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Acézat, un talent à Talence
Du 7 septembre, ça vient de commencer donc, jusqu'au 30 octobre, comme me l'ont signalé divers amis, Anne, Alain et récemment Jérôme en commentaire, on poura avoir l'occasion d'en découvrir plus au sujet d'Andrée Acézat qui est exposée avec son mari Lino Sartori (peintre-sculpteur talentueux lui aussi) et Jean-Claude Delannoy au Forum des Arts et de la Culture de Talence, en Gironde.
Andrée Acézat, sans titre, 1999, Exposition "Comédies humaines" à Talence
Elle vient de nous quitter, l'année dernière, apprend-on dans le mince dépliant édité à cette occasion. Il est dit aussi dans le même texte de présentation que, née en 1922,'et après avoir passé ses années de formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, sa peinture bifurqua dans les années 80 vers "l'art singulier" ("l'art brut", est-il écrit aussi, mais là on commet à mon avis une erreur, devenue hélas assez commune, lorsque l'on confond l'expression primitiviste "singulière" pratiquée par une artiste avec le primitivisme brut des créateurs collectionnés par Dubuffet, gens n'ayant rien à voir avec le monde des professionnels de l'art). Il paraît évident que Mme Acézat, par ses "bonshommes" ressemblant à des poupées, dans un dessin empruntant beaucoup à l'art des enfants, a fait acte d'allégeance à une certaine forme de primitivité dans l'art, et qu'elle a dû par la même occasion rejeter une certaine science de l'expression acquise aux Beaux-Arts.
Ses personnages, avec leurs gros yeux comme implorants parfois, ou tout bonnement pleins d'innocence, retiennent aisément le regard je trouve.
14/09/2010 | Lien permanent
La quête d'Acézat, feuilleton
Un dessin d'Acézat m'a récemment été communiqué par une de mes commentatrices, Charlotte, qui était intervenue sur ce blog à la suite des deux notes que j'avais publiées au sujet de cette créatrice fort peu connue que j'avais découverte chez l'ami Alain Garret. Voir ici et là. Il semble qu'une petite communauté d'amateurs se constitue naturellement autour de l'oeuvre de cette peintre singulière disparue récemment. Nourrissons sa curiosité.
Le dessin ci-dessous, me dit Charlotte, est présenté par elle comme un "collage". A dire vrai, je pense plutôt, en me basant seulement sur la photo, à un dessin simplement encadré de façon originale dans la trouée d'un vieux journal déchiré (un exemplaire de 1939 du journal Gringoire).
Acézat, Le cocu qui a mis une branlée à sa nana, dessin, collage et assemblage, coll. Charlotte Cante
Charlotte Cante décrit en ces termes le dessin ci-dessus: "Les dimensions sont de 70 x 54 cm, avec le cadre. Il s'agit d'un cadre en bois brut "fait maison", le collage est recouvert par une vitre. Le fond est la première page du journal Gringoire, daté du 22 juin 1939 ; le dessin du personnage semble être fait au feutre ou au marqueur et les contours irréguliers ont été brûlés, cela se voit par endroits. Sur le personnage, une étiquette (d'identification de bagage?) est collée, et plus bas, entre les jambes, une petite tête de femme est positionnée (elle n'était pas collée)".
Il y a là, on en conviendra, une originalité empreinte d'humour qui mériterait d'être davantage connue, d'autant qu'elle paraît s'être déployée à l'écart du monde, en toute indépendance, gage d'authenticité absolue, à ce qu'il me semble.
Acézat, sans titre (un enfant noir?), 1998, exposition de Talence, ph. Alain Garret
21/11/2010 | Lien permanent
Toujours plus d'Acézat!
Me voici de retour de Bordeaux, le cabas bien chargé de photos de peintures d'Acézat, l'artiste inconnue (ou méconnue?) dont j'ai déjà parlé sur ce blog à trois reprises. Remarquable peintre que j'ai rencontrée là! Grâce en tout premier lieu à Alain Garret, à Astrid aussi qui en avait parlé à Alain, et puis aussi désormais grâce au mari aimant d'Andrée Acézat, Lino Sartori, ancien chef de chantier dans le bâtiment devenu lui aussi artiste à la retraite, encouragé sans doute par le compagnonnage avec cette femme qui pratiqua l'art toute sa vie. Il faut aussi rendre grâce à un collectionneur de la région qui souhaite garder l'anonymat. Ce dernier a mis à l'abri une bonne partie de la production d'Acézat, production qui aurait très bien pu partir au feu, son auteur ayant failli faire le vide à un moment donné (faute d'attention à son travail?)... Comme je l'ai dit dans une précédente note, une chaîne de solidarité admirative se met en place, empêchant de laisser couler vers l'oubli la mémoire de cette créatrice authentique et tout à fait à l'écart.
Andrée Acézat entre Alain Garret (à gauche) et son mari Lino Sartori (à droite), vers 2001, archives Sartori
L'œuvre de cette dame au regard incisif vis-à-vis de ses contemporains, ou "caustique" comme me le souffle Garret, vous pourriez facilement la manquer, si vous vous contentiez de survoler la pointe immergée de l'iceberg (les quelques images qui font sa signature apparente, celles que j'ai utilisées justement en premier sur ce blog). Acézat ne cherchait pas à plaire, mais elle dessinait parfois avec un laissez-aller plus puéril qu'enfantin, qui la mettait au bord du dessin humoristique et du croquis de bande dessinée (il m'arrive de penser à des dessins de Reiser devant certains de ses croquis). Certains travaux -rares- se répètent sur papier au format 32x25 cm, parfois avec un peu de relâchement aux limites d'un dessin un peu potache. Un style se met en place à partir d'une époque donnée, avec des personnages à grosse tête - si grosse qu'elle englobe le cou qui disparaît dans la masse- des torses d'un seul bloc, avec des membres grêles, filiformes, des pieds réduits à leur plus simple expression, mais presque jamais de jambes, ou alors comme les bras, de simples fils de fer... Cette écriture qui constitue une marque de fabrique peut aux yeux d'un spectateur inattentif ou blasé passer pour uniforme et faire riper l'oeil vers un jugement à l'emporte-pièce. Oh, c'est encore un de ces bonshommes enflés et gribouillés, pourra se dire ce spectateur distrait (débordé d'informations culturelles venant de tous côtés)...
Acézat, titre non communiqué, 1998, env. 29,7 x 21 cm, coll. A.Garret ; ph.BM
Mais non, si ces bonshommes-là ont une allure certes ultra-simplette, ils véhiculent simultanément une forte et singulière émotion, un sens de la tragédie quotidienne, pointée avec distance par l'artiste malgré son économie de moyens, tragédie masquée ou traduite par moments en humour noir et goût de la caricature. Cette dernière ne l'emporte pas au final pourtant. Car Acézat fait défiler l'humanité devant nous dans un cortège de désastre, voire de dépit, dirait-on. C'est une galerie de portraits d'adultes, et non pas d'enfants comme je l'avais cru primitivement. Ces adultes reviennent sous l'oeil d'Acézat tels des vieux enfants. Des moutards mal vieillis. Une de ses plus belles toiles (ce sont souvent ces dernières qui sont les œuvres les plus abouties) s'intitule précisément "le dépit" (la grande majorité de ses peintures ont des titres, la plupart du temps au verso).
Andrée Acézat, Le dépit, 2000, huile sur toile, env.80x60cm, coll. particulière, Bordeaux ; ph.BM
Tout indique qu'Acézat, c'était une pure. Née en 1922, disparue en 2009 à 87 ans, elle fit les Beaux-Arts de Bordeaux, cinq ans d'étude pendant la seconde guerre. De ces années de Beaux-Arts il reste quelques souvenirs conservés pieusement par son mari, prouvant un talent de peintre traditionnel tout à fait établi.
Acézat, bol et coloquinte, 1993, coll Sartori
Puis un choc physique se produit, un cancer aux alentours de 1983-1984. Semble s'en être ensuivi un choc intellectuel, et esthétique aussi. De plus, Acézat découvre, avec Lino Sartori, le site de la Création Franche dont il semble qu'ils aient suivi régulièrement les expositions (je me dis que j'ai dû souvent les y croiser sans le savoir), à partir du milieu de ces mêmes années 1990. Une évolution s'opère dans les peintures et les dessins d'Acézat de ces années-là, progressivement, par paliers, mais radicale quand on compare ses anciens travaux plus académiquement picturaux avec les nouveaux, plus spontanés, plus colorés, au dessin hyper simplifié, et chargés d'humour et peut-être d'une conscience du désastre humain. Les dates qu'elle appose méticuleusement, à côté de sa signature, habitudes gardées sans doute de l'époque des Beaux-Arts, sont là pour nous prouver cette évolution. Elle jette ses anciennes leçons par dessus les moulins, si on peut dire, on sent aussi qu'elle a pu dans ces années-là, outre la création franche avec ses peintres primitivistes et singuliers, découvrir la spontanéité tonique et sensuelle d'un groupe tel que Cobra, sans négliger pour autant des références plus anciennes à l'expressionnisme. Une de ses toiles des derniers temps est peinte explicitement dans la lumière de Cobra (et d'Asger Jorn même peut-être?).
Acézat, titre non encore identifié, 2005, coll. Sartori
Le tournant esquissé en 1991, 92, 93, 94, est définitvement pris en 1995. Il lui reste onze ans à vivre. Elle va se mettre à dessiner avec furie plusieurs heures par jour sans dételer, enchaînant dans la même journée plusieurs dessins. Cette rage est probablement à la source du désir de peindre qui va prendre à son tour son mari, qui, lui, décide de peindre surtout sur des souches de bois avec une grande dextérité brute. La technique d'Acézat sur papier, au moyen de feutres et de crayons de couleur, semble être de commencer par des fragments d'oeuvres répudiées, puis déchirées, recollées sur une nouvelle feuille, et à partir desquelles son imagination graphique se mettait à improviser. Lino Sartori a gardé de ces commencements qui aident à comprendre à partir de quoi elle pouvait commencer ses dessins.
Travail préparatoire laissé de côté par Acézat, et conservé par son mari, fragments pouvant servir à des rehauts, des surlignages, des retouches...
Acézat a très peu exposé, semble-t-il, et le peu qui lui a été consacré l'a été fait sur la région bordelaise. Le Musée de la Création Franche aurait été à même de la recevoir, mais cela ne s'est pas fait, j'ignore actuellement pourquoi, s'il y eut un véritable contact entre elle et ses animateurs. Elle donnait ses dessins. Tout aurait pu se disperser sans les brocantes, refuges des artistes négligés. Une seconde vie s'ouvrira-t-elle pour Andrée Acézat? Je le souhaite ardemment.
Andrée Acézat, titre non encore identifié, huile sur toile, 2002
20/06/2011 | Lien permanent | Commentaires (8)
Le 6 février à Talence on causera d'Andrée Acézat
Rendez-vous à la librairie Georges, à Talence, le samedi 6 février prochain à 16h pour une rencontre avec le livre que j'ai écrit, Andrée Acézat, oublier le passé, publié récemment chez l'Insomniaque. Et avec moi... Car je serai présent pour un dialogue avec les lecteurs et les amateurs de cette créatrice atypique, peintre de genre issue des Beaux-Arts de Bordeaux, qui à plus de 70 ans, jeta ses recettes aux orties pour partir librement à la découverte d'un expressionnisme primitif par lequel elle caricaturait des types d'êtres humains, des personnages mythiques ou tout simplement des gens de rencontre dont la mise, la physionomie la divertissaient. Une cohorte de bonshommes aux grosses têtes le plus souvent grotesques, collées sans transition à des boules chargées de représenter leurs bustes, des petits bras minuscules comme des fils de fer poussant, malingres, de part et d'autre de ces boules, se mit à proliférer dans une série qu'elle ne montrait qu'avec parcimonie, en donnant quelquefois certains dessins à des proches, les confiant au final à un dépôt de brocante. Parmi ceux qui découvrirent cette étrange production, difficile à classer, entre art singulier et expressionnisme naïf, deux viendront m'épauler pour évoquer sa figure, Alain Garret et Jean Corrèze, tous deux également artistes. Michel Jolly, le responsable des expositions au Forum des Arts, et l'organisateur de cette rencontre sera également présent. Il était primordial que cette rencontre et cette présentation aient lieu à Talence, la ville où Acézat résida en compagnie de son mari, Lino Sartori, devenu à son contact créateur autodidacte de toute première force. Le Forum des Arts de Talence les a exposés tous les deux à plusieurs reprises. On peut espérer aussi que tous les amateurs de cette artiste - il en existe un nombre encore peu délimité, quoique certain -, généralement des collectionneurs de la période classique d'Acézat, possédant des paysages, des marines du bassin d'Arcachon, des natures mortes, voire des nus, sauront se manifester à l'occasion de cette présentation et confronter ce qu'ils savent de la part classique d'Acézat à sa part plus spontanée, proche du graffiti et de l'art enfantin. Rendez-vous donc à Talence, bientôt, pour tous les amis de cette attachante artiste...
Andrée Acézat, Céparla, env. 30 x 25 cm, coll. particulière, région bordelaise
Chez Lino Sartori, quelques mois avant sa disparition, certains de ses bois peints au milieu de petites peintures d'Acézat, ph. Bruno Montpied, 2011
19/01/2016 | Lien permanent | Commentaires (1)
Sortie prochaine de mon livre sur Andrée Acézat dans la collection La Petite Brute et exposition d'hommage à Lino Sartor
Concordance des temps non concertée, il se trouve qu'a débuté (le 8 septembre) au Forum des Arts et de la Culture de Talence une exposition d'hommage à Lino Sartori (semble-t-il vu à travers l'œuvre de la peintre et dessinatrice Cyrille-Marie Brachet), intitulée "Arbres" et prévue pour se terminer le 8 octobre, alors qu'à la mi novembre (en librairie) devrait être prêt chez l'imprimeur le deuxième titre¹ d'une nouvelle collection consacrée aux arts de l'immédiat, La Petite Brute, que dirige votre serviteur, ouvrage qui est consacré à celle qui fut l'épouse de Lino Sartori, j'ai nommé Andrée Acézat (1922-2009).
Acézat, peintre de genre, un nu, coll. Christophe Vermis
Et puis tout à coup, tout bascule... la même Acézat, Le Dépit, 80 x 60 cm, 2000, coll. privée région bordelaise, une toute autre manière de peindre... ph Bruno Montpied
Le livre, intitulé Andrée Acézat, oublier le passé, édité par l'Insomniaque (même éditeur que pour mon précédent livre Eloge des Jardins Anarchiques), au sein d'une étude retraçant ce que j'ai pu glaner et rassembler autour de la vie et de l'œuvre atypique de cette artiste bordelaise, ayant rompu avec sa formation académique autour de ses 70 ans pour se lancer dans un long cortège de caricatures tendant à métamorphoser ses modèles pris dans la réalité en enfants grotesques et pathétiques, ce livre évoque aussi de ci de là la figure de son mari Lino, qui sous l'influence de sa femme, se mit à son tour à pratiquer peinture en deux dimensions, et surtout en trois car il affectionnait particulièrement la peinture sur souches de bois.
A consulter ci-dessous le papillon annonçant officiellement la sortie du livre et l'adresse où on peut dès maintenant le commander. Pour ceux qui préfèrent voir le bébé tangiblement, il sera chez le diffuseur les Belles Lettres aux alentours du 15 novembre, de même qu'est prévue d'ores et déjà une signature par les deux auteurs des deux premiers titres (BM et Remy Ricordeau) s'insérant dans une nouvelle collection de monographies sur les arts de l'immédiat, intitulée La Petite Brute. Ce sera sur le stand de la Halle Saint-Pierre, le 24 octobre en milieu d'après-midi, au salon d'art outsider (Outsider Art Fair) de l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt. La diffusion en librairie se mettra alors en place à partir de ces dates. Deux autres titres sont d'ores et déjà écrits, programmés pour le semestre suivant de l'année 2016 (respectivement sur les épouvantails de Denise et Pierre-Maurice Chalvet-Gladine, en Aubrac, et le site "aux mille modèles" de Marcel Vinsard en Isère).
Logo de la collection La Petite Brute, chez L'Insomniaque, dessiné par BM (d'après un dessin original de 2012, de 24 x 18 cm, intitulé Cuisse de nymphe part en vadrouille)
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¹ Le premier titre de cette nouvelle collection de petites monographies, écrit par Remy Ricordeau, Visionnaires de Taïwan, est consacré aux environnements naïfs, bruts ou simplement visionnaires, que Remy a découverts dans l'île de Formose. J'y reviendrai.
16/09/2015 | Lien permanent
Radio-Libertaire rencontre la Petite Brute
Cela fait longtemps que je n'avais pas pondu une petite note sur ce blog. C'est qu'il y avait de l'occupation ces temps derniers. Une foire d'art brut avec beaucoup "d'apparentés", dits aussi "outsiders", où moi et mon autre auteur de livres pour la Petite Brute, présentions et dédicacions nos ouvrages respectifs, "Visionnaires de Taïwan" (Remy Ricordeau) et "Andrée Acézat, oublier le passé" sur le seuil de l'espace "hors-les-murs" de la Halle St-Pierre. Pour ceux qui s'en inquiéteraient cela s'est passé gentiment. Quelques aficionados étaient au rendez-vous, ayant bravement franchi les cerbères qui réclamaient l'habituel droit de péage exorbitant (15€ ; les visiteurs de la FIAC, non VIP, payaient eux au même moment 35€, m'a-t-on dit... Autant dire que les gueux n'étaient pas invités à ces réjouissances ; du reste les prix, à l'Outsider Art Fair - je n'ose évoquer ceux de la FIAC -, dépassaient toutes les possibilités des bourses plates. Paraît que des Robillard - un peu clinquants, un peu trop bien ficelés dans le genre "brut" - s'envolaient pour aller atterrir chez James Brett (surnommé méchamment par certains habitués de la foire "le prédateur") pour 15 000 €... C'est vrai cette rumeur? Et Robillard dans tout ça?
J'y reviendrai... Ou non. Tous mes efforts se tournent en ce moment vers la Petite Brute. On (moi et Ricordeau) va (allons) demain matin (jeudi 29 octobre à 11h ; l'émission sera ensuite podcastable et téléchargeable à cette adresse, mais attention... elle dure deux heures et nous n'intervenons qu'à partir du début de la deuxième heure) sur Radio Libertaire (la radio sans dieu ni maître et sans publicité) dans l'émission "Chroniques Hebdo" de Gérard Jan pour en causer. Si vous lisez cette note avant cette échéance, précipitez-vous... Et si vous n'avez rien de mieux à faire bien sûr. C'est seulement dans quelques heures. Sinon, ça peut se réécouter, même de loin je pense, grâce à la magie d'internet.
Deuxième titre de la collection La Petite Brute, avec en annexes des témoignages de Jean Corrèze et d'Alain Garret, une lettre de Gérard Sendrey... 76 pages, 52 illustrations, 15€...
J'y pense, mon petit livre sur Andrée Acézat n'est pas encore en librairie, hormis à celle de la Halle St-Pierre qui en possède déjà quelques exemplaires de retour de la foire d'art brut (avec beaucoup d'apparentés). La mise en place en librairie (par le diffuseur Les Belles Lettres) est prévue pour la mi novembre. Qu'on se le dise...
Andrée Acézat, tableau au titre et aux dimensions non renseignés, 1999 (exposition "Comédies humaines" au Forum des arts et de la culture à Talence en 2010)
29/10/2015 | Lien permanent | Commentaires (2)
Disparition de Lino Sartori
C'est l'ami Alain Garret qui m'apprend cette triste nouvelle. Lino Sartori nous a quittés le 21 décembre 2011. C'était un peintre sur souches de toute première force que je n'ai pu rencontrer qu'une seule fois en juin de l'année dernière, si éphémèrement, une après-midi fugace, tout en me laissant un grand souvenir cependant.
Lino Sartori face à sa créature, photo Bruno Montpied, juin 2011
Epoux d'une autre grande créatrice singulière, au parcours différent de Sartori, Andrée Acézat (ce fut au départ une peintre académique de la région bordelaise qui avait rompu à 180° avec ses anciennes habitudes de représentation, creusant la geste enfantine en la revisitant à travers un regard adulte), il avait d'abord été une grande partie de sa vie chef de chantier dans le bâtiment. C'est le compagnonnage avec cette femme artiste atypique, et peut-être aussi la mue opéré par cette dernière dans sa propre production, débouchant sur une expression infiniment plus directe, qui provoquèrent le désir chez Lino Sartori de créer à son tour.
Bois peint de Lino Sartori, coll. BM
Durant notre rencontre, avant tout centrée sur l'évocation de sa femme qu'il faut aussi faire reconnaître, je ne pouvais m'empêcher d'être gagné du coin de l'œil, séduit par les œuvres de Sartori qui se trouvaient semées dans sa maison, mêlées à celles d'Acézat. L'enchantement continua quand j'allai dans la suite de l'après-midi chez un collectionneur qui a conservé de nombreuses pièces des deux créateurs.
Le problème de cette œuvre, qui comprend aussi des peintures en deux dimensions à côté des souches peintes, c'est sa proximité ave le travail d'un Gaston Chaissac. La façon qu'a Sartori de cerner ses couleurs de manière compartimentée, sa liberté de traçage sur des surfaces aussi bosselées et imprévisibles que peuvent l'être des morceaux de bois brut, cela l'apparente fortement à Chaissac et peut nuire à une approche immédiate de son travail. Il faut en particulier ne pas s'arrêter à l'image en deux dimensions de ses souches peintes qui bien entendu aplatissent ces dernières, et le rapprochent encore plus de Chaissac. Quand on fréquente assez longtemps les oeuvres de Sartori, cette référence peu à peu s'estompe et surnage l'opinion que l'on a affaire ici à un amoureux des formes naturelles qu'il sublima par la caresse de ses couleurs, et le dessin de ses figures tendres et naïves, parfois humoristiques.
Lino Sartori, sans titre (un dialogue entre marionnettes?), 2007, coll. privée, Bordeaux
Il faut absolument se pencher sur cette oeuvre, en dresser le catalogue avant que l'oubli et ses mâchoires de néant ne se referment sur le personnage qui fut discret, réservé, s'effaçant derrière une épouse déjà elle-même fort secrète, véritable ombre derrière une autre ombre...
Acézat et Sartori, Hymne à l'unanimité, il faut de tout pour faire un monde, 1994 ; peinture commune aux deux époux (l'église étant plutôt du fait de Lino apparemment), émaillée d'inscriptions variées et datée de la période charnière dans la production d'Acézat
29/02/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Acezat, une inconnue au bataillon
Cela fait quelque temps déjà que l'ami Alain Garret, à Bordeaux, m'a parlé en passant de quelques-unes de ses acquisitions picturales accrochées dans la salle à manger, et notamment d'une peintre inconnue de moi - et je gage de plusieurs autres - auteur d'aquarelles hésitant entre primitivisme enfantin et barbouillage graffiteux, mâtinés d'une certaine âpreté brute... J'ai nommé Acezat, aux oeuvres trouvées sur des brocantes, je crois. Voici quelques images:
En cherchant sur internet, je n'ai guère trouvé grand-chose de plus sur la créatrice, à peine l'aquarelle ci-dessous, mentionnée comme faisant partie de la collection du museum de l'art cru (oui, encore une autre appellation).
24/08/2010 | Lien permanent | Commentaires (3)
Fondation de la collection de monographies ”la Petite Brute”
La Petite Brute, collection que je dirige, répond à une demande de l'éditeur de l'Insomniaque qui souhaitait qu'on lance une série de titres sur des créateurs d'art brut, ou d'art naïf inventif, ou d'environnements populaires du type de ceux dont je parle dans Eloge des Jardins Anarchiques (éditions l'Insomniaque, 2011), voire sur des thèmes en liaison avec les arts de l'immédiat (poésie naturelle, figures du fantastique social dans la rue, anonymes de l'art populaire, etc.). Chaque titre devant comporter un texte rédigé de façon primesautière, non universitaire, plutôt poétique et littéraire, suivi d'un album de reproductions.
Le choix des auteurs se portera avant tout sur des sujets choisis en dehors des circuits commerciaux de l'art, puisqu'il s'agit de mettre en lumière une créativité éparse dans la population, qui ne se destine pas nécessairement à faire l'objet d'un marché, mais qui se déploie plutôt dans le désir d'embellir la vie quotidienne, en la magnifiant, en l'enchantant, voire au passage en la critiquant, miroir installé sur le bord du chemin de la vie comme disait (à peu près) Stendhal...
Les deux premiers titres sortent cet automne. Mardi 13 octobre (l'ouvrage est du reste d'ores et déjà disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre), on trouvera en librairie Visionnaires de Taïwan de Remy Ricordeau, consacré à une demi douzaine d'environnements découverts par l'auteur dans l'île de Formose, en différents points de cette terre. On y rencontrera dans la neuve perspective proposée par Ricordeau notamment les œuvres de Lin Yuan qui avait été exposé il y a quelques années dans l'expo "17 Naïfs de Taïwan" à la Halle St-Pierre. Mais à côté de lui, se déploient également différentes autres créations parfaitement inconnues et inédites, prouvant s'il en était besoin que la création spontanée est une pratique des plus répandues dans le monde, les territoires de l'Asie n'en étant pas épargnés, et commençant à largement intéresser les amateurs et les chercheurs d'art brut (dont bien entendu les marchands toujours à l'affût et attentifs à être les premiers à poser le pied - et la griffe - sur les nouvelles œuvres découvertes).
Bestiaire de Wu Tanlai, ph. Remy Ricordeau, 2014
Le deuxième titre est de Bruno Montpied, votre serviteur, Andrée Acézat, oublier le passé. Il sera disponible en librairie à la mi novembre (le diffuseur de l'Insomniaque est désormais Les Belles Lettres). Acézat, j'en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, était une peintre secrète qui produisit durant une cinquantaine d'années dans la région bordelaise (elle vivait à Talence avec son mari Lino Sartori, devenu sur le tard et par contagion un sculpteur et peintre singulier autodidacte ; le livre montre également quelques-unes de ses œuvres) des tableaux d'une facture banale relevant de ce que l'on appelle la peinture de genre, nus, natures mortes, paysages du bassin d'Arcachon, etc. Elle se décida, peut-être par contrecoup d'un cancer, sur le tard à 70 ans, à tout rejeter pour se mettre à créer un cortège de figures grotesques, caricaturales inspirées des personnages qu'elle croisait dans sa vie quotidienne. Ses peintures prirent alors un aspect expressionniste naïf très singulier.
Andrée Acézat, sans titre renseigné, 65 x 50 cm, peinture sur toile, 1996, coll. privée, région bordelaise, ph. Bruno Montpied
A signaler: les deux auteurs, Remy Ricordeau et Bruno Montpied signeront leurs livres respectifs, tout en dialoguant avec les amateurs, dans le cadre de l'Outsider Art Fair, sur le stand tenu par la librairie de la Halle Saint-Pierre le samedi 24 octobre à 15h à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière, dans le IXe arrondissement de Paris.
(Si vous ne trouvez pas les livres chez votre libraire habituel, n'hésitez pas à le commander, le diffuseur étant les Belles Lettres)
11/10/2015 | Lien permanent | Commentaires (6)
Singuliers à l'écart, une exposition virtuelle
Cela fait longtemps que je souhaite établir mon propre rassemblement de créateurs que je range dans mon for intérieur sous le qualificatif, fourre-tout je m'en avise volontiers, de "singuliers". Singuliers, mais à l'écart alors, et d'abord à l'écart des singuliers pluriel qui s'affichent – contradictoirement, parce que très exhibitionnistes finalement, et de plus très identiques les uns aux autres avec leurs tics graphiques et plastiques tirant du côté du Chaissac mal digéré, de la Tête à Toto déclinée industriellement – qui s'affichent dans les festivals dits "d'art singulier" comme ceux de Banne, de la biennale hors-les-normes de Lyon, la galerie Singul'Art de la Croix-Rousse, etc, etc. Comme sous-titre de mon exposition virtuelle, je pourrais mettre "autodidactes marginaux, imaginistes, intimistes et visionnaires".
De haut en bas, et de gauche à droite, des œuvres de Jean Branciard, Andrée Acézat, Géral Stehr, Bruno Montpied, Ruzena et Monique Le Chapelain
En attendant de pouvoir trouver l'espace d'exposition matériel adapté (on a un peu d'espoir), je commence par un espace virtuel ici même et dans ma colonne de droite du blog consacré aux albums. Le nouvel album que je commence aujourd'hui, et qui sera évolutif en fonction des découvertes, des rencontres à venir, et aussi des lassitudes, des rectifications, des changements d'avis, devrait contenir pour le moment 46 créateurs. Voici les noms (dans l'ordre alphabétique des patronymes): Acézat, Marie Adda, Pierre Albasser, Jean-Christophe Belotti, André Bernard, Michel Boudin, Emmanuel Boussuge, Jean Branciard, Jean-Louis Cerisier, Thierry Chanaud, les créateurs de l'atelier La Passerelle (Béatrice B., Lydie B., Kevin R., Cyrille A., Monique M.), Caroline Dahyot, Gabrielle Decarpigny, Joseph Donadello (Bepi Donal), Jean Estaque, Noël Fillaudeau, Yves-Jules Fleuri, Alain Garret, Régis Gayraud, Guy Girard, Armand Goupil, José Guirao, Pascal Hecker, Emilie Henry, Hérold Jeune, Laurent Jacquy, Monique Le Chapelain, Stéphanie Lucas, Gilles Manero, Pierre-Louis Martin, Bruno Montpied, Huub Niessen, Serge Paillard, Jean-Pierre Paraggio, Marilena Pelosi, Jean-Christophe Philippi, Sylvia Katuszewski, Marcel Katuchevsky, Ruzena, Lino Sartori, Chrsitine Sefolosha, Petra Simkova, Gérald Stehr, Thibaud Thiercelin, Bernard Thomas-Roudeix.
29/02/2012 | Lien permanent | Commentaires (7)
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