le fait pour autant que la revue fit à l'occasion de divers de ses numéros spéciaux plusieurs découvertes et révélations (dont je me suis fait l'écho dans mon livre, à l'occasion). Mais cela n'entraîne pas qu'on puisse insinuer que j'aurais pu être un récupérateur d'une idée que j'avais mise en application avant cette revue, et idée qu'en outre, j'avais suggérée à Jean-François Maurice, avant que nous rompions.

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Auguste Bourgoin, l'auteur des "Ruines de la Vacherie" devant son "Bureau".

 

    Dire par ailleurs, comme le fait M. Décimo, qu'il y eut jusqu'ici peu de "chercheurs" creusant la question des environnements, notamment populaires – si l'on accepte de considérer les "chercheurs" au sens large, et pas seulement au sens universitaire et institutionnel – c'est largement contredit, par exemple, par la bibliographie de 16 pages que j'ai donnée dans les annexes de mon Gazouillis.

    Je pourrais aussi citer cette autre affirmation, que l'on peut dénicher dans le même entrefilet de notre "critique d'art" : "Le parti pris de Bruno Montpied est descriptif et biographique à travers l’étude des cas qu’il approche. On aimerait toutefois en savoir toujours davantage sur les raisons et irraisons qui poussent à se distinguer hors des normes." A lire ces lignes, je me convaincs que l'auteur de ce jugement des plus sommaires n'a pas dû lire grand-chose de mon ouvrage. A commencer par ma longue introduction où je donne, il me semble, plusieurs points de vue sur diverses questions que posent les environnements, la question de leur conservation ou non,  par exemple, ou les motivations de leurs auteurs, etc. Plusieurs de mes notices, de tailles diverses, donnent sans cesse des éléments d'information précisément sur "les raisons et irraisons" de ces créations "hors des normes", contrairement à l'affirmation de Décimo. Elles dépeignent aussi comment ces inspirés du bord des routes n'ont pas toujours, non plus, l'impression de se distinguer des normes. M. Darcel, dans la région de St-Brieuc, trouve que ce qu'il fait est plus vivant que les œuvres de Picasso, et qu'il est donc plus près d'une certaine "normalité" que ce que l'on trouve dans les musées. M. Roux dans sa cave troglodytique reproduit des personnages de Disney sur ses parois pour nier son enterrement dans une excavation, Chatelain ou Michaud ont créé leurs univers par désir d'être anoblis par leur œuvre ("un Chatelain, ça doit avoir un château", Michaud magnifiait de colonnades gréco-latines son pressoir à cidre et ses clôtures). Etc., etc....

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Colonnades de la barrière d'enceinte de la deuxième maison de François Michaud à Masgot dans la Creuse, ph. Bruno Montpied, 2013.

 

       Bref, que le lecteur de Critique d'art aille voir dans le Gazouillis, sans se contenter du compte-rendu de ce paresseux universitaire...  La bibliothèque de cette revue, qui réclame en outre, de façon assez scandaleuse, je trouve, que l'éditeur lui fournisse deux ouvrages en rançon d'un compte-rendu (et quel compte-rendu!), permettra assez aux lecteurs, qui n'auront pas par hasard été rebutés par cette misérable notule, de se faire une idée plus exacte de mon ouvrage. Qui me paraît mériter tout de même un peu plus que deux seuls paragraphes sans le moindre contenu (c'en est, pour le coup, assez obscène)... Mais, peut-être, l'histoire de l'art, dont cette revue ambitionne d'être l'exhaustif miroir, n'a pas à retenir un ouvrage tel que le Gazouillis, trop OVNI pour elle...?

 

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Ouvrez-le... Et lisez-le, bon sang de bois! Et n'écoutez pas vos professeurs, étudiants en histoire de l'art...

13/07/2018

La Fabuloserie, aperçu au "Consulat", espace open de style berlinois à Montparnasse

     Très actif depuis quelque temps, Antoine Gentil, qui s'était déjà fait remarquer  par des organisations d'expo au MAHHSA (musée de Ste-Anne émanant du Centre d'Etude de l'Expression), a invité la Fabuloserie à taper l'incruste dans un sacré foutoir installé provisoirement (quelques mois) dans une espèce de friche industrielle, aux murs nus, tout près de Montparnasse, dans ce quartier où les aménagements de Ricardo Bofill, il y a déjà longtemps (1985), avaient contribué à enfoncer le clou de l'effacement, vingt ans auparavant, de tout un quartier de petites maisons et d'ateliers d'artisans qui ne surent et purent résister – à rebours des habitants qui le réussirent plus loin, dans ce même XIVe arrondissement, du côté de la rue des Thermopyles et de la Cité Bauer. Ce sont les chantiers de l'actuelle gare Montparnasse (gare qui ne ressemble à rien),  en effet, qui avaient entraîné en 1965, par exemple, la disparition  du bâtiment où se trouvait l'atelier du Douanier Rousseau, rue Perrel, que l'on aperçoit dans l'admirable film de Jacques Brunius, Violons d'Ingres (1938) – atelier qui fut, par la suite, également, le lieu de travail de Victor Brauner.


podcast

Formulette recueillie par Jacques Brunius dans un recueil (de comptines et formulettes) resté inédit (merci à Lucien Logette de  nous l'avoir communiqué) ; lue par B.M., 2018

 

      Le "Consulat"¹, donc, est un vaste espace sur deux niveaux, prêté pour quelques mois, où l'on trouve disséminés sur des centaines de m², une friperie, des buvettes, un restaurant, une salle de concert, des tables de ping-pong, des chaises dépareillées et des canapés défoncés distribués au petit bonheur, des espaces d'exposition (au 2e étage) où voisinent, dans deux espaces distincts qu'on ne pouvait confondre, art contemporain d'une part, présenté anonymement, tel des puces, sous l'autorité d'un texte liminaire d'une prétention insondable (intitulé le "blind marché", titre d'un snobisme au ridicule achevé), et d'autre part, l'art hors-les-normes de la Fabuloserie, exposé jusqu'au 15 août, et mêlant lui-même art brut (Emile Ratier, Pierre Petit, Giovanni Battista Podesta, Guy Brunet, Jean Tourlonias, François Portrat, Edmond Morel, un grand tableau de fleurs, assez rare, d'Abdelkader Rifi) et artistes singuliers (Le Carré Galimard, Nedjar, Francis Marshall, Alain Bourbonnais, Verbena).

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Des éléments de l'environnement créé par François Portrat dans les années 1980, ph. Bruno Montpied, 2018.

 

       Si l'on oublie cependant le contexte désordonné de la première exposition, la zone dévolue à la Fabuloserie permettait de découvrir des ensembles d'œuvres souvent méconnues. Dommage cependant qu'on n'ait pas souhaité, du côté du responsable des expos  (un certain Samuel Boutruche), laisser les animateurs de la Fabuloserie, ainsi que le commissaire d'exposition, Antoine Gentil (le bien nommé), apposer tout de suite les noms des auteurs exposés, dès le vernissage (cela a changé par la suite), au nom d'un anonymat revendiqué (l'anonymat paraît devenir par les temps qui courent un argument à la mode, ici employé très superficiellement (comme souvent, avec tout ce qui est à la mode), puisque les noms des artistes circulent par dessous...).

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Emile Ratier, deux musiciens, ph. B.M., 2018.

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Michel Nedjar, quatre assemblages de tissus colorés, ph. B.M., 2018

 

       Pour ma part j'ai découvert dans l'expo de la Fabuloserie, parmi les cinq pièces d'Emile Ratier – des maquettes  et machineries de bois brun, faites au départ pour être actionnées –, trois dispositifs qui sont des machines à produire des sons, en fait des instruments de percussion ultra bricolés à ranger au nombre des instruments de musique alternatifs. J'ai été également  surpris par des assemblages de tissus colorés de Michel Nedjar, exposés seulement le jour du vernissage, que j'ai trouvés bien plus séduisants, et moins montrés que ses sempiternels "chairdâmes", sorte de poupées noirâtres d'exorcisme imaginaire, qui personnellement me dégoûtent, et qui sont faites pour dégoûter (scandale facile à produire). Hélas, l'artiste, victime d'un caprice de diva, a fait retirer ses œuvres les jours suivants, n'appréciant pas l'exposition voisine semble-t-il. Je publie ci-dessus les quatre assemblages dont je parle plus haut, présentés dans l'expo, donc, de façon éphémère. Même si le voisinage avec l'expo d'art contemporain assez inconsistante était discutable, il n'en reste pas moins que l'idée de montrer l'art hors-les-normes de la Fabuloserie en un tel lieu fréquenté par la jeunesse et par un public n'ayant peut-être jamais entendu parler de l'art brut l'art singulier, etc., n'en était pas moins une bonne initiative. Il faut tenter ce genre de passerelle, pour que les transmissions s'effectuent entre générations. Et peut-être aussi détourner le public de l'art contemporain absurdement mis en avant par les temps qui courent par toutes sortes d'intérêts capitalistiques². Il y va d'une forme de résistance.

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Pierre Petit, Laboratoire Frela, ph. B.M., 2018.

 

       L'accrochage, dans le fond,  à droite, sur un mur où ils sont seuls, de divers éléments provenant de l'environnement créé par François Portrat à Brannay dans l'Yonne (voir mon Gazouillis des éléphants où je lui ai consacré une notice), agencé par Marek de la Fabuloserie, frappait l'esprit du visiteur. Podesta était également présent par des peintures qui relèvent davantage de l'art naïf, en tout cas inattendus. Surtout, on restait charmé par le "Laboratoire Frela" et ses personnages délicieusement angéliques, humanoïdes ineffables, du retraité Pierre Petit, qui vivait autrefois à Bourges, et dont nous avons ici quelques maquettes et autres "maisons de poupée" d'un nouveau genre.

     Rien que pour cette exposition, rare à Paris – reléguée en marge de tout le reste dans ce labyrinthe de béton, de façon cohérente au fond, car on n'a pas affaire ici à de "l'art hors-les-normes" pour rien! : il reste en marge quel que soit le contexte d'exposition – il faut se rendre dans ce Consulat, en traversant jusqu'à l'espace fabulosant ces 3000 m² d'un trait, sans se disperser outre mesure dans les autres espaces, plutôt vides de sens (si ce n'est pour aller se boire une bière sur une terrasse aux herbes sauvages poussant sous des gratte-ciels ou des immeubles du genre cages à lapins, en rêvant des fantômes de Rousseau et de Brauner).

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Abdelkader Rifi, sans titre, env. 1m sur 1,20m, sans date, ph.B.M., 2018.

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¹ Ce "Consulat", nous apprend un article du Quotidien de l'Art, "est issu de l’association GANG, dirigée par Lionel Bensemoun, petit-neveu du fondateur des casinos Partouche. Il a créé avec l’artiste André Saraiva son agence événementielle La Clique et le club Le Baron, et vient de s’installer à Paris dans le 14e, pour une nouvelle saison (jusqu’en octobre 2018), dans l’espace des futurs Ateliers Gaîté de 3000 m2..." L'adresse de ce Consulat éphémère est au 2 de la rue Vercingétorix, 14e ardt donc.

² A ce sujet, on lira avec fruit le livre  d'Annie Le Brun, Ce qui n'a pas de prix, récemment paru chez Stock.

25/05/2018

Les éléphants qui gazouillent, actualités à la Halle St-Pierre et à Nice (Festival du Film d'Art Singulier)

      Cela fait quelque temps que je n'ai pas parlé de ce qui advient autour de mon livre, Le Gazouillis des éléphants, mon inventaire d'environ 300 environnements populaires spontanés français, aux éditions du Sandre. Il est utile peut-être de signaler aux retardataires, qui ne se le seraient pas encore procuré, qu'il est désormais officiellement épuisé, à la fois chez le diffuseur (Harmonia mundi) et chez l'éditeur...

      On peut cependant encore le dénicher chez les quelques libraires qui ont décidé d'en garder des exemplaires en cas de demande de dernière minute. Au premier rang desquels, on peut citer la librairie parisienne de la Halle St-Pierre qui en possède encore une petite vingtaine. Du reste, dans le cadre de la manifestation culturelle "Le Pari des librairies", je serai amené à dédicacer l'ouvrage à la Halle St-Pierre le vendredi 8 juin à 16 heures (ça se passe dans le hall) pour ceux qui voudraient l'acquérir.

      Le livre traîne dans d'autres librairies sans que je sache bien les identifier. On me l'a signalé récemment acheté à Sète, par exemple. J'ai vu un exemplaire qui "résistait" également au bout du rayon "art brut" de la librairie L'Ecume des pages à St-Germain-des-prés. Il est probable que le comptoir de livres de la collection de l'Art Brut à Lausanne en a encore quelques exemplaires...(?) Etc. Si vous en voyez ici ou là, n'hésitez pas à le signaler à mes lecteurs via les commentaires suivant cette note. Cela peut être un agréable jeu de pistes.

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     Une autre occasion se présentera plus tôt, dans une semaine exactement, le 1er juin prochain, à Nice, à la librairie Masséna (55 rue Gioffredo), de 19h à 20h30, pour parler de mon livre et pour le dédicacer également auprès des amateurs. La librairie aura une dizaine d'exemplaires à vendre. Je causerai du livre avec le libraire et l'animateur du festival de cinéma autour des arts singuliers, Pierre-Jean Wurst, qui m'invite à la fois pour cette soirée du 1er, et le lendemain matin aussi, le samedi 2 juin donc, dans l'auditorium du musée d'art moderne et d'art contemporain (MAMAC) de Nice, dans le cadre de l'association Hors-Champ. Entre 10h30 et 12h, je présenterai succinctement en effet quelques films sur des créateurs d'environnements que l'on peut retrouver dans mon Gazouillis, comme François Michaud, Jean-Marie Massou (rencontre de 1987), Raymond Guitet, Marcel Landreau, et Roméo Gérolami. Jugez plutôt du programme de ces festivités (je vous le mets aussi en lien vers un fichier pdf plus lisible):

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Programme du 21e Festival du Film d'Art singulier, juin 2018.

 

     Les trois créateurs, Massou, Guitet et Landreau, figurant à cette projection, furent filmés par moi en format Super 8 (du cinéma amateur, donc – ce qui suffit à me faire qualifier parfois du titre ronflant de "cinéaste", surtout après avoir lu la fiche qui a été consacrée au groupe, plus informel et éphémère qu'autre chose, Zoom back Caméra!, sur Wikipédia, auquel son auteur me fait appartenir d'une manière un peu "romancée"¹ ; voir aussi la fiche qui m'a été plus spécifiquement consacrée). Les deux films sur les deux derniers sont trouvables en DVD dans les bonus du film Bricoleurs de paradis qui fut joint à mon livre Eloge des jardins anarchiques, paru aux éditions L'Insomniaque en 2011. Le petit film sur Massou est désormais une rareté. Il fut tourné en effet en 1987, bien longtemps avant le film d'Antoine Boutet (certes infiniment plus professionnel...), à une époque où Massou, encore vigoureux, grimpait à mains nues aux arbres, ou descendait pareillement dans les excavations qu'il creusait comme une taupe humaine un peu partout sur son terrain lotois. Je l'ai assez peu projeté en public. Les dernières fois, ce fut sans doute d'ailleurs déjà dans ce même festival à Nice (voir le petit dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma aux éditions de l'Antre, livre disponible à l'occasion du festival).

      Sinon, autre petite nouvelle concernant le Gazouillis, le livre a été offert par un de mes lecteurs, Laurent Jacquy (voir le blog Les Beaux dimanches), à un créateur présent dedans, José Leitao (voir sa notice du Gazouillis, trouvable à la région Picardie, département de la Somme). Ce dernier, qui s'était un peu arrêté de sculpter est, paraît-il, reparti de plus belle, encouragé, paraît-il par sa présence dans le livre. En tout cas, j'aime à le croire...

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José Leitao avec le Gazouillis des éléphants, mai 2018, ph. Laurent Jacquy.

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José Leitao, ph. Laurent Jacquy, mai 2018.

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¹ Le groupe "Zoom back, caméra!", que l'auteur de la fiche Wikipédia présente comme ayant eu des activités "entre 1974 et 1984", n'a pas réellement existé, en toute rigueur historique. Nous étions trois amis, qui faisions effectivement diverses expérimentations à cette époque, telles que décrites avec justesse dans la notice, mais sans s'être organisés réellement, formellement, en groupe avec un nom. Le nom de "Zoom back, caméra!" (emprunté je crois à une réplique du film de Jodorowsky, La montagne sacrée, qui nous faisait beaucoup rire, Jacques Burtin et moi)  ne fut proposé, en manière de plaisanterie surtout, comme si nous étions vraiment un groupe, qu'à l'occasion de la projection dans le cadre du salon lettriste Ecritures en 1977 au musée du Luxembourg.le gazouillis des éléphants,environnements populaires spontanés,éditions du sandre,halle saint-pierre,habitants-paysagistes naïfs,art immédiat Et jamais à une autre occasion! Nos expérimentations se passaient le plus souvent à deux, tantôt Jacques Burtin et moi, tantôt Jacques avec Vincent Gille. Les expérimentations à trois (une conversation automatique qui échoua lamentablement, des photographies de situations créées, une peinture collective de tableau, le Triangle) furent rares.

11/04/2018

2 L'auteur des "Barbus Müller" démasqué ! (2e chapitre) ; une enquête de Bruno Montpied, avec l'aide de Régis Gayraud

Une avancée décisive dans le dévoilement de l'auteur des Barbus : de la localisation de la zone de production à la découverte de premiers noms...

 

     En novembre 2017, je publie Le Gazouillis des éléphants, un inventaire des environnements  populaires spontanés français. L'ouvrage inventorie un certain nombre de sites présentant des œuvres d'art réalisées en plein air par divers autodidactes non professionnels de l'art. A la région Auvergne, je publie une notice consacrée à un "anonyme", sculpteur de plusieurs statues, que je situe - avancée décisive dans ce qui prend dès lors l'allure d'une enquête approfondie sur l'identification de  l'origine et de l'auteur des Barbus Müller - dans le village de Chambon-sur-Lac (Puy-de-Dôme). J'annonce en effet que cet anonyme  a de fortes chances d'être l'auteur des fameux "Barbus", vu les ressemblances stylistiques frappantes de certaines de ses œuvres avec ces derniers.

     Mon éditeur en effet, Guillaume Zorgbibe, m'avait signalé une photo en vente sur internet (un tirage papier), que j'achète tout de suite  auprès d'un marchand de photographies, M. Gilles Minette. Ce dernier me fait connaître des clichés-verre (voir ci-dessous, un peu plus bas) dont il me fait parvenir des numérisations et dont il a sorti le tirage papier qu'il m'a vendu. Ces clichés montrent un jardin couvert de statuettes. Mon livre  reprend deux illustrations significatives tirées de ces clichés sur verre. 

        C'est ce marchand – je le reconnais bien volontiers – qui m'a permis de localiser précisément le jardin (un potager apparemment) visible sur les clichés. Car il lui a été aisé d'identifier le monument que l'on aperçoit en arrière-plan, le baptistère du cimetière de Chambon-sur-Lac, classé monument historique en Auvergne depuis 1862, et aussi appelé, plus exactement, chapelle sépulcrale (on l'a qualifiée de "baptistère" en raison de la découverte d'une cuve baptismale en bronze près de ses murs).

        Sur le tirage, je n'en ai pas cru mes yeux : les sculptures qu'elle présente dans un jardin, ou un potager, ressemblent furieusement aux fameux Barbus. Mon sang de "chasseur" d'art brut n'a fait qu'un tour, le mystère du lieu de leur production était-il en train de se dévoiler ? Pour convaincre les lecteurs de cette attribution, je décide de procéder à des agrandissements de deux pièces sur les trois qui me paraissent en tous points identiques à certaines qui sont reproduites dans le fameux fascicule de Dubuffet de 1947-1979. Elles sont dispersées dans le jardin parmi d'autres, nettement plus inconnues, mais de même style. Je place les deux agrandissements en vis-à-vis des Barbus leur correspondant le plus dans le fascicule. Leurs ressemblances sont frappantes (se reporter à mon livre Le Gazouillis des éléphants...).

 

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En regardant attentivement ces statuettes, souvent mêlées à des empilements de boules (peut-être des « bombes » volcaniques comme on en trouve dans la chaîne des Puys, et aussi dans cette région de Chambon probablement), assez semblables à certaines œuvres de land art contemporaines, et proches également de formes de totems, on retrouve des Barbus du fascicule de 1947 de Dubuffet ; ceci est un détail panoramique de la vue stéréoscopique de gauche visible ci-dessous, © Gilles Minette.

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Exemple d'agrandissement d'une des sculptures du jardin de Chambon, identique à un Barbu Müller répertorié dans le fascicule de Dubuffet de 1947.

 

     En outre, cette situation géographique corrobore une des indications que l'on trouve dans le mythique fascicule, signée d'un rédacteur du Musée Barbier-Müller : "Vers 1930, d'étranges sculptures apparurent sur le marché des antiquités parisiens. Elles attirèrent bien vite l'attention des collectionneurs d'art moderne et d'art primitif (fort souvent les mêmes!) qui les placèrent dans leurs salons entre les toiles cubistes et les fétiches nègres (...) Une dizaine d'années plus tard, le peintre Dubuffet (...) découvrit à son tour ces gnomes primitifs que l'on disait provenir d'Auvergne [C'est moi qui souligne], mais dont nul ne s'est jamais préoccupé d'étudier sérieusement l'origine... " (Je suis heureux de pouvoir infirmer cette dernière affirmation quarante ans après...). L'art brut ayant commencé par les Barbus Müller, il en découle donc que l'art brut aurait commencé en Auvergne, me dis-je alors en découvrant ces clichés (ce qui ne peut que ravir le demi-auvergnat que je suis) ! ¹

 

10 les deux vues stéréo ensemble au printemps (2).jpg

Clichés stéréoscopiques du site du Chambon-sur-Lac à la belle saison (arbres feuillus), provenant des archives du photographe Goldner (qui n'est pas forcément l'auteur des clichés) ; c'est la vue de gauche que j'ai reproduite en l'agrandissant (elle fut améliorée, qui plus est, par la maquettiste des éditions du Sandre, Julia Curiel) dans mon Gazouillis des éléphants, parce qu'elle montre un peu plus de détails que la vue de droite, avec une sculpture en plus notamment ; on notera que les statuettes sont rangées derrière des plantations de légumes à grosses feuilles, des choux peut-être, ce qui paraît faire de l'endroit un potager ; © Gilles Minette.

8 Les deux vues stereo ensemble en hiver (vingtaine de sculptures) (2).jpg

Autre paire de clichés stéréoscopiques originellement sur verre, vues prise apparemment à la morte saison: les arbres sont dépouillés, ce qui permet de distinguer mieux à l'arrière-plan du paysage une construction qui a son importance, puisque c'est elle qui permet d'établir le lieu où se trouvait ce jardin de sculptures ; en effet, outre les sculptures présentes derrière la clôture en piquets, outre la "cabane" couverte de chaume, qui fait songer à un case africaine, on reconnaît - du moins ceux qui connaissent l'art roman d'Auvergne -, en arrière-plan, la chapelle sépulcrale du cimetière de Chambon-sur-Lac, considérée comme l'architecture religieuse la plus ancienne d'Auvergne (elle date du Xe siècle, et relève de l'art roman) ; © Gilles Minette.

 

5 vue stéréoscop du cimetière de chambon sur lac (2).jpg

Autre vue stéréoscopique, originellement sur verre, appartenant à la même série de photos des archives Goldner conservées par M. Gilles Minette. Le photographe n'a pas oublié de saisir le cimetière et sa chapelle qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres du jardin aux sculptures ; à noter que selon M. Minette, le photographe qui a pris les clichés n'est pas forcément Goldner, qui est peut-être seulement le dépositaire des photos dans ses archives; on doit donc pour l'instant conclure à un photographe anonyme : les vues ne sont pas datées, en outre ; mais à ce stade de l'enquête, on peut juste estimer qu'elles ont été réalisées entre la fin du XIXe et la fin des années 1930 (date à laquelle, apparemment, les clichés-verre ont cessé d'être commercialisés) ; cependant, comme on le verra dans la suite de cette enquête, on peut essayer d'affiner ce créneau de dates ; © Gilles Minette.

 

       Certes, je découvre peu de temps après mon achat que, dans le catalogue de l'exposition "L'Autre de l'Art", de 2014-2015, une page reproduisait une photo à peu près semblable du même site (mais en format portrait et non en format paysage comme les miennes). En feuilletant ce catalogue deux ans auparavant, je ne l'avais pas remarquée. La photo (qui provient, selon les crédits du catalogue, d'une source intitulée "Denis Mercier Studio", correspondant à un artiste-photographe de ce nom) est une vue moins large, et moins déchiffrable, que les vues que Gilles Minette m'a fait connaître après mon achat d'un tirage. Elle ne comporte en outre aucune mention du lieu, à la différence de ma propre enquête. Savine Faupin, qui l'a légendée dans le catalogue, a eu cependant la même intuition que moi en songeant aussi aux Barbus Müller.

      Ma découverte de ces clichés stéréoscopiques a lieu, je le précise, très peu de temps, courant 2017, avant la finalisation de mon livre Le Gazouillis des éléphants, dont il est impossible de bouleverser outre mesure la maquette, alors déjà bien avancée. Je ne peux donc faire état, dans la notice que je rédige in extremis avant le bouclage du livre, des développements qu'appelle inévitablement cette localisation, et je précise seulement que je poursuivrai ultérieurement l'enquête, promesse que je tiens à présent...

      A partir de ces photos, il était évident qu'un curieux de ces sculptures – à commencer par moi ! – aurait envie de découvrir si, par hasard, il serait resté quelque trace du lieu sur place, et plus extraordinaire sans doute, des œuvres! On n'a pas toujours le loisir, et les moyens, de traverser la France pour une recherche ou l'autre. Mais heureusement Google street est là, précieux auxiliaire des chercheurs indépendants... Je plonge donc, depuis mon domicile, sur la route passant toujours en dessous de ce cimetière intangible. Quelle n'est pas ma surprise de découvrir qu'il restait, dans un passé récent au moins (les photos de Google datent de 2011), un vestige évident de ce jardin aux sculptures de début XXe siècle : la fameuse "cabane" carrée, en particulier, est toujours présente, bien qu'elle se soit enfoncée dans le sol, rançon du temps écoulé bien entendu, les sols s'élevant comme on sait, au fur et à mesure des travaux des hommes entre autres, ou de l'évolution naturelle (comme c'est le cas en l'occurrence).

      Il y a toujours un potager, et les dimensions de la parcelle ne paraissent pas avoir beaucoup bougé... Ce qui peut paraître étonnant, mais ne l'est pas, lorsqu'on s'avise que dans ces coins de montagne auvergnate (Chambon-sur-Lac se situe à près de 900 m.), beaucoup de lieux ne changent que fort modérément au fil du temps. La cabane n'a plus son chaume, elle a été recouverte d'ardoises apparemment. Mais elle est toujours debout, repère temporel et spatial précieux, servant peut-être toujours, comme à l'époque des sculptures, de remise pour les outils de jardin?

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Plan de situation de la même parcelle que celle photographiée sur les clichés-verre au début du XXe siècle, localisable aisément grâce à la proximité de la chapelle sépulcrale du cimetière placée juste au-dessus ; capture sur Google maps

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Vue 2011 (en février), sur Google street, de la parcelle anciennement remplie de sculptures ; la cabane carrée est toujours là, s'enfonçant dans le sol qui a monté ; en visitant le village le lundi 12 mars 2018, avec Régis Gayraud, nous apprendrons que cette vallée rencontre un problème "d'enlisement" depuis des siècles, comme un panneau sur l'église en avise les touristes (le lac Chambon, aujourd'hui distant du village, recouvrait, il y a plusieurs siècles bien entendu, une bien plus grande portion de la vallée).

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La parcelle aux Barbus, aujourd'hui ; Photo Bruno Montpied, 12 mars 2018.

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La parcelle aux Barbus vue depuis le cimetière et la chapelle sépulcrale ; on aperçoit la cabane à droite derrière les arbres ; ph. B.M., 12 mars 2018.

 

       Le terrain existe encore, et la suite logique de l'enquête me mène à penser aux possibilités de retrouver via les archives départementales du Puy-de-Dôme et les plans cadastraux l'histoire des différents propriétaires qui ont pu se succéder sur ce lopin de terre. Parmi eux, trouvera-t-on peut-être l'auteur des sculptures qui nous intéressent tant? C'est alors que je songe à demander de l'aide à un bon camarade, Régis Gayraud, qui passe pas mal de temps à Clermont-Ferrand, et qui est bien plus familier que moi des recherches dans ce genre d'archives.

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Matrices cadastrales, Archives départementales du Puy-de-Dôme : le nom de l'auteur des Barbus Müller dort-il dans ce registre, et depuis combien de temps? ; Photo Régis Gayraud, 2017.

 

       Il va alors consulter aux archives départementales ce que l'on appelle les matrices cadastrales, et plus précisément, le cadastre napoléonien. Bien vite, il identifie le n° de la parcelle sur ce dernier cadastre, c'est la 1029 (numéro qui a changé sur le cadastre actuel national), qui correspond au terrain à la cabane carrée que je lui ai indiqué, situé au lieu-dit "La Chapelle" (du fait de la proximité avec la Chapelle sépulcrale). De fil en aiguille, il peut ainsi remonter aux différents propriétaires qui se sont succédé sur ce lopin de terre, celui qui nous intéresse ayant vécu entre la fin du XIXe siècle et les années 1930 (large fourchette liée aux dates induites par l'âge des clichés-verre). Et il finit par découvrir, m'indique-t-il bientôt (nous communiquerons dans notre collaboration par une série de SMS parfois enfiévrés, parfois embrouillés, nous tenant éveillés  tard dans la nuit quelques autres fois), qu'en 1893, la parcelle  1029 a été vendue à deux personnages, deux frères, tous deux prénommés Antoine, et portant le même nom : Rabany, propriétaires de ce terrain au moins jusqu'en 1907...

       Antoine Berthoule Rabany dit "le zouave", qui va se révéler être un cultivateur, et Antoine Rabany Séran, dit le "jeune", tailleur de profession...

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¹ L'art brut et l'Auvergne... On sait de plus que Dubuffet s'intéressa, dès le début de l'année 1945 au moins, et donc avant son voyage de prospection en Suisse que l'on présente souvent comme le début de ses découvertes, aux sculptures d'Auguste Forestier qui se trouvait à l'asile de St-Alban-sur-Limagnole, en Margeride (où il alla faire des recherches après son voyage en Suisse, mais bien qu'il ait eu vent de Forestier auparavant donc, à Paris, par Eluard et Queneau ; voir là-dessus Bruno Montpied, « D’où vient l’art brut ? Esquisses pour une généalogie de l’art brut », Ligeia, dossiers sur l’art n°53-54-55-56, Paris, juillet-décembre 2004).

 

(Fin du 2e chapitre : à suivre...)

26/02/2018

Le LaM se donne trois jours pour lancer une nouvelle cartographie numérique des environnements spontanés...

     Les 15, 16 et 17 mars prochains, au LaM de Villeneuve-d'Ascq (à côté de Lille), c'est l'ouverture de... la chasse? Non, de la cartographie numérisée (et multimédia? Et interactive?) des environnements spontanés que le LaM compte commencer de mettre en place durant ce printemps, en débutant par les Hauts de France. J'ai personnellement du mal à cerner les limites que compte mettre le LaM au corpus qu'il projette de cartographier. Y intégrera-t-on les environnements d'artistes marginaux ou plus professionnels, à côté des environnements créés par des "hommes du commun", non professionnels de l'art ?  J'en ai bien l'impression, mais attendons d'en savoir plus... Rien n'a été véritablement précisé jusqu'à présent dans ce domaine. 

Voici le programme :

Journées des 15-16 et 17 mars 2018 (1).JPG

"Nombre de places limité", "réservation conseillée", c'est destiné aux happy few tout de même... ; on reconnaît sur cette première page du programme, en haut, des photos de Francis David, et l'on notera que les dates de ses prises de vue ne sont pas indiquées (première critique!), or cela a son importance quand on sait à quel point ces créations de plein air sont évolutives et éphémères.

Journées des 15-16 et 17 mars 2018 (p.2).JPG

      Ces trois jours se décomposent en ateliers où l'on discutera entre passionnés du sujet de différentes thématiques, des archives, de la notion de ce que le LaM appelle les "habitants-paysagistes" (reprenant l'appellation - trop générale à mon goût - de l'architecte-paysagiste Bernard Lassus), de l'histoire de sa communication, des problèmes de conservation (ou non), de son aspect international, de l'aspect technique, sociologique de ces créateurs dont l'activité est classable entre travail et loisir... Une demi-journée, le 16 mars, proposera une première sélection de films sur la thématique, mise au point par l'association Hors-Champ (de Nice). Il se murmure que l'on pourrait y voir le film que j'ai co-écrit avec son réalisateur Remy Ricordeau en 2011, Bricoleurs de paradis. Le samedi matin sera consacré à des signatures d'ouvrages récemment parus sur la question, comme les rééditions augmentées des Bâtisseurs de l'imaginaire de Claude et Clovis Prévost et des Jardins de l'art brut de Marc Décimo. Je dédicacerai pour ma part mon récent inventaire des environnements populaires spontanés, premier du genre, Le Gazouillis des éléphants, durant cette même matinée du samedi.Le Gazouillis 3 couv à plat (2).jpg Et l'après-midi verra la projection d'autres films, certains canoniques comme les Demeures imaginaires d'Irène Jakab, Kurt Behrens et Gaston Ferdière (documentaire de 1977 où l'on aperçoit en particulier, si je me souviens bien la maison extraordinaire, véritable toile d'araignée en bois, de Karl Junker à Lemgo en Allemagne), d'autres plus classiques, comme Le Palais Idéal d'Ado Kyrou de 1958 (qui lui fut inspiré par la séquence sur le même Facteur Cheval dans Violons d'Ingres de Jacques Brunius, film de 1939).

     

01/02/2018

Gazouillis à l'Ecume des pages, à St-Germain-des-prés (où il n'y a plus d'après?)

     Plus que quelques jours – une semaine exactement – pour pouvoir profiter d'une vitrine historique que nous avons installée dans la librairie L'Ecume des pages, à côté du Flore et des Deux Magots, en plein St-Germain-des-Prés, avec quelques objets et photos tirés de ma collection.

Vitrine Ec des p., resserré (2).jpg

Vitrine depuis la gauche (2).jpg

Vitrine écume rapprochée (2).jpg

Photos Bruno Montpied, livre Le Gazouillis des éléphants de Bruno Montpied, collection de Bruno Montpied (n'en jetez plus...Charité bien ordonnée commence par...), vitrine de L'Ecume des pages, janvier-février 2018.

 

     Accessoirement, ce fut l'occasion d'exposer en plein centre de l'intelligentsia parisianiste (qui se décompose petit à petit, cela dit, grignoté par les boutiques de fringues...), un peu d'art frais venu de nos campagnes: de gauche à droite sur la dernière photo ci-dessus, un roi, sculpté dans un rondin, de Paul Waguet, une peinture sur bois de Joseph Donadello, une photo d'une saynète de Jean Grard,, une photo, un portrait d'Hubert Bastouil (en arrière-plan), un panneau sculpté et peint sur bois de Bernard Jugie, une grenouille en ciment d'Emile Taugourdeau, une photo de racine sculptée dans un arbre creux par Pierre Sourisseau et une sculpture de tireur de langue (pied de nez à l'intelligentsia?) de François Llopis.

    Sinon, pour les retardataires, il reste quelques exemplaires du Gazouillis à vendre dans cette (excellente) librairie. De même, à quelques encablures de la librairie, au 52 de la rue Jacob, on trouve le Gazouillis à la galerie de la Fabuloserie. Et toujours à la librairie de la Halle Saint-Pierre rue Ronsard, à Montmartre. Entre autres...

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Un exemplaire du Gazouillis plaisamment installé (de manière éphémère) dans un appartement parisien en train d'être déménagé... Photo Jacques Burtin, janvier 2018.

02/01/2018

Les éléphants viennent gazouiller sur Radio-Libertaire jeudi 4 janvier prochain

    On est toujours dans la présentation du Gazouillis des éléphants, mon inventaire des environnements populaires spontanés de France métropolitaine, paru au Sandre en novembre dernier.Le Gazouillis 7.jpg Je suis invité à converser sur le sujet dans le cadre de l'émission "Bibliomanie" par Valère-Marie Marchand, sur Radio-Libertaire, ce jeudi qui vient, à 15h (jusqu'à 16h30). A noter que l'animatrice de l'émission est elle-même écrivain et dessinatrice, et qu'elle est l'auteur, entre autres, d'un livre sur le Facteur Cheval aux éditions du Sextant (il y a une dizaine d'années), une biographie imaginaire du Facteur selon ce qu'elle m'a confié (je n'ai pas encore eu l'occasion de lire l'ouvrage).

Valère Marie-Marchand.jpg

                     

15/12/2017

Présentation prochaine du "Gazouillis des éléphants" à Bègles (Gironde)

      Je poursuis ma tournée de présentation, juste avant une pause pour cause de fêtes à venir... Je vais donc à Bègles, au Musée de la Création Franche  pour une présentation, accompagnée de photos tirées de mon livre, le mercredi 20 décembre prochain à 19h. L'animation en question, en entrée libre, se déroulera dans les locaux de la bibliothèque qui est voisine du musée. A l'issue de la présentation et du débat qui, j'espère, s'ensuivra, je dédicacerai également mon livre aux lecteurs intéressés...

Rencontre-dédicace avec Bruno Montpied

Bruno Montpied sera l'invité du Musée de la Création Franche mercredi 20 décembre à 19h. Il présentera et débattra autour de son ouvrage Le gazouillis des éléphants, paru aux éditions du Sandre. Son ouvrage est une « sorte d'inventaire général » regroupant plus de trois cents jardins oniriques, fantasmagoriques et inédits à travers la France.

La rencontre sera suivie d'une dédicace.

Bibliothèque municipale de Bègles

58, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny 33130 BEGLES

 

Le portrait de mézigue (photographe José Guirao), choisi ci-dessus par le musée de la Création Franche pour illustrer la rencontre, je l'espère, ne fera pas trop peur aux éventuels amateurs des inspirés du bord des routes, car, pas d'inquiétude, en dépit de cet air quelque peu grincheux (je préfère dire : consterné, accablé...), je ne mords tout de même pas...

02/12/2017

Rappel, samedi 9 décembre... Présentation par mézigue du Gazouillis des éléphants...

 

Le Gazouillis des éléphants
Premier inventaire des environnements populaires spontanés en France

Un livre de Bruno Montpied
(Editions du Sandre,  2017)

Samedi 9 décembre à 15 heures, entrée libre

Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89

 

Qu'on se le dise au cas où l'on aurait oublié....

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André Gourlet, dragon polychrome en ciment armé à Riec-sur-Belon (Finistère), photo Bruno Montpied, 2014.

12/11/2017

"Le Gazouillis des éléphants", Actualités...

     J'ai récemment annoncé des présentations effectuées par votre serviteur, suite à la parution de mon récent inventaire des environnements spontanés, Le Gazouillis des éléphants. Je vais les rappeler ci-après. Mais voici que s'en rajoute une, plus rapprochée dans le temps. Je serai en effet présent pour une dédicace (plus qu'une présentation) sur le stand des éditions du Sandre au salon L'Autre Livre, à l'Espace des Blancs Manteaux (Paris 4e ardt), le dimanche 19 novembre, de 16 à 18h.

Et donc, petit rappel, n'oublions pas la présentation assortie de quelques photos, accompagnée d'une interview de mézigue par Régis Gayraud, et d'un débat avec les personnes intéressées, qui suivra à la librairie Atout-livre dans le XIIe arrondissement, tout près de la place Daumesnil (au 203 bis avenue Daumesnil, exactement), le vendredi 24 novembre à 19h30.

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Vitrine actuelle (durant tout le mois de novembre) de la librairie Atout-livre, consacrée au Gazouillis, avec quelques objets venus de divers sites d'inspirés du bord des routes, ph. Bruno Montpied, 2017.

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Exposition de photos de B.Montpied chez Atout-Livre (là aussi durant tout le mois de novembre 2017).

 

Puis, dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, le samedi 9 décembre à 15h, idem, mais cette fois en solo et avec une présentation plus étoffée en photos, que je classerai dans l'ordre chronologique des dates de création des sites inventoriés dans mon livre.

Je poursuivrai à Bègles, au musée de la Création franche, le mercredi 20 décembre à 19h30, là aussi pour une présentation-dédicace du livre, en partenariat avec la librairie bordelaise La Machine à lire.

02/11/2017

"Le Gazouillis des éléphants", premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, par Bruno Montpied, paraît aujourd'hui

      Trente-cinq ans que je le méditais cet inventaire... Longtemps, je me suis dit que je n'y arriverais jamais. Et puis un soir... A la Maison de Victor Hugo, j'ai fait une rencontre, j'ai fait connaissance avec le responsable des éditions du Sandre, Guillaume Zorgbibe, qui accompagnait un vieux camarade à moi, Joël Gayraud. Guillaume éditait alors la revue de Marco Martella, Jardins, qui cessa malheureusement après six numéros. Martella m'avait invité à publier un article pour son n°2. Par la suite j'en fis un autre dans le n°5. Bref, les Editions  du Sandre, c'était donc déjà mon éditeur... Je le signalai en souriant à l'ami Guillaume. Il me semble qu'il m'a regardé avec curiosité, mais peut-être mon souvenir enjolive, mythifie ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Ce fut le début de notre collaboration plus étroite autour d'un projet qui m'était cher depuis longtemps, faire l'inventaire des environnements spontanés français...

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Après Eloge des jardins anarchiques en 2011...

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Andrée Acézat, oublier le passé, en 2015...

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Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, en 2016...

 

Voici donc :

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Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, etc., éditions du Sandre, novembre 2017.

 

     Ce projet d'inventaire des environnements populaires spontanés français (= "inspirés des bords de  routes", "habitants-paysagistes", "bâtisseurs de l'imaginaire"...) me trottait dans la tête depuis des décennies. Chaque fois que je commençais à accélérer dans l'idée de le finaliser en m'y mettant sérieusement, un livre sortait sur la question, parcellaire, toujours insuffisant à mon avis (par exemple le Bonjour aux promeneurs d'Olivier Thiébaut chez Alternatives en 1996), ou mixé de façon peu judicieuse (mais commerciale!) avec des sujets insolites plats  (par exemple Le Guide de la France insolite de Claude Arz chez Hachette en 1990, où le sujet était mêlé à l'évocation de lieux hantés, de trésors cachés, de musées de l'épicerie, de la sorcellerie de bazar...).

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Le Gazouillis présent à l'étalage du stand de la Halle St-Pierre à la dernière Outsider Art Fair, du 19 au 22 octobre dernier, où il fit une apparition temporaire en avant-première... pour une dédicace.

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Le Gazouillis ouvert sur une notice consacrée à Denise Chalvet en Lozère. Ph. B.M.

 

     En rassemblant tous les sites recensés dans les différents ouvrages d'un certain volume traitant de la question, il me semblait toujours qu'on ne dépassait pas la centaine de créateurs environ, tout compris, dispersés qui plus est sur plusieurs ouvrages distincts publiés à des années de distance. En outre, les découvertes se renouvelaient fort lentement (je ne veux pas jeter la pierre à Claude et Clovis Prévost, mais au fil des années, ils ne nous ont parlé que des mêmes 15 créateurs, dont certains, comme Chomo, Tatin ou Garcet étaient plutôt des artistes singuliers et marginaux que des créateurs totalement hors système des Beaux-arts). Dans Eloge des Jardins anarchiques, moi-même, je n'évoquais qu'une cinquantaine de sites (dont plusieurs avec une seule photo).

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Couverture de Jardins n°5, 2014 ; avec un texte de Bruno Montpied sur la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan)

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Alexis Le Breton, dans son arboretum de La Mare au Poivre, Locqueltas, ph. Bruno Montpied, 2010.

 

       Ainsi, si l'on voulait se faire une idée de l'ensemble des sites qui avaient existé, existaient encore, ou étaient en train d'apparaître, l'information était éclatée, parfois dans des publications devenues très difficiles de se procurer, uniquement consultables pour beaucoup en bibliothèque, ou bien se trouvait sur des cartes postales anciennes rarement rassemblées en un livre unique (la collection de cartes postales sur les Inspirés de Jean-Michel Chesné, si elle fut dévoilée dans la défunte revue Gazogène de Jean-François Maurice, ne paraît l'avoir été que de façon fragmentaire et, là aussi, éclatée sur les différents numéros ; de plus ce rassemblement de documents anciens, séparé d'un rassemblement plus général qui aurait montré la continuité des sites présents sur les cartes postales, donnait une impression tronquée du phénomène). Ces cartes postales anciennes (en l'occurrence, venues de ma propre collection), il me semblait nécessaire – c'est une autre caractéristique importante de mon inventaire - de les associer dans mon livre à une iconographie en couleur illustrant les mêmes sites conservés jusqu'à l'époque présente, ainsi, bien sûr, que des sites nettement plus récents. D'une manière  immédiate, devant ce noir et blanc confronté à la couleur, le lecteur comprend que les environnements existent depuis bien avant le Palais Idéal du Facteur Cheval (commencé en 1879) et se poursuivent aujourd'hui...

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Bas-relief de Louis Licois, daté de 1843, toujours présent sur la façade d'une maison à Baugé (Maine-et-Loire), Photo B.M., extraite du Gazouillis, 2009.

 

       J'ai longtemps déploré dans mes débuts de recherche de ne pas trouver une ressource qui me permettrait d'avoir la liste complète des lieux existants ! C'est une question qui m'a souvent été posée au cours des débats que j'ai pu faire à la suite de la sortie d'Eloge des jardins anarchiques : comment faites-vous pour trouver ces sites? Pour aller voir ces sites étonnants, c'est un truisme,  il faut d'abord apprendre qu'ils existent, et trouver l'endroit où on les évoque. Ce sont des lieux privés, où il y a une exhibition certes, mais qui restent des lieux privés, des habitats  supposant une approche discrète et respectueuse des habitants. Dans les années 1980, années où j'ai commencé ma quête, il n'y avait bien sûr pas d'annuaire des inspirés! Ce dernier n'est d'ailleurs pas souhaitable. J'ai patiemment cherché, sans me presser (cette lenteur m'a toujours paru essentielle ; aujourd'hui les nouveaux venus dans ce genre de recherche, habitués à tout trouver très vite sur internet, sont trop pressés...), accumulant des fiches, des références... Une bibliographie condensée et fournie, commencée dans Eloge des JA, et légèrement augmentée dans mon nouveau livre, fait office à mes yeux de premier signe de pistes... Il n'est pas aventuré ou has been de considérer cette recherche des Inspirés hors système des Beaux-Arts comme une longue dérive au sein d'un labyrinthe... Un sens préservé du merveilleux est à ce prix.

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Entrée du Paradis, chez son auteur, Léopold Truc, à Cabrières d'Avignon (Vaucluse), ph. B.M. (extraite du Gazouillis), 1989.

 

      Le Gazouillis n'est donc pas un annuaire. Je n'y ai donné des adresses que lorsque j'étais sûr que cela correspondait au désir des créateurs inventoriés, ou des collections qui préservent des fragments d'environnements (comme la Fabuloserie dans l'Yonne, la collection de l'Art Brut à Lausanne, le LaM de Villeneuve d'Ascq à côté de Lille, ou le Jardin de la Luna Rossa à Caen). C'est plutôt une immense stimulation à découvrir la création primesautière française se déployant hors les cadres des beaux-arts traditionnels, et aussi, point remarquable, hors du marché de l'art (ce qui explique qu'on n'en parle pas tant que cela!).

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Les Ruines de la Vacherie, exemple de carte postale ancienne (début de XXe siècle), montrant un site réalisé par un récupérateur de gravats nommé Auguste Bourgoin, alentours de Troyes (Aube), aujourd'hui disparu, coll. B.M.

 

      Il rassemble, avec discrétion et parfois un peu de mystère, en un seul volume, tout ce que j'ai pu voir et trouver dans des ouvrages ou des revues, pas forcément des publications spécialisées en art brut d'ailleurs, et  tout ce que j'ai découvert de mon côté, ou éclairé, ou remis en perspective. A partir de ce rassemblement, il me semble qu'on pourra se faire une idée plus précise du phénomène des créations d'autodidactes en plein air, entre habitat et route, associables tantôt à l'art brut, tantôt à l'art naïf, sur le territoire métropolitain en France.

      Le Gazouillis des éléphants recèle ainsi jusqu'à 305 notices consacrées à ces créations d'hier et d'aujourd'hui. En donnant l'état des lieux, dans la mesure de mes connaissances, et en particulier les solutions diverses qui ont été trouvées pour sauvegarder ou prolonger, en partie ou en totalité, divers sites. Depuis quelque temps, il me semble en effet que la notoriété de l'art brut et des environnements d'inspirés allant en augmentant, le public se montre de plus en plus sensibilisé à la question du prolongement à donner aux environnements spontanés post mortem. Ce que les héritiers de ces décors foutraques auraient jeté naguère, il arrive plus fréquemment qu'il soit désormais conservé ou, quand on veut à tout prix s'en débarrasser, au moins mis en vente par exemple (voir le cas du site d'André Hardy en Normandie).

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André Hardy, lion en ciment peint et collage de faux crin, ph. B.M. en 2010.

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Le même lion d'André Hardy dans les réserves du LaM à Villeneuve d'Ascq, après acquisition et en attente de restauration, © photo LaM 2011.

 

    Fidèle à mon angle habituel pour aborder ces créations de plein air, je  me suis cantonné  dans cet ouvrage aux environnements populaires, en écartant tous les environnements créés par des artistes modernes ou singuliers (marginaux), hormis quelques cas-limites qui permettent de faire ressortir la spécificité du corpus retenu (comme par exemple le jardin de Monsieur X dans la Presqu'île de Crozon en Bretagne, de son vrai nom Jacques Boënnec - je donne à présent son nom car il vient de disparaître ; auparavant, il m'avait demandé de taire son identité, d'autres que moi n'avaient pas eu ce respect...). Pas de Cyclop de Tinguely, ou de musée Robert Tatin, pas davantage de maison de "Celle qui peint" (Danielle Jacqui), manifestant une culture artistique préalable (Jacqui m'a toujours donné l'impression de connaître Picassiette, par exemple).

     Primo, il fallait circonscrire à tout prix le champ d'étude (déjà, arriver à 305 notices m'a amené à un livre-monstre qui fait 930 pages avec plus de mille photos, pour un poids de 2,7 kgs...). Secundo, j'ai un faible pour les créations d'autodidactes populaires, qui œuvrent artistiquement sans se revendiquer artistes, et dont les travaux, détachés de toute attitude référentielle – y compris quand il leur arrive de démarquer ou de copier/transposer des œuvres d'art vues à la télé ou dans les magazines –, gardent une fraîcheur authentique. Fraîcheur brute ou naïve, je ne fais pas de hiérarchie sur ce point, si l'œuvre me surprend et m'enchante (critère premier!).

     C'est ce qui explique que l'Introduction du Gazouillis insiste sur ce slogan que je reprends régulièrement, depuis quelque temps, dans mes textes : il s'agit bien d'un Art sans artistes. Comme on parla à une époque d'une architecture sans architectes.

     Bon vagabondage à tous!

 

Bruno Montpied, Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, excentriques, loufoques, brindezingues, ou tout simplement inventifs, passés, présents et en devenir, en plein air ou sous terre (quelquefois en intérieur), pour le plaisir de leurs auteurs et de quelques amateurs de passage, Editions du Sandre, 2017. 950 pages, 220x240x70 mm, plus de mille photos couleurs et noir et blanc. Disponible au prix de 39€ dans toutes les bonnes librairies (si vous ne le trouvez pas, faites-le commander par votre libraire favori) à partir de la première semaine de novembre. Diffusion Harmonia mundi.

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Les professionnels des éditions du Sandre, sans qui il n'y aurait jamais eu de multiplication du Gazouillis, de gauche à droite: Guillaume Zorgbibe, Stefani de Loppinot et Julia Curiel, ph. B.M., 2017 ; merci à eux! Heureusement que ces gens existent...

 

QUELQUES DATES A RETENIR :

Durant tout le mois de novembre, exposition de photos et d'objets de la collection de Bruno Montpied dans la librairie Atout-Livre, 203 bis avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement. Causerie et débat avec le public le vendredi 24 novembre à 19h30, en présence de B.M. et de Régis Gayraud, camarade d'enquête de B.M.

Le samedi 9 décembre, à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, à 15h, projection de photos extraites du livre (rangées par ordre chronologique de dates de création) et débat avec le public en présence de B.M. Suivie d'une dédicace. Organisée en partenariat avec  la librairie de la Halle St-Pierre.

Le mercredi 20 décembre, au Musée de la Création franche à Bègles, à 19h30, projection de photos et rencontre-débat avec le public dans le cadre du LAB et en partenariat avec la librairie bordelaise La Machine à lire.

 

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Dessin de Jade, 8 ans (qui sert de cul-de-lampe à quelques endroits du Gazouillis, notamment sur les pages de garde)

28/10/2017

Gazouillis ou pépiement d'éléphants... Eh bien, cela existe

     Notre correspondant Régis Gayraud nous a récemment envoyé ce lien vers une vidéo où l'on voit un éléphant en "consoler" un autre, tandis que le commentaire de l'article (de site web ; voir aussi cet article du Monde) qui accompagne la vidéo en question parle de "gazouillis", ou de "pépiement" au sujet de cette forme de consolation... Comme quoi, Alexis Le Breton lorsqu'il grava sa stèle dans son arboretum de la Mare au Poivre dans le Morbihan ("Ici, on entend gazouiller les éléphants...") ne croyait pas si bien dire. Ce n'était pas qu'une plaisante affirmation sur le pouvoir poétique d'un site d'art brut enchanteur... Du moins est-ce ainsi que je le pris d'emblée (avec l'idée d'en faire un titre pour un film, puis pour mon livre, à paraître le 2 novembre - voir note à suivre ; les "éléphants" pouvant symboliser les inspirés des bords de routes jugés par beaucoup comme des lourdauds, parce que plébéiens, et le "gazouillis" pouvant symboliser leurs inventions drolatiques, ingénues et poétiques). Et, après tout, Le Breton avait peut-être déjà entendu parler de l'empathie pratiquée par les éléphants... comme par les humains.

04/07/2017

Des Joseph Donadello à vendre

      Aperçues récemment chez un ami collectionneur qui souhaite s'en défaire, voici quelques peintures de Joseph Donadello sur panneaux de bois, dans des dimensions variant entre 32 x 38 cm et 30x50 cm (voir les dimensions exactes par œuvre ci-dessous. On sait que ce dernier a créé un environnement de statues et maquettes, pour leur majorité en ciment coloré en Haute-Garonne, je lui ai consacré un chapitre dans mon livre de 2011, Eloge des jardins anarchiques, et il est également mentionné, plus succinctement, par une notice dans mon prochain ouvrage, Le Gazouillis des Eléphants.

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Le jardin de Joseph Donadello en 2008, ph. Bruno Montpied.

 

    Ces dernières années, Joseph Donadello, persuadé que ses œuvres ne lui survivraient pas si elles restaient autour de ou dans sa maison, en a cédé et vendu un nombre assez considérable. Le musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle dans l'Ariège en possède une sélection conséquente. Personnellement, j'en conserve aussi. Les œuvres ci-dessous mises en ligne sont à vendre, au nombre de cinq. Leurs prix sont peu élevés (me contacter en privé), c'est surtout une affaire d'aficionados attachés à préserver la mémoire de cette création particulière d'Occitanie et qui revendent des œuvres acquises sans idée spéculative.

01 Ciovana (2), AOUT 2013, signé au dos Bepi Donald, 32x38cm.jpg

Joseph Donadello, Ciovana (sic, en réalité, ce doit être le prénom Giovanna), peinture sur bois aggloméré (1 cm d'épaisseur), daté août 2013 et signé au dos "Bepi Donald" (le surnom de Donadello), 32 x 38cm, ph. B.M. VENDUE

03 Silvie (2), fait le 8 10 2001, 31x40cm, signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Silvie, "fait le 8 10 2001", 31 x 40cm, signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE

04 Sisi (Sissi) (2), Fait le 10-9-1988, 46X35 env.,signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Sisi (Sissi), "Fait le 10-9-1988", 46 X 35 cm env., signé au dos, peinture sur panneau de bois (1 cm d'épaisseur ; au verso, on trouve un essai de coulure, expérimentation dont Donadello était de temps à autre adepte), ph. B.M. PLUS A VENDRE

05 Ss titre (2), le 7-11-1999, 30x50cm,  signé au dos.jpg

Joseph Donadello, sans titre, "le 7-11-1999", 30 x 50cm,  signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE.

02 Le beau Richard (2), tempé moins 4; fait le 4 12 1998, (repeint le 9 7 2011 ptet), 32x44 cm.jpg

Joseph Donadello, Le beau Richard (titre donné au verso en dépit du prénom Pierre apposé sur le personnage au recto, Donadello n'est pas à une contradiction près), avec, marqué au verso: "tempé moins 4; fait le 4 12 1998", (tableau probablement repeint le 9-7-2011, comme il est indiqué sur le panneau en bas à gauche ; il est également probable que les inscriptions du verso correspondent à un état plus ancien du tableau), 32 x 44 cm, peinture et collage sur panneau de 0,5 cm d'épaisseur, ph.B.M. PLUS A VENDRE

 

05/06/2017

Ce blog a dix ans jour pour jour ce 5 juin : grand rassemblement d'éléphants de tous poils pour fêter l'événement, et en hommage précoce à un certain "Gazouillis" à venir bientôt...

Les éléphants sont étonnants. Les éléphants sont intrigants.

cp match avec joueurs de football univ de Loyola.jpg      Ils ont des nez très longs, des airs pachydermiques (et pour cause), des grosses pa-pattes avec des gros ongles et le dessous des pieds plat. Deux grandes quenottes qui leur sortent des deux côtés de la bouche, que toute une série de gens mal intentionnés veulent leur arracher. Des portugaises comacs pour ceux d'Afrique, mais plus riquiqui pour ceux d'Asie, qui me font penser à des feuilles de choux.

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André Robillard, un éléphant dafrique (sic ; cette bête-là a dû être coupée avec un cocker on dirait), env. 40x50cm, coll. et ph. Bruno Montpied.

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Sandy Calder, un éléphant  de bronze en mobile, 1973.

 

     Ils ont la peau rugueuse, paraissant avoir des milliers d'années, comme une peau fossile. Des airs de vieux, vieux sages revenus de tout. Il ne faut cependant pas leur courir sur le haricot, ils s'énervent facilement. Et en  même temps, ils sont attentionnés avec leurs cornacs, qui leur peignent dessus parfois (c'est du plus bel effet, ils devraient être tout le temps  peints).

    Ils marchent avec des airs balourds, l'air grommelant de traîneur de savate.

    L'éléphant fascine petits et grands. Il y eut Babar bien sûr (voir ci-contre un exemplaire par le sculpteur naïvo-brut Joseph Donadello (en Hte-Garonne), ph. B.M., 2008).Babar par Donadello.jpg Et des jouets (voir ci-dessous un à roulettes ayant appartenu à un rassemblement d'objets du brocanteur Philipe Lalane),Jouet, éléphant à roulettes, réun Lalane, mai 2016.JPG des éléphants de dessin animé et de publicités improbables...

 

Anonyme, poupée éléphante (2), peut-être ukrainienne, coll BM.jpg

Poupée-éléphant, peut-être d'origine ukrainienne, ph. et coll. B.M.

 

Soyez bon avec les animaux (2), cadeau Bon Marché.jpg

Le Jardin d'Acclimatation, Constructions enfantines, cadeau du magasin Le Bon Marché (merci à Guillaume pour la permission de photographier la chose), ph.B.M.

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Vu à Lille dans une brasserie, reproduction d'une ancienne affiche publicitaire, où l'éléphant chasse les moustiques en courant, ph.B.M.

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Affiche de Capiello reproduite sur le blog Les Beaux dimanches de Laurent Jacquy

Affiche l'orchestre des éléphants, F Appel 1890.jpg

Affiche "l'orchestre des éléphants", F Appel, 1890.

 

     L'éléphant est tellement sympathique et fort, avec une réputation de mémoire légendaire que les publicitaires et inventeurs de logos ont bien souvent songé  à lui...

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Cherchez-le, ici en logo d'une société de transport (en Lorraine?) qui cherche à donner une image de force et de puissance, ph. B.M.

 

      Mais ceux qui ont adoubé le pachyderme qui hante nos rêves restent avant tout les artistes, les créateurs anonymes et populaires, naïfs, les enfants aussi qui adorent "croquer" les éléphants, et puis, au bout de la chaîne, ceux qu'on a appelés tour à tour inspirés du bord des routes, habitants-paysagistes ou créateurs d'environnements spontanés. Ces derniers en sèment très souvent dans leurs jardins, soit dans un recoin de l'espace dont ils disposent entre habitat et route, soit en majesté avec toute la lumière désirable braquée sur eux... Tant et si bien, que, dans le  volumineux livre que je vais faire paraître aux Editions du Sandre en octobre prochain, intitulé de façon cohérente Le Gazouillis des Eléphants, qui est une tentative d'inventaire des environnements populaires spontanés d'hier et aujourd'hui en France (voir projet de couverture  actuel ci-contre), je suis souvent amené à publier de nombreux exemples de cette étrange mascotte des inspirés.

 

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       L'éléphant qui gazouille, formule démarquée d'une stèle installée dans la "Seigneurie de la Mare au Poivre" d'Alexis Le Breton à Locqueltas dans le Morbihan, y servira de virgule visuelle, et de métaphore programmatique du propos de l'ouvrage : une défense et illustration de l'imaginaire gracieux des plébéiens bien souvent perçus et méprisés par l'intelligentsia comme des lourdauds et des bourrins de l'art...

Eléphant, (copie) Coli, 2011.jpgDessin d'enfant d'environ 7 ans, 2011.

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Dessin d'Idriss Bigou, un éléphant dont la trompe ressemble à une paille...

 

Marionnette à fil africaine, un éléphant, coll Veyret.JPG

Marionnette à fil africaine, coll. Joëlle et Jean Veyret, ph.B.M., 2016.

 

Cyrille Augeard, art de la Passerelle, les éléphants, feutres, 45x32, 2012.JPG

Cyrille Augeard, Les éléphants, feutres sur papier, 32x45 cm, 2012,  atelier La Passerelle, Cherbourg.

 

Eléphant (2), décor de Guimonneau,vase aux chinois, la reine bérengère.jpg

Un éléphant représenté sur un vase "aux Chinois", dû à l'artisan Pierre-Innocent Guimonneau de La Forterie, vers 1786,  musée de la Reine Bérengère, Le Mans, ph.B.M.

 

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Jean Bertholle, silhouettes en tôle découpée et peinte, montées sur girouette, parc de la Fabuloserie, ph.B.M., 2011.

 

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Eléphant (détouré) du Facteur Cheval, couloir intérieur du Palais Idéal, Hauterives (Drôme), ph.B.M., 2011.

 

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Morris Hirschfield, éléphanteau avec jeune garçon, env. 44 x 22 cm, 1943.

 

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Chez André Hardy, outre une baleine bleue, et divers autres bestiaux, il y avait ce magnifique pachyderme à l'œil extatique, ph.B.M., 2010.

 

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Anonyme, éléphants de la fontaine à Cléon d'Andran (Drôme), ph. B.M., 1994.

 

Fernand et Marie-Louise (2), par Prévost, années 70.jpg

Marie-Louise et Fernand Chatelain (Fyé, Sarthe) posant devant l'objectif de Clovis Prévost ; derrière on reconnaît les éléphants de la fontaine de Chambéry, celle des "4-100-Q".

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L'éléphant de la fontaine de Chambéry, en effet dépourvu d'arrière-train...

 

      Quelquefois, c'est la nuit qu'ils surgissent, travestis en buissons, et arpentant la ville comme des fantômes...

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Art topiaire à Londres en nocturne, photo sans référence transmise par Julia (merci à elle).

    

      Même sur les sablières des églises bretonnes, il arrive qu'on en rencontre...

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Sablière d'une chapelle Saint-Pierre (pas plus de référence...).

 

     Le "yarn bombing" (si je ne me trompe pas d'orthographe), cet enrobage de formes en plein air (mobilier urbain, troncs d'arbre...) par d'habilles mains tricoteuses, s'en prend aussi aux pachydermes...

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Yarn bombing en Espagne, pas plus de références...

 

     L'homme, à l'évidence, entretient un rapport fusionnel à l'éléphant, qu'on en juge avec cette statue funéraire consacrée à un dompteur et à un dompté :

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Tombe d'un dresseur-dompteur au cimetière de Méza Kapi, Riga, ph André Chabot.

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Et un éléphant par Yves d'Anglefort, qui se dit "artiste d'art brut" (dans son cas, le terme paraît coller) ; 32x41 cm, technique mixte sur Canson, coll. privée, Grenoble.

 

    Les éléphants sont innombrables. Il faut bien conclure (provisoirement? La suite du feuilleton se proposera-t-elle au prochain anniversaire décennal ?). En attendant cet hypothétique et beau jour, voici un enregistrement où nos héros ne gazouillent pas vraiment... (capté à la Fondation Cartier, enregistrements de Bernie Krause) :


podcast

    Et encore, un cadeau en sus, la reproduction d'une carte postale peu connue (je ne pense pas que les autres amateurs cartophiles, collectionnant les autodidactes inspirés, à supposer qu'ils la connaissent, l'aient mise quelque part en ligne...) :

Winter Duerec (2), sculpteur sur sable, vue redressée.jpg

L'auteur de ces sculptures sur sable paraît se nommer Winter Duerec (ou Duérée? Ou bien, peut-être plus probablement Querée? Voir ci-dessous dans les commentaires l'hypothèse de Régis Gayraud) : "Artiste autodidacte, modeleur de bêtes sauvages Attention à la nouveauté", est-il proclamé sur la banderole tendue derrière la scène sculptée ; Winter Querée est sans doute l'homme accroupi au centre des animaux féroces (au moins trois félins avec un éléphant, un homme étant sur le point de se faire dévorer...).


 

13/10/2016

Eloge des jardins anarchiques, deux exemplaires qui s'attardent...

      Pour les amateurs qui cherchent encore mon livre, Eloge des jardins anarchiques, désormais épuisé chez l'éditeur (l'Insomniaque), je signale avoir vu ce jour, dans la Librairie des Jardins, à l'entrée des Tuileries (côté Concorde), à Paris bien entendu, deux exemplaires du livre, en bon état, et qui traînaient encore, cinq ans après sa sortie, parmi les autres livres traitant des jardins (ce avec quoi mon propre ouvrage n'entretient que des rapports lointains)... Avis, donc, à ceux qui le cherchent et se plaignent de ne pas le trouver.
 

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La librairie en question, qui dépend du musée du Louvre, apparemment...

 

     J'en profite pour préciser qu'il n'est pas au programme d'en éditer un troisième tirage, car l'année prochaine sortira mon autre projet sur le même thème, une tentative d'inventaire des environnements spontanés populaires en France, qui devrait être un gros livre destiné à s'intituler Le Gazouillis des éléphants (pour ceux  que ce titre intriguerait, je préciserai que l'éléphant apparaît,  en raison de sa présence dans de très nombreux sites, comme la mascotte des Inspirés  du bord des routes...).  Dans ce prochain ouvrage, il y aura beaucoup plus d'environnements représentés que la petite trentaine de sites qui étaient dans l'Eloge... J'en reparlerai bien sûr, le moment venu.

03/05/2011

Rémy et Bruno virent du côté de la librairie Libralire

     Jeudi 5 mai, retenez cette date si vous n'en avez pas déjà assez de venir rencontrer Remy Ricordeau et moi-même autour du film Bricoleurs de paradis (le Gazouillis des éléphants) et du livre Eloge des jardins anarchiques. Nous ferons une projection au sous-sol de la librairie à partir de 18H30. Puis si les questions fusent, on fera un débat avec le public présent. Petite nouveauté dans le cadre de cette présentation, j'ai installé sur les murs de la librairie une mini expo de quinze photos de sites d'art brut, tirées au format 21 x 29,7 cm. Des affiches de format nettement plus grand complètent l'ensemble, de façon à frapper l'attention des visiteurs de la librairie. L'expo dure jusqu'à fin mai.

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Emile Taugourdeau, 1991, photo Bruno Montpied

       Voici la liste des créateurs dont l'oeuvre ou le portrait s'affichent actuellement sur les murs de la librairie : Fernand Châtelain (2002, avant la restauration du site), Jean Grard, Bohdan Litnianski, Arthur Vanabelle, Pierre Darcel, Alfonso Calleja, Emile Taugourdeau, Raymond Guitet, André Gourlet, René Escaffre, Baptistin Pastouret, M. Clément, Louis Licois, Alexis Le Breton, Bernard Aubert, André Pailloux.

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Bernard Aubert, Maine-et-Loire, 2009, photo BM

La librairie Libralire se situe au 116 de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt à Paris.